Pour une définition de la politique biodiversité de l'agence de l'eau - Panorama de la biodiversité en paca - FNE PACA
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Pour une définition de la politique biodiversité de l’agence de l’eau Panorama de la biodiversité en paca En partenariat avec :
> > > > Mentions légales Document édité par France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur 14 Quai de Rive Neuve - 13007 Marseille Siège social : Le ligourès, Place Romée de Villeneuve 13090 Aix-en-Provence Rédaction et coordination : Annelise Muller et Anna Wartberger (FNE PACA), Benjamin Kabouche (LPO PACA) Conception graphique : Raphaëlle Jacques et Sophie Villeneuve (FNE PACA) Merci à toutes celles et ceux qui ont contribué à la réalisation de ce document Ce document a été imprimé sur du papier recyclé avec des encres à base végétale, par une imprimerie labellisée Imprim’Vert Crédits photographiques : Pixabay (couvertures) Dépôt Légal : Octobre 2017
Édito Comment l’Agence de l’Eau pourrait-elle s’impliquer davantage pour stopper la perte de biodiversité en ré- gion PACA ? Plus personne ne cherche volontairement et ouvertement à détruire la biodiversité. Mais les politiques publiques contradictoires entre elles, la configuration des aménagements, l’urbanisation du littoral, les pratiques agricoles, nos déchets, l’utilisation permanente de la voiture entre le domicile et le travail, ont conduit à une érosion de la biodiversité. L’augmentation démographique des populations humaines est constante et prégnante à toutes les échelles d’intervention. La situation est tellement alarmante que l’on considère aujourd’hui que l’humanité, surtout avec un mode de vie consumériste, est responsable de la 6ème extinction des espèces sur la planète. Une étude récente démontre ainsi que 32 % des espèces animales sont en déclin. Pourtant, nous avons un besoin vital de la biodiversité à commencer pour garantir les fonctions vitales de notre vie et la pérennité de nos territoires pour la préservation des sols, de l’air et de la ressource en eau. Des politiques sont ainsi mises en œuvre en faveur de la biodiversité que ce soit à l’échelle communale (Plan Local d’Urbanisme), nationale (la loi sur la biodiversité de 2016), européenne (directives NATURA 2000) et internationale (Engagements d’Aichi par l’ONU). Schématiquement, ces politiques publiques visent soit à maintenir des équilibres entre les activités humaines et les milieux naturels, soit à «sanctuariser» des espaces patrimoniaux. Malgré les mesures prises depuis quatre décennies environ, la dégradation de la biodiversité s’accélère. La région PACA, du fait de sa variété géographique et climatique, présente une extraordinaire diversité de milieux naturels et d’espèces associant caractères méditerranéens et alpins. La région abrite près 2/3 des espèces végétales françaises, 1/3 des espèces d’insectes, plus de 10 espèces de mammifères marins et de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs et nicheurs. La mer Méditerranée est l’un © B. Kabouche, 2015 - Cervières (05) des 10 hotspots de biodiversité de la planète. Elle abrite environ 10 % des espèces répertoriées mondialement alors qu’elle ne représente qu’1 % de la surface globale des océans. Ainsi les acteurs de cette région ont une responsabilité d’autant plus forte à préserver ce territoire. Dans le cadre de la loi biodiversité, l’Agence de l’Eau est un acteur qui a la possibilité de prendre sa part pour réduire les atteintes à la nature en refondant sa politique avec cohérence. 3
La préservation de patrimoine naturel pourrait être inscrites sur les listes rouges régionales, nationales assurée d’une part avec une éco-conditionnalité de ses et internationales, avec une attention particulière à aides financières, et d’autre part par l’accompagnement accorder aux espèces «amphibies» (ex. amphibiens, des initiatives vertueuses sur les territoires. odonates, oiseaux d’eau, etc.) ; 4. Accompagner les mesures d’adaptation aux Selon les Associations de protection de la nature changements climatiques, de l’amont au niveau des voici les écueils à éviter et des propositions pour glaciers jusque sur le littoral ; que l’Agence de l’Eau instaure une politique de 5. Valoriser le travail sur le terrain des «lanceurs conservation et restauration efficace sur de la d’alertes», souvent associatifs, qui détectent et biodiversité en PACA : engagent des actions contre les principales atteintes à l’environnement. 1. Veiller à ne pas financer des projets portant atteinte à la biodiversité (ex. artificialisation des rives Les effets du réchauffement climatique sont par des digues) et établir une eco-conditionnalité des perceptibles au niveau individuel et collectif. La loi aides de l’Agence ; pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et 2. Ne pas agir uniquement par contractualisation des paysages a été votée le 20 juillet 2016. Au-delà pour les actions relatives aux changements climatiques des objectifs visant à garantir les fonctions physiques (SDAGE OF 0). Il faudrait que l’Agence devienne un et écologiques des milieux naturels, l’Agence de opérateur direct avec un financement spécifique ; l’Eau dispose d’une véritable 3. Agir sur les glaciers et opportunité pour assumer un garantir la protection des zones rôle de leader visant à réduire les de haute montagne (lacs, tête effets néfastes du changement de bassin, masse glaciaire, climatique. Cette situation etc.) ; de crise de grande ampleur 4. Ne financer que la et inédite pour l’humanité restauration des milieux ne pourra se satisfaire des dégradés et pas suffisamment politiques menées jusqu’à les espaces naturels encore présent par l’Agence de l’Eau intacts (valoriser les démarches avec des aides directes pour «Rivière sauvage « (0 en PACA) des actions de conservation ou «Rivière en bon état» (3 en des espaces naturels et de PACA). restauration des continuités Ne pas attendre d’avoir une écologiques. Les effets du structure locale organisée et changement climatique nous agir aussi dans les secteurs dits «orphelins». imposent de replacer la préservation des ressources en eau au cœur des problématiques sociétales. Les Selon les Associations de protection de la nature besoins en eau pour les populations humaines sont voici les champs d’intervention dans lesquels indéniablement liés à la biodiversité associée. l’Agence de l’Eau devrait s’impliquer davantage. Gilles Viricel Gilles Marcel 1. Relayer les politiques publiques favorables (président LPO PACA) (président FNE PACA) © B. Kabouche, 2017 - Odonate à la biodiversité (Schéma Régional de Cohérence Écologique [SRCE], Stratégie de Crétation des Aires Protégées [SCAP], Plan national des zones humides, Plan National d’Actions [PNA], Aires marines protégées, etc.) ; 2. Soutenir la capacité d’intervention des gestionnaires et des acteurs associatifs (Parcs, réserves naturelles, RREN, FNE, agents de l’ONEMA, etc.) et Soutenir les animateurs des sites Natura 2000 ; 3. Prioriser les actions pour les espèces 4
contexte L’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse biodiversité. mène depuis de nombreuses années des actions en Les deux associations ont choisi de focaliser sur faveur de la biodiversité, en collaboration avec ses quelques entrées thématiques : espèces / milieux, partenaires. Depuis 2013, elle a ainsi accordé 192 millions d’euros d’aides en faveur de la restauration et problématiques, politiques et actions existantes, du décloisonnement transversal des cours d’eau et des acteurs. Chacun de ces thèmes rassemble plusieurs zones humides, soit plus de 8 000 ha de zones humides sujets, eux-mêmes illustrés par une carte et analysés acquises ou restaurées, et plus de 200 km de cours par le mouvement FNE / LPO dans l’optique d’une d’eau restaurés. possible action Agence de l’Eau. La Loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages élargit la Les cartes exposées dans le présent document ne mission confiée aux Agences de l’Eau. En complément sont pas toutes des créations originales : le travail s’est de la gestion équilibrée et durable de la ressource en beaucoup appuyé sur les travaux existants portés par les eau et des milieux aquatiques, les Agences renforcent services déconcentrés de l’Etat, le Conseil régional, des donc leur soutien aux actions sur la biodiversité. Cette nouvelle compétence donnera davantage instituts de recherche, des associations… Deux cartes de cohérence entre les politiques eau, biodiversité et subjectives complètent ce panorama : elles recensent aménagement du territoire. des sites présentant une signification particulière aux yeux des associations de terrain, signification positive Cette Loi Biodiversité, la structuration des acteurs (des sites qu’on aime, qu’on trouve beaux, qu’on de l’eau et leur expérience de gestion intégrée et concertée sont donc autant d’opportunités de n’imagine pas voir disparaitre…) ou négative (sites développer enfin une organisation aussi robuste et en situation critique de conservation, parce que des inclusive, c’est-à-dire associant largement les parties habitats ou des espèces sont en danger, sous le coup prenantes, pour la biodiversité. La prochaine échéance, d’une dégradation ponctuelle ou chronique…). constituée par le programme quinquennal 2019 / 2014 à venir des Agences de l’eau, constitue une occasion d’expérimenter des organisations innovantes, de L’ensemble des réflexions, analyses et propositions préciser et d’approfondir des ambitions, et enfin, portées ici par le mouvement FNE PACA / LPO PACA a d’orienter progressivement acteurs et financements ensuite été organisé, pour plus de lisibilité, selon 4 axes vers cette nouvelle gouvernance. d’intervention possibles (et combinables entre eux) Dans ce contexte, France Nature Environnement pour l’Agence de l’Eau : PACA, membre du comité de bassin Rhône Méditerranée, 1. restaurer les corridors écologiques, surtout a été sollicitée par l’Agence de l’eau pour apporter à pour les espèces amphibies ; cette dernière un éclairage sur les enjeux, politiques et 2. soutenir les actions permettant d’atténuer les actions menées en faveur de la biodiversité en Provence Alpes Côte d’Azur. impacts du changement climatique sur les écosystèmes ; La réponse proposée par FNE PACA et son 3. soutenir les politiques publiques déjà en cours ; association membre et partenaire, la Ligue de Protection 4. relayer et soutenir les actions des gestionnaires des Oiseaux PACA (LPO PACA), est entre vos mains : de milieu et les associations de protection de la nature un cahier d’analyses et de propositions, imaginé pour apporter des éléments de compréhension et des pistes et de l’environnement. pour établir une stratégie d’intervention en faveur de la 5
> renforcer la gouvernance et sensibiliser aux milieux aquatiques © A. Muller, 2016 - Port d’Alon (83) 6
sommaire Édito p.3 contexte p.5 axe1 : RESTAURER LES CORRIDORS ECOLOGIQUES, SURTOUT POUR LES > ESPECES AMPHIBIES p.8 Intégrer de façon ambitieuse et opérationnelle le Schéma Régional de 1.1 Cohérence Ecologique dans l’aménagement du territoire p.10 1.2 Rendre vivant et effectif le Plan National d’Actions Zones Humides p.14 > axe 2 : Soutenir les actions permettant d’atténuer les impacts p.18 du changement climatique sur les écosystèmes 2.1 Faire appel à la biodiversité ordinaire pour améliorer la résilience des villes p.20 2.2 Retenir l’eau grâce à l’écosystème forestier p.24 2.3 Agir avec l’érosion côtière p.28 2.4 Contenir l’avancée du biseau salé p.32 axe 3 : Soutenir les politiques publiques en faveur de la > biodiversité déjà en cours p.36 3.1 Protéger les sites identifiés dans la stratégie de création des Aires Protégées p.38 3.2 Soutenir l’animation et la gestion locale des sites Natura 2000 p.40 Prendre en compte les Listes Rouges Régionales dans les politiques 3.3 sectorielles ou territoriales p.44 3.4 Mettre en oeuvre les Plans Nationaux d’Actions p.46 3.5 Développer et animer les Aires Marines Protégées p.48 3.6 Maintenir la protection des Sites Remarquables et Protégés p.52 axe 4 : Relayer et soutenir les gestionnaires de milieux p.56 > naturels et les associations de protection de la nature et de l’environnement 4.1 Reconnaître et préserver les Rivières Sauvages p.58 4.2 Soutenir les Gestionnaires de Milieux Naturels p.62 4.3 Résorber les Points Rouges Régionaux, alertes signalées par les associations p.64 4.4 Préserver les Sites Emblématiques aux yeux des citoyens p.68 tableaux récapitulatifs p.70 textes de loi p.86
1.1 Schéma régional de cohérence écologique Etat des lieux Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) est le document régional qui identifie la Trame Verte et Bleue régionale (TVB). Cette dernière a pour objectif d’enrayer la perte de biodiversité, de préserver et de remettre en bon état des milieux nécessaires aux continuités écologiques, tout en prenant en compte les activités humaines. Il a été arrêté par le Préfet de Région en novembre 2014. Après les lois complétant la réforme territoriale, le SRCE a vocation à intégrer le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoire (SRADDET) : t les orientations du SRCE seront reprises et intégrées dans les orientations du SRADDET ; t les actions SRCE composeront un fascicule de règles ; t les cartographies deviendront des annexes du SRCE, sans valeur prescriptive. Le SRADDET devrait être approuvé à l’automne 2018 pour une entrée en vigueur en 2019. Soulignons enfin la cohérence avec laquelle TVB et Stratégie de Création des Aires Protégées (SCAP) [voir p.38] doivent être menées. La logique peut être la suivante : la SCAP doit servir à préserver certains espaces identifiés au titre de la TVB mais ne bénéficiant actuellement d’aucun régime de protection et pour lesquels un outil de protection forte est pertinent du fait du contexte local et de la biodiversité présente. les priorités pour les apne Pour les APNE, la mise en œuvre de la trame verte et bleue reste conditionnée à sa déclinaison dans les documents d’urbanisme aux différentes échelles de territoire : t affirmer une intégration réelle et ambitieuse de la trame verte et bleue dans le SRADDET et notamment dans son règlement ; t mettre en œuvre concrètement la trame verte et bleue aux niveaux © B. Kabouche, 2012 - Vallonpierre (05) locaux (échelle de Schéma de Cohérence Territoriale [SCoT], de Plan Local d’Urbanisme [PLU]) et créer les synergies nécessaires avec les différentes politiques publiques. Outre l’intégration dans les documents d’urbanisme, ce sont aussi des mesures de préservation, gestion et restauration qu’il faut définir et mettre en œuvre ; t répertorier dans les différentes politiques sectorielles les outils permettant de définir et décliner localement la trame verte et bleue dans les documents d’urbanisme. Sont mobilisables notamment les différentes politiques «biodiversité», mais aussi les politiques dédiées à des territoires particuliers (directives territoriales d’aménagement, schémas de massif, politiques littorales et maritimes), les politiques sectorielles (politiques forestières, agricoles, d’aménagement rural) 10
Carte issue de la DREAL DREAL PACA et Région PACA, 2014. Résumé non technique du SRCE PACA, septembre 2014, 12p ou même les Contrats de Plan Etat-Région. t la remise en bon état de milieux dégradés doit A noter les atlas de biodiversité communale, ou absolument être prévue de sorte que des milieux, en les atlas de paysages départementaux pour affiner et bon état ou riches, puissent être reconnectés entre eux, valoriser la connaissance. assurant ainsi une reconquête, par la biodiversité, des Ainsi, les points de vigilance pourraient être énumérés espaces interstitiels dégradés, reconquête attendue comme suit : pour garantir la fonctionnalité des milieux ; t la TVB doit bien identifier, préserver et remettre t la TVB doit faire le lien avec les politiques «Eau» en état le cas échéant tous les espaces (du «plus grand et «Mer» et reprendre ainsi les espaces et continuités au plus petit», jusqu’à l’élément significatif sur le plan écologiques identifiés dans les planifications afférentes fonctionnel, comme peuvent l’être certains arbres (SDAGE, PAMM et DSF*). Ainsi, même si la loi donne une isolés) qui contribuent aux continuités écologiques et, définition pour la TV et la TB, il faut éviter de séparer les ce, pour toute la biodiversité, y compris les invertébrés, deux. Le SRCE ne fait pas cette distinction, et la nature la flore et les habitats naturels en tant qu’entités non plus ; structurées vivantes ; t les cours d’eau et les milieux aquatiques ont t la transcription doit être assurée dans les besoin d’espace pour la mise en œuvre de toute leur différents documents d’aménagement et d’urbanisme, fonctionnalité écologique. avec un effort particulier à conduire sur les échelles de La création et la restauration des corridors écologiques la cartographie à retenir pour chaque échelon de travail sont incontournables pour la préservation des et niveau d’intervention ; écosystèmes fluviaux : redonner davantage d’espace 11
de bon fonctionnement aux rivières, re-créer des t les zones désignées en tant que «les espaces champs d’expansion naturelle de crues, protéger naturels», «les cours d’eau», «les zones humides» dits réellement les ripisylves, reconnecter les rivières «importants pour la préservation de la biodiversité» aux zones humides latérales qui permettent de sont à interpréter de manière large. Cela permet retenir l’eau comme «des éponges». L’ambition doit d’inclure des espaces déjà inventoriés/identifiés selon être une meilleure protection des Trames Vertes et un zonage lié à une politique, ou déjà protégés au titre Bleues définies dans le SRCE (Direction Régionale de d’un autre code ou d’une autre politique, mais aussi l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement d’autres espaces qui n’ont pas encore été identifiés [DREAL] PACA & Conseil Régional PACA, 2015) ; au titre d’une politique, mais qui ont un intérêt pour la biodiversité (a fortiori si des inventaires ont été menés). * SDAGE : schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux. PAMM : plan d’action pour le milieu marin. DSF : document stratégique de façade. Sources bibliographiques : • Schéma régional de cohérence écologique PACA, diagnostic et plan d’action, 2014. • France Nature Environnement, Mise en œuvre de la trame verte et bleue dans les territoires – Présentation et analyse des dispositions juridiques applicables et des outils mobilisables, Avril 2017, note interne. © Pixabay, LubosHouska, 2015 - Pie Grièche 12
13 © B. Kabouche, 2015 - Gorge de Daluis (06)
1.2 Plan national d’action Zones Humides Etat des lieux Figurant parmi les écosystèmes les plus riches et les plus diversifiés de notre planète, les milieux humides de France métropolitaine couvrent environ 1,8 millions d’hectares, soit 3% du territoire (hors cours d’eau, lacs et milieux marins). Ces milieux humides prennent des formes très diverses : mares, marais, marais asséchés et mouillés tourbières, mais aussi landes, roselières, sagnes, adoux, prairies humides ou forêts alluviales… Iles se répartissent à toutes les altitudes. Dimensionnées de 1m² à des dizaines d’ha, elles accueillent une flore et une faune spécifique, d’une grande richesse biologique. La loi donne dans l’article L. 211-1 du Code de l’Environnement une définition juridique de ces milieux : on entend par zone humide « les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ». L’arrêté interministériel du 24 juin 2008, modifié par l’arrêté du 1er octobre 2009, précise qu’une zone est humide, en France métropolitaine et en Corse, dans le cas où elle présente l’un des deux critères, ou les deux (pédologie, végétation). Certaines zones humides sont des sites reconnus au niveau mondial (par ex, par la Convention de Ramsar, ratifiée en 1984 par la France) ou européen et font l’objet d’une protection particulière. 45 sites couvrent en métropole et en outre-mer, quelques 3.6 millions d’ha. Les sites Ramsar de PACA sont exclusivement littoraux : Camargue, Salins de Hyères, étangs de Villepey, réserve sous-marine du Larvotto. Des milliers d’autres zones humides sont beaucoup plus ordinaires, plus discrètes, souvent de petite taille (inférieur à 1 ha). Pris individuellement, ils sont considérés comme des milieux de peu d’intérêt. Pourtant, c’est leur ensemble, le chapelet formé par des séries de zones humides sur un même bassin versant qui fournit autant, voire plus, de services écosystémiques à la © B. Kabouche, 2014 - Marais du Jaï (13) société qu’une zone humide notoire. En matière de biodiversité, il est à noter la grande richesse de ces milieux : 50% des espèces d’oiseaux en dépendent, 30% des espèces floristiques remarquables et menacées y sont inféodées. Malgré une plus grande reconnaissance des services qu’elles peuvent rendre, les zones humides restent encore aujourd’hui peu considérées. Leur disparition s’est faite à un rythme soutenu après guerre, jusqu’à atteindre en France la perte d’~67% des surfaces préexistantes. Aujourd’hui, même si cette régression des zones humides tend à ralentir depuis la fin des années 90, des pertes sont toujours constatées, par ex. sur des sites Ramsar, avec des pertes moyennes de 6% de milieux naturels humides, (pertes maximales observées sur les 2 sites de Grande et de Petite Camargue : 14
INVENTAIRE DE ZONES HUMIDES (ZH) Certains espaces son Données avril 2013 marais, lagunes); reconnaître notamm Ainsi, pour répondre humide ? », divers or Zones humides inventoriées après 2008 naturels PACA, parc n 13) ont lancé des inv 5 - EAU ET BIODIVERSITÉ, MER ET LITTORAL Zones humides inventoriées avant 2008 - connaître le patrim - fixer des orientation Territoires comportant des zones humides et de restauration de en cours de recensement Ainsi plusieurs millie région PACA. Les inventaires de z échelles : SAGE, PNR La région est largem encore l'inventaire d est en cours d'élabor Les inventaires des z - ils ne sont génér concerne les petites - ils ne répondent actuelle, du fait de l l'Arrêté du 24 juin 2 de délimitation des du département du Rhône (2001) et du - le périmètre des z pas de valeur juridiq que ces éléments d doivent être pris en projets. C’est pourqu par la règlementatio analyse plus approfo SITUATION ACTUEL Dépt. 04 05 06 Source : DREAL PACA © IGN BdCarto/BdCarthage ® - © DREAL PACA Réalisation : CM - 2013 13 * 83 RÔLE ET PARTENAIRES DE LA DREAL 84 Connaissance : La DREAL, en partenariat avec les PNR, les DDT(M) et l'Agence de l'Eau, les priorités selon les apne * : recensemen a réalisé une cartographie régionale des zones humides. Protection : L’ensemble des outils existants de protection de la nature sont mobilisables POUR EN SAVOIR P au profit des zones humides (réserves naturelles, arrêtés de protection de biotope, • http://www.pa respectivement zones de3800 ha et protections 2200 sites spéciales, ha de milieux Natura humides 2000, réserves de chasse, detpêche...). poursuivre et affiner les inventaires, caractériser Rubrique "Bio D’importantes zones figurent aux programmes d’intervention foncière du Conservatoire aquatiques" > naturels).de Paradoxalement, l’espace littoral. une augmentation des les ZH ; • http://www.zo milieux humides artificiels (+38% dans les sites Ramsar, Les inventaires de zones humides reposent sur la à l’échelle métropolitaine) est observée en parallèle. définition donné par le Code de l’Environnement, et pour Les menaces sont connues : altération des diverses raisons ne tiennent pas toujours compte des fonctionnements hydrauliques (drainage, seuils, critères extrêmement précis posés par l’arrêté de 2008 barrages, ouvrages divers) et biologiques (en particulier les méthodes d’inventaire floristiques) ; (artificialisation des sols, fragmentation des espaces…) Ils constituent donc un outil de connaissance dues à l’urbanisation, au passage d’une vocation général, et doivent conduire à des investigations plus naturelle à une vocation agricole, aux pollutions, aux approfondies lors de projets. décharges et autres remblaiements… Idéalement, il faudrait confirmer les constatations Prenant la mesure de cette régression, la France a pédologiques par une caractérisation de la flore. engagé à partir de 1995 une dynamique en faveur de Une approche par espèce, flore et faune, permet ses milieux humides avec la réalisation d’atlas des zones de compléter les inventaires pour identifier les milieux humides et la mise en œuvre de plans nationaux d’actions modestes, de faible dimension. La qualification et la successifs. quantification des menaces peuvent aussi permettre de Il est indéniable que la connaissance progresse, et la s’affranchir plus efficacement de ces dernières. perception des zones humides n’est plus aussi négative t renforcer la protection des zones humides qu’elle a pu l’être au 20e siècle. Les défis restent pourtant bénéficiant déjà d’une protection ; nombreux : 15
Les travaux de l’Observatoire des Zones Humides On n’insistera jamais assez sur la présence et la Méditerranéenes (OZHM) montrent que les protections vulnérabilité de certaines espèces d’insectes comme existantes ne sont pas suffisantes pour éradiquer toute des plécoptères endémiques des hautes vallées pression néfaste sur des milieux humides. Les milieux alpines, dont les larves aquatiques sont inféodées à humides emblématiques comme la Camargue ne des sources et aux premiers filets d’eau de celles-ci, sont pas épargnés, en raison même de leur caractère des micro-milieux peu épargnés, entre autres, par une remarquable ; exploitation pastorale outrancière ; t prendre en compte les petites zones humides, de t prendre soin des zones humides dégradées ; taille inférieure à 1ha ; Restaurer les zones humides dégradées et maintenir Bien que majoritaires en PACA, elles échappent aux les programmes de restauration, au travers des inventaires en raison de leur petite taille (et a fortiori si Contrats Territoriaux Milieux Aquatiques (CTMA) ou elles sont temporaires) et ne sont donc que peu prises en dans le cadre de la compensation écologique ; compte ou protégées (par le biais de politiques comme t animer – rendre vivant le Plan national d’action Natura 2000…). Leur petite taille peut nécessiter des «Milieux humides» ; outils de connaissance et de protection spécifiques par La mise en œuvre de ce PNA est inégale selon les rapport à ceux utilisés pour des zones humides de plus régions. Il apparaît important de renforcer l’animation grande taille. de cet outil, et notamment de lui affecter des moyens au Cette protection spécifique des petites zones niveau local. Il semble en effet nécessaire de mobiliser humides est nécessaire pour préserver une richesse les acteurs autour de leurs territoires et donc de leurs biologique particulière, pour conserver des zones milieux humides d’une part, et de favoriser l’échange, refuges pour la faune de cours d’eau temporaires et les retour d’expériences, la mutualisation entre ces pour protéger des milieux constitutifs et indispensables territoires, avec pour objectif la réalisation effective, et à la Trame Verte et Bleue. efficace, des points mentionnés ci-dessus. Sources bibliographiques : • Eau France, 2017. Les zones humides, portail national d’information sur les zones humides http://www.zones-humides.eaufrance.fr/ consulté les 12-16 juin 2017. • Ministère de l’Ecologie, de l’Environnement et de l’Energie, juin 2017. 3e Plan national d’action en faveur des zones humides 2014 – 2018. • Tour du Valat, Observatoire des zones humides méditerranéennes, mars 2016. Les milieux humides remarquables, des espaces naturels menacés. Quelle occupation du sol au sein des sites Ramsar de France métropolitaine ? Rétrospective 1975 – 2005. 16
17 © B. Kabouche, 2010 - Etang du Pourra (13)
> axe 2 : Soutenir les actions permettant d’atténuer les impacts du changement climatique sur les écosystèmes 18
19 © B. Kabouche, 2015 - Les Ecrins (05)
2.1 Faire appel à la biodiversité ordinaire pour améliorer la résilience des villes Etat des lieux Plus de la moitié de la population mondiale vit de nos jours en ville, et cette proportion atteint 75% à 80% dans les pays développés. Les zones urbaines concentrent également la grande majorité du capital (logements, distribution d’eau, infrastructures de transport). PACA ne fait pas exception : les grands pôles urbains de la région accueillent quelques 81% de la population régionale. Avec leur couronne, ces pôles urbains constituent désormais un continuum urbain le long du littoral méditerranéen et de la vallée du Rhône, jusqu’à la basse Durance. Cette concentration des humains et de leurs activités en ville se traduit par un phénomène d’urbanisation induisant de fortes évolutions sur le cadre de vie. La densification des bâtiments de résidence et de travail, ainsi que la centralisation des activités entraînent des rejets de chaleur importants et une forte consommation d’énergie. Le relief formé par le bâti entraîne d’autres impacts sur le climat, notamment en termes d’humidité, et d’aérologie, créant des conditions climatiques particulières regroupées sous le terme de «climat urbain». Ce climat urbain se caractérise notamment par une température au sol plus élevée dans le centre qu’en périphérie, l’humidité proche de la surface, la fréquence d’apparition des phénomènes de brouillard. Ce phénomène, désigné sous le terme d’«îlot de chaleur urbain», apparait avec le remplacement des sols végétalisés et perméables par des bâtiments et revêtements imperméables, l’utilisation de matériaux à forte inertie thermique (stockant durant la journée l’énergie solaire sous forme de chaleur, qu’ils restituent ensuite la nuit) et peut être accentué par des activités humaines (industries, circulation automobile, chauffage hivernal ou climatisation estivale qui rejette un air chaud hors des bâtiments…). L’urbanisation et la conception moderne des villes se traduisent également par l’aggravation des risques naturels avec la contrainte exercée sur les cours d’eau (chenalisation, bétonisation des berges, voire busage) et l’imperméabilisation des surfaces, par la minéralisation des espaces urbains (densification de l’urbain pouvant conduire à la perte de jardins publics ou © M. Rodier, 2011 - Marseille (13) privés, extension de la ville au détriment des espaces naturels ou agricoles adjacents, suppression des arbres et infrastructures naturelles en ville…). 20
les priorités selon les apne La résilience urbaine, dans notre propos, est peuvent être mobilisées : parcs urbains, floraux ou considérée comme la capacité de la ville à absorber gérés en extensif, jardins partagés, toitures ou murs une perturbation puis à récupérer ses fonctions à la végétalisés, plantations d’arbres sur les places ou rues suite de cette perturbation. Le risque devrait donc être assez larges, cours d’eau et ses berges, végétation pris comme une composante du développement ou du caduque ou persistante... ; renouvellement urbain, et non comme une contrainte. t redonner une vraie place à l’eau au sein de la ville passe par la restauration des cours d’eau, mais aussi par Plus que le développement de nouveaux outils la création ou la réhabilitation de bassins de rétention permettant de prendre en compte le climat urbain auxquels on peut donner de multiples fonctions (parcs dans la conception urbaine, il s’agit aujourd’hui urbains, vélodrome, stade de sport…), par la création d’abord de promouvoir et d’organiser une meilleure de jardins de pluie, par la désimperméabilisation des synergie entre les différentes actions menées en faveur voiries (utilisation de revêtements en nid d’abeille par de l’environnement. Les trames vertes urbaines en sont ex., création de fossés ou ruisseaux…) et des espaces un bel exemple : mises en œuvre pour favoriser les flux (jardins publics et privés, ceintures maraîchères…). Le d’espèces animales et végétales et donc la biodiversité, pouvoir rafraichissant de l’eau peut s’exprimer par le elles peuvent également améliorer la qualité climatique biais de fontaines, mares, bassins, jets d’eau en circuit des espaces quand il s’agit d’espaces verts ou de fermé… et contribuer ainsi au confort des habitants ; végétation. t restaurer les cours d’eau urbains et leurs espaces La nature en ville peut ainsi prendre différentes de bon fonctionnement accroît la résilience de la ville formes et répondre à différents enjeux : santé face aux inondations en permettant à l’eau de divaguer publique, risques naturels, qualité de vie et de vivre dans des espaces à moindre enjeu anthropique, mais ensemble… C’est une démarche pluridisciplinaire qu’il aussi face à des épisodes caniculaires en rafraichissant s’agit de mettre en place pour intégrer à la pratique de l’espace urbain. C’est aussi une contribution à la trame l’aménagement urbain et de l’architecture des éléments verte et bleue en ville et des espaces de socialisation ; de climatologie urbaine et de nature en ville. t retrouver une architecture adaptée aux t réintroduire la végétation en ville et bénéficier conditions climatiques et géographiques locales, ainsi des propriétés de celle-ci : ombrage et remettant au goût du jour les savoir-faire traditionnels évapotranspiration, atténuation du bruit, piégeage et le bon sens. des polluants dans l’air. Toutes formes et toutes tailles © A. Muller, 2017 - Cuers (83) 21
Exemple en climat méditerranéen : murs et en milieu urbain où se concentrent les enjeux. Une telle toits blancs ou avec des teintes claires pour limiter gestion se doit donc d’être pertinente et cohérente avec l’absorption de la chaleur par les murs grâce à une les dynamiques territoriales et avec les écosystèmes. plus grande réflexion du rayonnement solaire, murs Cela demande : épais et petites ouvertures pour freiner la diffusion de t une bonne connaissance de la composition la chaleur et amortir les fluctuations de températures à et du fonctionnement de la biodiversité ordinaire, des l’intérieur, et selon la région des puits de fraicheur avec espaces de nature en ville ; de la végétation et de l’eau, construction en hauteur t une vraie réflexion sociétale : ou éloignés des cours d’eau pouvant entrer en crue quelle acceptation par les hommes, quelle rapidement. appropriation, notamment dans nos sociétés occidentales où il faut «faire propre», où on chasse les La réintroduction et la prise en compte des espèces mauvaises herbes, où un jardin follet est perçu comme et écosystèmes au sein de la ville, et de nos paysages non entretenu… du quotidien, est récente et semble aller croissante, Enfin, il faut garder à l’esprit que biodiversité comme en témoignent des programmes tels que ordinaire et biodiversité remarquable ne sont qu’un tout «Sauvages de ma Rue» ou «Nature en Ville». et fonctionnent de concert, dans une même dynamique Composantes de nos paysages et de nos territoires, écologique. Ce sont des dynamiques propres aux la biodiversité a un impact et une empreinte forts, et villes et à leurs spécificités (architecturales, sociales, nécessite une gestion définie en conséquence, a fortiori historiques…) qu’il nous faut rechercher. Sources bibliographiques : • CNRS, Météo France et Université de Toulouse, 2017. Modélisation, ville et changement climatique. https://www.umr-cnrm.fr/ville. climat/spip.php?rubrique84 • Association pour la Prévention de la Pollution atmosphérique Nord-Pas de Calais, 2014. Végétation urbaine : les enjeux pour l’environnement et la santé. 28p. • Morgane Colombert, Jean-Luc Salagnac, Denis Morand et Youssef Diab, 2012. Le climat et la ville : la nécessité d’une recherche croisant les disciplines. VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Hors-série 12 | mai 2012, mis en ligne le 04 mai 2012. http://vertigo.revues.org/11811 • Biodiv’ille, 2017. Le portail francophone de l’éducation à la nature et à la biodiversité en ville. http://www.biodiville.org/, consulté en juillet-septembre 2017. © M. Rodier, 2011 - Marseille (13) 22
23 © A. Muller, 2013 - Collobrières (83)
2.2 Retenir l’eau grâce à l’écosystème forestier Etat des lieux Avec 1 572 000 ha de forêts, PACA est couverte à 50% par des espaces forestiers et la 2e région française la plus boisée. Alpes de Haute Provence, Alpes Maritimes et Var sont les 3 départements les plus boisés, avec des taux de boisement respectivement de 57%, 60% et 65%. Ces forêts accueillent des peuplements variés : 40% des surfaces concernent des peuplements purs de feuillus, 40% autres sont des peuplements résineux, et les 20% restants sont des peuplements mixtes. La forêt abrite une biodiversité riche et abondante, et constitue une protection naturelle efficace contre les risques naturels. Constituée d’habitats naturels variés, elle sert de refuge à une flore et une faune spécifiques et diversifiées. Cette diversité forestière favorise le maintien des sols et leur maintien en bonne santé écologique. Ainsi constitué, l’écosystème forestier peut remplir les fonctions suivantes : t infiltration de l’eau dans le sol et recharge des nappes ; t réduction du risque inondation par limitation du ruissellement et restitution progressive de l’eau ; t filtration et dépollution de l’eau ; t filtration et dépollution de l’air par absorption des gaz à effet de serre et polluants atmosphériques ; t piégeage du carbone (arbres et sols) ; t fourniture de produits ligneux et non ligneux et de services. Toutes les forêts n’ont pas la même biodiversité : celle-ci dépend de facteurs comme les potentialités du site (mésoclimat, topographie, sol, composition floristique et structure de la végétation…), l’histoire de la forêt et sa gestion forestière / sylviculture. Quelques 52% des forêts sont comprises dans une zone de protection contractuelle et peuvent à ce titre bénéficier d’encadrement des actes de gestion (ex : contrats «forestiers» dans le cadre de sites Natura 2000). 10% des surfaces forestières sont protégées de façon réglementaire (zones cœurs de parcs © A. Muller, 2015 - Parc de St Pons (13) nationaux, réserves naturelles nationales ou régionales, zones centrales de réserves de biosphère, sites classés, arrêtés de biotope). Les changements climatiques à l’œuvre amènent à considérer la forêt sous 3 angles : écosystème fragile et en même temps rempart potentiel face aux évènements climatiques extrêmes, et espace de stockage de carbone. Les menaces sont multiples et se combinent entre elles : t le changement climatique entraine, pour l’instant, un accroissement de la saison végétative du au changement climatique, résultant en une augmentation de la productivité de la végétation. 24
A terme, les sécheresses et la multiplication des 65% de la forêt est privée en PACA et est morcelée phénomènes destructeurs (tempêtes, incendies, entre de très nombreux propriétaires. 10% sont des maladies…) pourront aboutir à la modification des aires forêts domaniales et les 25% restants relèvent d’autres de répartition voire à la disparition de certains habitats propriétaires publics (collectivités ou établissements ou espèces ; publics). t les forêts de PACA sont en outre Différents documents et outils sont mis en œuvre à soumises à un risque fort de surexploitation diverses échelles : et de rajeunissement, en raison du développement de t plans simples de gestion, code de bonnes projets industriels (centrales à biomasse) démesurés pratiques sylvicoles, règlement type de gestion, et gaspilleurs. Une telle gestion productiviste des annexes vertes pour l’intégration de Natura 2000 ; écosystèmes forestiers (rotations courtes, substitution t plans simples de gestion (PSG) spécialisés : PSG des essences feuillues par des essences résineuses à Biodiversité ou PSG Ressource en eau, visant à allier croissance plus rapide, succession de coupes rases et gestion forestière et gestion de l’eau ; plantation, surexploitation des espaces faciles d’accès t certification forestière, avec PEFC ou comme les ripisylves, appauvrissement des sols et des «Programme de Reconnaissance des Certifications biodiversités…) entraîne leur fragilisation et réduit leur capacité de résilience face au changement climatique. Forestières» (seule certification mise en œuvre en PACA). Les deux certifications (l’autre étant «Forest Une gestion durable et responsable de la forêt en Stewardship Council» [FSC]) concernent la durabilité PACA est donc un défi de taille et d’avenir. Les mesures des produits forestiers. L’attribution du label FSC se de gestion doivent intégrer et répondre aux enjeux de base sur une pratique déjà concrétisée par des choix cette multifonctionnalité. de gestion forestière et par un plan de gestion, alors La planification et la gestion forestière mobilisent que le label PEFC est accordé sur la base d’un simple de nombreux acteurs, privés et publics. Ainsi, environ engagement : 25
la certification FSC exige déjà un niveau de qualité initial à sous toutes ses formes (debout, au sol, de toutes la forêt, tandis que la certification PEFC relève davantage dimensions), de bois à cavités, d’ilots de sénescence , d’un engagement à une amélioration continue. maintien des rémanents d’exploitation et des souches ; t politiques d’envergure territoriale : les chartes t le maintien et la restauration de la forestières de territoire permettent d’élaborer un projet diversité de l’écosystème forêt : au niveau de l’ensemble partagé en faisant de la forêt et du bois un atout pour le des réseaux biologiques et mycologiques présents, développement local. 18 territoires sont engagés dans au niveau de la diversité des milieux (diversité des une charte ou portent un projet forestier. strates forestière, arbustive, herbacée, diversité des La démarche «Forêt Modèle» cherche à allier essences forestières, diversité de la faune forestière et les besoins sociaux, culturels et économiques des pédologique, au niveau des continuités écologiques et collectivités locales à la durabilité à long terme des des écotones forestiers, et au niveau des sylvicultures vastes paysages dont les forêts constituent un élément pratiquées ; important. En PACA, cette démarche concerne un t la préservation des sols forestiers, dans l’objectif territoire de référence actuel défini autour de 4 massifs : de limiter la perturbation de l’équilibre biologique et l’Étoile, le Garlaban, la Sainte Baume et les Maures. structurel des sols ; Dans une vision plus orientée vers l’exploitation, 53 t la préservation de la multifonctionnalité de la Plans d’Approvisionnement Territoriaux (PAT), Plans forêt, à même de favoriser la résilience des territoires de Développement de Massif (PDM) ou schéma de aux évolutions climatiques ; desserte permettent d’affiner les besoins des territoires t encourager les filières de bois local (ex : et fournissent des données sur les filières bois aux Bois des Alpes) et former les acteurs (gestionnaires, échelles locales. propriétaires forestiers) à la biodiversité des forêts de PACA. Cela implique d’adapter les politiques forestières à la réalité environnementale, humaine et économique les priorités selon les apne des territoires et garantit une économie locale. La durabilité des forêts est conditionnée à la Pour une réelle efficacité, les déclinaisons locales protection voire à l’amélioration de leurs fonc- devraient s’appuyer sur des actions de sensibilisation et tionnalités écologiques. Certaines de ces de formation appropriée de tous (acteurs : collectivité fonctions sont assurées naturellement ; territoriales, propriétaires, forestiers et public local) a contrario l’usage anthropique d’autres fonctions né- s’assurer du caractère partenarial de tels projets cessite une gestion par l’homme (ex : pour la production (techniciens, scientifiques, naturalistes éducateurs, de bois). citoyens). Dans une optique de maintien de la forêt et de sa Les associations appellent enfin l’attention sur multifonctionnalité, notamment au regard des liens la partie alpine de PACA comme territoire d’action entre forêt et eau, les politiques forestières développées prioritaire en faveur de ses écosystèmes forestiers au ou à développer au sein de la région PACA devraient vu de son potentiel et des enjeux qui le caractérisent s’articuler autour d’objectifs communs, ambitieux et encore, en tant que réservoir privilégié de la biodiversité chiffrés, déclinés ensuite localement : en question, et en référence au Protocole «Forêts de t la préservation et la restauration de bois mort Montagne» de la Convention Alpine. Sources bibliographiques : • OFME, 2015. Données et chiffres clés de la forêt méditerranéenne en Provence Alpes Côte d’Azur. Publication de l’Observatoire régional de la Forêt Méditerranéenne, 25p. Voir aussi http://www.ofme.org/ • FNE, 2016. Pour une gestion durable et multifonctionnelle des forêts – synthèse des 95 propositions de France Nature Environnement. Positionnement de FNE, 6p. • FNE PACA, 2016. Analyse du Plan de Développement Rural 2014 – 2020 de la Région PACA. 18p. 26
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