Musique de films Les disques de l'été - François Vallerand - Érudit
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Document generated on 12/08/2021 12:39 p.m. Séquences La revue de cinéma Musique de films Les disques de l’été François Vallerand Number 106, October 1981 URI: https://id.erudit.org/iderudit/51044ac See table of contents Publisher(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital) Explore this journal Cite this review Vallerand, F. (1981). Review of [Musique de films : les disques de l’été]. Séquences, (106), 55–57. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1981 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
.Alu&ique de fittnS François Vallerand LES DISQUES DE L'ETE Je fus certainement le premier sur- Si l'été fut plutôt modeste pour ce pris de voir surgir au cours de l'été sur les qui est du nombre d'enregistrements comptoirs des disquaires l'enregistre- de partitions de film mis sur la marché, ment de la musique de John Morris pour il nous a cependant permis d'obtenir The Elephant Man. J'avais annoncé quelques oeuvres intéressantes. Le film sa parution — et sa disparition immé- de la saison a été sans conteste Raiders diate — dans le numéro 105, après en of the Lost Ark de Steven Spielberg. On avoir dit beaucoup de bien et avoir for- connaît les complices dont les précéden- tement invité tous les collectionneurs à tes fresques au box-office furent Jaws, se le procurer absolument. Je savais que les deux Star Wars, Close Encounters of dénicher l'édition originale sur étiquette the Third Kind, 1941... John Williams se Pacific Arts — maintenant disparue — devait donc d'être encore de la partie serait une tâche difficile, et comme de pour ce pastiche des «serials» et «cliff nombreux amateurs de musique de film a hangers» des années 30 - 40. Ne nous y travers le monde, j'ai été très déçu du trompons pas cependant, la musique de retrait prématuré de ce disque, surtout en Williams, interprétée ici encore par le considération de sa qualité musicale. Il London Symphony Orchestra, n'a rien de est donc pour une fois réjouissant de la parodie; c'est encore une grande par- voir, d'une part, qu'une maison de tition hautement ouvragée, superbement disques ait tenu à rééditer une oeuvre orchestrée, très agréable à écouter, dans marquante de la musique de film et, le film comme sur le très beau disque d'autre part, que sa distribution soit Columbia (JS 37373). Mais il reste néan- aussi assurée pour une fois au Québec, moins que cette musique demeure pour et non uniquement aux seuls États-Unis. sa majeure partie sans surprise puisque Édité sur 20th Century-Fox Records (T- Williams, qui semble avoir découvert son 1000), et distribué ici par RCA, l'album style, sinon un filon à exploiter, nous reprend heureusement sur sa pochette ressert des pages entières que nous intérieure le passionnant article sur le avons déjà entendues ailleurs, il n'y a pas film, son scenario et sa musique qui longtemps... La facilité pointe l'oreille, et faisait de l'édition originale une pièce John Williams, qui est un musicien intéressante à plus d'un titre. Une bonne sérieux, devrait se méfier. Malgré ces surprise et une heureuse décision donc à quelques réserves, que je ne veux cepen- saluer comme elles le méritent. dant pas très sévères, la musique de OCTOBRE 1981 55
Raiders of the Lost Ark demeurera l'une discothèques de ceux qui s'intéressent à des partitions marquantes de 1981, sur- la musique de film. Certes, les enfants tout grâce à des pages intitulées «The auront adoré ce film qui, visiblement leur Map Room» — visiblement ici un hom- était destiné; cet enregistrement leur mage à Bernard Herrmann — ou «The serait, à mon avis, une bonne entrée en Basket Game», amusant scherzo à la matière au monde fascinant de la manière de Prokofiev. musique orchestrale, t e l l e m e n t elle regorge de trouvailles instrumentales hautement colorées. Outland de Peter Hyams marque le vrai retour de Jerry Goldsmith au grand écran. Beaucoup plus personnelle, cette Le nom de Jerry Goldsmith a été ab- partition se veut l'héritière de celle qu'il sent des génériques pendant plus d'un avait écrite il y a quelques années pour an; sa dernière participation a été Star Alien et pour un autre film de Hyams, Trek de Robert Wise pour lequel il a écrit Capricorn One. Sombre, austère, souvent ce que je considère son chef-d'oeuvre très violente, la musique de Outland té- (Columbia JS 36334). Je ne cacherai pas moigne d'une maîtrise rare de la chose que j'aime beaucoup la musique de Gold- dramatique. Ces deux oeuvres nous va- smith dont la qualité d'inspiration, lent deux beaux disques, Masada sur d'écriture et d ' e x é c u t i o n , même MCA 1958 et Outland sur Warner Bro- relâchée, domine de très haut tout ce qui thers HS-3551, uniquement disponibles se fait dans ce domaine. J'en tiens pour malheureusement en importation des preuve ses deux dernières partitions qui, États-Unis. sans être particulièrement brillantes, sont néanmoins très intéressantes et dignes de figurer à côté de celle de Autre film important cet été, Williams et de Rosenthal. Masada tout beaucoup moins réussi celui-là, Clash of d'abord, la série télévisée de Boris Sagal the Titans, voyait sa musique signée par qui riva toute l'Amérique au petit écran un compositeur dont, hélas! on voit trop pendant une semaine, laisse entendre peu souvent le nom sur les écrans, des échos de ses partitions pour The Laurence Rosenthal. Lui aussi musicien Wind and the Lion de John Milius et Star accompli, il a écrit pour ce décevant Trek. L'ensemble de l'oeuvre est par- salmigondis de mythologie à la sauce ticulièrement enlevé et contient des hollywoodienne couronné d'effets pages où souffle un vent épique qui n'a spéciaux d'un autre âge, une superbe toutefois pas emporté la série partition que Columbia a fort d'émissions. J'aurais apprécié que l'on heureusement éditée sous le numéro JS évite cependant un thème de générique 37386. Ici encore, le London Symphony un peu trop israélien et, de ce fait, com- Orchestra exécute magistralement cette plètement anachronique; le compositeur oeuvre qui s'avère être l'une des plus aurait dû s'attacher plus à présenter le belles du compositeur. Rosenthal est drame de la résistance de la citadelle jui- celui qui, il y a quelques années, avait ve... Il me semble que les promoteurs fi- composé l'imposante partition de Becket nanciers ait imposé cette directive à de Peter Glenville, et surtout la superbe Goldsmith afin de faire de la série un musique de Return of a Man Called Horse hymne à la gloire de l'armée de l'État hé- d'lrvin Kershner. Clash of the Titans se breu, comme en témoignent les premiè- devra d'entrer dans toutes les res minutes de l'épisode initial. 56 SEQUENCES 106
Nous n'avons pas eu que de bonnes de Moustapha Akkad. Ce film honnête, choses à entendre cet été dans les salles sans plus, méritait mieux. Depuis 1963 et de cinéma... Je passe évidemment sur les Lawrence of Arabia, Jarre a illustré en innombrables banalités pour en arriver à musique pratiquement tous les déserts parler, pour la bonne bouche, d'un disque de la terre même celui de glace de la inutile! Peut-il arriver qu'un film soit Sibérie dans Doctor Zhivago, avec les littéralement abîmé par une mauvaise mêmes trémolos aux violons et les musique? Certains disent que c'est im- mêmes arpèges aux ondes Martenot. On possible, et ils s'empressent d'ajouter commence à avoir compris... Déjà pour le qu'une bonne partition musicale ne ren- même réalisateur, en 1976, Jarre avait dra jamais meilleur un film médiocre. Je concocté une partition quasi similaire réponds, quant à moi, par l'afirmative à pour Mohammad, Messenger of God; à cette question en précisant deux con- l'image des films qu'elle illustre (?), la ditions nécessaires: une très mauvaise musique est sèche et vide. Voilà donc un musique écrite par un très mauvais com- disque à fuir, ou que les collectionneurs positeur! Nous avons eu cet été un cas masochistes voudront absolument met- d'espèce: la musique «écrite» par tre dans leur anthologique (Quality SV Maurice Jarre pour The Lion of the Desert 2082). LE MYSTÈRE DES TROIS OPÉRATEURS Dans l'article consacré à Maria Chapdelaine à l'écran (numéro 104, avril 1981). nous disions n'avoir pas réussi à résoudre «le mystère des trois opérateurs». Un récent voyage en France nous permet d'appor- ter les éclaircissements suivants. André Fortier Contrairement à ce qu'il laissait entendre aux journalistes montréalais lors de sa venue, avec son opé- rateur Armand Thirard, pour les extérieurs d'hiver en mars 1934, Duvivier ne voulait pas de Madeleine Re- naud pour le rôle de Maria, qu'il voyait, d'après le roman, grande et blonde, alors que Madeleine Renaud était petite et brune (on allait évidemment la blondir pour le film). Ce sont les producteurs qui la voulaient. Or voici ce que Duvivier conçut pour leur faire changer d'idée. C'est Louis Cochet, chef-éclairagiste du film, qui me l'a raconté cet été. De retour en France après le tournage d'hiver au Canada, Duvivier demanda à son inséparable Thirard de s'arranger pour mal photographier Madeleine Renaud dans les bouts d'essai qu'il de- vait faire. Consternation des producteurs devant les résultats. Eurent-ils vent du stratagème? Madeleine Re- naud intervint-elle? Toujours est-il qu'ils remplacèrent Thirard par Kruger — qui allait photographier une éblouissante Madeleine Renaud en juillet, à Péribonka. Voilà pour le rôle de Thirard dont le nom disparut du générique bien qu'il eût tourné les extérieurs d'hi- ver et qui ne devait jamais plus travailler pour Duvivier. Deuxième problème. Madeleine Renaud est moins bien photographiée dans les intérieurs et les exté- rieurs tournés en août-septembre, aux Studios de Joinville. Réponse de Louis Cochet: Madeleine Renaud se trouva, à ce moment, affligée de petits boutons rouges au visage. Catastrophe. Solution: Kruger eut l'idée d'utiliser devant les projecteurs une «gélatine rouge» qui élimina, en noir et blanc, les malencontreux bou- tons. Troisième et dernier problème. Quel fut le rôle de l'opérateur Georges Périnal dont le nom accompa- gne au générique celui de Jules Kruger? À cela, Louis Cochet ne sait que répondre. Il est étonné, ne se sou- vient pas que Georges Périnal ait participé au tournage. La petite histoire du cinéma serait-elle insondable — à quarante-cinq ans de distance...? OCTOBRE 1981 57
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