Les Iles Salomon Introduction - Global Forest Coalition
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Rapport sommaire de la initiative sur la resilience de la conservation communautaire au : Les Iles Salomon Introduction Les deux premières communautés Les deux communautés Sulufou et agricoles, la construction des des îles Salomon ayant fait l’objet de Fera Subua sont établies sur leurs habitations et en partageant la l’évaluation CCRI étaient les Sulufou traditionnelles îles artificielles récolte journalière de poissons. Ils et les Fera Subua, communautés du constituées de corail, et dépendent ont gardé leur traditionnel canoë de nordest de la province de Malaita. autant des ressources marines que guerre, le seul demeurant dans la Une troisième communauté du terrestres. Les cultures de racines et province d’Isabel, que leurs ancêtres village d’Hageulu dans la province d’arbres fruitiers sont faites dans les employaient les jours de chasse aux d’Isabel a été sollicitée par la suite. terres continentales alentours. Les têtes en situation de guerre ou pour communautés ont expliqué qu’elles la pêche (dont les techniques Le CCRI s’est basé sur des disposent de règles relatives à traditionnelles sont encore suivies questionnaires, des ateliers, des l’accès et aux usages des aujourd’hui). Les habitants de la entretiens en personne avec les différentes zones marines et communauté dépendent dirigeants des communautés, ainsi terrestres ; il existe par exemple des principalement des ressources de la que sur un atelier national à cimetières Bae abu’, des zones terre, de l’eau fraîche, et parfois de Honiara. Ces démarches ont incité mana bisi’ défendues aux hommes la mer, pour leur alimentation. Celle au développement d’une stratégie où les femmes accouchent et des ci se compose de fruits, de racines, de plaidoyer pour les « Initiatives de habitations ou beu to’ ofi’ où seuls de légumes, de cochons, Résilience sur la Conservation les hommes sont autorisés. d’opossums, d’iguanes, d’anguilles Communautaire » (CCRI) et invité à et de crevettes d’eau douce, enfin, entreprendre un examen juridique. Par contraste, le village de Hageulu de crabes et poissons des côtes. Un autre résultat favorable a été se trouve aux sommets de Leur principale agriculture celui de la participation active des montagnes, et se situe à environ commerciale est celle du savusavu femmes. Voir les femmes Sulufou et 8km de la côte appartenant à l’est (tabac traditionnel), du kumara, du Fera Subua discuter ouvertement de de la circonscription de Gao Bugoto. taro et du yam. leurs préoccupations, fait assez rare Il n’y a pas véritable route donnant dans des communautés patriarcales accès au village Hageulu, seulement Les habitants d’Hageulu vivent dans comme cellesci, a été un constat des chemins à travers forêts et une des rares zones qui est restée encourageant. Les femmes montagnes que les locaux utilisent riche en biodiversité. Ce territoire d’Hageulu ont pris les rennes dans depuis longtemps. Les participants contient des forêts primitives, dont la les présentations et groupes de de cette communauté ont déclaré quantité d’arbres Tubi (arbres à discussion, et les jeunes que le cœur de leurs valeurs se cardan) est la seconde plus investissement activement les fonde sur le travail communautaire importante de la province d’Isabel, échanges ont été captivés par ce et le respect de leur culture et de après l’île de San Jorge. Mais cette programme et enthousiastes de leurs traditions. Lorsqu’un besoin zone a aussi été remarquée par le prendre part aux futurs émerge, ils y répondent par Ministère des Mines et de L’Energie engagements d’ « Initiatives de l’entraide, en se soutenant les uns comme une zone de choix pour Résilience sur la Conservation les autres dans les activités prospecter l’extraction de nickel. Communautaire » (CCRI). 1 Initiative sur la résilience de la conservation communautaire ∙ novembre 2015
Dans les îles Salomon, certaines lois conservation et la gérance Indigenous PeopleS – NIPS) est coutumières ont déjà été acceptées traditionnelle de l’environnement ; et d’amener le gouvernement des îles par l’état. Par exemple, la loi sur les la loi nationale des eaux de rivière Salomon à adhérer à la Déclaration pêcheries reconnaît l’usage ne fait aucune mention des droits sur les Droits des Peuples coutumier de pêcheries marines. des peuples autochtones. De plus, Autochtones de l’ONU et d’intégrer L’état reconnaît aussi les pratiques c’est au ministère que revient le les droits des populations qui manifestent l’existence de droits pouvoir exclusif d’ériger ponts et autochtones à sa législation terriens, de sites sacrés, et d’autres barrages et de dévier des conduits nationale. témoignages d’un système d’eau. coutumier tels que l’histoire orale. Mais en parallèle, la loi sur les zones L’un des buts à long terme du protégées n’aborde pas l’implication « Réseau pour les Populations des populations autochtones dans la Autochtones » (Network for Groupes de discussion pendant l’atelier CCRI à Hageulu. James Meimana/CIC Femmes se préparant à se rendre à leurs jardins en pente. Aydah Akao/CIC Resilience et conservation communautaire dans les îles Salomon Le CCRI à Sulufou et Fera Subua a récifs et aux espaces à l’intérieur Cependant, la population grandit et montré que les deux communautés des terres permet aussi d’en limiter le coût de la vie est en hausse. Par disposent d’un ensemble de les entrées et de définir quand et conséquent, les cultures changent traditions qui participent à la comment exploiter les ressources. plus vite, les champs de racines sont conservation de la biodiversité. En plus de cela, il existe certaines plus restreints et plus aussi sains Cellesci renvoient notamment à la interdictions saisonnières qu’auparavant. Les ressources préservation de petits ruisseaux et concernant les zones de pêches et marines sont aussi exploitées pour de leurs alentours dans le but de les mangroves. Les cimetières Bae la nourriture, le troc ou pour tirer un conserver leurs habitats et d’assurer abu’ considérés comme des sites revenu de leur vente. Les l’approvisionnement en eau potable, sacrés s’étendent sur environ 500m2 mangroves sont exploitées de façon ainsi qu’ à la protection de la terre et permettent aux écosystèmes non durable pour le bois de cultivée pour un certain laps de d’être gardés intacts pendant des chauffage et les matériaux de temps. L’existence d’un système de années. On compte 4 Bae abu’ sous construction qu’elles procurent. coutumes et de tabous régissant la possession des tribus de Sulufou Malgré cela, la plupart des coutumes l’accès aux zones de pêche, aux et de Fera Subua. et tabous sont respectés et jouent de 2 Initiative sur la résilience de la conservation communautaire ∙ novembre 2015
fait un important rôle dans la l’intérieur des terres de la région de mets considérés comme délicats. En conservation des écosystèmes. De Malaita malgré la potentielle menace guise de marquage, des bâtons de plus, les deux communautés de conflits avec les personnes et bois sont érigés autour des zones attendent vivement la mise en tribus y étant déjà établies. Une telle préservées de mangroves, ou œuvre de leur premier programme relocalisation demande d’être parfois des Lahoglo’, végétaux à de replantation des mangroves avec prudemment négociée. feuilles rouges, sont plantés. Vignes le « Réseau pour les Populations et arbres sont grandement utilisés Autochtones » (Network for On retrouve dans le village pour la pharmacopée, la Indigenous PeopleS – NIPS). d’Hageulu des frontières construction d’habitats ou de traditionnelles, des valeurs uniques canoës ; et la communauté a déclaré Les communautés considèrent que et un rôle des écosystèmes notoires. qu’elle n’autoriserait aucune société la chasse aux dauphins est une Par exemple, il existe dans le à exploiter leurs forêts. pratique traditionnelle durable, les territoire d’Hageulu de nombreux anciens et chefs des tribus ruisseaux d’eau fraîche que les D’autres sites sacrés, connus sous s’assurant que ces animaux ne jeunes gens et les femmes utilisent le nom de Tifuni’, comprennent des soient pas surexploités en imposant autant pour faire du lavage, que cimetières et des zones destinées à des interruptions d’une à deux pour y puiser de l’eau potable, des conserver les équipements de années entre chaque période de crevettes, des anguilles et des bataille tels que les lances, les arcs, chasse. Seuls les les flèches, les boucliers dauphins de gros calibre Discussion avec des femmes de la communauté et les haches de pierre. sont pêchés, ceux de L’accès à ces sites est Fera Subua durant l’atelier CCRI. Aydah Vahia/CIC petite taille restent en défendu. mer. Les dents des dauphins ont une Le folklore d’Hageulu certaine valeur culturelle, est d’une richesse elles sont en effet considérable et est utilisées comme dots de toujours en vigueur mariage et pour régler dans la communauté et des conflits. La viande dans leurs pratiques des dauphins est aussi quotidiennes. On considérée comme un retrouve par exemple mets délicat. des danses traditionnelles et des De façon générale, la musiques jouées avec communauté est particulièrement végétaux pour leur alimentation. Il des flutes de pan en bambou pour concernée par la survie de leurs est interdit de jeter des déchets dans célébrer les récoltes, la pose de savoirs traditionnels ainsi que par la ces cours d’eau. Ces derniers sont tombes funéraires ou encore Noël. surexploitation des ressources aussi protégés par des tabous terrestres et marines. L’influence des ponctuels, lorsque le chef de la La communauté Hageulu constitue modes de vie occidentaux a eu des communauté déclare qu’une zone un exemple précieux de la force incidences majeures et les modes doit être réservée pour un certain d’une gestion traditionnelle pour la de gestion des communautés ne temps en la délimitant par des conservation de la biodiversité. Ils sont ni reconnus ni respectés arbres spécifiques en guise de disposent encore de riches forêts comme ils ont pu l’être par le passé. points de repère. inexploitées et persévèrent dans leur refus de la prospection de nickel. Enfin, la hausse du niveau de la mer Les tabous s’appliquent aussi aux est un des défis les plus importants mangroves pour certaines périodes auxquels ces communautés sont afin de les conserver, et d’accroitre confrontées. Toutes deux ont la population de crabes et de déclarés avoir réfléchi à migrer à crustacés dénommés Tue’ et Dovili’, 3 Initiative sur la résilience de la conservation communautaire ∙ novembre 2015
Conclusions preliminaires et recommandations Les communautés ont conclu qu’un sein d’une communauté plus soutien serait bienvenu afin étendue, dont les groupes de d’entreprendre une évaluation CCRI femmes. plus en profondeur et afin de reconstruire leur capacité à En ce qui concerne le changement poursuivre leurs plans et priorités de climatique, le Programme National conservation communautaire. d’Adaptation des Actions des Iles Salomon pourrait fournir des Le savoir traditionnel et les pratiques opportunités pour promouvoir les coutumières devraient être mis en droits des populations autochtones valeur et/ou ravivés ; et, comme les et les initiatives de conservation femmes l’ont précisément remarqué, communautaire. Les femmes une aide économique pour leurs Sulufou et Fera Subua sont moyens de subsistance est particulièrement enthousiastes quant nécessaire. Les jeunes générations au projet de déménager à l’intérieur désirent aussi vivement constituer des terres et se sont montrées une documentation des reconnaissantes visàvis du connaissances traditionnelles, plus processus CCRI qui a rendu cette particulièrement celles relatives aux solution envisageable. Elles techniques de pêche, à la culture de avancent que l’établissement de leur la terre, aux frontières symboliques communauté à l’intérieur des terres et aux sites sacrés. faciliterait la culture de la terre et l’accès à l’eau. Wilfred Akao, un Elles tiennent à cartographier les propriétaire Maloa et un des anciens ressources terrestres, les frontières Sulufou a fait observé que ce ré symboliques et les sites sacrés, et établissement à l’intérieur du pays établir un plan pour les futures constituerait aussi une reconnection générations. Elles ont manifesté un avec leurs terres et leur héritage intérêt particulier à redonner vie aux ancestral, duquel ils se sont départis pratiques coutumières qui quand, à l’époque de la colonisation, permettent la conservation de la ils ont été obligés de migrer vers la mangrove ; aussi une offre de côte. formation pour les hommes et les femmes, concernant la gestion des Une autre nécessité est celle de terres, la conservation et la constituer un sondage approprié sur replantation des mangroves (incluant la biodiversité afin d’identifier les notamment des alternatives pour les différentes espèces de faune et de ressources et techniques culinaires) flore de la région, avec une attention serait particulièrement bienvenue. particulière portée aux espèces Les communautés à Sulufou et Fera mangroviennes et endémiques. Subua souhaitent aussi reconstruire un habitat communautaire et un foyer coutumier. Cela permettrait de créer un espace physique, un centre de rencontres, qui faciliterait la gestion traditionnelle, et ouvrirait un lieu de discussions et d’activités au 4 Initiative sur la résilience de la conservation communautaire ∙ novembre 2015
Ile Sulufou, CCRI des îles Salomon. Aydah Vahia/CIC Ile Fera Subua, îles Salomon. Aydah Vahia/CIC Témoignage Mr James Iroga est un ancien de la communauté Fera Subua. Voici son témoignage personnel en ce qui concerne les besoins des membres des communautés Sulufou et Fera Subua du nordest de Malaita : « L’île Sulufou est la première île artificielle à avoir été construite, il y a 200 ans, par nos ancêtres. Cela dit, nous sommes certains que la seule solution pour nos populations aujourd’hui est de migrer vers l’intérieur des terres. Mais c’est très difficile, car les zones plus en terre appartiennent à différentes tribus, et la négociation n’est pas facile. Il est aussi très important que nos populations s’établissent à l’intérieur des terres dans la mesure où nous souhaitons véritablement participer à la replantation de nos mangroves et nous impliquer dans les plans de rétablissement de l’écosystème. Ma gratitude va au directeur de ‘Global Coalition Aydah Vahia/CIC Forest’ et au « Réseau pour les Populations Autochtones » (Network for Indigenous PeopleS – NIPS) pour avoir fait émerger cette solution au regard d’autres partis, d’avoir perçu nos besoins et d’avoir fourni un soutien à nos populations. Nous, membres de Sulufou et de Fera Subua, attendons avec impatience de travailler en collaboration avec vous pour trouver les moyens qui nous permettront de nous relocaliser. » 5 Initiative sur la résilience de la conservation communautaire ∙ novembre 2015
Vous pouvez aussi lire