NUMÉRIQUE LA RÉVOLUTION - Ekylibre
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MAGAZINE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION 6 € – NUMÉRO 1567 – JANVIER-FÉVRIER-MARS 2018 LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
Harmonie Fonction Publique, mutuelle référencée ministère de l’Agriculture Harmonie Fonction Publique, mutuelle soumise aux dispositions du livre II du Code de la mutualité,immatriculée au répertoire Sirene sous le numéro Siren 790 314 017, numéro LEI 969500J9QJY8E7PWL613. Siège social : 8, rue du Helder - 75009 Paris - Publicité - Dircom HFP 01/2018 - Crédit photo : iStock Partenaire historique du ministère de l’Agriculture En renouvelant sa confiance envers Harmonie Fonction Publique dont l’offre était déjà référencée depuis 2009, le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation reconnaît la qualité et la spécificité de l’offre de notre mutuelle ainsi que son adéquation aux besoins des agents. Depuis le 1er janvier 2017, elle assure pour une durée de 7 ans la couverture santé et prévoyance (maintien de salaire en cas d’arrêt de travail, capital décès...) des agents du ministère, de l’IFCE, de l’ONF, de FAM, de l’INAO, de l’ODEADOM, de l’IRSTEA et de l’ASP ainsi que leur famille. Pour plus d’informations, contactez-nous au : www.harmonie-fonction-publique.fr
SOMMAIRE 21 InnOvAtIOnS nuMéRIquES 30 En IMAgES Le robot La pêche et l’aquaculture est dans le pré à l'heure du digital 32 RObOtIquE & pucES Au service 22 pARtAgE dE dOnnéES des champs et des arbres Le cloud au cœur de l'agroalimentaire 34 l’EnSEIgnEMEnt à l’hEuRE du nuMéRIquE 24 RObOtIquE : l’AgRIcultEuR 36 REchERchE Digitag, institut AugMEnté de convergence 25 InfographIe Des robots 7 IntERvIEw dE StéphAnE tRAvERt pour protéger l’homme Le numérique est le moteur et l’environnement de la transition agro-écologique 27 IntERvIEw dE MIchEl gRIffOn 9 InfographIe Big data agricole Les algorithmes 10 IntERvIEw dE fRAnçOIS MOREAu au service de l’agro-écologie Le partage des données, 27 écOphytO Le Challenge ROSE un enjeu majeur au service d'Écophyto II 13 InfographIe La révolution 37 IntERvIEw dE cyRIl kAO du big data en 6 points L'agriculture numérique française a une ambition 14 MOdélISAtIOn Magestan mondiale numérise la culture de tomates sous serre 14 dAtA ScIEncES Un master pour des emplois assurés 15 AccOMpAgnEMEnt dES pME BpiFrance lance un diagnostic 28 RObOt déShERbEuR big data personnalisé Oz, le robot qui économise les phytos et le temps de travail 38 IntERvIEw d’hERvé pIllAud La révolution producteurs- consommateurs cAptEuRS Une moisson ApplIS/wEb : 16 de données 40 lES SERvIcES nuMéRIquES 19 AugE cOnnEctéE En ApplIcAtIOnS Une mine d'informations 30 lunEttES cOnnEctéES pour la recherche Sur le terrain de la réalité 43 InfographIe Équipements augmentée et usages des agriculteurs 20 SupER cAlculAtEuR Datarmor sur Internet au service du big data marin janvier/février/mars 2018 1567 ●3
45 RéSEAux SOcIAux Quand les 55 AppROvISIOnnEMEnt agriculteurs cultivent Twitter pROfESSIOnnEl Procsea, la start-up du marché pro 46 ApplIS wEb Les outils de la pêche nuMéRO 1567 numériques du ministère Édition actualisée du n°1565 56 ApplI pOuR tAblEttE Simplifier 48 dIAgAgROEcO.ORg L’appli le travail des opérateurs Direction de la publication de diagnostic agro-écologique des lignes de production Laurence Lasserre Rédaction en chef 49 SOlutIOn lOgIcIEllE IntERvIEw dE jEAn-luc pERROt Marielle Roux 57 Ekylibre, tout-en-un Les enjeux de la transition Direction artistique & maquette numérique dans les Jean-Charles Federico industries agroalimentaires Rédaction Marie Bel, Stéphanie Gauthier, SyStèMES d’InfORMAtIOn Cécile Poulain, Magali Poulet, 60 Sylvain Tallon Cybersécurité : Photographies l’exemple de Rungis Xavier Remongin, Cheick Saidou, Pascal Xicluna Photothèque Cécile Bouvard Publicité Xavier Herry Impression 50 plAtE-fORME Un outil Direction de l’information légale numérique au service et administrative (Dila) de votre forêt 26, rue Desaix 75727 Paris Cedex 15 Alim’agri/Bimagri est une publication du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation 78 rue de Varenne 75349 Paris 07 SP Tél. : 01 49 55 44 93 tEndAncE Génération Fax : 01 49 55 83 56 62 alimagri@agriculture.gouv.fr digital native ISSN 0152-3295 63 InfographIe L’utilisation d’Internet pour l’alimentation Couverture Photo © Thinkstock 66 gASpIllAgE AlIMEntAIRE 52 vItIplAntAtIOn Planter Phenix, le site de rencontres @Min_Agriculture ses vignes en ligne anti-gaspi Alimagri 53 SERvIcE En lIgnE Louer Alim’agri son matériel à d’autres Alim’agri agriculteurs infographies.agriculture.gouv.fr ministre-en-images.agriculture.gouv.fr le-lab.agriculture.gouv.fr agripicture.fr w agriculture.gouv.fr alimentation.gouv.fr 68 cROwdfundIng Les plate- 54 cOMMERcE En lIgnE formes de financement Ô'Poisson, la poissonnerie 2.0 participatif 4● 1567 janvier/février/mars 2018
Le numérique bouLeverse L'ensembLe des maiLLons de La chaîne aLimentaire pLus profondément sans doute que dans d'autres secteurs. Bientôt, le numérique permettra la connaissance et l'intelligence très fines de l'exploitation et rendra possible la diminution des intrants au profit de la performance économique et environne- mentale ; l'utilisation de robots ou le suivi individualisé de chaque animal amélioreront la qualité de vie au travail ; la traçabilité, appuyée sur de nouveaux outils, pourra être mise au service tant de la sécurité sanitaire que de la relation entre l'agriculteur et les consommateurs. Cette révolution, que l'on estime aussi importante que celle pro- duite par l'arrivée de la mécanisation ou de la chimie dans les champs, bouscule les acteurs traditionnels. Depuis 2014, en France comme à l'international, le marché du numérique est en plein développement, et les investissements décollent. En France, plus de 200 start-up de l'Agtech ont fait leur apparition et elles sont encore plus nombreuses dans la Foodtech. La France peut s'enorgueillir d'un terreau fertile : – un vivier de talents, grâce à l'excellence de son savoir-faire scien- tifique et de sa créativité, de ses formations agronomique et mathématique de pointe ; – un dense réseau d'accompagnement, via des fonds d'investis- sement public ou des structures d'incubation et d'accélération dédiés (PIA, La French Tech, BPI France, Business France, pôles de compétitivité…) ; – un formidable dynamisme, au service de nos agricultures et de c'ESt dAnS cE cOntExtE, AfIn dE pERMEttRE notre modèle alimentaire français. à l'AgRIcultuRE fRAnçAISE dE pROfItER dES OppORtunItéS pERMISES pAR lE nuMéRIquE, quE lES étAtS généRAux dE l'AlIMEntAtIOn quI vIEnnEnt dE S'AchEvER, Ont MIS En évIdEncE lA nécESSIté d'étAblIR unE fEuIllE dE ROutE nuMéRIquE pOuR l'AgRIcultuRE Et l'AlIMEntAtIOn. 6● 1567 janvier/février/mars 2018
©XAvIER REMOnGIn interview STÉPhAnE TRAvERT, MInISTRE DE L’AGRICULTURE « lE nuMéRIquE ET DE L’ALIMEnTATIOn ESt lE MOtEuR dE lA tRAnSItIOn AgRO-écOlOgIquE » queL avenir dessine Le numérique pour L'agricuLture et L'aLimentation 2 Une agriculture qui coopère : l'agriculture française a toujours su s'appuyer sur des outils française ? collectifs, des réseaux d'échanges de matériels ou L'utilisation du numérique a un potentiel immense. Les de pratiques. Grâce au numérique, ce partage pourra États généraux de l'alimentation l'ont identifié : pour s'imaginer à une échelle inédite. Il sera un accélérateur l'aval, c'est l'une des solutions préconisées pour renfor- d'innovations et d'échanges de savoir-faire, de matériel, cer la traçabilité et mieux informer le consommateur. de produits agricoles… Chaque exploitation pourra ainsi Pour l'agriculture, le numérique est le moteur de la tran- améliorer ses performances économiques et environ- sition agro-écologique. Une transition que je définirais nementales. De nombreux groupes d'échange de pra- en quatre points. tiques ou de conseils sur des productions spécialisées 1 s'organisent déjà sur les réseaux sociaux et forum Une agriculture économe : ces nouvelles d'Internet. 3 technologies permettront à l'agriculteur de dis- poser de données très fines sur la situation de son Une production alimentaire proche du exploitation qui seront au service d'une agriculture plus consommateur : le numérique permet un précise, économe en intrants, plus verte, et d'une meil- contact direct entre les consommateurs et les pro- leure gestion des risques liés à l'activité agricole. ducteurs et multiplie leurs liens : Internet permet janvier/février/mars 2018 1567 ●7
lE bIg lA RévOlutIOn nuMéRIquE dAtA de construire des circuits courts selon de nou- velles modalités. Il offre des opportunités pour expliquer le travail des producteurs et des transformateurs et valo- riser notre excellence alimentaire. 4 Chaque jour 2,5 milliards de milliards de données Une agriculture qui innove : une moisson- sont produites dans neuse-batteuse et ses milliers de capteurs est le monde. Ces données, souvent bien plus connectée qu'une voiture. Il y a associées à des de la place pour l'invention de très nombreux services capacités de stockage numériques à l'agriculture et à l'alimentation. Par exem- gigantesques et des ple, les robots offrent des alternatives pour réaliser les algorithmes hyper tâches pénibles et coûteuses en main-d’œuvre. performants pour les traiter et leur donner du n’est-ce pas une évoLution très forte sens, sont à l’origine du du métier d'agricuLteur ? « big data ». Absolument ! Pour inventer de nouveaux services C’est une source de correspondant aux besoins et à la réalité des exploita- connaissance nouvelle, tions, il est important de favoriser le contact entre les agriculteurs et les innovateurs numériques. Il est égale- pour des services et des ment nécessaire de garantir aux agriculteurs que les retombées incroyables informations qu'ils auront partagées dans ce cadre ne aussi bien pour notre seront pas utilisées contre leurs intérêts. santé, notre vie L'adoption de ces nouvelles technologies n'est pas quotidienne que neutre : coûteuse en matériel, elle est souvent complexe. pour notre agriculture. L'agriculteur découvre un nouveau métier : face à des flux d'information continus, il a besoin de nouvelles com- pétences. Il faudra donc l'accompagner dans l'équipe- ment de son exploitation et dans l'acquisition de compétences, que ce soit par des outils économiques, par le conseil ou par la formation initiale et profession- nelle. L’État en prendra toute sa part, mais à l'évidence, d'autres acteurs, le conseil agricole, la coopération, sont aussi pleinement concernés. L'autre grand enjeu est la protection des données. Il faut éviter la position dominante de quelques acteurs. Pour répondre à ces grands enjeux, j'ai demandé lors de la clôture des États généraux de l'alimentation qu'une 79% des agriculteurs utilisent internet feuille de route numérique pour l'agriculture et l'alimen- c’est plus que la tation soit réalisée. Le numérique apportera une vraie moyenne française ! valeur ajoutée à l'agriculteur : il doit pour cela être au cœur de cette révolution. Source : les défis de l’agriculture connectée dans une société numérique / Renaissance numérique, nov. 2015. 8● 1567 janvier/février/mars 2018
BIG DATA AGRICOLE LA RÉVOLUTION DE LA DONNÉE SOURCE : IRSTEA MARS 2017 Développement Augmentation Collecte Développement Développement des méthodes des capacités systématique de technologies de technologies de traitement de stockage des données d’acquisition d’acquisition de données informatique informatiques massive de données de haute précision Satellites * Agroéquipements * Capteurs sur bâtiments * Capteurs au champs Stations météo * Drones * Smartphones * Puces électroniques * Robots BIG DATA AGRICOLE CRÉATION OBTENTION RÉNOVATION DE NOUVELLES DE NOUVEAUX DES MODÈLES CONNAISSANCES INDICATEURS (PLUS PRÉCIS) Nouveaux modèles d’analyse multicritères Nouveaux services aux agriculteursÊ Adaptation du Nouveaux outils Développement Nouveaux Nouveaux conseil agricole d’aide à la décision (OAD) d’applications services web interlocuteurs janvier/février/mars 2018 1567 ●9
lA RévOlutIOn nuMéRIquE interview FRAnçOIS MOREAU, lE pARtAgE dES dOnnéES, DÉLÉGUÉ MInISTÉRIEL AU nUMÉRIQUE ET à LA DOnnÉE un EnjEu MAjEuR inteLLigence artificieLLe piLotant des décisions de L'expLoitation, robots autonomes dans Les champs… Le numérique poussera-t-iL L'agricuLteur hors des champs ? Le numérique permettra surtout à l'agriculteur de consacrer plus de temps à la compréhension de son exploitation et à la prise de décision stratégique ! Depuis quelques années, la robotique est en plein essor : des robots accompagnent le maraîcher dans ses tâches pénibles (désherbage, portage…), tondent entre les rangs de vigne, proposent de la pulvérisation confinée. Dans les salles de traite, quelques milliers de robots travaillent déjà à réduire les astreintes des éleveurs au pis des vaches. Ces machines intelligentes et connectées ne suppri- meront pas l'homme – qui certes devra s'adapter à un nouveau métier – à condition que leurs données récol- tées soient la base de la réflexion de l'agriculteur. « Lerobotdetraiteadétectéuneinfectiondelavache : vais-jedéciderdetraiterounonetavecquoi ? » 10 ● 1567 janvier/février/mars 2018
5 10 15 (5 millions de milliards) 79% octets sont stockés annuellement des exploitants connectés par l’Agence spatiale européenne reconnaissent l’utilité pour les images de ses satellites Sentinel des nouvelles technologies pour l’agriculture Source : Rapport Agriculture- innovation 2025 / ministère de l’Agriculture & ministère de la Recherche, oct. 2015. 46% des agriculteurs en 2013 sont équipés de GPS Les décisions finales doivent être prises par l'agricul- teur. et pour cela l'agriculteur doit avoir une pleine connaissance des données produites sur son exploi- tation et la capacité de les exploiter. queLLe est La position du ministère sur Le partage des données agricoLes ? il est important pour l'agriculture que les producteurs disposent d'un écosystème de services numériques le plus efficace possible. Cet écosystème devra être varié : l'agriculture française est diverse et la politique du ministère est de favoriser le développement de cette diversité pour que les pratiques de chaque agriculteur soient adaptées à son territoire et au marché qu'il vise. il est donc important de ne pas laisser se développer des situations de monopole où les exploitants devien- draient dépendants d'une seule technologie dévelop- pée par une seule entité qui imposerait alors une façon de gérer son exploitation. Pour qu'il y ait une diversité d'innovations et de … janvier/février/mars 2018 1567 ● 11
lA RévOlutIOn nuMéRIquE … services numériques, les données doivent être disponibles facilement pour les innovateurs. mais l’agriculteur doit rester maître de l'usage de ses don- nées. il faut lui garantir que les informations qu'il risque de verse…), et permet la modulation des acceptera de partager ne seront pas utilisées contre apports d’intrants. Assisté par GPS, le tracteur son intérêt. délivre la bonne dose préconisée par Farmstar au rendre ses données disponibles à l'innovation sans en bon endroit ! Selon Airbus, l’agriculteur peut ainsi perdre le contrôle n'est pas un défi simple. Définir col- économiser jusqu’à 57 € par hectare de blé. lectivement la manière d'y arriver est l'un des enjeux Aujourd’hui 18 000 agriculteurs font appel à ce forts. service pour 800 000 hectares. une écLosion de start-up Smag, start-up en big data agricole, rachetée par le géant des coopératives In Vivo en 2012, affiche une croissance de 15 % par an. Ayant doublé ses effectifs en quatre ans pour atteindre les 145 salariés, Smag héberge un studio agro-digital de tout Le monde 600 m2 dédié à l’expertise des données agricoles. apprend à coopérer « Le véritable enjeu est d’utiliser la bonne technologie pour extraire et valoriser des Témoignage de Mehdi Siné, chef du service informations de multiples données systèmes d'information et méthodologies, hétérogènes comme des images Arvalis Institut du végétal. satellitaires, des tweets « La révolution du big data implique une d’agriculteurs, des données mutualisation : tout le monde apprend à coopérer ! météo… Nous avons ainsi lancé des partenariats avec des Les algorithmes qui entreprises d’autres univers : Farmstar (voir ci- analysent ces données dessous) a été développé avec les données des sont fantastiques, mais on satellites d’Airbus, Taméo (outil de prévision de a encore quelques années Ck O traitements) avec Météo France qui nous donne ST devant nous avant d’en I nk accès à ses serveurs. Nous leur apportons notre Th observer véritablement les © expertise et nos modèles agroclimatiques. Et fruits ». nous travaillons avec de nombreuses start-up qui développent des capteurs d’analyse de végétation ou de sol par drone, par piquets, pour voir si leurs vers une agricuLture totaLe données peuvent affiner notre conseil En 2015, les investissements dans des start-up agronomique… Nous sommes également en en technologies agricoles et alimentaires ont contact avec des acteurs des doublé, atteignant les 4,6 milliards de dollars. télécommunications comme Orange pour faciliter Chez le tractoriste Claas, le département la transmission et l’accès aux données produites nouvelles technologies est passé de 50 à 250 sur des fermes de plus en plus numérisées ». salariés en cinq ans. « On est en train de passer à l’agriculture totale, à l’automatisation du farmstar aLLie traitement des données collectées par les machines », analyse Bruno Pierrefiche agronomie coordinateur des chefs produit tracteurs et et sateLLites nouvelles technologies. En 2013 a été lancé Lancé il y a 15 ans, Farmstar est un 365FarmNet, une start-up qui travaille en système d’analyse et de pilotage des collaboration avec l’ensemble des fournisseurs du cultures assisté par satellite et drone. monde agricole (préconisation semences, engrais, À l’aide d’analyse d’images des cultures et alimentation animale, banques, assurances…) de modèles agronomique, il fournit des conseils pour proposer une plate-forme de services issus sur l’état des cultures (nutrition, risque maladie, des données collectées sur les exploitations. 12 ● 1567 janvier/février/mars 2018
LA RÉVOLUTION DU BIG DATA EN 6 POINTS GESTION DES RISQUES : la masse de données 01 disponibles analysées par des modèles prédictifs accom- pagnent l’agriculteur avec une incroyable précision dans sa gestion des risques climatiques, sanitaires, mais aussi économiques et environnementaux. ? RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT : l’arrivée ? ? de capteurs de plus en plus nombreux dans les stations 02 expérimentales ouvre des perspectives de recherches immenses. Les fermes, de plus en plus connectées, deviennent elles aussi des lieux d’expérimentation collaboratifs. OBJETS CONNECTÉS : l’essor de la robotique couplée à l’intelligence artificielle 03 appuie l’agriculteur dans la conduite des troupeaux et des cultures : aide aux décisions, un gain de précision et une réduction de la pénibilité des travaux. MUTUALISATIONÊ: le numérique et ses 04 données collectées à grande échelle – son coût – accélère les collaborations, les partages de données, de savoirs, de matériels. CONSEIL ET FORMATION : le smartphone, 05 associé aux outils d’aide à la décision, contribue à l’indépendance intellectuelle de l’exploitant. Le conseil et la formation ne disparaissent pas mais peuvent être virtuels, délocalisés. CONSOMMATEUR : la chaîne 06 alimentaire devient transparente. Cette traçabilité rapproche le producteur du consommateur et facilite leurs échanges. janvier/février/mars 2018 1567 ● 13
lA RévOlutIOn nuMéRIquE magestan est un projet de serres innovantes qui permettraient de réduire de 20 % la consommation d'énergie et d'intrant tout en améliorant la qualité gustative des produits. ce projet piloté par la société cybeletech s'appuie sur les nouvelles capacités offertes en matière de modélisation par le calcul à haute performance et le big data. MODÉLISATIOn magestan numérise La cuLture de tomates sous serre « Notre ambition est d'utiliser toutes les technologies numériques pour développer la culture sous serre », explique Christian Saguez, président de CybeleTech. © ThInkSTOCk Subtil mélange entre les calculs de précision et le big data, les outils permettent de développer des modèles de croissance des plantes selon un ensemble de para- mètres propre à la culture des tomates sous serre. « On s'est appuyé sur le développement important des cap- DATA SCIEnCES teurs pour acquérir et centraliser des données de tout type, explique Christian Saguez. Nos modèles permet- tront d'optimiser l'éclairage, le chauffage, l'irrigation et la consommation d'intrants. La maîtrise des coûts éner- gétiques est très importante pour la compétitivité des un master maraîchers », rappelle le président de CybeleTech. qui assure un empLoi La gestion globale de tous les paramètres de la serre devrait apporter un gain de compétitivité de 30 % aux agrocampus ouest, en collaboration avec cultivateurs selon les objectifs de l'entreprise. montpellier supagro, propose aux étudiants Le projet est porté par un consortium regroupant deux de 3e année une spécialisation de niveau PME, Cybeletech, porteur du projet spécialisé dans la master intitulée « data science pour mise au point de méthodes numériques et statistiques l'agronomie et l'agroalimentaire ». à partir de traitement de données, et Wi6labs, jeune expLications de david causeur, PME créée en 2014 qui développe des réseaux de cap- directeur du département statistique teurs intelligents. Deux organismes de recherche sont et informatique d'agrocampus ouest. associés au projet : l'Inra pour les qualités gustatives et le CTIFL pour la validation des résultats expérimentaux. qu'est-ce qui différencie « La tomate souffre d'un déficit de production en Les « data sciences » France et d'un manque certain de qualité, précise des « statistiques appLiquées » ? Christian Saguez. On constate aussi un besoin de pro- Une spécialisation, de niveau master, sur les questions duire sur place pour protéger l'environnement. » d'analyse de données en sciences agronomiques et Le projet Magestan a débuté en mai 2016 pour un agroalimentaires est proposée par Agrocampus Ouest programme de R&D de 31 mois. Il est financé par le depuis 2004. L'insertion professionnelle de cette spé- programme d'investissement d'avenir à hauteur de cialisation est excellente avec un taux net d'emploi 1,3 million d'euros pour un montant du projet de 2,2 mil- proche de 100 %, un très bon niveau de salaire de pre- lions d'euros. mière embauche et une évolution rapide vers des 14 ● 1567 janvier/février/mars 2018
ACCOMPAGnEMEnT DES PME bpifrance Lance un diagnostic big data personnaLisé Le big data révolutionne rapidement les axes les marchés et les prioritaires de création entreprises à tous de valeur apportés par les niveaux : l’utilisation des data, approvisionnement, modèles et algorithmes marketing/ventes, afin d’optimiser la directeur général production, logistique, croissance et la de l’entreprise.. etc. Pour accompagner compétitivité, voire À l’issue du diagnostic, les PME dans cette opérer une le plan d’actions assorti démarche stratégique transformation d’une tactique et accélérer l’accès aux stratégique. partenariale de opportunités décisives Cette mesure est cofinancement permet de la data, BpiFrance accessible sur simple alors d’optimiser la mise propose un nouveau demande sur le site en œuvre dispositif de diagnostic https://operationdata.fr opérationnelle. big data personnalisé. Le diagnostic flash BpiFrance cofinance ce Ce diagnostic permet s’appuie sur une analyse diagnostic d’une valeur au dirigeant d’une PME préalable et un entretien de 700 € HT à hauteur d’identifier très approfondi avec le de 50 %. postes à fortes responsabilités. choix des consommateurs requiert les capacités Depuis quelques années, on observe une évolution de d'analyse des data science, afin d'améliorer la percep- ce marché de l'emploi vers des compétences autant tion sensorielle de produits alimentaires. Celle-ci étant informatiques que mathématiques. On parle de « data subjective, l'approche mathématique permet d'en science » pour cet ensemble pluridisciplinaire de com- déduire de précieuses indications pour le marketing ou pétences permettant de décupler la gestion et le trai- la R&D. L'intérêt pour ces approches dépasse le cadre tement de données massives et hétérogènes. Dans le de l'agroalimentaire. Des étudiants ont été recrutés cadre de l'enseignement supérieur agricole, cette for- pour l'évaluation sensorielle de parfums par l'industrie mation est aujourd'hui unique, par son adossement à cosmétique ou même d'équipements sportifs. des cursus d'ingénieur agronome et sa forte interaction avec les milieux professionnels. La data science est-eLLe enseignée en dehors de ce master ? comment Les data sciences Les modules de formation de niveau Licence évoluent se traduisent-eLLes dans La vie également en réponse à cet essor des data science. professionneLLe ? Avec un enseignement mêlant plus systématiquement Agrocampus Ouest est au cœur du premier bassin agri- les aspects informatiques et mathématiques. cole et agroalimentaire en Europe. Notre objectif est de Ces évolutions sont rendues possibles par le recours à former des jeunes qui peuvent répondre aux enjeux du des pédagogies nouvelles, permettant l'autoformation big data dans le domaine des sciences du vivant et de au moins partielle des étudiants. Ainsi, Agrocampus l'industrie agroalimentaire, en leur apportant les Ouest fut le premier établissement dans le périmètre moyens d'analyser des bases de données stratégiques de l'enseignement supérieur agricole à proposer un pour les entreprises et les organismes qui veulent MOOC sur l'analyse des données. Ce MOOC est suivi sur développer des applications ou des services d'avenir. la plate-forme France Université Numérique (FUN) par Par exemple, le recours au digital pour comprendre les 5 000 apprenants chaque année. janvier/février/mars 2018 1567 ● 15
lA RévOlutIOn nuMéRIquE unE MOISSOn big data CAPTEURS dE dOnnéES © ChEICk SAIDOU toutes les cinq secondes, la moissonneuse batteuse en pilotage automatique de mathieu imbault, agriculteur en beauce, lui fournit des données géolocalisées. elles optimisent en temps réel le chantier de récolte et serviront plus tard, via des cartes de rendements ou de préconisation, à optimiser son travail pour trouver la juste dose au bon endroit et au bon moment. quaLité du grain, quantité, humidité, décLivité… La machine s’adapte aux conditions de récoLte, une incroYabLe inteLLigence technique.
29 juillet, Ormoy la Rivière, Beauce. Seul, dans sa cEttE cabine à trois mètres au-dessus des blés, Mathieu MOISSOnnEuSE Imbault pilote la bête à l’aide de ses trois écrans. Il touche à peine le volant. Monstre de précision, assistée bAttEuSE d’un guidage GPS d’une minutie de géomètre, la mois- ESt tRufféE sonneuse-batteuse suit automatiquement ses mêmes dE pluS dE traces d’une récolte à une autre… En cet été 2016 inaccoutumé, les graines se font rares et rabougries. La 1 500 cAptEuRS. récolte sera mauvaise pour Mathieu. La moissonneuse n’en travaille que plus vite, avalant ses quintaux de blé. Dans son ventre, caméras et capteurs multiples suivent son transit… Qualité du grain, quantité, humidité, décli- vité… L’information est enregistrée, transmise et digérée ; -20 % la machine s’adapte aux conditions de récolte, une incroyable intelligence technique. la baisse d’intrants utilisés par les « Cette moissonneuse-batteuse est truffée de plus de 1 500 vignerons espagnols utilisant capteurs ! Elle possède un véritable système nerveux dans des capteurs lequel circule une incroyable quantité de données. Consommation en temps réel de carburant, vitesse de rota- tion et température du moteur, rendement de chaque mètre carré pour réaliser des cartographies de rendement… Toutes les cinq secondes des données sur son travail ou son envi- ronnement sont enregistrées », s’enthousiasme Bruno Pierrefiche coordinateur des chefs produit Tracteurs et nouvelles technologies de l’équipementier Claas, venu 62 % ce jour-là sur l’exploitation. « Le développement des TIC en des agriculteurs agriculture a accompagné l’essor d’une mécanique de pré- en grandes cultures cision ; les composants mécaniques intègrent de plus en plus estiment utile de d’électronique, automatisant leur pilotage, facilitant la détec- disposer d’Internet tion de pannes et les opérations de maintenances. en dehors de leur La machine s’optimise toute seule, minimise les risques bureau d’erreurs humaines sans supprimer l’humain, simplifie … janvier/février/mars 2018 1567 ● 17
lA RévOlutIOn nuMéRIquE dES cAptEuRS détERMInEnt le travail. Reliée à internet, la machine renseigne en per- lES bESOInS En AzOtE dES plAntES … manence de ce qu’elle fait ou de ce qu’elle observe », analyse pOuR MOdulER Gilbert Grenier, professeur d’automatique et génie des lA dIStRIbutIOn équipements à Bordeaux Sciences Agro. d’EngRAIS à chAquE zOnE parLer ensembLe sur pLace et à emporter Ces informations collectées par les machines améliorent d'unE pARcEllE. les interventions sur place, comme le capteur Crop Sensor. nouveauté proposée depuis 2016 par Claas, cette rampe fixée à l’avant du tracteur analyse la chloro- phylle des plantes et en déduit les besoins des plantes en azote. Transmettant ces informations au distribu- teur d’engrais connecté, cet outil module des applications de fertilisants à l’intérieur d’une même parcelle. « La collecte des données n’est pas nouvelle : cela fait 20 ans qu’on est capa- ble de cartographier l’hétérogénéité des ren- dements sur une parcelle. Mais elles étaient jusqu’à présent traitées “manuellement” au bureau. Depuis une dizaine d’années, l’en- semble des équipementiers agricoles s’est doté d’un langage informatique commun (norme ISOBUS). Tracteurs, distributeurs d’engrais, pulvérisateurs, presses, semoirs… Aujourd’hui, tous les nouveaux matériels peuvent être géolocali- sés, connectés et dialoguent entre eux », explique Bruno Pierrefiche. crop Sensor, le capteur proposé par claas.
Des tracteurs plus intelligents… Et plus chers ? non, répond le constructeur, pour qui ce ne sont pas les capteurs embarqués qui chargent le plus le prix des machines mais la réponse aux normes antipollution. Mathieu Imbault estime qu’avec ses machines intelligentes et l’automa- tisation du guidage, il peut gagner jusqu’à 10 % de temps sur la conduite de tracteur et réduire de 5 % d’utilisations d’intrants © ChEICk SAIDOU (engrais, pesticides, graines). Une évolution plus qu’une révolution ? Pour ce céréalier, le numérique AUGE COnnECTÉE optimise son travail mais la révolu- unE MInE d'InfORMAtIOnS tion promise se fait encore attendre. pOuR lA REchERchE L'herbipôle, unité expérimentale de l’inra de clermont-ferrand (puy-de-dôme) est une infrastructure de recherche unique en europe : dévolue à l'élevage des herbivores en zone de montagne, elle rassemble 900 bovins et 800 ovins sur 1 100 hectares de prairies. Le numérique ouvre de nouvelles perspectives à la recherche sur le vivant. témoignage de bernard sepchat, Des nez ingénieur en expérimentation animaLe bovin viande. embarqués sur le tracteur ? «L’arrivéedecapteursdeplusenplus des instruments de pesée automa- Des capteurs de plus nombreux dans les stations expéri- tique, nous sommes passés, depuis en plus miniatures, mentalesrévolutionnenotremanière peu,d’unepeséequotidienneouheb- perfectionnés par des de chercher et d’expérimenter. Nous domadaire à plusieurs pesées par avonsinstalléàl’Herbipôledesoutils jour.Toutescesinformationspeuvent qui mesurent automatiquement ce être utiles à plusieurs équipes de technologies nouvelles que mange chaque animal. Ces recherche sur différents sujets : ali- (fréquences terahertz, mesures, en routine sur un nombre mentation,croissancecomportement imagerie thermiques…) importantdebêtes,sontessentielles animal,productiondegazàeffetde issues d’autres domaines, pourlephénotypage.Ellesnousper- serre,etc.Surl’ensembledenosins- permettront de détecter mettent de mieux comprendre les tallationsnoussommescapablesde précocement des maladies relationsentrelesgènesetleurexpres- recueillirunnombreexponentield’en- ou les stress des plantes. sion, les caractères de l’animal. Nos registrements ce qui génère des mil- Des nez électroniques « auges connectées» collectent ainsi liersdedonnées.Validerettraiterce humant les particules des données en temps réel sur les volume devient un challenge essen- dans l’air pourraient ainsi détecter l’arrivée de virus quantitésingéréesmaiségalementsur tiel : depuis quelques années notre ou de spores, cellules lesmodesdeconsommationdesani- recrutement a évolué vers des ingé- de champignons, bien maux :quelanimalmangequoi,pen- nieursettechniciensplusspécialisés avant le déclenchement dant combien de temps et à quel en informatique et électronique.» des maladies de plantes. moment dans la journée… Grâce à janvier/février/mars 2018 1567 ● 19
lA RévOlutIOn nuMéRIquE sur Les navires scientifiques Les sondeurs et sonars sont capables de localiser très précisément les bancs de ©IFREMER/OLIvIER DUGORnAy poissons : nombre d'individus, espèces, calibre… Les drones sous- marins ou de surface SUPER CALCULATEUR commencent dAtARMOR Au SERvIcE à être utilisés. du bIg dAtA MARIn L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer vient de se doter d'un nouveau super cal- culateur d'une puissance de traitement 15 fois supé- rieur au précédent. L'ifremer collecte quotidiennement d'innombrables données très précieuses pour les chercheurs, tant pour étudier l’évolution des espèces que pour mesurer les cou- rants, les vents, la houle, l'ensable- ment des ports ou les conditions de la prolifération des algues. Datarmor est l’un des 500 premiers supercalculateurs mondiaux, et le seul à 100 % au service de la mer. « Ce calculateurnouspermetdechangerd’échelleetd’imagi- nerdesapplicationsetdestraitementsdedonnéesincon- ©PASCAL XICLUnA nus jusque-là. Nos chercheurs observent déjà des puissancesdecalculdixfoisplusrapidespourfairetour- nerleursmodèlesdeprévision ! » explique Pierre Cotty, responsable du département infrastructures marines et numériques de l’ifremer. Ce big data marin sera également accessible aux Pme et start-up en open source. 20 ● 1567 janvier/février/mars 2018
InnOvATIOnS nUMÉRIQUES La pêche et L’aquacuLture à L'heure du digitaL sur Les navires de pêche Écrans, capteurs, senseurs… Il suffit de monter à bord pour se rendre compte combien le numérique est présent ; le journal de pêche électronique – obligatoire – transmet les données de capture, plusieurs fois ©XAvIER REMOnGIn par jour, par connexion satellitaire. Divers écrans informent le pêcheur sur la météo, la présence du poisson ou du vendeur encore les cours du marché. à L’acheteur Le train de pêche ressemble Les mareyeurs ont très vite de plus en plus à une compris l’intérêt du numérique véritable console de pour apporter à leurs clients pilotage ; et le chalut (grossistes, grandes surfaces) ©PASCAL XICLUnA est équipé de capteurs des informations commerciales et pour en contrôler le bon réglementaires. Le groupe Mericq fonctionnement au fond propose une application de l'eau. permettant la gestion de la plupart des échanges. Le comité à La criée régional des pêches de Martinique Si le débarquement et le tri du marché de la filière pêche. a sorti fin 2017 une application du poisson se font encore La vente à distance représente mobile, Pwason Matinik, majoritairement de manière aujourd'hui 60 % des qui permet aux consommateurs manuelle, toutes les criées transactions, des caméras de suivre en temps réel françaises sont informatisées. permettent de voir les produits la disponibilité sur les points Le traitement des milliers de en temps réel. Fin 2018, de vente directe de produits frais données ainsi récupérées au la criée de Lorient fournira aux pêchés. Sur Internet, jour le jour par des organismes pêcheurs des bacs équipés les poissonneries en ligne tel que FranceAgriMer de puces électroniques (RFID) se sont multipliées et la nouvelle apportera des informations pour une meilleure traçabilité génération de pêcheurs valorisent précieuses sur la structuration des produits. en direct leur pêche sur les réseaux sociaux. janvier/février/mars 2018 1567 ● 21
lA RévOlutIOn nuMéRIquE lE clOud Au cœuR smart data PARTAGE DE DOnnÉES dE l'AgROAlIMEntAIRE duits jusque, en bout de chaîne, données sont synchroni- auprès du consommateur. sées et actualisées en faciliter le partage « Côté distributeurs, c'est la course aux permanence et la sécuri- des données des produits données pour valoriser les produits sation assurée par login. agroalimentaires grâce auprès du consommateur notamment Une formule gratuite au cloud, c'est la vague en e-commerce. Or qui mieux que le est accessible, avec sur laquelle surfe la start-up producteur lui-même pour présenter des fonctionnalités française alkemics. son produit ? La plate-forme Alkemics basiques, pour les avec sa plate-forme en ligne qui connecte fabricants et distributeurs, la jeune pme facilite l'ensemble du processus en sim- plus petites struc- se taille la part du lion du plifiant la mise en relation et en auto- tures. « De la PME e-commerce et continue matisant la collecte et le partage de au grand groupe sa progression. données », explique Antoine Durieux, industriel, Alkemics polytechnicien de 29 ans. Les signes vise la démocratisa- de qualité d'un jambon, la valeur tion du référencement Sur le marché de la grande nutritionnelle d'une mousse au cho- en grande surface grâce consommation, on retrouve les colat, les allergènes contenus dans au partage de données producteurs, les industriels et autres une boisson… La demande d'infor- collaboratif » précise Antoine marques qui cherchent à faire mation sur les produits agroalimen- Durieux, l'un des fondateurs de l'en- connaître leurs produits alimen- taires est forte sans compter les treprise. Au total 55 personnes sont taires aux distributeurs. viennent obligations réglementaires relatives employées à Paris, majoritairement ensuite la négociation et l'accord sur à l’étiquetage des produits. en recherche et développement, les produits pour le référencement pour analyser, structurer les don- du produit dans le catalogue de 1,5 miLLion de données nées et répondre aux adaptations vente du distributeur. en partage ergonomiques du logiciel. Depuis Aujourd'hui, avec la diversification L'objectif d'Alkemics est de mettre à son lancement en 2011 par trois des packaging et la multiplication disposition des marques et des dis- associés spécialisés dans le big data, des supports de vente, les industries tributeurs une plate-forme simple l'entreprise a fait ses preuves. Ce agroalimentaires et autres profes- d'accès en mode Saas (software as a sont près de 500 industriels soit sionnels du secteur se retrouvent en service) qui permet au fabricant de 2 500 marques qui utilisent ce ser- difficulté pour gérer ce processus partager ses fiches produits et de vice en ligne aujourd'hui partageant, avec des procédés manuels comme dialoguer avec les distributeurs en au total, près d'1,5 million de don- des échanges de mails ou des ligne. Il s'agit d'un service sur abon- nées. Les distributeurs présents sur tableaux Excel. Or ces données sont nement, avec un stockage des don- Alkemics représentent 78 % du mar- importantes pour valoriser les pro- nées sur le cloud. L'avantage ? Les ché e-commerce. 22 ● 1567 janvier/février/mars 2018
AlkEMIcS vISE recherche lA déMOcRAtISAtIOn open food du RéféREncEMEnt sYstem En gRAndE SuRfAcE gRâcE Au pARtAgE ou La dE dOnnéES. cuisine de demain Cuisiner vite et bien grâce à un électroménager vendu avec des recettes intégrées aux appareils. C'est le projet Open Food System, au carrefour de l'agroalimentaire, de l'électroménager et du numérique. Depuis trois ans, il réunit les Groupes Seb et Bonnet Thirode grande cuisine, six PME technologiques et quinze laboratoires de recherche dont le CNRS, des universités, l'Anses et l'Institut Paul Bocuse pour la recherche sur le goût des recettes. Les travaux ont permis © ThInkSTOCk d'établir des recettes numériques sur un format universel, avec un moteur de recommandation fondé sur des profils en 2016, La start-up parisienne utilisateurs individualisés a réaLisé une Levée de fonds et de concevoir des de 20 miLLions d'euros. appareils de mesure digitalisés. Open Food System est porté par six pôles de compétitivité et financé par l’État son avenir se joue au-deLà de nos frontières : et la région Franche- après L'espagne vient L'amérique du nord Comté dans le cadre où aLkemics a signé un contrat du programme avec Le géant waLLmart. d’investissements d’avenir. janvier/février/mars 2018 1567 ● 23
lA RévOlutIOn nuMéRIquE l’AgRIcultEuR AugMEnté robotique Dans les espaces fermés, la robotique est déjà lar- aussi dans les exploitations maraîchères et viticoles. À gement établie : une exploitation laitière sur deux l'horizon 2020, on estime ainsi à 16,3 milliards d'euros le possède un robot pour traire, distribuer le fourrage ou marché mondial de la robotique agricole. nettoyer les étables. Ces robots effectuent essentielle- ment des tâches chronophages ou pénibles pour l'ex- Les freins technologiques sont en passe d'être levés. ploitant. Depuis un an ou deux, les robots débarquent Principale difficulté ? Le milieu extérieur ! Hors milieux confinés, serres ou étables, le robot doit s'adapter à un environnement changeant : sol sec ou humide, météo capricieuse, obstacles imprévus… il prend des décisions en toute autonomie et nécessite capteurs, systèmes de 50% traitement d'images, algorithmes en pagaille et intelli- gence artificielle. Les chercheurs imaginent déjà, à la sortie des laboratoires, des robots interconnectés entre eux, légers pour éviter le tassement des sols et confi- des agriculteurs français qui s’installent gurables pour différentes tâches : cartographie, traite- en élevage laitier achètent ments, semis, désherbage… D'ici 2025, irstea lancera un robot de traite cinq types de robots intervenant, soit en appui des agri- culteurs (accompagner l'agriculteur pour lui porter des charges), soit en essaim ou soit en totale autonomie. Ces nouvelles technologies coûteront cher et nécessiteront d'aller vers encore plus de collectif – déjà bien installé dans le monde agricole, Cuma, entreprises du terri- toire, Giee, assolements en commun – et vers plus d'uti- lisation. On verra émerger de nouveaux modes d'organisation entre acteurs à l'échelle du territoire. L'essor des tic coupLé au déveLoppement des nouveLLes sources de stockages d'énergie est une révoLution pour Le monde agricoLe. La capacité à s'affranchir du modèLe tracteur-outiLs et son moteur à expLosion pour aLLer vers des automoteurs éLectriques beaucoup pLus faciLes à travaiLLer et pLus Légers, Lance de nouveaux acteurs sur Le marché de L'agroéquipement agricoLe qui s'enrichit d'innovations. 24 ● 1567 janvier/février/mars 2018
Source : rapport Agriculture- innovation 2025 / ministère de l’Agriculture & ministère 72% des Européens estiment 1300 chercheurs en robotique de la Recherche, oct. 2015. que les robots sont bons en France, potentiellement pour la société mobilisables sur (77 % des jeunes) la robotique agricole SURVEILLER, COLLECTER DES DONNÉES POUR L’AGRICULTEUR ASSISTER L’AGRICULTEUR Cartographier les cultures, POUR RÉDUIRE analyser le lait des vaches, LA PÉNIBILITÉ PRODUIRE MIEUX mesurer la qualité et la quantité d’herbe des EN INTERVENANT pâtures, estimer la Porter de lourdes charges, nettoyer… Les robots sont AU BON ENDROIT maturation des récoltes… utilisés dans les serres, AU BON MOMENT Les capteurs embarqués les étables, les vignobles Désherber, réduire sur les robots récoltent et les champs pour l’exposition des travailleurs et analysent en temps réel accompagner l’agriculteur, aux produits des informations pour le soulager de certaines phytopharmaceutiques… une agriculture de haute tâches et optimiser En réalisant des tâches précision. son temps de travail. de haute précision, les robots sont écolos ! DES ROBOTS POUR PROTÉGER L’HOMME… ET L’ENVIRONNEMENT janvier/février/mars 2018 1567 ● 25
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