OIM NIGER RAPPORT DE PROFILAGE DES MIGRANTS 2016 - IOM
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Les rédacteurs souhaitent remercier l'Union européenne pour son soutien au programme « Mécanisme Ressource et Réponse pour les Migrants », mis en œuvre au Niger, le travail et le soutien de tous les auteurs ainsi que du personnel travaillant avec les migrants pour permettre la collecte d'informations dans les centres de transit de l'OIM au Niger. La mission de l'OIM au Niger tient également à remercier le Centre d’Analyse des Données Migratoires Mondiales de l’OIM (GMDAC) pour l'analyse des données et la rédaction du rapport en collaboration avec le personnel de l'OIM au Niger. Le GMDAC est basé à Berlin sur l'invitation du Gouvernement allemand. Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les dénominations utilisées et la présentation de la matière contenue dans ce rapport ne doivent pas être interprétées comme l’expression de quelque opinion que ce soit de la part de l’OIM s’agissant du statut légal d’un pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une région, ni de leurs autorités, pas plus que de leurs frontières. L’OIM croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société toute entière. En tant qu’organisme intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires de la communauté internationale en vue de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants. Editeur: Cette publication n’a pas été revue par les services d’édition de l’OIM. Organisation internationale pour les migrations (OIM) 17 route des Morillons 1211 Genève 19 Suisse Tél : +41.22.717 91 11 Fax : +41.22.798 61 50 Courriel : hq@iom.int Site Web : www.iom.int © 2017 Organisation internationale pour les migrations COUVERTURE : Centre de transit de Dirkou, région d’Agadez, Niger. Copyright © OIM/Monica Chiriac 2017
2016 RAPPORT DE PROFILAGE DES MIGRANTS ANALYSE DES ENTRETIENS DE PROFILAGE FAITS AVEC LES MIGRANTS ASSISTES EN 2016 A TRAVERS LE PROGRAME D’AIDE AU RETOUR VOLONTAIRE ET A LA REINTEGRATION DE L’OIM AU NIGER CE RAPPORT A ETE PRODUIT AVEC LE SOUTIEN DE L’UNION EUROPEENNE 1
1. RESUME ANALYTIQUE .............................................................................................................................. 3 2. INTRODUCTION........................................................................................................................................ 4 3. CONTEXTE ................................................................................................................................................ 5 4. METHODOLOGIE ...................................................................................................................................... 7 5. RESULTATS ............................................................................................................................................... 8 5.1. DESCRIPTION DU NOMBRE DE CAS..................................................................................................... 8 5.1.1. Combien de cas ; quand et quels centres ; catégorie de retour ; référencement vers les centres OIM ....... 8 5.2. PROFIL SOCIODEMOGRAPHIQUE DES BENEFICIAIRES ..................................................................... 10 5.2.1. Pays et région d’origine (distribution et cartes, total et par centre) ........................................................ 10 5.2.2. Age, sexe, statut civil .......................................................................................................................... 13 5.2.3. Niveau de scolarité et alphabétisation ................................................................................................. 14 5.2.4. Principales différences par pays d’origine (5 principaux pays d’origine) ................................................. 14 5.2.5. Femmes ............................................................................................................................................ 15 5.2.6. Mineurs............................................................................................................................................. 16 5.3. LE PARCOURS MIGRATOIRE ............................................................................................................... 16 5.3.1. Raisons de migration .......................................................................................................................... 16 5.3.2. Organisation du voyage, informations avant le départ, financement ...................................................... 16 5.3.3. Temps de voyage, voyage seul/avec famille, utilisation de passeurs ....................................................... 18 5.3.4. Violence et traitement abusif pendant le voyage .................................................................................. 19 5.4. EXPERIENCE DANS LE PAYS DE RESIDENCE TEMPORAIRE............................................................... 21 5.4.1. Pays et ville de résidence, par pays d’origine ........................................................................................ 21 5.4.2. Durée de séjour, sources de revenus, transferts de fonds ..................................................................... 22 5.4.3. Violence et traitements abusifs pendant le séjour, répartis par pays de résidence .................................. 23 5.4.4. Raison pour quitter le pays de résidence temporaire, par pays de résidence ......................................... 23 5.5. PLANS POUR L’AVENIR ............................................................................................................................ 24 5.5.1. Intentions de retour ........................................................................................................................... 24 5.5.2. Activité économique souhaitée une fois de retour, et sources de revenus............................................... 24 5.5.3. Intentions de continuer la migration et destination souhaitée ............................................................... 25 5.6. ANALYSE APPROFONDIE ................................................................................................................... 26 5.6.1. Tendances clé entre 2015 et 2016 .................................................................................................... 26 6. CONCLUSIONS ................................................................................................................................ 27 2
En 2016, la mission de l’OIM au Niger a recueilli les témoignages de presque 6 300 migrants assistés dans les quatre centres de transit au Niger - à Agadez, Arlit, Dirkou et Niamey. La plupart des migrants étaient des ressortissants de pays de l’Afrique de l’Ouest qui sont arrivés dans les centres de transit de l’OIM après avoir résidé pendant de longues périodes en Algérie ou en Libye, avec l’intention de retourner dans leurs pays d’origine. Le nombre de migrants que l’OIM a assisté dans ses centres de transit en 2016 représente une augmentation presque trois fois supérieure à 2014, ce qui reflète les efforts de l’OIM d’étendre ses mesures d’assistance au Niger. En présentant les résultats de l’opération de profilage des migrants – qui comprend un nombre important d’informations sur les raisons pour lesquelles les migrants quittent leurs pays, les routes migratoires, leurs expériences, les risques et vulnérabilités dans les pays de transit et de résidence temporaire – le rapport témoigne des nombreuses difficultés et risques que rencontrent les migrants lors de leurs voyages, et à leur arrivée dans les pays où ils résident temporairement. L’objectif de ce rapport est de contribuer à une meilleure compréhension des tendances migratoires récentes de l’Afrique Centrale et de l’Ouest à l’Afrique du Nord, ce qui améliorerait ainsi les programmes et politiques des réponses proposées afin de protéger les migrants vulnérables et répondre aux défis de migration irrégulière et de trafic de migrants. Un résumé des éléments essentiels de l’analyse est décrit ci-dessous : Presque la moitié des migrants assistés dans les quatre centres de transit en 2016 venaient de deux pays uniquement – la Guinée (24 %) et le Sénégal (21 %). En termes de profil sociodémographique, 93 % des migrants sont de sexe masculin; 72 % des migrants sont âgés de 18 à 29 ans, et 19 % de 30 à 39 ans. La majorité (60 %) a signalé qu’ils étaient célibataires. 60 % des mineurs qui sont arrivés aux centres étaient non-accompagnés. La plupart des migrants (60 %) interviewés dans les quatre centres de transit ont déclaré qu’ils avaient reçu une éducation scolaire (contrairement à 2014 où la majorité a déclaré le contraire). La majorité des femmes aidées venaient de deux pays uniquement – le Niger (36 %) et le Nigéria (27 %). La plupart résidaient au Niger avant d’arriver dans les centres de transit de l’OIM. En moyenne, les femmes sont plus susceptibles d’être mariées (56 %), analphabètes (56 %) et de ne jamais être allées à l’école. La pauvreté et le manque d’opportunités d’emploi étaient les raisons principales de migration : presque 90 % des migrants interviewés ont signalé être partis en quête d’une vie meilleure – 60 % en quête d’emplois, 27 % pour échapper à la pauvreté. En termes d’organisation pour le départ, l’utilisation des services de trafic de migrants semble augmenter au fur et à mesure que les gens s’éloignent de leurs pays d’origine et s’approchent de la Libye ou de l’Algérie. 72 % des migrants ont dit avoir reçu des informations sur l’expérience migratoire à travers des amis ou de la famille, et 15 % à travers les migrants de retour. La plupart des migrants qui ont répondu aux questions sur leurs sources d’information avant d’entreprendre leur voyage migratoire ont dit que les informations qu’ils ont reçues s’avéraient être fausses. Cela est aussi le cas lorsque l’information a été donnée par la famille ou les amis. 3
Un nombre important de migrants ont signalé avoir été confronté à des traitements abusifs et des cas d’exploitation de tout genre pendant le voyage. Près de 80 % des migrants qui ont répondu à ces questions (46 % de l’échantillon complet) ont été victimes de traitements abusifs, de violences et d’exploitation à chaque étape de leur voyage, depuis leurs pays d’origine à l’Afrique du Nord. Les routes au Mali semblent être particulièrement dangereuses pour les migrants. Les types de traitements abusifs les plus courants étaient les menaces et la violence psychologique, suivies par la confiscation de biens et d’argent et la violence physique. L’Algérie, la Libye, et le Niger étaient les pays principaux de résidence temporaire pour les migrants qui ont été assisté dans les centres de transit de l’OIM : 75 % sont restés dans ces pays pour une période allant de 6 mois à 1 an. Les violences et abus infligés dans le pays de résidence temporaire étaient assez fréquents, en particulier en Algérie et en Libye : 65 % et 61 % des migrants qui ont résidé dans ces pays ont respectivement été victimes de plusieurs types de traitements violents ou abusifs. L’insécurité économique et le renvoi par force du pays de résidence temporaire étaient les raisons principales de quitter ce dernier. 68 % des migrants ont déclaré n’avoir aucune intention de continuer leur périple, alors que 18 % ont dit qu’ils voulaient migrer de nouveau. Ce rapport présente des statistiques qui sont le résultat de l’exercice de profilage mené par l’OIM au Niger avec les migrants bloqués et les migrants en transit, désireux de rentrer dans leurs pays d’origine ou dans leurs résidences habituelles avec l’aide de l’OIM. L’exercice de profilage a été mené de janvier à décembre 2016 dans les quatre centres d’assistance aux migrants de l’OIM situés à Agadez, Arlit, Dirkou et Niamey (Figure 1). L’OIM au Niger gère également un second centre à Niamey où l’assistance est spécifiquement focalisée sur les migrants vulnérables (ex : mineurs, femmes, individus avec une déficience mentale ou un problème médical, etc.). Les migrants sont tous profilés dans le premier centre de transit et la transition vers le centre pour les migrants vulnérables est faite après le profilage et l’évaluation de protection qui a lieu au premier point de réception. Figure 1 : La présence de l’OIM au Niger 4
La richesse des informations collectées par le biais d’interviews avec les migrants est principalement destinée à informer la programmation opérationnelle de l’OIM au Niger. De plus, ce sont les données les plus détaillées que l'OIM a pu recueillir sur les migrants qui ont traversé le pays, ou qui sont revenus dans leur pays et communautés d’origine, et sur un grand échantillon d'individus : 6 283 migrants en 2016 seulement. Les interviews avec les migrants fournissent des informations sur le profil démographique et socioéconomique des individus, leurs raisons de quitter leur pays d'origine, le voyage migratoire et les vulnérabilités vécues le long de la route et pendant la résidence temporaire (habituellement en Libye ou en Algérie), ainsi que leurs plans pour l’avenir. Une analyse approfondie et régulière des données collectées permet donc une meilleure compréhension du processus migratoire vers et à travers le Niger. Le rapport représente une mise à jour d'un rapport similaire produit en 2014, sur la base d'interviews avec 2 127 migrants assistés dans les centres de transit de l’OIM. L'exercice de profilage des migrants mené dans les centres de transit de l'OIM fait partie du « Mécanisme de Ressource et Réponse pour les Migrants » (MRRM), créé entre 2015 et 2016 dans le but d'élaborer une approche globale pour gérer les flux migratoires dans le pays afin d'améliorer la sécurité et la stabilité. Le programme comprend 1) la provision d'une aide humanitaire aux migrants dans les centres de transit et le long des routes migratoires; 2) les activités d'aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) pour les migrants souhaitant retourner dans leur communauté d'origine; 3) la promotion de la collaboration entre les pays d’origine et de transit (et, dans une certaine mesure, de destination) pour améliorer la compréhension du développement communautaire en tant qu’alternative à la migration irrégulière, y compris par des campagnes de sensibilisation. L'OIM au Niger met en œuvre des activités AVRR depuis 2006, mais le nombre de retours a triplé entre 2015 et 2016, atteignant 5 089 en 2016, principalement en raison des efforts de diffusion d’informations de l'OIM pour les migrants qui se trouvent en détresse au Niger. L'assistance aux migrants dans les centres de transit de l'OIM comprend la provision de nourriture, d'hébergement, de biens non alimentaires tels que des kits d'hygiène, les soins de santé ciblés et un soutien psychosocial, en fonction des profils et des besoins individuels. Les migrants passent généralement quelques jours au centre, en fonction de leurs conditions et du temps nécessaire pour organiser le transport vers leur pays d'origine (pour ceux qui souhaitent rentrer). Le Niger a longtemps été un carrefour des routes migratoires en Afrique de l'Ouest et du Centre1. Enracinée dans le commerce transsaharien, les migrations de l'Afrique de l'Ouest et du Centre vers les pays du Maghreb sont devenues particulièrement importantes depuis les années 1970 et 1980, lorsque les champs de production de pétrole et les chantiers de production en Libye et en Algérie ont commencé à attirer un nombre croissant de travailleurs migrants des pays d'Afrique subsaharienne2. Le Niger est devenu le principal pays de transit pour les migrants originaires de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, en allant vers l'Afrique du Nord et, dans une moindre mesure, entreprenant des voyages périlleux en Méditerranée3. Malgré les traitements abusifs largement documentés par les témoignages des migrants qui y ont été confrontés (en particulier dans les pays sub-sahariens) en Libye, ce pays est toujours considéré comme une destination attrayante dans la région. L’histoire de migration circulaire entre le Niger, la Libye et l'Algérie 1 OIM (2017) Rapport annuel 2016, Bureau pays de l’OIM Niger. 2 De Haas, H. (2008) Le mythe de l’invasion – Les incommodes réalités de la migration africaine en Europe, disponible sur https://afrique-europe-interact.net/files/de_haas_2008_-_myth_of_migration_artikel_.pdf (accédé le 24 mai 2017). 3 CARIM – Consortium for Applied Research on International Migration (2011) Migration Profile, Niger, disponbile sur http://cadmus.eui.eu/bitstream/handle/1814/22442/migration%20profile%20EN%20Niger%20- %20links.pdf?sequence=1&isAllowed=y (accédé le 24 mai 2017), and Altai Consulting (2015) Libre circulation et migration en Afrique de l’ouest, disponible le http://www.rodakar.iom.int/oimsenegal/sites/default/files/Altai%20Consulting- Free%20Movement%20and%20Migration%20in%20West%20Africa-Final%20Report..._0.pdf (accédé le 24 mai 2017). 5
est également présente, de sorte qu’il est fréquent que les nigériens travaillent dans ces pays pendant un certain nombre d'années avant de revenir au Niger. L’intérêt des routes migratoires traversant le Niger a particulièrement augmenté depuis les années 1990 en raison de la fermeture de la frontière entre le Tchad et la Libye et des dangers croissants sur le chemin du Mali vers l'Algérie4. La stabilité relative du Niger par rapport aux pays voisins – notamment le Mali et le Nigéria – a été un facteur important dans l’intérêt croissant des routes migratoires à travers le pays. Quantifier de tels mouvements d'une manière précise et complète est très difficile en raison de la géographie du Niger (les trois quarts du pays étant désertiques) et des frontières poreuses. Depuis février 2016, l'équipe de l’OIM de collecte des données, qui met en place la matrice de Suivi des Déplacements (DTM), observe les flux de migrants transitant à travers deux lieux clés dans la région d'Agadez – Arlit, dans le nord-ouest du pays, point de transit important entre le Niger et l'Algérie, et Séguédine, dans le nord-est du pays, un point de transit connu pour la migration vers la Libye. Les opérations d’observation des flux comprennent à la fois des estimations du nombre de personnes qui se déplacent vers le Nord (individus sortants – celles qui souhaitent atteindre la frontière entre le Niger et l'Algérie ou la Libye) et celles qui se déplacent vers le Sud (individus entrants – celles qui arrivent à des points de transit avec l'intention de rentrer au Niger). A travers les informations collectées de la DTM, l'OIM a estimé qu’entre février 2016 et décembre 20165, 333 891 individus ont été identifiés en passant par Arlit et Séguédine en direction du Nord, tandis qu’approximativement 111 230 individus ont voyagé à travers ces points de transit en direction de l’intérieur des terres. Les chiffres enregistrés au cours de la période indiquent une tendance à la baisse des flux sortants depuis mai 2016, en particulier depuis le mois de septembre, ce qui pourrait être attribué à la mise en place de mesures de lutte contre le trafic de migrants par le Gouvernement du Niger. Des rapports préliminaires suggèrent que des contrôles plus étroits pourraient avoir rendu plus difficile pour les migrants irréguliers (et les passeurs) le voyage à travers Agadez – carrefour migratoire traditionnel au Niger – ainsi qu’Arlit et Séguédine, incitant les passeurs à trouver une route alternative et probablement plus dangereuse (et plus chère) hors des sentiers battus dans le désert pour éviter les contrôles. Plus d'informations sont nécessaires pour confirmer si cela se produit effectivement. Le Niger n'est cependant pas seulement un pays de transit mais également un pays d’origine et de transit, en particulier dans la région, facilité par le Protocole de Libre circulation de 1979 entre les pays de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Selon le profil migratoire CARIM pour le Niger, près de 90 % des migrants originaires du Niger vivent dans les pays de la CEDEAO (principalement au Burkina Faso, en Guinée-Conakry, en Côte d'Ivoire et au Nigéria). Les facteurs économiques et environnementaux sont également des facteurs migratoires importants au Niger. Les bas niveaux de développement socioéconomique – le deuxième plus bas au monde selon l'Indice de Développement Humain de 20166 – la pauvreté généralisée, la croissance rapide de la population, les conditions climatiques défavorables, la sécheresse et les inondations périodiques ajoutés à une économie 4 Consortium for Applied Research on International Migration (CARIM) (2011) Migration Profile, Niger. 5 Note : Les chiffres sont basés uniquement sur des estimations. Les routes migratoires sont amenées à varier en fonction des circonstances rencontrées pendant le voyage, par conséquent les données collectées dans les lieux de transit peuvent ne pas refléter les données recueillies à destination et ne doivent pas être interprétées comme un compte rendu complet des flux migratoires dans la région. Pour plus d'informations sur la méthodologie de la DTM de l’OIM, voir Matrice de Suivi des Déplacements (DTM) OIM (Janvier, 2017). Un document de méthodologie complet peut être demandé en contactant dtmniger@iom.int. 6 Programme de diveloppement des Nations Unies (PNUD)(2016) Rapport de développement humain 2016 – Développement humain pour tous, disponible sur http://hdr.undp.org/sites/default/files/2016_human_development_report.pdf (accédé le 24 mai 2017 ). 6
largement tributaire de l'agriculture de subsistance sont tous des moteurs fondamentaux de la mobilité humaine dans le pays. Il est important de noter que la migration est devenue une source principale de revenus pour certains foyers résidant le long des principales routes migratoires au Niger qui fournissent des logements et autres services aux migrants, en particulier en raison du déclin de l'industrie du tourisme dans le pays (OIM, 2016). La situation sécuritaire précaire au Niger peut être compromise par la pression croissante sur les ressources limitées compte tenu du grand nombre de personnes en transit dans le pays et résidant dans des « ghettos de migrants » dans les principaux lieux de transit (Ibid). À l'inverse, la sécurité peut également être indirectement affectée par la législation anti-trafic de migrants et par les contrôles plus stricts, en raison d'un éventuel manque de sources de revenus alternatifs pour les foyers pauvres qui profitent du « business » migratoire. Cependant, il est également important de noter que les voyages migratoires dans le désert peuvent souvent mettre les migrants dans des situations extrêmement précaires et vulnérables, avec des risques critiques pour leur santé et leur sécurité. Les besoins en matière de protection et d'assistance ne peuvent être efficacement fournis par les autorités locales et les structures gouvernementales en place, ce qui signifie que les migrants sont souvent bloqués et vulnérables aux traitements abusifs et à l'exploitation, en particulier lorsqu'ils atteignent la Libye. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les mouvements migratoires à travers le Niger, afin que les migrants puissent être protégés et assistés de manière appropriée, et que des mesures politiques puissent être mises en œuvre pour endiguer les activités de trafic de migrants. Ce rapport tente de comprendre les facteurs migratoires, les routes et les expériences des migrants de retour assistés par l'OIM au Niger. Les migrants participent volontairement à l'exercice de profilage à leur arrivée dans les centres de transit de l'OIM. Les informations recueillies concernent les profils sociodémographiques de base des migrants, les raisons de la migration, les sources de financement et les informations avant d'entreprendre le voyage, les expériences pendant le voyage et dans le pays de résidence avant le retour, les cas de violence vécus en cours de route ou dans les pays de résidence temporaire, et d'autres aspects. Le profilage se fait souvent dans la langue du migrant puis traduit en français par les membres du personnel de l'OIM. Le profilage a plusieurs objectifs, notamment : Fournir une base de données dans laquelle toute l’assistance de l’OIM est suivie ; Etablir les besoins en protection que le migrant pourrait avoir et qui entraînerait un suivi en protection plus détaillé et plus spécifique ; Collecter des informations qui serviront à informer la réponse programmatique de l'OIM aux besoins, profils et intentions des migrants ; Rassembler des informations à des fins de recherche et de plaidoyer à long terme. Un nombre total de 6 283 migrants ont été interviewés par le personnel de l'OIM au cours de l'année 2016, soit environ trois fois le nombre de migrants profilés en 2014 (2 127). Le questionnaire administré par les enquêteurs de l'OIM a été révisé et élargi en 2016. Le libre consentement des migrants est obtenu avant 7
les entretiens et la confidentialité des données personnelles des migrants est entièrement garantie selon les principes de l'OIM en matière de protection des données7. Le déchiffrage et l'analyse des données ont été menés par le centre d’Analyse de Données sur les Migrations (Global Migration Data Analysis Center) de l’OIM, basé à Berlin, en étroite collaboration avec le personnel de l'OIM au Niger. L'analyse consistait principalement en la réalisation de tableaux croisés. Les niveaux de désagrégation comprenaient les pays de résidence et d'origine ainsi que l'âge et le sexe, et ont été calculés à l'aide d'un logiciel statistique. Certaines limitations importantes des données devraient être prises en compte dans l'interprétation des résultats contenus dans ce rapport. Tout d'abord, il y a des lacunes dans l'information recueillie – qui est auto-déclarée – en raison du fait que les migrants ne sont peut-être pas disposés à partager ou ne peuvent pas se rappeler des détails des trajets longs, difficiles et traumatiques à travers le désert ainsi que des expériences dans les pays de résidence temporaire (« biais de rappel »). Selon les questions posées, les éléments de réponses valides dans l'ensemble des données peuvent donc différer. L'OIM s'efforce d'améliorer davantage le questionnaire afin de minimiser un tel biais, ainsi que la formation des enquêteurs pour s'assurer qu'ils peuvent établir un rapport avec les migrants et leur laisser suffisamment de temps pour se remémorer leurs expériences, tout en respectant leur vie privée. Deuxièmement, et surtout, l'échantillon de migrants interrogés ne peut pas être considéré comme représentatif de la population migrante voyageant d'Afrique de l'Ouest et du Centre vers l’Afrique du Nord et l'Europe. Les migrants qui traversent le Niger, souvent après avoir passé un certain temps en Libye ou en Algérie, sont un échantillon sélectionné de flux migratoires dans la région qui peuvent présenter des caractéristiques spécifiques, ne reflétant pas nécessairement celles de la population migrante dans la région (« biais de sélection »). Par exemple, la répartition des migrants par pays d'origine montre que environ 3 % seulement des migrants interrogés dans les centres de transit de l'OIM viennent du Nigéria, contre 20 % des 181 000 migrants qui sont arrivés en Italie par voie maritime en 2016. 5.1. Description du nombre de cas 5.1.1. Combien de cas ; quand et quels centres ; catégorie de retour ; référencement vers les centres OIM Entre janvier et décembre 2016, l'OIM a recensé un total de 6 283 migrants dans ses quatre centres de transit au Niger. Le nombre de migrants arrivant dans les centres de transit a été en moyenne inférieur au cours du premier semestre, avec environ 324 cas par mois entre janvier et juin 2016, alors qu'il a généralement augmenté au cours du second semestre (723 cas par mois), avec le nombre mensuel de migrants le plus élevé en novembre 2016 (1 104 – Figure 2). Cela peut être dû à la situation politique au Niger, les forces de sécurité du Gouvernement étant devenues plus strictes dans la prévention des mouvements migratoires dans la région d’Agadez. Hormis ces cas, plus de 186 mineurs non-accompagnés sont arrivés dans les centres en 2016. Parmi eux, 177 ont été assistés en 2016 dans le centre de Niamey, spécialement consacré à l'assistance aux migrants vulnérables tels que les mineurs, les victimes de la traite des personnes, les femmes vulnérables et les migrants handicapés. 7 OIM (2010) Manuel de protection de données, disponible sur http://publications.iom.int/system/files/pdf/iomdataprotection_web.pdf (accédé le 26 mai 2017). 8
Figure 2 : Nombre de cas en 2016, par mois 1104 918 655 679 602 428 426 362 381 302 215 211 Environ 75 % des migrants ont été assistés dans les centres de transit situés à Agadez et Arlit (respectivement 2 274 et 2 487, Figure 3). Moins de 20 % des personnes interrogées ont été aidées dans le centre de Niamey (1 094) et environ 6 % étaient à Dirkou (428). Lorsqu’on regarde la répartition des migrants recensés par centre et par mois, le plus grand nombre de migrants assisté par mois a été dans le centre d’Arlit pendant le mois d'août (626, soit le quart de tous les migrants recensés dans ce centre en 2016) et dans le centre d'Agadez en novembre (513, un cinquième du nombre total recensé dans le centre en 2016). Figure 3 : Nombre de cas en 2016, par mois et par centre 1200 900 600 300 0 Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre Agadez Arlit Dirkou Niamey En règle générale, les migrants interrogés traversaient le Niger pour rentrer, depuis un pays où ils résidaient temporairement (habituellement en Libye ou en Algérie), dans leur pays d'origine ou dans leur communauté d’origine. La grande majorité des personnes interrogées étaient des migrants qui revenaient volontairement, depuis le pays où ils avaient résidé temporairement, dans leur pays d'origine ou dans leur communauté d’origine du (78 %, Tableau 1). Ceci peut être compris comme le désir volontaire de rentrer dans leur pays d’origine parce que l’expérience migratoire n’a pas fourni les résultats escomptés. Près de 15 % des personnes interrogées avaient été soit renvoyées de force au Niger depuis leurs pays de résidence temporaire, soit appréhendées et leur entrée dans le pays refusée par les autorités de ce pays. Moins de 6 % des migrants n'ont pas répondu à cette question et, pour une petite minorité des cas (0,8 %), la catégorie 9
de retour n'a pas pu être clairement identifiée. Bien que l’OIM accepte dans les programmes d’assistance seulement des migrants qui cherchent volontairement à rentrer dans leur pays d’origine, ceux qui disent avoir été forcé de rentrer sont souvent sous la pression de quitter leur pays de résidence temporaire en raison des autorités ou des circonstances et se retrouvent ainsi bloqués au Niger à la recherche d’un moyen de rentrer chez eux. Tableau 1 : Nombre de cas par catégorie de retour Retour volontaire Retour forcé Pas de réponse Pas de réponse claire 78 % 15 % 6% 1% Moins de la moitié des migrants interrogés sont arrivés aux centres de l'OIM de leur propre initiative (45 %, Tableau 2). Dans 10,5 % des cas, les migrants ont déclaré qu'ils étaient référés aux centres de l'OIM par des bureaux d'orientation, tandis que 5,5 % de ceux qui ont répondu ont déclaré qu'ils connaissaient l'existence des centres d'assistance et de transit de l'OIM par l'entremise de bureaux consulaires ou d'autres autorités nationales. Près de 11 % des migrants ont été renvoyés à l'OIM par d'autres entités/individus (par exemple les organisations de la société civile ou autres organisations internationales, les mobilisateurs communautaires de l'OIM, les entreprises de transport ou d'autres migrants). Il convient de noter que le taux de non-réponse pour cette question était relativement élevé, un migrant interrogé sur quatre n'ayant pas donné cette information (soit parce qu'il ne voulait pas, soit parce qu'il ne savait pas comment répondre). Tableau. 2 : Référencement vers les centres de l’OIM Propre initiative Bureau d’orientation Consulat ou autre autorité Autre Pas de réponse 45 % 11 % 5% 11 % 28 % 5.2. Profil sociodémographique des bénéficiaires 5.2.1. Pays et région d’origine (distribution et cartes, total et par centre) En ce qui concerne le profil sociodémographique des répondants, la grande majorité des migrants des quatre centres en 2016 venaient d'Afrique de l'Ouest et du Centre. Près de la moitié des migrants assistés dans les quatre centres en 2016 venaient de seulement deux pays : la Guinée (24 %) et le Sénégal (21 %). Ceux-ci étaient suivis par le Cameroun (9 %), la Côte d'Ivoire (8 %), la Guinée-Bissau et la Gambie (7 % chacun) ainsi que le Mali (6 %). Les nigériens représentaient 5 % du nombre total de personnes interrogées, alors que les nigérians représentaient environ 4 % du nombre total – bien que le Nigéria était le premier pays d'origine des migrants arrivant irrégulièrement en Italie par la voie de la Méditerranée centrale en 2016 (37 551 ressortissants – environ un cinquième du nombre total d'arrivées en Italie au cours de cette année8) ; cela peut être dû au fait qu'il est généralement plus facile et plus rapide pour les nigérians de retourner à leur lieu d'origine par leurs propres moyens, au lieu d'attendre de l’aide pour le retour volontaire dans les centres de transit de l'OIM. Les autres principales nationalités des migrants dans les quatre centres comprenaient des burkinabè et libériens (3 %), des ghanéens (1 %), des béninois et togolais (0,5 %). 8 Source : OIM, basé sur les données du Ministère de l’Intérieur italien. 10
Tableau 3 : Pays d’origine des migrants profilés (nombre et % du total) Total: 6 283 Guinée Sénégal Cameroun Côte d‘Ivoire 1 524 24 % 1 327 21 % 536 9% 491 8% Guinée-Bissau Gambie Mali Niger 441 7% 419 7% 397 6% 307 5% Burkina Faso Libéria Sierra Leone Ghana 159 3% 159 3% 118 2% 60 1% Bénin Togo Tchad Autre 34 1% 33 1% 19 0% 38 1% En ce qui concerne la répartition des nationalités par centre de transit pour les 5 premiers pays d'origine, plus de la moitié des répondants guinéens sont arrivés dans le centre de transit d'Arlit, tandis qu'un quart est arrivé dans le centre d'Agadez et 15 % dans le centre de Niamey. Les migrants sénégalais sont arrivés, pour la plupart, au centre d'Agadez (53 % du nombre total de sénégalais profilés), 24 % au centre de Niamey et 15 % au centre d'Arlit. Près des deux tiers des migrants camerounais sont arrivés au centre d’Arlit et un quart dans le centre situé à Agadez. Les bénéficiaires de Côte d'Ivoire étaient répartis de manière plus égale dans les centres, bien que 45 % d'entre eux se trouvaient dans le centre Arlit. 75 % des migrants de Guinée-Bissau sont arrivés au centre d'Agadez, tandis que 15 % étaient dans le centre d'Arlit. Figure 4 : Pays d’origine des bénéficiaires par centre de transit (5 pays principaux) 1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 Agadez Arlit Dirkou Niamey Guinea-Bissau Guinée Bissau Côte d'Ivoire Cameroun Cameroun Senegal Guinée GuineaConakry Compte tenu de la région d'origine des deux nationalités principales des migrants, environ un sur quatre des 1 524 migrants guinéens assistés dans les centres de transit de l'OIM au Niger en 2016 venaient de Conakry, la capitale du pays située dans la région côtière du Sud (Figure 5). Les autres principales régions d'origine étaient Mamou, dans la partie centre-ouest du pays (12 % du total), Kankan, une grande région en Guinée orientale (11 %) et Kindia, une région relativement importante dans l'Ouest (10 %). L'information sur la région d'origine des migrants est absente pour 16 % des migrants guinéens interviewés. Environ un tiers des migrants sénégalais profilés en 2016 étaient originaires de la région de Kolda, au Sud. 17 % venaient de Tambacounda, une large région située dans le sud-est du pays, et 14 % des répondants 11
venaient de la région de la capitale, Dakar. Le reste des 1 327 migrants sénégalais assistés dans les centres de transit de l’OIM en 2016 venaient de diverses régions à travers le pays. Figure 5: Régions d’origine des migrants guinéens et sénégalais profilés Source : ESRI. Cette carte n’est fournie qu’à titre d’illustration. Les représentations ainsi que l'utilisation des frontières et des noms sur cette carte n'impliquent ni jugement sur le statut légal d'un territoire, ni reconnaissance ou acceptation officielle de ces frontières de la part de l'OIM. 12
5.2.2. Age, sexe, statut civil La grande majorité des migrants assistés dans les centres de transit de l'OIM en 2016 étaient des hommes (93 %) et des jeunes (Figure 6). Environ 72 % des migrants étaient âgés de 18 à 29 ans et 19 % avaient entre 30 et 39 ans. 5 % du total, soit 311 migrants, étaient mineurs (moins de 18 ans). Seulement 4 % avaient 40 ans ou plus (les informations sur l'âge des bénéficiaires manquaient pour 22 personnes). L'âge moyen des hommes et des femmes était à peu près le même, contrairement à 2014, lorsque les femmes aidées avaient en moyenne 5 ans de plus que les hommes (la proportion de femmes dans le total en 2014 était semblable à celle de 2015, soit 5 % des 2 127 migrants qui ont été profilés cette année). Tableau 4 : Distribution par sexe des bénéficiaires Hommes Femmes 93 % 7% Figure 6: Distribution par âge des migrants profilés (%) 44.5 27.5 12.8 6.0 3.7 2.4 0.6 0.4 0.3 0.9 0.4 0.5 0-4 5-9 10-13 14-17 18-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55+ La majorité des migrants profilés en 2016 (58,5 %) étaient célibataires, alors qu'un tiers d'entre eux se déclarent mariés. L'information sur l'état civil était absente pour 8 % des personnes interrogées (environ 500 personnes, Figure 7). Les données recueillies en 2016 confirment que les migrants qui transitent par le Niger pour rentrer dans leur pays d'origine sont généralement des jeunes hommes, contrairement à 2014, les migrants masculins étant plus susceptibles d'être célibataires que mariés – en 2014, les deux tiers des migrants interrogés dans les centres étaient mariés, alors qu'un tiers d'entre eux étaient célibataires. En 2015, la majorité des migrants étaient également mariés, bien que la proportion des migrants célibataires était supérieure à celle de 2014 (41 %). Figure 7 : Statut civil des bénéficiaires (%) 63.1 58.5 53.8 40.7 32.7 33.3 4.2 5.5 8.2 2014 2015 2016 Marié Célibataire Autre/ Sans réponse Note: Les pourcentages pour 2014 se réfèrent à un total de 2 890 répondants, pour 2015 à 1 388 migrants au total et pour 2016 à 6 283 individus. 13
5.2.3. Niveau de scolarité et alphabétisation La majorité (60 %) des migrants interrogés dans les quatre centres de transit ont déclaré avoir reçu une éducation formelle – contrairement à 2014 où une proportion similaire de migrants interrogés avait indiqué qu'ils n'avaient reçu aucune éducation formelle dans leur pays d'origine. Près de 20 % des migrants profilés en 2016 avaient atteint l'enseignement primaire, environ 30 % ont déclaré avoir reçu des études secondaires et près de 9 % avaient fait des études universitaires. Un autre 5 % du total avait un certain niveau d'éducation (ils ont déclaré fréquenter l'école coranique, mais le niveau d'éducation n'était pas précisé). 22 % des migrants assistés dans les quatre centres en 2016 ont déclaré ne pas avoir reçu d'éducation formelle. L'information sur l'éducation n'était pas disponible pour 16 % des personnes interrogées. Dans l'ensemble, 28 % des migrants interrogés ont déclaré qu'ils ne savaient ni lire ni écrire (Tableau 5). Figure 8 : Niveau de scolarité des bénéficiaires (%) 29.8 22.3 18.6 15.8 8.7 4.6 Aucun Primaire Secondaire Supérieur Dans une Pas de certaine réponse mesure (non spécifié) Tableau 5 : Alphabétisation Alphabétisé Analphabète Pas de réponse 62 % 28 % 10 % 5.2.4. Principales différences par pays d’origine (5 principaux pays d’origine) Une comparaison des principales variables sociodémographiques entre les migrants des 2 premiers pays d’origine – Guinée et Sénégal – a révélé que l’âge moyen des répondants de ces deux pays était assez similaire, soit 24 ans pour les migrants guinéens et 26 pour les sénégalais interviewés. Presque tous les migrants de ces deux pays dans les centres étaient des hommes (Tableau 2). Le niveau d’analphabétisme chez les guinéens était généralement plus faible (21 %) que chez les migrants sénégalais (36 %). De même, alors que presque la moitié des migrants sénégalais étaient mariés, seulement 20 % des guinéens l’étaient (Tableau 6). 14
Tableau 6 : Différences principales par pays d’origine (10 pays principaux) Moyenne % % % % % avec Pays d’âge femmes mineurs mariés analphabètes scolarisation Guinée 24 0.5 5.4 20 21 83 Sénégal 26 1.3 3.4 45 36 80 Cameroun 26 5.8 3.2 16 4 93 Côte d’Ivoire 25 6.1 6.9 21 23 67 Guinée Bissau 27 0.5 1.4 51 43 64 Gambie 25 0.2 9.8 29 29 84 Mali 26 3.3 3 31 31 71 Niger 29 49.5 8.8 81 81 8 Nigéria 25 51.1 6.8 24 18 65 Burkina Faso 25 6.9 6.9 48 36 47 Note : Le nombre de répondants change en fonction du pays et de la question posée. Les autres différences par pays d'origine principal à noter sont la part relativement élevée de femmes parmi les migrants nigériens et nigérians dans les centres – respectivement 49,5 % et 51,1 % du nombre total de migrants de ces groupes. Les mineurs étaient plus susceptibles d'être présents chez les migrants gambiens, mais aussi chez les nigériens, les ivoiriens, les burkinabè et les nigérians. Les migrants du Niger étaient mariés pour la plupart, avec un niveau d'analphabétisme élevé et un niveau de scolarité extrêmement faible par rapport aux migrants des autres pays (8 % avaient une éducation formelle). Les nigériens étaient aussi plus âgés que les migrants des autres pays, avec un âge moyen de 29 ans. Le niveau d’analphabétisme pour les migrants de Guinée-Bissau était également relativement élevé (43 %) et un peu plus de la moitié d'entre eux ont déclaré être mariés. En général, la majorité des migrants ont bénéficié de quelques années de scolarité, avec des pourcentages particulièrement élevés parmi les camerounais, les gambiens, ainsi que les guinéens et sénégalais déjà mentionnés. 5.2.5. Femmes Comme mentionné ci-dessus, les femmes représentaient moins de 7 % du nombre total de migrants arrivés dans les centres de transit de l'OIM en 2016 (421 au total). Environ 63 % d'entre elles venaient de seulement deux pays : le Niger (36 %) et le Nigéria (27 %). Les femmes nigériennes venaient toutes de la région de Zinder – traditionnellement une importante région d'origine des migrants du Niger. Les autres pays d’origine principaux pour les femmes migrantes dans les centres étaient le Cameroun (7,4 %), la Côte d'Ivoire (7,1 %) et le Libéria (5 %). La répartition par âge des femmes est similaire à celle des hommes, la majorité des femmes étaient âgées de 18 à 34 ans ; cependant, 14 % des femmes étaient mineures, contre 5 % dans l'échantillon total. Contrairement à la moyenne de l'échantillon, les femmes étaient plus susceptibles d'être mariées (56 %), analphabètes (56 %) et de ne pas être allées à l’école (57 %). En ce qui concerne les pays de résidence temporaire avant d'arriver dans les centres de transit de l'OIM, 61 % des femmes résidaient au Niger, 32 % en Algérie et seulement 6 % en Libye. Plus de 60 % des femmes nigériennes résidaient au Niger, principalement à Arlit ou Assamakka. Le reste résidait en Algérie, ayant passé pour la plupart moins d'un an dans le pays. Plus de 70 % des femmes originaires du Nigéria vivaient également au Niger – principalement à Agadez – généralement depuis moins d'un an. Un petit nombre d'entre elles résidaient en Libye ou en Algérie avant d'arriver dans les centres de transit de l'OIM. Près de 40 % des femmes ont été victimes de traitements abusifs ou violents pendant leurs séjours temporaires dans le pays de résidence – principalement la violence physique, les menaces, la violence 15
psychologique, et la confiscation d'argent. Très peu de femmes ont admis avoir été victimes de violence sexuelle, soit pendant le voyage, soit pendant la résidence temporaire. Le taux de réponse pour les questions liées à la violence au cours du voyage était généralement très faible pour les femmes, avec environ 15 à 20 % des femmes aidées ayant répondu à ces questions. Les types d’abus commis ne semblent pas être différents de ceux rapportés par les migrants masculins. Cependant il convient de noter que compte tenu de la sensibilité de ces questions, les femmes sont moins susceptibles de signaler ces traitements abusifs, en particulier les violences sexuelles. 5.2.6. Mineurs Comme indiqué ci-dessus, les mineurs représentaient environ 5 % du nombre total de migrants présents dans les centres de transit de l'OIM en 2016. Près de 60 % d'entre eux ont indiqué qu'ils étaient non- accompagnés. Parmi eux, 40 % ont indiqué qu'ils avaient passé un certain temps en Algérie et 40 % d'entre eux avaient résidé au Niger. Seulement quelques-uns avaient passé du temps en Libye avant d'arriver dans les centres de l'OIM au Niger. La majorité des mineurs non-accompagnés ont également déclaré qu'ils avaient été victimes d'abus et d'exploitation dans le pays de résidence temporaire – principalement de la violence physique. 5.3. Le parcours migratoire 5.3.1. Raisons de migration Les facteurs économiques étaient les principaux motivateurs de la migration pour les migrants assistés dans les quatre centres de transit de l'OIM au Niger en 2016. 60 % des répondants ont déclaré qu'ils partaient à la recherche de possibilités d'emploi, alors que 27 % ont déclaré migrer pour échapper à la pauvreté – soit près de 90 % des 6 283 migrants interrogés ont migré à la recherche de meilleures opportunités. Une minorité de répondants ont déclaré qu'ils ont quitté leurs pays suivant la promesse ou une offre de travail ou d'autres raisons (3 % au total). Les informations sur les raisons de la migration initiale n'étaient pas disponibles pour 9 % des personnes interrogées. Tableau 7 : Raisons du départ du pays d’origine Recherche Pauvreté Offre/promesse Autre Pas de réponse d’emploi de travail 60 % 27 % 1% 2% 9% 5.3.2. Organisation du voyage, informations avant le départ, financement L'exercice de profilage de l'OIM comprenait des questions sur le voyage effectué par les migrants pour chaque étape, y compris lorsqu’ils quittent leur pays d'origine (ou leur résidence habituelle) en route pour le pays de résidence temporaire en Afrique du Nord – Libye ou en Algérie. Une « étape » du voyage est généralement comprise comme un voyage d'une ville à une autre où les migrants se sont arrêtés temporairement pour réorganiser la suite du voyage, bien qu'il ne faille pas oublier que ces expériences que peuvent varier considérablement d'un migrant à un autre. Les migrants ont été interrogés, entre autres, sur les individus qui ont organisé le voyage, les informations qu’ils ont reçu (s’ils en ont reçu) avant le départ et par qui, et comment le voyage a été financé. En ce qui concerne la première question – qui a organisé le voyage – en période de voyage, la majorité des répondants ont déclaré qu'ils l'avaient organisé eux-mêmes (56 %), alors que seulement 2 % des répondants (environ 130 individus) ont déclaré l’aide d'un passeur, et moins d'1 % ont été assistés par d'autres (principalement des amis et parents, Figure 9) ; cela représente un changement important par rapport à l'exercice de profilage mené en 2014, où près d'un quart des migrants ont indiqué que leur voyage avait été organisé par des tiers. 16
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