Les institutions britanniques - Constitution du Royaume-Uni
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Les institutions britanniques par André Émond Professeur titulaire Université Laurentienne Description et fonctionnement dans le contexte du référendum de 2014 sur l’indépendance de l’Écosse, conférence livrée à la ville de Charenton-le-Pont le 17 avril 2013
Royaumes du Royaume-Uni Le pays qui fait l’objet de cette présentation se nomme le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. On dit souvent, en plus court, le Royaume-Uni (R.-U), ou United Kingdom (U.K.) en anglais. Le Royaume-Uni a été formé à partir de royaumes plus anciens qui ont été fusionnés au cours des siècles. Il s’agit de l’Angleterre, du Pays de Galles et de l’Écosse, qui ensemble ont formé la Grande-Bretagne, auxquels l’Irlande a été ajoutée, puis retranchée en partie (seuls les comtés du Nord, ceux de l’Ulster, sont demeurés attachés à la Couronne britannique).
Naissance de l’Écosse À partir du Ve siècle, des celtes originaires d’Irlande (celtes gaéliques) se sont installés dans le Nord de l’île de Bretagne, une région appelée la Calédonie. Les Romains, qui occupaient alors le Sud de l’île, les ont appelés des Scots, ou Écossais en français. Le mot Scot était un terme descriptif, une insulte en réalité, utilisé par les Romains pour décrire les celtes d’Irlande qui s’adonnaient au pillage des côtes bretonnes. Vers l’an 1000, l’ancienne Calédonie deviendra éventuellement l’Écosse, la terre des Scots, quand ceux-ci auront assimilés complètement les Pictes, les premiers habitants du pays.
Naissance de l’Angleterre Peu après l’époque où les Scots (celtes gaéliques) ont commencé à occuper le nord de l’île de Bretagne, des guerriers venant de l’Est, là où se trouvent aujourd’hui le Danemark et le Nord de l’Allemagne, ont envahi la partie méridionale de l’île, habitée à cette époque par des celtes romanisés, des Bretons (celtes britonniques). Les envahisseurs germains appartenaient à différentes ethnies; il s’agissait principalement d’Angles, de Saxons et de Jutes. Toujours vers l’an 1000, l’ancienne Bretagne romaine sera dorénavant connue comme étant l’Angleterre, autrement dit la terre des Angles.
Naissance de l’Angleterre Les Bretons se sont défendus âprement contre ces envahisseurs germains. Cette lutte donnera naissance à la légende du roi Arthur, et de ses chevaliers de la Table ronde, immortalisée par de nombreux films. Malgré leur vaillance, les Bretons ont été tués, assimilés ou repoussés vers l’ouest (au pays de Galles et en Cornouailles) et le nord (en Strathclyde). Certains Bretons ont même traversé le bras de mer qui les séparaient du continent pour venir s’établir en Gaule, dans la péninsule d’Armorique, qui sera rebaptisée Bretagne quand la Gaule deviendra la France.
Formation du Royaume-Uni La formation du Royaume-Uni s’est produite sur une très longue période. Le pays de Galles a d’abord été législativement uni à l’Angleterre en 1536, bien que sa conquête par les Anglais ait eu lieu bien plus tôt, soit en 1282, par le roi Édouard Ier. L’Angleterre et le pays de Galles ont été unis à leur tour à l’Écosse en 1707, cette fois pour former le royaume de Grande-Bretagne (nous reviendrons sur la perte de l’indépendance écossaise). Quant à l’Irlande, sa conquête par les Anglais fut achevée en 1494. Mais sa fusion législative avec la Grande-Bretagne attendra 1801. Le nouveau pays fut appelé le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande. Toutefois, comme les 26 comté du Sud de l’Irlande ont fait sécession en 1922, et que seuls les comtés du Nord, ceux de l’Ulster, sont demeurés rattachés à la Couronne britannique, l’ancien royaume est donc devenu le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.
Perte de l’indépendance écossaise Le film Braveheart se voulait un portrait romancé de la vie de William Wallace. L’Écosse était un pays qui se distinguait du voisin, l’Angleterre, par son héritage celtique. Ses habitants étaient conscients et fiers de leur racines. L’Écosse, sauf pour de très brèves périodes, a toujours résisté aux tentatives de l’Angleterre pour y assurer sa domination politique. Parmi les hauts faits de cette résistance écossaise, il y a eu la lutte armée des William Wallace et Robert Bruce contre les rois d’Angleterre Édouard Ier, Édouard II et Édouard III, entre 1297 et 1328.
Perte de l’indépendance écossaise La reine d’Angleterre, Élisabeth Ière, est morte en 1603, sans enfant, sans d’ailleurs aucun autre parent qui portait son nom. La lignée des souverains Tudor s’est conséquemment éteinte avec elle. Son plus proche parent, et son héritier, était alors le roi Jacques VI d’Écosse. Celui-ci est conséquemment devenu le roi Jacques Ier d’Angleterre. Les deux royaumes ont été réunis sous une seule couronne, sans guerre, ni violence. Comme nous l’avons vu plus tôt, il faudra encore attendre un siècle (1707) pour que l’union législative des deux royaumes puisse être réalisée, toujours sans guerre, ni violence. C’est ainsi que les Écossais ont perdu, et leur parlement, et leur gouvernement.
Rétablissement d’un parlement et d’un gouvernement écossais Il faudra attendre 1998 pour que le parlement national du Royaume-Uni (parlement de Westminster), à la demande du gouvernement travailliste de Tony Blair, adopte une loi créant une nouvelle législature et un nouveau gouvernement pour l’Écosse (on a fait de même pour le pays de Galles et pour l’Irlande du Nord en 2006). Le parlement de Westminster a délégué à ces instances régionales des compétences limitées, surtout d’intérêt local (culture, éducation, santé, etc.). Au lieu de les énumérer, la loi du parlement dresse plutôt une liste des compétences que le parlement a désiré conserver pour lui-même, surtout d’intérêt national (Constitution, affaires étrangères, services financiers, défense, sécurité intérieure, immigration, citoyenneté, etc.).
2. Les origines médiévales de la Constitution britannique
Fondements de la Constitution anglaise En effet, la Constitution anglaise actuelle ne procède pas d’une création spontanée Les Français, de Maximilien de reposant sur quelque théorie politique, mais Robespierre à Charles de Gaulle, ont résulte plutôt du travail d’hommes et de femmes de pouvoir qui ont cherché, au cours crû à l’existence d’une constitution des siècles, à résoudre les problèmes idéale. En bons enfants de Descartes, concrets auxquels ils étaient confrontés. Ils ont procédé à tâtons, par essais et erreurs, en ils ont voulu l’élaborer avec l’aide de suivant un long parcours parsemé leur raison. d’incidents de toutes sortes. C’est ainsi qu’ils ont élaborés les institutions politiques de leur pays et les règles permettant de les Les Britanniques, pour leur part, se faire fonctionner. sont toujours méfiés des Contrairement à la France, qui a connu constructions intellectuelles. plusieurs Constitutions plus ou moins L’expérience, et non la raison, leur a différentes depuis la révolution de 1789, le donc servi de principal outil pour Royaume-Uni, tout comme l’Angleterre qui représente son noyau historique, n’a vécu construire leur État. que sous une seule Constitution depuis au moins mille ans. Certes, celle-ci a évolué, comme tout organisme vivant, mais elle a conservé intacts ses principaux attributs.
Fondements de la Constitution anglaise La Constitution anglaise a donc commencé à prendre forme dans les temps les plus anciens, lorsque les rois saxons Alfred le Grand et son petit-fils Athelstan ont unifié et assujetti l’ancienne province romaine de Bretagne, entre 871 et 939 de notre ère. Un siècle et demi après, en 1066, Guillaume de Normandie, surnommé le Bâtard, puis le Conquérant, s’est appropriée la Couronne d’Angleterre, puis y a généralisé le système féodal, mais en conservant certains caractères centralisateurs de l’ancien régime, caractères qui se sont accentués sous le règne de ses successeurs. En effet, la constitution anglaise a reconnu au roi l’exercice de tous les pouvoirs aujourd’hui associés à la puissance publique: celui-ci pouvait se faire législateur, agir comme juge suprême pour tous ses sujets, lever un impôt universel, en plus de policer l’ensemble de son royaume. Toutefois, la sagesse lui commandait, lorsqu’il gouvernait, de s’associer aux plus puissants parmi la noblesse de son royaume.
3. Le parlement de Westminster
Le parlement de Westminster: d’abord une assemblée féodale Ce que l’on appelle aujourd’hui le parlement de Westminster n’était rien d’autre, à l’origine, qu’une assemblée des plus importants nobles (lords temporels) et prélats (lords spirituels) du royaume, assemblée que le roi convoquait selon son plaisir, tant pour la consulter que pour lui faire part de ses décisions. Cette assemblée, qui représentait ni plus ni moins que la cour féodale du roi, semblable, à ses débuts, aux autres cours royales d’Europe, a pris le nom de parlement après 1236. Il ne s’agissait cependant que d’un simple changement de nom. Légalement parlant, du moins avant 1215, le roi n’était pas tenu de convoquer les lords anglais. Seule la prudence l’incitait à le faire, que ce soit pour adopter une mesure législative majeure, pour juger quelque grand seigneur, ou pour lever de nouveaux impôts. C’est pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453) que le palais royal de Westminster devint le lieu de rencontre le plus fréquent du parlement, ce qui explique le nom sous lequel on désigne le plus souvent le parlement anglais.
L’ancien palais de Westminster au XVIe siècle
Évolution du parlement de Westminster Dans ce qui a été un tournant dans l’histoire du parlement anglais, la noblesse du pays a exigé de Jean sans terre qu’il inscrive, dans sa Magna Carta de 1215, leur droit d’approuver toute augmentation de leur contribution fiscale. Ils voulaient ainsi transformer ce qui était, à l’origine, un exercice de consultation de la part du roi, en une obligation juridique d’obtenir leur consentement avant toute hausse d’impôt. Bien qu’elle ait disparue dans les versions subséquentes de la Magna Carta, cette exigence des barons a néanmoins été respectée, au point qu’elle fera partie de la coutume, au moins à partir du XIVe siècle.
Évolution du parlement de Westminster Dès le XIIIe siècle, le roi a commencé à inviter occasionnellement des représentants élus de la petite noblesse et des bourgeois des villes, en plus des hauts barons et des prélats qui étaient les habitués de sa cour. Ces élus parlaient aux nom des communautés du royaume, d’où leur nom de communes (les premières élections ont eu lieu en 1227). Lords et communes ont d’abord siégé ensemble. Pourquoi faire venir des représentants des communes? Leur pouvoir augmentant dans les mêmes proportions que leur richesse, il devenait politiquement opportun de consulter la petite noblesse et les bourgeois avant d’accroître leur fardeau fiscal, comme on le faisait pour les grand seigneurs. Des élections ont été systématiquement tenues à partir de 1327 pour assurer la participation des communes aux travaux du parlement. Peu après, en 1331, on a divisé une première fois le parlement en deux chambres: les lords d’un côté, et les communes de l’autre. Lords et communes ont toujours siégé séparément à partir de1407.
Les deux chambres législatives dans l’ancien palais de Westminster (XIXe siècle) Lords Communes
Évolution du parlement de Westminster La suite a été une longue lutte des lords et députés pour assurer la souveraineté du Parlement et la suprématie de ses statuts. Elles ont été consacrées par l’adoption de la Déclaration des droits de 1689. Toute législation adoptée par le Parlement est depuis considérée comme la loi suprême du royaume. C’est l’un des dogmes du droit anglais. Certes, le monarque fait toujours partie du parlement. Son pouvoir de légiférer, qui se manifeste par sa sanction à chaque projet de loi, n’a donc jamais disparu. Mais il n’est plus ce qu’il a été à l’origine. Il est désormais encadré. Selon la formule d’édiction consacrée, que l’on retrouve dans chaque texte de loi, un roi ou une reine ne légifère plus que «sur l’avis et du consentement des lords spirituels et temporels et des communes réunis en parlement.» En outre, le monarque a toujours possédé et possède donc encore le pouvoir légal de convoquer le parlement en session, de le dissoudre, d’en suspendre les travaux, de convoquer des élections pour former une nouvelle chambre des communes, ainsi que de nommer de nouveaux lords à la chambre des lords. Le parlement est demeuré, aussi bien dans la forme qu’en stricte légalité, son parlement.
Actuel palais de Westminster (1847 à aujourd’hui)
Démocratisation du parlement de Westminster Quoique des élections aient systématiquement tenues depuis 1327 pour la formation de chaque nouveau parlement, cela n’a pas fait de celui-ci une institution démocratique pour autant. Il faut savoir que, jusqu’à la réforme électorale de 1832, environ 5% des sujets de Sa Majesté possédaient les biens ou revenus nécessaires à l’exercice du droit de vote, à main levée, faut-il préciser, avant 1872. En effet, le Royaume-Uni devra attendre la réforme électorale de 1917 pour que tous les hommes adultes puissent enfin voter, et celle de 1928 pour que le même droit soit enfin reconnu aux femmes. La Chambre des lords, quant à elle, est demeurée une chambre législative composée de non-élus. Toutefois, les lords actuels ne conservent leur siège qu’à titre viager. La classe des lords héréditaires, ceux qui transmettent leur droit de siéger au Parlement à leur fils aîné, à été abolie en 2005 par une loi de parlement.
4. Le cabinet (gouvernement)
Le Conseil privé Le monarque anglais s’est toujours entouré de conseillers pour diriger son royaume. Ils étaient nommés et congédiés par lui, selon son bon plaisir et les besoins du moment. En 1540, sous le roi Henri VIII, les conseillers du roi ont commencé à se réunir de manière routinière, selon une procédure bien établie, pour s’occuper de la gestion quotidienne du royaume. Leurs décisions étaient désormais colligées dans un registre tenu par un secrétaire. Ce nouvel organisme portait le nom de Conseil privé du roi (Henri VIII). Et ses membres étaient les conseillers du roi.
Le cabinet Le Conseil privé de la reine (Élisabeth II) existe toujours Rencontre du cabinet aujourd’hui. Toutefois, en réalité, seul un petit nombre de ses membres, britannique ceux qui détiennent des portefeuilles administratifs (les ministres (2007) actuellement en poste), exercent la réalité du pouvoir au nom de l’ensemble du Conseil privé. Depuis environ 1700, les ministres de la Couronne en fonction se réunissent au sein d’un autre organisme appelé le cabinet. Le cabinet n’a pas d’existence légale. Il s’agit en réalité d’un simple comité de l’entité légale plus large qu’est le Conseil privé.
Nominations au poste de ministre Élisabeth II nomme encore les La Couronne incarne le pays et ses membres du Conseil privé et ceux institutions. Elle symbolise et se qui, parmi eux, auront la confond aujourd’hui avec l’État responsabilité d’administrer le anglais. gouvernement, autrement dit les titulaires de charge ministérielle. Ce sont ses ministres. Et le gouvernement britannique est donc, légalement, le gouvernement de la reine. Conséquemment, Élisabeth II, détentrice du pouvoir exécutif, est considérée comme étant le chef de l’État britannique.
5. La reine (ou le roi)
Élisabeth II (1952-aujour.), reine du Royaume-Uni, a hérité des droits, pouvoirs et privilèges de ses prédécesseurs sur le trône. En stricte légalité, c’est donc la reine qui: sanctionne les lois; convoque le parlement en session; proroge ce même parlement en mettant fin à la session en cours; dissout la Chambre des communes pour convoquer des élections; nomme les lords qui siègent à la chambre haute; nomme et congédie les ministres du gouvernement; nomme les juges; nomme les ambassadeurs; déclare la guerre et signe la paix; confère les honneurs et les titres de noblesse.
Coutume de primogéniture À la mort d’Élisabeth II, tous ses droits, pouvoirs et privilèges, vont passer automatiquement à son fils aîné, Charles Windsor, le prince de Galles, sans même la nécessité d’un couronnement. C’est la coutume de primogéniture qui régit la succession à la Couronne. Cette coutume a toutefois été modifiée par le passage d’une loi du parlement, l’Acte d’établissement de 1701, afin d’écarter les catholiques du trône. Être roi (ou reine) n’est donc pas un droit. Il s’agit plutôt d’une obligation. Elle incombe à l’héritier de la Couronne dès sa naissance. Voilà pourquoi l’abdication n’existe pas en droit britannique. Pour abandonner son trône, le monarque anglais doit absolument sanctionner un projet de loi voté par les lords et les communes, car seule une loi du parlement peut modifier l’ordre de succession.
6. Les conventions de la Constitution
La reine règne, mais ne gouverne pas. La reine ou le roi anglais possèdent donc d’importants pouvoirs. En réalité, depuis au moins le règne de Victoria (1820-1830), reines et rois exercent leurs pouvoirs en écoutant presque mécaniquement les avis des élus. Ces élus sont les députés des communes et surtout les leaders des partis politiques au sein desquels ils se regroupent. Les souverains britanniques agissent ainsi, non pas à cause d’une obligation légale, mais en vertu d’une règle à laquelle ils obéissent par sentiment de nécessité politique. On connaît cette règle sous la forme d’une maxime: «la reine (ou le roi) règne, mais ne gouverne pas». En d’autres termes, le monarque possède tous les pouvoirs légaux qui font de lui le chef de l’État, mais laisse à ses ministres le soin de gouverner à sa place.
Conventions de la Constitution La règle selon laquelle la reine règne, mais ne gouverne pas, est appelée une convention de la Constitution, ou convention constitutionnelle. Une convention de la Constitution est une règle politique qui régit la manière dont un pouvoir public sera ou ne sera pas exercé par son titulaire, dépendant des circonstances. Une telle règle ne fait pas partie du droit. Elle n’est donc pas du ressort des tribunaux. Une convention de la Constitution naît en raison de considérations purement politiques, et continue d’exister tant que ces considérations persistent.
Convention du «gouvernement responsable» Parce que la reine règne, mais ne Chambre des communes gouverne pas, elle sanctionne automatiquement tous les projets de lois actuelle votés par les lords et les communes. Ceci explique aussi pourquoi, lorsque vient le temps de nommer le futur Premier ministre après des élections générales, le monarque choisit toujours celui ou celle qui saura gagner et conserver la confiance d’une majorité des députés élus des communes. Une autre règle d’éthique politique, qui s’impose cette fois au Premier ministre et au cabinet qu’il dirige, consiste donc à conserver la confiance des élus du Parlement, i.e. les députés des communes. Cette autre règle à caractère politique se nomme la «convention du gouvernement responsable».
L’application de ces deux conventions de la Constitution, la reine règne, mais ne gouverne pas, ainsi que la convention du gouvernement responsable, ont transformé la nature de la monarchie britannique pour en faire le véhicule d’une véritable démocratie libérale.
Comparaison entre le choix des ministres du cabinet en France et au Royaume-Uni La France Le Royaume-Uni Le Président de la République, élu au La reine du Royaume-Uni, dont le droit et suffrage universel pour cinq ans, est le l’obligation de régner à vie lui vient de sa chef de l’exécutif; naissance, est le chef de l’exécutif; Le Président nomme le Premier ministre; La reine nomme le Premier ministre; Sur proposition du Premier ministre, le Sur proposition du Premier ministre, la reine président nomme les autres ministres du nomme les autres ministres du cabinet. gouvernement; La reine choisit comme Premier ministre le Si le parti politique du président gagne le chef du Parti politique qui est en mesure plus grand nombre de sièges aux d’obtenir et de conserver la confiance d’une élections législatives, le président choisit majorité des députés à la Chambre des librement celui ou celle qui deviendra communes; Premier ministre et lui indique les La reine, par la suite, exerce l’ensemble de ses orientations politiques à suivre; pouvoirs de puissance publique en suivant les Mais si un parti politique s’opposant au avis de son Premier ministre. président remporte les élections législatives, le choix du président doit LA POSITION DE LA REINE RESSEMBLE porter sur le chef de ce parti politique, DONC, UN PEU, À CELLE D’UN PRÉSIDENT dans la mesure où il peut commander FRANÇAIS QUI N’EXERCERAIT JAMAIS une majorité des voix à l’Assemblée AUCUN CONTRÔLE SUR L’ASSEMBLÉE nationale (hypothèse d’une NATIONALE, ET QUI DEVRAIT DONC cohabitation), et le Premier ministre TOUJOURS LAISSER LA DIRECTION décide alors dans les faits des choix EFFECTIVE DU GOUVERNEMENT À SON politiques du gouvernement. PREMIER MINISTRE, LE CHEF RÉEL DE LA MAJORITÉ.
7. Le référendum écossais
Accord d’Édimbourg Le 15 octobre 2012, David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni, a conclu un accord avec Alex Salmond, Premier ministre de la région administrative de l'Écosse, sur les conditions de la tenue d’un référendum sur l’indépendance politique de l’Écosse (Accord d'Édimbourg). Le référendum se tiendra à l’automne 2014 sous la supervision de la commission électorale écossaise. Son devoir est de veiller à ce que le référendum reflète bien la volonté des électeurs, de manière objective et sans parti pris.
La Commission électorale a suggéré la question référendaire suivante: «L'Écosse devrait-elle être un pays indépendant? Oui ou non!»
Accord d’Édimbourg (suite) Des doutes furent d’abord émis sur la capacité de l’Écosse de tenir un référendum sur l’indépendance de l’Écosse, car, en vertu de la loi du parlement de Westminster qui a créé la législature écossaise, le parlement de Westminster avait conservé la juridiction sur les affaires constitutionnelles. Toutefois, a répondu l’Écosse par la voie de son Premier ministre, Alex Salmond, le référendum écossais n’aurait pas pour effet de créer légalement et automatiquement le nouveau pays, mais seulement de demander l’opinion des Écossais sur cette question. En d’autres termes, le référendum écossais n’aurait qu’une valeur consultative. Cette polémique juridique a pris fin par la signature de l’Accord d’Édimbourg d’octobre 2012. En vertu de cet accord, le gouvernement du Premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron, a étendu temporairement la compétence de la législature écossaise au moyen d’un décret, une technique autorisée par la loi du parlement de Westminster qui a créé cette législature.
Référendum consultatif, mais néanmoins contraignant Peu importe que le référendum écossais n’ait juridiquement qu’une valeur consultative, comme l’est un immense sondage d’opinion, les deux gouvernements, celui du Royaume- Uni et celui de l’Écosse, s’estimeront liés politiquement par le résultat. L’indépendance de l’Écosse, il va sans dire, transformerait radicalement Royaume-Uni, à commencer par son nom et sa géographie.
Une indépendance peu probable Pour être concluant, en faveur de l’indépendance, le référendum devrait donner une réponse claire (un résultat serré pourrait causer un problème). Tous les récents sondages d’opinion montrent cependant que seule une minorité d’Écossais se montre favorable à la création d’un nouvel État.
Suite d’un référendum concluant à l’indépendance de l’Écosse Si l’indépendance politique de l’Écosse se réalise, et cela en respectant les formes de la Constitution actuelle du Royaume-Uni, le parlement du Royaume-Uni devra adopter une loi à cet effet, comme cela a été le cas lorsque ce même parlement, en 1931, a reconnu l’indépendance de ses anciens dominions du Canada, de Terre- Neuve, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de l’Afrique du Sud.
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