Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma

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Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
LE MENSUEL

               Le Traître
               de Marco Bellocchio

               Alice et le maire de Nicolas Pariser
               Atlantique de Mati Diop
               La Fameuse invasion des ours en Sicile
               de Lorenzo Mattotti
               Joker de Todd Phillips
               Martin Eden de Pietro Marcello
               Shaun le mouton : La Ferme contre-attaque
OCTOBRE 2019

               de Richard Phelan et Will Becher
               Sorry We Missed You de Ken Loach
               La Cordillère des songes de Patricio Guzmán
               rencontres avec
               Christophe Honoré pour Chambre 212
               Mounia Meddour pour Papicha
               Juris Kursietis pour Oleg
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#10
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
SOMMAIRE
                  FILMS DU 2 OCTOBRE 2019
Alice et le maire de Nicolas Pariser		                HHH
Atlantique de Mati Diop			                            HHH
Bonjour le monde ! de Anne-Lise Koehler et Éric Serre HH
Chambord de Laurent Charbonnier		                     HH
En liberté ! de Alex Ferrini			                       H
Gemini Man de Ang Lee			                              HH
J’irai où tu iras de Géraldine Nakache		              HH
Les Mondes imaginaires de Jean-François Laguionie
de Jean-François Laguionie                            HHH
Psychomagie de Alejandro Jodorowsky		                 HH
Le Regard de Charles de Charles Aznavour              HH
Viaje de Celia Rico Clavellino		                      HHH
Vous êtes jeunes, vous êtes beaux de Franchin Don     HH
Willy et le lac gelé de Zsolt Pálfi                   HH

                  FILMS DU 9 OCTOBRE 2019
Chambre 212 de Christophe Honoré		                    HHH
Rencontre avec Christophe Honoré
Donne-moi des ailes de Nicolas Vanier		               HH
La Fameuse invasion des ours en Sicile
de Lorenzo Mattotti					                              HHH
La Grande cavale de Christoph & Wolfgang Lauenstein   HHH
Jacob et les chiens qui parlent de Edmund Jansons     HH
Joker de Todd Phillips			                             HHH
Nos défaites de Jean-Gabriel Périot		                 HH
On va tout péter de Lech Kowalski		                   HHH
Papicha de Mounia Meddour		                           HHH
Rencontre avec Mounia Meddour
Pour Sama de Waad al-Kateab et Edward Watts           HHH
Quelle folie de Diego Gorvernatori                    HHH
Sœurs d’armes de Caroline Fourest                     H
Tout est possible de John Chester                     HH
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
FILMS DU 16 OCTOBRE 2019
L’Angle mort de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic    HH
Angry Birds : Copains comme cochons
de Thurop Van Orman					                                    HH
La Bonne réputation de Alejandra Márquez Abella             H
Camille de Boris Lojkine		                                  HHH
Fahim de Pierre-François Martin-Laval                       HH
Little Monsters de Abe Forsythe                             m
Loups tendres et loufoques Film collectif                   HHH
Martin Eden de Pietro Marcello			                           HHH
Matthias & Maxime de Xavier Dolan                           HH
Queens de Lorene Scafaria		                                 HH
Shaun le mouton : La Ferme contre-attaque
de Richard Phelan et Will Becher					                       HHH
Warrior Women de Christina D. King et Elizabeth A. Castle   HHH

                 FILMS DU 23 OCTOBRE 2019
Abominable de Jill Culton		                                 HH
L’Âcre parfum des immortelles de Jean-Pierre Thorn          HH
Au bout du monde de Kiyoshi Kurosawa                        HHH
Braquer Poitiers de Claude Schmidt		                        HH
Les Charbons ardents de Hélène Milano                       HHH
5 est le numéro parfait de Igort                            HH
Hors normes de Éric Toledano et Olivier Nakache             HHH
Serendipity de Prune Nourry		                               HHH
Sorry We Missed You de Ken Loach                            HHH

                 FILMS DU 30 OCTOBRE 2019
La Cordillère des songes de Patricio Guzmán                 HHH
Debout sur la montagne de Sébastien Betbeder                H
Mon chien stupide de Yvan Attal                             H
Oleg de Juris Kursietis			                                  HHH
Rencontre avec Juris Kursietis
Le Traître de Marco Bellocchio		                            HHHH
Un monde plus grand de Fabienne Berthaud                    HH
XY Chelsea de Tim Travers Hawkins                           HHH
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
ÉDITO

                                                                 Quand les vieux sages
                                                                 refusent sagesse
LES FICHES DU CINÉMA
26, rue Pradier
75019 Paris
                                                                 et vieillesse
Administration & Rédaction :                                     Les projections de presse de films DTV (“direct-to-video”, par quoi
01.42.36.20.70
                                                                 l’on entend aussi, par extension, les sorties en VOD et SVOD),
Fax : 09.55.63.49.46
..............................................................   n’attirent d’habitude pas un monde infini. Mais celle-ci était pleine,
RÉDACTEUR EN CHEF                                                remplie de plumes curieuses ou diverses, dont une bonne partie
Nicolas Marcadé                                                  de la rédaction des Cahiers du Cinéma. Il est vrai que l’œuvre
redaction@fichesducinema.com
                                                                 présentée porte un nom prestigieux, qui faisait encore rêver tous
RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT
Michael Ghennam                                                  les cinéphiles (des plus pointus aux plus populaires) il y a de cela
michael@fichesducinema.com                                       quelques années : Brian De Palma. L’homme de Scarface, Blow Out
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION                                          et Mission : Impossible. Le pionnier du mythique Nouvel Hollywood.
Thomas Fouet
                                                                 Une génération légendaire maintenant un peu épuisée, dont restent
thomas@fichesducinema.com
..............................................................   encore en activité (commerciale et artistique), deux membres :
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO                                        Steven Spielberg et Martin Scorsese. De Palma est, lui, avec
François Barge-Prieur, Charlotte                                 les Coppola, les Friedkin, ces maîtres du septième art ayant
Bénard, Michel Berjon, Jef Costello,
                                                                 désormais du mal à tourner, mais dont chaque nouveau film
Marguerite Debiesse, Clément
Deleschaud, Florian Fessenmeyer,                                 rallume la flamme impossible, celle des chefs-d’œuvres passés.
Thomas Fouet, Margherita Gera,                                   Cela fait maintenant quelque temps que De Palma erre un peu dans
Michael Ghennam, (Pierre-)Simon                                  les limbes de la cinéphilie et, telle une vieille rock star, fait croire
Gutman, Simon Hoareau, Amélie
                                                                 à ses derniers fans l’hypothèse de ce grand coup qui va finalement
Leray, Julie Loncin, Jacques-Antoine
Maisonobe, Nicolas Marcadé, Keiko                                mettre tout le monde d’accord. Le problème, et c’est une différence
Masuda, Sulamythe Mokounkolo,                                    de taille avec son ami Spielberg, est que De Palma n’a jamais
Marine Quinchon, Gaël Reyre,                                     cherché à mettre tout le monde d’accord. Sa position de précurseur
Louis Roux, Gilles Tourman.
                                                                 (il fut l’un des tout premiers de sa génération à tourner, et avec
Les commentaires des «Fiches»
reflètent l’avis général du comité                               un jeune De Niro) fait parfois oublier qu’il fut le sale gosse de
..............................................................   la bande, provocateur et déstabilisateur. Aussi, à l’heure où
PRÉSIDENT                                                        il faudrait peut-être se ranger et embrasser le côté crépusculaire,
François Barge-Prieur
                                                                 voire testamentaire, de son œuvre, le cinéaste s’y refuse. Domino,
ADMINISTRATION
administration@fichesducinema.com                                tel est le nom du film, n’est pas un grand De Palma. C’est un petit
TRÉSORIER                                                        thriller, à l’ambition très contrôlée. Quelques belles séquences
Guillaume de Lagasnerie                                          ne rattrapent une impression globale de gâchis. Mais quelque chose
Conception Graphique
                                                                 nous retient quand même : cette belle volonté de De Palma de
5h55
www.5h55.net                                                     ne pas s’assagir, ce refus du chef-d’œuvre beau, posé, auteurisant
IMPRESSION                                                       et vieillissant que tous attendent de lui. Non, Brian restera Brian et,
Compédit Beauregard                                              jusqu’à la fin, il fera ses films, ses thrillers hitchcockiens baignés de
61600 La Ferté-Macé
                                                                 sexe et de violence gratuite. Ces derniers sont désormais
Tél : 02.33.37.08.33
..............................................................   un peu poussifs, la technique ou l’énergie ne sont plus vraiment là,
«Les Fiches du Cinéma».                                          mais l’appétit reste intact. Et surtout la volonté, désespérée,
Tous droits réservés.                                            de ne pas devenir la caricature attendue, le vieux sage, metteur
Toute reproduction même partielle des
                                                                 en scène apaisé et un peu édenté, qui devrait être sa place actuelle.
textes est soumise à autorisation.
Photo de couverture :                                            Pour le meilleur, parfois pour le pire, De Palma, comme toute
Le Traître (Ad Vitam)                                            sa génération, ne rendra pas les armes. Qu’ils en soient remerciés.
© Ad Vitam                                                       Domino de Brian De Palma (89mn. Danemark - France - Italie - Belgique -
WWW.FICHESDUCINEMA.COM                                           Pays-Bas, 2019). En DVD et Blu-ray le 12 octobre 2019.

                                                                                                                       (PIERRE-)SIMON GUTMAN
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
Alice et le maire
de Nicolas Pariser

Nicolas Pariser poursuit son entreprise de vivisection                                                                   DRAME POLITIQUE
                                                                                                                       Adultes / Adolescents
du et de la politique française, avec une acuité discursive
éblouissante et une foi inébranlable dans une pensée                       u GÉNÉRIQUE
dialogale et démocratique depuis bien longtemps                            Avec : Fabrice Luchini (Paul Théraneau), Anaïs Demoustier (Alice
inopérante dans le landerneau des décideurs.                               Heimann), Nora Hamzawi (Mélinda), Léonie Simaga (Isabelle
                                                                           Leinsdorf), Antoine Reinartz (Daniel), Maud Wyler (Delphine Bérard),
                                                                           Alexandre Steiger (Gauthier), Pascal Rénéric (Xavier), Thomas
                                                                           Rortais (Pierre), Thomas Chabrol (Patrick Brac), Michel Valls
                                                                           (Philippe Paquet), Claire Galopin (la secrétaire du maire), Manon
                                                                           Kneusé (Claire), Lucie Gallo (Marie), Pierre Desmaret (le maire du
                                                                           IVe), Gwenaëlle Simon (Armelle), Sandra Parfait et Fanny Guidecoq
                                                                           (les communiquantes), Étienne Beurier (le chauffeur du maire),
                                                                           Olivier Borle, Sébastien Autret et Franck Fargier (les conseillers),
                                                                           Clara Degiovanni et Valentin Aubert (les normaliens), Pierre-Benoist
                                                                           Varoclier (le meneur de débat), Éric Soubelet, Carinne Koeppel,
                                                                           Nadia Larbiouene, Pierre Cuq, Tatiana Nuytten.
                                                                           Scénario : Nicolas Pariser Images : Sébastien Buchmann
                                                                           Montage : Christel Dewynter 1re assistante réal. : Valérie Roucher
                                                                           Scripte : Caroline Steff Musique : Benjamin Esdraffo Son :
                                                                           Daniel Sobrino Décors : Wouter Zoon Costumes : Anne-Sophie
                                                               © Bizibi    Gledhill Maquillage : Michelle Constantinides Casting : Youna De
                                                                           Peretti Production : Bizibi Coproduction : Arte France Cinéma,
                                                                           Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, Scope Pictures et Les Films du 10
   HHH         Une jeune normalienne obtient un poste à la mairie
                                                                           Producteur : Emmanuel Agneray Dir. de production : Sébastien
de Lyon, à la “prospective” (première occurrence d’une novlangue
                                                                           Autret Distributeur : Bac Films.
devenue novpratique), et se retrouve à épauler le maire de Lyon,
incarné par Fabrice Luchini, proto-Gérard Collomb (mais                                105 minutes. France - Belgique, 2018
de gauche), dont la conviction politique n’est pas tant finie                             Sortie France : 2 octobre 2019
qu’enrouée. Pur film de langage(s) malgré sa force motrice
                                                                           u RÉSUMÉ
échevelée et quasi-comique - ou quasi-américaine - Alice et
                                                                           Alice a démissionné d’Oxford où elle enseignait pour intégrer
le maire agit toujours à visage découvert, sans faux-semblants,            le cabinet du maire de Lyon, Paul Théraneau. Elle sera en
sans mascarades, sans duperies : il s’agit, et il s’agira sans             charge des idées, pour stimuler Théraneau, qui ne parvient
cesse, malgré diverses modulations, d’une didactique et                    plus à penser. Alice et lui entament des discussions, dès qu’ils
d’une poétique de l’idée du pouvoir et du pouvoir des idées                le peuvent, le soir tard au cabinet, dans la voiture du maire
(tension sans cesse présente : celui qui pense est-il voué                 entre deux rendez-vous... Forte d’une note qui a plu à Théraneau,
à l’inaction et celui qui fait est-il tenu à irréfléchir pour garder       Alice est invitée à participer à un groupe de réflexion sur
sa foi active ?), d’une quête d’un dialogue, c’est-à-dire d’un             l’avenir de la ville, “Lyon 2500”, et d’en prendre bientôt
                                                                           les rênes, occupant l’un des grands bureaux de la Mairie,
message qui admet autant l’émetteur que le récepteur. Pour
                                                                           sous le regard médusé de ses collègues du cabinet. Alice
se faire, Pariser applique à la lettre des préceptes édictés               et le Maire en viennent à questionner le rôle du politique.
depuis longtemps par le film politique de fiction à la française,
                                                                           SUITE... Parmi les Lyonnais consultés, Alice rencontre
c’est-à-dire avec promptitude et fonctionnalité plus qu’avec
                                                                           un imprimeur lettré, qui lui rappelle combien le monde
le baroque américain. Ici, on navigue dans de l’impersonnel,               intellectuel lui manque. Les inquiétudes de Delphine,
dans des couloirs blanchis par la bien-pensance, toute une                 la femme de l’ancien meilleur ami d’Alice, quant à l’écologie,
structure architectonique ripolinée, héritage des années                   conduisent Alice à rappeler au maire le rôle des intellectuels
com’. Rendant une certaine noblesse à la parole, qui se donne,             dans l’Histoire, et ce que le politique aurait pu éviter en les
se désavoue et se consume, Alice et le maire regarde et                    écoutant. Isabelle, la cheffe de cabinet du maire, considère
écoute à la fois la solitude nimbée de lassitude de la première            que les idées d’Alice stimulent mais obscurcissent le maire.
(le peuple et sa (bonne) conscience de gauche) et du second                Après un dîner avec sa femme, dont il est séparé, Théraneau
                                                                           avoue à Alice qu’il voudrait arrêter. Il tente néanmoins de
(ni arriviste ni raté, mais juste pathétiquement enfermé dans
                                                                           rédiger avec Alice un discours de refonte du socialisme,
un rôle étouffant). Entre charge et charme, ce superbe second              mais il rate la fenêtre de tir pour prendre la tête du parti, lors
long métrage réhabilite la fonction performative du langage.               du Congrès socialiste. Trois ans plus tard, Alice, désormais
Car penser et faire peuvent se mêler et se transmettre : cela              mère d’une petite fille et travaillant dans une ambassade,
s’appelle - entre autre - la démocratie. _C.D.                             rend visite à Théraneau : il s’est remis à lire.

                           Visa d’exploitation : 147111. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 300 copies.

                                                                     5                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
Atlantique
de Mati Diop

Mati Diop mêle, à travers le récit d’un jeune homme                                                                  DRAME FANTASTIQUE
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
qui refuse sa fin absurde, histoire d’amour, récit
de fantômes et parabole sociale. Elle livre ainsi                           u GÉNÉRIQUE
un premier premier long métrage surprenant, qui                             Avec : Mama Sané (Ada), Amadou Mbow (Issa), Ibrahima Traoré
confirme les immenses promesses placées en elle.                            (Souleiman), Nicole Sougou (Dior), Amina Kané (Fanta), Mariama
                                                                            Gassama (Mariama), Coumba Dieng (Thérèse), Ibrahima Mbaye
                                                                            (Moustapha), Diankou Sembene (Monsieur Ndiaye).
                                                                            Scénario : Mati Diop et Olivier Demangel Images : Claire Mathon
                                                                            Montage : Aël Dallier Vega 1ers assistants réal. : Vincent Prades
                                                                            et Fatou Touré Scripte : Christelle Meaux Musique : Fatima Al
                                                                            Qadiri Son : Benoît De Clerck Décors : Toma Baquéni et Oumar
                                                                            Sall Costumes : Rachèle Raoult et Salimata Ndiaye Casting :
                                                                            Bahijja El Amranni Production : Les Films du Bal Coproduction :
                                                                            Cinekap et Frakas Productions Productrices : Judith Lou Lévy
                                                                            et Eve Robin Producteur exécutif : Oumar Sall Coproducteurs :
                                                                            Jean-Yves Roubin et Cassandre Warnauts Producteur associé :
                                                                            Michel Merkt Dir. de production : Pascal Metge et Oumar Sall
                                                                            Distributeur : Ad Vitam.

                                                       © Les Films du Bal

   HHH        Depuis le triomphe critique de son moyen
métrage 1000 soleils, c’est peu dire que Mati Diop était
attendue au tournant. Sauveuse d’un cinéma français qui
ne serait pas enfermé en France, héritière assumée de son                         105 minutes. France - Sénégal - Belgique, 2019
oncle, le célèbre cinéaste sénégalais Djbril Diop Mambety                                 Sortie France : 2 octobre 2019
(héritage qui était le cœur et le sujet de 1000 soleils), Diop
                                                                            u RÉSUMÉ
a ainsi abordé le festival de Cannes à la fois en position
                                                                            Dans un quartier aisé, en banlieue de Dakar, des ouvriers
de force (confirmée par la sélection en compétition de                      mobilisés pour la construction d’une gigantesque tour
son premier long métrage), et de faiblesse (le poids des                    ne sont plus payés depuis trois mois. Souleiman fait partie
attentes dont son film faisait l’objet n’allait-il pas lui nuire?).         de ces jeunes révoltés. En rentrant, il rejoint Ada, la fille
En repartant avec le Grand Prix du festival, presque la “Palme              qu’il aime. Mais Ada est promise à Omar, avec qui elle doit
d’argent”, la réalisatrice semble à première vue avoir gagné                se marier. Souleiman promet à Ada de se revoir la nuit tombée.
son pari. Celui d’un film qui aime à se situer là où on                     Ada se rend dans un bar près de la plage, mais la nouvelle
ne l’attend pas. Atlantique démarre en effet dans un registre               tombe : Souleiman et les autres ouvriers sont partis en pirogue
                                                                            pour l’Espagne. Les jours passent, jusqu’au mariage. L’air
réaliste, livrant un constat social assez sordide. Puis, après
                                                                            éteint, Ada épouse Omar, mais un feu prend dans le lit nuptial.
la mort d’un groupe de jeunes gens floués, qui tentent de                   Il se dit qu’on a vu Souleiman rôder autour des lieux.
se refaire par la voie, fort dangereuse, de l’immigration
                                                                            SUITE... Issa, un jeune commissaire, est envoyé pour enquêter.
illégale en bateau, le film troue littéralement son dispositif
                                                                            Il se rend chez la mère de Souleiman, mais pas de traces du
en versant lentement dans un fantastique qui finit par prendre              pyromane présumé. Issa interroge Ada, persuadé qu’elle
totalement possession du récit. Celui-ci se déploie alors dans              couvre Souleiman. Les jours suivants, une étrange fièvre
des modes romanesques inattendus, entre l’histoire d’amour                  s’empare des filles du quartier. Les yeux révulsés, elles
et le conte fantastique. La réalisation quitte son registre                 se rendent, en meute zombie, chez Monsieur Ndiaye, le patron
premier, proche d’une forme de cinéma du réel, pour filmer                  du chantier, et réclament, au nom des jeunes ouvriers, les mois
des figures et apparitions, avec une grâce et un mystère                    impayés. Ada reçoit le lendemain un message lui signifiant que
tout droit sortis du cinéma de Jacques Tourneur. L’amour et                 Souleiman va lui rendre visite chez son amie Dior à la nuit
                                                                            tombée. Issa continue d’enquêter, et découvre que la pirogue
la revanche sociale, tous les deux mêlés, sont alors traités
                                                                            a coulé, sans survivants. La nuit arrive ; Ada attend Souleiman :
sur le mode du conte. À la fin, la démarche apparaît avec                   c’est Issa qui frappe, mais avec l’esprit de son bien-aimé.
clarté : Mati Diop a utilisé le cinéma pour redonner une voix               Elle fuit, apeurée. Les femmes-ouvriers reviennent tourmenter
aux morts et aux oubliés du monde moderne. Que demander                     Ndiaye, et le forcent à creuser leurs tombes, en plus de
de plus au septième art, de nos jours ? _S.G.                               l’argent récupéré. Ada revoit Souleiman-Issa. Ils s’enlacent.

                                 Visa d’exploitation : 133608. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                       6                                             © les Fiches du Cinéma 2019
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
Bonjour le monde !
de Anne-Lise Koehler et Éric Serre

Entre documentaire et film d’animation, Bonjour                                                                        DOCUMENTAIRE
                                                                                                                   Adultes / Adolescents
le monde ! montre en stop-motion l’univers de la faune
et de la flore décrit par le point de vue des animaux.                   u GÉNÉRIQUE
Un projet intéressant dont le langage très simplifié                     Avec les voix de : Kaycie Chase (le hibou moyen-duc), Boris
convaincra les plus petits aux dépens des adultes.                       Rehlinger (le grèbe huppé), Julien Crampon (le martin-pêcheur),
                                                                         Magalie Rosenweig (la tortue cistude), Fily Keita (la noctule de
                                                                         Leisler), Jérôme Pauwels (le castor d’Europe), Brigitte Virtudes
                                                                         (la salamandre tachetée), Boris Rehlinger (le butor étoilé), Josy
                                                                         Bernard (la grande brochet), Pierre-Alain de Garrigues (l’anax
                                                                         empereur), Valérie Alane (la nature).
                                                                         Scénario : Anne-Lise Koehler Montage : Céline Kélépikis et David
                                                                         Sauve Animation : Éric Serre 1er assistant réal. : Xavier Truchon
                                                                         Musique : Den Gotti Son : Damien Prost Casting : Nathalie Homs
                                                                         Production : Normaal Animation Producteur : Alexis Lavillat
                                                                         Producteur exécutif : Damien Lévy Distributeur : Gebeka Films.

                                                      © Normaal Anim.

                                                                                           61 minutes. France, 2019
    HH       Adaptation en long métrage de la sérié animée                               Sortie France : 2 octobre 2019
homonyme, Bonjour le monde ! est le fruit de la collaboration
entre les réalisateurs de dessins animés Éric Serre et                   Dès l’instant où ils naissent, nous participons à
Anne-Lise Koehler, qui est également scénariste et artiste               leur parcours de croissance, à leurs espoirs et à
spécialisée en sculptures naturalistes en papier. Après leur             leurs peurs, jusqu’au point où nous apprenons avec
rencontre à l’école des Gobelins, le duo commence à travailler           eux la réponse à la question qu’ils se posent depuis
ensemble en tant que premier assistant réalisateur et cheffe             le début et qui, en fin de compte, nous concerne
décoratrice pendant la réalisation de Kirikou et la sorcière             aussi : qui suis-je ? Cependant, les voix de leurs
de Michel Ocelot, pour ensuite co-diriger les effets spéciaux            pensées manquent de spontanéité et le langage très
sur le film documentaire Il était une forêt de Luc Jacquet.              simplifié, qui convient certainement aux plus petits,
Réunis par la passion pour le monde naturel, ils se lancent              finira pour ennuyer les plus grands. Les moments
ici dans un projet ambitieux : un film d’animation en stop-              vraiment captivants sont rares, les entrelacements
motion avec le but de faire découvrir la faune et la flore qui           entre les histoires des différents animaux semblent
nous entourent et faire réfléchir sur l’importance d’un univers          parfois forcés et en général le projet présente
naturel désormais en voie de disparition. Le résultat est                les défauts d’un concept qui pouvait très bien marcher
une œuvre fascinante et hybride, entre le film d’animation               pour une sérié aux épisodes courts, mais qui, dans
et le documentaire, qui combine le dessin et la photographie             un long métrage, perd en efficacité, et dont la longueur
à la technique du papier mâché. Des marionnettes à l’aspect              semble excessive. Pourtant, en regardant Bonjour
artisanal, dont les matériaux utilisés pour les réaliser sont            le monde !, nous ressentons surtout un manque :
laissés volontairement visibles, incarnent les différentes               celui d’un discours sur l’écologie. Même si la majorité
espèces animales et végétales pour nous accompagner                      des espèces représentées sont en forte diminution,
à la découverte d’un monde qui change avec eux au fil                    à cause de la destruction progressive de leur habitat
des saisons. Un monde où la seule présence humaine est                   et de la pollution, le film nous donne une vision
représentée par les mots imprimés sur les morceaux de                    presque utopique de l’environnement, en montrant
papier qui apparaissent entre les plumes et les écailles,                un cadre naturel où la vie des animaux avance sans
comme pour nous rappeler que l’image que nous avons                      menaces et où il n’y a nulle trace des humains.
des animaux est celle qui dérive de notre propre culture,                Une occasion ratée, peut-être, de sensibiliser
mais qu’après tout, nous ne les connaissons pas vraiment.                les enfants à des thèmes très urgents et qui
Parce que ce qui est effectivement intéressant dans le film,             les concerne d’autant plus que c’est sur eux que
c’est que le point de vue est toujours celui des animaux.                repose l’avenir de notre monde. _M.G.

                               Visa d’exploitation : 132195. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                   7                                              © les Fiches du Cinéma 2019
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
Chambord
de Laurent Charbonnier

À l’occasion des 500 ans de la mise en chantier de                                                                      DOCUMENTAIRE
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
Chambord, Laurent Charbonnier s’efforce de redonner
vie au monument en rythmant un récit scolaire de son                    u GÉNÉRIQUE
histoire avec des images immuables de sa forêt giboyeuse.               Avec la voix de : Cécile De France (la narratrice).
Un film qui vaut surtout pour ses images de la nature.                  Scénario : Coralie Miller, Martine Todisco et Laurent Charbonnier
                                                                        Images : Laurent Charbonnier Montage : Nicolas Terrier et
                                                                        Mathilde Louveau Musique : Anne-Sophie Versnaeyen Son :
                                                                        Martine Todisco, Philippe Barbeau, François-Joseph Hors, Pierre-
                                                                        Jean Labrusse, Thomas Desjonquères, Simon Poupard et Olivier
                                                                        Ranquet Production : MC4 Coproduction : BILOBA et Domaine
                                                                        National de Chambord Producteur : Jean-Pierre Bailly Producteur
                                                                        délégué : Stéphane Millière Dir. de production : Caroline Maret
                                                                        Distributeur : Jour2Fête.

                                                             © LCP

                                                                                          80 minutes. France, 2019
    HH       Il y a cinq-cents ans, François Ier, auréolé                               Sortie France : 2 octobre 2019
de ses succès militaires - la fameuse bataille de Marignan
- et passionné de chasse ordonne la construction                        chantier, mais il aura déjà imprégné l’édifice de son
de ce qui deviendra le plus emblématique de tous                        génie. François Ier lui-même, toujours par monts et
les joyaux de la Renaissance, le château de Chambord,                   par vaux, ne passera que peu de temps dans son
haut-lieu touristique mais aussi formidable réserve                     château (72 nuits) et laissera l’édifice inachevé,
naturelle, ce que le documentaire de Laurent Charbonnier                à sa mort en 1547. Mais Chambord sera déjà
n’aura de cesse de montrer. Car si le film obéit à                      entré dans l’histoire en scellant la réconciliation
une nécessaire fonction pédagogique en restituant,                      (temporaire, comme toujours), du roi français
la plupart du temps à l’aide d’animations et d’images                   avec l’empereur Charles Quint. On dresse à
de drones, l’histoire du château depuis le XVI e siècle                 la hâte des tentures, des tables : l’illusion est
jusqu’à aujourd’hui, c’est la faune du domaine                          parfaite, l’hôte impressionné. Le récit raconte
qui intéresse en premier lieu le réalisateur spécialisé dans            ensuite les déboires du domaine, l’intérêt de
les documentaires animaliers. Avec l’envie manifeste                    Louis XIV (s’il y a bien une chose que tous les rois
de célébrer les efforts réalisés pour conserver à la                    de France ont en commun, c’est leur passion pour
forêt son caractère originel. On ne s’étonnera pas alors                la chasse...), le désintérêt ensuite de l’État jusqu’à
que le film soit coproduit par la Fédération nationale                  la souscription nationale qui offrira Chambord,
des chasseurs qui s’est érigée depuis quelques années                   en 1821, à un Valois, le château, tour à tour abri,
en chantre de l’écologie. Chacun jugera. En attendant,                  forteresse, hôpital de campagne, passant ainsi
cette idée transversale réserve de sublimes images de                   de main en main jusqu’à son rachat par l’État
la nature - cerfs, sangliers, échassiers... - propres                   en 1930 et le destin qu’on lui connaît aujourd’hui.
à enchanter toute la famille, et qui rythment le récit                  Le documentaire coche donc toutes ces cases avec
historique. Le récit suit l’ordre chronologique, en                     un soin très scolaire qui en font d’abord un film pour
insistant d’abord sur la collaboration exceptionnelle entre             les plus jeunes, et le complément idéal à une visite
le jeune roi François Ier et Léonard de Vinci, qu’il a invité           des lieux. L’animation est soignée, les images de
à Amboise en 1516. L’animation donne vie aux deux                       la nature splendides, le commentaire de Cécile de
complices : voilà donc Léonard qui imagine le plan                      France (qui officiait déjà sur Les Animaux amoureux)
du château et, surtout, son fabuleux escalier à double                  pertinent mais très lisse. Et, en fin de compte, on a
révolution. Le “premier peintre, premier ingénieur et                   davantage envie de s’enfoncer dans la forêt que dans
premier architecte du roi” mourra avant même le début du                le château. _M.Q.

                        Visa d’exploitation : 148246. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies.

                                                                 8                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
En liberté ! Le Village démocratique de Pourgues
de Alex Ferrini

En 2017, 30 personnes venues de tous horizons et ne                                                                          DOCUMENTAIRE
                                                                                                                         Adultes / Adolescents
se connaissant pas s’installent à Pourgues, en Ariège,
et y créent un écovillage où la liberté de chacun,                             u GÉNÉRIQUE
le respect envers tous et surtout les enfants est de rigueur.                  Avec : Ramïn Farhangi, Yohan Sancerni, Jonathan Cantin, Marjorie
Un film pro domo sans recul ni questionnement.                                 Bautista, Elfi Reboulleau, Benoît Nusillard.
                                                                               Scénario : Alex Ferrini Images : Alex Ferrini Montage : Camille
                                                                               Delprat Son : Henri-Pierre Barnet Production : Nausicart
                                                                               Distributeur : DHR / À Vif Cinémas.

                                                       © DHR / À Vif Cinémas

                                                                                                77 minutes. France, 2019
     H          “Nous sommes les pionniers de ceux qui reprennent                             Sortie France : 9 octobre 2019
le pouvoir de A à Z sur les termes habiter, s’alimenter, guérir,
vivre ensemble et grandir. Notre volonté sera contagieuse.                     aucun cas concret n’est exposé. Comment envisagent-
Nous sommes la majorité de demain”. Martelée en voix off,                      ils - s’il restent dans une autarcie essentiellement
la profession de foi qui clôt ce documentaire résume ce qui                    ludique - l’éducation à certains métiers comme celui
le construit : un acte militant sûr de sa pertinence. Lequel ?                 de médecin ? L’un d’entre eux pense être autosuffisant
En mars 2017, 30 personnes ne se connaissant pas et de                         en nourriture quand le problème de l’eau sera
divers horizons français achètent pour un million d’euros                      résolu. Mais il n’explique pas comment échapper au
50 hectares dans la vallée de la Lèze, près des Pyrénées, et                   dérèglement climatique, créateur de sécheresse pour
y fondent un écovillage. Leur philosophie, louable : laisser                   tous. Souffrant de polyarthrite non curable, Elfi trouve
en tous domaines une totale liberté aux enfants et aux adultes,                la vérité de cette expérience dans le fait de se sentir
privilégier le jeu, le repos et la liberté tout en vivant collectivement.      mieux depuis qu’elle l’a entamée. Dont acte. Qu’en
Bref, une expérience regroupant celles de Montessori, Freinet                  sera-il avec le temps ? Le pire est cette interview de
et autre Sudbury Valley School (Massachussets). Nous suivons                   vieux soixante-huitards qui ont jadis tenté en vain
ainsi cette première année d’existence commune entre                           la même expérience en Grèce et s’affirment heureux de
interviews de ces “pionniers”, scènes de vie quotidienne, de                   voir la relève dans cet écovillage. Ou encore ce couple
fête, d’activités diverses entrecoupées d’images magnifiques                   enchanté : “Je priais pour qu’on n’ait pas affaire à des
des Pyrénées. L’entrée en matière (qui sera suivie de quelques                 farfelus, je suis rassurée. C’est très organisé”, dit
inserts) est très drôle et originale : le réalisateur et deux                  la femme. Et l’homme d’ajouter : “Vous êtes convaincus,
femmes déclinent avec humour les différentes introductions                     mais vous ne cherchez pas à nous convaincre ”.
possibles pour rendre ce film attractif. Puis, avec finesse                    On ne peut verser davantage dans la com’. On aurait
sur la forme, celui-ci présente, de façon très structurée,                     aimé plus de questionnements de fond. Par exemple,
la philosophie du projet, les considérations liées aux enfants,                imaginent-ils vraiment que devant leur enthousiasme,
la question de la permaculture, la vie commune, avant                          l’avidité, l’égoïsme, l’envie, le goût du pouvoir, etc.
d’enchaîner sur une séquence en immersion. On se laisse                        disparaîtront ? Ramïn Farhangi s’imagine avec son
d’abord porter avec un plaisir certain. Mais une fois                          jardin d’Éden alimentaire dans dix ans. On relève
l’euphorie de la découverte passée, on s’interroge : ce qui                    le défi et on demande nous aussi à voir. Après tout,
est envisageable à 30 l’est-il au-delà ? Et quid des conflits ?                comme le disait Guillaume d’Orange le Taciturne :
Si le fonctionnement de l’Écovie (Conseil de village) et du                    “Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre
Comité d’Étude et d’Arbitrage (CEA) nous sont expliqués,                       ni de réussir pour persévérer”. _G.To.

                               Visa d’exploitation : 151254. Format : Scope - Couleur - Son : Stéréo. 25 copies.

                                                                          9                                            © les Fiches du Cinéma 2019
Le Traître de Marco Bellocchio - Les Fiches du Cinéma
Gemini Man (Gemini Man)
de Ang Lee

Henry, sniper au service d’une agence gouvernementale,                                                                SCIENCE-FICTION
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
voit sa hiérarchie se retourner contre lui et chercher à
le tuer. Il affronte alors un autre sniper qui lui ressemble             u GÉNÉRIQUE
étrangement... Ang Lee signe un film d’action                            Avec : Will Smith (Henry Brogan / Junior), Mary Elizabeth Winstead
un peu simpliste mais diablement efficace.                               (Danny Zakarweski), Clive Owen (Clayton “Clay” Varris), Benedict
                                                                         Wong (Baron), Linda Emond (Janet Lassiter), Theodora Miranne
                                                                         (Kitty), Douglas Hodge (Jack Willis), Ralph Brown (Del Patterson),
                                                                         Ilia Volok (Yuri Kovacs), E.J. Bonilla (Marino), Alexadra Szucs
                                                                         (Aniko), Justin James Boykin (Connor), Tony Scott (le proviseur
                                                                         Brown), Christopher T. Elliott (John).
                                                                         Scénario : David Benioff, Billy Ray et Darren Lemke, d’après une
                                                                         histoire de Darren Lemke et David Benioff Images : Don Beebe
                                                                         Montage : Tim Squyres 1er assistant réal. : Jeff J.J. Authors
                                                                         Scripte : Dug Rotstein Musique : Lorne Balfe Décors : Guy Hendrix
                                                                         Dyas Costumes : Suttirat Anne Larbard Effets spéciaux : Mark
                                                                         Hawker Effets visuels : Bill Westenhofer Dir. artistique : Tom
                                                                         Reta Maquillage : Luisa Abel Casting : Avy Kaufman Production :
                                                                         Skydance Pour : Paramount Pictures et Jerry Bruckheimer
                                                                         Films Production associée : Fosun Pictures Producteurs : Jerry
                                                                         Bruckheimer, David Ellison, Dana Goldberg et Don Granger
                                                         © Paramount     Producteurs délégués : Chad Oman, Mike Stenson, Brian Bell,
                                                                         Guo Guangchang et Don Murphy Coproducteurs : Melissa Reid et
                                                                         David Lee Dir. de production : Kate Kelly Distributeur : Paramount
    HH       La première séquence de Gemini Man ,
                                                                         Pictures.
outrageusement invraisemblable, donne le ton du film :
ce n’est pas le moment d’aller chercher la petite bête...
Ang Lee a décidé d’en mettre plein la vue aux spectateurs,                          117 minutes. États-Unis - Chine, 2019
et il ne s’est pas encombré pour cela d’un scénario                                     Sortie France : 2 octobre 2019
trop exigeant. Simpliste, convenu, alignant les poncifs,
                                                                         u RÉSUMÉ
le script ne fait pas dans le subtil. Il n’est qu’un canevas
                                                                         Henry est sniper pour la DIA, une agence gouvernementale.
au service de l’action et des effets spéciaux. Jugeons donc              Il doit un jour abattre un certain Dormov, dangereux
le long métrage pour ce qu’il se propose d’être : un manège              bioterroriste. Il prend ensuite sa retraite. Son ami Jack,
à sensations. De ce point de vue, le cinéaste remplit son                comme lui ancien marine, lui dit savoir par un certain Yuri
contrat : la course-poursuite à moto, complètement folle,                que le dossier de Dormov a été trafiqué : le savant travaillait
mérite à elle seule le détour. Ultra nerveuse, immersive à               en fait pour le gouvernement américain. Henry découvre
la façon d’un jeu vidéo, la scène vous colle à votre fauteuil.           qu’une agente de la DIA, Dany, le surveille. Il la démasque
De même pour la séquence finale d’une efficacité telle que,              et ils sympathisent. Jack est tué par des agents de la DIA, et
                                                                         Henry est aussi attaqué. Il en réchappe et sauve également
la 3D aidant, on aurait presque peur de prendre une balle
                                                                         Dany. Ils partent en bateau. Clay Verris, de la DIA, ancien
perdue. Entre ces deux climax, on a affaire à un honnête                 supérieur d’Henry chez les marines, veut l’éliminer grâce
film d’action, pas révolutionnaire mais plutôt bien troussé              à Gemini, son organisation paramilitaire.
(on n’en attendait évidemment pas moins d’Ang Lee).
                                                                         SUITE... Henry et Dany vont en Colombie. Un matin, Henry
Et le clone dans tout ça ? En gros plan, le Will Smith                   affronte un sniper de Gemini, son portrait craché avec 30 ans
jeune est troublant de réalisme. De loin, c’est un peu moins             de moins. Il en réchappe. Le sniper, Junior, est le fils adoptif
réussi. Mais l’essentiel est là : on y croit. Dommage que                de Clay. À Budapest, où Henry rencontre Yuri, Dany fait
le scénario ne creuse pas vraiment cette question du clonage.            analyser la casquette de Junior et le sang d’Henry : ils ont
Ici, le clone est une simple copie conforme, comme si                    le même ADN. Yuri dit que Clay a créé un clone d’Henry, car
l’ADN, l’inné, résumait un individu. Un peu court. Dommage               il est le meilleur sniper. Clay veut créer un ADN de super
également que le méchant de l’histoire, interprété par Clive             soldats. Henry fait à nouveau face à Junior, le maîtrise et lui
                                                                         explique tout. Junior s’enfuit. Henry rentre aux États-Unis.
Owen, soit aussi monolithique. Un soupçon de complexité
                                                                         Junior le retrouve et, finalement, le croit. Ils partent trouver
aurait rendu ce personnage beaucoup plus fort. On a                      Clay et affrontent les hommes de Gemini. Ils combattent
le sentiment qu’un travail d’écriture un tout petit peu                  un autre clone d’Henry, à l’ADN modifié. Henry tue Clay.
plus poussé aurait permis à Gemini Man d’être davantage                  Junior change de vie et va à l’université. Henry lui fournit
qu’un simple manège. _G.R.                                               de nouveaux papiers.

                Visa d’exploitation : 151383. Format : 1,85 (2D / 3D) & IMAX & HFR - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos.

                                                                 10                                                © les Fiches du Cinéma 2019
J’irai où tu iras
de Géraldine Nakache

Un road-movie sur fond de cicatrices familiales + deux                                                                         ROAD MOVIE
                                                                                                                       Adultes / Adolescents
actrices iconiques + un Patrick Timsit très (très) gentil
+ des gags (drôles) et du sérieux (compassé) + des                        u GÉNÉRIQUE
tartelettes au citron - une ambition cinématographique                    Avec : Leïla Bekhti (Mina), Géraldine Nakache (Vali), Patrick
= le sympathique et indolore J’irai où tu iras.                           Timsit (Léon), Pascale Arbillot (Gilberte), Célia Pilastre (Candice),
                                                                          Romain Francisco (Romain), Johanne Toledano (Johanne), Vincent
                                                                          Darmuzey (Pablo), Jean-Gabriel Nordmann (Monsieur Mangin).
                                                                          Scénario : Géraldine Nakache, avec la collaboration de Rebecca
                                                                          Zlotowski et Yoann Gromb Images : Éric Dumont Montage :
                                                                          Audrey Simonaud 1res assistantes réal. : Élodie Gay et Cristina
                                                                          Freitas Scripte : Lydia Bigard Musique : Camille Son : Thomas
                                                                          Guytard, Antoine Baudouin et François-Joseph Hors Décors :
                                                                          Sidney Dubois Costumes : Barbara Loison Effets visuels : Alain
                                                                          Carsoux Maquillage : Aurélie Bouchet Casting : Élodie Demey et
                                                                          Aurélie Avram Production : Nord-Ouest Films et Mars Cinéma
                                                                          Coproduction : France 2 Cinéma et Jobi Producteurs :
                                                                          Pierre Guyard, Stéphane Célérier et Valérie Garcia Productrice
                                                                          exécutive : Ève François-Machuel Producteurs associés :
                                                                          Christophe Rossignon et Philip Boëffard Dir. de production :
                                                                          Vincent Lefeuvre Distributeur : Mars Films.
                                                          © Mars Films

     HH         Ça commence plutôt mal : deux sœurs que tout
oppose (une rêveuse, l’autre rationnelle - histoire d’appuyer
le fait que la tempérance finira bien par gagner), un père au cœur
gros comme ça, bonhomie en dehors et secret pesant en dedans,                              100 minutes. France, 2019
et une situation cocasse comme on ne voudrait plus en faire,                              Sortie France : 2 octobre 2019
ici, en l’occurrence, un concours pour finir choriste de Céline
                                                                          u RÉSUMÉ
Dion, qui va rassembler les esprits (pas si) frondeurs de
                                                                          Vali, chanteuse de mariage, ambiance un mariage avec du
la sororité. Le nouveau film de Géraldine Nakache a beau                  Céline Dion. Mina, sa sœur, travaille en tant que thérapeute
s’évertuer à déverser ses effets parfois franchement racoleurs            dans un hôpital, mais pense à monter sa propre structure.
dans le lit de la comédie dramatique familiale, le (joli) diable          Leur père, Léon, est reconnu pour sa gentillesse, sa bonne
se niche parfois dans les détails. Car oui, le film fonctionne, du        humeur perpétuelle et ses blagues. Il apprend que son cancer
moins ne dysfonctionne pas suffisamment pour être génial et               a évolué, et qu’il doit dès demain commencer un travail
affreux. La grande vivacité humoristique et contrastive (et               de chimiothérapie. Problème : il doit accompagner Vali à
tellement poussée qu’elle agit quasiment chromatiquement sur              une audition pour devenir choriste de Céline Dion sur
                                                                          sa tournée. Autre problème : alors que seul Mina peut
la pellicule) entre les deux sœurs et le gros soleil mélancolique
                                                                          emmener Vali à son audition, celles-ci ne se parlent plus et
paternel réserve quelques belles scènes qui agissent drôlement            n’ont jamais été en bons termes. Léon dit la vérité à Mina,
sur un canevas qui devrait inexorablement glisser vers une                mais pas à Vali ; la première accepte à contre-cœur son
pesanteur de bon aloi, matériau utile à une grande réconciliation         rôle d’accompagnatrice.
lacrymale. Or, déjouant les attentes et usant d’un (léger mais            SUITE... Après un aller glacial, elles apprennent que l’audition
sensible) mauvais esprit plus badin que cynique, ce road movie            est repoussée : René, Monsieur Dion, vient de décéder. Tout
un peu dégingandé assume son caractère dérisoire, fait de                 le casting est donc logé dans une maison d’hôte. Mina s’en va,
personnages qui disparaissent, de seconds rôles à la truculence           mais revient finalement, pour leur père. Dans la maison,
parfois un peu figée mais justement comiquement inquiétants,              elle découvre qu’une concurrente a “volé” la chanson de
et de rebondissements désarticulés, corps d’un scénario                   sa sœur pour l’audition. Les deux sœurs finissent par sortir
absolument indigent - et pourtant solide. Malheureusement,                “en ville”, dînent dans un restaurant et se retrouvent
                                                                          embarquées dans un mariage où l’on confond Vali avec
ce charme s’évapore lorsque se rattrapent les wagons de
                                                                          la chanteuse Jennifer. Ivres, elles rentrent au petit matin.
la bonne conscience - on ne s’aime jamais autant que lorsque              Au réveil, elles se disent leurs quatre vérités, sous le prétexte
le masque de la dérision se pourfend, avec la morgue que                  que Vali a veillé trop tard et que sa voix va en pâtir. Mina rentre
charrient derrière eux les sentiments vrais et vérifiables -              au chevet de son père, seule... mais ils voient arriver Vali,
dans une fin plus besogneuse que vivante. _C.D.                           qui renonce à sa vie de choriste pour chanter pour elle-même.

                                Visa d’exploitation : 149831. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                   11                                                 © les Fiches du Cinéma 2019
Les Mondes imaginaires de Jean-François Laguionie
de Jean-François Laguionie

Avec ces sept courts métrages de Jean Laguionie,                                                                                        CONTES
                                                                                                                                         Famille
revit un monde de l’animation débordant d’imagination
où la poésie cache une réflexion drôle, inventive,                          u GÉNÉRIQUE
voire subversive, sur la condition humaine, bien                            1. L’Acteur (5’ - 1975)
éloigné de l’asepsie actuelle des images.                                   2. Le Masque du diable (12’ - 1976)
                                                                            3. La Demoiselle et le violoncelliste (9’ - 1964)
                                                                            4. Potr’ et la fille des eaux (11’ - 1974)
                                                                            5. Une bombe par hasard (9’ - 1969)
                                                                            6. L’Arche de Noé (11’ - 1967)
                                                                            7. La Traversée de l’Atlantique à la rame (21’ - 1978)
                                                                            Avec la voix de : 4. Jean-Pierre Sentier.
                                                                            Scénario : Jean-François Laguionie Images : Jean-François
                                                                            Laguionie Montage : Élisabeth Paquotte (4), Claude Reznik (7)
                                                                            Animation : Jean-François Laguionie (5) Musique : Pierre Alrand
                                                                            (1, 5, 6, 7), Stefano Liberati (2), Édouard Lalo (3), Vieri Tosati (4)
                                                                            Producteurs : Béatrice Dufrenne (1), Xavier Julliot (2, 4)
                                                                            Distributeur : L’Agence du Court Métrage.

                                              © L’Agence du Court Métrage

   HHH        Quelle merveilleuse idée que de ressortir
ces sept courts métrages de Jean-François Laguionie,
réalisés sur dix ans, et dont le regroupement fait ici
éclater l’unicité de son monde intemporel, poétique et                                      78 minutes. France, 1968-1978
doucereusement cruel. Initié à l’animation par l’immense                                    Sortie France : 2 octobre 2019
Paul Grimault auprès de qui il restera dix ans, on y retrouve
                                                                            u RÉSUMÉ
un même univers proche du surréalisme subversif de Prévert.
Ainsi, Palme d’or à Cannes en 1978 dans sa catégorie                        1.. Dans sa loge du théâtre L’Ambigu, un acteur se grime en
et pareillement “césarisée” en 1979, La Traversée de                        vieillard. Après avoir été acclamé, il retourne se démaquiller
                                                                            chez lui. Apparaît son vrai visage...
l’Atlantique à la rame fait immanquablement penser au Roi et
                                                                            2. Détestant le carnaval, une vieille femme fuit dans
l’oiseau par sa malice corrosive - voire son ironie, notamment              la montagne. Elle y rencontre le Diable et joue aux dominos
lors de la séquence consacrée au Titanic. Ou dans la fin                    avec lui pour recouvrer sa jeunesse. Chacun triche. Le plus
explosive de Une bombe par hasard. On retrouve en outre                     dupé des deux ne sera peut-être pas celui qu’on aura cru...
un même talent pour raconter des histoires ou se réapproprier               3. En jouant du violoncelle sur une falaise, un musicien
contes et mythes, tel Le Masque du diable joliment détourné                 déclenche une tempête qui emporte une pêcheuse de
de Faust et du Septième sceau de Bergman, ou encore                         crevettes. Il se jette à son secours. Depuis le fond de
avec L’Arche de Noé. Plus subtilement, apparaît au fil des                  la mer, ils triomphent d’un narval et d’un crabe et remontent
                                                                            à la surface.
récits animés en 2D une intelligente déclinaison du jeu
                                                                            4. Un pêcheur d’épave s’éprend une sirène. Une sorcière
des masques et des masques du jeu, à l’aune de musiques                     le dote d’une queue de poisson. De son côté, la sirène a reçu
rythmant l’action tout en illustrant le fond. En effet, chacun              des jambes. Leur amour restera le plus fort.
décline en jeux de miroirs l’apparent et ce qu’il cache.                    5. Un homme arrive dans un village désert : une bombe menaçant
De façon explicite dans L’Acteur et Le Masque du diable avec                d’exploser, les habitants se sont réfugiés sur une montagne
leurs maquillages trompeurs, poétique avec Potr’ et la fille                voisine. Quand ils descendent l’expulser. La bombe explose.
des eaux, dont les héros sont opposés par leurs membres                     6. Des scientifiques recherchent l’Arche de Noé sur un mont.
inférieurs, ou dans La Demoiselle et le violoncelliste où fonds             Un ermite entend que la terre va être inondée. Quand
                                                                            la catastrophe arrive, les hommes s’enfuient. Il en profite
marins et surface terrestre s’entremêlent furieusement.
                                                                            pour récupérer la femme qui les accompagnait et manquait
C’est sans doute à cette aune qu’il faut comprendre le point                à son Arche.
commun des décors : tous désertiques, sur terre comme                       7. Une barque s’échoue avec un cahier intime. Un couple
sur mer, et balayés par le vent et la tempête. Magique et                   y a relaté sa traversée de l’Atlantique à la rame depuis 1907,
revigorant. _G.To.                                                          patronnée par le Daily Star et qui dura 17 ans.

                          Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD. 8 copies.

                                                                      12                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Psychomagie Un art pour guérir
de Alejandro Jodorowsky

Ce documentaire qui mêle des images de films                                                                          DOCUMENTAIRE
                                                                                                                  Adultes / Adolescents
de Jodorowsky et des performances cathartiques
permettant de soigner des troubles éclaire l’œuvre du                    u GÉNÉRIQUE
réalisateur autant qu’il surprend par ses méthodes.                      Avec : Alejandro Jodorowsky.
C’est souvent bizarre, parfois drôle, touchant aussi.                    Scénario : Alejandro Jodorowsky Images : Pascale Montanton-
                                                                         Jodorowsky Musique : Adan Jodorowsky Son : Quentin Romanet
                                                                         Production : Satori Films Producteur : Xavier Guerrero Yamamoto
                                                                         Distributeur : Nour Films.

                                                       © Satori Films

                                                                                          104 minutes. France, 2019
   HH        Ce qui est formidable avec Alejandro Jodorowsky,                            Sortie France : 2 octobre 2019
c’est qu’il est aussi sympathique que ses films sont
étranges, inventifs, déroutants souvent. Ce nouveau                      u n c i m e t i è re p o u r s u r m o n te r le d ra m e
documentaire, qu’il a réalisé avec son épouse, Pascale                   d’un fiancé mort, cet homme enterré vivant puis
Montandon-Jodorowsky, directrice de la photographie,                     baptisé de lait comme un symbole de renaissance...
vient donner des clés pour appréhender le travail de                     Notre préférée ? L’acte psychomagique recommandé
ce cinéaste atypique, le dernier des surréalistes peut-être,             pour exorciser le sentiment de honte ou d’infériorité
en expliquant aux spectateurs le concept de la “psychomagie”,            sexuelle des femmes. “Je recommande à toutes
une thérapie que Jodorowsky a développée dans la foulée                  les femmes de réaliser leur autoportrait avec leur
de ses études théâtrales avec le Mime Marceau et en                      sang menstruel”, explique Jodorowsky, images
réaction aux méthodes de la psychanalyse. Ici, il ne                     à l’appui. On y pensera... Les musiciennes peuvent
s’agit pas de soigner les maux par les mots mais par                     également en badigeonner leur instrument.
des actes cathartiques. Le documentaire commence                         Les patients témoignent ensuite parfois des bienfaits
dans le dur avec une séquence dans laquelle une jeune                    que leur ont apporté ces actes. Ce tour d’horizon,
femme mal-aimée par ses parents est déshabillée et                       entrecoupé de séquences des films du réalisateur,
câlinée par deux personnes d’âge mûr, elles-mêmes nues.                  étonne, amuse parfois, émeut aussi. Il faut reconnaître
Un acte de psychomagie, pour le moins étonnant, qui montre               à Jodorowsky un sens certain du montage, qui
que le patient doit accepter de lâcher prise. La suite est               réserve pour la fin les séquences les plus touchantes.
une série de portraits plutôt éclectiques de personnes                   Lui-même n’hésite pas à s’impliquer très
qui ont, le plus souvent, des gros problèmes relationnels                humainement. Il accompagne ainsi une femme
avec des membres de leur famille. Tous les actes de                      âgée devenue dépressive et passablement
psychomagie n’impliquent pas de se mettre à poil                         misanthrope au Jardin des plantes, où elle aura
- ainsi, on peut rester habillé pour assassiner une famille              pour mission d’arroser, régulièrement, un arbre, et
de citrouilles ou encore réveiller son âme d’enfant                      conjurer ainsi le naufrage de la vieillesse. Le film enfin
en se baladant à Disneyland en costume marin - mais                      se clôt sur une séquence poignante de psychomagie
c’est quand même préférable, en cela que les actes de                    collective. Au Mexique, une assemblée de jeunes
psychomagie, qui doivent soigner les troubles psychologiques,            gens réunis pour la Fête des morts viennent dénoncer
passent aussi souvent par une réappropriation du corps.                  les massacres des cartels. Le cinéaste leur fait alors
Ce sont parfois des performances artistiques : cette                     entonner en chœur La Llorona. C’est de l’art et c’est
jeune femme qui se promène en robe de mariée dans                        très beau. _M.Q.

                         Visa d’exploitation : 148088. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 30 copies.

                                                                  13                                             © les Fiches du Cinéma 2019
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