Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot - passerelle
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Prénom : Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 1 L’hôtesse de l’air se penche vers Marie. – Marie ! Réveille-toi ! Nous allons atterrir à Bogota. La petite fille ouvre les yeux. Elle se sent un peu perdue ! – Où sont mes parents ? demande-t-elle. – Tu as oublié ? s’étonne l’hôtesse. Tes parents sont restés en France. Un sourire illumine le visage de la fillette. Maintenant, elle se souvient ! Elle part en vacances en Colombie. Son oncle José et son cousin Ricardo l’attendent à l’aéroport. - Nous arrivons dans vingt minutes, dit l’hôtesse. Attache ta ceinture ! Marie colle son nez contre le hublot. Son regard plonge vers la mer immense qui brille sous le soleil. La côte apparaît bientôt, avec des bateaux minuscules et des plages de sable blanc. L’avion atterrit et la petite fille retrouve son oncle à la sortie de l’aéroport. – Comme tu as changé ! s’exclame José. Tu es une vraie demoiselle maintenant ! – Ricardo n’est pas venu me chercher ? s’étonne Marie, un peu déçue. – Il est très malade, répond l’oncle. Il a été mordu par une araignée rouge. Les médecins ne savent pas comment le soigner. Tout en marchant, l’oncle et sa nièce arrivent devant un vieux camion stationné sur le parking. – Il est un peu rouillé mais il roule très bien, dit José. Je m’en sers pour transporter les fèves de cacao de la plantation. Si tu veux, tu viendras en cueillir avec moi. - On fera du chocolat ? demande Marie. - Faire du chocolat, c’est trop compliqué ! s’exclame l’oncle. On en achètera à l’épicerie. - Est-ce qu’on ira se promener dans la forêt ? demande Marie. - On fera beaucoup mieux ! répond l’oncle. J’ai prévu un petit voyage dans un engin extraordinaire ! - Un engin extraordinaire ? Qu’est ce ? Une soucoupe volante ? - Ce n’est pas une soucoupe volante, mais ça lui ressemble, répond mystérieusement l’oncle. Tu auras la surprise quand nous arriverons chez nous ! Le camion roule maintenant depuis plusieurs heures sur la route qui mène à la plantation.
Prénom : Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 2 - A Paris il faisait froid, mais ici, il fait drôlement chaud ! murmure Marie. Et pourtant, c’est bientôt Noel ! - Ici, il fait toujours chaud, explique l’oncle. Il n’y a que deux saisons : la saison sèche et la saison des pluies. On ne connaît ni le froid ni la neige ! - Voilà une rivière ! s’écrie soudain Marie. Est-ce que je peux aller me tremper les pieds dedans, pour me rafraichir ? - C’est dangereux, répond l’oncle. Ici, ce n’est pas comme en France. Dans les fleuves, il y a des alligators et des piranhas. Dans les forêts, il y a des a des jaguars et des serpents. Il faut toujours faire très attention ! Le camion se gare enfin devant une bâtisse blanche. - Va vite embrasser ton cousin, dit l’oncle. Il est impatient de te revoir. Marie trouve Ricardo allongé dans son lit. Son visage est pâle et ses yeux sont cernés. - Je n’ai pas de chance, murmure le garçon. Il y a quelques jours, un indien est venu nous vendre un perroquet capturé dans la jungle. Je n’ai pas vu l’araignée qui était cachée dans sa cage. Elle m’a mordu et depuis je suis très malade. - J’espère que tu vas bientôt guérir, dit Marie. - Papa a acheté un ballon à gaz ! s’exclame soudain Ricardo. Quand je serai guéri, on pourra survoler la forêt amazonienne ! - Oui, mais tu n’es pas encore guéri, dit oncle José. Alors en attendant, repose toi ! La nuit tombe. Marie mange rapidement puis elle va se coucher. De la fenêtre de sa chambre, elle découvre le gros ballon qui se balance lentement dans le vent. C’est un vrai ballon ! Il mesure au moins dix mètres de haut. Une corde le maintient au sol. Soudain, Marie aperçoit Ricardo assis dans la nacelle du ballon ! - Mais que fait-il ! s’exclame la petite fille. Je vais lui dire de retourner dans son lit. Elle sort de sa chambre, descend de la cour et d’approche du ballon. - Si ton père nous voit, il va se mettre en colère ! dit Marie. Tu ferais mieux de… - Monte avec moi, coupe Ricardo. Je vais t’expliquer comment ça marche. Marie hésite mais elle monte dans la nacelle. Soudain, Ricardo fait semblant de détacher la corde ! - Regarde ! Nous partons vers les nuages ! Soudain, une lumière s’allume dans le salon. Marie panique. Elle veut sortir de la nacelle mais ses pieds se prennent dans la corde. Elle tire sur un nœud qui se défait, et le ballon s’envole ! Il dépasse le toit de la ferme et s’enfuit vers les étoiles ! Ricardo essaie de faire redescendre le ballon mais le vent est trop fort et il n’y arrive pas. Marie crie mais personne ne l’entend.
Prénom : Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 3 - On ne peut rien faire, dit Ricardo. Il suffit d’attendre. Le ballon finira bien par redescendre sur terre. La nuit est longue, froide et effrayante. Le ballon survole des régions sans lumière. Les deux enfants se sont recroquevillés dans le fond de la nacelle, et ils restent bien serrés l’un contre l’autre pour ne pas avoir froid. Marie pense à ses parents et a envie de pleurer. Que diraient-ils s’ils la savaient perdue dans les nuages au dessus de l’Amazonie ? Le soleil apparaît enfin à l’horizon. Marie se réveille. Elle s’appuie contre le bord de la nacelle et découvre la forêt amazonienne qui défile sous ses pieds. Les arbres sont si serrés qu’on ne voit même pas le sol. Le ballon frôle dangereusement les branches les plus hautes. Soudain, un grand fleuve apparaît et le ballon descend lentement vers l’eau. Marie secoue son cousin. - Ricardo, réveille-toi ! hurle la petite fille. Nous allons tomber dans l’eau ! Ricardo a d mal à se réveiller. Il a de la fièvre et ses mains tremblent. Un choc ébranle soudain la nacelle. Elle vient de toucher quelque chose à la surface de l’eau. - Nous avons touché un tronc d’arbre, dit Marie. On pourrait peut-être… Marie termine sa phrase par un cri d’horreur : le tronc d’arbre vient d’ouvrir une gueule énorme plantée de centaines de dents pointues ! - Ce…Ce n’est pas un tronc d’arbre bredouille Marie. C’est un crocodile ! Le monstre plante ses crocs dans la nacelle et il la secoue pour l’entraîner au fond de l’eau. - Au secours ! Au secours ! hurle Marie. Un crocodile veut nous dévorer ! Au secours ! Malheureusement, il n’y a pas grand monde dans la jungle. Seuls les singes et les perroquets répondent à son appel ! Le crocodile se met en colère. Il fouette l’eau avec sa queue. Ses crocs déchirent l’osier et la nacelle commence à couler. - Au secours ! Au secours ! hurle Marie désespérée. Ricardo réagit enfin. Il se lève et frappe le crocodile avec une corde, mais le monstre s’en moque bien ! Soudain…
Prénom : Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 4 …une pirogue approche, dirigée par des hommes armés d’arcs et de lances. Ils s’approchent du ballon et piquent le crocodile avec leurs armes. L’animal comprend qu’il a perdu la partie et il préfère s’enfuir. Marie et Ricardo parviennent à monter dans la pirogue. Un jeune indien leur parle en espagnol. Ricardo connaît bien cette langue mais il n’a pas la force de répondre. - Je m’appelle Tumi, dit l’Indien. Je vais vous emmener dans mon village. Le village est au bord du fleuve et la pirogue y arrive rapidement. Tummi emmène aussitôt les deux enfants dans sa case. C’est une grande cabane en bois recouverte de larges feuilles. L’intérieur est très sombre. Le sol et en terre battue et un feu réchauffe la pièce. Tumi se demande pourquoi Ricardo est si malade. Quand il apprend qu’il a été mordu par une araignée rouge, il sort de la case et revient quelques minutes plus tard accompagné d’une vieille femme nommée Tita. - Dans la forêt, il y a beaucoup de plantes qui servent à faire des médicaments, explique Tita. Pour guérir, tu dois boire une infusion faite avec ces feuilles. Elle jette quelques feuilles brunes dans un bol d’eau bouillante. Ricardo hésite mais il accepte de boire ce médicament étrange. Ensuite, des femmes leur apportent à manger dans un grand plat en bois. Marie a très faim et elle dévore tout ce qu’on lui donne. Elle ne sait pas que c’est du singe bouilli et du serpent grillé ! Après le repas, Ricardo se sent beaucoup mieux. Il remercie les Indiens et dit qu’il aimerait bien rentrer chez lui. - Je vais vous emmener en pirogue jusqu’à la ville, dit Tumi. Là-bas, vous trouverez sûrement un téléphone pour appeler votre famille ! Marie et Ricardo embarquent aussitôt dans une longue pirogue dirigée par six hommes. Marie n’est pas rassurée. Elle a peur d’être à nouveau attaquée par un crocodile ! Soudain, une longue forme grise saute juste à côté du bateau. - Encore un crocodile ! s’écrie Marie. - Mais non, répond Ricardo. C’est un dauphin d’eau douce. Il y en a beaucoup dans le fleuve Amazone.
Prénom : Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 5 Le voyage dure plusieurs heures. Marie se laisse bercer par les mouvements de la pirogue. Elle écoute les perroquets jacasser dans les arbres qui bordent le fleuve. - J’ai l’impression que la nuit va tomber. Est-ce que nous arrivons bientôt ? demande-t- elle. - Nous arriverons demain, répond Ricardo. - Alors nous allons voyager toute la nuit ? s’étonne Marie. - Non, nous allons camper dans la forêt, au bord du fleuve, explique Ricardo. - Mais…je n’ai pas mon pyjama ! s’exclame la petite fille. - Ce n’est pas grave, tu dormiras toute habillée ! répond Ricardo en riant. Une heure plus tard, la pirogue s’arrête au bord du fleuve. En quelques minutes, les Indiens coupent des branches et fabriquent un abri pour se protéger de la pluie qui commence à tomber. Ensuite, ils partent chercher de la nourriture. - Moi, je mangerais bien un bifteck haché avec des frites et de la sauce tomate, dit Marie. - Je ne crois qu’ils vont en trouver, répond Ricardo. Dans la jungle, on se nourrit de viande fraîche et de fruits. C’est tout ! Effectivement, les Indiens ne reviennent pas avec de la viande hachée mais avec un oiseau et une poignée de gros vers blancs. - Qu’est ce que c’est que cette horreur ? s’exclame Marie. - Ce sont des larves d’insectes, explique Ricardo. Les Indiens les mangent crues. Il paraît que c’est très bon ! Tu ne veux pas goûter ? Marie répond par une grimace et va se coucher sur son lit de feuilles, sans manger. Malgré la fatigue, elle a beaucoup de mal à s’endormir. Les moustiques la piquent sans arrêt et elle a l’impression que des milliers d’araignées grimpent le long de ses jambes. Et puis la forêt n’est pas silencieuse ! On entend des craquements de branches, des froissements de feuilles, des bruits de pas…Marie est terrorisée mais finit quand même par s’endormir.
Marie en Amazonie Prénom : Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 6 Le lendemain matin, Marie se réveille, épuisée. Elle aimerait un bon petit déjeuner avec des biscottes et de la confiture, mais on ne lui propose que deux larves et un morceau d’aile d’oiseau ! Pas de petit déjeuner pour elle ! Le voyage reprend et, à la fin de la matinée, la pirogue arrive enfin à la ville. - Je vous laisse ici, dit Tumi. Moi je n’aime pas la ville. Je préfère retourner dans mon village. Marie et Ricardo se retrouvent seuls, au milieu d’une foule qui les ignore. Le garçon décide d’aller au poste de police. Devant la porte, il y a un gros sergent moustachu. Ricardo lui raconte son histoire. - Quoi ! s’exclame le policier. Tu t’es envolé dans un ballon ? Tu as été attaqué par un crocodile, et aussi mordu par une araignée rouge ? Et tu es venu jusqu’ici en pirogue avec des Indiens ? Arrête de raconter n’importe quoi et sauve-toi vite avant que je te jette en prison ! Le bonhomme ne semblait pas présenter : Ricardo préfère ne pas insister. - Qu’est ce qu’on va faire ? demande Marie. On ne va pas rentrer à pied quand même ! Un petit garçon s’approche alors. - Vous avez des problèmes, mes amis ? demande-t-il en espagnol. - Qui es-tu ? demande Ricardo. - Je m’appelle Pablo, j’ai six ans et je connais la ville comme ma poche. Est-ce que je peux vous aider ? - Je dois téléphoner à mes parents mais je n’ai pas d’argent, explique Ricardo. - Pas de problème, répond Pablo. Suivez-moi. Tout en marchant, Pablo raconte son histoire. Il a été abandonné très jeune par ses parents, et il vit dans la rue, comme des milliers d’autres enfants. Il ne va jamais à l’école. Il mendie ou il vole pour gagner un peu d’argent. Le soir, il va dormir dans une gare, avec d’autres enfants des rues. Le trio arrive à la gare. Pablo se dirige vers une cabine téléphonique. - Mais je n’ai pas de pièces ! dit Ricardo. - Pas de problème ! répond Pablo. Il sort un fil de fer tordu de sa poche, le glisse dans la fente de l’appareil…et Ricardo peut téléphoner !
Prénom : Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 7 José est soulagé de savoir que les enfants sont en bonne santé. Il est aussi très étonné d’apprendre qu’ils sont dans une ville à deux cents kilomètres de la plantation ! Dès que Ricardo a raccroché, Marie se précipite vers lui. - Ton père va venir nous chercher ? demande-t-elle, très inquiète. - Oui, il sera là ce soir, répond Ricardo. - En attendant, venez avec moi sur la colline, propose Pablo. On regardera le soleil se coucher depuis la forêt. Les enfants grimpent une ruelle qui monte sur la colline. La pente est forte et Pablo a du mal à monter. Ricardo le prend par la main pour l’aider. - Tu es fort, dit Pablo. J’aimerais bien avoir un grand frère comme toi. Ils arrivent au sommet de la colline et s’installent sous un arbre. De là, la vue est magnifique. Le soleil descend lentement vers l’horizon et ses derniers rayons enflamment la forêt de reflets rouges et jaunes. Pablo sort un petit harmonica de sa poche et commence à jouer de la musique. - Tu joues bien mais ta musique est triste, remarque Marie. Tu ne connais pas un air plus gai ? - Je joue de la musique triste parce que ma vie est triste, répond Pablo. Vous, vous allez rejoindre votre famille, mais moi je vais retourner dans la rue. Personne ne s’intéresse à moi. - Moi, je trouve que tu es très courageux, répond Ricardo. J’aimerais bien avoir un petit frère comme toi. Pablo ne dit rien. Il continue de jouer de l’harmonica mais il a les larmes aux yeux. Le soleil est couché depuis longtemps lorsque les enfants redescendent à la gare. Oncle José est déjà là. Il se précipite vers Marie et Ricardo le serre dans ses bras. - Comme vous m’avez fait peur ! s’exclame t-il. Mais heureusement, vous voilà tous les deux en bonne santé ! Rentrons vite à la maison !
Prénom : Marie en Amazonie Christian Lamblin et François Roudot ______________________ Chapitre 8 Ricardo s’apprête à monter dans le camion mais soudain il se retourne et aperçoit Pablo. Le petit garçon s’est retiré dans un coin sombre de la gare et il regarde ses amis partir. - Papa, j’ai quelque chose à te demander, murmure Ricardo. - Qu’est ce que tu veux ? demande José. Tu as faim ? - Non, répond Ricardo. J’ai trouvé un petit frère et je voudrais qu’il vienne avec nous. - Un petit frère ? s’exclame l’oncle. Qu’est ce que c’est encore que cette histoire ? Ricardo appelle Pablo mais le petit garçon n’ose pas sortir de son coin. Ricardo va le chercher. Il le prend par la main et l’emmène devant son père. - Pablo n’a pas de famille, dit-il. Il faut le prendre avec nous. - Le prendre avec nous ? Mais ce n’est pas si simple ! Pablo baisse la tête. - Tu vois, dit doucement le petit garçon, personne ne s’intéresse à moi. - Je ne partirai pas sans lui ! dit soudain Ricardo. - Moi non plus ! ajoute Marie. José se gratte la tête. Il ne sait plus quoi faire ! - Bon, et bien d’accord. Nous emmenons Pablo avec nous, mais il faudra que je revienne ici pour régler cette histoire ! Les enfants montent dans le camion en poussant des cris de joie. - Calmez vous un peu, dit José, et racontez moi votre aventure ! Marie raconte la nuit dans le ballon, puis l’attaque du crocodile. Ricardo poursuit avec la tisane qui lui a sauvé la vie et la nuit dans la jungle. Puis tout le monde parle de Pablo. Le petit garçon rougit de plaisir. C’est la première fois qu’on s’intéresse autant à lui. - Quelle histoire ! dit José. Si les parents de Marie avaient deviné ce qui allait se passer, ils n’auraient jamais laissé leur fille venir ici ! - Ils auraient eu tort ! s’exclame Marie. Je suis sûre que je n’oublierai jamais mes vacances en Colombie ! Le camion file dans la nuit. A son bord, Marie rêve en regardant les étoiles, Ricardo dort et Pablo joue de l’harmonica. Ce n’est plus une musique triste. C’est une musique pleine d’amour et d’espoir.
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