Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
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LE MENSUEL Le Traître de Marco Bellocchio Alice et le maire de Nicolas Pariser Atlantique de Mati Diop La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti Joker de Todd Phillips Martin Eden de Pietro Marcello Shaun le mouton : La Ferme contre-attaque OCTOBRE 2019 de Richard Phelan et Will Becher Sorry We Missed You de Ken Loach La Cordillère des songes de Patricio Guzmán rencontres avec Christophe Honoré pour Chambre 212 Mounia Meddour pour Papicha Juris Kursietis pour Oleg • #10
SOMMAIRE FILMS DU 2 OCTOBRE 2019 Alice et le maire de Nicolas Pariser HHH Atlantique de Mati Diop HHH Bonjour le monde ! de Anne-Lise Koehler et Éric Serre HH Chambord de Laurent Charbonnier HH En liberté ! de Alex Ferrini H Gemini Man de Ang Lee HH J’irai où tu iras de Géraldine Nakache HH Les Mondes imaginaires de Jean-François Laguionie de Jean-François Laguionie HHH Psychomagie de Alejandro Jodorowsky HH Le Regard de Charles de Charles Aznavour HH Viaje de Celia Rico Clavellino HHH Vous êtes jeunes, vous êtes beaux de Franchin Don HH Willy et le lac gelé de Zsolt Pálfi HH FILMS DU 9 OCTOBRE 2019 Chambre 212 de Christophe Honoré HHH Rencontre avec Christophe Honoré Donne-moi des ailes de Nicolas Vanier HH La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti HHH La Grande cavale de Christoph & Wolfgang Lauenstein HHH Jacob et les chiens qui parlent de Edmund Jansons HH Joker de Todd Phillips HHH Nos défaites de Jean-Gabriel Périot HH On va tout péter de Lech Kowalski HHH Papicha de Mounia Meddour HHH Rencontre avec Mounia Meddour Pour Sama de Waad al-Kateab et Edward Watts HHH Quelle folie de Diego Gorvernatori HHH Sœurs d’armes de Caroline Fourest H Tout est possible de John Chester HH
FILMS DU 16 OCTOBRE 2019 L’Angle mort de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic HH Angry Birds : Copains comme cochons de Thurop Van Orman HH La Bonne réputation de Alejandra Márquez Abella H Camille de Boris Lojkine HHH Fahim de Pierre-François Martin-Laval HH Little Monsters de Abe Forsythe m Loups tendres et loufoques Film collectif HHH Martin Eden de Pietro Marcello HHH Matthias & Maxime de Xavier Dolan HH Queens de Lorene Scafaria HH Shaun le mouton : La Ferme contre-attaque de Richard Phelan et Will Becher HHH Warrior Women de Christina D. King et Elizabeth A. Castle HHH FILMS DU 23 OCTOBRE 2019 Abominable de Jill Culton HH L’Âcre parfum des immortelles de Jean-Pierre Thorn HH Au bout du monde de Kiyoshi Kurosawa HHH Braquer Poitiers de Claude Schmidt HH Les Charbons ardents de Hélène Milano HHH 5 est le numéro parfait de Igort HH Hors normes de Éric Toledano et Olivier Nakache HHH Serendipity de Prune Nourry HHH Sorry We Missed You de Ken Loach HHH FILMS DU 30 OCTOBRE 2019 La Cordillère des songes de Patricio Guzmán HHH Debout sur la montagne de Sébastien Betbeder H Mon chien stupide de Yvan Attal H Oleg de Juris Kursietis HHH Rencontre avec Juris Kursietis Le Traître de Marco Bellocchio HHHH Un monde plus grand de Fabienne Berthaud HH XY Chelsea de Tim Travers Hawkins HHH
ÉDITO Quand les vieux sages refusent sagesse LES FICHES DU CINÉMA 26, rue Pradier 75019 Paris et vieillesse Administration & Rédaction : Les projections de presse de films DTV (“direct-to-video”, par quoi 01.42.36.20.70 l’on entend aussi, par extension, les sorties en VOD et SVOD), Fax : 09.55.63.49.46 .............................................................. n’attirent d’habitude pas un monde infini. Mais celle-ci était pleine, RÉDACTEUR EN CHEF remplie de plumes curieuses ou diverses, dont une bonne partie Nicolas Marcadé de la rédaction des Cahiers du Cinéma. Il est vrai que l’œuvre redaction@fichesducinema.com présentée porte un nom prestigieux, qui faisait encore rêver tous RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Michael Ghennam les cinéphiles (des plus pointus aux plus populaires) il y a de cela michael@fichesducinema.com quelques années : Brian De Palma. L’homme de Scarface, Blow Out SECRÉTAIRE DE RÉDACTION et Mission : Impossible. Le pionnier du mythique Nouvel Hollywood. Thomas Fouet Une génération légendaire maintenant un peu épuisée, dont restent thomas@fichesducinema.com .............................................................. encore en activité (commerciale et artistique), deux membres : ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Steven Spielberg et Martin Scorsese. De Palma est, lui, avec François Barge-Prieur, Charlotte les Coppola, les Friedkin, ces maîtres du septième art ayant Bénard, Michel Berjon, Jef Costello, désormais du mal à tourner, mais dont chaque nouveau film Marguerite Debiesse, Clément Deleschaud, Florian Fessenmeyer, rallume la flamme impossible, celle des chefs-d’œuvres passés. Thomas Fouet, Margherita Gera, Cela fait maintenant quelque temps que De Palma erre un peu dans Michael Ghennam, (Pierre-)Simon les limbes de la cinéphilie et, telle une vieille rock star, fait croire Gutman, Simon Hoareau, Amélie à ses derniers fans l’hypothèse de ce grand coup qui va finalement Leray, Julie Loncin, Jacques-Antoine Maisonobe, Nicolas Marcadé, Keiko mettre tout le monde d’accord. Le problème, et c’est une différence Masuda, Sulamythe Mokounkolo, de taille avec son ami Spielberg, est que De Palma n’a jamais Marine Quinchon, Gaël Reyre, cherché à mettre tout le monde d’accord. Sa position de précurseur Louis Roux, Gilles Tourman. (il fut l’un des tout premiers de sa génération à tourner, et avec Les commentaires des «Fiches» reflètent l’avis général du comité un jeune De Niro) fait parfois oublier qu’il fut le sale gosse de .............................................................. la bande, provocateur et déstabilisateur. Aussi, à l’heure où PRÉSIDENT il faudrait peut-être se ranger et embrasser le côté crépusculaire, François Barge-Prieur voire testamentaire, de son œuvre, le cinéaste s’y refuse. Domino, ADMINISTRATION administration@fichesducinema.com tel est le nom du film, n’est pas un grand De Palma. C’est un petit TRÉSORIER thriller, à l’ambition très contrôlée. Quelques belles séquences Guillaume de Lagasnerie ne rattrapent une impression globale de gâchis. Mais quelque chose Conception Graphique nous retient quand même : cette belle volonté de De Palma de 5h55 www.5h55.net ne pas s’assagir, ce refus du chef-d’œuvre beau, posé, auteurisant IMPRESSION et vieillissant que tous attendent de lui. Non, Brian restera Brian et, Compédit Beauregard jusqu’à la fin, il fera ses films, ses thrillers hitchcockiens baignés de 61600 La Ferté-Macé sexe et de violence gratuite. Ces derniers sont désormais Tél : 02.33.37.08.33 .............................................................. un peu poussifs, la technique ou l’énergie ne sont plus vraiment là, «Les Fiches du Cinéma». mais l’appétit reste intact. Et surtout la volonté, désespérée, Tous droits réservés. de ne pas devenir la caricature attendue, le vieux sage, metteur Toute reproduction même partielle des en scène apaisé et un peu édenté, qui devrait être sa place actuelle. textes est soumise à autorisation. Photo de couverture : Pour le meilleur, parfois pour le pire, De Palma, comme toute Le Traître (Ad Vitam) sa génération, ne rendra pas les armes. Qu’ils en soient remerciés. © Ad Vitam Domino de Brian De Palma (89mn. Danemark - France - Italie - Belgique - WWW.FICHESDUCINEMA.COM Pays-Bas, 2019). En DVD et Blu-ray le 12 octobre 2019. (PIERRE-)SIMON GUTMAN
Alice et le maire de Nicolas Pariser Nicolas Pariser poursuit son entreprise de vivisection DRAME POLITIQUE Adultes / Adolescents du et de la politique française, avec une acuité discursive éblouissante et une foi inébranlable dans une pensée u GÉNÉRIQUE dialogale et démocratique depuis bien longtemps Avec : Fabrice Luchini (Paul Théraneau), Anaïs Demoustier (Alice inopérante dans le landerneau des décideurs. Heimann), Nora Hamzawi (Mélinda), Léonie Simaga (Isabelle Leinsdorf), Antoine Reinartz (Daniel), Maud Wyler (Delphine Bérard), Alexandre Steiger (Gauthier), Pascal Rénéric (Xavier), Thomas Rortais (Pierre), Thomas Chabrol (Patrick Brac), Michel Valls (Philippe Paquet), Claire Galopin (la secrétaire du maire), Manon Kneusé (Claire), Lucie Gallo (Marie), Pierre Desmaret (le maire du IVe), Gwenaëlle Simon (Armelle), Sandra Parfait et Fanny Guidecoq (les communiquantes), Étienne Beurier (le chauffeur du maire), Olivier Borle, Sébastien Autret et Franck Fargier (les conseillers), Clara Degiovanni et Valentin Aubert (les normaliens), Pierre-Benoist Varoclier (le meneur de débat), Éric Soubelet, Carinne Koeppel, Nadia Larbiouene, Pierre Cuq, Tatiana Nuytten. Scénario : Nicolas Pariser Images : Sébastien Buchmann Montage : Christel Dewynter 1re assistante réal. : Valérie Roucher Scripte : Caroline Steff Musique : Benjamin Esdraffo Son : Daniel Sobrino Décors : Wouter Zoon Costumes : Anne-Sophie © Bizibi Gledhill Maquillage : Michelle Constantinides Casting : Youna De Peretti Production : Bizibi Coproduction : Arte France Cinéma, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, Scope Pictures et Les Films du 10 HHH Une jeune normalienne obtient un poste à la mairie Producteur : Emmanuel Agneray Dir. de production : Sébastien de Lyon, à la “prospective” (première occurrence d’une novlangue Autret Distributeur : Bac Films. devenue novpratique), et se retrouve à épauler le maire de Lyon, incarné par Fabrice Luchini, proto-Gérard Collomb (mais 105 minutes. France - Belgique, 2018 de gauche), dont la conviction politique n’est pas tant finie Sortie France : 2 octobre 2019 qu’enrouée. Pur film de langage(s) malgré sa force motrice u RÉSUMÉ échevelée et quasi-comique - ou quasi-américaine - Alice et Alice a démissionné d’Oxford où elle enseignait pour intégrer le maire agit toujours à visage découvert, sans faux-semblants, le cabinet du maire de Lyon, Paul Théraneau. Elle sera en sans mascarades, sans duperies : il s’agit, et il s’agira sans charge des idées, pour stimuler Théraneau, qui ne parvient cesse, malgré diverses modulations, d’une didactique et plus à penser. Alice et lui entament des discussions, dès qu’ils d’une poétique de l’idée du pouvoir et du pouvoir des idées le peuvent, le soir tard au cabinet, dans la voiture du maire (tension sans cesse présente : celui qui pense est-il voué entre deux rendez-vous... Forte d’une note qui a plu à Théraneau, à l’inaction et celui qui fait est-il tenu à irréfléchir pour garder Alice est invitée à participer à un groupe de réflexion sur sa foi active ?), d’une quête d’un dialogue, c’est-à-dire d’un l’avenir de la ville, “Lyon 2500”, et d’en prendre bientôt les rênes, occupant l’un des grands bureaux de la Mairie, message qui admet autant l’émetteur que le récepteur. Pour sous le regard médusé de ses collègues du cabinet. Alice se faire, Pariser applique à la lettre des préceptes édictés et le Maire en viennent à questionner le rôle du politique. depuis longtemps par le film politique de fiction à la française, SUITE... Parmi les Lyonnais consultés, Alice rencontre c’est-à-dire avec promptitude et fonctionnalité plus qu’avec un imprimeur lettré, qui lui rappelle combien le monde le baroque américain. Ici, on navigue dans de l’impersonnel, intellectuel lui manque. Les inquiétudes de Delphine, dans des couloirs blanchis par la bien-pensance, toute une la femme de l’ancien meilleur ami d’Alice, quant à l’écologie, structure architectonique ripolinée, héritage des années conduisent Alice à rappeler au maire le rôle des intellectuels com’. Rendant une certaine noblesse à la parole, qui se donne, dans l’Histoire, et ce que le politique aurait pu éviter en les se désavoue et se consume, Alice et le maire regarde et écoutant. Isabelle, la cheffe de cabinet du maire, considère écoute à la fois la solitude nimbée de lassitude de la première que les idées d’Alice stimulent mais obscurcissent le maire. (le peuple et sa (bonne) conscience de gauche) et du second Après un dîner avec sa femme, dont il est séparé, Théraneau avoue à Alice qu’il voudrait arrêter. Il tente néanmoins de (ni arriviste ni raté, mais juste pathétiquement enfermé dans rédiger avec Alice un discours de refonte du socialisme, un rôle étouffant). Entre charge et charme, ce superbe second mais il rate la fenêtre de tir pour prendre la tête du parti, lors long métrage réhabilite la fonction performative du langage. du Congrès socialiste. Trois ans plus tard, Alice, désormais Car penser et faire peuvent se mêler et se transmettre : cela mère d’une petite fille et travaillant dans une ambassade, s’appelle - entre autre - la démocratie. _C.D. rend visite à Théraneau : il s’est remis à lire. Visa d’exploitation : 147111. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 300 copies. 5 © les Fiches du Cinéma 2019
Atlantique de Mati Diop Mati Diop mêle, à travers le récit d’un jeune homme DRAME FANTASTIQUE Adultes / Adolescents qui refuse sa fin absurde, histoire d’amour, récit de fantômes et parabole sociale. Elle livre ainsi u GÉNÉRIQUE un premier premier long métrage surprenant, qui Avec : Mama Sané (Ada), Amadou Mbow (Issa), Ibrahima Traoré confirme les immenses promesses placées en elle. (Souleiman), Nicole Sougou (Dior), Amina Kané (Fanta), Mariama Gassama (Mariama), Coumba Dieng (Thérèse), Ibrahima Mbaye (Moustapha), Diankou Sembene (Monsieur Ndiaye). Scénario : Mati Diop et Olivier Demangel Images : Claire Mathon Montage : Aël Dallier Vega 1ers assistants réal. : Vincent Prades et Fatou Touré Scripte : Christelle Meaux Musique : Fatima Al Qadiri Son : Benoît De Clerck Décors : Toma Baquéni et Oumar Sall Costumes : Rachèle Raoult et Salimata Ndiaye Casting : Bahijja El Amranni Production : Les Films du Bal Coproduction : Cinekap et Frakas Productions Productrices : Judith Lou Lévy et Eve Robin Producteur exécutif : Oumar Sall Coproducteurs : Jean-Yves Roubin et Cassandre Warnauts Producteur associé : Michel Merkt Dir. de production : Pascal Metge et Oumar Sall Distributeur : Ad Vitam. © Les Films du Bal HHH Depuis le triomphe critique de son moyen métrage 1000 soleils, c’est peu dire que Mati Diop était attendue au tournant. Sauveuse d’un cinéma français qui ne serait pas enfermé en France, héritière assumée de son 105 minutes. France - Sénégal - Belgique, 2019 oncle, le célèbre cinéaste sénégalais Djbril Diop Mambety Sortie France : 2 octobre 2019 (héritage qui était le cœur et le sujet de 1000 soleils), Diop u RÉSUMÉ a ainsi abordé le festival de Cannes à la fois en position Dans un quartier aisé, en banlieue de Dakar, des ouvriers de force (confirmée par la sélection en compétition de mobilisés pour la construction d’une gigantesque tour son premier long métrage), et de faiblesse (le poids des ne sont plus payés depuis trois mois. Souleiman fait partie attentes dont son film faisait l’objet n’allait-il pas lui nuire?). de ces jeunes révoltés. En rentrant, il rejoint Ada, la fille En repartant avec le Grand Prix du festival, presque la “Palme qu’il aime. Mais Ada est promise à Omar, avec qui elle doit d’argent”, la réalisatrice semble à première vue avoir gagné se marier. Souleiman promet à Ada de se revoir la nuit tombée. son pari. Celui d’un film qui aime à se situer là où on Ada se rend dans un bar près de la plage, mais la nouvelle ne l’attend pas. Atlantique démarre en effet dans un registre tombe : Souleiman et les autres ouvriers sont partis en pirogue pour l’Espagne. Les jours passent, jusqu’au mariage. L’air réaliste, livrant un constat social assez sordide. Puis, après éteint, Ada épouse Omar, mais un feu prend dans le lit nuptial. la mort d’un groupe de jeunes gens floués, qui tentent de Il se dit qu’on a vu Souleiman rôder autour des lieux. se refaire par la voie, fort dangereuse, de l’immigration SUITE... Issa, un jeune commissaire, est envoyé pour enquêter. illégale en bateau, le film troue littéralement son dispositif Il se rend chez la mère de Souleiman, mais pas de traces du en versant lentement dans un fantastique qui finit par prendre pyromane présumé. Issa interroge Ada, persuadé qu’elle totalement possession du récit. Celui-ci se déploie alors dans couvre Souleiman. Les jours suivants, une étrange fièvre des modes romanesques inattendus, entre l’histoire d’amour s’empare des filles du quartier. Les yeux révulsés, elles et le conte fantastique. La réalisation quitte son registre se rendent, en meute zombie, chez Monsieur Ndiaye, le patron premier, proche d’une forme de cinéma du réel, pour filmer du chantier, et réclament, au nom des jeunes ouvriers, les mois des figures et apparitions, avec une grâce et un mystère impayés. Ada reçoit le lendemain un message lui signifiant que tout droit sortis du cinéma de Jacques Tourneur. L’amour et Souleiman va lui rendre visite chez son amie Dior à la nuit tombée. Issa continue d’enquêter, et découvre que la pirogue la revanche sociale, tous les deux mêlés, sont alors traités a coulé, sans survivants. La nuit arrive ; Ada attend Souleiman : sur le mode du conte. À la fin, la démarche apparaît avec c’est Issa qui frappe, mais avec l’esprit de son bien-aimé. clarté : Mati Diop a utilisé le cinéma pour redonner une voix Elle fuit, apeurée. Les femmes-ouvriers reviennent tourmenter aux morts et aux oubliés du monde moderne. Que demander Ndiaye, et le forcent à creuser leurs tombes, en plus de de plus au septième art, de nos jours ? _S.G. l’argent récupéré. Ada revoit Souleiman-Issa. Ils s’enlacent. Visa d’exploitation : 133608. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD. 6 © les Fiches du Cinéma 2019
Bonjour le monde ! de Anne-Lise Koehler et Éric Serre Entre documentaire et film d’animation, Bonjour DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents le monde ! montre en stop-motion l’univers de la faune et de la flore décrit par le point de vue des animaux. u GÉNÉRIQUE Un projet intéressant dont le langage très simplifié Avec les voix de : Kaycie Chase (le hibou moyen-duc), Boris convaincra les plus petits aux dépens des adultes. Rehlinger (le grèbe huppé), Julien Crampon (le martin-pêcheur), Magalie Rosenweig (la tortue cistude), Fily Keita (la noctule de Leisler), Jérôme Pauwels (le castor d’Europe), Brigitte Virtudes (la salamandre tachetée), Boris Rehlinger (le butor étoilé), Josy Bernard (la grande brochet), Pierre-Alain de Garrigues (l’anax empereur), Valérie Alane (la nature). Scénario : Anne-Lise Koehler Montage : Céline Kélépikis et David Sauve Animation : Éric Serre 1er assistant réal. : Xavier Truchon Musique : Den Gotti Son : Damien Prost Casting : Nathalie Homs Production : Normaal Animation Producteur : Alexis Lavillat Producteur exécutif : Damien Lévy Distributeur : Gebeka Films. © Normaal Anim. 61 minutes. France, 2019 HH Adaptation en long métrage de la sérié animée Sortie France : 2 octobre 2019 homonyme, Bonjour le monde ! est le fruit de la collaboration entre les réalisateurs de dessins animés Éric Serre et Dès l’instant où ils naissent, nous participons à Anne-Lise Koehler, qui est également scénariste et artiste leur parcours de croissance, à leurs espoirs et à spécialisée en sculptures naturalistes en papier. Après leur leurs peurs, jusqu’au point où nous apprenons avec rencontre à l’école des Gobelins, le duo commence à travailler eux la réponse à la question qu’ils se posent depuis ensemble en tant que premier assistant réalisateur et cheffe le début et qui, en fin de compte, nous concerne décoratrice pendant la réalisation de Kirikou et la sorcière aussi : qui suis-je ? Cependant, les voix de leurs de Michel Ocelot, pour ensuite co-diriger les effets spéciaux pensées manquent de spontanéité et le langage très sur le film documentaire Il était une forêt de Luc Jacquet. simplifié, qui convient certainement aux plus petits, Réunis par la passion pour le monde naturel, ils se lancent finira pour ennuyer les plus grands. Les moments ici dans un projet ambitieux : un film d’animation en stop- vraiment captivants sont rares, les entrelacements motion avec le but de faire découvrir la faune et la flore qui entre les histoires des différents animaux semblent nous entourent et faire réfléchir sur l’importance d’un univers parfois forcés et en général le projet présente naturel désormais en voie de disparition. Le résultat est les défauts d’un concept qui pouvait très bien marcher une œuvre fascinante et hybride, entre le film d’animation pour une sérié aux épisodes courts, mais qui, dans et le documentaire, qui combine le dessin et la photographie un long métrage, perd en efficacité, et dont la longueur à la technique du papier mâché. Des marionnettes à l’aspect semble excessive. Pourtant, en regardant Bonjour artisanal, dont les matériaux utilisés pour les réaliser sont le monde !, nous ressentons surtout un manque : laissés volontairement visibles, incarnent les différentes celui d’un discours sur l’écologie. Même si la majorité espèces animales et végétales pour nous accompagner des espèces représentées sont en forte diminution, à la découverte d’un monde qui change avec eux au fil à cause de la destruction progressive de leur habitat des saisons. Un monde où la seule présence humaine est et de la pollution, le film nous donne une vision représentée par les mots imprimés sur les morceaux de presque utopique de l’environnement, en montrant papier qui apparaissent entre les plumes et les écailles, un cadre naturel où la vie des animaux avance sans comme pour nous rappeler que l’image que nous avons menaces et où il n’y a nulle trace des humains. des animaux est celle qui dérive de notre propre culture, Une occasion ratée, peut-être, de sensibiliser mais qu’après tout, nous ne les connaissons pas vraiment. les enfants à des thèmes très urgents et qui Parce que ce qui est effectivement intéressant dans le film, les concerne d’autant plus que c’est sur eux que c’est que le point de vue est toujours celui des animaux. repose l’avenir de notre monde. _M.G. Visa d’exploitation : 132195. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 7 © les Fiches du Cinéma 2019
Chambord de Laurent Charbonnier À l’occasion des 500 ans de la mise en chantier de DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents Chambord, Laurent Charbonnier s’efforce de redonner vie au monument en rythmant un récit scolaire de son u GÉNÉRIQUE histoire avec des images immuables de sa forêt giboyeuse. Avec la voix de : Cécile De France (la narratrice). Un film qui vaut surtout pour ses images de la nature. Scénario : Coralie Miller, Martine Todisco et Laurent Charbonnier Images : Laurent Charbonnier Montage : Nicolas Terrier et Mathilde Louveau Musique : Anne-Sophie Versnaeyen Son : Martine Todisco, Philippe Barbeau, François-Joseph Hors, Pierre- Jean Labrusse, Thomas Desjonquères, Simon Poupard et Olivier Ranquet Production : MC4 Coproduction : BILOBA et Domaine National de Chambord Producteur : Jean-Pierre Bailly Producteur délégué : Stéphane Millière Dir. de production : Caroline Maret Distributeur : Jour2Fête. © LCP 80 minutes. France, 2019 HH Il y a cinq-cents ans, François Ier, auréolé Sortie France : 2 octobre 2019 de ses succès militaires - la fameuse bataille de Marignan - et passionné de chasse ordonne la construction chantier, mais il aura déjà imprégné l’édifice de son de ce qui deviendra le plus emblématique de tous génie. François Ier lui-même, toujours par monts et les joyaux de la Renaissance, le château de Chambord, par vaux, ne passera que peu de temps dans son haut-lieu touristique mais aussi formidable réserve château (72 nuits) et laissera l’édifice inachevé, naturelle, ce que le documentaire de Laurent Charbonnier à sa mort en 1547. Mais Chambord sera déjà n’aura de cesse de montrer. Car si le film obéit à entré dans l’histoire en scellant la réconciliation une nécessaire fonction pédagogique en restituant, (temporaire, comme toujours), du roi français la plupart du temps à l’aide d’animations et d’images avec l’empereur Charles Quint. On dresse à de drones, l’histoire du château depuis le XVI e siècle la hâte des tentures, des tables : l’illusion est jusqu’à aujourd’hui, c’est la faune du domaine parfaite, l’hôte impressionné. Le récit raconte qui intéresse en premier lieu le réalisateur spécialisé dans ensuite les déboires du domaine, l’intérêt de les documentaires animaliers. Avec l’envie manifeste Louis XIV (s’il y a bien une chose que tous les rois de célébrer les efforts réalisés pour conserver à la de France ont en commun, c’est leur passion pour forêt son caractère originel. On ne s’étonnera pas alors la chasse...), le désintérêt ensuite de l’État jusqu’à que le film soit coproduit par la Fédération nationale la souscription nationale qui offrira Chambord, des chasseurs qui s’est érigée depuis quelques années en 1821, à un Valois, le château, tour à tour abri, en chantre de l’écologie. Chacun jugera. En attendant, forteresse, hôpital de campagne, passant ainsi cette idée transversale réserve de sublimes images de de main en main jusqu’à son rachat par l’État la nature - cerfs, sangliers, échassiers... - propres en 1930 et le destin qu’on lui connaît aujourd’hui. à enchanter toute la famille, et qui rythment le récit Le documentaire coche donc toutes ces cases avec historique. Le récit suit l’ordre chronologique, en un soin très scolaire qui en font d’abord un film pour insistant d’abord sur la collaboration exceptionnelle entre les plus jeunes, et le complément idéal à une visite le jeune roi François Ier et Léonard de Vinci, qu’il a invité des lieux. L’animation est soignée, les images de à Amboise en 1516. L’animation donne vie aux deux la nature splendides, le commentaire de Cécile de complices : voilà donc Léonard qui imagine le plan France (qui officiait déjà sur Les Animaux amoureux) du château et, surtout, son fabuleux escalier à double pertinent mais très lisse. Et, en fin de compte, on a révolution. Le “premier peintre, premier ingénieur et davantage envie de s’enfoncer dans la forêt que dans premier architecte du roi” mourra avant même le début du le château. _M.Q. Visa d’exploitation : 148246. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies. 8 © les Fiches du Cinéma 2019
En liberté ! Le Village démocratique de Pourgues de Alex Ferrini En 2017, 30 personnes venues de tous horizons et ne DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents se connaissant pas s’installent à Pourgues, en Ariège, et y créent un écovillage où la liberté de chacun, u GÉNÉRIQUE le respect envers tous et surtout les enfants est de rigueur. Avec : Ramïn Farhangi, Yohan Sancerni, Jonathan Cantin, Marjorie Un film pro domo sans recul ni questionnement. Bautista, Elfi Reboulleau, Benoît Nusillard. Scénario : Alex Ferrini Images : Alex Ferrini Montage : Camille Delprat Son : Henri-Pierre Barnet Production : Nausicart Distributeur : DHR / À Vif Cinémas. © DHR / À Vif Cinémas 77 minutes. France, 2019 H “Nous sommes les pionniers de ceux qui reprennent Sortie France : 9 octobre 2019 le pouvoir de A à Z sur les termes habiter, s’alimenter, guérir, vivre ensemble et grandir. Notre volonté sera contagieuse. aucun cas concret n’est exposé. Comment envisagent- Nous sommes la majorité de demain”. Martelée en voix off, ils - s’il restent dans une autarcie essentiellement la profession de foi qui clôt ce documentaire résume ce qui ludique - l’éducation à certains métiers comme celui le construit : un acte militant sûr de sa pertinence. Lequel ? de médecin ? L’un d’entre eux pense être autosuffisant En mars 2017, 30 personnes ne se connaissant pas et de en nourriture quand le problème de l’eau sera divers horizons français achètent pour un million d’euros résolu. Mais il n’explique pas comment échapper au 50 hectares dans la vallée de la Lèze, près des Pyrénées, et dérèglement climatique, créateur de sécheresse pour y fondent un écovillage. Leur philosophie, louable : laisser tous. Souffrant de polyarthrite non curable, Elfi trouve en tous domaines une totale liberté aux enfants et aux adultes, la vérité de cette expérience dans le fait de se sentir privilégier le jeu, le repos et la liberté tout en vivant collectivement. mieux depuis qu’elle l’a entamée. Dont acte. Qu’en Bref, une expérience regroupant celles de Montessori, Freinet sera-il avec le temps ? Le pire est cette interview de et autre Sudbury Valley School (Massachussets). Nous suivons vieux soixante-huitards qui ont jadis tenté en vain ainsi cette première année d’existence commune entre la même expérience en Grèce et s’affirment heureux de interviews de ces “pionniers”, scènes de vie quotidienne, de voir la relève dans cet écovillage. Ou encore ce couple fête, d’activités diverses entrecoupées d’images magnifiques enchanté : “Je priais pour qu’on n’ait pas affaire à des des Pyrénées. L’entrée en matière (qui sera suivie de quelques farfelus, je suis rassurée. C’est très organisé”, dit inserts) est très drôle et originale : le réalisateur et deux la femme. Et l’homme d’ajouter : “Vous êtes convaincus, femmes déclinent avec humour les différentes introductions mais vous ne cherchez pas à nous convaincre ”. possibles pour rendre ce film attractif. Puis, avec finesse On ne peut verser davantage dans la com’. On aurait sur la forme, celui-ci présente, de façon très structurée, aimé plus de questionnements de fond. Par exemple, la philosophie du projet, les considérations liées aux enfants, imaginent-ils vraiment que devant leur enthousiasme, la question de la permaculture, la vie commune, avant l’avidité, l’égoïsme, l’envie, le goût du pouvoir, etc. d’enchaîner sur une séquence en immersion. On se laisse disparaîtront ? Ramïn Farhangi s’imagine avec son d’abord porter avec un plaisir certain. Mais une fois jardin d’Éden alimentaire dans dix ans. On relève l’euphorie de la découverte passée, on s’interroge : ce qui le défi et on demande nous aussi à voir. Après tout, est envisageable à 30 l’est-il au-delà ? Et quid des conflits ? comme le disait Guillaume d’Orange le Taciturne : Si le fonctionnement de l’Écovie (Conseil de village) et du “Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre Comité d’Étude et d’Arbitrage (CEA) nous sont expliqués, ni de réussir pour persévérer”. _G.To. Visa d’exploitation : 151254. Format : Scope - Couleur - Son : Stéréo. 25 copies. 9 © les Fiches du Cinéma 2019
Gemini Man (Gemini Man) de Ang Lee Henry, sniper au service d’une agence gouvernementale, SCIENCE-FICTION Adultes / Adolescents voit sa hiérarchie se retourner contre lui et chercher à le tuer. Il affronte alors un autre sniper qui lui ressemble u GÉNÉRIQUE étrangement... Ang Lee signe un film d’action Avec : Will Smith (Henry Brogan / Junior), Mary Elizabeth Winstead un peu simpliste mais diablement efficace. (Danny Zakarweski), Clive Owen (Clayton “Clay” Varris), Benedict Wong (Baron), Linda Emond (Janet Lassiter), Theodora Miranne (Kitty), Douglas Hodge (Jack Willis), Ralph Brown (Del Patterson), Ilia Volok (Yuri Kovacs), E.J. Bonilla (Marino), Alexadra Szucs (Aniko), Justin James Boykin (Connor), Tony Scott (le proviseur Brown), Christopher T. Elliott (John). Scénario : David Benioff, Billy Ray et Darren Lemke, d’après une histoire de Darren Lemke et David Benioff Images : Don Beebe Montage : Tim Squyres 1er assistant réal. : Jeff J.J. Authors Scripte : Dug Rotstein Musique : Lorne Balfe Décors : Guy Hendrix Dyas Costumes : Suttirat Anne Larbard Effets spéciaux : Mark Hawker Effets visuels : Bill Westenhofer Dir. artistique : Tom Reta Maquillage : Luisa Abel Casting : Avy Kaufman Production : Skydance Pour : Paramount Pictures et Jerry Bruckheimer Films Production associée : Fosun Pictures Producteurs : Jerry Bruckheimer, David Ellison, Dana Goldberg et Don Granger © Paramount Producteurs délégués : Chad Oman, Mike Stenson, Brian Bell, Guo Guangchang et Don Murphy Coproducteurs : Melissa Reid et David Lee Dir. de production : Kate Kelly Distributeur : Paramount HH La première séquence de Gemini Man , Pictures. outrageusement invraisemblable, donne le ton du film : ce n’est pas le moment d’aller chercher la petite bête... Ang Lee a décidé d’en mettre plein la vue aux spectateurs, 117 minutes. États-Unis - Chine, 2019 et il ne s’est pas encombré pour cela d’un scénario Sortie France : 2 octobre 2019 trop exigeant. Simpliste, convenu, alignant les poncifs, u RÉSUMÉ le script ne fait pas dans le subtil. Il n’est qu’un canevas Henry est sniper pour la DIA, une agence gouvernementale. au service de l’action et des effets spéciaux. Jugeons donc Il doit un jour abattre un certain Dormov, dangereux le long métrage pour ce qu’il se propose d’être : un manège bioterroriste. Il prend ensuite sa retraite. Son ami Jack, à sensations. De ce point de vue, le cinéaste remplit son comme lui ancien marine, lui dit savoir par un certain Yuri contrat : la course-poursuite à moto, complètement folle, que le dossier de Dormov a été trafiqué : le savant travaillait mérite à elle seule le détour. Ultra nerveuse, immersive à en fait pour le gouvernement américain. Henry découvre la façon d’un jeu vidéo, la scène vous colle à votre fauteuil. qu’une agente de la DIA, Dany, le surveille. Il la démasque De même pour la séquence finale d’une efficacité telle que, et ils sympathisent. Jack est tué par des agents de la DIA, et Henry est aussi attaqué. Il en réchappe et sauve également la 3D aidant, on aurait presque peur de prendre une balle Dany. Ils partent en bateau. Clay Verris, de la DIA, ancien perdue. Entre ces deux climax, on a affaire à un honnête supérieur d’Henry chez les marines, veut l’éliminer grâce film d’action, pas révolutionnaire mais plutôt bien troussé à Gemini, son organisation paramilitaire. (on n’en attendait évidemment pas moins d’Ang Lee). SUITE... Henry et Dany vont en Colombie. Un matin, Henry Et le clone dans tout ça ? En gros plan, le Will Smith affronte un sniper de Gemini, son portrait craché avec 30 ans jeune est troublant de réalisme. De loin, c’est un peu moins de moins. Il en réchappe. Le sniper, Junior, est le fils adoptif réussi. Mais l’essentiel est là : on y croit. Dommage que de Clay. À Budapest, où Henry rencontre Yuri, Dany fait le scénario ne creuse pas vraiment cette question du clonage. analyser la casquette de Junior et le sang d’Henry : ils ont Ici, le clone est une simple copie conforme, comme si le même ADN. Yuri dit que Clay a créé un clone d’Henry, car l’ADN, l’inné, résumait un individu. Un peu court. Dommage il est le meilleur sniper. Clay veut créer un ADN de super également que le méchant de l’histoire, interprété par Clive soldats. Henry fait à nouveau face à Junior, le maîtrise et lui explique tout. Junior s’enfuit. Henry rentre aux États-Unis. Owen, soit aussi monolithique. Un soupçon de complexité Junior le retrouve et, finalement, le croit. Ils partent trouver aurait rendu ce personnage beaucoup plus fort. On a Clay et affrontent les hommes de Gemini. Ils combattent le sentiment qu’un travail d’écriture un tout petit peu un autre clone d’Henry, à l’ADN modifié. Henry tue Clay. plus poussé aurait permis à Gemini Man d’être davantage Junior change de vie et va à l’université. Henry lui fournit qu’un simple manège. _G.R. de nouveaux papiers. Visa d’exploitation : 151383. Format : 1,85 (2D / 3D) & IMAX & HFR - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos. 10 © les Fiches du Cinéma 2019
J’irai où tu iras de Géraldine Nakache Un road-movie sur fond de cicatrices familiales + deux ROAD MOVIE Adultes / Adolescents actrices iconiques + un Patrick Timsit très (très) gentil + des gags (drôles) et du sérieux (compassé) + des u GÉNÉRIQUE tartelettes au citron - une ambition cinématographique Avec : Leïla Bekhti (Mina), Géraldine Nakache (Vali), Patrick = le sympathique et indolore J’irai où tu iras. Timsit (Léon), Pascale Arbillot (Gilberte), Célia Pilastre (Candice), Romain Francisco (Romain), Johanne Toledano (Johanne), Vincent Darmuzey (Pablo), Jean-Gabriel Nordmann (Monsieur Mangin). Scénario : Géraldine Nakache, avec la collaboration de Rebecca Zlotowski et Yoann Gromb Images : Éric Dumont Montage : Audrey Simonaud 1res assistantes réal. : Élodie Gay et Cristina Freitas Scripte : Lydia Bigard Musique : Camille Son : Thomas Guytard, Antoine Baudouin et François-Joseph Hors Décors : Sidney Dubois Costumes : Barbara Loison Effets visuels : Alain Carsoux Maquillage : Aurélie Bouchet Casting : Élodie Demey et Aurélie Avram Production : Nord-Ouest Films et Mars Cinéma Coproduction : France 2 Cinéma et Jobi Producteurs : Pierre Guyard, Stéphane Célérier et Valérie Garcia Productrice exécutive : Ève François-Machuel Producteurs associés : Christophe Rossignon et Philip Boëffard Dir. de production : Vincent Lefeuvre Distributeur : Mars Films. © Mars Films HH Ça commence plutôt mal : deux sœurs que tout oppose (une rêveuse, l’autre rationnelle - histoire d’appuyer le fait que la tempérance finira bien par gagner), un père au cœur gros comme ça, bonhomie en dehors et secret pesant en dedans, 100 minutes. France, 2019 et une situation cocasse comme on ne voudrait plus en faire, Sortie France : 2 octobre 2019 ici, en l’occurrence, un concours pour finir choriste de Céline u RÉSUMÉ Dion, qui va rassembler les esprits (pas si) frondeurs de Vali, chanteuse de mariage, ambiance un mariage avec du la sororité. Le nouveau film de Géraldine Nakache a beau Céline Dion. Mina, sa sœur, travaille en tant que thérapeute s’évertuer à déverser ses effets parfois franchement racoleurs dans un hôpital, mais pense à monter sa propre structure. dans le lit de la comédie dramatique familiale, le (joli) diable Leur père, Léon, est reconnu pour sa gentillesse, sa bonne se niche parfois dans les détails. Car oui, le film fonctionne, du humeur perpétuelle et ses blagues. Il apprend que son cancer moins ne dysfonctionne pas suffisamment pour être génial et a évolué, et qu’il doit dès demain commencer un travail affreux. La grande vivacité humoristique et contrastive (et de chimiothérapie. Problème : il doit accompagner Vali à tellement poussée qu’elle agit quasiment chromatiquement sur une audition pour devenir choriste de Céline Dion sur sa tournée. Autre problème : alors que seul Mina peut la pellicule) entre les deux sœurs et le gros soleil mélancolique emmener Vali à son audition, celles-ci ne se parlent plus et paternel réserve quelques belles scènes qui agissent drôlement n’ont jamais été en bons termes. Léon dit la vérité à Mina, sur un canevas qui devrait inexorablement glisser vers une mais pas à Vali ; la première accepte à contre-cœur son pesanteur de bon aloi, matériau utile à une grande réconciliation rôle d’accompagnatrice. lacrymale. Or, déjouant les attentes et usant d’un (léger mais SUITE... Après un aller glacial, elles apprennent que l’audition sensible) mauvais esprit plus badin que cynique, ce road movie est repoussée : René, Monsieur Dion, vient de décéder. Tout un peu dégingandé assume son caractère dérisoire, fait de le casting est donc logé dans une maison d’hôte. Mina s’en va, personnages qui disparaissent, de seconds rôles à la truculence mais revient finalement, pour leur père. Dans la maison, parfois un peu figée mais justement comiquement inquiétants, elle découvre qu’une concurrente a “volé” la chanson de et de rebondissements désarticulés, corps d’un scénario sa sœur pour l’audition. Les deux sœurs finissent par sortir absolument indigent - et pourtant solide. Malheureusement, “en ville”, dînent dans un restaurant et se retrouvent embarquées dans un mariage où l’on confond Vali avec ce charme s’évapore lorsque se rattrapent les wagons de la chanteuse Jennifer. Ivres, elles rentrent au petit matin. la bonne conscience - on ne s’aime jamais autant que lorsque Au réveil, elles se disent leurs quatre vérités, sous le prétexte le masque de la dérision se pourfend, avec la morgue que que Vali a veillé trop tard et que sa voix va en pâtir. Mina rentre charrient derrière eux les sentiments vrais et vérifiables - au chevet de son père, seule... mais ils voient arriver Vali, dans une fin plus besogneuse que vivante. _C.D. qui renonce à sa vie de choriste pour chanter pour elle-même. Visa d’exploitation : 149831. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 11 © les Fiches du Cinéma 2019
Les Mondes imaginaires de Jean-François Laguionie de Jean-François Laguionie Avec ces sept courts métrages de Jean Laguionie, CONTES Famille revit un monde de l’animation débordant d’imagination où la poésie cache une réflexion drôle, inventive, u GÉNÉRIQUE voire subversive, sur la condition humaine, bien 1. L’Acteur (5’ - 1975) éloigné de l’asepsie actuelle des images. 2. Le Masque du diable (12’ - 1976) 3. La Demoiselle et le violoncelliste (9’ - 1964) 4. Potr’ et la fille des eaux (11’ - 1974) 5. Une bombe par hasard (9’ - 1969) 6. L’Arche de Noé (11’ - 1967) 7. La Traversée de l’Atlantique à la rame (21’ - 1978) Avec la voix de : 4. Jean-Pierre Sentier. Scénario : Jean-François Laguionie Images : Jean-François Laguionie Montage : Élisabeth Paquotte (4), Claude Reznik (7) Animation : Jean-François Laguionie (5) Musique : Pierre Alrand (1, 5, 6, 7), Stefano Liberati (2), Édouard Lalo (3), Vieri Tosati (4) Producteurs : Béatrice Dufrenne (1), Xavier Julliot (2, 4) Distributeur : L’Agence du Court Métrage. © L’Agence du Court Métrage HHH Quelle merveilleuse idée que de ressortir ces sept courts métrages de Jean-François Laguionie, réalisés sur dix ans, et dont le regroupement fait ici éclater l’unicité de son monde intemporel, poétique et 78 minutes. France, 1968-1978 doucereusement cruel. Initié à l’animation par l’immense Sortie France : 2 octobre 2019 Paul Grimault auprès de qui il restera dix ans, on y retrouve u RÉSUMÉ un même univers proche du surréalisme subversif de Prévert. Ainsi, Palme d’or à Cannes en 1978 dans sa catégorie 1.. Dans sa loge du théâtre L’Ambigu, un acteur se grime en et pareillement “césarisée” en 1979, La Traversée de vieillard. Après avoir été acclamé, il retourne se démaquiller chez lui. Apparaît son vrai visage... l’Atlantique à la rame fait immanquablement penser au Roi et 2. Détestant le carnaval, une vieille femme fuit dans l’oiseau par sa malice corrosive - voire son ironie, notamment la montagne. Elle y rencontre le Diable et joue aux dominos lors de la séquence consacrée au Titanic. Ou dans la fin avec lui pour recouvrer sa jeunesse. Chacun triche. Le plus explosive de Une bombe par hasard. On retrouve en outre dupé des deux ne sera peut-être pas celui qu’on aura cru... un même talent pour raconter des histoires ou se réapproprier 3. En jouant du violoncelle sur une falaise, un musicien contes et mythes, tel Le Masque du diable joliment détourné déclenche une tempête qui emporte une pêcheuse de de Faust et du Septième sceau de Bergman, ou encore crevettes. Il se jette à son secours. Depuis le fond de avec L’Arche de Noé. Plus subtilement, apparaît au fil des la mer, ils triomphent d’un narval et d’un crabe et remontent à la surface. récits animés en 2D une intelligente déclinaison du jeu 4. Un pêcheur d’épave s’éprend une sirène. Une sorcière des masques et des masques du jeu, à l’aune de musiques le dote d’une queue de poisson. De son côté, la sirène a reçu rythmant l’action tout en illustrant le fond. En effet, chacun des jambes. Leur amour restera le plus fort. décline en jeux de miroirs l’apparent et ce qu’il cache. 5. Un homme arrive dans un village désert : une bombe menaçant De façon explicite dans L’Acteur et Le Masque du diable avec d’exploser, les habitants se sont réfugiés sur une montagne leurs maquillages trompeurs, poétique avec Potr’ et la fille voisine. Quand ils descendent l’expulser. La bombe explose. des eaux, dont les héros sont opposés par leurs membres 6. Des scientifiques recherchent l’Arche de Noé sur un mont. inférieurs, ou dans La Demoiselle et le violoncelliste où fonds Un ermite entend que la terre va être inondée. Quand la catastrophe arrive, les hommes s’enfuient. Il en profite marins et surface terrestre s’entremêlent furieusement. pour récupérer la femme qui les accompagnait et manquait C’est sans doute à cette aune qu’il faut comprendre le point à son Arche. commun des décors : tous désertiques, sur terre comme 7. Une barque s’échoue avec un cahier intime. Un couple sur mer, et balayés par le vent et la tempête. Magique et y a relaté sa traversée de l’Atlantique à la rame depuis 1907, revigorant. _G.To. patronnée par le Daily Star et qui dura 17 ans. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD. 8 copies. 12 © les Fiches du Cinéma 2019
Psychomagie Un art pour guérir de Alejandro Jodorowsky Ce documentaire qui mêle des images de films DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents de Jodorowsky et des performances cathartiques permettant de soigner des troubles éclaire l’œuvre du u GÉNÉRIQUE réalisateur autant qu’il surprend par ses méthodes. Avec : Alejandro Jodorowsky. C’est souvent bizarre, parfois drôle, touchant aussi. Scénario : Alejandro Jodorowsky Images : Pascale Montanton- Jodorowsky Musique : Adan Jodorowsky Son : Quentin Romanet Production : Satori Films Producteur : Xavier Guerrero Yamamoto Distributeur : Nour Films. © Satori Films 104 minutes. France, 2019 HH Ce qui est formidable avec Alejandro Jodorowsky, Sortie France : 2 octobre 2019 c’est qu’il est aussi sympathique que ses films sont étranges, inventifs, déroutants souvent. Ce nouveau u n c i m e t i è re p o u r s u r m o n te r le d ra m e documentaire, qu’il a réalisé avec son épouse, Pascale d’un fiancé mort, cet homme enterré vivant puis Montandon-Jodorowsky, directrice de la photographie, baptisé de lait comme un symbole de renaissance... vient donner des clés pour appréhender le travail de Notre préférée ? L’acte psychomagique recommandé ce cinéaste atypique, le dernier des surréalistes peut-être, pour exorciser le sentiment de honte ou d’infériorité en expliquant aux spectateurs le concept de la “psychomagie”, sexuelle des femmes. “Je recommande à toutes une thérapie que Jodorowsky a développée dans la foulée les femmes de réaliser leur autoportrait avec leur de ses études théâtrales avec le Mime Marceau et en sang menstruel”, explique Jodorowsky, images réaction aux méthodes de la psychanalyse. Ici, il ne à l’appui. On y pensera... Les musiciennes peuvent s’agit pas de soigner les maux par les mots mais par également en badigeonner leur instrument. des actes cathartiques. Le documentaire commence Les patients témoignent ensuite parfois des bienfaits dans le dur avec une séquence dans laquelle une jeune que leur ont apporté ces actes. Ce tour d’horizon, femme mal-aimée par ses parents est déshabillée et entrecoupé de séquences des films du réalisateur, câlinée par deux personnes d’âge mûr, elles-mêmes nues. étonne, amuse parfois, émeut aussi. Il faut reconnaître Un acte de psychomagie, pour le moins étonnant, qui montre à Jodorowsky un sens certain du montage, qui que le patient doit accepter de lâcher prise. La suite est réserve pour la fin les séquences les plus touchantes. une série de portraits plutôt éclectiques de personnes Lui-même n’hésite pas à s’impliquer très qui ont, le plus souvent, des gros problèmes relationnels humainement. Il accompagne ainsi une femme avec des membres de leur famille. Tous les actes de âgée devenue dépressive et passablement psychomagie n’impliquent pas de se mettre à poil misanthrope au Jardin des plantes, où elle aura - ainsi, on peut rester habillé pour assassiner une famille pour mission d’arroser, régulièrement, un arbre, et de citrouilles ou encore réveiller son âme d’enfant conjurer ainsi le naufrage de la vieillesse. Le film enfin en se baladant à Disneyland en costume marin - mais se clôt sur une séquence poignante de psychomagie c’est quand même préférable, en cela que les actes de collective. Au Mexique, une assemblée de jeunes psychomagie, qui doivent soigner les troubles psychologiques, gens réunis pour la Fête des morts viennent dénoncer passent aussi souvent par une réappropriation du corps. les massacres des cartels. Le cinéaste leur fait alors Ce sont parfois des performances artistiques : cette entonner en chœur La Llorona. C’est de l’art et c’est jeune femme qui se promène en robe de mariée dans très beau. _M.Q. Visa d’exploitation : 148088. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 30 copies. 13 © les Fiches du Cinéma 2019
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