ÉQUILIBRER LE BUDGET Viabilité fi nancière des réseaux d'eau canadiens - Canadian Water Network
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ÉQUILIBRER LE BUDGET Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens 01
Services publics Pour les besoins du présent rapport, on entend par « services publics » les services d’eau appartenant à une ville ou une municipalité, ceux appartenant à une entité privée, ou encore les services d’eau publics qui sont exploités par une entreprise privée. Réseaux d’eau Sauf indication contraire, on entend par « réseaux d’eau » les réseaux d’eau potable, d’eaux usées et d’eaux pluviales. Analyse des données Ce rapport se penche sur les données des pratiques financières d’un sous-groupe de services d’eau au Canada. Ces données ont été recueillies entre 1999 et 2016 auprès de municipalités participant à la National Water and Wastewater Benchmarking Initiative (NWWBI), et elles sont présentées sous forme globale. Toutes les données n’étant pas disponibles ou analysées pour tous les services publics pendant toute la période mentionnée, nous avons indiqué le sous-ensemble des données utilisé, le cas échéant. Cette publication, préparée par le Réseau canadien de l’eau, se veut un document non officiel d’orientation. Le Réseau canadien de l’eau et les auteurs n’assument aucune responsabilité qui pourrait découler directement ou indirectement de l’utilisation, de l’application ou du recours au contenu du présent document. Mars 2018 Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens i
REMERCIEMENTS Le Réseau canadien de l’eau (RCE) remercie la National Water and Wastewater Benchmarking Initiative (NWWBI) d’AECOM de lui avoir fourni les données sur les pratiques des services publics qui ont permis d’appuyer en partie l’analyse globale effectuée dans le présent rapport. La NWWBI a été lancée en 1997 comme projet pilote afin de suivre et mesurer le rendement de quatre services publics. Depuis, le projet a pris de l’expansion pour inclure plus de 50 services publics servant des populations de 15 000 à 3 millions d’habitants, en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba, en Saskatchewan, en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse. Le RCE remercie également les experts suivants qui ont examiné le présent rapport et ont offert leurs commentaires et leurs conseils : Newsha K. Ajami, Ph. D. Jeff Hughes, MSEE Directrice – Urban Water Policy, NSF-ERC Directeur – Environmental Finance Center, ReNUWIt/Water in the West; chercheuse School of Government, Université de principale, Stanford Woods Institute for Caroline du Nord à Chapel Hill the Environment, Université Stanford Harry Kitchen, Ph. D. Susan Ancel, ing. Professeur émérite, département Directrice – Stormwater Strategies, EPCOR d’économie, University Trent Jonathan Arnold, maîtrise en politiques publiques John Presta, ing., maîtrise en administration publique Associé de recherche, Commission Directeur des services environnementaux, Service des de l’écofiscalité du Canada travaux publics, municipalité régionale de Durham Chris Baisley, PEng, MBA Rob Spackman, ing. Directeur – Infrastructure et projets d’immobilisations Directeur – Water Resources, Utilities & Deloitte LLP Environmental Protection, Ville de Calgary Janice Beecher, Ph. D. Carl Yates, M.Sc.A., ing. Directrice – Institute of Public Utilities Policy Research Directeur général, Halifax Water & Education; professeure auxiliaire, Département d’économie, Université d’État du Michigan Lucas Cugalj, CPA, CGA Directeur – Planification stratégique et soutien au fonctionnement, Services environnementaux, municipalité régionale de York Michael Fenn, CDir Conseiller principal, StrategyCorp L’information présentée dans ce rapport ne représente pas nécessairement les points de vue des experts ou de leur employeur. Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Remerciements ii
PRÉFACE Le Consortium sur les eaux urbaines du Canada (CEUC) Le Réseau canadien de l’eau a préparé le présent rapport est un réseau national de leaders progressistes du au nom du CEUC pour répondre à quatre objectifs : secteur de l’eau qui collaborent à l’avancement de la gestion de l’eau potable, des eaux usées et des eaux • Examiner les éléments en cause dans le pluviales. Outre le partage des connaissances entre recouvrement intégral des coûts pairs, le réseau permet à ses membres de co-investir • Présenter un aperçu des pratiques financières dans des projets et des partenariats qui fournissent de courantes des services publics au Canada nouvelles perspectives sur des enjeux critiques. • Souligner les défis à relever pour parvenir à la viabilité financière des réseaux d’eau • Établir une liste de solutions possibles pour favoriser la viabilité financière R é s e a u c anad i e n d e l ’e a u Consortium sur les eaux urbaines au Canada DURHAM REGION Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Préface iii
CONTENU Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii Sommaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 01 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 État actuel des pratiques en matière de recouvrement intégral des coûts au Canada. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Comptabilisation des coûts complets. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Production des recettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Stratégies de financement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Équité et abordabilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Obstacles à l’atteinte de la viabilité financière des réseaux d’eau. . . 35 Incidence des changements d’utilisation de l’eau sur les recettes des services publics. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Sous-investissement historique dans les infrastructures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36 Coût élevé des événements imprévisibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Coûts énergétiques à la hausse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Manque d’information sur les réseaux et planification insuffisante de la gestion des actifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Lacunes dans les lois provinciales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Résistance de la population aux changements tarifaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Occasions de progresser vers la viabilité financière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Concevoir des structures tarifaires adaptatives pour générer des recettes stables. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Intégrer la résilience aux changements climatiques à la planification financière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Optimiser l’utilisation d’énergie et récupérer les ressources. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Accroître la connaissance du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Instaurer une culture de la communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Préface iv
SOMMAIRE Les Canadiens attendent des services publics qu’ils fournissent des services d’eau constants et de qualité et qu’ils mènent leurs activités de façon responsable du point de vue financier, environnemental et social. Cependant, d’importants problèmes financiers ont été hérités du passé et des milliards de dollars seront nécessaires pour réparer ou moderniser les infrastructures vieillissantes partout au pays. Les coûts de fonctionnement de nos réseaux, tout comme la capacité de générer des recettes pour supporter ces coûts, subissent l’incidence des fluctuations de la demande et de l’utilisation du réseau dues à des facteurs tels que les changements démographiques, les nouveaux aménagements et les mesures de conservation de l’eau. De plus, les impacts potentiels des événements météorologiques extrêmes – comme les inondations, le verglas, les feux de forêt ou la sécheresse – accentuent l’incertitude et peuvent être associés à des factures très élevées de rétablissement, réparation et reconstruction. Pour atteindre la viabilité financière, les services publics ce que leurs réseaux doivent accomplir maintenant et d’eau doivent équilibrer les livres à long terme, en dans le futur; comptabiliser les coûts complets (incluant produisant des recettes suffisantes pour récupérer les le risque et l’incertitude); et intégrer les aspects de coûts des réseaux, se prémunir contre les imprévus, justice, d’abordabilité et d’équité intergénérationnelle payer les dettes et épargner pour les besoins futurs en aux mécanismes de recouvrement des coûts. immobilisation (Figure 1). Pour équilibrer cette équation coûts-recettes, les services publics doivent considérer Si les municipalités savent depuis longtemps qu’elles doivent « obtenir plus de résultats avec moins de ressources », l’optimisation à elle seule ne permettra pas de couvrir les coûts futurs. Il faudra également augmenter les recettes. Toutefois, ces augmentations doivent également tenir compte de façon réaliste de la capacité de payer des clients. Avec la hausse des attentes et l’augmentation des coûts de gestion des réseaux d’eau, on accorde de plus en plus d’importance aux conséquences socio-économiques des décisions dans la recherche de solutions durables. Les décideurs doivent également connaître quelles sont les options possibles et comment elles peuvent être adaptées pour fonctionner dans un contexte local. Le présent rapport fournit un portrait de l’état actuel des pratiques au Canada, met en évidence les défis auxquels les services publics sont confrontés et présente une liste d’occasions de progresser vers une plus grande viabilité financière. Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 01
Intérêts Autres Coûts Risques courus frais environnementaux futurs Subventions Impôts Réparations des Mises à provinciales et fédérales fonciers infrastructures niveau Frais Frais pour les Surtaxes pour Remboursement Facturation et Croissance d’aménagement eaux pluviales les eaux usées de la dette administration Tarifs des services d’eau et d’eaux usées Fonctionnement et entretien RECETTES COÛTS FIGURE 1 : Le recouvrement intégral des coûts est un processus consistant à équilibrer les recettes et les coûts des services publics Les recettes et les coûts peuvent varier d’une collectivité à une autre. État actuel des pratiques en Comptabilisation des matière de recouvrement coûts complets intégral des coûts au Canada Au pays, les discussions sur le recouvrement intégral des coûts se sont concentrées sur l’éventail des coûts Il n’existe pas de portrait national de la façon dont les de fonctionnement des réseaux d’eau à considérer services publics utilisent les sources de financement, les (Figure 2). La méthode de comptabilisation du coût outils financiers et les pratiques à leur disposition. Ce complet vise à cerner et saisir le plus de coûts connus rapport en fournit un certain aperçu, en examinant les et perceptibles possible, de la façon la plus exacte données d’un sous-groupe de services publics canadiens possible, y compris des éléments qui auparavant qui participent à la National Water and Wastewater n’étaient pas inclus au mandat des services publics, Benchmarking Initiative (NWWBI), de même que comme la protection des sources d’eau ou les impacts d’autres travaux de recherche. On y présente 10 études environnementaux à long terme. Il est très difficile de cas illustrant des façons novatrices d’aborder ces de quantifier les coûts et les risques futurs associés à pratiques. l’environnement et à la ressource. Pour cette raison, la plupart des services publics au Canada sous-estiment ces coûts ou n’en tiennent tout simplement pas compte. Quelques services publics ont commencé à étudier la façon dont ils pourraient intégrer ces coûts aux pratiques comptables. Risques futurs Coûts environnementaux et coûts associés à la ressource Sous-investissement historique Définitions du coût complet de l’ACEPU et de l’AWWA. Inflation du coût des actifs Améliorations au service Fonctionnement et entretien Croissance du réseau Achat régional d’eau Remboursement du capital sur la dette Comptabilité d’exercice intégrale Service à la clientèle (facturation, recouvrement, centre d’appels, etc.) Amortissement des actifs matériels (usage ou usure graduelle des actifs) Frais indirects (frais généraux d’administration, impôts fonciers ou subventions en remplacement d’impôts, Frais d’intérêts dividendes ou rendement sur capital et (intérêts sur la dette existante du service public) facturation, frais liés aux aires de conservation) Protection des sources d’eau et Frais de fonctionnement : prévention de la pollution FIGURE 2 : La comptabilisation du coût complet inclut les pratiques comptables courantes des services publics ET les coûts qui ne sont pas pris en compte habituellement Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 02
Générer des recettes Dans le passé, il était de pratique courante au Canada pour les eaux pluviales. En moyenne, les ventes d’eau et de financer les services d’eau par le biais des impôts les redevances pour les eaux usées représentent environ fonciers. Bien que cette méthode soit encore utilisée au 80 % des recettes des services publics rendant compte Québec, et pour financer les services d’eaux pluviales à la National Water and Wastewater Benchmarking dans de nombreuses municipalités, la majorité des Initiative (NWWBI), et le reste des recettes (20 %) services publics d’eau potable et d’eaux usées au Canada est généré grâce à une combinaison d’autres frais de perçoivent le gros de leurs recettes directement auprès service, de subventions, de redevances d’aménagement des utilisateurs des services, et un nombre croissant de et d’autres sources (Figure 3). municipalités ont maintenant des redevances distinctes 100 Autres AUTRES : impôts fonciers et intérêts Redevances d’aménagement produits par les investissements faits par les 90 Frais de service services publics Subventions gouvernementales 80 REDEVANCES D’AMÉNAGEMENT : recouvrement des dépenses en immobilisations pour l’expansion du réseau 70 dans de nouveaux lotissements FRAIS DE SERVICE : frais de raccordement, 60 retards de paiement, nouveaux comptes, frais supplémentaires pour effluents excédentaires d’eaux usées, etc. 50 Tarifs pour l'eau potable et les eaux usées SUBVENTIONS GOUVERNEMENTALES : du gouvernement provincial ou fédéral 40 TARIFS POUR L’EAU POTABLE ET LES EAUX USÉES : incluent les recettes des 30 ventes d’eau 20 10 FIGURE 3 : Répartition moyenne des sources de revenus de 35 services d’eau potable et de 31 services 0 d’eaux usées au Canada de 2009 à 2013 Source de données : base de données de la NWWBI Ce rapport se penche sur les pratiques financières d’un sous-groupe de services publics canadiens. Les données ont été recueillies de 1999 à 2006 auprès de municipalités participant à la National Water and Wastewater Benchmarking Initiative (NWWBI), et elles sont présentées sous forme globale. S’il y a lieu, nous avons indiqué le sous-ensemble de la base de données qui a été utilisé. Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 03
Tarifs d’eau et d’eaux usées Redevances d’aménagement Les tarifs pour l’eau potable et les eaux usées sont les Les redevances d’aménagement sont des redevances redevances facturées aux habitations, aux commerces ponctuelles pour les secteurs nouvellement aménagés et aux autres établissements pour la prestation des ou réaménagés, de sorte que les coûts d’expansion services d’eau. Les services publics utilisent différents du réseau sont assumés par les promoteurs (ou les types de structures tarifaires, incluant des tarifs fixes, occupants finaux), plutôt que par les utilisateurs des tarifs volumétriques ou une combinaison des ou contribuables actuels du réseau existant. Ces deux en vue de recouvrer leurs coûts et atteindre redevances sont conçues pour recouvrer les dépenses des objectifs, comme l’équité et la conservation. Les en immobilisations pour les nouveaux aménagements, différentes structures tarifaires (Figure 5) incluent la mais elles ne récupèrent pas les coûts associés au tarification forfaitaire qui n’exige pas de compteur, car le cycle de vie des infrastructures, comme les coûts de tarif établi est facturé mensuellement indépendamment fonctionnement et entretien, de réparations et de mises de la quantité d’eau utilisée; la tarification uniforme, qui à niveau, lesquels sont couverts par les tarifs d’eau est basée sur une unité volumétrique (ceux qui utilisent potable et d’eaux usées. plus d’eau paient davantage); la tarification par blocs, où les tarifs varient selon des volumes d’eau précis utilisés et peuvent augmenter ou diminuer en fonction Redevances pour les eaux de l’eau consommée afin d’encourager la conservation ou le développement économique. pluviales Les services publics canadiens ont commencé à relier Les tarifs volumétriques uniformes sont utilisés par 56 % le recouvrement des coûts des services d’eaux pluviales des services d’eau potable et 61 % des services d’eaux à l’utilisation ou au bénéfice tiré de ces services. Vingt- usées faisant rapport à la NWWBI; alors que 44 % des quatre municipalités rendant compte à la NWWBI services d’eau potable et 27 % des services d’eaux ont instauré des redevances distinctes pour les eaux usées utilisent utilisent des frais fixes conjointement à pluviales, dont trois des dix villes canadiennes les plus une structure tarifaire uniforme. Les services publics peuplées. De ces services publics, 54 % se servent de participant à la NWWBI qui utilisent une tarification tarifs forfaitaires de différents niveaux établis en fonction par blocs volumétriques croissants facturent également du type de propriété, tandis que 32 % ont opté pour des frais fixes conjointement au tarif volumétrique. En des structures tarifaires plus complexes fondées sur la Nouvelle-Écosse, une structure tarifaire couramment dimension de la propriété, la superficie imperméable utilisée comporte deux parties : un tarif de base pour les et/ou des coefficients de ruissellement. frais fixes, et un tarif pour la consommation ou le rejet d’eau pour les frais variables. TYPES DE TARIFICATION forfaitaire uniforme par blocs croissants par blocs décroissants $ /m3 $ /m3 $ /m3 $ /m3 Prix par m3 m3 m3 m3 m3 $ $ $ $ Facture mensuelle m3 m3 m3 m3 OBJECTIFS VISÉS Simplicité Équité Stabilité des revenus Conservation Développement économique FIGURE 5 : Structures tarifaires courantes utilisées par les services d’eau et d’eaux usées et les objectifs qu’elles appuient Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 04
Surtaxes pour les eaux usées Partenariats public-privé Bon nombre de services publics canadiens ont un Les partenariats public-privé (PPP) sont des règlement permettant l’application d’une surtaxe collaborations entre un organisme gouvernemental et d’égout afin de recouvrer les coûts associés à une entité du secteur privé en vue de fournir des services l’épuration supplémentaire requise ou à la dégradation publics ou une infrastructure publique. Les avantages de des infrastructures résultant de rejets d’eaux ces partenariats sont notamment l’accès à de l’expertise, usées excédentaires de commerces, industries et des économies potentielles, le transfert des risques et établissements (c.-à-d., les eaux usées résiduaires ayant des règles claires en matière de responsabilité. Dans des concentrations de constituants ou de contaminants le secteur de l’eau, les PPP comprennent des contrats supérieures à la norme). En 2014, 63 % des 36 services à court terme de fonctionnement et d’entretien, des publics rendant compte à la NWWBI avaient appliqué baux et concessions pour l’exploitation et la gestion ce genre de surtaxe. à long terme, et des contrats de type « conception, construction, financement, exploitation et entretien » (CCFEE) pour des projets d’infrastructure. Subventions fédérales ou provinciales Les subventions fédérales ou provinciales jouent un rôle Équité et abordabilité important en permettant à de nombreuses municipalités Il existe divers aspects de l’équité, soit l’équité entre de réaliser des projets d’immobilisation pour l’eau clients, l’équité entre générations et l’équité entre potable et les eaux usées. Toutefois, la majorité de groupes de revenus (OECD, 2003). Dans le présent ces subventions sont des offres ponctuelles qui ont rapport, « équité » désigne la juste affectation des coûts eu tendance à favoriser des projets prêts à démarrer en fonction de l’utilisation du réseau, et « abordabilité » ou des projets à court terme, plutôt que des stratégies désigne le paiement d’une même proportion du revenu à long terme qui contribuent à une meilleure viabilité pour les services d’eau de base. financière. À court terme, la facture des clients peut être basée sur leur utilisation des services ou d’après les coûts assumés par le réseau, en veillant à ce qu’ils paient leur juste Stratégie de financement part. Par contre, les coûts à plus long terme, comme les investissements dans les infrastructures et les coûts de renouvellement de ces dernières, doivent être Réserves et dette répartis entre les générations. L’American Water Works Association, dans son manuel M1 Principles of Water Au moment de planifier de futures grandes dépenses, Rates, Fees and Charges, recommande aux services les services d’eau ont trois possibilités : épargner publics de déterminer le coût du service pour différentes maintenant (c.-à-d. créer des réserves financières), payer catégories de clients (résidentielle, commerciale et au fur et à mesure, ou emprunter et rembourser avec le industrielle) pour contribuer à l’équité et à la stabilité temps (c.-à-d. financement par emprunt). Les réserves des recettes. Toutefois, cette façon de faire requiert peuvent aider à atténuer les risques, à gérer les niveaux une surveillance, un suivi et une administration plus d’endettement, à couvrir les dépenses imprévues ou les complexes, et la majorité des services publics canadiens engagements, et à constituer un fonds de prévoyance. dans la base de données de la NWWBI ne différencient D’autre part, le financement par emprunt peut être une pas de catégories de clients pour la facturation. approche équitable et justifiable, puisque les futurs utilisateurs – qui sont les principaux bénéficiaires de L’augmentation des tarifs peut avoir des impacts l’infrastructure nouvelle ou mise à niveau – contribuent importants pour les ménages à faible revenu, surtout là au remboursement. où des tarifs forfaitaires ou uniformes sont utilisés. Les coûts liés à l’eau peuvent représenter plus de 4 % des dépenses des ménages à faible revenu qui touchent moins de 20 000 $/année, ce qui est 10 fois supérieur à ce que ces coûts représentent pour des ménages à revenu élevé (Bodimeade, C. et S. Renzetti, 2013). Certaines municipalités choisissent de subventionner certains utilisateurs d’eau en fixant une redevance peu élevée pour un volume minimum représentant les besoins de base d’un ménage, ou en fixant des tarifs industriels plus bas afin de promouvoir le développement économique (Alliance for Water Efficiency, 2014-a). Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 05
OBSTACLES À L’ATTEINTE DE LA VIABILITÉ FINANCIÈRE DES RÉSEAUX D’EAU Compte tenu de l’état de la pratique au Canada, il existe certains obstacles majeurs à l’atteinte de la viabilité financière. Incidence des changements Sous-investissement d’utilisation de l’eau sur les historique dans les recettes des services publics infrastructures La plupart des services publics canadiens dépendent La plupart de nos infrastructures actuelles ont été fortement de l’utilisation de l’eau pour générer des construites peu après la Seconde Guerre mondiale revenus, mais les ventes d’eau peuvent fluctuer et et la fin de leur cycle de vie approche. Le Bulletin de les mesures de conservation se traduisent par des rendement des infrastructures 2016 (BRIC) signale revenus moindres. Pourtant, l’essentiel des dépenses qu’approximativement 29 %, 35 % et 23 % des actifs d’eau de base des services publics est fixe, indépendamment potable, d’eaux usées et d’eaux pluviales respectivement de la quantité d’eau qui est consommée ou rejetée sont dans un état qui mérite une attention, et que le quotidiennement. Pour 31 services publics d’eau potable coût de remplacement de tous ces actifs serait d’environ et d’eaux usées rendant compte à la NWWBI, plus de 173 milliards de dollars (Association canadienne de la 50 % des revenus proviennent des tarifs volumétriques, construction, 2016). Les taux de réinvestissement pour alors que seulement 9 % des dépenses sont associées à les infrastructures d’eau potable et d’eaux usées sont l’utilisation volumétrique (Figure 9). Selon les données en moyenne inférieurs aux objectifs recommandés de 12 services publics participant à la NWWBI, l’utilisation par les professionnels en gestion d’actif (Association de l’eau dans les résidences unifamiliales a diminué en canadienne de la construction, 2016). Les pannes et moyenne de 12 % entre 2009 et 2013. Les mesures de défaillances du système sont une conséquence de cet conservation prises par des utilisateurs industriels qui état des choses, et la majorité des 22 services publics qui utilisent de forts volumes d’eau peuvent également avoir rendaient compte à la NWWBI en 2014 passait plus de des impacts importants sur les revenus d’un service la moitié de toutes leurs heures d’entretien à effectuer public. La plus grande préoccupation économique des des réparations d’urgence. Les études démontrent que services publics participant à la NWWBI est d’ailleurs plus on retarde l’investissement, plus il en coûte pour la perte de revenus due à une diminution de l’utilisation moderniser ou remplacer les actifs (Alliance for Water de l’eau. Efficiency, 2014-a; Fenn et Kitchen, 2016). TARIFS RÉSIDENTIELS COÛTS DU SERVICE PUBLIC volumétrique et variable 9% 58 % 91 % Calculé en supposant ce qui suit : Résidences unifamiliales : 20 m3/mois, compteur de 16 mm 42 % Coûts du service public : coûts variables – produits chimiques et énergie | coûts fixes – dépenses annuelles totales moins coûts variables fixe Source de données : base de données de la NWWBI FIGURE � : Comparaison des tarifs résidentiels par rapport aux coûts du service public (pour 31 services publics en 2013) Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 06
Coût élevé des événements qui ultimement réduit les coûts. La planification de la gestion des actifs est de plus en plus répandue dans imprévisibles les services publics des grandes villes, mais seulement 35 % des plus petites municipalités interrogées dans La capacité des infrastructures vieillissantes au Canada le cadre du Bulletin de rendement des infrastructures est en outre mise à l’épreuve par les précipitations plus canadiennes 2016 ont recours à un programme structuré fréquentes et plus intenses, les inondations, les épisodes (Association canadienne de la construction et al., 2016). de sécheresse, les feux de forêt, les tempêtes de verglas Pour concevoir et mettre en œuvre des tarifs d’eau et les températures extrêmes qui accompagnent les appropriés, pour évaluer l’incidence des interventions changements climatiques. Le Bureau d’assurance et des programmes, pour garantir l’équité des prix et du Canada (BAC) a déclaré que les paiements des pour ultimement recouvrer les coûts du service, il est demandes d’indemnisation dues à des événements fondamental d’avoir une mesure précise de l’utilisation catastrophiques avaient atteint 602 millions de dollars du réseau. Bien qu’il existe encore certains services en 2015, et avaient dépassé le milliard de dollars pour publics au Canada qui ne mesurent pas l’utilisation de chacune des six années précédentes, avec un record de l’eau et de leur réseau, dans l’ensemble, les services 3,6 milliards de dollars payés en 2013. Il sera très couteux publics rendant compte à la NWWBI ont régulièrement de réagir aux événements extrêmes et de construire des augmenté le nombre de branchements munis de infrastructures plus résilientes. Malgré les conséquences compteurs au cours des 10 dernières années. potentiellement importantes pour les municipalités, il existe actuellement peu de lignes directrices réglementaires quant aux pratiques exemplaires ou aux exigences en matière d’adaptation aux changements Lacunes dans les climatiques. lois provinciales Dans certaines régions du Canada, les lois provinciales Coûts énergétiques encouragent ou soutiennent la viabilité financière par le biais d’éléments de recouvrement intégral des coûts, à la hausse mais il y a en général peu de lois provinciales exigeant le recouvrement intégral des coûts pour tous les services Les réseaux urbains d’eau potable et d’eaux usées sont d’eau potable, d’eaux usées et d’eaux pluviales. En énergivores et ils sont habituellement le plus important comparaison, la Directive-cadre européenne sur l’eau consommateur d’énergie d’une municipalité. Les prix (Directive 2000/60/EC du Parlement européen et du de l’énergie peuvent avoir un impact important sur Conseil, 2000) contient des clauses spécifiques qui les dépenses des services publics et les fluctuations rendent obligatoire le recouvrement intégral des coûts. de ces prix peuvent compliquer la prévision des coûts Toutefois, la mise en œuvre de cette exigence varie selon avec exactitude. Par exemple, de 2006 à 2016 les les États membres, ce qui laisse penser que les mesures tarifs résidentiels d’électricité ont augmenté de 71 à législatives ne sont pas le seul élément important. 149 % en Ontario (Commission de l’énergie de l’Ontario, s. d.), et en Alberta, le tarif d’électricité est recalculé mensuellement et peut fluctuer de façon importante (Energyrates.ca, s. d.). On s’attend également à ce que Résistance de la population les coûts énergétiques continuent d’augmenter, étant donné l’énergie requise pour respecter des normes aux changements tarifaires de traitement de plus en plus strictes et pour régler Au Canada, la gestion des eaux urbaines ne fait pas les problèmes de diminution de la qualité des sources souvent la une, sauf en temps de crise comme lors d’eau due à l’urbanisation et les changements potentiels de contamination, inondations, sécheresse ou feux de la qualité de l’eau en lien avec les changements de forêt. En général, la population est peu informée climatiques. de la complexité des considérations, des décisions et des pratiques des services d’eau, ou de la nature et des conséquences du sous-investissement financier. Manque d’information Il en résulte souvent de la résistance aux hausses des tarifs ou des taxes visant à soutenir les investissements sur les réseaux et additionnels nécessaires pour le réseau et pour planification insuffisante parvenir à un recouvrement plus complet des coûts. Les services publics reconnaissent de plus en plus de la gestion des actifs l’importance d’associer le désir de la population pour des services d’eau de qualité à une compréhension des Avec de bonnes données, combinées à une évaluation coûts impliqués dans la prestation du service et des précise du risque et des coûts de remplacement, les conséquences du sous-investissement. services publics sont en mesure de prendre la bonne décision, concernant le bon actif, au bon moment — ce Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 07
OCCASIONS DE PROGRESSER VERS LA VIABILITÉ FINANCIÈRE Bien que les services publics d’eau partout au Canada soient confrontés aux mêmes défis de base, leurs systèmes et leurs situations régionales et réglementaires diffèrent, et les réalités socio-économiques des collectivités qu’ils servent sont également différentes. Pour parvenir à la viabilité financière, ces services devront donc adapter leur approche en fonction de leurs besoins. Ce rapport présente une liste de suggestions de solutions pour progresser vers une meilleure viabilité financière. Chaque service public peut y choisir les options qui sont les plus appropriées à son contexte. Concevoir des structures Utiliser des redevances supplémentaires temporaires si nécessaire pour répondre à des besoins ponctuels tarifaires adaptatives comme le relèvement après une catastrophe naturelle, permettant de parvenir à le paiement d’un projet majeur d’immobilisation, ou pour influencer le comportement des clients lors d’une une stabilité des revenus sécheresse. Combiner tarif volumétrique et frais de base ou frais fixes pour atteindre de nombreux objectifs, comme la stabilité de revenus, l’équité et la conservation. Une Intégrer la résilience aux composante suffisante de tarif fixe fournit des recettes prévisibles permettant de mieux prédire les revenus, et changements climatiques à une composante volumétrique permet de maintenir les la planification financière signaux de prix et le contrôle des clients. Établir des objectifs de réserves pour le Instaurer des redevances à plusieurs niveaux pour fonctionnement et les éventualités qui tiennent les eaux pluviales d’après la grandeur de la propriété compte plus explicitement des risques comme les et la quantité de surfaces imperméables. Il est aussi événements météorologiques extrêmes. possible de mettre en place des programmes incitatifs qui encouragent la gestion des eaux pluviales sur les Assurer la municipalité pour les risques climatiques, lieux. surtout en matière de dommages aux biens et de responsabilité civile du fait d’une défaillance du réseau. Personnaliser les modèles de tarification pour mieux refléter les différents utilisateurs et les différents usages. Utiliser des produits financiers dérivés pour gérer les risques météorologiques dont la valeur est basée Ajuster automatiquement les tarifs en fonction des sur un actif financier sous-jacent convenu (ou un indice prévisions budgétaires pluriannuelles pour minimiser financier ou une garantie financière), similaire à ceux l’incertitude politique, avec des examens périodiques utilisés dans le secteur de l’énergie et de l’agriculture. pour s’assurer de l’harmonisation des recettes et des coûts, surtout dans la foulée de ralentissements Émettre des obligations vertes (là où c’est économiques, d’événements météorologiques extrêmes possible) pour financer l’adaptation aux changements et d’autres changements. climatiques en augmentant le financement des activités qui répondent à des objectifs environnementaux à long Lier les ajustements tarifaires automatiques terme. à un indice précis (comme l’indice du prix à la consommation) lorsqu’approprié dans le contexte local. Ajuster les prévisions financières en fonction des événements extrêmes, plutôt que de se fier sur Envisager des frais répercutés qui ajustent les tarifs les données historiques pour étayer les projections, des clients proportionnellement aux changements réels en accordant plus de poids aux scénarios les plus des coûts d’exploitation (p. ex., coûts d’électricité, d’eau pessimistes venant appuyer la nécessité de capacités brute et d’immobilisation). financières ou de réserves plus substantielles. Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 08
Élaborer de nouvelles stratégies de gestion des Adopter une infrastructure de comptage avancée risques qui reflètent mieux les changements et précisent (advanced metering infrastructure) pour permettre comment gérer l’incertitude accrue. l’optimisation du réseau et la conception de tarifs adaptatifs et pour que les clients comprennent mieux Cerner les investissements proactifs et rentables leur utilisation du service. permettant de réduire les risques comme les infrastructures vertes ou les aménagements à faible impact écologique. Instaurer une culture de la communication Optimiser l’utilisation Mettre l’accent sur les relations avec les clients et d’énergie et récupérer recueillir des renseignements utiles sur leurs besoins les ressources et motivations. Les services publics doivent passer d’une approche « des faits seulement, de haut en bas » à un Accroître l’efficacité énergétique en réduisant les modèle de communication plus attentif à la rétroaction fuites, le captage et l’infiltration, en gérant la demande, de la clientèle. en modifiant les opérations, en optimisant les protocoles Cibler les communications pour joindre un public de traitement et en mettant en œuvre des technologies plus vaste. Les besoins et motivations des clients à haute efficacité énergétique. peuvent varier grandement, selon le type de client Mettre en œuvre la récupération des ressources (résidentiel, commercial, industriel) et les données pour réduire les coûts globaux par la réutilisation ou démographiques (comme le niveau de revenu, la taille la vente des ressources récupérées (p. ex., biogaz ou de l’entreprise, etc.). phosphore) ou par les économies réalisées découlant Rattacher les communications à des événements de la diminution de l’entretien des canalisations, des externes. Par exemple, les communications concernant exigences moins intenses en matière de traitement la gestion des eaux de ruissellement après un printemps et du report des mises à niveau pour le traitement pluvieux peuvent rehausser la prise de conscience et tertiaire (p. ex., par la récupération de la struvite ou la la compréhension. Des communications efficaces en réutilisation de l’eau). temps de crise peuvent fournir une occasion d’éduquer le public et de créer une situation propice au changement. Améliorer la connaissance Le Canada compte des milliers de réseaux d’eau municipaux et l’état d’entretien de ces réseaux, du réseau tout comme les réalités socio-économiques des communautés desservies sont très variables. L’atteinte Améliorer les pratiques de gestion des actifs et de la viabilité financière par l’équilibre budgétaire sera utiliser les connaissances sur le rendement du réseau donc moins une question d’appliquer « les normes de pour mieux planifier la gestion des actifs, et mieux l’industrie » que de choisir la meilleure approche à partir estimer les coûts à court et à long terme pour une d’une gamme de solutions possibles. On reconnaît de planification financière viable. Il s’agit d’un secteur actif plus en plus qu’il est urgent d’aborder la gestion de de recherches, de développements technologiques et l’eau. Les services publics, le gouvernement, l’industrie de pratique au Canada. et le public ont tous un rôle à jouer à cet égard. Les services publics canadiens qui œuvrent aux premières Élargir la gamme des actifs dont il faut tenir compte lignes de la gestion de l’eau ont l’occasion de choisir et pour inclure les biens naturels, et déterminer la valeur de mettre en œuvre les meilleures solutions pour que des services écosystémiques et socio-économiques leurs réseaux deviennent financièrement viables et fournis par les rivières, les terres humides et les aquifères pour améliorer les rapports avec les Canadiens en vue pour les rendements du réseau. Il s’agit d’une tâche d’adapter et de soutenir ces réseaux. difficile, mais essentielle pour un débat plus vaste sur les risques et la résilience. Accroître l’exploration de données et l’utilisation de données existantes pour retirer des avantages importants en matière de viabilité financière. Par exemple, avec des compteurs d’eau par secteur, il est possible de détecter beaucoup plus rapidement les fuites, ce qui aide à réduire les pertes d’eau non génératrice de revenus et à minimiser les réparations majeures et les coûts d’entretien. Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Sommaire 09
INTRODUCTION Au Canada, il s’opère actuellement un changement de culture en gestion des eaux urbaines. Les services publics passent d’une pratique opérationnelle plus réactive, motivée par la conformité réglementaire, à une approche proactive axée sur la clientèle qui commence essentiellement par ces deux questions fondamentales : Qu’attendent les clients de leurs réseaux d’eau? Que sont-ils disposés à soutenir? La réglementation est essentielle pour assurer un rattachés des coûts énormes de rétablissement, de fonctionnement sécuritaire et efficace. Toutefois, les réparation et de reconstruction. services publics d’avant-garde perçoivent de plus en plus la conformité réglementaire comme une fondation sur laquelle s’appuyer plutôt qu’un objectif ultime. Ces QU’ATTENDENT LES CANADIENS DE leaders en gestion de l’eau se préoccupent notamment LEURS RÉSEAUX D’EAU? de déterminer quelles sont les mesures les plus sensées • Des réseaux sécuritaires, modernes et à prendre et comment en supporter les coûts. Il faut performants également avoir une vision réaliste de la capacité de • Un service constant et fiable payer des clients. Avec l’augmentation des coûts de • Une viabilité financière, environnementale gestion des réseaux d’eau, on accorde de plus en plus et sociale d’importance aux conséquences socio-économiques des décisions dans la recherche de solutions durables. • Une distribution des coûts juste et équitable Au Canada, les réseaux d’eau sont principalement • Des coûts abordables des entreprises publiques. Les propriétaires, les investisseurs et les clients sont les membres du public, et ce sont eux qui fixent les attentes en matière de Tout cela se produit à un moment où les réseaux d’eau gestion des eaux urbaines. Les Canadiens s’attendent à connaissent d’importants changements, incluant des recevoir des services de grande qualité de leurs réseaux innovations opérationnelles, la capacité de surveiller les d’eau et ils présument que ces réseaux seront gérés de réseaux en temps réel, et des attentes accrues en matière façon responsable sur le plan financier, environnemental de transparence et de mobilisation du public. Il est donc et social. Pour répondre à ces attentes, les services impératif de saisir les occasions qui se dégagent dans le publics font face à un certain nombre de défis financiers cadre de ce changement de culture pour en arriver, par d’importance. Partout au pays, des réparations urgentes le biais d’une gestion des eaux financièrement viable, ou des mises à niveau des infrastructures vieillissantes à ce que les réseaux soient plus efficaces et résilients. vont exiger des milliards de dollars en investissement Les décideurs doivent connaître les options possibles pour éviter les défaillances des réseaux et maintenir pour bien planifier et réaliser le recouvrement intégral des services de qualité. Les demandes variables des coûts, particulièrement celles qui fonctionneront en eau dues à la croissance de la population, aux dans un contexte local. Le présent rapport explore la changements démographiques, au développement gamme des coûts et des possibilités de recouvrement et à la conservation, ont toutes une incidence directe pour assurer l’efficacité des réseaux d’eau au Canada; sur les coûts et la production des recettes des services il présente un portrait de l’état actuel des pratiques en publics. Les impacts potentiels d’événements majeurs matière de financement et de recouvrement intégral imprévisibles en raison du changement climatique — des coûts, et offre des suggestions quant aux façons de comme les inondations, le gel, les feux de forêt ou la mettre les changements en œuvre. sécheresse — sont des risques évidents auxquels sont Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Introduction 10
Intérêts Autres Coûts Risques courus frais environnementaux futurs Subventions Impôts Réparations des Mises à provinciales et fédérales fonciers infrastructures niveau Frais Frais pour les Surtaxes pour Remboursement Facturation et Croissance d’aménagement eaux pluviales les eaux usées de la dette administration Tarifs des services d’eau et d’eaux usées Fonctionnement et entretien RECETTES COÛTS FIGURE 1 : Recouvrement intégral des coûts — un processus consistant à équilibrer les recettes et les coûts des services publics Les recettes et les coûts peuvent varier d’une collectivité à une autre. Pour être financièrement viables, les services d’eau doivent être en mesure de garantir suffisamment de recettes pour recouvrer les coûts et les frais de service de la dette, pour offrir une protection en cas d’imprévus, et pour épargner pour les futurs besoins en immobilisations. Il s’agit essentiellement d’assurer que les extrants financiers (les coûts) soient égaux aux intrants financiers (les recettes). Cependant, bien que cette équation semble simple, il est extrêmement complexe d’atteindre un équilibre. Cela requiert une compréhension claire de ce que le réseau doit réaliser maintenant et dans le futur, une représentation exacte des coûts réels (y compris les coûts liés aux risques et incertitudes), et des méthodes de recouvrement des coûts qui sont en accord avec les autres objectifs municipaux, comme l’équité et l’abordabilité. L’équilibre des budgets annuels par le truchement d’instruments financiers, comme les réserves, les prêts et les partenariats publics-privés, vient compliquer davantage l’équation. Si les municipalités savent bien qu’il faut réduire les coûts ou « obtenir plus de résultats avec moins de ressources », l’optimisation à elle seule ne permettra pas de tout couvrir. Il faudra également augmenter les recettes. Équilibrer le budget : Viabilité financière des réseaux d’eau canadiens Introduction 11
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