LES ROYAUMES ÉPHÉMÈRES - Mon Petit Éditeur - Geoffrey Claustriaux

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Geoffrey Claustriaux

LES ROYAUMES ÉPHÉMÈRES
  Tome 1 – L’Odyssée du Jeune Fauve

         Mon Petit Éditeur
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                             75015 PARIS – France

            IDDN.FR.010.0117722.000.R.P.2012.030.31500

    Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication par Mon Petit Éditeur en 2012
Remerciements

   Merci à ma maman, à ma fiancée Magali, à Franck, à ma collègue
Isabelle et à M. Christian Lause pour leurs précieux conseils avisés.
Prologue

   M. et Mme Mellow avaient toujours profondément aimé leur fils
David, même quand ce dernier avait multiplié les bêtises. Ils avaient
toujours parlé de lui avec la plus grande fierté, répétant jusqu’à la
nausée que oui, il accomplirait un jour quelque chose de grand. Jamais aucun
des deux n’aurait imaginé qu’il puisse terminer de cette façon, étendu
sur un lit d’hôpital et le corps recouvert d’un drap blanc constellé de
taches rouges.

    M. Mellow était avocat et, contrairement à certains de ses col-
lègues, il avait à cœur de voler au secours de ceux qu’il estimait dignes
d’être défendus. Il avait ainsi pris la défense de plusieurs assassins
repentants, tout en refusant les affaires banales dans lesquelles les
plaignants ne voulaient que soutirer un maximum d’argent à la partie
advserse. Il n’avait jamais recherché la fortune ou les honneurs ;
c’était un homme de l’ombre. Gentil et chaleureux, il était très appré-
cié de ses clients. Cela étant, il savait aussi se montrer sévère quand il
le jugeait nécessaire. Son physique atypique – il était très grand et
mince – ainsi que ses effets de manche durant les procès lui avaient
valu le surnom de Grand Magicien.
    Mme Mellow quant à elle était plus petite et son visage constellé
de minuscules taches de rousseur avait le bon goût de se marier par-
faitement avec sa chevelure orangée. Aussi gentille que son mari, elle
dégageait en outre une douceur rassurante qui mettait à l’aise qui-
conque se trouvait en sa présence.
    À leurs yeux, David constituait le plus grand trésor du monde, sur-
tout depuis la perte de leur autre fils, Adam, deux ans auparavant. Ce
dernier, impliqué dans une bagarre entre bandes rivales, avait reçu
plusieurs coups de couteau dans l’estomac. Il n’y avait pas survécu. Il
avait dix-neuf ans.

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    À présent, c’était David qui se retrouvait allongé, inerte, dans ce
grand lit d’hôpital trônant au milieu d’une pièce blanche. S’ils
n’avaient pas été terrassés par le chagrin, M. et Mme Mellow auraient
pu croire à un mauvais remake des derniers instants de vie d’Adam,
bien que les circonstances ayant amené leurs deux fils dans cet hôpital
différaient en tous points.
    Les cheveux blonds de David, encore dressés en pointes par le gel
coiffant, se perdaient dans l’épaisseur du coussin et, désormais, ses
yeux bleus resteraient définitivement clos. La vie avait quitté cette
chambre immaculée, de laquelle étaient exclus les plantes et les ani-
maux.

    Lorsque M. et Mme Mellow s’étaient réveillés ce matin-là, rien
n’annonçait le drame à venir. M. Mellow, comme à son habitude,
lisait tranquillement le journal en sirotant son café matinal, attendant
que l’horloge sonne l’heure de son départ au travail.
    Mme Mellow achevait de dompter son épaisse tignasse rousse
dans la salle de bain.
    Quelques minutes auparavant, non sans avoir pris soin de caresser
son chat, David était monté dans le car à destination de l’école ; il y
avait retrouvé plusieurs camarades de classe. Tous étaient d’excellente
humeur.

   Quelque part en ville, un homme pressé démarra en trombe. Il
devait amener sa voiture à l’entretien depuis un bon moment, mais à
cause de sa vie très active il avait sans cesse reporté cette formalité.
Ce jour-là pourtant, c’était décidé, il ferait un saut par le garage avant
de se rendre au bureau.

    À huit heures, le bus déposa David sur le trottoir faisant face à la
porte de l’école. Le garçon s’immobilisa quelques instants. Du regard,
il chercha Caroline, sa petite amie, mais ne la trouva pas au milieu de
la foule grouillante des élèves. Les adolescents discutaient gaiement
sous le ciel bleu, signe de l’arrivée de l’été et donc des vacances sco-
laires. David recula afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble et se
retrouva sur le passage pour piétons. La voiture de l’homme pressé
déboula du coin de la rue en vrombissant. Quelques mètres seule-

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ment séparaient le carrefour de l’entrée de l’école. Aussi, lorsque le
conducteur appuya de toutes ses forces sur la pédale de frein, il était
déjà trop tard. Ses freins, trop longtemps négligés, rendirent l’âme
dans un sifflement métallique. Le véhicule ne ralentit pas.

    David ne comprit pas très bien ce qui était en train de se passer. Il
tourna la tête pour regarder d’où venait cet étrange bruit, mais c’est à
peine s’il vit la voiture menaçante fondre sur lui. Il n’eut pas le temps
de réagir avant d’être percuté de plein fouet. Il sentit ses pieds quitter
le sol. Durant de longues secondes, il se retrouva en apesanteur, léger
comme un ange survolant le monde des humains. Au milieu des
nuages, il aperçut une formation d’oiseaux traversant le ciel tandis
qu’à leur gauche passait un avion de ligne. Était-il rempli d’hommes
d’affaires ? Ou de familles en route pour des vacances exotiques ? Les
deux peut-être ? David regarda le point blanc évoluer dans les cieux
pendant quelques instants, puis ferma les yeux, bercé par la douceur
de l’air qui lui caressait les joues.
    Violemment, il s’écrasa sur le trottoir tel un pantin désarticulé et
son sac à dos se déchira, projetant sur les élèves médusés une pluie de
feuilles, de classeurs et de stylos. Le conducteur de la voiture, affolé,
tourna son volant dans tous les sens et termina sa course dans le pa-
rechoc du bus qui venait à peine de redémarrer.

    Caroline avait assisté à la scène comme dans un rêve. Le hurle-
ment métallique des freins, le corps de son amoureux se fracassant
sur le sol avec de sinistres craquements, tout paraissait si irréel. Le
vacarme de la tôle froissée la ramena brusquement à la réalité ; elle se
précipita en hurlant vers le corps inerte de son petit ami. Un attrou-
pement s’était déjà formé autour de lui, mais aucun des adolescents
n’osait s’approcher trop près ; un peu de sang commençait déjà à
s’écouler de sa bouche entrouverte. Caroline s’agenouilla près de sa
tête, lui caressa la joue et implora que l’on appelle une ambulance.
Ensuite seulement, elle se mit à pleurer.
    Un enseignant, attiré par le bruit, sortit de l’établissement en cou-
rant. Il blêmit en voyant la scène, mais s’avança sans hésiter à travers
la foule. Quelques élèves lui barraient le passage ; il tenta en vain de
les écarter, la curiosité des étudiants était trop forte.

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    — Je le connais, il est dans ma classe ! s’exclama une fille aux
longs cheveux sur qui David avait copié en cours d’Anglais.
    — Oh, mon dieu c’est David ! renchérit un jeune homme au vi-
sage couvert d’acné, ce qui lui valait d’être la risée de ses condisciples.
    L’enseignant arriva enfin près du garçon inconscient, lui tâta le
cou à la recherche d’un pouls puis ordonna que quelqu’un prévienne
les secours.
    — C’est déjà fait, répondit une demoiselle en désignant son télé-
phone portable.

    L’ambulance arriva dix minutes plus tard. Ses gyrophares proje-
taient une lumière bleue aveuglante. Les professeurs avaient regroupé
les élèves dans le hall d’entrée de l’école. Tous assistaient au drame à
travers les grandes baies vitrées. Seule Caroline avait pu rester aux
côtés de son petit ami pour lui parler et lui tenir la main. Elle lui avait
également recouvert le torse avec son manteau. À l’arrivée des infir-
miers, elle se recula afin de leur faciliter la tâche. Ils soulevèrent le
garçon et le déposèrent sur un chariot mobile qu’ils enfournèrent
dans l’ambulance. Le crissement du métal contre le fond du véhicule
donna la chair de poule aux personnes les plus proches.
    — Je peux l’accompagner ? demanda Caroline à l’ambulancier,
juste avant qu’il ne referme la double porte arrière du véhicule. Je suis
sa petite amie.
    — Montez vite, répondit l’homme après un instant d’hésitation.
    Elle grimpa dans l’ambulance sous les regards de ses condisciples.
Certains détournaient les yeux de ce triste spectacle tandis que
d’autres jouaient des coudes pour prendre une photo souvenir avec
leur téléphone portable. Du sang maculait le menton de David et une
partie de ses cheveux avait pris une teinte écarlate.
    L’ambulance fonça à travers la ville, brûlant tous les feux rouges et
les panneaux de signalisation. Les voitures s’écartaient sur son pas-
sage. Assise à l’arrière, à peine consciente du bruit des sirènes,
Caroline fixait de ses yeux humides le garçon qu’elle aimait tant et
qu’elle voyait peut-être pour la dernière fois. Elle sentit l’angoisse lui
serrer la gorge.
    — Ne me laisse pas, murmura-t-elle à son oreille de David. Puis
elle lui prit la main.

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    Quand le véhicule s’arrêta devant la porte des urgences,
Mme Mellow était déjà là. Son visage livide et ses mains serrées l’une
contre l’autre trahissaient son immense angoisse. Elle avait déjà vécu
ça une fois ; c’était une torture d’avoir à recommencer. Elle se préci-
pita vers l’ambulance et regarda sans un mot les médecins en extraire
son fils. Caroline se trouvait à ses côtés. Elle lâcha la main de David
pour prendre celle de sa belle-mère. Ensemble, elles suivirent le cor-
tège d’infirmiers jusqu’à ce qu’une dame leur interdise d’aller plus
loin.
    — Je m’excuse, mais vous devez attendre ici. Nous l’emmenons
au bloc opératoire. On vous donnera des nouvelles au plus vite, lança
l’infirmière avant de tourner les talons.

    M. Mellow arriva peu de temps après. Hagard, il demanda des ex-
plications à sa femme, à Caroline, puis à tous les médecins qui
passaient à sa portée, mais aucun n’était en mesure de lui fournir une
réponse satisfaisante.
    — Ce n’est pas possible ! Cria-t-il dans la salle d’attente, avant de
revenir à un niveau sonore plus acceptable. Pas mon autre fils. Pas
encore…
    Il se mit à faire les cent pas devant les chaises vides, tandis que
Caroline et Mme Mellow restaient silencieuses, les yeux rivés sur le
sol. La jeune femme fit quelques tentatives pour remonter le moral de
ses beaux-parents, mais le cœur et la conviction n’y étaient pas. Elle
retomba dans le silence, ravalant ses larmes et espérant que celui
qu’elle aimait pourrait à nouveau la tenir dans ses bras.

    Le temps parut se dilater à l’infini. Les infirmières et les médecins
allaient et venaient devant eux sans s’arrêter. Finalement, un docteur
vint à leur rencontre. M. Mellow s’immobilisa, tetanisé par la terreur.
Sa femme se leva, les yeux remplis d’espoir, attendant que le médecin
la soulage de son angoisse. Mais il n’eut pas à dire un mot, la mau-
vaise nouvelle se lisait sur son visage : il n’avait rien pu faire pour
sauver leur enfant. David était mort ! Comme son frère.
    — L’hémorragie interne était trop importante. J’ai tout tenté pour
le ranimer, mais… je suis désolé.

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     M. Mellow se laissa tomber sur une chaise et se prit la tête entre
les mains. Sa femme et Caroline tombèrent dans les bras l’une de
l’autre en pleurant à chaudes larmes. David était mort. La nouvelle
était trop brutale, trop inattendue. Deux heures plus tôt, il quittait
joyeusement la maison et voilà qu’à présent… Mme Mellow fit un
malaise et s’évanouit.
     À quelques mètres de là, la vie de David s’éteignait lentement et sa
conscience quitta son corps. Il se retrouva au-dessus de lui-même,
flottant dans les airs, invisible et immatériel. Il contempla ses cheveux
rougis. Ses yeux s’attardèrent ensuite sur son visage tuméfié. Du sang
avait encore coulé de sa bouche et taché le drap blanc sous sa tête.
Ses yeux étaient clos. Se détournant de cette triste vision, il traversa
les murs et arriva dans la salle d’attente, au-dessus de ses proches en
pleurs. Il sentit son cœur qu’il n’avait plus se serrer dans sa poitrine
qui n’existait pas davantage. Ses lèvres s’ouvrirent pour crier qu’il était
là, qu’il allait bien, qu’ils ne devaient pas s’inquiéter, mais aucun son
ne sortit de sa gorge.
     Caroline donna l’impression de percevoir sa présence, car elle
tourna ses yeux vers lui. Son regard inondé de larmes passa au travers
de David se fixer sur une affiche publicitaire affirmant La vitesse peut
vous ralentir pour la vie. Sa bouche se crispa devant l’ironie de la situa-
tion.
     Soudain, David se sentit aspiré en arrière. Un tunnel de lumière
blanche se forma dans son dos et l’engloutit sans qu’il puisse réagir.
De toute façon, qu’aurait-il pu faire maintenant qu’il était devenu un
fantôme ? Il se laissa entraîner par le flot lumineux, se demandant où
il allait atterrir. Il passa en revue quelques possibilités comme le Para-
dis, le néant ou les cercles de l’enfer. Il envisagea même la
réincarnation et pria pour ne pas revenir sous la forme d’une gre-
nouille, mais jamais il n’aurait pu imaginer dans quoi il allait se
retrouver impliqué…

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1. Une étrange forêt

    David ouvrit un œil qu’il referma tout aussi vite : la lumière était
trop vive et il n’avait jamais supporté cela. Depuis tout petit, il avait
toujours détesté la manie de sa mère qui consistait à ouvrir en grand
les rideaux de sa chambre afin qu’il se lève. Pour éviter d’être à nou-
veau ébloui, il se tourna sur le flanc et fut surpris d’entendre un léger
craquement. Intrigué, il rouvrit un œil… et constata, non sans éton-
nement, qu’il était étendu sur un tapis de feuilles. Il se redressa, en
s’aidant de son coude, et regarda lentement autour de lui. Des arbres.
Des buissons. Que de la végétation à perte de vue.
    — Mais qu’est-ce que…
    Il sentit un chatouillis dans sa nuque, comme si quelque chose se
déplaçait sur sa peau. Son cœur fit un bond dans sa poitrine ; il frotta
vigoureusement la base du crâne. Une grosse araignée à poils verts,
avec de longues pattes reliées à un petit abdomen, tomba sur le sol.
La bestiole atterrit sur le dos, au milieu des feuilles. Ses huit membres
s’agitèrent dans les airs pendant quelques secondes avant de parvenir
à se raccrocher à une motte de terre. En un éclair, elle se remit debout
et disparut entre les racines d’un arbre. David regarda l’étrange arai-
gnée s’éloigner en frissonnant. Il n’avait jamais apprécié ces saletés.
Trop de pattes. Il se releva, examina ses vêtements et constata avec
soulagement qu’aucun autre animal n’avait pris son corps pour un
terrain de jeu. L’araignée verte était venue seule.
    Les habits qu’il portait, à savoir un jean et un pull Nike, étaient
ceux qu’il avait enfilés le matin même. Cependant, ils ne semblaient
pas avoir souffert de l’accident. Il fouilla ses poches à la recherche de
son portefeuille, de son téléphone portable, mais ne trouva rien. Ab-
solument rien. Il grogna : quelqu’un l’avait dépouillé de ses affaires.
Ceci dit, la priorité était ailleurs.

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    Il observa la forêt alentour avec attention en se demandant ce qu’il
faisait là et comment il était arrivé dans un tel endroit. Les dernières
choses dont il se souvenait étaient l’avant d’une voiture et la sensation
de flotter dans un hôpital. Sans oublier le tunnel de lumière blanche.
Il repensa à ses proches qu’il avait vu pleurer ; tout à coup une idée
folle lui traversa l’esprit : et si j’étais mort ? Il se tâta le corps à la re-
cherche d’une blessure ou d’une douleur quelconque, mais ne
remarqua rien de tel. Au contraire, il s’étonna même de se sentir si
bien. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été en aussi bonne forme.
D’habitude, il était toujours un peu fatigué, voire lymphatique, mais là
il avait l’agréable sensation d’avoir dormi vingt-quatre heures d’affilée.
Que lui était-il arrivé ? S’il était mort, pourquoi avait-il encore ses
vêtements ? Ne trouvant pas de réponse valable à ces questions, il
estima que le mieux à faire était de trouver une personne qui pourrait
le renseigner. Il se mit donc en marche.
    Apparemment, il se trouvait au beau milieu d’une forêt. De gigan-
tesques arbres l’entouraient de toutes parts et des buissons
l’empêchaient de se frayer un passage entre les troncs. Il n’avait donc
d’autre choix que de suivre le sentier devant lui. Le silence était om-
niprésent, lourd comme une chape de plomb, et il n’y avait aucun
signe d’activité humaine ou animale. Malgré tout, David avait la cu-
rieuse sensation d’être observé. Il accéléra le pas.
    La forêt semblait très vaste. Le moindre de ses mouvements dé-
clenchait un écho qui se répercutait loin à travers les arbres et il se
rendit compte que si un prédateur le guettait, il n’aurait aucun mal à
déterminer sa position. Dans sa situation, il constituait une proie fa-
cile. Son cœur se mit à battre plus vite.
    Il faisait chaud, mais pas trop. Une douce brise filtrait entre les
branches et rendait tout à fait supportable le soleil qui réchauffait le
sous-bois. David sentait tout de même des gouttes de sueur couler le
long de son échine et il décida d’enlever son blouson de cuir, souve-
nir de l’époque révolue où il était un adolescent solitaire et mal dans
sa peau.
    Car il n’avait pas toujours été le garçon gentil qu’il était devenu
peu après la mort d’Adam. Avant de perdre son frère – et de rencon-
trer Caroline –, il était passé par l’habituelle « phase rebelle » que
connaissent tous les jeunes. Pacifiste dans l’âme, mais nerveux et fier,

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