Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu'à présent - Public Health Ontario
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
SYNOPSIS Le 16 juillet 2020 Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent Introduction Santé publique Ontario (SPO) surveille, examine et évalue activement les renseignements pertinents concernant la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). La série de documents « Ce que nous savons jusqu’à présent sur… » offre un aperçu des données probantes relatives à divers aspects ou enjeux émergents liés à la COVID-19. L’élaboration de ces documents se fonde sur une recherche systématique des rapports scientifiques publiés et non publiés (p. ex. ProMED, CIDRAP, Johns Hopkins Situation Reports) et des reportages dans les médias, le cas échéant. Les résultats pertinents sont examinés et les données sont extraites aux fins de synthèse. Tous les documents de la série sont examinés par des experts en la matière de SPO avant leur publication. L’épidémie de COVID-19 est en constante évolution et les données probantes scientifiques s’accumulent rapidement. Le lecteur est avisé que les renseignements présentés dans ce document sont à jour à la date de leur publication. Voir en annexe le glossaire des termes relatifs aux voies de transmission de la COVID-19. Éléments clés La COVID-19 est principalement transmise par les gouttelettes respiratoires lors d’un contact étroit non protégé. La propagation par voie aérienne n’est pas un mode de transmission dominant ou courant. Des aérosols peuvent être produits lors d’interventions médicales générant des aérosols (IMGA), ce qui peut accroître le risque de transmission. La transmission par la surface oculaire est considérée comme une voie de transmission possible de la COVID-19. Le virus de la COVID-19 peut survivre sur des surfaces et peut être transmis par des fomites. On ignore dans quelle mesure les fomites contribuent à la transmission. La COVID-19 a été détectée dans les selles et le sang, mais la nature de la transmission fécale- orale et sanguine reste incertaine. Des données indiquent que la transmission verticale (de la mère à l’enfant) peut se produire dans certaines circonstances, mais des études supplémentaires sont nécessaires. Bien que la présence d’ARN viral ait été documentée de façon occasionnelle dans le lait maternel, il n’existe à ce jour aucune preuve de transmission de la mère à l’enfant par le lait maternel. La transmission verticale et la transmission par le lait maternel sont considérées comme des modes de transmission peu courants de la COVID-19. Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent
Contexte Ce document vise à présenter ce que l’on sait sur la manière dont la COVID-19 est transmise de personne à personne, à la lumière d’une analyse de la littérature scientifique. Le virus de la COVID-19, le SRAS-CoV-2, est génétiquement similaire aux autres coronavirus. En particulier, il partage un degré élevé de similarité génétique (79 %) (Lu R et co ll.) avec le coronavirus (SRAS-CoV-1) responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Par conséquent, en raison de données probantes limitées concernant le virus de la COVID-19, nous avons extrapolé les données existantes concernant d’autres coronavirus, en particulier le SRAS-CoV-1. Transmission par gouttelettes et contact Les données probantes actuelles indiquent que le principal mode de transmission de la COVID-19 se fait lors de contact direct par des gouttelettes respiratoires qui peuvent être projetées à des distances variées (Centers for Disease Control and Prevention (CDC), European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC), Imai et coll., Schneider et coll., Wilson et coll.). La majorité des cas de COVID-19 sont attribuables à une transmission de personne à personne par contact direct étroit avec une personne présentant des symptômes respiratoires (Burke et coll., Chan et coll., ECDC, Pung et coll.) ou par contact étroit avec un cas en période d’incubation dont l’infection à la COVID-19 est confirmée par la suite (Huang R et coll., Tong et coll., Yu P et coll.). Des charges virales élevées ont été constatées chez des personnes qui étaient asymptomatiques ou présymptomatiques (Arons et coll., Chau et coll., Wei et coll.). Un rapport de la mission conjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) en Chine résume l’expérience acquise auprès de 75 465 cas et indique que les gouttelettes constituent le mode de transmission lors d’un contact étroit non protégé (OMS). Des études ont démontré que les gouttelettes respiratoires peuvent être projetées jusqu’à deux mètres (Schneider et coll.). Dans une étude, on a trouvé des gouttelettes sur le plancher jusqu’à treize pieds (ou quatre mètres) d’un patient (Guo et coll.). Un examen systématique des études évaluant la distance horizontale parcourue par les gouttelettes respiratoires a révélé que les gouttelettes pouvaient parcourir plus de deux mètres et jusqu’à huit mètres (Bahl et coll.). Transmission par voie aérienne La transmission des virus respiratoires se fait sur un spectre allant des grosses gouttelettes qui se propagent à courte distance aux petites gouttelettes (ou aérosols) qui ont le potentiel d’être infectieuses sur de plus longues distances et peuvent se maintenir en suspension pendant de plus longues périodes. Comme résumé ci-dessus, les données actuelles confirment que la transmission de la COVID-19 se fait principalement par contact étroit et non protégé, ce qui favorise la propagation par les plus grosses gouttelettes. Un commentaire récent dans Clinical Infectious Diseases a appelé la communauté médicale à reconnaître la transmission possible par voie aérienne en se fondant sur des données expérimentales indiquant que de petites gouttelettes respiratoires (ou aérosols) pouvaient être inhalées. Un autre commentaire dans le Journal of the American Medical Association explique que les données présentement disponibles ne permettent pas de considérer la transmission à longue distance par aérosol comme le mode de transmission dominant de la COVID-19. Si des aérosols sont produits lors d’activités, comme parler, respirer et tousser (Stadnytskyi et coll.), on ne sait pas exactement quel rôle ils jouent dans la transmission sur des distances supérieures à deux mètres, car aucun SRAS-CoV-2 actif n’a été détecté lors de l’échantillonnage de l’air. Une étude de modélisation suggère que le rôle de ces aérosols est plus important lors de la transmission à proximité immédiate (à moins de deux mètres) (Chen W et coll.). Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 2
Des données expérimentales concernant la production d’aérosol Dans une étude comparant le SRAS-CoV-2 et le SRAS-CoV-1, van Doremalen et coll. ont signalé que le SRAS-CoV-2 pouvait être artificiellement aérosolisé avec un nébuliseur à jet et détectable pendant une période allant jusqu’à trois heures dans un tambour métallique rotatif. La demi-vie du SRAS-CoV-2 et du SRAS-CoV-1 aérosolisé était similaire, la durée médiane étant estimée de 1,1 à 1,2 heure. Bien que l’étude de van Doremalen et coll. ait conclu que la transmission par aérosol est possible, celle-ci n’a pas démontré qu’elle se produit (pour obtenir plus de renseignements, voir le synopsis de cette étude préparé par SPO). Des conclusions similaires ont été tirées d’une étude menant une expérience semblable (Fears et coll.). Les expositions environnementales, comme la lumière du soleil, peuvent avoir des effets importants sur la viabilité du SRAS-CoV-2. Dans le cadre d’une expérience faisant appel à un tambour rotatif similaire à d’autres études sur la viabilité du SRAS-CoV-2, la lumière solaire simulée (UVA/UVB) a été appliquée à un virus en aérosol à travers une fenêtre du tambour. Les résultats ont montré que 90 % des virus sont inactivés en 20 minutes dans les milieux intérieurs, ce qui constitue un risque de transmission plus élevé (Schuit et coll.). Les taux d’infection secondaires et les rapports épidémiologiques ne s’entendent pas au sujet de la propagation par voie aérienne Un rapport de la mission conjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) en Chine résume l’expérience acquise auprès de 75 465 cas et indique que la propagation par voie aérienne n’a pas été signalée (OMS). Ce rapport indique que la majorité des cas de transmission de la COVID-19 en Chine se sont produits au sein des ménages. Sur l’ensemble des foyers d’infection étudiés, de 78 à 85 % se trouvaient au sein de ménages, avec un taux d’infection secondaire de 3 à 10 %. L’absence de foyers d’infection importants dans d’autres milieux indique que le mode de transmission de la COVID-19 n’est pas par voie aérienne. À titre de comparaison, le taux d’infection secondaire de la rougeole dans les ménages est supérieur à 90 %. Un article décrivant le suivi actif de 445 contacts étroits des dix premiers cas de COVID-19 aux États-Unis décrit seulement deux cas de transmission secondaire à la suite de contacts étroits avec des membres du ménage. Parmi les 445 personnes qui ont eu un contact étroit, 19 (4 %) étaient des membres du ménage, 104 (23 %) étaient des membres de la communauté qui ont passé au moins 10 minutes à proximité du cas, 100 (22 %) étaient des membres de la communauté exposés dans un établissement de soins et 222 (50 %) étaient des travailleurs de la santé. Le taux d’infection secondaire symptomatique parmi tous les contacts était de 0,45 % (2 sur 445) et le taux d’infection secondaire symptomatique pour tous les contacts du ménage de 10,5 % (2 sur 19) (Burke et coll.). Des études épidémiologiques sur la transmission de la COVID-19 à des milliers de contacts secondaires dans les ménages ont permis de déterminer des taux d’infection variant de 7 à 23 %. Dans le cas des contacts étroits à l’extérieur du ménage, les taux d’infection secondaire sont inférieurs à 1 %. (Bi et coll., Cheng HY et coll., Li W et coll., Wang Y et coll.). La transmission limitée aux contacts à l’extérieur du ménage suggère que le mode de transmission de la COVID- 19 ne se fait pas par voie aérienne. Le taux de reproduction (R0) est moins évocateur d’une propagation par voie aérienne, puisque les infections transmises par voie aérienne ont tendance à avoir un R0 plus élevé. Par exemple, dans un examen systématique (Guerra et coll.), le R0 de la rougeole avant la vaccination était de 6,1 à 27,0, comparativement à la fourchette de R0 (de 2 à 3) signalée pour la COVID-19 (Park et coll.). Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 3
Les études n’ont pas systématiquement réussi à détecter le virus dans les échantillons d’air Plusieurs études portant sur l’échantillonnage de l’air autour de cas confirmés de COVID-19 ne sont pas parvenues à détecter de virus à l’aide de la technique de la réaction en chaîne de la polymérase (RCP) (Cheng V et coll., Faridi et coll., Ong et coll., Wu S et coll.). Santarpia et coll. n’ont pas été en mesure d’effectuer une culture de virus à partir d’échantillons d’air prélevés à l’extérieur des chambres des patients. Cheng V et coll. ont prélevé des échantillons d’air à un débit élevé à 10 cm du menton des patients symptomatiques et asymptomatiques (n=6). Aucun virus viable n’a été détecté par culture à partir des échantillons d’air prélevés. Une étude a détecté le SRAS-CoV-2 par PCR dans 38,7 % des échantillons d’air (14 sur 31) d’un hôpital de Londres, en Angleterre, au plus fort de l’épidémie. Cependant, aucun virus n’a été détecté par culture, ce qui suggère que ces échantillons d’air pourraient ne pas contenir suffisamment de virus pour provoquer la transmission (Zhou et coll.). Une autre étude a détecté le SRAS-CoV-2 par PCR dans 35 % des échantillons d’air (14 sur 40) dans une unité de soins intensifs et dans 12,5 % des échantillons d’air (2 sur 16) des salles de soins généraux dans lesquelles les patients atteints de la COVID-19 étaient traités. Les résultats indiquent que 15 des 16 échantillons d’air prélevés à moins de deux mètres des patients et analysés par PCR étaient positifs, tandis qu’un échantillon sur huit prélevé à une distance de quatre mètres était positif (Guo et coll.). Chia et coll., une étude élargie d’Ong et coll., ont détecté le matériel génétique du SRAS-CoV-2 dans l’air par PCR à moins d’un mètre des patients dans deux des trois chambres d’isolement des infections transmises par voie aérienne. La propagation sur de longues distances n’est pas courante Une enquête sur une éclosion de COVID-19 dans un restaurant de Guangzhou, en Chine, auprès de trois familles qui étaient assises de façon rapprochée pendant plus d’une heure, a déterminé que la ventilation du système de conditionnement d’air a probablement contribué à la transmission des gouttelettes (Lu J et coll.). Bien que cet article soit souvent cité afin de soutenir la thèse de la transmission par voie aérienne du virus de la COVID-19, il existe davantage de données probantes appuyant la transmission par les gouttelettes respiratoires. Dans cette situation, il y a eu entre 53 et 73 minutes de contact étroit entre le cas index présymptomatique et les cas secondaires. Une unité de climatisation fonctionnant en permanence (dont la bouche d’air frais et la bouche d’évacuation d’air étaient à proximité de la table des cas index) se trouvait dans le courant d’air se dirigeant vers les cas secondaires et était dans un environnement clos. Aucun cas secondaire ne s’est produit aux tables adjacentes qui étaient situées hors du « courant d’air » probable. La distance la plus éloignée entre le cas index et les cas secondaires était d’environ trois mètres (les auteurs indiquent que les gouttelettes tombent à une distance de moins d’un mètre, ce qui est assez prudent. Les auteurs ont conclu que la transmission par gouttelettes était en fait le mode le plus probable, avec une propulsion mécanique (et non une propagation par voie aérienne). La transmission minimale aux passagers assis à proximité des cas qui ont voyagé en avion ne permet pas de soutenir la thèse d’une transmission par voie aérienne de la COVID-19 (Schwartz et coll., Chen et coll., Yang N. et coll.). Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 4
Transmission par voie aérienne durant les IMGA Bien que la transmission par voie aérienne n’ait pas été documentée dans les circonstances ordinaires (c’est-à-dire dans les milieux communautaires et dans le cadre des soins habituels aux patients), les interventions médicales générant des aérosols (IMGA) peuvent être liées à un risque accru de transmission (Tran et coll.). Deux études expérimentales ont documenté la stabilité des aérosols du SRAS-CoV-2. Dans le cadre de l’étude menée par van Doremalen et coll., des aérosols ont été créés de façon expérimentale (nébuliseur à trois jets et tambour de Goldberg). On a constaté que le SRAS-CoV-2 pouvait survivre jusqu’à trois heures, appuyant la thèse que les aérosols peuvent jouer un rôle dans la transmission de la COVID-19. Dans le cadre de l’étude menée par Fears et al., des aérosols de trois coronavirus (SRMO, SRAS-CoV-1 et SRAS-CoV-2) ont été créés de façon expérimentale (à l’aide de trois nébuliseurs : Collision 3-jet, Collision 6-jet et Aerogen Soloand). On a constaté que le SRAS-CoV-2 pouvait survivre pendant une période allant jusqu’à 16 heures. Deux séries de cas d’exposition de patients au virus de la COVID-19 pendant des IMGA n’ont pas démontré de transmission aux travailleurs de santé qui utilisaient des précautions contre l’exposition aux gouttelettes et les contacts (Ng et coll., Wong SC et coll.). Lors de l’épidémie de SRAS en 2003, les travailleurs de la santé ont été infectés de manière disproportionnée. Les personnes chargées des interventions médicales générant des aérosols et de la manipulation des voies respiratoires (c’est-à-dire au moment de l’intubation) étaient plus à risque (Booth CM et coll.). Une enquête sur une éclosion nosocomiale de SRAS à Toronto a conclu que les liens épidémiologiques décrits dans l’enquête soutenaient la théorie selon laquelle le SRAS se transmet principalement par les gouttelettes respiratoires et les contacts directs, mais a souligné que la transmission se produisait lors d’interventions à haut risque (c’est-à-dire l’intubation) lorsque seul un masque chirurgical était utilisé, en l’absence de lunettes de protection (Varia et coll.). Les travailleurs de la santé infectés n’étaient pas moins susceptibles de contracter le SRAS en portant un respirateur N95 (par opposition à un masque chirurgical), ce qui suggère que la transmission survenait probablement (par gouttelettes ou contact) lorsque le masque était enlevé (Smith et coll.). Pour obtenir plus de renseignements sur ce que l’on sait à l’heure actuelle sur la COVID-19 et les risques pour les travailleurs de la santé, veuillez consulter le document intitulé Ce que nous savons jusqu’à présent sur… les risques pour les travailleurs de la santé. Membrane conjonctive La transmission par la surface oculaire est considérée comme une voie de transmission possible de la COVID-19 selon un rapport de cas récent et des données probantes indiquant la détection du virus à la surface de l’œil parmi les cas atteints de conjonctivite (Dockery et coll.). Infection acquise par la membrane conjonctive Dans un rapport de cas, les auteurs expliquent qu’un travailleur de la santé qui a été infecté par la COVID-19 après avoir rendu visite à un patient alors qu’il portait un respirateur N95, mais pas de lunettes de protection. Le travailleur de la santé a développé une rougeur des yeux, puis une pneumonie (Lu C et coll.). Dans une méta-analyse effectuée par Chu et coll., on a constaté que les lunettes de protection fournissaient une protection importante contre les infections à coronavirus (rapport de risque non ajusté : 0,34, IC de 95 % : de 0,22 à 0,52), ce qui suggère que la transmission par la Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 5
membrane conjonctive est possible. Pour obtenir plus de renseignements, veuillez consulter le synopsis de l’étude Chu et coll. préparé par SPO. La conjonctivite comme symptôme de l’infection à la COVID-19 - détection d’ARN viral Dans une étude portant sur 30 cas confirmés de COVID-19 atteints de pneumonie, des larmes et des sécrétions conjonctivales ont été prélevées à deux reprises sur chaque patient et analysées au moyen de la technique de la transcriptase inverse-amplification en chaîne de la polymérase (RT-PCR). Un seul patient avait une conjonctivite, l’un des deux échantillons ayant donné un résultat positif à la suite d’une analyse par RT-PCR. Les 58 échantillons restants des autres patients étaient négatifs (Xia et coll.). Dans une étude de 33 patients atteints de la COVID-19 sans manifestation oculaire, l’analyse des prélèvements de sécrétions oculaires de deux patients (6,1 %) a révélé la présence d’ARN viral (Xie et coll.). Wu P et coll. ont signalé que l’analyse des prélèvements de sécrétions conjonctivales de deux patients sur 28 (7,1 %) atteints de la COVID-19 a révélé la présence d’ARN viral et que les deux patients présentaient des manifestations oculaires. Zhang X et coll. ont signalé que de deux des 78 (2,6 %) patients dont l’infection à la COVID-19 a été confirmée en laboratoire avaient une conjonctivite et que l’analyse des sécrétions oculaires de l’un des deux patients a révélé la présence d’ARN viral. Dans une étude prospective de cas en Iran, de l’ARN viral a été détecté chez trois patients sur 43 présentant des manifestations sévères de la COVID-19, dont un ayant une conjonctivite (Karimi et coll.). En Italie, des prélèvements sur la surface de l’œil d’un patient atteint de la COVID-19 ont été analysés presque tous les jours durant son hospitalisation. L’ARN viral a été détecté jusqu’au 21e jour (et le 27e jour) de son hospitalisation (Colavita et coll.). Plusieurs études n’ont pas réussi à détecter la présence d’ARN viral dans les sécrétions oculaires. Récemment, Deng et coll. ont indiqué qu’aucun des prélèvements de sécrétions conjonctivales effectués sur 114 patients atteints de la COVID-19 à des degrés de sévérité variables n’a donné de résultat positif pour la présence d’ARN viral au moyen de la technique de RT-PCR. À Singapour, l’ARN viral n’a pas été détecté dans les larmes prélevées entre le 3e et le 20e jour après l’apparition des symptômes chez 17 patients atteints de la COVID- 19 (dont un présentait des symptômes oculaires) (Seah). La conjonctivite comme symptôme de l’infection à la COVID-19 - détection du virus actif À notre connaissance, l’étude de Colavita et coll. est le seul cas où un virus actif a été isolé à partir de prélèvements conjonctifs et a produit un effet cytopathologique sur les cellules Vero E6. Transmission par les fomites Le virus de la COVID-19 peut survivre sur une variété de surfaces et peut être transmis par des fomites. Le CDC a déclaré ce qui suit : « Il est possible qu’une personne puisse attraper la COVID-19 en touchant une surface ou un objet sur lequel se trouve le virus, puis en se touchant la bouche, le nez ou éventuellement les yeux. On ne pense pas que ce soit le principal mode de propagation du virus, mais nous en apprenons toujours davantage sur la façon dont ce virus se propage. » Les données probantes concernant la transmission du virus de la COVID-19 par des fomites ne sont pas solides, comme le montre le faible taux d’infection des ménages par le virus de la COVID-19 et l’unique étude d’observation qui a émis l’hypothèse que les fomites jouaient un rôle crucial dans la propagation. Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 6
Après une enquête approfondie, comprenant un séquençage génomique complet, portant sur une éclosion survenue dans un établissement et comptant jusqu’à 135 cas nosocomiaux de COVID-19 (dont 88 membres du personnel et 47 patients) en Afrique du Sud, Lessells et coll. ont conclu qu’un patient aux urgences avait probablement propagé l’infection à au moins cinq services hospitaliers, une maison de soins infirmiers et une unité de dialyse ambulatoire sur le campus. Selon le schéma de transmission, les auteurs de ce rapport ont conclu que le contact indirect et la transmission par fomites avaient été les principaux modes de transmission entre les patients, facilités par les déplacements fréquents des patients entre les services. Détection d’ARN viral Des études ont documenté la présence de virus sur des surfaces de l’environnement de patients qui ont reçu un résultat positif à la suite d’un test de dépistage de la COVID-19 (Chia et coll., Jiang et coll., Ong et coll., Wu S et coll.). Dans un hôpital de Wuhan, en Chine, Ye et coll. ont indiqué que les surfaces les plus contaminées étaient les imprimantes en libre-service à l’usage des patients, les claviers et les poignées de porte. En Italie, de l’ARN viral a été détecté sur la surface externe des casques à pression positive continue (CPAP) portés par les patients COVID-19. Cependant, les échantillons inoculés sur des cellules Vero E6 n’ont pas produit d’effet cytopathologique (Colaneri et coll.). Une étude a signalé la présence d’ARN viral sur des surfaces (claviers, téléphones et numériseurs) dans un laboratoire de microbiologie clinique analysant des échantillons respiratoires de patients atteints de la COVID-19 (Bloise et coll.). Stabilité de la surface du virus van Doremalen et coll. ont comparé la stabilité de la surface du SRAS-CoV-2 et du SRAS-CoV-1. Les résultats de cette étude ont récemment été résumés dans un synopsis préparé par SPO. Une dégradation exponentielle du titre viral a été observée dans le cas des deux virus dans toutes les conditions expérimentales : sous un taux d’humidité relative de 40 % et une température de 21 à 23°C, les virus SRAS-CoV-2 et SRAS-CoV-1 étaient détectables pendant une période allant jusqu’à 24 heures sur le carton et jusqu’à deux ou trois jours sur le plastique et l’acier inoxydable. Sur le cuivre, des virus actifs de SRAS-CoV-2 et de SRAS-CoV-1 n’ont pas été détectés après quatre heures et huit heures, respectivement; sur les surfaces, la demi-vie médiane du SRAS-CoV-2 était de 0,7 heure sur le cuivre, de 3,5 heures sur le carton, de 5.6 heures sur l’acier inoxydable et de 6,8 heures sur le plastique. Bien que l’étude de van Doremalen et coll. ait conclu que la transmission par fomites est possible étant donné la détection du SRAS-CoV-2 sur un certain nombre de surfaces, les auteurs n’ont pas démontré qu’elle se produit. Chin et coll. ont étudié la stabilité de la surface du SRAS-CoV-2 à 22°C et à un taux d’humidité relative de 65 %. Le virus infectieux n’a pas pu être détecté sur du papier d’impression et du papier-mouchoir trois heures après leur inoculation. Le virus infectieux n’était plus présent sur le verre ou le papier-monnaie après quatre jours et après sept jours sur le plastique et l’acier inoxydable. Les auteurs ont déclaré ce qui suit : « Le virus est très stable à 4°C, mais sensible à la chaleur. À 4°C, on n’a constaté qu’une réduction d’environ 0,7 d’unité logarithmique du titre infectieux le 14e jour. Lorsque la température d’incubation a été portée à 70°C, le temps d’inactivation du virus a été réduit à 5 minutes... Le SRAS-CoV-2 peut être très stable dans des environnements favorables, mais il est également sensible aux méthodes de désinfection habituelles. » Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 7
Deux études présentent des résultats contradictoires au sujet de la stabilité du SRAS-CoV-2 à différentes températures. Toutefois, des méthodologies différentes ont été utilisées. Kratzel et coll. n’ont constaté aucune différence majeure dans la stabilité du SRAS-CoV-2 sur les surfaces métalliques à 4°C, à la température ambiante (non définie) et à 30°C. Le virus infectieux était encore détectable après 180 heures sur les surfaces métalliques à ces températures. Cette étude a mis le virus en suspension dans une albumine de sérum bovin, ce qui ne représente pas les conditions naturelles. Matson et coll. ont démontré que le SRAS-CoV-2 dans le mucus nasal et les expectorations sur les surfaces était plus stable dans des conditions plus fraîches et moins humides (à 4°C et à un taux d’humidité relative de 40 %) que dans des conditions plus chaudes et plus humides (à 27°C et à un taux d’humidité relative de 85 %). Transmission fécale-orale Même si l’ARN viral et le virus actif ont été détectés dans les selles de patients atteints de la COVID-19, le rôle de la transmission fécale-orale reste incertain. Contexte Dans le cadre des premières enquêtes sur l’épidémie, le SRAS-CoV-2 a été détecté et isolé dans les tissus intestinaux d’animaux infectés (OMS). Les tissus de la cavité buccale contenaient des récepteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ECA2) qui seraient utilisés par le SRAS-CoV-2 pour pénétrer dans les cellules (Xu H et coll.). La présence des récepteurs ECA2 dans les cellules épithéliales gastro-intestinales a également été documentée (Xiao et coll.). Il a été signalé qu’une proportion relativement petite de patients souffraient de diarrhée et de vomissements pendant l’infection à la COVID-19 (Chen N et coll., Guan et coll., Wang D et coll.), et que certains cas présentaient des symptômes gastro-intestinaux en l’absence de symptômes respiratoires (Hosoda et coll., Song Y et coll.). Pour obtenir plus de renseignements sur la transmission fécale-orale, veuillez consulter le document intitulé Ce que nous savons jusqu’à présent sur… la transmission fécale-orale. Détection d’ARN viral Diverses études indiquent que l’ARN du SRAS-CoV-2 a été détecté dans les selles (Chen L et coll., Chen Y et coll., Han et coll., Pan Y et coll., Tang et coll., Wu et coll., Xu Y et coll.), avec une excrétion pendant trois semaines dans certains cas (Han et coll., Wu et coll., Xu Y et coll.). La sévérité de la COVID-19 n’a pas été associée à la durée de l’excrétion virale dans les selles. Un rapport de cas a révélé la détection de l’ARN du SRAS-CoV-2 et la coloration intracellulaire de la protéine de la nucléocapside virale dans les épithéliums gastrique, duodénal et rectal, démontrant que le SRAS-CoV-2 infecte ces cellules épithéliales glandulaires gastro-intestinales (Xiao et coll.). Dans une étude de cohorte à Hong Kong, 15 patients atteints de la COVID-19 sur 59 (25,4 %) présentaient des symptômes gastro-intestinaux et l’ARN viral a été détecté chez neuf de ces patients (Cheung et coll.). Les auteurs ont effectué une méta-analyse supplémentaire sur 4 243 patients atteints de la COVID-19, parmi lesquels la prévalence des symptômes gastro-intestinaux était de 17,6 % (IC de 95 % : de 12,3 à 24,5) et de la présence d’ARN viral dans les selles était de 48,1 % (IC de 95 % : de 38,3 à 57,9). Un examen systématique a permis de constater que dans les études combinées, les échantillons de selles de 53,9 % des patients atteints de la COVID-19 (291 sur 540) révélaient la présence d’ARN viral (Gupta et coll.). La durée de l’excrétion fécale variait d’un à 33 jours après les prélèvements négatifs d’écouvillons nasopharyngés. Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 8
Dans une méta-analyse, Wong MC et coll. ont signalé un taux de détection cumulée d’ARN viral dans les échantillons de selles des patients de 43,7 % (IC de 95 % : de 32,6 à 55,0). Le document de la mission conjointe OMS-Chine souligne que l’ARN viral a été détecté dans les selles de jusqu’à 30 % des patients dès le cinquième jour suivant l’apparition des symptômes et, dans certains cas, pendant quatre à cinq semaines (OMS). Détection du virus actif Des virus actifs auraient été cultivés à partir de selles pendant plusieurs semaines (p. ex. Wang W et coll., Xiao, Sun et coll., Zhang Y et coll.). Il est important de noter que les contrôles positifs et négatifs dans ces études n’ont pas été définis. Transmission par le sang Même si l’ARN viral a été détecté dans le sang, le rôle de la transmission par le sang reste incertain. Plusieurs études indiquent que l’ARN du SRAS-CoV-2 a été détecté dans le plasma ou le sérum (p. ex. Chan et coll., Han et coll., Huang C et coll., Wang W et coll.). En Allemagne, l’ARN viral n’a pas été détecté dans le sang total ou le sérum de 18 patients asymptomatiques et symptomatiques atteints de la COVID-19. Cependant, de l’ARN viral (ARN de faible niveau : 179 copies/mL) a été détecté dans le plasma d’un patient (Corman et coll.). Pour obtenir plus de renseignements sur la transmission par le sang, veuillez consulter le document intitulé Ce que nous savons jusqu’à présent sur… la transmission par le sang. Transmission verticale À ce jour, certaines données suggèrent que la transmission verticale de la COVID-19 peut se produire de la mère à l’enfant. Toutefois, la littérature n’a signalé jusqu’à maintenant aucun cas confirmé (c’est-à- dire de détection du SRAS-CoV-2 dans le tissu ou dans le sang du cordon ombilical). Les séries de cas signalés suggèrent que cela n’est pas courant et les rapports de cas indiquent que cela peut se produire seulement dans certaines conditions. Les études énumérées ci-dessous n’ont montré aucune preuve de transmission verticale. Une méta-analyse portant sur 87 femmes enceintes atteintes de la COVID-19 n’a recensé aucune preuve de transmission verticale (Kasraeian et coll.). Un examen systématique portant sur 310 naissances n’a recensé aucune preuve de transmission verticale (Huntley et coll.). Dans une étude portant sur 60 femmes enceintes atteintes de la COVID-19, aucun des 23 nouveau-nés n’a reçu un résultat positif après un test de PCR; aucun des nouveau-nés n’a contracté la COVID-19 par l’allaitement et l’ARN viral n’a pas été détecté par un test de PCR dans le tissu placentaire (Pereira et coll.). Khan et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après que trois femmes atteintes de la COVID-19 aient accouché naturellement. Les enfants avaient un poids de naissance normal, une taille normale et un indice d’Apgar normal, et ils ont reçu un résultat négatif au SRAS-CoV-2 après un test de PCR. Yan et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale chez 99 femmes atteintes de la COVID-19 (diagnostic clinique et confirmation en laboratoire). Aucun des enfants (n=100) n’a reçu un résultat positif à la COVID-19 après un test de PCR. Qiancheng et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale chez 28 femmes enceintes et 23 nouveau-nés. Tous les nouveau-nés ont reçu un résultat négatif aux deux tests de PCR et aucun ne présentait des symptômes de pneumonie. Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 9
Zhu H et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après que neuf femmes atteintes de la COVID-19 aient accouché. Les résultats ont été confirmés à l’aide d’une analyse par PCR de prélèvements oropharyngés effectués entre un et neuf jours après la naissance chez neuf des 10 nouveau-nés et aucune preuve de transmission verticale n’a été constatée. Fan et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après que deux femmes atteintes de la COVID-19 aient accouché. Les deux nouveau-nés étaient en bonne santé et ils ont reçu un résultat négatif après un test de PCR. Chen R et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après que 17 femmes atteintes de la COVID-19 aient accouché par césarienne. Trois naissances étaient prématurées, mais les nouveau-nés pesaient plus de 2 500 g et les enfants ont pu quitter l’hôpital en bonne santé après une brève période d’observation à l’unité de soins intensifs néonatals. L’absence d’infection a été confirmée à l’aide d’une analyse par PCR de prélèvements nasaux effectués le lendemain de la naissance et la veille de leur départ. Chen H et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après que neuf femmes atteintes d’une pneumonie liée à la COVID-19 aient accouché par césarienne. Un test de PCR n’a pas permis de détecter le SRAS-CoV-2 dans le liquide amniotique, le sang du cordon ombilical, le lait maternel ou les prélèvements oropharyngés des nouveau-nés. Chen Y, Peng H, et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale chez trois femmes enceintes atteintes de la COVID-19. Les nouveau-nés ont reçu un résultat négatif après une analyse par PCR de prélèvements pharyngés. Liu Y, Chen H, et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après que 10 femmes atteintes de la COVID-19 aient accouché par césarienne. Il n’y avait aucune preuve clinique ou sérologique suggérant une transmission verticale (le test sérologique utilisé n’était pas précisé). Li Y et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après qu’une femme atteinte de la COVID-19 ait accouché par césarienne. L’analyse par PCR d’un prélèvement oropharyngé, obtenu immédiatement après la naissance, a indiqué que le nouveau-né était négatif. Au cours des deux jours suivants, l’écouvillon oropharyngé du nourrisson, ainsi que les échantillons de sang, de selles et d’urine se sont révélés négatifs au SRAS-CoV-2 pendant toute la durée des analyses par PCR, à sept moments différents. Xiong et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale chez un enfant né par voie vaginale d’une mère atteinte de la COVID-19. L’analyse par PCR du liquide amniotique, d’un prélèvement oropharyngé du nouveau-né et d’un prélèvement rectal n’a détecté aucune présence d’ARN viral. Liu W et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale après l’accouchement de 19 mères atteintes de la COVID-19 (diagnostic clinique et confirmation en laboratoire). L’analyse par PCR des prélèvements chez les nouveau-nés (écouvillons oropharyngés, urine, selles) s’est révélée négative. L’analyse par PCR du liquide amniotique et du lait maternel a aussi donné un résultat négatif. Yang P et coll. n’ont signalé aucune transmission verticale chez sept femmes enceintes atteintes de la COVID-19. L’analyse par PCR des prélèvements oropharyngés des nouveau-nés et du liquide amniotique s’est révélée négative. Les études énumérées ci-dessous fournissent certaines preuves que la transmission verticale de la COVID-19 peut se produire. Knight et coll. mentionnent les résultats d’une étude prospective d’une cohorte fondée sur la population nationale faisant appel au système de surveillance obstétrique du Royaume-Uni (UKOSS), qui comprenait 427 femmes enceintes hospitalisées avec une infection confirmée au SRAS-CoV-2. Douze (5 %) des 265 nourrissons, dont 6 dans les 12 heures suivant la naissance, ont reçu un résultat positif au SRAS-CoV-2 à la suite d’une analyse par PCR. Aucune analyse virale n’a été effectuée sur le sang du cordon ombilical, le placenta ou les sécrétions vaginales. Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 10
Les pratiques de prévention et de contrôle des infections après la naissance n’ont pas été décrites. Zeng L et coll. ont signalé une possible transmission verticale chez trois de 33 nouveau-nés dont les mères étaient atteintes d’une pneumonie confirmée liée à la COVID-19. Les auteurs indiquent qu’étant donné que « des mesures rigoureuses de contrôle et de prévention des infections ont été mises en place pendant l’accouchement » [traduction], il est probable que la source de l’infection soit maternelle, mais aucun détail n’a été fourni à ce sujet. Les nouveau- nés ont été diagnostiqués à la suite d’une analyse par PCR des écouvillonnages effectués au deuxième jour de leur vie. Zeng H et coll. ont signalé une possible transmission verticale chez deux de six nouveau-nés dont les mères atteintes d’une pneumonie liée à la COVID-19 ont accouché par césarienne à l’hôpital Zhongnan de l’université de Wuhan. Toutes les mères portaient un masque et tout le personnel médical portait des combinaisons de protection et des masques doubles. Les nouveau-nés ont été isolés de leur mère immédiatement après l’accouchement. Les prélèvements oropharyngés néonatals et les échantillons de sang prélevés à la naissance ont tous donné des résultats négatifs au test de PCR. Des anticorps ont été détectés dans le sérum des six nouveau-nés. Deux d’entre eux avaient des concentrations d’immunoglobulines IgG et IgM supérieures à la normale (
Sun et coll. ont signalé une transmission verticale possible chez l’une des trois mères atteintes de la COVID-19. Le nouveau-né a reçu un résultat positif après une analyse par PCR au sixième jour de sa vie. Cependant, on ne sait pas si la transmission s’est produite lors de la césarienne, en salle d’opération ou de réveil, ou lorsque la mère était soignée par sa famille. Gordon et coll. ont signalé un cas possible de transmission verticale du SRAS-CoV-2 par une mère qui présentait, à 32 semaines de gestation, de la fièvre, de la toux et une lymphopénie. Elle a également reçu un résultat positif au SRAS-CoV-2 après l’analyse par PCR d’un prélèvement. Le bébé est né par césarienne pratiquée d’urgence et a été séparé immédiatement de sa mère qui portait un masque pendant l’accouchement. Le bébé est resté à l’unité de soins intensifs néonatals et n’a eu aucun contact avec la mère, le père ou un membre de la famille. Alors que le premier prélèvement analysé par PCR était négatif au premier jour de sa vie, le nourrisson a reçu un résultat positif après l’analyse par PCR d’un prélèvement lors des 4e, 14e et 21e jours. Kirtsman et coll. ont signalé un cas de transmission verticale probable d’une infection au SRAS- CoV-2 chez un nouveau-né né d’une mère qui a reçu un résultat positif au SRAS-CoV-2 après une analyse par PCR d’un prélèvement nasopharyngé et qui a fait l’objet de mesures de précaution contre les contacts, les gouttelettes et la transmission par voie aérienne. La mère avait des antécédents familiaux de neutropénie, de diabète gestationnel et d’infections bactériennes fréquentes et présentait de la fièvre, des myalgies, une diminution de l’appétit, de la fatigue et de la toux dans les 24 heures précédant son hospitalisation. Le bébé est né par césarienne semi-urgente et a été placé dans un appareil de réanimation à deux mètres de la mère. L’écouvillon nasopharyngé s’est révélé positif au SRAS-CoV-2 après une analyse par PCR à la naissance, au 2e jour et au 7e jour. Le plasma néonatal analysé par PCR s’est révélé positif au 4e jour et les selles au 7e jour. Cependant, le SRAS-CoV-2 n’a pas été détecté par PCR sur le tissu du cordon ombilical, tandis que le sang du cordon n’a pas été analysé. Preuve du rôle du placenta. Li M et coll. a constaté que l’ECA2 (le récepteur auquel le SRAS-CoV-2 se fixe pour pénétrer dans les cellules) était fortement exprimé dans les cellules de l’interface mère- fœtus dans le placenta et également exprimé dans des types de cellules spécifiques du cœur, du foie et du poumon du fœtus humain, mais pas dans le rein. Ce résultat était fondé sur des données de séquençage d’ARN unicellulaire (scRNA-seq) disponibles en ligne qui ont été utilisées pour évaluer l’expression cellulaire spécifique de l’ECA2. Patanè L et coll. ont conclu que de l’ARN viral a été trouvé après une analyse par PCR sur le côté fœtal du placenta chez deux mères infectées par la COVID-19. Des prélèvements nasopharyngés effectués à la naissance des deux enfants se sont également révélés positifs après une analyse par PCR. Hosier et coll. ont analysé le placenta d’une femme au cours de son deuxième trimestre qui présentait des symptômes de la COVID-19 compliqués par une prééclampsie et un décollement placentaire. Le SRAS-CoV-2 a été détecté par PCR principalement dans les cellules syncytiotrophoblastes à l’interface materno-fœtale du placenta. Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 12
Transmission par allaitement À l’heure actuelle, il n’existe aucune preuve indiquant qu’il y a une transmission de la COVID-19 de la mère à l’enfant pendant l’allaitement. Bien que l’ARN viral ait été détecté par PCR de façon occasionnelle dans des études portant sur le lait maternel, aucun virus actif n’a été détecté et il n’y a aucun cas documenté indiquant que le lait maternel a été le mode de transmission à un nourrisson. Toutefois, pendant l’allaitement, une mère infectée peut transmettre la COVID-19 à l’enfant par des gouttelettes respiratoires et par contact étroit. Dans plusieurs études portant sur des mères atteintes de la COVID-19, l’ARN viral n’a pas été détecté dans le lait maternel à la suite d’une analyse par PCR (p. ex. Chen H et coll., Dong et coll., Liu W et coll., Li Y et coll.). Un rapport de cas a détecté de l’ARN viral par PCR dans le lait maternel d’une mère allaitante atteinte de la COVID-19 (Tam et coll.). L’enfant allaité a développé des symptômes un jour après sa mère, et il a alors reçu un résultat positif après l’analyse par PCR d’un prélèvement nasopharyngé. Dans ce cas, la voie de transmission n’a pu être établie. Groß et coll. ont signalé une étude portant sur deux femmes qui ont reçu un résultat positif au SRAS-CoV-2 à la suite d’analyse par PCR après leur accouchement et qui allaitaient. Le lait maternel de l’une des deux femmes s’est révélé positif après une analyse par PCR de 10 à 13 jours après la naissance. Aucune culture de virus n’a été tentée et sa viabilité est donc inconnue. Les deux nourrissons ont reçu un résultat positif au SRAS-CoV-2 après une analyse par PCR (les 8e et 11e jours), mais on ne sait pas si l’allaitement a causé l’infection chez l’un des nourrissons, car les deux femmes et les nourrissons avaient partagé une chambre pendant un certain temps après l’accouchement. Dans une série d’études auprès de cinq femmes enceintes, l’ARN viral a été détecté dans le lait maternel d’une femme après une analyse par PCR (Zhu C et coll.). Dans une autre étude portant sur deux patientes, de l’ARN viral a été détecté par PCR chez une mère allaitante (Costa et coll.). Cependant, aucune des deux études n’a tenté de cultiver le virus et et sa viabilité est donc inconnue. Transmission par voie sexuelle Jing et coll. ont examiné la littérature portant sur l’expression de l’ECA2 dans l’appareil reproducteur féminin et a noté la présence des récepteurs de l’ECA2 dans le vagin. Les récepteurs de l’ECA2 sont également présents dans les testicules (Wang and Xu). Même si les récepteurs du SRAS-CoV-2 sont présents dans les organes reproducteurs, il n’existe actuellement aucune donnée probante concernant la transmission de la COVID-19 par voie sexuelle, et aucun virus actif n’a été détecté dans le sperme ou les sécrétions vaginales. Cependant, la transmission par voie sexuelle peut se produire par contact direct et par le biais de gouttelettes respiratoires et de salive. Li et coll. ont signalé que l’ARN viral présent dans le sperme de 15,8 % (6 sur 38) des patients atteints de la COVID-19. Des échantillons ont été prélevés sur deux patients cliniquement guéris et quatre patients au stade aigu de l’infection. L’ARN viral a été détecté par PCR jusqu’à 16 jours après l’apparition des symptômes. Pour obtenir plus de renseignements, veuillez consulter le synopsis de l’étude de Li et coll. préparé par SPO. Plusieurs études n’ont pas réussi à détecter l’ARN viral de la COVID-19 par PCR dans le sperme et les sécrétions vaginales de patients et patientes atteints de la COVID-19 (Pan et coll., Qiu et coll., Song C et coll.). Dans un rapport de cas en Italie, l’ARN viral n’a pas été détecté par PCR dans le sperme et l’urine d’un cas confirmé de COVID-19 (Paoli et coll.). Les voies de transmission de la COVID-19 : ce que nous savons jusqu’à présent 13
Vous pouvez aussi lire