MÉMOIRE - Les effets de la pandémie sur la santé mentale au Bas-Saint-Laurent - t - Collectif régional de développement du Bas-Saint ...

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MÉMOIRE
t

                           Déposé auprès du

              Ministère de la Santé et des Services sociaux

     Les effets de la pandémie sur la santé mentale
                   au Bas-Saint-Laurent

                               rédigé par

                               Marc Fraser

                                  pour

    La Table régionale des élu(e)s municipaux du Bas-Saint-Laurent
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1. Présentation de l’organisation

La Table régionale des élu(e)s municipaux du Bas-Saint-Laurent (TREMBSL) a été créée
en mai 2019. Ce lieu de concertation regroupe les huit préfets et préfètes des MRC
baslaurentiennes et les dix maires et mairesses des cités régionales ou des municipalités
de centralité. Dans le cadre de son mandat, la Table aspire à :

   -   Être l’interlocutrice politique privilégiée de toute une région auprès des
       gouvernements supérieurs.
   -   Améliorer la concertation et la coordination des actions politiques des élu.e.s
       municipaux.
   -   Assurer un leadership accru en matière de développement régional ainsi qu’une
       plus grande complémentarité des différents mandats régionaux interpellant les
       élu.e.s municipaux.
   -   Favoriser la cohésion régionale, notamment avec les leaders de la société civile
       dans l’identification des priorités régionales.
   -   Promouvoir les priorités régionales auprès des élu.e.s provinciaux, fédéraux et
       municipaux.
   -   Définir des projets structurants répondant aux besoins des organismes et de la
       population du Bas-Saint-Laurent.

Les membres de la TREMBSL sont :

   Préfets et    Rivière-du-Loup              Michel Lagacé (président)
   préfètes      Kamouraska                   Yvon Soucy
                 Témiscouata                  Guylaine Sirois
                 Basques                      Bertin Denis
                 Rimouski-Neigette            Francis St-Pierre
                 La Mitis                     Bruno Paradis (membre de l’exécutif)
                 La Matapédia                 Chantale Lavoie
                 La Matanie                   Andrew Turcotte

   Maires et     Matane                       Jérôme Landry
   mairesses     Amqui                        Pierre D’Amours (vice-président)
                 Mont-Joli                    Martin Soucy
                 Rimouski                     Marc Parent
                 Trois-Pistoles               Jean-Pierre Rioux
                 Témiscouata-sur-le-Lac       Gaétan Ouellet

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Dégelis                   Normand Morin
               Rivière-du-Loup           Sylvie Vignet
               St-Pascal                 Rénald Bernier (membre de l’exécutif)
               La Pocatière              Sylvain Hudon

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2. Sommaire

Depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire en mars 2020, le gouvernement du
Québec et la direction de la Santé publique nationale ont déployé une série de mesures
pour freiner la propagation du coronavirus. Celles-ci ont eu un impact important sur la
qualité de vie et la santé mentale des citoyens et citoyennes. Les effets néfastes ont
particulièrement été ressentis par les personnes déjà vulnérables, comme celles
confrontées à des problématiques de santé physique ou mentale, d’abus et de violence
domestique, de dépendance, de toxicomanie, d’isolement, de solitude ou une situation de
pauvreté et d’exclusion sociale.

Les élus municipaux du Bas-Saint-Laurent sont particulièrement préoccupés par la santé
globale de la population qu’ils représentent. Sans être des spécialistes ni vouloir s’y
substituer, ils perçoivent une augmentation significative du stress, de l’anxiété, de la
détresse et la fragilisation des populations les plus vulnérables sur leur territoire, en
contexte de pandémie. Ils craignent également que ce traumatisme collectif laisse des
traces pour longtemps chez les personnes affectées.

C’est dans ce contexte qu’en collaboration avec des organismes du milieu 1, la Table
régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent dépose ce mémoire au ministère de
la Santé et des Services sociaux. Elle y présentera un bref portrait de la situation au Bas-
Saint-Laurent et proposera les pistes de solution qui émergent du milieu.

3. L’évolution de la pandémie au Bas-Saint-Laurent

Après le confinement strict du printemps 2020, la région a bénéficié d’une classification
jaune, puis orange, qui permettait aux Bas-Laurentiens de jouir de certaines libertés. Elle
a connu un automne beaucoup plus difficile, notamment lors de la rentrée scolaire.
D’autres éclosions importantes se sont déclarées en novembre, principalement causées
par des rassemblements privés ou publics, au moment où la plupart des autres régions
étaient déjà passées au rouge.

Le 7 décembre, les MRC de l’est de la région (La Matanie, La Matapédia, La Mitis et
Rimouski-Neigette) passaient au rouge. Puis, le 17 décembre, c’est toute la région qui
virait au rouge jusqu’au 11 janvier, à l’instar du reste du Québec. La prolongation des
mesures et l’ajout du couvre-feu du 9 janvier au 8 février 2021 ont été plus difficiles à
accepter par la population qui s’est toutefois ralliée à cet effort collectif. Or, depuis ce
temps, le nombre de cas au Bas-Saint-Laurent ne cesse de chuter, se situant en bas de
cinq par jour.

1
  Table de concertation des personnes aînées du BSL, Alliances du BSL, les centres de prévention du
suicide et de crise du BSL, COSMOSS BSL, Travail de rue BSL et Escouade 24/7.

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Le parcours sinueux, tout en montagnes russes, de cette pandémie suscite en soi
beaucoup de stress chez les Bas-Laurentiens. Inquiets pour leur sécurité financière et
leurs relations sociales, il leur est difficile de se projeter dans un avenir incertain.
L’imposition de mesures qui ne sont pas au diapason de la situation sanitaire régionale
exacerbe leur sentiment de perte de contrôle. La population comprend difficilement
pourquoi le système d’évaluation par couleur qu’on lui a proposé ne s’applique plus
lorsque les choses vont mal ailleurs et bien chez eux.

https://www.facebook.com/patrickdery72, 1er février 2021.

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RECOMMANDATIONS :

    - Assurer une cohérence entre les mesures déployées et la classification par
    paliers.

    - Limiter les déplacements interrégionaux pour protéger les régions moins
    touchées par le coronavirus.

    - Lors d’un changement de palier, appuyer cette décision sur les critères qui ont
    été établis.

    - Si l’approche par paliers n’est plus la stratégie retenue, présenter rapidement
    à la population les nouveaux critères sur la base desquels les décisions seront
    prises.

    - S’assurer qu’un maximum d’informations soient disponibles au moment de
    l’annonce des mesures afin d’éviter les interprétations hasardeuses et les
    questionnements.

4. Les impacts de la pandémie sur la santé mentale

Les Bas-Laurentiens n’échappent pas à la grande déprime qui affecte le Québec en ces
temps de pandémie. Dans un article récent, le vice-président de l’Association des
psychologues du Québec, Gaëtan Roussy, qualifie cet état de « burn-out » collectif : « La
pandémie affecte beaucoup les gens, à divers degrés. On note en général plus d’états
dépressifs et une montée des symptômes anxieux dans la population. » 2

Voyons des tableaux de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)3 qui
illustrent cette situation à la page suivante:

2
 https://www.journaldemontreal.com/2021/01/24/les-quebecois-seraient-atteints-dun-burn-out-collectif?
3
 https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/sante-mentale-janvier-
2021.

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Les données spécifiques pour le Bas-Saint-Laurent ne sont pas disponibles, puisqu’elles
sont compilées dans la rubrique « petites régions », avec l’Abitibi-Témiscamingue, la
Côte-Nord, la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et le Nord-du-Québec.

Notons également que ces données, les plus récentes publiées, datent d’avant l’imposition
du couvre-feu et du resserrement des mesures de confinement.

5. L’importance des rapports sociaux pour la santé mentale

           D’ordinaire, un psychologue qui rencontre un patient qui souffre de ces
           symptômes (anxiété, stress, dépression) va lui recommander de sortir, de
           se divertir et de voir des gens. Allez donc leur recommander ça en ce
           moment! Tout est fermé. Même une marche dehors le soir, c’est difficile!
                      Gaëtan Roussy, vice-président de l’Association des psychologues du Québec

En effet, la principale manière de sortir d’un état anxieux ou dépressif demeure de sortir
de l’isolement, de se confier à des personnes de confiance et de se divertir pour retrouver
le plaisir de vivre, tout le contraire de ce qui est préconisé en période de confinement.

À cet égard, les données de l’INSPQ à la page suivante illustrent bien la réduction
drastique des contacts sociaux depuis la mise en place des mesures de confinement.4

4
    https://www.inspq.qc.ca/covid-19/donnees/connect/janvier-2021.

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5.1 La situation des aînés

Les contacts sociaux ont diminué de 63 % dans toutes les catégories d’âge. La situation
des personnes de 65 ans et plus est toutefois préoccupante, puisque leurs contacts étaient
déjà très en deçà de la moyenne nationale, à un peu plus de trois par jour. Pendant le
congé des Fêtes, on compte à peine plus d’un contact par jour, ce qui correspond à la
cible fixée par le gouvernement.

On sait que ce segment de population est particulièrement vulnérable à la COVID-19,
représentant 80 % des hospitalisations et 95 % des décès. Mais il est également celui qui
est le plus isolé socialement. Il faut donc préserver un minimum de contacts sociaux pour
les aînés. Lors du premier confinement, les municipalités, de même que le CISSSBSL,
ont mis en place des réseaux pour maintenir le contact avec les aînés, ne serait-ce que par
téléphone.

Une des façons de maintenir les contacts en temps de pandémie consiste à passer par les
outils technologiques qui permettent de se voir pour converser, pour peu que ces outils
soient disponibles considérant leur coût relativement élevé.5 Or, l’accès à des services
Internet de qualité demeurent extrêmement problématique en région. De plus, l’utilisation
de ces outils n’est pas toujours facile pour des personnes plus âgées.

5
  L'enquête NETendances rendue publique par l'Académie de la transformation numérique (ATN) précise
que pour 81 % de la population québécoise de 65 ans et plus, les technologies aident à briser l'isolement en
favorisant les interactions sociales. À cet effet, le courriel (66 %) est l'outil de communication en ligne le
plus utilisé par les personnes âgées québécoises pour échanger avec leurs proches. Les visioconférences sur
Internet ou les appels vidéo sont passés de 23 % à 36 %, alors que la messagerie intégrée aux réseaux
sociaux a progressé de 31 % à 37 %.

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La situation des personnes hospitalisées ou hébergées dans des milieux de vie est
également préoccupante, alors que le réconfort apporté par les proches est primordial. Les
mesures pour favoriser l’accès aux proches aidants ont répondu en partie à cet enjeu.
Toutefois, une personne seule, qui se retrouve hospitalisée et qui n’a pas fait homologuer
un proche aidant officiel, peut facilement se retrouver dans une situation de grande
vulnérabilité et d’isolement.

Certains milieux de vie ont appliqué de manière très rigide les recommandations de la
Santé publique, au point où les contacts entre les résidents et les visites ont pratiquement
été abolis. Il semble préférable de déployer des stratégies permettant le maintien des liens
sociaux, dans le respect des mesures de distanciation et d’hygiène, pour contrer
l’isolement, lorsque l’établissement n’est pas en situation d’éclosion.

Le Bas-Saint-Laurent est la deuxième région la plus âgée du Québec, après la Gaspésie
qui compte cependant deux fois moins d’habitants. Selon le Centre de prévention du
suicide et d'intervention de crise du Bas-St-Laurent, le nombre d’aînés en détresse est
croissant et cette tendance s’est établie bien avant la pandémie. La situation nécessite des
mesures énergiques pour briser l’isolement des aînés. Une des voies identifiées est le
déploiement d’activités et de milieux de vie intergénérationnels qui valorisent tant les
jeunes que les aînés. La Table de concertation des personnes aînées du Bas-Saint-
Laurent, qui a mené des consultations au printemps 2020, en a d’ailleurs fait l’un des
neuf objectifs que nous présentons ici6 :

    -   Concevoir des actions intergénérationnelles
        Les participants (à l’exercice de consultation) remarquent les impacts positifs des
        activités impliquant la présence de jeunes et d’aînés. Ils déplorent également le
        faible transfert de connaissances entre ces deux populations. Il ressort une
        nécessité de concevoir des actions réalisées avec une vision « familiale » (ex :
        infrastructure, aménagement)

    -   Poursuivre les efforts d’information
        Les participants sont préoccupés par la perte de soutien financier pour les
        Carrefours d’information aux aînés, alors que la plate-forme leur semblait
        efficace. Des efforts doivent être consentis afin de centraliser les informations
        importantes pour les personnes aînées, d’en favoriser l’accès, tout en modernisant
        les médiums utilisés (réseaux sociaux, site internet).

    -   Briser l’isolement
        L’isolement est un facteur de maltraitance et représente une réalité omniprésente
        dans le Bas-Saint-Laurent, compte tenu de la superficie du territoire et des défis
        de transport. Des participants relèvent que la présence d’animateurs en HLM ou
        autres résidences aide grandement à favoriser la création de relations.

    -   Agir en prévention et en promotion

6
 Table de concertation des personnes aînées du Bas-Saint-Laurent, Enjeux rencontrés par les personnes
âgées du Bas-Saint-Laurent, inventaire des bons coups et perspectives envisagées, mars 2020.

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Plusieurs participants remarquent qu’il y a une baisse d’actions de prévention et
       de promotion, après des années productives en ce sens. Il est suggéré d’envisager
       le projet de « Vieillir en santé » comme une composante d’une « communauté en
       santé ».

   -   Avoir le souci de pérenniser les actions et projets mis en place
       Plusieurs milieux vivent des difficultés à prendre en charge ou entretenir les
       projets porteurs qui ont été mis en place par le passé, faute de moyens ou de
       ressources.

   -   Favoriser l’accessibilité des services et des activités
       Beaucoup de personnes aînées du Bas-Saint-Laurent vivent à faible revenu. Il leur
       est difficile, voire impossible d’avoir accès aux services qui leur sont dédiés.
       Comment tenir compte des réalités financières des aînés dans la mise en place des
       services, dans l’accessibilité aux activités?

   -   Agir face à la maltraitance vécue par des personnes aînées
       Beaucoup de participants ont partagé leur préoccupation quant aux maltraitances
       vécues par les personnes aînées, et plus particulièrement de la complexité des
       moyens de s’y adresser. Beaucoup subissent la maltraitance au risque d’être
       abandonnés. D’autres ont peur des représailles familiales, de voisinage. Aussi, il a
       été question des maltraitances institutionnelles, qui peuvent se manifester dans la
       manière d’appliquer des règlementations, comme celles qui touchent les
       placements en CHSLD (éloignement du conjoint et des proches et autres).

   -   Soutenir les proches aidants
       Beaucoup de participants ont nommé leurs inquiétudes quant à la présence de
       proches aidants pour être présents auprès des personnes aînées. Ils ont nommé
       également diverses problématiques méritant selon eux une attention particulière :
       risques d’épuisement, hyper-responsabilité des conjoint-e-s, nécessité de services
       de répit, de soutien psychosocial.

   -   Offrir des conditions de sécurité aux personnes aînées
       Une importance a été mise sur le voisinage d’entraide pour soutenir le sentiment
       de sécurité des personnes aînées. Il a été nommé que les principales sources
       d’insécurité des personnes aînées ont lieu au niveau des soucis de transport, de
       déplacement, ainsi que dans le domaine des abus et de la maltraitance.

Rappelons également que 60 % des aînés de cinq des huit MRC du Bas-Saint-Laurent
reçoivent le supplément de revenu garanti. Ce manque de ressources financières induit
une précarité qui augmente le stress et l’anxiété chez les personnes de 65 ans et plus, tout
en limitant leur capacité à se déplacer et à profiter des activités de loisir.

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RECOMMANDATIONS :

  - Déployer et financer des initiatives qui permettent de maintenir le contact avec
  les aînés dans les communautés.

  - Valoriser les aînés en tant que membres actifs de la communauté en luttant
  contre l’âgisme.

  - Soutenir des initiatives, des activités et des milieux de vie qui favorisent les
  rapports intergénérationnels.

  - Augmenter les services d’aide à domicile, tant au niveau des entreprises
  d’économie sociale que du réseau de la santé, afin de lutter contre l’isolement
  des aînés en situation de pandémie ou d’isolement social, et ainsi contribuer au
  maintien de leur santé physique et mentale.

  - Déployer des services Internet de qualité et abordable sur le territoire du Bas-
  Saint-Laurent.

  - Offrir des services de formation gratuits sur les outils de communication
  numérique aux aînés.

  - Simplifier l’accès à l’information et l’information elle-même pour favoriser
  l’utilisation des services et programmes.

  - Établir des protocoles en milieux de vie et dans les centres hospitaliers qui
  favorisent les liens sociaux, dans le respect des règles de distanciation et
  d’hygiène.

  - Investir dans le soutien aux proches aidants et faciliter leur présence auprès de
  leurs proches, dans le respect des mesures sanitaires.

  - Favoriser les contacts extérieurs puisque le risque de contagion est moindre.

       5.2 Les jeunes

À une étape où la socialisation est au centre du projet de vie, les jeunes souffrent
particulièrement du confinement. Il faut aussi se rappeler que la santé mentale de nos
jeunes n’était déjà pas reluisante avant la pandémie. En 2017, 29,3 % des élèves du
secondaire au Québec présentaient un niveau de détresse psychologique élevé, une

Mémoire TREMBSL : Effets de la pandémie sur la santé mentale au BSL           Page 16
proportion qui s’élevait à 25,7 % au Bas-Saint-Laurent. Les filles sont plus touchées que
les garçons, affichant un taux de 36,1 %.7

Selon l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux, les effets documentés
de la pandémie de la COVID-19 sur la santé des enfants et des adolescents sont : le
sentiment de solitude et d’ennui, le sentiment de peur et la hausse des symptômes
d’anxiété et de stress. En raison des besoins physiologiques, psychologiques et
développementaux particuliers des jeunes, les effets anticipés pourraient s’avérer plus
problématiques et durables que ceux observés chez les adultes.8

Les étudiants à temps complet semblent particulièrement touchés par les effets
psychosociaux de la pandémie (31 % des étudiants à temps complet sondés perçoivent
leur santé mentale comme « passable » ou « mauvaise »).9

L’organisme COSMOSS (une Communauté Ouverte et Solidaire pour un Monde Outillé,
Scolarisé et en Santé), qui œuvre en concertation principalement avec les organismes
jeunesses, familles, municipaux et les établissements scolaires du Bas-Saint-Laurent,
identifie les enjeux suivants :

•   La situation familiale et le soutien social : détresse parentale, maltraitance et
    violence familiale, isolement social, surexposition aux informations médiatiques en
    lien avec la COVID-19 qui exacerbe l’anxiété.
•   Au Bas-Saint-Laurent, le recrutement de psychologues est très difficile : les
    affichages se font en continu sans que l’on parvienne à combler les postes.
•   Les ressources d’aide en santé mentale se retrouvent principalement dans le réseau
    public et pas suffisamment au sein d’organismes communautaires en proximité avec
    les jeunes.
•   Les demandes de services spécialisés en santé mentale jeunesse sont en
    augmentation et les délais d'accès s'allongent. Les services en santé mentale
    jeunesse sont trop peu financés dans notre région, avec un financement qui a
    comme base 100 000 de population et qui tient peu compte de la réalité de notre
    immense territoire de 22 000 km2.

7
   Fiche sociosanitaire du Bas-Saint-Laurent, 6 octobre 2020. https://www.cisss-bsl.gouv.qc.ca/vivre-en-
sante/etat-de-sante-de-la-population/fiche-sociosanitaire-par-reseau-local-de-services.
8
   INESSS Juin 2020. Réponse rapide. COVID-19 et les moyens ou interventions mis en place pour limiter
les conséquences négatives des mesures restrictives sur le développement et le bien-être des jeunes
9
  https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/sante-mentale-janvier-
2021

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RECOMMANDATIONS :

 - Agir tôt : préparer les parents à la coparentalité, agir dès la grossesse pour
 favoriser le bon développement de l’enfant, détecter rapidement avec une
 évaluation systématique des enfants susceptibles de présenter des vulnérabilités
 développementales, intensifier les programmes préscolaires et scolaires. Par
 exemple, le projet scolaire impactant et en pleine conscience d’Édith Levasseur est
Recommandations
 déployé largement dans notre région depuis 2017, et les résultats sont
 remarquables.

     - Soutenir financièrement la mise œuvre d'interventions de promotion et de
     prévention de la santé mentale en milieu scolaire secondaire et
     postsecondaire. Par exemple, le programme DéStresse et Progresse qui s’adresse
     aux jeunes qui font la transition du primaire au secondaire.

     - Privilégier l’action intersectorielle : des milieux de vie concertés et engagés
     pour atteindre un niveau élevé de bien-être émotionnel et psychosocial chez les
     jeunes et leurs familles.

     - Arrimer les actions prioritaires sur les déterminants d’une santé mentale
     positive, tant individuels qu’environnementaux (aménagements favorisant
     l'activité physique, logements sécuritaires et abordables, climat scolaire, soutien
     social). Poursuivre les gestes posés en temps de pandémie dans le futur pour
     éviter que ces initiatives positives ne tombent dans l’oubli.

     - Agir précocement, en amont, auprès de la personne atteinte de problèmes de
     santé mentale, mais aussi auprès de ses enfants.

          5.3 Les jeunes adultes

Les 18-24 ans sont particulièrement affectés par la pandémie, alors que leur score élevé
de détresse psychologique a connu une hausse fulgurante entre mars 2020 et le début de
l’année 2021, passant de 27 à 39 %. 10

Grâce à l’implication de plusieurs partenaires, dont le monde municipal, le Bas-Saint-
Laurent compte sur un réseau de travailleurs et travailleuses de rue depuis 10 ans. Ces
intervenants fonctionnent principalement en mode « outreach » et accompagnent
majoritairement des personnes de 12 à 35 ans, dans une proportion de 73 %. Ce service

10
  https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/sante-mentale-janvier-
2021

Mémoire TREMBSL : Effets de la pandémie sur la santé mentale au BSL                         Page 18
est essentiel, puisqu’il permet d’atteindre un segment de population qui se tourne peu ou
tardivement vers le réseau de la santé et des services sociaux. Les travailleurs et
travailleuses de rue interviennent tant en amont et qu’en aval du réseau de la santé.
Voyons quelques chiffres pour comprendre l’ampleur de leur impact :

2020-2021 (6 mois), excluant la MRC Rimouski-Neigette

4117 interventions
5714 personnes rejointes

Préoccupations psychosociales (plus de 50 % des sujets mentionnés)
1253 x la santé mentale (7%)
798 x hébergement logement (4,5%)
773 x conso d’alcool-drogue-médoc (4,3%)
426 x dépendance alcool drogue médoc (2,4%)
213 x cyberdépendance (1,2%)
455 x violence abus intimidation (2,5%)
432 x deuils et questionnements (2,4%)

Avec une majorité d’interventions en « écoute, soutien et échange », les travailleurs de
rue appliquent exactement ce qui est préconisé par l’Association des psychologues du
Québec. Or, le gouvernement du Québec annonçait récemment 100 M$ d’investissements
supplémentaires en santé mentale, dont 19 M$ pour déployer un service de « sentinelles »
destinées à l’intervention terrain.

« Un montant de 19 millions de dollars sera consacré à la création et à l'implantation
d'équipes sentinelles sur le terrain. Ces équipes iront à la rencontre des clientèles
vulnérables et déploieront des actions de prévention, promotion, détection et
d'intervention précoce des problématiques psychosociales. »11

11
  http://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-
66587.html

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Le réseau des travailleurs et travailleuses de rue du Bas-Saint-Laurent est préoccupé par
le risque de dédoublement, dans un contexte où son propre financement n’est toujours pas
pérennisé. Le gouvernement aurait donc tout intérêt à optimiser les structures régionales
déjà en place, afin d’opérer les nouveaux programmes. Cela apparaît d’autant plus
important dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre spécialisée identifiée
précédemment.

                                      RECOMMANDATIONS :

     - Privilégier les approches terrains de type « outreach » pour agir en amont et en
     aval du réseau de santé et services sociaux en matière de santé mentale.

     - Éviter le dédoublement en consultant les concertations régionales sur les
     initiatives déjà en place pour que les nouvelles initiatives soient
     complémentaires.

     - Éviter de créer de nouvelles structures pour des services déjà reconnus au sein
     de la population ou d’utiliser des termes déjà connotés pour désigner de
     nouveaux services, comme dans le cas de « sentinelle » qui désigne les bénévoles
     formés en prévention du suicide.

     - Pérenniser et consolider le réseau de travail de rue du Bas-Saint-Laurent en lui
     confiant le mandat d’approche terrain, tel qu’annoncé par le Ministre Carmant.

6. La prévention du suicide

Les tentatives de suicide et les décès par suicide témoignent d’un niveau de détresse élevé
au sein d’une population. Or, entre 2012 et 2016, le Bas-Saint-Laurent affichait un taux
de mortalité par suicide déjà supérieur à celui du Québec, avec 14,5 décès par 100 000
pour notre région, contre 13,9 pour l’ensemble du Québec. Le taux ajusté
d’hospitalisation en courte durée pour des tentatives de suicide était également beaucoup
plus élevé, à 6,3 pour 10 000, contre 3,5 pour le Québec. Les hommes sont
particulièrement touchés par le suicide, avec une mortalité de 24,7 par 100 000, contre
4,2 pour les femmes de la région.12

Au Bas-Saint-Laurent, on compte deux organisations qui œuvrent à la prévention du
suicide : le Centre de Prévention du Suicide et d’Intervention de Crise du Bas-Saint-
Laurent et le Centre de prévention du suicide du KRTB. En plus d’assurer les services de
la ligne 1 866-APPELLE 24 heures sur 24 et sept jours par semaine, ils offrent des
services d’accompagnement personnalisé, de la formation en prévention et en
12
     Fiche sociosanitaire du Bas-Saint-Laurent, 6 octobre 2020.

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intervention auprès des personnes à risque suicidaire, des interventions en postvention
dans les entreprises, les milieux scolaires ou familiaux et la production d’outils de
prévention destinés à l’ensemble de la population.

Dans les deux organisations, on constate une augmentation considérable du taux de
séparations ou de ruptures amoureuses depuis l’arrivée de la pandémie, ce qui suscite de
la détresse et de la vulnérabilité. Elles confirment la fragilisation d’une grande partie de
la population qui est confrontée à la perte d’emploi, l’isolement, l’augmentation de
l’anxiété et du stress.

Depuis le début de la pandémie, la pression est donc croissante sur ces organisations qui
manquent cruellement de moyens pour y répondre. Les ressources humaines et
financières sont très limitées et le personnel est à bout de souffle. Les dépenses
d’opération augmentent beaucoup plus rapidement que l’indexation du soutien financier
gouvernemental. Lorsque de nouvelles ressources sont attribuées, elles sont
principalement dirigées vers le réseau de la santé et des services sociaux.

La pandémie pose aussi des défis technologiques, puisque l’intervention se fait davantage
à distance, par le biais d’outils informatiques souvent désuets. Un virage important doit
être pris à cet effet.

Pour pallier le manque de financement public, les organisations doivent consacrer
beaucoup d’énergie à la recherche de fonds dans la communauté, entrant ainsi dans une
compétition fort inégale avec des fondations privées comme Bell, au détriment de la
réalisation de leur mission première.

Le financement public supplémentaire est disponible principalement par le biais de
nouveaux projets qui demandent ensuite à être pérennisés, sans bonification suffisante du
financement de base.

Avec la pandémie, on constate le déploiement de programmes et de fonds fédéraux sans
arrimage avec le niveau provincial. Les organismes craignent que cela crée de la
confusion et que, loin d’accroître les ressources disponibles, il voit leur subvention du
Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) amputée d’autant.

Mémoire TREMBSL : Effets de la pandémie sur la santé mentale au BSL                Page 21
RECOMMANDATIONS :

 - Consolider et appuyer le développement des organismes de prévention du
 suicide en assurant un soutien financier adéquat et récurrent à la mission, plutôt
 que par projet.

 - Augmenter les ressources humaines pour répondre à la demande croissante de
 services au sein de la population et éviter l’épuisement du personnel déjà en
 place.

 - Soutenir davantage la formation et le déploiement des sentinelles en prévention
 du suicide, en attribuant les ressources nécessaires aux organismes en place et en
 organisant des campagnes de promotion et de sensibilisation à l’échelle
 provinciale.

 - Mettre en place un programme d’aide financière non remboursable pour
 renouveler les parcs informatiques et les outils technologiques permettant aux
 organismes de prévention du suicide de poursuivre leur mission en contexte de
 pandémie.

7. Les centres de crise

On compte également deux centres de crise au Bas-Saint-Laurent : le Centre de
Prévention du Suicide et d’Intervention de Crise du Bas-Saint-Laurent précité et la
Bouffée d’air du KRTB. Ils offrent de l’hébergement de crise et de transition à court
terme, du soutien personnalisé, de l’accompagnement, du référencement aux personnes
aux prises avec une situation difficile, vulnérables, qu’elles aient un problème de santé
mentale ou non, et ce, sept jours sur sept et 24 heures par jour.

La pandémie a eu des impacts néfastes pour ces organisations et les personnes qu’elles
accompagnent. Plusieurs de ces personnes hésitent à faire appel aux services
d’hébergement, de peur d’attraper la COVID-19. De plus, l’application des règles
sanitaires strictes pour de tels milieux a considérablement augmenté la tâche des
intervenants, déjà surchargés, et réduit de beaucoup à la capacité d’accueil. À la Bouffée
d’air, la capacité est passée de 9 à 6 personnes, entraînant des choix difficiles : moins de
dépannages pour les personnes en situation d’itinérance sont dorénavant effectués.

Là aussi, le personnel est à bout de souffle. Le travail s’effectue dans l’urgence et les
demandes de rapports sur l’état de la situation se multiplient. Du financement
supplémentaire a été accordé (+ ou – 45 000 $ par organisme), mais dans le cadre de
projets. Ce type de soutien donne l’impression que la production de paperasse est
priorisée sur le service rendu à la population.

Mémoire TREMBSL : Effets de la pandémie sur la santé mentale au BSL                Page 22
Les personnes vulnérables, qui ont déjà beaucoup de difficulté à suivre les consignes en
temps normal, craignent de se retrouver en état d’infraction. Port du masque,
distanciation physique et sociale, couvre-feu, autant de règles qu’ils pourraient
transgresser…

Ces organisations reconnaissent toutefois que le gouvernement du Québec et la Direction
nationale de la Santé publique ont appris du premier confinement et que le maintien des
activités des groupes communautaires, avec intervention en présence si cela s’avère
nécessaire, est une excellente initiative.

Pour ces organismes, il faut que le gouvernement du Québec instaure un véritable virage
pour faire de la santé mentale une priorité nationale. Il importe de sortir d’une logique de
rentabilité absolue pour promouvoir des valeurs de solidarité humaine et d’inclusion.
C’est en développant une telle culture, ce type de projet de société, que les gens pourront
affronter cette crise et les suivantes, tout en maintenant une santé mentale digne de ce
nom.

                               RECOMMANDATIONS :

 - Consolider et appuyer le développement des centres de crise en assurant un
 soutien financier adéquat et récurrent à la mission, plutôt que par projet.

 - Augmenter le soutien financier pour embaucher des ressources humaines en
 quantité suffisante pour répondre à la demande croissante de service au sein de
 la population et éviter l’épuisement du personnel déjà en place.

 - Diminuer la lourdeur administrative et adopter un mode de gestion basé sur la
 confiance et la responsabilité des partenaires.

 - Mettre en place un programme d’aide financière non remboursable pour
 renouveler les parcs informatiques et les outils technologiques permettant aux
 centres de crise de poursuivre leur mission en contexte de pandémie.

 - Promouvoir la santé mentale et en faire une priorité nationale.

 - Promouvoir des valeurs de solidarité humaine et d’inclusion.

 - Privilégier les groupes de soutien en présence, dans le respect des règles de
 distanciation et d’hygiène.

 - Maintenir la possibilité d’adapter les mesures à la situation de la personne en
 état de détresse ou affligée par une maladie mentale, de telle sorte que le «
 remède » ne soit pas plus dommageable que le mal qu’il entend combattre.

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8. L’Escouade 24\7

Ce projet pilote a été mis en place par les centres de crise du Bas-Saint-Laurent, en
collaboration avec le CISSSBSL, en octobre 2018. Le service s’inspire du modèle des
pompiers volontaires. Il permet à une douzaine d’intervenants psychosociaux sur appel
d’intervenir 24 heures sur 24, sept jours par semaine, en face à face sur l’ensemble du
territoire baslaurentien. Cette approche limite le recours à la Loi P-38, puisqu’on déplace
l’intervenant plutôt que la personne en crise.

L’Escouade répond donc à la directive ministérielle demandant une réponse immédiate
en présence pour les personnes en situation de crise. Lors de sa mise en place, on
s’attendait à une centaine d’interventions par année. Dans les faits, on en effectue en
moyenne plus de 200 par année.

Les intervenants de l’Escouade s’inquiètent particulièrement de la longue période qui
s’écoule entre le référencement, le premier appel de contact par le CLSC et la prise en
charge médicale. Le contact par le CLSC est très rapide, mais il y a un vide par la suite.

Le financement récurrent du projet est aussi une source de préoccupation. Bien que
reconduit pour une année supplémentaire, le financement provenant du CISSSBSL ne fait
l’objet d’aucune entente à moyen ou long terme.

                                     RECOMMANDATIONS :

     - Miser sur des approches alternatives comme l’Escouade 24/7 pour offrir du
     soutien immédiat et en face à face aux personnes en situation de crise.

     - Offrir du soutien personnalisé, adapté et de proximité aux personnes en crise.

     - Intervenir en toute transparence, en intégrant la personne aux décisions qui la
     concerne, lorsque cela est possible.

     - Assurer un suivi médical rapide lorsqu’une personne qui a vécu une situation
     de crise est référée.

     - Assurer un financement récurrent de cette initiative qui répond aux exigences
     ministérielles sur le territoire baslaurentien.

9. Les organismes communautaires

En 2019-2020, le Bas-Saint-Laurent comptait 127 organismes communautaires œuvrant
en santé et services sociaux reconnus par le CISSSBSL.13 Chacun d’eux contribue au
13
     CISSSBSL, Rapport annuel de gestion 2019-2020, p. 146.

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maintien de la santé mentale de la population en offrant des réseaux d’écoute, de partage,
de soutien psychosocial et d’entraide. La pandémie a durement frappé les membres de ces
organismes, les personnes qui bénéficient généralement de leurs services et les
intervenants et intervenantes qui y travaillent.

Ces organismes constituent un filet social essentiel pour la population du Bas-Saint-
Laurent, d’autant plus en contexte de pandémie. Ils ont notamment participé activement à
la mise en place de cellules de crise, en collaboration avec le CISSSBSL, le monde
municipal et les ministères concernés, dans chacune des MRC. Ces cellules ont déployé
des trésors d’imagination pour adapter les services à la situation et venir en aide à la
population. Comme nous le disions précédemment, des fonds d’urgence ont été attribués,
sans garanti de reconduction.

Or, dans un contexte où les besoins de la population sont exacerbés, on observe aussi
diverses formes de détresse au sein des équipes, allant du découragement à l’épuisement
professionnel.

L’annonce d’un investissement de 100 M$ supplémentaires pour contrer les
problématiques de santé mentale est bien accueillie par les organismes communautaires.
Ils s’interrogent toutefois sur la manière dont ce montant sera réparti pour soutenir leurs
actions.

                              RECOMMANDATIONS :

 - Intégrer les organismes communautaires de la région dans le Plan d’action
 interministériel en santé mentale.

 - S’assurer de bonifier leur financement à la mission dans le cadre de
 l’attribution de l’investissement supplémentaire de 100 M$.

 - Poursuivre la stratégie de bonification du Programme de soutien aux
 organismes communautaires pour atteindre un niveau de financement qui leur
 permettra de réaliser pleinement leur mission.

 - Reconnaître l’expertise et l’approche communautaires comme des leviers
 importants pour contrer les problématiques de santé mentale.

 - Assurer la pérennité des initiatives novatrices mises en place en temps de
 pandémie pour assurer un meilleur soutien à la population.

Mémoire TREMBSL : Effets de la pandémie sur la santé mentale au BSL               Page 25
10. Les enjeux systémiques

La crise sociosanitaire dans laquelle le monde est plongé nous a révélé la fragilité de
notre réseau de santé et l’importance de la santé mentale pour la résilience de notre
société. Comme l’indiquait une intervenante dans le cadre des consultations qui ont mené
à la rédaction de ce mémoire : « Ce n’est pas comme si on était entré dans cette crise avec
une santé mentale fleurissante. Il faut absolument changer de paradigme si on veut
affronter les prochaines crises dans un meilleur état. »

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la dépression majeure deviendra
bientôt la deuxième cause d’invalidité chez l’humain, après les maladies cardio-
vasculaires. Cela constitue un bond phénoménal depuis quelques années. Un travailleur
sur deux qui va s’absenter du travail en raison de troubles de santé mentale va être absent
pour une moyenne de treize jours ou ne reviendra jamais au travail. En moyenne, les
coûts associés pour une absence d’environ quarante jours, par employé, sont de l’ordre de
dix mille dollars. Une étude récente attribue à la dépression en milieu de travail des coûts
de l’ordre de 4,5 milliards $ canadiens. 14

Le phénomène de l’écoanxiété, la pression de performance, la chambre à écho des médias
sociaux, la réalisation de soi qui passe par la consommation, le discours alarmiste des
médias à sensation, l’insécurité financière, la culture de la satisfaction instantanée et de la
stimulation constante, sont autant de facteurs omniprésents qui peuvent affecter la santé
mentale de notre population.

Le temps est au jugement, le ton, menaçant. Les élus, municipaux et autres, sont bien
placés pour le savoir, victimes de propos de plus en plus irrespectueux quand il ne s’agit
pas carrément de menaces. La pression qui s’exerce sur eux en décourage plusieurs qui
abandonnent leur charge ou qui la limitent dans le temps.

La santé mentale ne peut plus être le parent pauvre de notre santé globale. Que ce soit
dans nos milieux de travail, à l’école, dans chacune de nos politiques, de nos
aménagements et de nos décisions, il faut en faire la promotion, la mettre au centre de nos
préoccupations.

                                      RECOMMANDATIONS :

     - Analyser l’ensemble des politiques gouvernementales sous l’angle de la santé
     mentale.

     - Faire la promotion d’une saine santé mentale et lutter contre la stigmatisation
     des personnes confrontées à des problématiques de santé mentale.

     - Augmenter considérablement les sommes investis pour contrer les
     problématiques de santé mentale.

                                                                      : lel’importance
                                                                           rôle du cortisol, de
14-Dre
     Mandater      la CNESST
        Sonia J. Lupien,           pour
                         Différencier      faire la» de
                                      le « Burnout   promotion      sur
                                                        la dépression                            préserver
                                                                                             Institut d’étude sur
  la  santé  mentale     des  travailleurs   et travailleuses    du   Québec.
le stress humain, https://www.stresshumain.ca/stress-et-vous/travailleurs/burnout-vs-depression/.

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11. Conclusion

La Table régionale des élu(e)s municipaux du Bas-Saint-Laurent (TREMBSL) remercie
les parlementaires de l’occasion qui lui a été offerte de présenter le fruit de ses réflexions
et celles de ses partenaires sur les enjeux de santé mentale au Bas-Saint-Laurent. Il salue
l’initiative du ministère de la Santé et des Services sociaux de lancer cette consultation
non partisane sur le futur Plan d’action interministériel en santé mentale. Au moment de
compléter ce mémoire, on apprenait toutefois le démantèlement du Centre d’excellence
en santé mentale. Il y a là un message contradictoire et il y a lieu de s’interroger s’il
n’aurait pas été plus sage d’attendre la fin des consultations avant de prendre une telle
décision.

En terminant, les membres de la TREMBSL réitèrent leur engagement à contribuer aux
actions gouvernementales visant à améliorer la qualité de vie des Bas-Laurentiennes et
Bas-Laurentiens. Ils offrent leur entière collaboration aux ministères qui seront impliqués
dans l’actualisation de ce plan d’action et restent disponibles pour favoriser son arrimage
avec les initiatives déjà déployées dans la région.

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