N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier

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N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
COUV OPINIONS & DEBATS N 6_Mise en page 1 09/09/14 18:30 Page1

                                                                                                                                                                     & D É B AT S
                                                                                                                      N° 6
                                                                                                                      Septembre 2014

                                                                                                                                         Allocation de l’épargne
                                                                                                                                         et investissement de long terme
                                                                                                                                         Allocation of savings and long-term investment

                                                                                                                                       Luc Arrondel & André Masson

         Institut Louis Bachelier
         Palais Brongniart
         28, place de la Bourse
         75002 Paris
                                                                 CONCEPTION GRAPHIQUE : VEGA CONSEIL 01 48 85 92 01

         Tél. : +33 (0)1 73 01 93 40
         Fax : +33 (0)1 73 01 93 28
         contact@institutlouisbachelier.org
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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                                                                              Sommaire / Content
                                                         & D É B AT S
          N° 6
          Septembre 2014                                                      6       Introduction

                                                                              7
                             Allocation de l’épargne
                             et investissement de long terme
                             Allocation of savings and long-term investment           1   Le patrimoine des ménages en France et dans la zone euro
                           Luc Arrondel & André Masson

                                                                              7       1.1 Que nous disent les comptables nationaux ?
                                                                              7       1.2 Des données microéconomiques permettant de comparer les patrimoines
                                                                                          dans la zone euro
                                                                              15      1.3 Conclusions provisoires
                                                                              16      2   Comment expliquer la faible diffusion des actions : rappels théoriques
                                                                              16      2.1 Les imperfections des marchés du capital et les facteurs institutionnels
       Les articles publiés dans la série                                     16      2.2 La rationalité de l’épargnant
       “Opinions & Débats” offrent aux                                        19      2.3 L’information et les croyances des épargnants
       spécialistes, aux universitaires et aux
       décideurs économiques un accès aux
                                                                              19      3   Les enseignements de la crise actuelle (cas français)
       travaux de recherche les plus récents.                                 19      3.1 Les sources de l’évolution des comportements
       Ils abordent les principales questions                                 20      3.2 Le panel PATER : de mai 2007 à novembre 2011
       d’actualité économique et financière et                                21      3.3 Des comportements financiers de plus en plus précautionneux pendant la crise
       fournissent des recommandations en                                     21      3.4 Les anticipations dans la crise : les Français de plus en plus pessimistes
       termes de politiques publiques.                                        22      3.5 Des préférences face au risque stables pendant la “grande récession”
                                                                              23      3.6 Comment expliquer des comportements financiers plus prudents depuis
       The Opinion and Debates series sheds
                                                                                          la crise ?
       scientific light on current topics in
       economics and finance. Bringing                                        24      4   Comment orienter les comportements vers une épargne longue
       together several types of expertise
                                                                                          et moins sécurisée ?
       (from mathematicians, statisticians,
       economists, lawyers, etc.) this                                        24      4.1 Instaurer une capitalisation obligatoire ou développer les programmes
       publication makes recommendations in                                               d’épargne risquée à affiliation automatique
       the formulation and implementation of                                  24      4.2 Pour une offre financière plus attractive
       government economic policies.                                          25      4.3 Eduquer, protéger ou “dresser” l’épargnant ?
                                                                              26      4.4 Restaurer la confiance pour rendre les anticipations de prix des actifs financiers
                                                                                           moins pessimistes
        Opinions & Débats
        N°6 - Septembre 2014                                                  29      Introduction
        Publication
        de l'Institut Louis Bachelier                                         30      1   Household wealth in France and the eurozone
        Palais Brongniart                                                     30      1.1 What can we learn from the National Accounts?
        28 place de la Bourse                                                 30      1.2 Microeconomic data allowing to compare wealth in the eurozone
        75002 Paris
        Tél. : 01 49 27 56 40
                                                                              38      1.3 Preliminary conclusions
        www.institutlouisbachelier.org                                        38      2   Explaining the low number of shareholders: theoretical background
        http://www.labexlouisbachelier.org
                                                                              38      2.1 The imperfections of capital markets and the role of institutional factors
        DIRECTEUR DE LA PUBLICATION                                           39      2.2 The rationality of savers
        Jean-Michel Beacco                                                    41      2.3 The information and beliefs of savers
        CHEF DE PROJETS                                                       41      3   Lessons of the current crisis (the French case)
        Cyril Armange
                                                                              41      3.1 The causes of changes in behaviour
        CONTACT                                                               42      3.2 The PATER panel: from May 2007 to November 2011
        cyril.armange@institutlouisbachelier.org                              42      3.3 Increasingly cautious financial behaviour during the crisis
                                                                              43      3.4 Expectations during the crisis: increasing pessimism among French households
        CONCEPTION GRAPHIQUE                                                  44      3.5 Stable preferences with regard to risk during the “great recession”
        Vega Conseil : 45 rue Garibaldi
                                                                              44      3.6 Why has financial behaviour been more cautious since the crisis?
        94100 Saint Maur
        Tél. : 01 48 85 92 01                                                 46      4   How can savings behaviour be turned towards long-term and less secure
        IMPRIMEUR
                                                                                          investment?
        IRO : Z.I. rue Pasteur                                                46      4.1 Introducing a compulsory pension savings system or developing higher-risk
        17185 Périgny cedex                                                                investment savings plans with automatic affiliation
        Tél. : 05 46 30 29 29                                                 46      4.2 For a more attractive financial supply
                                                                              47      4.3 Educate, protect or coach savers?
                                                                              48      4.4 Restoring confidence to make the expectations of financial asset prices less
                                                                                          pessimistic

                                                                              28/49   NOTES

                                                                              50      REFERENCES
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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              Editorial

                     e cœur des épargnants français est à la pierre

            L        et aux placements sûrs. Un constat qui ne s’est
                     pas arrangé avec la crise financière puisque,
                     depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008 et
             la crise de la dette en 2011, ces derniers privilégient
             plus encore la sécurité et le court terme. Peu de succès
             donc pour les placements risqués, en premier lieu les
             actions. Est-ce là un comportement type des classes
             pauvres et moyennes françaises ? Etonnement non,                                       Par Jean-Michel Beacco
             comme le pointent les recherches de Luc Arrondel et
             André Masson. Les plus riches sont à peine plus
                                                                                                    Directeur général
             aventureux.                                                                            de l'Institut Louis Bachelier

             Cette frilosité trouve racine dans le pessimisme des         More than anything French savers like bricks and mortar and
             Français, qui anticipent une diminution des revenus de       safe investments. A state of affairs that did not change with
             leur travail ou des rendements des produits financiers       the financial crisis because, since the collapse of Lehman
             risqués. Une perception de l’environnement économique        Brothers and the debt crisis of 2011, savers have emphasized
             qui joue un rôle primordial dans l’allocation de leur        safety and the short term even more. Little success therefore
             épargne, comme le prouve l’enquête menée auprès du           for risky investments, especially shares. It this behaviour
                                                                          typical only of the poor and middle classes? Surprisingly not,
             panel PATER (PATrimoine et Préférences vis-à-vis du
                                                                          for as the research of Luc Arrondel et André Masson shows,
             temps et du risque). La grande richesse de cet article
                                                                          the most wealthy are no more adventurous.
             réside dans l’accès aux résultats de cette étude, réalisée
             entre mai 2007 et novembre 2011, dans laquelle les           This reluctance is rooted in the pessimism of the French, who
             préférences de l’épargnant vis-à-vis du risque et du         are expecting a decrease in wages and salaries and in returns
             temps sont évaluées selon une procédure de scoring           from risky financial products. This perception of the economic
             élaborée par les auteurs de l’article et améliorée depuis    environment plays a crucial role in the allocation of their
             15 ans. Une procédure qui permet d’appréhender les           savings, as evidenced by the survey conducted by the PATER
             décisions des Français en matière d’épargne de manière       panel (PATrimoine et Préférences vis-à-vis du temps et du
             à la fois qualitative et subjective, et de conclure à la     risque – Inheritance and preferences regarding time and risk).
             stabilité des préférences, notamment de l’aversion pour      The great value of this article lies in its access to the results of
             le risque, pendant la crise.                                 the study, conducted between May 2007 and November 2011,
                                                                          in which savers’ preferences with regard to risk and time are
                                                                          evaluated by means of a scoring procedure developed by the
             Pourquoi est-il donc si important de comprendre la
                                                                          authors of the article and improved over 15 years. This
             ventilation de l’épargne française et ses ressorts ? Car
                                                                          procedure allows them to understand the savings decisions of
             un verrouillage de cette dernière nuit à la compétitivité    the French both qualitatively and subjectively, and to conclude
             et au dynamisme de la croissance économique. Les             that savers’ preferences remained unaltered during the crisis,
             Français sont parmi les bons élèves de l’Europe en           particularly with regard to risk aversion.
             matière d’épargne, mais leur conservatisme pourrait
             constituer un frein à la reprise. Au-delà du panorama        Why is it so important to understand the allocation of French
             inédit que nous offre le panel PATER, les chercheurs se      savings and its motivations? Because its inflexibility
             penchent donc dans cet article sur les solutions pour        undermines the competitiveness and dynamism of economic
             rediriger l’épargne. L’éducation et la pédagogie, douce      growth. The French have one of the highest savings rates in
             ou plus dirigiste, constituent une première piste            Europe, but their conservatism could hamper the recovery.
             relativement aisée, mais qui a déjà prouvé ses limites.      Over and beyond the unique overview that the PATER panel
             Les auteurs tirent donc des leçons à l’étranger, que ce      gives us, the researchers therefore focus in this article on ways
                                                                          of rechanneling savings. Education and teaching, whether
             soit en Suède, avec la retraite par capitalisation, ou aux
                                                                          gentle or more interventionist, are a first, relatively easy track,
             Etats-Unis, avec une fiscalité allégée sur les produits
                                                                          but one that has already reached its limits. The authors thus
             risqués. Autant de sujets politiquement sensibles –          draw lessons from abroad – Sweden, with its funded pension
             voire controversés – qui lient étroitement finance et        plan, and the United States, with its low taxes on risky
             politique et démontrent une fois encore l’intérêt de la      products. These are politically sensitive, indeed controversial,
             finance comportementale.                                     topics that closely link finance and politics and demonstrate
                                                                          once again the importance of behavioural finance.

                                                  Prochain Numéro Opinions & Débats
                                        La finance comportementale et les marchés financiers :
                       contributions pour expliquer techniques d'arbitrage, comportements excessifs et volatilité.
                            Jean-Philippe Bouchaud                                                Damien Challet
                               Ecole Polytechnique                                               Ecole Centrale Paris

                                                                                                                                                 3
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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                          Ils ont contribué
                          à Opinions & Débats N°6

                                                   Luc Arrondel
                                                   est directeur de recherche au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS),
                                                   chercheur à l’école d’économie de Paris (PSE). Il est également professeur
                                                   associé à la Paris School of Economics et consultant scientifique à la Banque de
                                                   France. Economiste, ses recherches portent sur les aspects théoriques et
                                                   empiriques des comportements individuels d'épargne. Ses travaux concernent
                                                   plus précisément l'accumulation, la composition et la transmission du patrimoine
                                                   des ménages, mais aussi la mesure des préférences et des anticipations des
                                                   épargnants. Expert auprès de l’Insee pour la conception et l’exploitation des
                                                   enquêtes “Patrimoine”, il réalise en parallèle depuis une quinzaine d’années (avec
                                                   André Masson), les enquêtes PATER (PATrimoine et Préférences face au TEmps
                                                   et au Risque).

                                                   Parmi ses travaux récents :

                                   • “Temperance in Stock Market Participation: Evidence from France”, Economica, 2010, 77,
                                     n°306, 314-333 (avec Hector Calvo Pardo et Xisco Oliver).

                                   • L'épargnant dans un monde en crise : ce qui a changé, (avec André Masson), Paris,
                                     Editions rue d'Ulm, 2011, 109 pages

                                   • “Are “Daddy’s Boys” just as rich as Daddy? : The Transmission of Values between Generations”,
                                     Journal of Economic Inequality, 2013, 11, 439-471.

                                   • “Transferts publics et privé entre générations: Enjeux idéologiques et perspectives (2) :
                                     comment rendre la société française moins patrimoniale”, Futuribles, 2013, n°393, p. 31-
                                     49, (avec André Masson).

                                   • “Wealth and Consumption : French Households in the Crisis”, International Journal of
                                     Central Banking, 2014, forthcoming (avec Kevin Tracol et Frédérique Savignac).

                                   Luc Arrondel is research director at the Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) and
                                   a researcher at the Ecole d’Economie de Paris (PSE). He is also visiting professor at the Paris
                                   School of Economics and scientific consultant at the Bank of France. An economist, his research
                                   focuses on theoretical and empirical aspects of individual savings behaviour. In particular his
                                   work concerns the accumulation, composition and transmission of household wealth, as well as
                                   the measurement of savers’ preferences and expectations. In addition to his role as expert for
                                   INSEE in designing and operating “Patrimoine” (Inheritance) surveys, for fifteen years he has
                                   been conducting (with André Masson) PATER surveys (PATrimoine et Préférences face au TEmps
                                   et au Risque – Inheritance and preferences with regard to time and risk).

                                   His recent work includes:

                                   • “Temperance in Stock Market Participation: Evidence from France”, Economica, 2010, 77,
                                     n°306, 314-333 (with Hector Calvo Pardo and Xisco Oliver).

                                   • L'épargnant dans un monde en crise: ce qui a changé, (with André Masson), Paris,
                                     Editions rue d'Ulm, 2011, 109 pages

                                   • “Are “Daddy’s Boys” just as rich as Daddy?: The Transmission of Values betweew Generations”
                                     Journal of Economic Inequality, 2013, 11, 439-471.

                                   • “Transferts publics et privé entre générations: Enjeux idéologiques et perspectives (2):
                                     comment rendre la société française moins patrimoniale”, Futuribles, 2013, n°393, p. 31-49,
                                     (with André Masson).

                                   • “Wealth and Consumption: French Households in the Crisis”, International Journal of
                                     Central Banking, 2014, forthcoming (with Kevin Tracol and Frédérique Savignac).

     4   LABEX LOUIS BACHELIER
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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                                            André Masson

                                            est directeur de recherches au CNRS et directeur d'études à l'EHESS. Economiste, ingénieur de l’Ecole
                                            polytechnique, membre du PJSE (Paris-Jourdan Sciences économiques). Ses thèmes de recherche
                                            se rattachent à la microéconomie des arbitrages inter-temporels et intergénérationnels des ménages :
                                            - épargne et patrimoine, comportements à l'égard du risque (choix de portefeuille, gestion multirisques),
                                              comportements à l'égard du temps (préférence pour le présent, incohérence temporelle) ; inégalités de
                                              fortune ;
                                            - rationalité de l’épargnant sur son cycle de vie ;
                                            - transmission des patrimoines : motifs (altruisme, échange et réciprocités indirectes) et politiquefiscale ;
                                            - retraites et protection sociale, interaction entre solidarités publiques et privées, en particulier dans
                                              leur dimension intergénérationnelle ; types et philosophies de l’Etat-providence.

           Derniers livres
           • L’épargnant dans un monde en crise. Ce qui a changé, (avec Luc Arrondel), Cepremap, 23, Éditions de la rue d'Ulm, Paris,
           (juin 2011), 112 p.
           • Des liens et des transferts entre générations, Éditions de l'EHESS, Collection En temps & lieux, Paris (novembre 2009), 464 p.

           Sélection d’articles récents
           • “Mesurer les préférences des épargnants : comment et pourquoi en temps de crise ?”, (avec Luc Arrondel),
             Economie et Statistique, 467-468, (2014), p. 5-49.
           • “Propositions pour le modèle social français en 2020”, Risques, 93, (2013), p. 124-137.
           • “Transferts publics et privés entre générations. Enjeux idéologiques et perspectives françaises : 1. Pour des transferts publics
             soutenables”, Futuribles, 393, (2013), p. 5-29.
           • “Transferts publics et privés entre générations. Enjeux idéologiques et perspectives françaises : 2. Comment rendre la société
             française moins patrimoniale” (avec Luc Arrondel), Futuribles, 393, (2013), p. 31-49.
           • “Favouring Wealth Intergenerational Mobility by Increasing the Inheritance Tax : Putting the Case for France”, (with L. Arrondel), in
             Inherited Wealth, Justice and Equality, J. Cunliffe and G. Erreygers (eds.), Routledge Frontiers of Political Economy (2012), p. 119-140.
           • “Le viager : une épargne pour "vieux pauvres" ? ”, Risques, 92, (2012), p. 62-77.
           • “Partager le coût du vieillissement”, Risques, 89, (2012), p. 93-113.

           André Masson is economist at Ecole Polytechnique, Senior fellow at CNRS, Director of studies at the EHESS. Member of PSE (Paris
           School of Economics). His research topics focus on the microeconomics of intertemporal and intergenerational households’ choices:
           - saving and wealth, attitudes & behaviours towards risk (portfolio choices, multi-risk management) and towards time (time preference,
             time inconsistency); wealth inequality;
           - saver’s rationality over the life-cycle;
           - bequest: motives (exchange, altruism and indirect reciprocities) and taxation;
           - retirement systems and social protection, interaction between public and family solidarities, especially between generations; types
             and philosophy of the welfare State.

           Last books (written in French)
           • About Ties and Transfers between Generations, EHESS Editions, (2009)
           • French Savers in a World in Crisis : What has Changed, (avec Luc Arrondel), Cepremap, 23, Éditions de la rue d'Ulm, Paris, (2011).

           Some papers written in English:
           • “Altruism, Exchange or Indirect Reciprocity : What Do the Data on Family Transfers Show ?” (with Luc Arrondel), in Handbook on
             the Economics of Giving, Reciprocity and Altruism, volume 2, J. Mercier-Ythier et S. C. Kolm (eds.), North-Holland, Amsterdam,
             (2006), p. 971-1053.
           • “Economics of the Intergenerational Debate : Normative, Accounting and Political Viewpoints”, in Ages, Generations and the Social
             Contract : the Demographic Challenges facing the Welfare State, J. Véron, S. Pennec and J. Legaré (eds.), Springer, (2007), p. 61-104.
           • “Favouring Wealth Intergenerational Mobility by Increasing the Inheritance Tax : Putting the Case for France” (with Luc Arrondel),
             in Inherited Wealth, Justice and Equality, J. Cunliffe & G. Erregeyers (eds.), Routledge, (2012), p. 119-140.
           • “Taxing more (large) family bequests: why, when, where?”, (with Luc Arrondel), June 2013, PSE Working Papers n° 2013-17.
           • “Measuring savers’ Preferences: Methodology and French Evidence”, (with Luc Arrondel), June 2013, PSE Working Papers
             n° 2013-18.

                                                                                                                                                            5
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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                                                              INTRODUCTION

                                                                        Juillet 2014

                       ’épargnant navigue aujourd’hui sur une mer houleuse : crise financière et économique rendant l’environnement

                L      plus incertain, risque macroéconomique lié au devenir du système de protection sociale, réformes fiscales,
                       politiques “d’activation de l’individu” cherchant à le rendre davantage responsable de son avenir... Conséquence,
                 l’épargnant français privilégie aujourd’hui plus encore qu’hier les actifs sûrs et de court terme (augmentation des
                 dépôts sur livrets, baisse de la collecte nette des assurances vie, etc.) et les biens immobiliers au détriment des
                 investissements financiers risqués et de long terme. Cet état de fait inquiète certains acteurs qui cherchent les moyens
                 d’inciter les ménages à prendre plus de risque et privilégier une épargne productive1.

                 Avant d’entrer dans ce débat, nous ferons un “audit” statistique de la situation patrimoniale des épargnants français
                 et européens. Pour cela, nous utiliserons toute la palette des données disponibles : aussi bien celles de la
                 Comptabilité Nationale que celles des enquêtes auprès des ménages menées en coupe instantanée par l’Insee
                 (enquêtes “Patrimoine”) et la Banque Centrale Européenne ou BCE (enquête HFCS). Ces données nous permettront
                 de constater que cette “énigme de la prime de risque” sur les actifs financiers risqués n’est pas un phénomène
                 purement français mais se généralise à la zone euro.

                 Nous rappellerons ensuite les explications de ce “puzzle” empirique en chaussant les lunettes de l’économiste, qu’il
                 soit plutôt adepte des théories orthodoxes ou de celles des comportementalistes : le manque d’appétence pour
                 les placements boursiers tiendrait aussi bien à l’offre – coûts de transaction au sens large, fiscalité relativement peu
                 avantageuse qui diminue le rendement espéré – qu’à la demande – manque d’éducation financière des épargnants,
                 aversion au risque jugée trop élevée, exposition à d’autres risques (revenu, chômage, famille, santé, logement,
                 capital humain).

                 Si l’on se place du côté de la demande, les choix de portefeuille des individus dépendent de trois grandes
                 composantes : leurs préférences (aversion au risque, préférence temporelle, etc.), leurs ressources plus ou moins
                 disponibles ou risquées, et leurs anticipations concernant le rendement et le risque vis-à-vis du marché boursier
                 et le revenu du travail. L’expérience “naturelle” que constitue la crise financière et économique actuelle offre un
                 observatoire idéal pour juger de l’importance de chacun de ces facteurs. Les données longitudinales uniques des
                 enquêtes PATER nous permettent d’étudier les réactions des épargnants durant la “grande récession”, de voir “ce
                 qui a changé” pour expliquer la frilosité accrue des investisseurs : accroissement de l’aversion au risque, baisse
                 des ressources, anticipations pessimistes ? Nous serons ainsi mieux à même de juger de la pertinence de certaines
                 propositions visant à réorienter l’épargne vers des produits plus risqués.

                 Clause de non-responsabilité
                 L’étude reflète les vues personnelles de ses auteurs et n’exprime pas nécessairement la position de l’AMF et du Laboratoire
                 d’Excellence Louis Bachelier Finance et croissance durable.

   6   LABEX LOUIS BACHELIER
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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                                                       l’été 2007 puis chute des cours jusqu’à        (actions, OPCVM) a eu tendance à dimi-
          1. Le patrimoine                             la crise des subprimes fin 2008. Mais          nuer ne représentant aujourd’hui qu’un
                                                       la forte propension à l’épargne des            tiers du patrimoine financier (cf. Arron-
          des ménages en                               ménages français a aussi permis d’ali-         del et al., 2011).
                                                       menter cette évolution, il est vrai à un
          France et dans la                            degré moindre : le taux d’épargne a
                                                       oscillé entre 14,5 et 16,5% avec une
          zone euro                                    composante financière variant entre 4,9           Constat 1
                                                       et 7,5%.2
                                                                                                       Épargne et patrimoine :
                                                       Si l'on répartissait cette richesse brute de    la France globalement représentative de
          En termes d’épargne, les Français appa-
                                                       manière égale entre tous les ménages,           la zone euro
          raissent plutôt comme un des bons élèves
          de la classe Européenne, avec l’Alle-        chacun possèderait aujourd'hui (en 2012)        A la lumière des données nationales,
          magne et la Belgique. Le taux d’épargne      plus de 400 000 euros contre 226 000            deux tendances ressortent :
          de ces trois pays se situe en général au     douze ans plus tôt. La répartition du
                                                                                                       1) le ménage français épargne de
          dessus de 15%. Ainsi, depuis 2011, les       patrimoine entre actifs non financiers et
                                                                                                       manière conséquente (autour de 15%
          ménages français ont mis de côté environ     financiers se situait ces dernières années
                                                                                                       de son revenu) ;
          16% de leur revenu disponible, et notam-     dans un rapport de deux tiers pour les
                                                       premiers et un tiers pour les seconds (ce       2) l’épargnant, français ou plus généra-
          ment investi 7% en avoirs financiers.
                                                       rapport était de moitié-moitié quinze ans       lement de la zone euro, privilégie les
          D’autres pays européens ne sont pas en
                                                       auparavant). Chaque ménage français             biens réels et recherche plutôt la sécu-
          reste, comme l’Italie et l’Espagne, même
                                                       possédait ainsi plus de 140 000 ⇔ de            rité dans ses investissements financiers :
          si leur flux d’épargne reste légèrement
                                                       richesse financière.                            part importante de l’immobilier, faiblesse
          inférieur (autour de 12% sur les dernières
                                                                                                       des investissements en actions, demande
          années). Tout cela bien loin devant le
                                                       L’observatoire européen de l’épargne            forte d’assurances-vie et importants
          Royaume-Uni chez qui les sujets de sa
                                                       (OEE, 2012) a comparé les richesses             dépôts sur livrets.
          Majesté ne gardent qu’environ 6% de leur
          revenu disponible en réserve. Mais qu’en     financières de quelques pays euro-
          est-il des patrimoines, c’est à dire des     péens, non pas au niveau des ménages,
          stocks ?                                     mais au niveau individuel (2,3 per-            Pour aller plus loin dans l’analyse des
                                                       sonnes par ménage en moyenne en                patrimoines en Europe, notamment étu-
                                                       France). Ce sont les Belges qui appa-          dier les inégalités de richesse, il est
                                                       raissent comme les européens les plus          nécessaire de recourir à des données
          1.1 Que nous disent les comptables
                                                       riches en moyenne (84 000 €) suivi des         microéconomiques. Celles de la BCE
          nationaux ?
                                                       Britanniques (environ 78 000 €) et des         sont, de ce point de vue, très utiles.
          Le stock global de patrimoine brut           Français (environ 60 000 €). Les Italiens
          (avant déduction des dettes) des Fran-       et les Allemands ne sont pas loin (res-
          çais selon la Comptabilité Nationale (cf.    pectivement 58 000 et 57 000 €). Les           1.2 . Des données microécono-
          Mauro et Bachellerie, 2013) représentait     Espagnols ferment la marche avec un            miques permettant de comparer
          11 804 milliards d’euros en 2012, mon-       patrimoine financier moyen par individu        les patrimoines dans la zone euro
          tant qui a plus que doublé depuis les        de l’ordre de 36 500 € en moyenne. Si
          années 2000. Ce stock de patrimoine          l’on établit le même classement à partir
          représente environ 6 fois le PIB fran-       de la richesse financière nette (en            Pour aller plus loin dans l’analyse sta-
          çais. L’encours des dettes s’élevait à 1     déduisant l’encours des dettes des             tistique du patrimoine, notamment sa
          369,7 milliards d’euros, ce qui laissait     avoirs financiers), la Belgique (67 000 €),    distribution et sa composition au sein
          un patrimoine net de 10 435 euros.           le Royaume-Uni (53 000 €) et l’Italie          de la population, il nous faut utiliser
          Rapporter ces masses au revenu dis-          (43 500 €) constitue le podium de              d’autres données que celle de la Comp-
          ponible des ménages de l’année est           tête, l’Allemagne (39 000 €), avec des         tabilité Nationale. Dans le cas de la
          encore plus parlant : le stock de patri-     individus plus endetté en moyenne,             France, les enquêtes “patrimoine” de
          moine brut représentait 6 fois le revenu     rétrograde à la cinquième place derrière       l’Insee, réalisées tous les six ans depuis
          en 2000 et près de 9 fois en 2010.           la France (41 500 €), l’Espagne étant          1986 constituent un stock d’informa-
                                                       toujours dernière (16 500 €).                  tions particulièrement riches. Et la
          La valorisation des actifs immobiliers                                                      Banque Centrale européenne dispose
          est la principale raison de cette forte      La structure de ce patrimoine financier        maintenant d’une base de données
          progression. Durant la période 1996-         a fortement évolué ces dernières               patrimoniale similaire concernant les
          2010, les prix des logements ont             années, notamment en France : margi-           pays de la zone euro.
          augmenté de près de 150%. Les évolu-         nale à la fin des années 70, la part des
          tions des prix des actifs financiers ont     assurances-vie et de l’épargne retraite
          été beaucoup plus erratiques : bulle         représente aujourd’hui près de 45% du
          internet dans les années 2000 puis           portefeuille financier des ménages ;
          éclatement, mouvement haussier jusqu’à       inversement, la part des produits risqués

                                                                                                                                                    7
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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           L’enquête “Household Finance and                représentatifs de la population des              S’il est en général mieux saisi par les
           Consumption Survey” (HFCS) de l’Euro-           ménages résidents dans chacun des                comptes nationaux, le patrimoine
           système                                         pays4. Les données de l’enquête HFCS             moyen d’un pays n’est cependant pas
                                                           relative à la France sont issues de la           totalement représentatif de la richesse
           L’enquête HFCS (Household Finance               dernière enquête Patrimoine 2010 de              de l’ensemble de sa population : il
           and Consumption Survey) est une initia-         l’INSEE5.                                        concerne en effet un ménage déjà aisé,
           tive de l’Euro-système visant à analyser,                                                        souvent proche du 75e centile de la dis-
           à intervalles réguliers (à terme en panel),     La méthode de mesure des avoirs des              tribution du patrimoine du fait de la forte
           la situation financière et les patrimoines      ménages est donc différente de celle de          concentration de ce dernier (voir plus
           des ménages dans la zone euro. Elle             la Comptabilité Nationale puisque les ac-        loin graphique 2). C’est pourquoi nous
           collecte notamment des données sur              tifs sont évalués par les ménages eux-           considérerons aussi les patrimoines
           leur portefeuille financier, leur patri-        mêmes. Les patrimoines moyens sont               médians (50e centile) qui sont a priori
           moine immobilier (résidence principale,         ainsi sous-estimés dans les enquêtes qui         bien mesurés dans les enquêtes, les
           autres résidences, immobilier de rap-           cernent mal la fortune des plus riches           sources de sous-estimation évoquées
           port), leur patrimoine professionnel ainsi      pour deux raisons principales : un échan-        plus haut jouant peu à ce niveau.
           que leur endettement. Elle fournit éga-         tillon “représentatif” de la population na-
           lement des informations sur les revenus         tionale comprenant quelque milliers mé-
           du foyer et sa consommation, la situa-          nages interroge trop peu de ménages              Qui est riche dans la zone euro ?
           tion professionnelle des conjoints et           aisés (même si ces derniers sont sur-
           leur diplôme, le parcours familial et           pondérés dans l’échantillon) et ne fournit       Les ménages français estiment qu’ils
           démographique, la réception ou le ver-          donc pas une image exhaustive de la              possèdent en moyenne environ 258 000 €
           sements de transferts intergénérationnels,      frange la plus fortunée des ménages; les         de patrimoine brut, la médiane se
           etc. (cf. Arrondel et al., 2013).               actifs des riches (actions, part d’entre-        situant quant à elle aux alentours de
                                                           prise, patrimoine professionnel, etc.) sont      150 000 euros.
           La première vague de l’enquête HFCS             par ailleurs les plus mal saisis. En consé-
           couvre l’ensemble des pays de la zone           quence, les patrimoines moyens sont              La France se situe approximativement au
           euro à l’exception de l’Irlande et de           plus faibles et sans doute moins fiables         niveau moyen de la zone euro en termes
           l’Estonie. Elle a été réalisée de manière       que ceux obtenus par les comptables              de patrimoine. Au sein de celle-ci, plu-
           décentralisée sous la responsabilité des        nationaux comme le montre le graphique           sieurs pays se détachent nettement au
           Banques Centrales nationales et couvre          1 qui compare les moyennes individuelles         niveau de leur richesse globale moyenne,
           un échantillon de plus de 62 000                du patrimoine brut selon les enquêtes            notamment Chypre (742 000 €) et
           ménages européens3. L’enquête est               (abscisse) et selon la Comptabilité Natio-       Luxembourg (792 000 €). Les Belges
           fondée sur les déclarations des                 nale (ordonnée) : tous les points des di-        (370 000 €), les Espagnols (324 000 €) et
           ménages interrogés qui fournissent              vers pays de la zone euro se situent au          les Italiens (287 000 €) s’estiment plus
           l’évaluation de la valeur de leurs actifs       dessus de la diagonale. On remarque ce-          riches en moyenne que les Français. Par
           et de leurs emprunts. L’échantillon a été       pendant que la hiérarchie est peu modi-          contre, les ménages allemands appa-
           défini de façon à obtenir des résultats         fiée d’une source statistique à l’autre.         raissent moins fortunés (222 000 euros).

           Graphique 1      Les patrimoines individuels dans la zone euro : comptabilité Nationale vs. HFCS

                                                                                                                          Autriche (AT)
                                                                                                                          Belgique (BE)
                                                                                                                          Allemagne (DE)

                Patrimoines bruts                                                                                         Espagne (ES)

               moyens selon la CN                                                                                         Finlande (FI)
                 (en milliers d'€)                                                                                        France (FR)
                                                                                                                          Italie (IT)
                                                                                                                          Pays-Bas (NL)
                                                                                                                          Slovenie (SI)
                                                                                                                          Slovakie (SK)

                                                 Patrimoines bruts moyens selon le HFCS (en milliers d'€)

           Source : HFCS data et BCE (2013b)

   8   LABEX LOUIS BACHELIER
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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          Les richesses médianes aboutissent au                                                               actifs risqués (actions, fonds communs
          même classement : en tête Luxembourg                       Constat 2                                de placement, obligations), de l’autre
          (494 500 €), Chypre (332 000 €), Bel-                                                               les placements “sûrs” (dépôts, livrets,
                                                                 Niveau et inégalité des richesses :
          gique (250 000 €), Espagne (210 000 €),                                                             assurances-vie, épargne retraite volon-
                                                                 la France dans la moyenne de la zone euro
          Italie (188 000 €) ; en queue, l’Allemagne                                                          taire) ; une catégorie “autre” a été isolé
          (68 000 €) après la Grèce (110 000 €).                 Les données françaises concernant            qui comprend essentiellement les biens
          Les mêmes conclusions peuvent être tirées              le montant moyen (258 000 euros)             durables (véhicules).
          de l’analyse des patrimoines nets (tableau 1).         ou la concentration du patrimoine
                                                                 sont très proches de celles relatives        Globalement, au sein de la zone euro,
          Mais au-delà des montants médians de                   à la zone euro dans son ensemble.            l’examen de la structure moyenne
          patrimoine, l’enquête HFCS permet une                  Les Français sont globalement                confirme le fait que la richesse des
          analyse fine de la concentration de la                 moins riches que les Belges, les             ménages est en majorité constituée de
          richesse des ménages dans la zone                      Espagnols et les Italiens mais les           logements, principal ou autres : près de
          euro (tableau 2 et graphique 2). Là                    inégalités y sont un peu plus fortes         70% de la richesse des ménages est
          encore, le constat varie selon les pays :              que dans ces trois pays. Les                 investi dans la pierre. Le patrimoine
          le décile supérieur de richesse (les 10%               patrimoines germaniques sont en              financier ne représente qu’environ 15%
          les plus riches) détient 50% du total des              moyenne sensiblement plus faibles,           du patrimoine net total dont à peine 4%
          patrimoines nets en France (comme                      mais plus inégalement répartis.              investi en actifs risqués. Cette propor-
          dans la zone euro), autour de 45% en                                                                tion, inférieure à celle obtenue par les
          Italie, en Espagne et en Belgique mais                                                              comptables nationaux, doit cependant
          près de 60% en Allemagne. L’examen                   Les logements : composante principale          tenir compte du fait que les actifs finan-
          des indices de Gini permet de confirmer              des patrimoines en Europe                      ciers sont en général sous-évalués par
          ces tendances : environ 0,68 en France                                                              les ménages, beaucoup plus que les
          et dans la zone euro, autour de 0,60 en                                                             biens immobiliers. Menée par pays,
          Italie, en Espagne et en Belgique, près              L’enquête HFCS permet aussi d’analy-           cette analyse permet de constater que
          de 0,76 en Allemagne. Si les patri-                  ser la structure des patrimoines des           la résidence principale représente près
          moines germaniques sont en moyenne                   ménages selon les différents pays de la        de 61% de la richesse des Italiens mais
          plus faibles, ils sont par contre plus iné-          zone euro (tableau 3 et graphique 3).          seulement 41% de celle des Allemands
          galement répartis – bien que les Allemands           Pour les besoins de l’analyse statis-          (la France se situant à un niveau inter-
          les plus riches (voir P90 du tableau 1) ne           tique, la richesse a été ventilée en 6         médiaire, 48%). En ce qui concerne les
          sont pas plus riches qu’ailleurs.                    grandes catégories d’actifs : pour les         actifs financiers, c’est en Belgique que
                                                               actifs non financiers, nous avons distin-      la richesse est la plus risquée en pro-
                                                               gué le logement principal, les autres          portion (plus de 11%) ; elle l’est
                                                               biens immobiliers (résidence secon-            beaucoup moins en Allemagne (moins
                                                               daire, immobilier rapport, terres) et les      de 5%), en France et en Italie (environ
                                                               actifs professionnels ; pour les actifs        3,5%) mais surtout en Espagne (moins
                                                               financiers, nous avons d’un côté les           de 2%).

          Graphique 2       Le patrimoine net des ménages dans la zone euro

                                                                                                                        Austria
                                                                                                                        Belgium
                                                                                                                        Cyprus
                                                                                                                        Finland
                                                                                                                        France
                                                                                                                        Germany
                                                                                                             - P90      Greece
                                                                                                              Q3
                                                                                                             䊏 mean     Italy
                                                                                                             䉱 median   Luxembourg
                                                                                                              Q1
                                                                                                                        Malta
                                                                                                             - P10      Netherlands
                                                                                                                        Portugal
                                                                                                                        Slovakia
                                                                                                                        Slovenia
                                                                                                                        Spain
                                                                                                                        Euro area
          Source : HFCS data et Arrondel, Roger et Savignac (2014)

                                                                                                                                                           9
N 6 Septembre 2014 - Louis Bachelier
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            Tableau 1 Le patrimoine des ménages dans la zone euro

            Patrimoine
            Brut
                                   Autriche           Belgique            Chypre        Allemagne            Espagne             Finlande           France            Grèce
                                     (A)                (BE)               (CY)             (DE)               (ES)                 (FI)             (FR)              (GR)
            Moyenne                281 778              368 873           742 015           222 204           323 973            197 885            258 297           159 704
            P10                      2 452                3 717            15 099             1 106            13 362              2 009              2 732             3 778
            Q1                      12 271               58 325           137 078             9 940           110 167             17 568             12 454            36 300
            Médiane                 92 792              249 897           331 918            67 900           210 188            132 668            150 365           110 200
            Q3                     275 039              448 699           711 269           255 460           367 700            263 934            308 868           207 735
            P90                    572 584              767 008      1 619 166              494 803           651 333            444 988            557 114           354 825

                                    Italie             Luxemb.             Malte          Pays-Bas            Portugal           Slovénie       Slovaquie         Euro zone
                                      (IT)               (LU)               (MT)             (NL)               (PT)                (SI)           (SK)
            Moyenne                286 989              791 876           378 191           252 083           170 330            154 033             82 988           257 381
            P10                      5 500               10 136            18 475             5 525             2 032              5 246             15 072             3 000
            Q1                      40 000              121 330            93 759            37 596            27 546             46 257             39 800            20 068
            Médiane                188 000              494 407           227 426           217 335            93 161            105 204             64 414           142 025
            Q3                     333 640              835 804           418 107           360 221           183 921            212 726            100 159           305 696
            P90                    604 227         1 465 929              720 700           530 374           333 116            325 179            156 860           548 949

            Patrimoine
            Net
                                   Autriche           Belgique            Chypre        Allemagne            Espagne             Finlande           France            Grèce
                                     (A)                (BE)               (CY)             (DE)               (ES)                 (FI)             (FR)              (GR)
            Moyenne                265 033              338 647           670 910           195 170           291 352            161 534            233 399           147 757
            P10                           977             2 782             7 327               64              5 658               -574              1 583             2 000
            Q1                      10 315               40 236            91 347             6 600            77 867              6 385              9 805            30 000
            Médiane                 76 445              206 249           266 888            51 358           182 725             85 750            115 804           101 934
            Q3                     250 470              417 358           618 074           209 820           330 984            220 218            279 099           193 270
            P90                    542 163              705 145      1 469 895              442 320           607 679            397 318            511 578           331 775

                                    Italie             Luxemb.             Malte          Pays-Bas            Portugal           Slovénie       Slovaquie         Euro zone
                                      (IT)               (LU)               (MT)             (NL)               (PT)                (SI)           (SK)
            Moyenne                275 205              710 092           365 988           170 244           152 920            148 736             79 656           230 809
            P10                      5 000                5 038           16 113             -3 800             1 037              4 222             12 922             1 196
            Q1                      34 242               59 242           88 537             14 098            18 365             40 837             36 454            15 502
            Médiane                173 500              397 841           215 932           103 562            75 209            100 659             61 182           109 153
            Q3                     321 429              738 134           394 091           259 099           160 132            212 086             98 661           268 881
            P90                    577 133         1 375 373              693 081           427 636           297 229            317 181            151 865           506 141

            Source : HFCS data

            Tableau 2 Concentration du patrimoine net des ménages dans la zone euro

                                             Autriche        Belgique              Chypre        Allemagne          Espagne            Finlande              France             Grèce
                                               (A)             (BE)                 (CY)             (DE)             (ES)                (FI)                (FR)               (GR)
                      Top 1%                    23%               13%               19%               25%                15%                12%               18%                9%
                      Top 5%                    48%               32%               43%               46%                31%                31%               37%               26%
                      Top 10%                   61%               44%               57%               59%                44%                45%               50%               39%
                      Bottom 90%                39%               56%               43%               41%                56%                55%               50%               61%
                      Total                     100%              100%              100%              100%               100%              100%               100%              100%
                      Gini                      0,762             0,608             0,697             0,758              0,580              0,664             0,679             0,561
                      Richesse négative         5,3%              2,7%              2,8%              7,4%               3,5%           10,6%                 3,9%              2,6%

            Source : HFCS data

   10   LABEX LOUIS BACHELIER
OD6 18-06-HD_Mise en page 1 09/09/14 15:37 Page11

          Tableau et graphique 3 Structure du patrimoine des ménages dans la zone euro

                                           Logement                      Autres                  Actifs
                                                                                                                     Actifs “sûrs”             Actifs risqués         Autre           Total
                                           principal                   logements             professionnels
          Euro zone                               50,6                       18,9                      9,6                  11,6                    3,9                  5,4          100,0
          Autriche (A)                            44,3                       11,0                      23,1                 12,0                    3,9                  5,6          100,0
          Belgique (BE)                           51,6                       11,9                      4,3                  16,2                   11,1                  4,8          100,0
          Chypre (CY)                             32,8                       35,5                      21,4                  6,0                    1,2                  2,9          100,0
          Allemagne (DE)                          40,9                       20,5                      13,0                 15,1                    4,8                  5,6          100,0
          Espagne (ES)                            53,9                       23,7                      9,0                   6,9                    1,9                  4,6          100,0
          Finlande (FI)                           54,6                       22,4                      3,3                   9,2                    5,8                  4,7          100,0
          France (FR)                             47,6                       20,0                      8,4                  14,1                    3,6                  6,3          100,0
          Grèce (GR)                              55,9                       27,8                      4,8                   6,1                    0,6                  4,8          100,0
          Italie (IT)                             60,8                       16,4                      8,3                   5,6                    3,5                  5,5          100,0
          Luxemb. (LU)                            51,9                       30,2                      3,0                   7,0                    3,8                  4,2          100,0
          Malte (MT)                              44,2                       16,7                      22,4                  9,1                    3,6                  4,0          100,0
          Pays-Bas (NL)                           61,3                       6,4                       2,2                  22,1                    3,8                  4,2          100,0
          Portugal (PT)                           47,8                       23,0                      11,9                 10,1                    1,6                  5,6          100,0
          Slovénie (SI)                           67,3                       14,0                      9,2                   4,4                    0,7                  4,5          100,0
          Slovaquie (SK)                          74,4                       6,7                       4,5                   7,2                    0,3                  6,9          100,0

                 Euro zone   Autriche    Belgique     Chypre      Allemagne    Espagne     Finlande      France   Grèce       Italie   Luxemb.      Malte     Pays-Bas     Portugal     Slovénie   Slovaquie

                                                 ■Logement principal ■Autres logements ■Actifs professionnels ■Actifs “sûrs” ■Actifs risqués ■Autre
                               (A)         (BE)          (CY)         (DE)          (ES)     (FI)         (FR)    (GR)        (IT)      (LU)        (MT)       (NL)            (PT)      (SI)        (SK)

          Source : HFCS 2013

                                        Italie            Luxemb.                  Malte              Pays-Bas       Portugal          Slovénie             Slovaquie            Euro zone
                                          (IT)              (LU)                    (MT)                 (NL)          (PT)               (SI)                 (SK)
          Top 1%                        14%                     22%                 21%                 9%                21%              9%                  8%                     18%
          Top 5%                        32%                     40%                 36%                26%                41%             25%                 22%                     37%
          Top 10%                       45%                     51%                 47%                40%                53%             37%                 33%                     50%
          Bottom 90%                    55%                     49%                 53%                60%                47%             63%                 67%                     50%
          Total                         100%                100%                   100%                100%              100%            100%                100%                     100%
          Gini                          0,609               0,661                  0,600               0,653              0,670          0,534               0,448                    0,680
          Richesse négative             1,4%                3,8%                    0,8%               11,7%              2,6%           2,0%                 1,2%                    4,8%

                                                                                                                                                                                                               11
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            Tab 4a Diffusion des actifs par pays

                                        Logement             Autres        Actifs                       Actifs financiers
                                                                                        Actifs “sûrs”
                                        principal          logements   professionnels                        risqués
            Euro zone                      60,1              23,8          11,1             96,7              20,2
            Autriche (A)                   47,7              13,4            9,4            99,4              14,6
            Belgique (BE)                  69,6              16,4            6,6            97,9              30,7
            Chypre (CY)                    76,7              51,6          19,5             85,9              36,3
            Allemagne (DE)                 44,2              17,8            9,1            99,1              23,0
            Espagne (ES)                   82,7              36,2          14,2             98,2              14,0
            Finlande (FI)                  69,2              29,8          13,8            100,0              38,7
            France (FR)                    55,3              28,5            8,9            99,6              21,7
            Grèce (GR)                     72,4              37,9            9,8            73,9               4,0
            Italie (IT)                    68,7              24,9          18,0             91,9              19,8
            Luxemb. (LU)                   67,1              28,2            5,2            98,4              25,8
            Malte (MT)                     77,7              31,4          11,5             96,9              33,7
            Pays-Bas (NL)                  57,1               6,1            4,8            97,3              23,9
            Portugal (PT)                  71,5              27,1            7,7            94,3               6,5
            Slovénie (SI)                  81,8              23,2          11,6             93,6              20,3
            Slovaquie (SK)                 89,9              15,3          10,7             91,5               4,1
            Source : HFCS 2013 et Arrondel et al. (2014)

            Tab 4b Demandes moyennes conditionnelles par actifs et par pays

                                        Logement             Autres        Actifs                       Actifs financiers
                                                                                        Actifs “sûrs”                       Total brut
                                        principal          logements   professionnels                        risqués
            Euro zone                    216 688            204 295       223 033          30 875            49 610          257 381
            Autriche (A)                 258 072            227 929       731 425          33 675            72 425          281 778
            Belgique (BE)                273 059            268 818       242 386          61 206          133 643           368 873
            Chypre (CY)                  317 513            510 382       816 751          52 074            24 801          742 015
            Allemagne (DE)               205 758            256 457       318 112          33 860            46 201          222 204
            Espagne (ES)                 211 118            212 216       204 552          22 682            44 454          323 973
            Finlande (FI)                156 344            148 730        47 085          18 189            29 545          197 885
            France (FR)                  222 250            181 084       244 312          36 532            43 295          258 297
            Grèce (GR)                   123 381            117 085        77 460          13 279            24 205          159 704
            Italie (IT)                  253 966            188 640       132 105          17 390            50 001          286 989
            Luxemb. (LU)                 611 873            849 590       451 063          56 425          115 853           791 876
            Malte (MT)                   214 925            201 644       740 132          35 681            39 907          378 191
            Pays-Bas (NL)                270 573            265 668       116 694          57 247            39 764          252 083
            Portugal (PT)                113 830            144 403       264 770          18 233            41 432          170 330
            Slovénie (SI)                126 523             92 471       123 759           7 176             5 173          154 033
            Slovaquie (SK)                68 666             36 459        34 849           6 530             5 538           82 988

            Source : HFCS 2013 et Arrondel et al. (2014)

   12   LABEX LOUIS BACHELIER
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          Les structures moyennes recouvrent en              nombre de propriétaires de leur rési-          La richesse moindre des Allemands
          fait deux types de décision : le choix             dence principale en Allemagne n’est            tient donc beaucoup à leur faible taux
          “discret” de la composition du porte-              pas compensé par la détention d’autres         de propriétaires. Si l’on évalue les biens
          feuille (quels placements détenir ?) et            logements : là encore, seulement 18%           immobiliers au prix d’avant la bulle
          celui de la demande conditionnelle des             des ménages allemands (tout comme              immobilière des années 2000, deux
          différents placements (quel montant j’in-          les belges) possèdent un autre bien            pays semblent plus affectés que les
          vestis dans chaque actif détenu ?). Par            immobilier résidentiel alors que 28,5%         autres dans la hiérarchie des patri-
          rapport aux données macroécono-                    des français sont dans ce cas, plus d’un       moines européens, autrement peu
                                                                                                            touchée bien que les écarts relatifs
          miques, les enquêtes microécono-                   tiers des ménages ibériques (36,2%) et
                                                                                                            diminuent : montée au troisième rang
          miques permettent de mesurer séparé-               un quart des foyers italiens (24,9%).
                                                                                                            (derrière Luxembourg et Malte), la for-
          ment ces deux décisions à travers la
                                                                                                            tune médiane des Italiens dépasse
          diffusion des différents actifs au sein de         Pour mieux appréhender l’impact du
                                                                                                            cette fois largement celle des Chy-
          la population et de celui des sommes in-           logement sur la richesse des ménages
                                                                                                            priotes où la bulle immobilière a été
          vesties par les détenteurs des place-              en Europe en gommant certaines dis-
                                                                                                            particulièrement importante.
          ments.                                             parités entre pays, il peut alors être utile
                                                             d’une part, de comparer les montants
                                                             de patrimoine chez les seuls proprié-               Constat 3
          Le nombre de propriétaires varie beau-             taires, et d’autre part, d’évaluer les
          coup d’un pays à l’autre                           logements avant la bulle immobilière             Une diffusion de la propriété inégale au
                                                             des années 2000 (Perez-Duarte, 2014).            sein de la zone euro
                                                             Ne s’intéresser qu’au patrimoine (net
          Le tableau 4a présente la diffusion des
                                                             médian) des seuls propriétaires de leur          La diffusion des logements, notam-
          actifs dans chacun des pays de la zone
                                                             résidence principale n’affecte pas le            ment la résidence principale, dans
          euro et permet déjà de mieux compren-
                                                             podium du tableau 1 – Luxembourg                 chacun des pays de la zone euro
          dre les différences de patrimoine en               (550 000 €), Chypre (350 000 €) et Bel-          explique en partie les différences de
          Europe. Si on dénombre 55% de pro-                 gique (300 000 €) – mais modifie                 richesse. Globalement, 6 ménages
          priétaires de leur résidence principale            quelque peu la hiérarchie européenne             européens sur 10 sont propriétaires
          en France (60% dans la zone euro),                 des richesses au-delà : le patrimoine            avec néanmoins de fortes disparités
          seulement 44% des ménages alle-                    net médian en Allemagne se situe cette           entre pays. La diffusion de la pro-
          mands le sont. Inversement, plus de                fois-ci au niveau de celui de la zone            priété est plus faible en France
          huit ménages espagnols (82,7%) sur dix             euro (environ 220 000 €), avec un mon-           (55%) qu’en Espagne (83%), en Italie
          détiennent leurs murs et près de 7                 tant comparable à celui des Espagnols            ou en Belgique (69%) mais plus
          familles italiennes (68,7%) et belges              mais bien supérieur à la fortune
                                                                                                              élevée qu’en Allemagne (44%).
          (69,6%). Cette faiblesse relative du               médiane des Grecs (environ 130 000 €).

          Tab 4c Demandes médianes conditionnelles par actifs et par pays

                                      Logement             Autres           Actifs                          Actifs financiers
                                                                                           Actifs “sûrs”                          Total brut
                                      principal          logements      professionnels                           risqués
          Euro zone                    180 300            100 000            30 000             9 200            12 100            142 000
          Autriche (A)                 200 000             94 000          180 600             11 900            12 300             92 800
          Belgique (BE)                250 000            174 000            50 000            20 700            20 100            249 900
          Chypre (CY)                  240 300            202 200            98 800            18 300             2 000            331 900
          Allemagne (DE)               168 000            115 000            19 400            13 200            12 100             67 900
          Espagne (ES)                 180 300            120 200            50 800             5 100            12 000            210 200
          Finlande (FI)                127 800            107 600               900             5 700             3 700            132 700
          France (FR)                  193 800             96 100            53 100             8 900             8 100            150 400
          Grèce (GR)                   100 000             61 900            36 200             3 900             7 300            110 200
          Italie (IT)                  200 000            100 000            15 000             7 400            22 400            188 000
          Luxemb. (LU)                 500 000            300 000            97 600            23 100            28 500            494 400
          Malte (MT)                   186 600            120 100          136 500             17 700            21 600            227 400
          Pays-Bas (NL)                240 000            165 500            51 700            30 400             8 200            217 300
          Portugal (PT)                  90 000            53 500            47 100             3 800             8 900             93 200
          Slovénie (SI)                110 900             52 400            25 500             1 100             3 400            105 200
          Slovaquie (SK)                 55 900            16 400             4 600             2 300             1 100             64 400

          Source : HFCS 2013 et Arrondel et al. (2014)

                                                                                                                                                         13
OD6 18-06-HD_Mise en page 1 09/09/14 15:37 Page14

            Tab 5a Diffusion des actifs financiers risqués par pays et par niveau de richesse nette

                                                                    Quintiles de patrimoine net
                                            1er             2nd               3ème                4ème     5ème
                                                                                                                    Top 5%

            Euro zone                       3,1             13,0               17,0               23,7     44,2      55,0
            Autriche (A)                    2,4              4,4               13,8               18,5     33,8      38,9
            Belgique (BE)                   4,8             18,6               25,7               38,8     65,7      72,8
            Chypre (CY)                    18,1             24,3               35,3               41,7     62,4      77,6
            Allemagne (DE)                  3,5              9,0               27,1               28,0     47,5      55,7
            Espagne (ES)                    1,8              5,1                9,3               17,8     36,2      48,6
            Finlande (FI)                  14,6             29,7               36,1               45,7     67,4      81,7
            France (FR)                     3,0             10,9               19,1               27,9     47,5      63,8
            Grèce (GR)                      0,4              1,1                1,6                3,9     12,8      22,8
            Italie (IT)                     1,0             11,1               14,4               28,6     44,0      53,6
            Luxemb. (LU)                    4,6             17,4               21,3               31,8     54,4      65,6
            Malte (MT)                     10,8             17,9               30,4               48,6     60,7      61,8
            Pays-Bas (NL)                   7,8             12,4               23,9               29,7     45,8      60,3
            Portugal (PT)                   0,9              1,4                4,0                6,5     19,9      37,6
            Slovénie (SI)                   9,8             11,6               15,3               27,4     37,9      55,0
            Slovaquie (SK)                  1,6              2,2                3,9                5,2      7,6      11,8

            Source : HFCS 2013 et Arrondel et al. (2014)

            Tab 5b Demandes médianes des actifs financiers risqués par pays et par niveau de richesse nette

                                                                    Quintiles de patrimoine net
                                            1er             2nd               3ème                4ème     5ème
                                                                                                                    Top 5%

            Euro zone                      1 734            5 000             8 180           11 200      28 227    50 420
            Autriche (A)                   3 035            4 472            10 343           11 488      22 020   107 342
            Belgique (BE)                  4 000            5 000             6 760           19 820      75 000   363 180
            Chypre (CY)                      249            1 509               940               2 160    6 562    13 858
            Allemagne (DE)                 1 700            3 000             7 840           12 500      30 000    49 700
            Espagne (ES)                   5 775            8 521             7 604               7 609   19 110    56 000
            Finlande (FI)                    517            2 168             2 206               3 784   12 783    33 616
            France (FR)                    1 028            2 338             4 140               7 289   20 544    47 289
            Grèce (GR)                     1 920             740              4 930               4 865   10 000    30 767
            Italie (IT)                    4 000           13 000            14 956           20 000      35 000    60 000
            Luxemb. (LU)                 10 246             9 592            15 265           26 932      87 774   282 639
            Malte (MT)                     8 888           10 027            16 462           24 078      45 610    57 024
            Pays-Bas (NL)                  4 187            2 927             5 314           10 800      21 712   105 910
            Portugal (PT)                    750            3 038             8 000               5 000   15 660    28 180
            Slovénie (SI)                  2 200            1 365             2 395               3 253    4 822     5 315
            Slovaquie (SK)                   729             389                661               1 201    4 132     9 271

            Source : HFCS 2013 et Arrondel et al. (2014)

   14   LABEX LOUIS BACHELIER
OD6 18-06-HD_Mise en page 1 09/09/14 15:37 Page15

          Des actifs financiers risqués peu                                                       1.3 Conclusions provisoires
          diffusés dans la zone euro                     Constat 4
                                                                                                  Pour résumer, les données euro-
                                                       Une diffusion des actifs financiers
          Les disparités concernant la diffusion                                                  péennes du HFCS montrent que la
                                                       risqués limitée dans la plupart des pays
          des actifs financiers risqués sont moins                                                faible diffusion des actifs financiers ris-
                                                       mais qui augmente fortement avec la
          importantes (tableau 4a) : environ un                                                   qués touche la plupart des nations de la
                                                       taille du patrimoine
          ménage sur 5 en France (21,7%) et en                                                    zone euro à l’exception de “petits pays”
          Italie (19,8), près d’un sur 4 en Alle-      La diffusion des actifs financiers ris-    qui occupent une position particulière
          magne (23,0%), mais près d’un tiers en       qués concerne autour de un mé-             (Malte, Chypre, et même Belgique) ainsi
          Belgique (30,7%) et de 40% en Fin-           nage sur cinq dans les grands pays         que de la Finlande. Bien sûr, plus on
          lande. Globalement, peu de ménages           et l’ensemble de la zone euro. Elle        s’élève dans la hiérarchie des fortunes,
          investissent dans des actifs risqués         est plus élevée, mais encore loin des      plus le nombre d’actionnaires apparaît
          dans la zone euro (un sur 5). Lorsqu’ils     100%, au sein des ménages plus             important. On notera également qu’un
          détiennent des actifs risqués, les épar-     fortunés : ainsi, parmi les 5% les         haut diplôme et le fait d’être célibataire
          gnants européens y investissent en           plus riches, près de trois ménages         joue favorablement sur la demande
          moyenne environ 50 000 euros (tableau        sur 4 détiennent des actifs risqués        d’actifs risqués. Ces trois facteurs don-
          4b), ordre de grandeur que l’on observe      en Belgique, mais seulement un peu         nent déjà des pistes pour expliquer la
          en Italie, en Espagne, en Allemagne et       moins de deux sur 3 en France, et          fameuse énigme de la “prime de risque
          en France ; les ménages belges sont          autour d’un sur deux en Espagne,           sur actions”: des coûts de transactions
          non seulement plus nombreux à détenir        en Italie et en Allemagne ; les mon-       élevés expliqueraient le rôle du patri-
          des actifs risqués, mais investissent        tants investis sont aussi beaucoup         moine ; des coûts d’information et une
          bien davantage en moyenne (133 500           plus importants. Une augmentation          éducation financière trop faible justifie-
          euros). Les montants médians investis        du taux d’actionnaires parmi les           rait l’importance du diplôme ; une
          par les ménages concernés sont cepen-        seuls ménages fortunés serait donc         aversion et une exposition au risque
          dant beaucoup plus faibles, soit 12 000      susceptible, a priori, de générer un       plus faibles permettraient des investis-
          euros globalement et seulement 8 000         supplément considérable d’épargne          sements moins sécurisés. Mais ces
          euros en France ; la médiane est parti-      en actions.                                explications suffisent-elles ? Un petit
          culièrement faible en Finlande (3 700                                                   détour par la théorie économique sera
          euros) qui se caractérise donc par une                                                  ici nécessaire.
          proportion élevée de petits porteurs
          (tableau 4c).                               Ces effets du niveau de richesse sur la
                                                      demande d’actifs risqués restent vala-
          La demande d’actifs risqués augmente        bles si l’on prend en compte les autres
          très fortement avec le niveau de richesse   caractéristiques du ménage (cf. Arron-
          des ménages que ce soit au niveau de        del et al., 2014) : toutes choses égales
          la diffusion (tableau 5a) ou de la struc-   par ailleurs6, la probabilité de détenir
          ture des portefeuilles (tableau 5b).        des actifs risqués augmente en
          Globalement, dans la zone euro, les         moyenne de 31 points dans la zone
          ménages les plus riches (appartenant        euro entre les moins riches (premier
          au cinquième quintile) sont 2,2 fois plus   quintile) et les plus riches (cinquième
          nombreux que la moyenne à détenir           quintile) ; elle augmente d’environ 30
          des actifs risqués, un ratio que l’on       points en Italie, en France et en
          retrouve dans le cas de la France, mais     Espagne, de 35 points en Allemagne, et
          qui est plus élevé en Espagne (2,6). Si     jusqu’à 49 points en Belgique. D’autres
          l’on s’intéresse au 5% les plus riches,     effets, partagés par la plupart des pays
          ces derniers sont près de 3 fois plus       européens, sont également intéressants
          nombreux que la moyenne à détenir           à noter : les plus diplômés détiennent
          des actifs risqués dans la zone euro. Le    plus souvent des actifs risqués que les
          tableau 5b permet de constater que          moins diplômés (avec un écart de pro-
          cette relation entre les investissements    babilité de détention de l’ordre de 10
          en actifs financiers risqués et le mon-     points en moyenne dans la zone euro) ;
          tant de la richesse se traduit également    être célibataire favorise également la
          au niveau des demandes conditionnelles      détention d’actions.
          avec une relation en général plus que
          proportionnelle : ces actifs sont un bien
          de luxe même au sein des détenteurs.

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