Spéc ia l Mon Clare Balding - Numilog
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Pour Jonno, Toby et Flora Casterman Cantersteen 47 1000 Bruxelles www.casterman.com ISBN : 978-2-203-16429-1 N° d’édition : L.10EJDN002023.N001 Publié en Grande-Bretagne par Walker Books Ltd, sous le titre : Uncle Shawn and Bill and the almost entirely unplanned adventure © A.L. Kennedy 2017 pour le texte © Gemma Correll 2017 pour les illustrations © Casterman 2018 pour l’édition française Achevé d’imprimer en juin 2018, en Espagne, par Liberduplex SL. Dépôt légal : juin 2018 ; D.2018/0053/374 Déposé au ministère de la Justice, Paris (loi n°49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse). Tous droits réservés pour tous pays. Il est strictement interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie ou numérisation) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
Clare Balding Mon cheval très spécial Illustrations de Tony Ross Traduit de l’anglais par Laurence Kiefé
La famille Bass Charlie Mme Bass M. Bass
Harry Larry Joe
Chapitre 1 Charlie Bass se réveilla de bonne heure, d’une part parce que sa fenêtre n’avait pas de rideaux et d’autre part, parce que Boris, son border terrier, lui léchait le visage. Théoriquement, Boris n’avait pas le droit de dormir sur le lit de Charlie. Il passait ses soirées bien pelotonné sur une vieille couverture dans un coin de la chambre, pas loin de la casserole posée là pour recueillir l’eau qui gouttait du toit quand il pleuvait. Mais tous les soirs, dès que la mère de Charlie avait refermé la porte après avoir souhaité bonne nuit à sa fille, Boris quittait sa couverture. Il bondissait sur le lit et se blottissait 7
contre le dos de Charlie où il restait jusqu’à ce que sonne l’heure du débarbouillage matinal de sa maîtresse. − Boris, arrête ! ordonna Charlie en repoussant joyeusement la tête du chien. Boris se contenta d’agiter la queue, comme si elle avait dit : « Oh ! Boris, tu es vraiment génial ! » Charlie se redressa dans son lit et regarda par la fenêtre, cherchant à retrouver les détails de son rêve. Elle était une fois de plus à cheval et elle galopait si vite qu’elle en avait les yeux pleins de larmes. Elle crut distinguer dans les nuages des silhouettes de chevaux, tout un troupeau de poneys sauvages, des Camarguais gris en train de courir sur une plage de France. Les murs de la chambre de Charlie étaient tapis- sés de posters de chevaux : Valegro, vainqueur de la médaille d’or aux Jeux olympiques dans l’épreuve de dressage dansant sur place, Hello Sanctos sautant un mur d’une hauteur incroyable et un gros cheval gris en train de franchir un obstacle à Badminton. 8
Au-dessus de sa commode branlante (deux poi- gnées étaient tombées et la troisième tenait avec du chewing-gum), il y avait la photo d’un poney palomino extraite d’un calendrier dont on lui avait fait cadeau à Noël deux ans auparavant. Charlie ignorait comment il s’appelait et d’où il venait mais elle le regardait tous les jours en s’imaginant posséder un poney pareil. Un poney qui serait à elle. Un poney avec lequel elle pourrait bâtir une vraie relation, une association en somme. Un poney qu’elle serait seule à comprendre et qui, avec le temps, saurait la comprendre aussi. Charlie était convaincue de devenir une cavalière émérite si l’occasion se présentait mais jusqu’à pré- sent, elle n’était jamais montée que sur le dos d’une vache. Son père avait beau lui dire que c’était la même chose, elle savait bien que ce n’était pas vrai. Charlie était incapable d’imaginer une vie où elle n’aurait pas été entourée de vaches, de poules, de cochons et de vastes champs boueux. Sa famille vivait dans une ferme au milieu de nulle part, tout au bout d’un long chemin creusé d’ornières. Ils 9
étaient à huit kilomètres du village le plus proche, à trente-deux de la ville la moins loin. La nuit, il faisait si noir que les étoiles brillaient de tous leurs feux. Boris donna un nouveau coup de langue et Charlie lui frotta la tête en reniflant vigoureusement. À l’évidence, il était encore allé se rouler dans le tas de fumier. − Viens Boris, espèce de chien puant, on y va ! On a des œufs à ramasser et des cochons à nourrir. Charlie s’appelait en fait Charlotte Elizabeth Bass mais son père, qui trouvait cela trop formel, l’avait rebaptisée Charlie le jour de sa naissance. Charlie, comme ses frères aînés Harry et Larry, travaillait à la ferme avant d’aller à l’école et quand elle en revenait. Caroline, la mère de Charlie, était lectrice- correctrice dans une grosse maison d’édition. Elle relisait les manuscrits de livres documentaires 11
dont elle vérifiait l’orthographe, la grammaire et les erreurs factuelles. Elle avalait au moins un livre par jour, parfois deux. C’était une vraie mine d’informations sur les sujets les plus variés, depuis l’apiculture jusqu’au bouddhisme, des arbres aux trampolines, de la mythologie de l’Antiquité jusqu’à l’art moderne. Elle était tombée amoureuse du père de Charlie, Bill Bass, au Salon de l’agriculture, où il présentait une vache en compétition. La vache ne remporta pas le premier prix (à vrai dire, elle arriva bonne dernière) mais, lorsque la mère de Charlie vint ensuite témoigner sa sympathie à Bill, elle succomba aussitôt à son charme. − Je me suis rendu compte que c’était ton papa qui aurait dû gagner le premier prix. Il était magnifique, avait raconté une fois Mme Bass à sa fille. Le père de Charlie travaillait dès la première heure du jour – et parfois même quand il faisait nuit. Il trayait ses vaches à cinq heures du matin et recommençait à cinq heures du soir, trois cent 12
soixante-cinq jours par an. Il fallait les traire dans un ordre précis parce que les vaches sont très attachées à leurs habitudes. Chacune a sa person- nalité et ses manies. Quand Bill les branchait sur la machine à traire, il aimait leur parler en les appelant par leur nom. Il leur avait choisi des noms simples, faciles à garder en mémoire tandis que sa femme avait donné à plusieurs d’entre elles des noms d’héroïnes de romans. Charlie et ses frères, pour faire bonne mesure, avaient rajouté quelques célébrités ; le troupeau formait donc un joyeux tableau… Tous les matins, on commençait par traire Princesse Anne, on continuait avec Pétula, La Brunette et Hermione Granger. Madonna attendait patiemment son tour, plutôt vers la fin, tandis que Rihanna et Emma Bovary produisaient, elles, des litres de lait. Harry et Larry étaient censés aider à traire les vaches mais, comme ils n’étaient guère efficaces, Mme Bass avait convaincu son mari d’embau- cher un jeune homme, Joe. Il était venu vivre à la 13
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