MODULE 7 Parler du racisme en nouant un dialogue respectueux - Littérature et culture autochtones en langue française au Canada

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MODULE 7 Parler du racisme en nouant un dialogue respectueux - Littérature et culture autochtones en langue française au Canada
Littérature et culture autochtones en langue française au Canada
                             Dr. Carmen McCarron, 2018

                                  MODULE 7

       Parler du racisme en nouant un dialogue respectueux

                                                       Réflexions © Meagan Lowes,
                                                   20 cm x 28 cm, encre & acrylique

	
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MODULE 7 Parler du racisme en nouant un dialogue respectueux - Littérature et culture autochtones en langue française au Canada
Littérature et culture autochtones en langue française au Canada
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         Reconnaissance des Premières nations et des territoires traditionnels
                             de l’Université Western

Nous tenons à reconnaître l’histoire du territoire traditionnel sur lequel cette
université est érigée. Nous tenons également à respecter les relations de
longue date des trois groupes locaux de Premières nations présents sur
ces terres et emplacement dans le Sud-Ouest de l’Ontario.

Les Attawandarons (Neutres) se sont autrefois installés dans cette région
au côté des peuples algonquin et haudenosaunee, et ces terres faisaient
partie de leurs territoires traditionnels de chasse aux castors.

Trois autres groupes autochtones sont établis depuis longtemps dans cette
région géographique :

        •        les Anishinabés (également connus sous le nom de la Confédération
                 des Trois Feux, formée des nations ojibwé, odawa et pottawatomi);
        •        les Haudenosaunees (communément appelés « Iroquois » ou « Six
                 Nations », c’est-à-dire les Mohawks, les Onneiouts, les Cayougas, les
                 Onontagués, les Sénécas et les Tuscaroras);
        •        les Lennis-Lenapes (également connus sous le nom de Delawares
                 et/ou Munsees).

Les trois collectivités des Premières Nations vivant le plus près de cette
université sont :

        •        la Première Nation des Chippewas de la Thames (fait partie des
                 Anishinabés);
        •        la Nation Oneida de la Thames (fait partie des Haudenosaunees);
        •        la Nation Munsee-Delaware (fait partie des Lennis-Lenapes).
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— Services authochtones, University of Western Ontario

	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
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  https://www.caut.ca/fr/content/guide-­‐de-­‐reconnaissance-­‐des-­‐premieres-­‐nations-­‐et-­‐des-­‐

territoires-­‐traditionnels	
  

	
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Littérature et culture autochtones en langue française au Canada
                             Dr. Carmen McCarron, 2018

            Droits d’auteur © 2018 Dr. Carmen McCarron, Western University

Table des matières

Texte étudié……………………………………………………………………..4

Guide d’apprentissage

       Introduction…………………………………………………………………..4
       Kuei, je te salue (Questions)……………………………………………….9
       Conclusion………………...………………………………………………..14

Pistes pédagogiques……………….……………….…………………………16

Ouvrages consultés et liens utiles ……………………..………….…………17

	
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Littérature et culture autochtones en langue française au Canada
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                        Module 7 : Texte étudié

Titre :

Deni Ellis Béchard et Natasha Kanapé Fontaine. Kuei, je te salue :
Conversation sur le racisme. Montréal : Écosociété, 2016.

Accès :

ISBN 978-2-89719-251

                  Module 7 : Guide d’apprentissage

Introduction

L’amitié ne rend pas le malheur plus léger,
mais en se faisant présence et
dévouement, elle permet d’en partager le
poids, et ouvre les portes de l’apaisement.

– Tahar Ben Jelloun (Éloge de l’amitié,
1994)

	
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La forme épistolaire, qui prend ses racines dans l’Antiquité gréco-romaine,
s’est développée au cours des siècles, à travers le monde. Forme
collaborative par définition, elle établit un contact et stimule un dialogue
entre deux personnes, souvent représentant deux cultures différentes, sous
forme de lettres qui trouvent leur unité dans une thématique choisie pour
orienter les pensées des correspondants. Tout comme les lettres anciennes
échangées par les philosophes gréco-romains, celles de Deni Ellis Béchard
et de Natasha Kanapé Fontaine mettent en lumière des problèmes
historiques, politiques et philosophiques qui impactent leur vie quotidienne
et leur société. Cependant, la thématique de leurs missives, le racisme
entre les Autochtones et les Allochtones du Canada, représente un
nouveau chemin, voire le chemin le moins parcouru. En fait, cette
thématique va directement à l’encontre des missives des auteurs
colonisateurs de la Nouvelle France tels que Samuel de Champlain (Des
sauvages) Gabriel Sagard (Le Grand voyage du pays des Hurons) ou
Lahontan (Dialogue avec un sauvage), qui propageaient le grand mythe du
bon sauvage, symbole d’un paradis perdu, ou celui du sauvage primitif et
dangereux. Il s’agit, en quelque sorte, d’une forme traditionnelle retournée
contre elle-même.

L’originalité de Kuei, je te salue nous amène à poser la question de savoir
pourquoi nous évitons, au moins dans l’espace public, le sujet du racisme
entre les Allochtones et les Autochtones du Canada ? Dans une publication
chez les Presses de l’Université du Québec intitulée Racisme et
antiracisme au Québec : Discours et Déclinaisons, Micheline Labelle
observe une « non-prise en compte de la dimension autochtone » dans la

	
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structuration des représentations de l’altérité au Canada (et au Québec) et
explique le problème de la façon suivante : « Des pratiques discriminatoires
ont pu être intégrées de façon tout à fait routinière à différents processus
bureaucratiques et dans la structure même de fonctionnement de
différentes institutions ».i Dans une entrevue avec Radio Canada, Deni Ellis
Béchard emploie le terme « racisme banal », que nous pourrions définir
comme une ignorance, une xénophobie et une forme de discrimination
tellement vieilles et répandues que gens les acceptent comme étant l’état
« normal » et peu surprenant.ii Les gens ont-ils peur de perturber le statu
quo, de bouleverser la hiérarchie en parlant de la haine généralisée et de la
discrimination systématique qui caractérisent ce « racisme banal » ? Enfin,
comment envisager la réconciliation au sein de cette nation fondée sur le
racisme colonial, s’il reste un sujet tabou ?

Pour Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard, leur conversation sur
le racisme s’est imposée et est devenue inévitable lors d’un Salon du livre
de la Côte-Nord, auquel la première s’était rendue avec l’intention de
« confronter une écrivaine québécoise populaire [Denise Bombardier] qui
avait, dans un blog du Journal de Montréal, décrit la culture autochtone
comme ‘mortifère’ et ‘antiscientifique’ ».iii Dans la première lettre de Kuei, je
te salue, Deni décrit la confrontation et condamne la réaction de l’écrivaine
controversée, ouvrant ainsi le dialogue en tirant de son comportement la
conclusion que les Allochtones croient toujours avoir raison, ne savent pas
écouter et condamnent l’Autre au silence, en voulant parler à sa place.
Cette conclusion préalable est étayée dans l’échange qui se poursuit ; il
s’agit d’un aveu de culpabilité évident mais depuis longtemps attendu par

	
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beaucoup d’Autochtones du Canada. L’auteur semble avoir reconnu, d’un
coup, qu’aussi longtemps que les Allochtones nieront l’existence de ce
racisme perfide au Canada, la rage anticolonialiste de ceux qui éprouvent
l’inégalité réelle du système colonial ne saura s’atténuer car le
révisionnisme et la dénégation continueront à bloquer tout chemin possible
vers la compréhension mutuelle.

Il n’existe d’autre lieu que la salle de classe, où le dialogue sur le racisme
soit plus difficile à aborder. Un dialogue ouvert, sans repère, dans une salle
de classe diverse risque d’éclater pour des raisons évidentes. Pourtant,
nous avons découvert que des livres comme Le Racisme expliqué à ma
fille de Tahar Ben Jelloun, et plus récemment Kuei, je te Salue, offrent aux
professeurs un fondement solide leur permettant d’orienter une discussion
sur le racisme en se référant à un contexte balisé, donc moins imprévisible
et potentiellement moins volatile. Sans vouloir suggérer que la situation des
Autochtones du Canada ressemble à celle des Maghrébins en France (en
fait, géographiquement, le problème est inversé car les « colonisés » au
Canada sont les premiers maîtres des lieux plutôt que les immigrants),
nous croyons que, faute de grand corpus de langue française sur la
question précise du racisme allochtone-autochtone au Canada français,
des textes comme celui de Ben Jelloun pourraient aider à initier les
étudiants aux questions générales sur le racisme et mieux les préparer à
considérer la spécificité du problème dans le contexte canadien-français.
Cependant, certains textes en traduction, tel que L’Indien incommode : Un
portrait inattendu des Autochtones d’Amérique du Nord de Thomas King,
texte traduit par Daniel Poliquin (lauréat du Prix littéraire du gouverneur

	
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général 2014 pour cette traduction) et publié chez Boréal, s’avèrent
absolument essentiels à la discussion.iv Pourvu qu’un sentiment de sécurité
et de confiance s’établisse dans une salle de classe, les étudiants
commenceront à relier leurs propres pensées et expériences au contenu
des textes étudiés, c’est-à-dire à analyser et à appliquer leurs
connaissances. Notre expérience récente dans des cours universitaires, qui
ont réuni des étudiant(e)s de toute culture (judéo-chrétienne, islamique,
asiatique, autochtone, africaine et autres), démontre clairement que lorsque
le dialogue est initié de façon réfléchie et intentionnelle, en étudiant des
textes érudits, mais accessibles, sur le racisme, la jeune génération
manifeste une attitude de partage et de respect mutuel, ainsi qu’un cœur on
ne peut plus ouvert. Sans aucune exagération, nous avons vu l’amitié
interculturelle s’épanouir sous l’influence de ces auteurs.v
Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard confirment à travers leur
correspondance humaniste que l’amitié est une arme puissante contre la
haine et le racisme. Au cours de leur dialogue, l’amitié entre les deux
auteurs grandit et sert d’exemple à tous ceux qui désirent poursuivre de
telles conversations et l’établissement ou le renforcement des relations
interraciales en vue de mieux comprendre le passé et de mieux envisager
un avenir sécuritaire et paisible pour tous. Il suffit de regarder l’évolution
des salutations qu’ils emploient au cours du livre pour confirmer
l’approfondissement de leur amitié : la toute dernière lettre se termine avec
« Je t’embrasse. À la prochaine, Natasha », mots qui expriment une grande
intimité ainsi qu’une intention de rester en contact. Loin d’être idéaliste, leur
échange exprime la difficulté de comprendre et de surmonter les effets du
racisme inhérent aux relations allochtones-autochtones au Canada.

	
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Cependant, la colère, parfois évidente, ne dégénère jamais en conflit et ne
brise jamais le dialogue. Ces deux individus venant de deux cultures
différentes mais intimement liées, qui cohabitent sur le territoire québécois
depuis des siècles, donnent enfin l’exemple d’une plate-forme discursive
partagée de façon respectueuse, égalitaire et, avant tout, amicale.

Kuei, je te salue s’avère particulièrement utile en éducation, parce que les
auteurs se donnent aussi une mission didactique, exprimée dans les
annexes 1 à 3, pp. 141-156, Chronologie des Évènements, Quelques mots
d’Innu aïmun et Questions à l’intention des jeunes. En posant des
questions et en proposant des activités, ils présentent leur objectif de tracer
un chemin pour un dialogue interculturel et respectueux. Les questions qui
suivent dans le présent manuel ne visent pas à supplanter celles posées à
la fin de Kuei, je te salue, mais plutôt à les compléter. Les professeurs qui
choisissent d’enseigner les lettres d’Ellis Béchard et de Kanapé Fontaine
voudront sans doute poser leurs propres questions eux-aussi, selon la
composition et les besoins spécifiques de leur classe.

Aimiashtikusheu –
Elle parle aux Blancs, à des gens qui parlent français vi

	
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Kuei, je te salue : Questions de compréhension

Avis aux professeurs : Si vous avez besoin du savoir supplémentaire afin
d’aider les étudiants à répondre adéquatement à certaines de ces
questions, de façon sensible, n’hésitez pas à consulter un(e) gardien(ne) du
savoir autochtone dans votre communauté où à nous contacter.

TITRE : Quelle relation voyez-vous entre les deux parties du titre, « Kuei, je
te salue » et « conversation sur le racisme » ?

COUVERTURE : Quel est l’effet de l’image de deux personnes identiques
qui se tiennent la main sur la couverture ?

DÉDICACE : À qui le livre est-il dédié ? Pourquoi ?

GENRE : À quel genre littéraire ce texte se conforme-t-il ?

AUTEURS : Deni Ellis Béchard est romancier et reporter indépendant.
Natasha Kanapé Fontaine est poètesse, artiste et militante pour les droits
autochtones. Quelles sont leurs racines familiales (où ont-ils grandi) ?
Comment se sont-ils rencontrés ?

	
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TERMINOLOGIE : Que veulent dire les mots « allochtone » et
« autochtone » ? Faites une liste de mots et d’expressions innus que vous
avez appris en lisant ce texte.

LETTRE 1 : Qui commence le dialogue ? Comment établit-il la situation et
les intentions du dialogue épistolaire qu’il entame ? (pp. 11-13)

LETTRE 2 : Pourquoi l’auteure a-t-elle signé une lettre ouverte à propos
des mots blessants de Denise Bombardier (l’écrivaine qu’elle a confrontée
à la conférence) ? (pp. 14-15) En quoi consisterait « le grand réveil » ?
(p. 16)

LETTRE 3 : L’auteur constate que « Le racisme repose entièrement sur le
silence de ceux et de celles que l’on rejette et dont on a peur ». Comment
justifie-t-il cette idée ? Etes-vous d’accord ? (p. 18)

LETTRE 4 : Qu’est-ce qui caractérise les Innus lorsqu’ils sont heureux par
opposition à lorsqu’ils sont tristes ?

LETTRE 5 : Qu’arrive-t-il aux Blancs qui ont été soumis ? (p. 26)
Définissez le « racisme banal » ?

LETTRE 6 : Regardez le Peuple invisible de Richard Desjardins et Robert
Monderie:	
  https://www.onf.ca/film/peuple_invisible/

	
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L’auteure critique le « cliché du Blanc (le cinéaste) qui débarque chez les
Autochtones pour expliquer à son monde qui sont ces primitifs », tout en
admettant que le film a peut-être été « nécessaire à l’époque, pour amener
le sujet dans l’espace public » (p. 32). Quelle est votre réaction à ce débat
internalisé par l’auteure ?

LETTRE 7 : Comment l’expérience du père de Deni incarne-t-elle le
racisme venant du sentiment de ne vouloir « entretenir aucun lien avec
ceux qui étaient dominés » ?

LETTRE 8 : Comment Natasha réagit-elle à la phrase « Ils marchaient
comme des Indiens » ? Expliquez sa réaction. (pp. 39-43)

LETTRE 9 : Quel rapprochement mental l’auteur propose-t-il au début de
sa lettre ? Quel est l’effet voulu d’un tel rapprochement ? (p. 44)

LETTRE 10 : Que veut dire « l’amnésie collective » ? (p. 50)

LETTRE 11 : Les paroles de l’auteur à propos de la crise d’Oka sont
accusatoires : « Quelle aurait été l’issue de cette crise si les Québécois
avaient tourné leur frustration contre leur gouvernement pour exiger un
véritable changement en faveur des Autochtones ? Au lieu de cela, ils ont
attaqué les plus vulnérables ». À quel événement spécifique fait-il
référence, selon vos connaissances de la crise d’Oka ? (p. 54)

	
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LETTRE 12 : Considérez la phrase suivante : « À une époque, les animaux
nous parlaient et nous enseignaient des principes sur l’être humain, ainsi
que des connaissances profondes sur l’environnement et l’univers » (p. 56).
S’agit-il d’une allégorie ou plutôt d’une croyance spirituelle ?

LETTRE 13 : L’auteur déclare que « lire est une façon d’écouter » (p. 63).
Comment relie-t-il l’acte de lire au développement de l’empathie pour
l’autre ?

LETTRE 14 : L’auteure dit qu’il existe dans la langue innue « Tellement
d’empathie envers les êtres et les choses ! » Comment explique-t-elle
l’exigence d’avoir de l’empathie envers les choses ? Comment cette idée
pourrait-elle influencer la façon dont nous traitons la Terre-Mère ? (p. 67)

LETTRE 15 : Quel avertissement voyez-vous dans le passage suivant :
« Et la majorité des artistes prennent la parole pour les autres sans
vraiment connaître leurs histoires, sans vraiment les écouter. Les
Allochtones racontent souvent des histoires sur les « Amérindiens » pour
confirmer ce qu’ils aiment croire, sans chercher à comprendre comment les
Autochtones perçoivent eux-mêmes ces histoires » (p. 72). Connaissez-
vous un mot pour cette façon de procéder ?

LETTRE 16 : Existe-t-il un mot en innu pour « liberté » ? Comment
l’auteure, à l’aide de la poétesse Joséphine Bacon, traduit-elle ce mot ?
Comment explique-t-elle le décalage linguistique révélé ? (p. 77, voir aussi
p. 102)

	
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LETTRE 17 : Comment l’auteur explique-t-il la notion du « privilège
invisible » ? Avez-vous vécu une expérience qui révèle ce genre de
privilège ? (pp. 84-85)

LETTRE 18 : Quel aspect de la réserve retire et repousse l’auteure
simultanément ? (p. 92) Quel rêve exprime-t-elle ? (p. 93)

LETTRE 19 : Pourquoi l’auteur avait-il honte d’être québécois ? Quel rôle la
honte joue-t-elle dans le racisme ? (p. 95)

LETTRE 20 : Pour quelles raisons l’auteure se montre-t-elle suspicieuse
quant à la notion de la réconciliation ? Ce mot est-il trop souvent employé,
sans que les enjeux et les implications ne soient considérés ? (p. 104)

LETTRE 21 : Quel rêve pour la société l’auteur exprime-t-il ? (p. 108)

LETTRE 22 : Quel point de rencontre culturel possible l’auteure souligne-t-
elle ? Que pensez-vous du sport en tant que lieu de rencontre culturel en
général ? (p. 111)

LETTRE 23 : Par quelle anecdote l’auteur représente-t-il le sentiment de
supériorité enraciné dans la culture occidentale ? Connaissez-vous d’autres
exemples de cette attitude ? (p. 120)

	
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LETTRE 24 : Comment le « néocolonialisme » et le « négationnisme »
sont-ils reliés ? Cherchez leur définition, si nécessaire (p. 124). L’auteure
perçoit la terre comme ayant un « épiderme ». Comment un tel savoir
traditionnel peut-il inspirer notre désir de protéger l’environnement ?

LETTRE 25 : L’auteur dit que « Les changements sont généralement le
résultat d’une multitude de petites actions » (p. 130). Pour sa part, il désire
prendre l’action suivante : « En tant qu’Allochtone et en tant que personne
ayant une parole publique, j’aimerais attirer l’attention sur toutes ces voix
qui ne sont pas suffisamment entendues » (p. 131). De quelles voix parle-t-
il ? S’agit-il de parler au nom des autres ou d’une autre approche ?

LETTRE 26 : L’auteure termine sur un ton optimiste, exprimant son
questionnement et son doute, « Cela signifie que le travail est véritablement
amorcé. Que les choses bougent, autant à l’intérieur de nous-mêmes que
dans le monde » (p. 139). Etes-vous d’accord ? Expliquez.
	
  
Conclusion
	
  
En parlant du racisme, il est trop facile de tomber dans la polémique ou de
sombrer dans des émotions négatives car le racisme déchire les individus
et les communautés de l’extérieur et de l’intérieur. Ceux qui luttent contre le
racisme savent qu’il faut tenir bon et ne pas plier face à la colère ni à la
déception, et souvent les victimes individuelles nous montrent l’exemple.
Les Canadiens qui ont regardé les Jeux olympiques de PyeongChang en

	
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                            Dr. Carmen McCarron, 2018

2018 ont peut-être entendu l’histoire aussi déchirante qu’inspirante de
Brigette Laquette, la première joueuse de hockey autochtone nommée
dans l’équipe nationale féminine du Canada. Au cours de sa carrière, seul
l’encouragement de son père l’a empêchée d’abandonner son sport adoré,
face aux commentaires racistes venant des adversaires, des coéquipières,
des parents et des amateurs dans les gradins ; avec le soutien de son père,
elle a appris à battre les racistes en triomphant sur la glace.vii Elle détient
maintenant une médaille d’argent olympique d’une grande importance
historique pour la réserve Waterhen, la communauté de Mallard, le
Manitoba, toutes les Premières nations et le Canada. Son trajet nous
rappelle qu’il faut garder l’espoir car le bien-être des communautés
touchées par le racisme dépend d’un changement positif des attitudes et
des politiques qui ne peut résulter que d’un dévouement inébranlable à
l’espoir et à la justice.

La conversation respectueuse entre les auteurs de Kuei, je te salue part du
principe que l’échange culturel bénéficie aux communautés et que les
relations sincères favorisent la guérison des effets de la colonisation. En
effet, la colonisation n’affecte pas que les Autochtones de façon négative ;
elle a un effet nuisible sur tout le monde. Les connexions établies lorsqu’on
discute de ces questions difficiles facilitent un premier pas concret envers
une compréhension mutuelle de la réalité de la colonisation et de la
nécessité, selon la perspective autochtone, de prendre soin les uns des
autres, et surtout les plus vulnérables de notre société. En effet, l’échange
culturel enrichit toutes les dimensions de la vie quotidienne : l’architecture
des bâtiments qui nous entourent et dans lesquels nous vivons, la pratique

	
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Littérature et culture autochtones en langue française au Canada
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de la spiritualité, l’art et la musique que nous apprécions, les aliments que
nous dégustons, les vêtements que nous portons, les langues que nous
entendons. Trop souvent, les préjugés et les stéréotypes envers les
Autochtones privent les communautés allochtones de possibilités de
rencontre ; néanmoins, les Autochtones continuent de faire des efforts et de
partager leurs talents. Aujourd’hui, par exemple, les Autochtones partagent
la richesse de leur tradition culinaire écologiquement responsable avec le
monde, en collaborant de plus en plus fréquemment avec des restaurateurs
établis. Les artistes, les comédiens, les cinéastes, les musiciens, les
créateurs de mode et les écrivains autochtones offrent une ouverture sur la
beauté de la différence aux plans national et international. Les écologistes
autochtones enseignent aux Allochtones une nouvelle approche pour la
protection de la Terre-Mère et les enseignants autochtones partagent leurs
approches pédagogiques, qui incluent, par exemple, l’esprit communautaire
et l’apprentissage en pleine nature. Les médecins et les soignants
autochtones encouragent, partagent et intègrent leur savoir de la médicine
traditionnelle, tandis que sur le plan juridique, les Autochtones promeuvent
la justice réparatrice autour du monde. Ces efforts reflètent une fierté
remarquable et un fort désir de réclamer de l’espace pour les cultures
autochtones, afin que les jeunes puissent un jour se sentir acceptés,
respectés et appréciés à tout niveau de la société canadienne. Ils reflètent
aussi la générosité inhérente aux cultures autochtones car un tel partage
est une forme de dévouement désintéressé à la spiritualité, à l’entraide et à
la beauté du monde.
	
  
	
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                   Module 6 : Pistes pédagogiques

 Noter qu’à la page 155 de Kuei, je te salue, il y a une excellente liste de
projets à réaliser en groupe.

 Étudier les termes du Guide terminologique autochtone de l’union de
municipalités du Québec, afin d’utiliser les termes les plus appropriés et
d’éviter les mots péjoratifs. https://umq.qc.ca/wp-
content/uploads/2016/03/guideterminologique.pdf

 Lire l’œuvre de Tahar Ben Jelloun, Le racisme expliqué à ma fille. Paris :
Seuil, 1998. Comparez les propos de Natasha Kanapé Fontaine et de Deni
Ellis Béchard à ceux de l’écrivain marocain-français célèbre.

è Sujet du journal d’apprentissage : Face au racisme au Canada, je
suis plutôt optimiste ou pessimiste parce que…

           Module 7 : Ouvrages consultés et liens utiles

Entrevue Radio Canada avec Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis
Béchard : https://www.youtube.com/watch?v=_7Jd7AUEAoY

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/781262/kuei-livre-racisme-bombardier-
fontaine-bechard

Le Peuple invisible de Richard Desjardins et Robert Monderie :
https://www.onf.ca/film/peuple_invisible/

Thomas King, L’Indien malcommode : Un portrait inattendu des
Autochtones d’Amérique du Nord. Traduit par Daniel Poliquin. Montréal :
Boréal, 2014.

	
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Lee Maracle, I Am Woman: A Native Perspective on Sociology and
Feminism. Vancouver: Press Gang, 1996.

Daniel Sibony, Le « racisme », une haine identitaire. Paris : C. Bourgeois,
2011.

	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
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  Micheline Labelle, Racisme et antiracisme au Québec : Discours et Déclinaisons.

Québec : Presses de l’Université du Québec, 2011, p. 165.
ii
          Kuei, je te salue : Un livre sur le racisme écrit suite à une confrontation avec Denise
Bombardier, Entrevue sur Radio Canada le 22 mai, 2016, avec Natasha Kanapé
Fontaine et Deni Ellis Béchard : https://www.youtube.com/watch?v=_7Jd7AUEAoY
iii
             Denis Ellis Béchard et Natasha Kanapé Fontaine, Kuei, je te salue : Conversation sur
le racisme. Montréal : Écosociété, 2016.
iv
              Thomas King, L’Indien malcommode : Un portrait inattendu des Autochtones
d’Amérique du Nord. Traduit par Daniel Poliquin. Montréal : Boréal, 2014.
v
           L’ouvrage de Carol Cornelius, Iroquois Corn In a Culture-Based Curriculum : A
Framework for Respectfully Teaching about Cultures. Albany : State University of New
York Press, 1999, peut servir de guide pour ceux qui lisent l’anglais.
vi
              http://www.innu-­‐aimun.ca/dictionnaire/Words
vii	
  https://www.pressreader.com/canada/the-­‐province/20180209/282050507522706	
  

	
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