Portes Ouvertes vient de publier l'édition 2021 de son Index mondial de persécution des chrétiens

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Publié le 14 janvier 2021(Mise à jour le 14/01)
Par Philippe Malidor

Portes Ouvertes vient de publier
l’édition 2021 de son Index
mondial de persécution des
chrétiens
Fondée en 1955, l’ONG Portes Ouvertes se préoccupe des chrétiens persécutés
dans le monde. Elle vient de publier la dernière mise à jour de son Index annuel
de persécution des chrétiens dans le monde.

Lors d’une vidéoconférence qui s’est tenue le 12 janvier, Portes Ouvertes (P.O.)
France a fait le point sur l’état de la persécution des chrétiens dans le monde. Car
l’agonie des martyrs ne s’est pas arrêtée dans les cirques de la Rome antique. Des
camps de travail en Corée du Nord, une église détruite à coups de pelleteuse en
Égypte, un pasteur iranien détenu 65 jours au cachot dans des conditions
misérables, des chrétiens décapités au Nigéria par des djihadistes… Autant de
faits montrant que les disciples du Christ dérangent toujours.

L’Index que l’association publie chaque année, et dont la dernière édition vient de
paraître, constitue comme une radiographie de la situation dans le monde : quels
régimes sont les plus sévères à l’encontre des chrétiens ? Quelles formes
prennent les différentes pressions exercées sur eux ? Notons d’abord que toutes
les croyances persécutent les chrétiens, y compris certaines nations « chrétiennes
» elles-mêmes. Ainsi, sur les 50 nations les plus persécutrices, 34 ont l’islam
comme religion principale, 4 le bouddhisme, 2 l’hindouisme, une l’athéisme, une
l’agnosticisme… et 10 le christianisme. Mais c’est la Corée du Nord qui détient la
première à ce triste palmarès depuis 20 ans.

La persécution s’aggrave en Afrique sub-
saharienne
Par ailleurs, quelques tendances méritent d’être signalées. La Covid-19 a été le
catalyseur de la persécution religieuse du fait de la discrimination dans le secours
apporté aux personnes. En Inde, par exemple, les chrétiens sont privés de toute
aide matérielle et Portes Ouvertes a dû venir en aide à 100 000 d’entre eux. La
conversion forcée, la justification d’une surveillance et d’une censure croissante
se poursuivent aussi. La Chine se distingue en tant qu’État policier très
inquisiteur. Enfin, les groupes extrémistes, djihadistes, guérilleros ou
communautaires, profitent du confinement pour attaquer plus durement les
chrétiens. En Afrique sub-saharienne, la situation est particulièrement
dangereuse. Le djihadisme se répand du Nigéria (où l’État est incapable de
protéger sa population largement chrétienne) et du Cameroun jusqu’au Burkina
Faso, au Mali et au-delà.

La persécution s’exerce essentiellement sur deux modes. L’oppression (que P.O.
symbolise par un étau) et la violence (que P.O. symbolise par un marteau). Ce qui
complexifie l’analyse des données. Ainsi, Le Soudan (du nord) quitte le top 10 des
pays persécuteurs pour la première fois en six ans. Certes, il a aboli la peine de
mort pour apostasie et garantit la liberté de religion dans sa nouvelle Constitution
après trois décennies de loi islamique. Mais la répression reste très violente à
l’encontre des chrétiens. Quant au Sud-Soudan, il se classe parmi les 10 pays les
plus violents repérés par Portes Ouvertes sans pour autant figurer parmi les 50
pays les plus persécuteurs parce que d’autres indices, beaucoup plus bas,
contrebalancent les premières informations. Ajoutons que les persécutions
diffèrent selon qu’elles sont gouvernementales, terroristes ou traditionnelles
(l’Inde persécute toutes ses minorités religieuses, alors qu’au Mexique les
chrétiens sont agressés par les narco-trafiquants ou certaines communautés
autochtones). Il arrive qu’on soit doublement persécuté. Ainsi, les Ouighours
convertis au christianisme sont la cible de leur communauté d’origine
(musulmane) et de leur gouvernement (officiellement communiste).

Témoignage d’une pasteure iranienne
Lors de la conférence de presse, Dabrina bet-Tamraz, exilée iranienne, fille de
parents pasteurs assyriens (tous deux gravement persécutés), pasteure elle-même
en Suisse et conseillère en matière de droits humains à l’ONU, a rappelé que
toutes les protestations émises contre les persécutions ont permis des libérations,
et même évité des exécutions. Sans oublier que de cette façon, les prisonniers ne
tombent pas dans l’oubli et apprennent le plus souvent qu’on pense à eux. D’autre
part, la pasteure a souligné que l’Iran, comme quantité d’autres pays, a ratifié
nombre de traités internationaux, à commencer par la Déclaration universelle des
Droits humains. Déclaration qui, dans ses articles 13 et 18, garantit la liberté de
circulation, dans et hors de son pays, ainsi que la liberté de religion, y compris
celle de « manifester [sa foi] seul ou en commun, tant en public qu’en privé ». Un
principe qui n’est pas bien compris, même en France. Mettre les États face à
leurs engagements est donc essentiel, selon Dabrina bet-Tamraz. Et cela peut
porter des fruits.

Retrouvez le détail des informations sur le site Portes Ouvertes.
Publié le 20 janvier 2020(Mise à jour le 23/01)
Par Claire Bernole

Timothée, le témoin de la
persécution des chrétiens en
Corée du Nord
L’ONG évangélique Portes ouvertes nous a permis de rencontré Timothée, qui a
fui la Corée du Nord, pour une vie de chrétien libre.

Timothée est passé quatre fois par la case prison. Trois fois en Chine et une fois
en Corée du Nord, son pays natal. Il avait 16 ans quand il a tenté d’échapper pour
la première fois à un régime autoritaire qui ne lui offrait aucun avenir… jusqu’à
ce qu’il se retrouve à la prison internationale de Shanghaï.

Il attend alors la prochaine étape d’un sort déjà scellé : les accords entre la Chine
et la Corée du Nord prévoient l’extradition de tout ressortissant nord-coréen. Le
jeune Tim sait qu’à son retour, il n’aura droit qu’à une chose : essayer de survivre
dans l’un des camps où la vie des prisonniers politiques n’est généralement pas
longue.

Amen, amen, amen…
Sur son lit, dans cette cellule que partagent sept prisonniers, il angoisse. L’un de
ses codétenus, un chrétien, lui propose de lire la Bible et de prier. Timothée
objecte qu’il n’a jamais ouvert le livre et ne sait pas comment on s’adresse à Dieu.
“Ce n’est pas grave, lui répond ce croyant à la vie de voyou. Essaie, simplement,
et à la fin de ta prière, dis Amen.” C’est ce que fait le jeune garçon. “J’ai répété
amen, amen, amen… je ne sais combien de fois”, se souvient-il.
Aujourd’hui, Timothée est un jeune adulte et habite en Angleterre. Quand il en
parle, ces épisodes de sa vie ne semblent plus susciter de la souffrance. Il assure
qu’il est porté par la volonté de faire connaître les conditions de vie en Corée du
Nord, particulièrement celles des chrétiens, et de ne pas garder le silence face à
un régime sans pitié. Il est prêt.

La Corée du Nord, en tête de l’Index de
persécution
C’est pour cette raison qu’il s’est engagé au sein de Portes ouvertes, une ONG
évangélique qui œuvre en soutien des chrétiens persécutés dans le monde. Dans
l’édition 2020 de son index annuel, l’ONG souligne que la Corée du Nord est,
depuis 2002 et sans discontinuer, en tête de liste des pays où la répression est la
plus forte. Timothée, qui s’est converti à la foi chrétienne après son passage en
prison suivi de son arrivée en Corée du Sud, n’était pas encore croyant quand il
était dans son pays d’origine. Il a néanmoins eu l’occasion d’assister – alors qu’il
avait une dizaine d’années – à l’exécution publique d’un homme qui avait eu
l’audace d’apporter de la littérature chrétienne en Corée du Nord. “Tout le monde
devait venir voir, y compris les enfants”, raconte-t-il. Le nombre de prisonniers
politiques est actuellement évalué à environ 250 000 personnes dans ce pays très
fermé, dont 70 000 chrétiens.

Il ignorait la foi de son père
Timothée est le fils d’une mère professeure de mathématiques, désormais
décédée, et d’un père professeur d’histoire à l’université. “Il savait que ce qu’il
enseignait était de la propagande pour le gouvernement. Il n’avait pas le choix.
Mais à moi, il me donnait la version des faits qu’il ne pouvait pas transmettre en
cours, tout en me demandant de ne surtout rien partager avec mes camardes”,
confie le jeune homme.

En Corée du Nord, le poids du secret est à la hauteur de la condamnation
encourue par tout dissident du régime. À tel point que c’est seulement lorsqu’il a
retrouvé son père en Corée du Sud qu’il a appris qu’il était chrétien.
Direction… les Philippines !
Avant cet épilogue heureux, il a dû échapper aux barreaux. Grâce à la
mobilisation internationale et médiatique, Timothée évitera de justesse un retour
sous bonne escorte en Corée du Nord. Il passera par les Philippines pour gagner
ensuite la Corée du Sud. Un parcours hors norme, ne correspondant à aucun
protocole ! Ce n’est qu’après qu’il prendra la décision de se rendre en Angleterre,
lesté de ses espoirs et de sa confiance en Dieu.

Il y mène désormais une vie qu’on pourrait qualifier de normale. Tout en gardant
les pieds dans les starting blocks : “Je voulais vivre dans un pays libre et j’ai été
exaucé. Je ne peux rester sans rien faire pour ceux qui sont encore en Corée du
Nord. J’aimerais leur faire savoir combien Dieu les aime”, conclut-il. Il imagine
jouer un jour un rôle dans cette transmission de la foi et de l’espérance
chrétiennes.

Publié le 15 janvier 2020(Mise à jour le 15/01)
Par Claire Bernole
Où les chrétiens sont-ils le plus
persécutés dans le monde ?
L’organisation évangélique Portes ouvertes vient de publier son Index mondial de
persécution des chrétiens. Il fait ressortir une hausse globale de la violence. Mais
les chrétiens résistent.

Portes ouvertes a fait ses comptes. Dans son Index mondial de persécution des
chrétiens, qu’elle publie chaque année, l’ONG fait état d’une augmentation
globale de la violence. Le nombre de chrétiens fortement persécutés dans le
monde connaît également une triste croissance. Ils seraient quelque 260 millions
en 2019 à avoir connu des affres diverses, contre 245 millions l’année précédente.

Cette hausse peut également être mesurée à partir du “score” de chacun des 50
pays où la persécution est la plus marquée. L’ONG relève ainsi une progression
de 1,19 % du phénomène de 2018 à 2019. “Depuis 7 ans, il ne cesse de
s’accentuer”, ajoute Patrick Victor.

Selon le directeur de Portes ouvertes France, deux facteurs expliquent cette
situation. “D’une part, il faut rappeler l’importance de la Chine, où plus de 5 000
églises et bâtiments associés ont été la cible du gouvernement (sur un total de
9 488 dans le monde ; ces faits font suite à une nouvelle loi intervenue en février
2018), et de l’Inde, où l’intensité de la persécution augmente de même que le
nombre de persécutés. Nous observons encore une montée de la répression en
Afrique subsaharienne, où le djihadisme tue de plus en plus de chrétiens”,
développe-t-il. Aussi, le Burkina Faso, qui ne figurait pas dans l’Index 2019, y

entre-t-il cette année, à la 28e place. Ce qui ne manque pas d’inquiéter, bien sûr.

Le nord de ce pays subsaharien est la première zone concernée. “Des groupes
extrémistes visent toute la population, des milliers de déplacés s’entassent dans
des camps, avec toutes les problématiques que cela implique, souligne Patrick
Victor. Néanmoins, nous avons noté le ciblage spécifique des chrétiens à travers
plusieurs attentats.”
Tolérance religieuse en recul
Il rappelle que les terroristes qui sont arrivés dans un village, ont immédiatement
cherché à identifier les chrétiens par leur prénom ou le port d’une croix. Les
personnes repérées ont aussitôt été exécutées. Autre épisode significatif : des
chrétiens qui, à la sortie d’un culte, ont été sommés de renier leur foi. Face à leur
refus, ils ont été assassinés un à un, à l’arrière de l’église. “Le Parlement
européen a reconnu que la population chrétienne était spécialement visée”,
insiste Patrick Victor.

La tolérance religieuse qui régnait jusque-là au Burkina Faso est désormais
compromise. Mais cela ne s’arrête pas à ce pays. “Depuis un an, nous observons
que les persécutions empirent en Afrique. La situation du Burkina confirme ce
que nous pressentions, et le terrorisme touche des pays que nous estimions
préservés jusqu’alors grâce à leur tolérance religieuse”, déplore Patrick Victor.

Parmi les régions du monde où la situation des chrétiens est particulièrement
critique, il y a toujours l’Asie du Sud et du Sud-Est, la Centrafrique (à la 25e place
dans l’Index 2020), désormais aux mains de groupes islamistes, et le Sri Lanka,
où les attentats de Pâques ont été une tragique surprise pour Portes ouvertes.
“Plus généralement, la situation des chrétiens dans tous les pays figurant dans
l’Index nous préoccupe. En particulier ceux qui sont en tête de liste : Corée du
Nord, Afghanistan, Somalie, Libye, Pakistan, Érythrée, Soudan, Yémen, Iran, Inde
et Syrie”, ajoute Claire Lacroix, responsable de l’information à Portes ouvertes.

Des chrétiens résilients
Quelle note d’espoir pourrait être retenue dans un paysage bien sombre ? L’ONG
en relève plusieurs. À commencer par un nombre de chrétiens assassinés
globalement en baisse. En Indonésie, durant la période étudiée pour l’Index 2020,
il n’y a pas eu de chrétiens tués, la violence a baissé. Un nouveau gouvernement a
été mis en place, qui donne des signes positifs à l’égard des chrétiens et des
minorités religieuses. Ce nouveau contexte pourrait faire évoluer dans le bon sens
l’Index de l’année prochaine. En Algérie, où plusieurs églises ont été fermées par
les autorités officielles l’année dernière, la mobilisation de la France et de l’Union
européenne a porté leurs fruits. Le haro sur les lieux de culte chrétiens a cessé.
Mais il n’y a pas que les chiffres, il y a aussi le vécu ! Et là où la flamme aurait pu
s’éteindre mille fois, elle continue bien souvent de briller. En Corée du Nord, ils
sont 300 000 chrétiens à vivre clandestinement leur foi. Au Sri Lanka, des
hommes et des femmes qui ont perdu un membre de leur famille dans les
attentats ou ont été touchés dans leur chair témoignent de leur capacité de
résilience. Ils représentent à leur tour, peu importe s’ils en sont conscients, des
lueurs d’espoir pour tous les autres croyants.

Publié le 15 janvier 2020(Mise à jour le 15/01)
Par Claire Bernole

Comment évaluer la persécution
des chrétiens ?
Portes ouvertes et Église en détresse œuvrent auprès des chrétiens en difficulté,
voire opprimés. Mais comment évaluer la persécution ?

L’ONG protestante Portes ouvertes définit la persécution comme “toute hostilité à
l’égard d’une personne ou d’une communauté motivée par l’identification de
celle-ci à la personne de Jésus-Christ”. Elle en mesure l’intensité par la violence
physique et matérielle exercée, mais aussi à travers toutes les discriminations
dans différents domaines de la vie : privée, familiale, sociale, civile et ecclésiale.
Portes ouvertes compte un millier d’équipiers bénévoles à travers le monde,
chargés de recueillir des informations grâce à un questionnaire standardisé
détaillé. Les réponses correspondent à un certain nombre de points. Dans tous les
pays ayant un score supérieur à 41 points, on considère que la persécution est
extrême. Cette année, ces pays sont au nombre de 11.

La fondation pontificale catholique Aide à l’Église en détresse a une vocation
d’œuvre pastorale et soutient les projets qui touchent à la diffusion de la foi. Le
terme “détresse” recouvre, dans son contexte, la persécution, mais également
l’aide matérielle à l’Église dans des pays pauvres. Tous les deux ans, elle publie
un rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi. En 2019, elle a pointé 12 pays
où la situation des chrétiens est la plus préoccupante : Birmanie, République
centrafricaine, Chine, Inde, Irak, Nigeria, Pakistan, Philippines, Égypte, Corée du
Nord, Soudan et Sri Lanka. Au total, 21 journalistes, universitaires et auteurs
indépendants ont travaillé à ce rapport en s’appuyant sur les réseaux catholiques
locaux.

Publié le 3 décembre 2019(Mise à jour le 5/12)
Par Laure Salamon
Attaque meurtrière contre une
église protestante au Burkina-Faso
Dimanche, un tout nouveau lieu de culte a été visé par des terroristes islamistes
au Burkina-Faso. Bilan: 14 fidèles tués, dont plusieurs enfants.

Le Burkina-Faso est encore en deuil après une nouvelle attaque dans un lieu de
culte chrétien. C’est l’Église protestante de Hantoukouri, non loin de la frontière
avec le Niger qui a été visée cette fois par les terroristes, dimanche 1er
décembre.

Lundi, Christophe Dabiré, Premier ministre burkinabé, s’est rendu au siège de la
Fédération des Églises et missions évangéliques (FEME) pour présenter ses
condoléances. Le pasteur Henri Yé, président de la Fédération, a raconté à RFI
que l’église de Hantoukoura venait juste d’ouvrir ses portes, avec une vingtaine
de fidèles.

Les chrétiens sont victimes de nombreuses agressions depuis le début de l’année.

Le 1er octobre, un appel de la Fédération des Églises et missions évangéliques du
Burkina Faso alertait sur la situation. Il avait été relayé par l’ONG chrétienne
Portes Ouvertes lors d’une conférence de presse, organisée à Paris.

La Fédération dénonçait la recrudescence des attaques de groupes islamistes et
répertoriait au moins cinq attaques depuis le début de l’année contre des églises
protestante et catholique.

Les groupes islamistes visaient auparavant des cibles étatiques, comme les
militaires ou policiers, le personnel des administrations. Plus récemment, ils
menaçaient aussi des enseignants dans les écoles. Ils leur reprochaient
d’enseigner en français et non en arabe, témoignait Illia Djadi, ancien journaliste
à la BBC, aujourd’hui consultant pour l’ONG chrétienne Portes Ouvertes en
Afrique de l’Ouest. De ce fait plus de 2000 écoles ont dû être fermées dans le
nord du pays.
Le Burkina-Faso, un pays de paix
Les actions terroristes contre les lieux de culte chrétiens montrent que la menace
islamiste monte encore d’un cran. “Ils cherchent à diviser le pays, les
communautés, pour installer un chaos et faire tomber le gouvernement”, analysait
Illia Djadi, début octobre. Pourtant l’expert rappelait que le pays est un pays de
paix et de respect de la liberté religieuse. Chacun peut choisir sa religion et sa
croyance.

Selon les estimations de Portes Ouvertes, près de 289 000 personnes ont été
déplacées dans les régions du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel.

Dans son communiqué, la Fédération des églises et missions évangéliques
appelait “la communauté internationale à soutenir l’action des pays du G5 Sahel
(Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger) pour leur permettre de
coordonner les politiques de développement, de lutte contre le terrorisme et pour
la sécurité de leurs frontières.”

Le gouvernement français a d’ailleurs interdit à ses ressortissants de se rendre au
Burkina-Faso.

Publié le 19 janvier 2018(Mise à jour le 18/01)
Par Claire Bernole
La persécution des chrétiens dans
le monde, selon l’ONG Portes
ouvertes
Portes ouvertes vient de publier son Index mondial de persécution des chrétiens
2018. Quels sont les moyens, la méthodologie et les résultats de l’ONG ?

Nationalisme à caractère religieux ou rationalisme pragmatique des régimes
autoritaires alimentent le terreau de la persécution des chrétiens en Inde, Chine,
Myanmar, Laos, Turquie mais aussi Russie, d’après Portes ouvertes. Pour la vingt-
et-unième année consécutive, l’ONG vient de publier son Index mondial de
persécution. Parmi les tendances soulignées figure une intensification de la
persécution dans les 50 premiers pays étudiés. Mais c’est surtout la situation des
chrétiens dans les trois figurant en tête de liste qui inquiète l’association
protestante évangélique : Corée du Nord, Afghanistan et Somalie.

Recherche de fiabilité
Ce classement, qui a l’avantage de bénéficier d’informations recueillies
directement sur le terrain, est-il fiable ? Couvrir les 75 pays sur lesquels l’ONG
travaille est une tâche ambitieuse pour les 1 300 personnes, équipiers (contacts
directs sur le terrain) et salariés, qui sont à son service. En outre, Portes ouvertes
a d’abord pour but de venir en aide à l’Église persécutée à travers ses équipes sur
place. « Cela passe par des formations (les réactions appropriées en cas
d’arrestation par exemple), de l’aide médicale lorsque les chrétiens sont
discriminés par le système de santé ou la mise en place d’un programme de
microcrédit », explique Michel Varton, directeur de Portes ouvertes France. « Du
fait de notre implication sur le terrain, nous pouvons effectuer un travail de
recherche qui nous permet d’établir l’index. » C’est par le biais d’un
questionnaire qui prend en compte les différents aspects de la vie (privée,
familiale, sociale, civile, ecclésiale) et qui est commun à tous les pays que
l’association collecte ses données.

Ces dernières remontent ensuite jusqu’à une équipe internationale formée de sept
chercheurs chargés de les confronter à d’autres sources, comme par exemple les
informations recueillies par différentes ONG. On regrettera de ne pas avoir le
résultat de l’audit réalisé par une entreprise externe sur la méthodologie,
visiblement resté au niveau du siège néerlandais. Mais si l’index a un défaut, ce
serait plutôt celui de sous-estimer la persécution dans la mesure où il ne prend en
compte que les informations vérifiées et seulement le cas des personnes ciblées
en raison de leur foi, précise Claire Lacroix, responsable du service
communication.

Sa méthodologie, Portes ouvertes l’affine d’année en année. Elle se fonde sur une
définition plus « théologique et sociologique » que littérale de la persécution,
dans le sens où elle ne tient pas seulement compte des exactions punissables au
regard de la loi du pays ou du moins des droits humains, mais aussi des actes plus
insidieux et silencieux, jusqu’à l’exemple marquant de cette famille indienne que
ses voisins ont stigmatisée en détournant les égouts vers sa maison.

Entre l’étau et le marteau
Ainsi, l’association arrive à dégager deux axes d’évaluation du degré de
persécution : la pression exercée, parfois quotidienne – qu’elle appelle étau – et
son intensité, à travers des actions violentes plus ou moins ponctuelles –, qu’elle
appelle marteau. Ce qui permet de calculer un nombre de points par pays, puis de
les classer. « Il manque la relativisation, car il n’y a pas que les chrétiens qui sont
persécutés, dans certains endroits, et Portes ouvertes ne distingue pas la
persécution provenant d’un gouvernement ou d’un groupe terroriste illégal »,
souligne Thomas Wild. Et le directeur d’Action chrétienne en Orient (ACO)
d’insister : « Cette distinction est importante si on veut apporter de l’aide ou
mener une action de plaidoyer. » S’il regrette que « l’information soit très
dépouillée », il reconnaît que l’index et le travail de l’ONG pointent « une réalité
qu’on a tendance oublier dans une société développée libérale : certaines
personnes risquent leur vie du fait qu’elles sont chrétiennes. »

La question de la sécurité concerne aussi les équipiers de Portes ouvertes, qui
s’appuie sur les autochtones pour mener un travail discret. Leur profil varie selon
les pays : certains sont engagés dans des actions humanitaires, d’autres sont
pasteurs, mais tous s’impliquent auprès des différentes dénominations
chrétiennes. « Il existe une équipe à part, qui encadre le travail à l’étranger pour
que nous soyons libres de parler ici sans compromettre leur sécurité là-bas »,
précise Michel Varton.

Avec l’ACO, Thomas Wild préfère élargir le focus au-delà des communautés
chrétiennes : « Là où nous sommes implantés, les chrétiens ne font pas vraiment
confiance aux musulmans mais nous essayons de travailler pour que les gens se
connaissent mieux et ne soient pas ghettoïsés ».

Un point les mettra certainement d’accord : « Il ne suffit pas de donner une
enveloppe. Il faut un véritable travail humanitaire et spirituel », conlut Michel
Varton. Un paramètre supplémentaire, qui contribue à faire de l’action de terrain
un travail de longue haleine.

À lire
Index mondial de persécution 2018, 7 €.
http://www.portesouvertes.fr

Publié le 11 janvier 2017(Mise à jour le 13/01)
Par Claire Bernole
Chrétiens persécutés : un rapport
alarmant
L’ONG a rendu public son dernier index mondial de persécutions des chrétiens.

C’est un peu comme s’il y avait deux mondes : celui des chrétiens persécutés et
l’autre. En publiant son Index de persécution, l’ONG Portes ouvertes fait
communiquer ces deux vases heureusement jamais tout à fait étanches. La 25e
édition de l’ouvrage vient de sortir, synthétisant des données collectées sur le
terrain par des équipiers locaux. Le visage qui se dessine à travers la carte des 50
pays où la persécution est la plus sévère – qu’elle se caractérise par une violence
visible ou une oppression plus souterraine – se modifie régulièrement mais jamais
complètement.

Du Yémen au Pakistan
Ainsi, la Corée du Nord arrive encore pour la 16e année consécutive en tête de
liste, suivie de la Somalie, qui remonte de quatre places, de l’Afghanistan, du
Pakistan, du Soudan, de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran. Le Yémen fait son entrée
en 9e position de ce triste top ten, avant l’Érythrée. Certes, on note une baisse
des violences en Irak, en Iran et en Érythrée par rapport en 2016. Mais
« l’oppression quotidienne est toujours présente. Simplement en Érythrée, par
exemple, les chrétiens actifs sont soit en exil soit en prison », analyse Claire
Lacroix, responsable de communication de Portes ouvertes. Même perception
trompeuse concernant l’Iran, surtout depuis les accords sur le nucléaire. « Toutes
les minorités souffrent beaucoup », précise Mansour Borji. Ce pasteur iranien, qui
vit à Londres, est engagé au sein de l’association Article 18 pour la liberté
religieuse.

Parmi les évolutions les plus récentes, Portes ouvertes souligne également que
l’Asie est en train de rattraper le Moyen-Orient et l’Afrique en matière de
persécution. De manière générale, « le nombre de chrétiens subissant un niveau
élevé de persécution est évalué à 215 millions dans les 50 pays étudiés », précise
Michel Varton, directeur de l’ONG.

L’extrémisme religieux allié au nationalisme et plus particulièrement l’islamisme
sont de plus en plus fréquemment pointés comme étant à l’origine des
persécutions.

À noter
Index mondial de persécution des chrétiens 2017
Portes ouvertes, 7 €. www.portesouvertes.fr
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