Modélisation expérimentale de la dynamique d'un mini drone par approche à erreur de sortie

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Modélisation expérimentale de la dynamique d'un mini drone par approche à erreur de sortie
Modélisation expérimentale de la dynamique d’un
     mini drone par approche à erreur de sortie
      Elie Tohme1 , Guillaume Mercère1 , Régis Ouvrard1 , Thierry Poinot1 et Alain Farcy2
              1
                  Université de Poitiers, Laboratoire d’Automatique et d’Informatique Industrielle
                            40 avenue du Recteur Pineau, 86022 Poitiers Cedex, France
                                             2
                               Laboratoire d’Etudes Aérodynamiques
   SP2MI - Téléport 2, Boulevard Marie et Pierre Curie, BP 30179, 86962 Futuroscope Chasseneuil
                                          Cedex, France

                                     prenom.nom@univ-poitiers.fr, nom@ensma.fr

Résumé— Le problème d’identification des relations entrée-                  nique (ENSMA) de Poitiers associés à plusieurs chercheurs
sortie reliant respectivement le braquage des élevons à l’as-               du Laboratoire d’Études Aérodynamique (LEA) et du La-
siette longitudinale et la commande des ailerons au roulis
d’un mini drone est considéré. Ce système deux entrées deux                 boratoire d’Informatique Scientifique et Industrielle (LISI)
sorties présente la particularité de posséder des modes lon-                de Poitiers. AMADO a conduit à la réalisation d’un aé-
gitudinaux et latéraux découplés et un mode de rotation                     ronef miniature de 55 cm d’envergure et d’un poids d’en-
autour de l’axe de roulis instable. Bien que non linéaires, la
démarche considérée au sein de cet article est d’approcher
                                                                            viron 930 grammes (cf. Fig. 1). Ce dernier est muni de
ces relations à l’aide de modèles linéaires à temps continu.                capteurs et d’actionneurs, ainsi que de composants de cal-
Des algorithmes de type erreur de sortie sont employés pour                 cul, lui permettant d’effectuer des vols de façon autonome.
atteindre cet objectif. Les difficultés liées à l’initialisation de         A ce prototype s’ajoute un simulateur développé à par-
ce type l’algorithme sont atténuées à l’aide d’un nouvel algo-
rithme dénommé algorithme à pseudo-erreur de sortie. Ce                     tir d’un modèle physique mis au point par des experts de
dernier présente l’avantage de n’avoir qu’un optimum global                 la mécanique du vol. Ce simulateur est interfacé avec la
lorsqu’une condition de passivité particulière est vérifiée.                station sol et conduit à envisager des situations de vol réa-
Mots-clés— Identification, mini drone, approche à temps                     listes. Cet ensemble drone+simulateur ouvre des perspec-
continu, méthode à erreur de sortie.

                        I. Introduction
   Depuis une dizaine d’années, les projets de recherche
concernant les véhicules aériens autonomes (communément
appelés « drones ») se multiplient de manière considérable,
en particulier dans les communautés automaticiennes et
roboticiennes. En témoignent le nombre d’équipes de la-
boratoires français travaillant sur ce type de système ainsi
que la création, début 2008, d’un groupe de travail « Vé-
hicules aériens autonomes » au sein du GdR MACS. Cette
motivation résulte, entre autres, du large champ applica-                                  Fig. 1. Drone du projet AMADO.
tif militaire de ce processus. Plus récemment, de nouvelles
applications dans le secteur civil (surveillance du trafic, ins-            tives très encourageantes et a permis de mettre en évidence
pection de bâtiments, détection de danger...) ont vu le jour.               un ensemble de verrous technologiques. Parmi ceux-ci, la
Cette problématique intéresse évidemment les chercheurs                     détermination de modèles paramétriques fiables pour le cal-
et les industriels mais également les étudiants des univer-                 cul de lois de commande appropriées est fondamentale. Le
sités et écoles d’ingénieurs françaises. Le concours « Inter-               problème considéré au sein de cet article concerne plus par-
national Universities MINI UAV Competition », lancé par                     ticulièrement la modélisation expérimentale des relations
l’ONERA et la DGA en 2002, a ainsi conduit au finance-                      entrée-sortie reliant respectivement le braquage des élevons
ment de dix projets universitaires sur une durée de trois                   à l’assiette longitudinale et la commande des ailerons au
ans. L’un des lauréats est le projet « Aéronef Miniature                    roulis. Ce type de système présente les particularités sui-
Automatisé de Détection et d’Observation » (AMADO),                         vantes :
projet porté principalement par les élèves ingénieurs de                       – le mode longitudinal (relation « élevons / assiette lon-
l’École Nationale Supérieure de Mécanique et d’Aérotech-                         gitudinale ») est stable,
                                                                               – le mode de rotation autour de l’axe de roulis (relation
  Ce travail est en partie financé par l’Université de Poitiers via l’ac-
tion incitative « Identification et optimisation des lois de commande            « ailerons / roulis ») est instable. Une identification en
d’un mini drone ».                                                               boucle fermée devra donc être envisagée,
– les modes longitudinaux et latéraux peuvent être             gence globale [8]. Parmi ceux-ci, la méthode dénommée al-
      considérés, en première approximation, comme décou-         gorithme à pseudo-erreur de sortie (PES) est considérée au
      plés.                                                       sein de cette communication. Il est inspiré des algorithmes
Ce travail d’identification est réalisé en s’appuyant exclu-      récursifs asymptotiquement convergents de I. Landau [9] et
sivement sur le simulateur de vol du drone. Ce dernier,           présente l’avantage de n’avoir qu’un optimum global lors-
réalisé à partir des équations de la mécanique du vol, met        qu’une condition de passivité particulière est vérifiée. Une
en jeu des équations non linéaires. Cependant, afin d’avoir       version simplifiée de l’algorithme PES a également été dé-
accès aux paramètres physiques du système et faciliter la         veloppée. Ce dernier conduit à une condition de passivité
conception des correcteurs, les modèles recherchés sont des       moins contraignante. Ainsi, la solution fournie par ces algo-
modèles à temps continu présentés sous forme de fonc-             rithmes à pseudo-erreur de sortie permet d’initialiser l’al-
tions de transfert. Pour atteindre cet objectif, plusieurs        gorithme ES au voisinage de l’optimum et de garantir sa
approches sont proposées au sein de la littérature. La pre-       convergence vers l’optimum global.
mière, qualifiée d’indirecte, consiste à déterminer un mo-           Le plan de cet article est le suivant. La Section II présente
dèle à temps discret à l’aide de techniques conventionnelles      le simulateur et les conditions expérimentales rencontrées.
telles que, par exemple, les méthodes d’erreur de prédic-         La Section III propose un rappel de l’approche classique
tion [1], puis de convertir ce dernier en un modèle à temps       d’erreur de sortie et introduit les notations. L’algorithme
continu. Les propriétés statistiques de ces méthodes d’es-        à pseudo-erreur de sortie est quant à lui exposé au sein
timation de modèles discrets (biais, variance, convergence,       de la Section IV. Le problème de paramétrisation de cet
etc.) sont bien connues et expliquent en grande partie l’at-      algorithme ainsi que les contraintes à vérifier pour assurer
trait pour cette stratégie. En contrepartie, cette approche       une convergence globale y sont plus particulièrement énon-
indirecte souffre d’un certain nombre de limitations dont         cés. La version simplifiée de l’algorithme à pseudo-erreur
les principales concernent [2]                                    de sortie est expliquée Section V. L’identification du drone
   – le choix délicat de la période d’échantillonnage pour        est finalement considérée Section VI.
      identifier un modèle à temps discret lorsque le système
      possède des modes éloignés,                                              II. Description du simulateur
   – la conversion modèle à temps discret/modèle à temps
      continu nécessite de calculer le logarithme d’une ma-
                                                                                   δelv
      trice pouvant déboucher sur des résultats complexes et                                           Modèle
      donner alors lieu à d’importantes erreurs numériques,                        δail
                                                                                                  des efforts
   – certains zéros stables du modèle à temps continu                             δmot
      peuvent devenir instables dans le modèle à temps dis-
      cret [3].
                                                                                          Résultante
                                                                                           Moment

                                                                                                                Param.
                                                                                                                du mvt
Ces limitations peuvent être palliées avec l’approche di-
recte qui consiste à identifier un modèle à temps continu
directement à partir des données échantillonnées [4]. Deux
grandes familles de méthodes sont suggérées pour estimer
directement des modèles à temps continu :                                                                                α
                                                                                                   Équations
   – les méthodes d’erreur d’équation (EE) [1] qui pré-                                                                  ψ
      sentent l’avantage d’une solution immédiate mais gé-                                             du mvt               ~ ~z0
                                                                                                                         W =V
      néralement biaisée,
   – les approches à erreur de sortie (ES) [1], [5] qui uti-
      lisent une programmation non linéaire itérative plus                Fig. 2. Représentation schématique du simulateur.
      lourde à implémenter mais dont la solution est asymp-
      totiquement non biaisée [6].                                   Le simulateur employé pour cette étude est schématisé
Malgré une charge de calcul plus importante, c’est un al-         Figure 2. Il a pour but de reproduire la réponse dynamique
gorithme ES qui est retenu pour cette application. Dans           du drone aux commandes suivantes
cet article, seuls des modèles linéaires à temps continu de          – le braquage des élevons (δelv ),
type boite noire sont identifiés. Ces modèles permettront            – le braquage des ailerons (δail ),
ainsi de se substituer au simulateur. Néanmoins, un des              – la commande moteur (δmot ).
objectifs à plus long terme est d’accéder aux paramètres          Dans la suite de cet article, la commande moteur sera consi-
physiques du drone via des modèles de connaissance, d’où          dérée comme constante et fixée à 10m/s.
l’utilisation des algorithmes ES particulièrement bien adap-         La position angulaire est repérée par les angles d’Euler
tés pour l’identification de modèles non linéaires à temps        entre le repère lié au drone (~x, ~y , ~z) et le repère terrestre
continu. Ces algorithmes sont basés sur une minimisation          (~x0 , ~y0 , ~z0 ). Ces angles d’Euler sont classiquement l’angle
par programmation non linéaire d’un critère quadratique,          de roulis ψ, l’assiette longitudinale α et l’azimuth γ.
ayant généralement pour conséquence la non unicité de                Le simulateur comporte deux parties :
l’optimum [7]. Une solution pour éviter les optima secon-            – Un module d’estimation des efforts à partir des com-
daires est d’initialiser la recherche de l’algorithme ES à par-           mandes et des paramètres du mouvement. Il repose
tir d’une estimation proche de l’optimum global. Des tra-                 plus particulièrement sur une linéarisation des coeffi-
vaux récents menés au LAII ont permis de définir de nou-                  cients aérodynamiques.
veaux algorithmes de type ES qui garantissent la conver-             – Un module de résolution des équations du mouvement.
Il est important de noter que tous les coefficients inter-         de manière générique par
venant au sein de ce simulateur ont été évalués à partir
d’essai en soufflerie sur une maquette du drone à l’échelle                                    B̂(s)
                                                                              Ĥ(s) =
1. De plus, les données d’entrée et de sortie du simulateur                                    Â(s)
ne sont sujettes à aucune perturbation.
                                                                               Â(s) = 1 + â1 s + · · · + ân sn
   Comme précisé au sein de l’introduction, le mode longi-
tudinal, c’est-à-dire le transfert reliant δelv à α, est stable.               B̂(s) = b̂0 + b̂1 s + · · · + b̂m sm , m < n.
Il s’agit en fait d’une stabilité aérodynamique propre du
drone. Cette propriété intrinsèque résulte du fait qu’en vol       Soit                                                                   T
                                                                                θ̂T = â1
                                                                                     
en palier, un moment de rappel naturel est présent de par                                            ···     ân    b̂0   ···       b̂m
la définition géométrique et le centrage du drone, moment          le vecteur des paramètres à estimer et yM (t, θ̂) la réponse
conduisant à une stabilité statique autour de l’axe y. Cette       du modèle à l’excitation u(t). Le critère à minimiser s’écrit
condition de stabilité n’existe malheureusement pas pour le        alors
mode autour de l’axe de roulis pour une aile sans drièdre.
Un correcteur assurant la stabilisation de ce mode asso-                                N
                                                                                        X                                   N
                                                                                                                            X
cié à une procédure de type identification en boucle fermée                 J(θ̂) =            (y(t) − yM (t, θ̂))2 =               εM (t, θ̂)2 .   (2)
doivent donc être envisagés pour identifier le transfert re-                            t=1                                 t=1

liant δail à ψ. Le découplage des transferts δelv → α et           Puisque cette fonction coût est non linéaire en les para-
δail → ψ peut quant à lui se justifier de la façon suivante.       mètres, son optimisation nécessite d’appliquer une procé-
L’examen des relations définissant les efforts montre que la       dure itérative d’optimisation non linéaire. L’algorithme de
commande δelv n’a d’influence que sur les résultantes selon        Marquardt défini comme suit
x et z ainsi que le moment en y. Une trajectoire dans un
plan vertical va donc le rester et il n’y aura pas de variation               σ(t, θ̂i ) =      ∂yM (t,θ̂)
de l’angle de roulis. De même, la commande δelv n’influe                                          ∂ θ̂i
                                                                                                     N
que sur le moment selon x qui contrôle directement l’angle                              ∂J          P
                                                                              Jθ̂′ =    ∂ θ̂
                                                                                               =−          σ(t, θ̂i )εM (t, θ̂i )
de roulis. Le braquage des ailerons n’aura donc que peu                                                t=1
                                                                                                         N                                          (3)
d’influence sur le mode longitudinal.                                         Jθ̂′′ =     ∂2 J
                                                                                              ≈      σ(t, θ̂i )σ T (t, θ̂i )
                                                                                                         P
                                                                                        ∂ θ̂∂ θ̂ T
                                                                                              ht=1
                                                                                                            i−1 
         III. Algorithme à erreur de sortie                                   θ̂i+1    = θ̂i − Jθ̂′′ + µi I       Jθ̂′
                                                                                                                                θ̂=θ̂i
   Dans ce travail, nous nous attachons à modéliser les dy-
namiques reliant respectivement le braquage des élevons            permet de réaliser cette optimisation. µi est un paramètre
à l’assiette longitudinale et la commande des ailerons au          de contrôle permettant à l’algorithme de passer de la mé-
roulis. Bien que non linéaires, la démarche considérée au          thode du gradient, réputée stable, lorsque θ̂i est loin de
sein de cet article est d’approcher ces relations à l’aide de      l’optimum (ou que l’estimation tend à diverger) et la mé-
modèles linéaires à temps continu. Le système considéré            thode de Gauss Newton, intéressante pour sa rapidité de
présente deux caractéristiques importantes :                       convergence au voisinage de l’optimum.
   – le mode de rotation autour de l’axe de roulis (relation          Cette méthode, et plus généralement l’approche de type
     « ailerons / roulis ») est instable,                          erreur de sortie, permet théoriquement d’obtenir une esti-
   – les modes longitudinaux et latéraux sont découplés.           mation asymptotiquement non biaisée. Néanmoins, elle ne
La première propriété demande d’appliquer une identifica-          peut pas garantir la convergence vers l’optimum global. De
tion en boucle fermée. Les données étant obtenues à l’aide         récents travaux menés au LAII [8] ont conduit au déve-
du simulateur qui, par construction, ne présente aucune            loppement de nouveaux algorithmes appartenant à la fa-
perturbation, l’estimation du modèle de transfert instable         mille des méthodes d’erreur de sortie, nommés algorithmes
est réalisable en considérant simplement la relation sui-          à pseudo-erreur de sortie (PES), qui assurent la conver-
vante                                                              gence vers un attracteur unique. Les estimées données par
                                                                   ces algorithmes peuvent être biaisées, mais sont proches de
                C(s)G(s)                    HBF (s)                l’optimum global du critère (2). Cette estimation est alors
 HBF (s) =                 ⇒ G(s) =                                utilisée pour initialiser l’algorithme de Marquardt.
              1 + C(s)G(s)            (1 − HBF (s)) C(s)
                                                         (1)              IV. Algorithme à pseudo-erreur de sortie
où G(s) est la transmittance instable reliant δail à ψ, C(s)
la fonction de transfert du correcteur et HBF (s) la trans-        A. Description de l’algorithme
mittance du système bouclé par retour unitaire. Cepen-                L’algorithme à pseudo-erreur de sortie tient son ori-
dant, il est à noter que le degré de McMillan du modèle            gine des études comparatives, présentées dans [11], [12],
Ĝ(s) augmente. Il est égal à la somme des degrés de Mc-           des techniques ES hors ligne et des algorithmes ES récur-
Millan de HBF (s) et de C(s) [10]. Une étape de réduction          sifs développés par I. Landau [9]. L’originalité des algo-
de modèle est donc nécessaire. La propriété de découplage          rithmes ES proposés par I. Landau réside dans l’utilisation
permet de gérer les deux problèmes d’identification séparé-        d’un filtre stationnaire sur les résidus. Ces algorithmes pré-
ment.                                                              sentent la propriété d’être globalement asymptotiquement
   Considérons donc que les transmittances du processus            stables sous certaines hypothèses de passivité. L’idée suggé-
stable en boucle ouverte et du procédé bouclé sont définies        rée dans [11], [12] est de modifier les fonctions de sensibilité
définies dans le cas de l’algorithme à erreur de sortie. Plus                  B. Convergence de l’algorithme
particulièrement les fonctions de sensibilité de l’algorithme                     La convergence de l’algorithme PES a été étudiée en
(3)peuvent s’écrire dans le domaine de Laplace comme suit                      utilisant la technique de l’ODE proposée par L. Ljung
                                                                               [13], [14]. Les détails de cette étude sont donnés dans [8].
         ∂                 −sj B̂(s)           −sj
              YM (s, θ̂) =             U (s) =       YM (s, θ̂)                Pour assurer la convergence globale de l’algorithme PES,
        ∂âj               Â(s) Â(s)         Â(s)                           la condition de passivité suivante doit être satisfaite
         ∂                  sj                                                                     
                                                                                                      D(jω) 1
                                                                                                                  
              YM (s, θ̂) =       U (s).                                                         Re           −      > 0.               (8)
        ∂ b̂j              Â(s)                                                                      A(jω)     2

La transformée de Laplace σ(s, θ̂) du vecteur des fonctions                    Notons que cette condition dépend du polynôme dénomi-
                                                                               nateur de la fonction de transfert du système réel qui est,
de sensibilité σ(t, θ̂) peut donc être mise sous la forme
                                                                               par définition, inconnu. Il est donc nécessaire de proposer
                                         1                                     une procédure particulière pour choisir le filtre stationnaire
                     σ(s, θ̂) =                ΦM (s, θ̂)                (4)   D(s).
                                       Â(s)
avec                                                                           C. Choix du filtre stationnaire 1/D(s)
                                                                                 Le filtre stationnaire idéal pour assurer une convergence
  ΦM (s, θ̂) = −YM (s, θ̂) · · ·                                               globale est un filtre ayant les paramètres exacts du système
                                                                        T     réel D(s) = A(s). Seulement, ces paramètres sont inconnus
                   −sn−1 YM (s, θ̂) U (s) · · ·                 sm U (s) .
                                                                               puisqu’on cherche à les identifier. Généralement, il est pos-
La modification proposée consiste alors à remplacer le                         sible d’obtenir, à l’aide d’une réponse indicielle ou d’une
filtre 1/Â(s) de la relation (4), modifié à chaque itéra-                     étude harmonique, une connaissance a prioride la bande
tion de la procédure d’identification, par un filtre station-                  passante du système réel. On choisit alors un filtre passe-
naire 1/D(s). La propriété de convergence globale des algo-                    bas avec pour bande passante, celle connue a priori, et
rithmes ES récursifs est ainsi étendue aux algorithmes hors                    pour ordre, l’ordre supposé (ou légèrement supérieur) du
ligne. On définit alors des pseudo-fonctions de sensibilité                    système. On peut imaginer ensuite différentes techniques
φ(t, θ̂) telle que leur transformée de Laplace s’écrit                         pour revenir sur ce choix durant la procédure itérative, et
                                                                               ainsi, améliorer l’algorithme. D’autres techniques de syn-
                                     1                                         thèse ont été proposées ces dernières années. Le lecteur
                  φ(s, θ̂) =             ΦM (s, θ̂).
                                    D(s)                                       intéressé pourra se référer aux documents [15], [16] pour de
                                                                               plus amples informations sur ce problème.
Il en découle un pseudo-gradient et un pseudo-Hessien dé-
finis respectivement par                                                           V. Algorithme à pseudo-erreur de sortie
                                                                                                    simplifié
                                N
                   J˜θ̂′ = −                                                       La condition de passivité (8) est relativement contrai-
                                X
                                       φ(t, θ̂i )εM (t, θ̂i )            (5)
                                t=1                                            gnante. Pour relâcher cette condition, un nouvel algo-
                              N                                                rithme, nommé algorithme à pseudo-erreur de sortie sim-
                   J˜θ̂′′ =                                                    plifié (PESS), est proposé. Il consiste à modifier le pseudo-
                              X
                                    φ(t, θ̂i )φT (t, θ̂i ).              (6)
                              t=1                                              Hessien (6) calculé à chaque itération de l’algorithme (7) en
                                                                               le figeant durant toute la phase d’optimisation, plus parti-
En substituant σ(t, θ̂) par φ(t, θ̂) dans l’algorithme ES de                   culièrement en le calculant à partir des paramètres initiaux
Marquardt (3), on obtient l’algorithme à pseudo-erreur de                      θ̂init
sortie donné par                                                                                       N
                                                                                              J˜θ̂′′ =
                                                                                                       X
                                                                                                         φ(t, θ̂init )φT (t, θ̂init ).
                                                                                                       t=1
  θ̂i+1 = θ̂i +
   "N                                #−1 N                                     L’algorithme PESS est alors défini comme suit
     X                                  X
                   T
        φ(t, θ̂i )φ (t, θ̂i ) + µi I       φ(t, θ̂i )εM (t, θ̂i ). (7)          θ̂i+1 = θ̂i +
       t=1                                      t=1                            "N                                       #−1 N
                                                                                X                                          X
                                                                                                   T
   Remarque 1: A première vue, les équations (3) et (7)                              φ(t, θ̂init )φ (t, θ̂init ) + µi I       φ(t, θ̂i )εM (t, θ̂i ).
sont semblables. Cependant, il y a une différence fonda-                         t=1                                        t=1
mentale dans le mécanisme de convergence des deux al-                          La convergence globale de cet algorithme est assurée si la
gorithmes. Dans l’algorithme ES, l’estimation est réalisée                     condition de passivité suivante est respectée
par minimisation du critère J(θ̂). Dans l’algorithme PES,                                                   
                                                                                                      D(jω)
l’introduction du filtre stationnaire fait que l’algorithme                                      Re            > 0.                   (9)
converge vers un optimum unique ; en fait, il n’y plus de                                             A(jω)
minimisation de critère. C’est une façon radicale de s’ac-                     On remarque aisément que cette condition de passivité est
quitter des optima secondaires. C’est la différence essen-                     moins contraignante que celle que doit vérifier l’algorithme
tielle entre ces deux algorithmes. On devine par contre ai-                    PES. Toutefois, il est important de noter que le choix de
sément que le choix du filtre stationnaire 1/D(s) est une                      θ̂init conditionnera la vitesse de convergence de l’algorithme
étape cruciale de l’algorithme PES.                                            via le Hessien.
VI. Identification du drone du projet AMADO                                        classique d’erreur d’équation. Le vecteur de paramètres ini-
                                                                                    tiaux s’écrit alors
A. Procédure d’identification
  La procédure d’identification décrite dans les sections
                                                                                              
                                                                                      θ̂init = 434.9 661.3 299.5 6.9
précédentes va être utilisée pour identifier les paramètres                                                                                  
                                                                                                                       −1757.0 −1532.1 −292.8 .
des transferts δelv → α et δail → ψ à partir des données
fournies par le simulateur. Ces transferts étant découplés,                         On en déduit le filtre stationnaire
chacun sera identifié séparément. Pour chaque modèle, la
procédure se déroule en cinq étapes :                                                     D(s) = s4 + 6.963s3 + 299.5s2 + 661.3s + 434.9.
  – Le système est excité par une séquence binaire pseudo-
     aléatoire et on réalise l’acquisition de la sortie à partir                    Une fois ce filtre déterminé, l’algorithme PES est employé.
     du simulateur.                                                                 Ce dernier est initialisé à l’aide du filtre préalablement
  – A partir d’une information a priori sur les modes do-                           construit. L’algorithme ES est finalement appliqué pour as-
     minants du système ou grâce à une estimation préa-                             surer la convergence globale. Le transfert δelv → α estimé
     lable par un algorithme de type EE [2], on définit θ̂init ,                    est alors le suivant
     le vecteur des paramètres initiaux.
  – θ̂init est utilisé pour initialiser l’algorithme PES et dé-                                                −293.8s2 − 959.6s − 149.9
                                                                                     Ĥ1 (s, θ̂) =                                              .
     finir le filtre stationnaire D(s). La convergence de l’al-                                       s4   + 5.054s3 + 288.3s2 + 111.8s + 224.3
     gorithme PES fournit le vecteur θ̂pes .                                           La Figure 4 présente les erreurs de prédiction fournies
  – θ̂pes est utilisé à son tour pour initialiser l’algorithme                      par les trois modèles estimés précédemment sur un second
     ES (3) qui, après convergence, fournit le vecteur opti-                        jeu de données. Elles correspondent quantitativement à un
     mal θ̂opt .                                                                    ajustement de 68.9%, 99.3% et 99.4% respectivement pour
  – La prédiction du modèle défini à partir de θ̂opt est tes-                       les modèles ARX, PES et ES. Ces valeurs sont obtenues
     tée sur des données de validation obtenues en appli-                           en calculant le pourcentage de correspondance en variance
     quant une seconde séquence binaire pseudo-aléatoire                            défini par
     au système.                                                                                          var(y − ŷ)
                                                                                                      1−              × 100%.
  Pour l’obtention des données à partir du simulateur du                                                    var(y)
drone, la période d’échantillonnage est fixée à 0.05s.

B. Identification du transfert δelv → α                                                      2
                                                                                                                                                      Modèle ARX
                                                                                                                                                      Modèle PES
   Les données d’entrée et de sortie employées pour l’iden-                                 1.5
                                                                                                                                                      Modèle ES

tification sont présentées Figure 3. Le signal d’entrée est ici                              1

une séquence binaire pseudo aléatoire générée à partir de 11
registres à décalage et d’un facteur de sous-échantillonnage
                                                                                            0.5

p tel que pfSBP A = fe de 4.                                                                 0

                                                                                           −0.5

                                                                                            −1
        8
                                                            Signal d’entrée
                                                            Signal de sortie
                                                                                           −1.5

        6

                                                                                            −2

        4                                                                                  −2.5

                                                                                            −3
                                                                                                  0   2     4    6     8      10       12   14   16   18           20

        2
                                                                                                                           Temps (s)

        0

                                                                                    Fig. 4. Erreurs de prédiction des modèles estimés par ARX, PES et
                                                                                        ES sur des données de validation.
       −2

                                                                                       On constate que dans les conditions de fonctionnement
       −4

                                                                                    et pour les excitations utilisées, le modèle final obtenu par
       −6
                                                                                    l’algorithme ES offre une qualité d’approximation remar-
                                                                                    quable.
            0   2   4   6    8      10       12   14   16       18             20
                                 Temps (s)

                                                                                    C. Identification du transfert δail → ψ
       Fig. 3. Données d’entrée-sortie du système δelv → α.
                                                                                      Le transfert δail → ψ est instable. Il est donc nécessaire
                                                                                    de considérer ce transfert en boucle fermée. Le correcteur
  Une étude amont conduit à choisir un modèle d’ordre
                                                                                    C(s) utilisé pour stabiliser le transfert est un simple cor-
4 comprenant 2 zéros. Comme indiqué préalablement, les
                                                                                    recteur à avance de phase
algorithmes à pseudo-erreur de sortie demandent de fixer
un filtre stationnaire D(s). Ce dernier est obtenu en esti-                                                           0.07s + 0.1
mant un modèle ARX d’ordre 4 à l’aide d’un algorithme                                                        C(s) =               .
                                                                                                                      0.007s + 1
La démarche employée consiste à appliquer une méthode                                   type erreur de sortie. Pour initialiser ces algorithmes, un
d’identification en boucle fermée indirecte, c’est-à-dire es-                           algorithme à pseudo-erreur de sortie et sa version simpli-
timer HBF (s) puis calculer le transfert G(s) en appliquant                             fiée ont été proposés. Ils permettent ainsi à d’assurer une
la relation (1).                                                                        bonne convergence de l’algorithme ES.
   Les données d’entrée-sortie utilisées pour l’identification                             L’application de cette méthodologie sur le simulateur du
sont présentées sur la Figure 5.                                                        drone a montré que des modèles linéaires à temps continu
                                                                                        peuvent être utilisés pour caractériser la dynamique de vol
                                                                                        du drone et ainsi faciliter la synthèse de correcteurs.
                                                                                           Les futurs travaux vont maintenant consister à appliquer
       1.5
                                                              Signal de consigne
                                                              Signal de sortie

                                                                                        la même méthodologie sur des données réelles issues du
        1
                                                                                        drone. Pour cela, l’étude sera faite dans un premier temps
                                                                                        en soufflerie, puis en situation réelle de vol.
       0.5

                                                                                                                     Références
        0
                                                                                        [1]    L. Ljung. System identification - Theory for the User. Prentice
                                                                                               Hall, Englewood Cliffs, NJ, 1999.
                                                                                        [2]    H. Garnier, M. Mensler, et A. Richard. Continuous-time mo-
      −0.5
                                                                                               del identification from sampled data : implementation issues
                                                                                               and performance evaluation. International Journal of Control,
                                                                                               76(13) :1337–1357, 2003.
       −1                                                                               [3]    K. J. Aström, P. Hagander, et J. Sternby. Zeros of sampled
                                                                                               systems. Automatica, 20 :31–38, 1984.
                                                                                        [4]    H. Unbehauen et G. P. Rao. Continuous-time approaches to
      −1.5
             0   2    4    6   8      10       12   14   16         18             20
                                                                                               system identification-a survey. Automatica, 26 :23–35, 1990.
                                   Temps (s)
                                                                                        [5]    J. Trigeassou et T. Poinot. Identification des systèmes, chapter
                                                                                               Identification des systèmes à temps continues, pages 177–212. I.
                                                                                               Landau and A. Besançon Voda, 2001.
      Fig. 5. Données d’entrée-sortie du système δail → ψ.                              [6]    J. Richalet, A. Rault, et R. Pouliquen. Identification des pro-
                                                                                               cessus par la méthode du modèle. Gordon and Breach, 1971.
   Après identification d’un modèle ARX d’ordre 4, on ob-                               [7]    L. Pronzato et E. Walter. Eliminating suboptimal local mi-
                                                                                               nimizers in nonlinear parameter estimation. Technometrics,
tient le modèle de la boucle fermée suivant                                                    43(4) :434–442, 2001.
                                                                                        [8]    E. Tohme. Initialization of output error identification algo-
                       2689s2 + 1.03e4s + 5.48e4                                               rithms. PhD thesis, Université de Poitiers, France, 2008.
ĤBF (s) =                                               .
                 s + 145.2s3 + 3047s2 + 1.22e4s + 5.28e4
                  4                                                                     [9]    I.D. Landau. Unbiased recursive identification using model re-
                                                                                               ference adaptive techniques. IEEE Transactions on Automatic
Ce modèle correspond à un ajustement sur les données uti-                                      Control, 21(2) :194–202, April 1976.
                                                                                        [10]   P. M. J. Van den Hof. Closed-loop issues in system identification.
lisées de 99%. Il n’est donc pas nécessaire, dans ce cas,                                      Annual Reviews in Control, 22 :173–186, 1998.
d’utiliser une technique d’erreur de sortie pour améliorer                              [11]   J. C. Trigeassou, F. J. Carillo, T. Poinot, et O. Grospeaud.
les résultats d’identification.                                                                Convergence des algorithmes à erreur de sortie hors-ligne et ré-
                                                                                               cursifs. Journées Identification et Modélisation Expérimentale,
   Après réduction, on obtient le modèle boucle ouverte                                        pages 198–207, Nancy, France, 2001.
(transfert δail → ψ) suivant                                                            [12]   J. C. Trigeassou, F. J. Carillo, T. Poinot, et O. Grospeaud.
                                                                                               Convergence des algorithmes à erreur de sortie hors-ligne et ré-
                        268.9s2 + 1030s + 5482                                                 cursifs. Journal Européen des Systèmes Automatisés, 36 :397–
    Ĝ(s) =                                            .                                       415, 2002.
                 s4 + 3.83s3 + 16.97s2 + 5.44s − 19.84                                  [13]   L. Ljung. On positive real transfert functions and the conver-
                                                                                               gence of some recursive schemes. IEEE Transactions on Auto-
Il présente évidemment un pôle instable.                                                       matic Control, 22(4) :539–551, August 1977.
                                                                                        [14]   L. Ljung. Analysis of recursive stochastic algorithms. IEEE
D. Discussion                                                                                  Transactions on Automatic Control, 22(4) :551–575, August
                                                                                               1977.
   Les résultats obtenus sur les deux transferts montrent                               [15]   J.C. Trigeassou. Contribution à l’extension de la méthode des
qu’il est possible d’utiliser une modélisation continue li-                                    moments en automatique. Application à l’identification des sys-
néaire pour caractériser les dynamiques principales du                                         tèmes linéaires. Thèse d’etat, Université de Poitiers, France,
                                                                                               1987.
drone. On notera que la méthodologie présentée dans cet                                 [16]   M. Djamai, E. Tohme, R. Ouvrard, et S. Bachir. Continuous-
article n’a réellement été utilisée que pour le transfert                                      time model identification using reinitialized partial moments -
δelv → α. Il faut préciser que comme l’objectif de cet ar-                                     application to power amplifier modeling. Proceedings of the 14th
                                                                                               IFAC Symposium on System Identification, Newcastle, Austra-
ticle était de remplacer le simulateur de vol du drone par                                     lia, 2006.
des modèles linéaires continus, l’étude a été réalisée sans
bruit. Ce contexte non bruité permet à la méthode à er-
reur d’équation de fournir des résultats très satisfaisants
dans le cas du transfert δail → ψ.

                          VII. Conclusion
   Dans cet article, nous nous sommes intéressés à la ca-
ractérisation d’un simulateur de vol d’un drone par des
modèles à temps continu linéaires. La méthodologie d’iden-
tification proposée repose sur l’utilisation d’algorithmes de
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