POUR UNE POPULATION QUÉBÉCOISE PHYSIQUEMENT ACTIVE - des recommandations

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POUR UNE POPULATION QUÉBÉCOISE PHYSIQUEMENT ACTIVE - des recommandations
SAVOIR ET AGIR
Avis du Comité scientifique

         POUR UNE
  POPULATION QUÉBÉCOISE
   PHYSIQUEMENT ACTIVE
                        des recommandations
POUR UNE POPULATION QUÉBÉCOISE PHYSIQUEMENT ACTIVE - des recommandations
SAVOIR ET AGIR

       POUR UNE
POPULATION QUÉBÉCOISE
 PHYSIQUEMENT ACTIVE
    des recommandations
RECHERCHE ET RÉDACTION
Direction du sport, du loisir et de l’activité physique
Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur
Maude Gingras, B. Sc.
Marie-Pier Bélanger, M. Sc. (étudiante)

Les personnes suivantes ont aussi apporté
leur contribution à la préparation du présent avis :
Guy Thibault, Ph. D.
Institut national du sport du Québec
Myriam Paquette, doctorante
Institut national du sport du Québec
Joanie Caron, M. Sc.

SOUTIEN À LA RÉDACTION
Andrée LeMay, consultante

RÉVISION LINGUISTIQUE
Sous la responsabilité de la Direction des communications
du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur

PRODUCTION
Sous la responsabilité du ministère de l’Éducation et
de l’Enseignement supérieur

Il est possible de télécharger ce document en version PDF
sur le site du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement
supérieur (www.education.gouv.qc.ca).

© Gouvernement du Québec
Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, 2020
ISBN 978-2-550-86699-2 (version imprimée)
ISBN 978-2-550-86698-5 (PDF)

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
COMITÉ SCIENTIFIQUE DE KINO-QUÉBEC

Président
François Trudeau, Ph. D.
Département des sciences de l’activité physique
Université du Québec à Trois-Rivières

Membres
Johanne Blais, M. D., M. Sc.
Groupe de médecine de famille universitaire de
Saint-François-d’Assise
Patrice Brassard, Ph. D.
Département de kinésiologie
Université Laval
Lise Renaud, Ph. D.
Département de communication sociale et publique
Université du Québec à Montréal
Guy Thibault, Ph. D.
Institut national du sport du Québec
Jonathan Tremblay, Ph. D.
École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique
Université de Montréal

RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE SUGGÉRÉE
Comité scientifique de Kino-Québec (2020).
Pour une population québécoise physiquement
active : des recommandations / Savoir et agir,
Québec, Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement
supérieur, Direction du sport, du loisir et de l’activité
physique, 84 p.
TABLE DES
         MATIÈRES

Introduction. .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 8

1. Examen des lignes directrices
   en matière d’activité physique                                                                                                                                                            11

       1.1              Évolution des lignes directrices à travers le monde .  .  .  .  .  . 12
       1.2              Lignes directrices actuelles : un cadre imparfait .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 16

2. Relation dose-réponse                                                                                                                                                                    19

       2.1              Espérance de vie .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 20
       2.2 Condition physique.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 22
                               ›       2.2.1 Aptitude aérobie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
                               ›       2.2.2 Aptitude musculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
                               ›       2.2.3 Flexibilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
                               ›       2.2.4 Composition corporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
       2.3 Prévention primaire .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 29
                               ›       2.3.1 Santé cardiovasculaire et métabolique. . . . . . . . 29
                               ›       2.3.2 Cancers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
                               ›       2.3.3 Santé cognitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
                               ›       2.3.4 Santé mentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
                               ›       2.3.5 Santé osseuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
                               ›       2.3.6 Santé respiratoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
                               ›       2.3.7 Fonction immunitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.4 Saines habitudes de vie .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 42
                                ›       2.4.1 Réduction des comportements sédentaires . . . . 42
                                ›       2.4.2 Alimentation équilibrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
                                ›       2.4.3 Consommation d’alcool modérée . . . . . . . . . . . 44
                                ›       2.4.4 Sommeil de qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
                                ›       2.4.5 Abandon du tabagisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
        2.5 Retombées financières de l’inactivité physique .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 46

3. des recommandations                                                                                                                                                                          49

        3.1              Augmenter le niveau d’activité physique.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 51
                                ›       3.1.1               Régularité, progression, récupération. . . . . . . . . 52
                                ›       3.1.2 Approche personnalisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
        3.2 Diversifier les activités physiques. .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 55
        3.3 Passer du savoir à l’action. .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 57

Conclusion. .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 59

Glossaire.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 60

Références bibliographiques.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 61
FAITS
                                                SAILLANTS

Pour que l’ensemble de la population
québécoise puisse retirer le plus d’effets
bénéfiques possible de la pratique
d’activités physiquesa, le Comité
scientifique de Kino-Québec émet
deux recommandations générales :

1 augmenter le niveau d’activité physique;
2 diversifier les activités physiques.

a Voir la définition dans le glossaire qui se trouve à la fin du document.

                                                                      6
1. Les lignes directrices en matière d’activité physique ont évolué au gré
   des décennies et des recherches. Or, la plupart d’entre elles comportent
   plusieurs lacunes et leur interprétation est souvent erronée.

2. La plupart des lignes directrices en matière d’activité physique visent
   principalement à améliorer et à maintenir la santé physique, surtout la
   santé cardiovasculaire et métabolique, de même qu’à favoriser le
   contrôle du poids. Or, de nombreux autres effets bénéfiques individuels
   et collectifs sont associés à la pratique d’activités physiques.

3. Les données scientifiques sont claires : la pratique d’activités physiques,
   si elle est adaptée, est salutaire pour tout le monde, et ce, peu importe
   le niveau de condition physique.

4. Chaque relation dose-réponse entre les divers paramètres d’activité
   physique et les différents effets bénéfiques qui y sont associés est
   unique. On peut toutefois avancer, de façon générale, que les effets
   bénéfiques augmentent avec la pratique d’activités physiques.

5. Mieux vaut faire un peu d’activité physique que ne pas en faire du tout,
   et en faire davantage est encore mieux.

6. Toutes les activités physiques procurent des effets bénéfiques, mais
   aucune ne peut offrir tous les bienfaits d’une pratique variée.

7. Des occasions diversifiées de pratique d’activités physiques permettent
   à chacun et à chacune de trouver la formule qui lui convient tout en
   respectant ses goûts et ses champs d’intérêt.

8. Il est préférable de valoriser la pratique régulière d’activités physiques
   diversifiées de tous types et à différentes intensités, en pratique libre ou
   organisée, à l’intérieur ou à l’extérieur et dans divers contextes et
   environnements.

9. S’il est essentiel d’augmenter et de diversifier la pratique d’activités
   physiques, il ne faut pas non plus passer à côté de l’importance de
   réduire les comportements sédentaires.

10. Il est important que les organismes des différents milieux de vie de la
    population québécoise réduisent les barrières et facilitent la pratique
    quotidienne d’activités physiques pour tous les citoyens et citoyennes,
    quels que soient leur âge, leur sexe, leur revenu, leurs capacités, leur
    culture ou leur milieu de vie.

                                        7
INTRODUCTION
La pratique d’activités physiques génère de nombreux effets bénéfiques individuels et
collectifs. Les résultats d’une grande quantité d’études menées au cours des dernières
décennies par des scientifiques de nombreux pays l’attestent. Ces résultats ont, par
ailleurs, conduit à l’élaboration de lignes directrices par des organismes influents dans le
domaine de la santé et de l’activité physique.

Dans la foulée de la Politique de l’activité physique, du sport et du loisir – Au Québec, on
bouge!, lancée en 2017, le Comité scientifique de Kino-Québec a jugé pertinent de faire
le point sur l’état actuel des connaissances sur le sujet. L’avis Pour une population
québécoise physiquement active : des recommandations / Savoir et agir est donc le fruit
des travaux de ce comité composé d'expertes et d'experts québécois issus des milieux
scientifique, médical et professionnel de l’activité physique qui, en faisant le pont entre la
recherche et l’action, ont veillé à la qualité de son contenu.

Cet avis présente des éléments d’information, étayés de données probantes tirées d’une
vaste revue de littérature, de même que des arguments prônant la valorisation de la
pratique régulière d’activités physiques diversifiées. Il s’adresse à toutes les personnes et
à tous les organismes de différents milieux pouvant contribuer, directement ou
indirectement, à augmenter la pratique d’activités physiques chez l’ensemble des
citoyens et des citoyennes du Québec, quels que soient leur âge, leur sexe, leur revenu,
leurs capacités, leur culture ou leur milieu de vieb. Divisé en trois chapitres, cet avis :

›   fait état des limites des lignes directrices actuelles;

›   présente la relation dose-réponse entre les divers paramètres d’activité physique et
    les différents effets bénéfiques qui y sont associés;

›   présente des recommandations en matière d’activité physique pour l’ensemble de
    la population québécoise et invite les différents acteurs concernés à en tenir compte
    dans leurs discours et leurs actions.

b En ce sens, l’avis reprend la notion de conception universelle prônée par l’Assemblée générale des Nations Unies. La
  « conception universelle » est la conception de produits, d’équipements, de programmes et de services qui peuvent, dans
  la mesure du possible, être utilisés par tous et toutes, sans adaptation ni conception spéciale.

                                                                 8
EXAMEN DES
LIGNES DIRECTRICES
EN MATIÈRE
D’ACTIVITÉ PHYSIQUE

                                                                                          1
Vu l’importance avérée de l’activité physique pour le bien-être et la santé, certains
organismes ont émis des lignes directrices sur les paramètres d’activité physique
(fréquence, intensité, durée, type et volume), maximisant ainsi les chances de prévenir
des maladies chroniques. Ces lignes directrices servent de repères pour les divers
intervenants et intervenantes (kinésiologues, membres du personnel d’entraînement
et d’animation, enseignants et enseignantes [cours d’éducation physique et à la santé
ou autres matières], médecins, infirmiers et infirmières, autres professionnels et
professionnelles de la santé, etc.), les décideurs et les leaders d’opinion de même
que, directement ou indirectement, la population.

Les lignes directrices en matière d’activité physique ont évolué au gré des décennies
et des recherches. Or, la plupart d’entre elles comportent plusieurs lacunes et leur
interprétation est souvent erronée.

                                            11
Pour une population québécoise physiquement active : des recommandations / SAVOIR ET AGIR

    1.1 Évolution des lignes directrices à travers le monde
             Les lignes directrices en cette matière ne datent pas                      Même si les gains associés à l’activité physique
             d’hier. Au Québec, dans les années 1920, le docteur                        ­d’intensité élevée améliorent davantage la condition
             Jean-Gaudiose Paradis en émettait déjà dans le                              physique, celle d’intensité moyenne procure aussi des
             Manuel pratique d’hygiène, anatomie et physiologie,                         bénéfices pour la santé. Dès lors, les recommandations
             à l’usage des enseignants et des enseignantes et                            sur le sujet n’ont plus été axées uniquement sur le
             rédigé conformément aux règlements du Comité                                développement de la condition physiqued, mais aussi
             catholique du Conseil de l’instruction publique244.                         sur la prévention primairee.
             Il soulignait alors que « l’exercice physique, le jeu, les
             sports ne sont pas seulement des choses d’agrément                         En 1996, certaines autorités scientifiques et gouver-
             et des distractions, ils sont des prescriptions hygié-                     nementales, en particulier le Surgeon General aux
             niques de première importance244». Dans cette sec-                         États-Unis, ont revu à la baisse l’intensité minimale
             tion, certaines lignes directrices actuelles parmi les                     recommandée, ce qui a eu des répercussions sur
             plus influentes aux ­États-Unis, au Canada et à l’échelle                  plusieurs recommandations dans différents pays46.
             mondiale seront abordées.                                                  Le nouveau message transmis à la population était
                                                                                        qu’une intensité élevée n’était pas nécessaire.
             Aux États-Unis, l’American College of Sports Medicine                      En 2007, l’ACSM recommandait de faire 30 minutes
             (ACSM) a été le premier organisme à émettre, en 1975,                      d’activité physique d’intensité moyenne 5 jours par
             des lignes directrices en matière d’activité physique, à                   semaine ou 20 minutes d’activité physique d’inten-
             l’intention de la population, qui étaient basées sur des                   sité élevée 3 jours par semaine, tout en indiquant
             données scientifiques. L’ACSM visait alors le niveau                       qu’on peut obtenir davantage d’effets bénéfiques
             d’activité physique nécessaire pour améliorer l’apti-                      en en faisant plus.
             tude aérobie, tout en laissant entendre qu’aucun effet
             bénéfique sur la santé n’était possible si l’on n’attei-                   Au début des années 2000, les effets néfastes des
             gnait pas le seuil minimal prescrit : de 20 à 30 minutes                   comportements sédentairesf sur la santé cardiovascu-
             d’activité physique à une intensité variant de 60 à 90 %                   laire, indépendamment du niveau d’activité physique,
             de la consommation maximale d’oxygène, et ce, 3 fois                       se sont précisés257. Les recommandations n’ont donc
             par semaine. On croyait alors que seule une intensité                      plus été axées uniquement sur le niveau d’activité phy-
             élevée était essentielle pour améliorer la santé cardio-                   sique, mais aussi sur les comportements sédentaires,
             vasculaire. Plusieurs études ont ensuite révélé qu’une                     comme les périodes prolongées en position assise.
             activité physique d’intensité moyenne pouvait aussi
                                                                                        En novembre 2018, le Department of Health and
             améliorer l’aptitude aérobiec, tout en s’accompagnant
                                                                                        Human Services aux États-Unis a révisé ses recomman-
             de plusieurs autres effets salutaires.
                                                                                        dations concernant la pratique d’activités physiques.
                                                                                        Il indique que les adultes devraient faire au moins de
                                                                                        150 à 300 minutes d’activité physique hebdomadaire
                                                                                        d’intensité moyenne ou de 75 à 150 minutes d’activité
                                                                                        physique hebdomadaire d’intensité élevée250. L’accent
                                                                                        est mis sur les effets bénéfiques sur la santé pour tous
                                                                                        et toutes du fait de bouger plus et de passer moins de
                                                                                        temps assis.

             c L’aptitude aérobie fait référence à la capacité du système cardiorespiratoire – cœur, poumons, circulation sanguine, cellules musculaires,
               etc. – à transporter et à utiliser l’oxygène pour faire un travail musculaire.
             d La condition physique repose sur des qualités physiologiques, comme l’aptitude aérobie, l’aptitude musculaire, la flexibilité et la composi-
               tion corporelle, qui facilitent la pratique d’activités physiques.
             e Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la prévention primaire désigne l’ensemble des actions destinées à diminuer l’incidence d’un
               problème de santé ou d’une maladie, donc à réduire l’apparition de nouveaux cas dans une population saine par la diminution de ses causes
               et de ses facteurs de risque.
             f   Le comportement sédentaire est une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique très faible (≤ 1,5 MET) en position assise,
                 couchée ou inclinée342.

                                                                                  12
Avis du Comité scientifique de Kino-Québec

13
Pour une population québécoise physiquement active : des recommandations / SAVOIR ET AGIR

             Au Canada, les premières lignes directrices ont été                               Pour améliorer l’endurance cardio-respiratoire,
             élaborées par la Société canadienne de physiologie de                             la forme musculaire et l’état osseux et réduire
             l’exercice (SCPE) en 1998, puis mises à jour en 2011315.                          le risque de maladies non transmissibles et de
             Suivant ces dernières, les adultes devraient faire au                             dépression, il est recommandé ce qui suit :
             moins 150 minutes d’activité physique hebdomadaire
             d’intensité moyenne ou élevée.                                                    1) L es adultes âgés de 18 à 64 ans devraient
                                                                                                   pratiquer au moins, au cours de la semaine,
             En 2016, la SCPE innove en publiant les premières                                     150 minutes d’activité d’endurance g
             lignes directrices pour une période de 24 heures en                                   d’intensité modérée [sic] h ou au moins
             matière de mouvement (activité physique à différentes                                 75 minutes d’activité d’endurance
             intensités) et de non-mouvement (comportements                                        d’intensité soutenue, ou une combinaison
             sédentaires et sommeil) pour les jeunes de 5 à 17 ans :                               équivalente d’activité d’intensité
             ne pas dépasser 2 heures par jour de temps d’écran,                                   modérée et soutenue.
             limiter les déplacements sédentaires (en véhicule moto-
             risé) et réduire le temps passé en position assise316. De                         2) L’activité d’endurance devrait être
             telles lignes directrices concernant les comportements                               pratiquée par périodes d’au moins
             sédentaires n’ont cependant pas encore été établies                                  10 minutes.
             pour les adultes de tout âge. Pour ceux de 18 à 64 ans,
                                                                                               3) Pour pouvoir en retirer des bénéfices
             les lignes directrices du Royaume-Uni et de l’Australie
                                                                                                  supplémentaires sur le plan de la santé,
             suggèrent, de manière générale, de réduire le temps
                                                                                                  les adultes de cette classe d’âge devraient
             alloué aux activités sédentaires et d’interrompre les
                                                                                                  augmenter la durée de leur activité
             longues périodes d’immobilité par des pauses actives
                                                                                                  d’endurance d’intensité modérée [sic] de
             fréquentes.
                                                                                                  façon à atteindre 300 minutes par semaine
             À l’échelle mondiale, les lignes directrices les plus                                ou pratiquer 150 minutes par semaine
             connues en matière d’activité physique ont été émises                                d’activité d’intensité soutenue, ou une
             en 2010 par l’Organisation mondiale de la Santé. Elles                               combinaison équivalente d’activité
             ont pour objectif de fournir aux personnes ayant un                                  d’intensité modérée [sic] et soutenue.
             pouvoir décisionnel des indications sur les paramètres
                                                                                               4) Des exercices de renforcement musculaire
             d’activité physique nécessaires pour prévenir les mala-
                                                                                                  faisant intervenir les principaux groupes
             dies chroniques237. En voici les points clés.
                                                                                                  musculaires devraient être pratiqués au
                                                                                                  moins deux jours par semaine 237.

             g On comprend ici qu’il est question d’activité sollicitant l’aptitude aérobie.
             h Lorsqu'il est question d'intensité, le terme « moyenne » est préférable à « modérée ». Contrairement au terme anglais « moderate », le terme
               français « modéré » fait généralement référence à la notion de « faire preuve de retenue », comme dans le cas d’une consommation d’alcool
               modérée. Or, il ne faut justement pas « faire preuve de retenue » dans une activité physique d’intensité moyenne, particulièrement quand
               on n’en a pas l’habitude337.

                                                                                    14
Avis du Comité scientifique de Kino-Québec

Autres publications                                     En 2018, l’Organisation mondiale de la Santé
                                                        lance le Plan d’action mondial pour promouvoir
pertinentes
                                                        l’activité physique 2018-2030 – Des personnes
En 2017, le gouvernement du Québec lance                plus actives pour un monde plus sain382.
la Politique de l’activité physique, du sport et
                                                        Objectif : grâce à des mesures réparties dans
du loisir – Au Québec, on bouge!
                                                        20 actions, créer des sociétés plus actives
Objectif : augmenter d’au moins 10 % la                 en améliorant les environnements et
proportion de la population qui fait au moins           en offrant davantage de possibilités d’être
le volume recommandé d’activité physique                physiquement actif.
pendant ses temps libres214.

                                                        En 2018, l’Agence de la santé publique
                                                        du Canada publie Une vision commune
                                                        pour favoriser l’activité physique et réduire
                                                        la sédentarité au Canada : soyons actifs3.
                                                        Objectif : appuyer la coordination et la
                                                        collaboration entre les différents milieux et les
                                                        gouvernements pour augmenter le niveau
                                                        d’activité physique et diminuer les
                                                        comportements sédentaires de la population.

                                                   15
Pour une population québécoise physiquement active : des recommandations / SAVOIR ET AGIR

   1.2 Lignes directrices actuelles : un cadre imparfait
            La plupart des lignes directrices actuelles recomman-
            dant au moins 150 minutes d’activité physique d’inten-                               ne prennent pas en considération
            sité moyenne ou élevée par semaine sont utiles et                                    le niveau d’activité physique
            relativement simples, et offrent un cadre général en                     4           des personnes, leurs motivations,
            matière d’activité physique pour l’ensemble de la                                    leur condition physique
            population. Leur contenu et l’interprétation qu’on en                                et leur état de santé actuel;
            fait communément comportent cependant plusieurs
            lacunes. En effet, ces lignes directrices :
                                                                                           Or,   faire 150 minutes d’activité physique
                                                                                           par semaine peut constituer un objectif
                                                                                           trop difficile à atteindre pour les personnes
                        misent le plus souvent sur les
                                                                                           qui font peu ou ne font pas d’activité
                        activités aérobies321;
            1                                                                              physique et celles qui ont des problèmes
                                                                                           de santé, tout en n’étant pas assez ambi-
                                                                                           tieux pour celles qui sont déjà actives.
                  Or,    il est aussi important de valoriser la
                  pratique d’activités physiques diversifiées
                  visant à améliorer l’aptitude musculaire, la
                  flexibilité et la motricité.                                                   laissent croire que tous les
                                                                                                 effets bénéfiques associés à une
                                                                                     5           activité physique d’intensité
                        se concentrent sur l’amélioration                                        élevée peuvent être obtenus par
                        générale de la santé et                                                  une activité physique d’intensité
            2           la prévention des maladies                                               moyenne, à condition que le
                        (ex. : les maladies cardiaques, les maladies                             volume soit suffisant;
                        taboliques – diabète de type 2, résistance à
                        l’insuline, hyperinsulinémie et dyslipidémie –
                        et certains cancers);
                                                                                           Or,   une activité physique d’une intensité
                                                                                           élevée apporte plus d’effets salutaires,
                  Or,   la pratique d’activités physiques a                                particulièrement pour l’amélioration et le
                  d’autres effets bénéfiques particuliers :                                maintien de l’aptitude aérobie.
                  amélioration de l’humeur, de la santé
                  psychologique, de la gestion du stress,
                  des fonctions cognitives, des habiletés
                                                                                                 laissent penser qu’il suffit de faire
                  sociales, etc.
                                                                                                 le volume minimal d’activité
                                                                                     6           physique pour bénéficier d’un
                                                                                                 même effet sur toutes les
                        dictent un seuil minimal d’activité                                      composantes du bien-être, de
                        physique, laissant ainsi entendre                                        la santé et de la qualité de viei;
            3           l’absence d’effets bénéfiques
                        quand ce seuil n’est pas franchi;
                                                                                           Or,  un même volume d’activité physique
                                                                                           a un effet différent selon l’indicateur de
                  Or, toute activité physique est bénéfique                                santé mesuré.
                  pour le bien-être et la santé. C’est d’ailleurs
                  en passant de l’absence d’activité physique
                  à un peu d’activité physique que les effets
                  bénéfiques augmentent le plus.

            i   De nombreux facteurs déterminent la qualité de vie, notamment la santé physique, l’état psychologique, les croyances personnelles, les
                relations sociales et leur lien avec les milieux de vie377.

                                                                                16
Avis du Comité scientifique de Kino-Québec

        sous-entendent que toutes                                   ne tiennent pas compte des
        les activités ont la même valeur,                           particularités historiques,
7       peu importe l’effet bénéfique                    9          culturelles et géographiques
        recherché;                                                  des populations;

    Or,    si toutes les activités physiques                  Or,   vu le caractère nordique du Québec,
    peuvent avoir des effets bénéfiques,                      ses nombreux plans d’eau et l’importance
    aucune ne procure les effets bénéfiques                   de certains sports dans son histoire et sa
    de l’ensemble des activités physiques.                    culture, les activités hivernales, aquatiques
                                                              et nautiques devraient être particulière-
                                                              ment prise en compte

        n’insistent pas suffisamment
        sur l’importance de vivre
8       des expériences agréables
                                                                    ne font pas toujours

        et gratifiantes;                                 10         mention des déterminants
                                                                    environnementaux de la pratique
                                                                    d’activités physiques.
    Or, le plaisir et la satisfaction ressentis à
    faire des activités physiques sont des
    facteurs de motivation pour ce qui est de
                                                              Or, les environnements physique, socio-
                                                              culturel, politique et économique jouent
    demeurer physiquement actif.
                                                              un rôle dans la décision de pratiquer ou
                                                              non une activité physique.

                                                         Force est donc de conclure que le cadre des lignes
                                                         directrices actuelles, où l’on recommande de faire
                                                         au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité
                                                         moyenne ou élevée par semaine, est loin d’être parfait.

                                                         L’établissement de la relation dose-réponse, présen-
                                                         tée dans le chapitre suivant, entre les divers para-
                                                         mètres d’activité physique et les différents effets
                                                         bénéfiques qui y sont associés n’est certainement
                                                         pas simple. Il n’en demeure pas moins que les lignes
                                                         directrices en matière d’activité physique ont plus
                                                         de retentissement et de crédibilité lorsqu’elles sont
                                                         fondées sur des données validées et interprétées
                                                         adéquatement.

                                                    17
RELATION
DOSE-RÉPONSE
Ce chapitre porte sur la relation dose-réponse entre les divers paramètres d’activité
physique et les différents effets bénéfiques qui y sont associés. La relation dose-réponse
décrit l’amplitude de la réponse physiologique à un stimulus après une certaine durée
d’exposition. Dans le contexte de l’activité physique, cette relation décrit donc les
réponses observées à la suite de la modification d’un ou des paramètres d’activité
physique (fréquence, intensité, durée, type et volume). Les réponses physiologiques (ou
les adaptations lorsque le stimulus est appliqué de manière répétée sur une certaine
période) sont généralement associées à une multitude de bienfaits pour la santé qui
seront discutés dans cette section. Des recherches sont actuellement en cours et d’autres
seront nécessaires pour mieux comprendre les réponses variées à une combinaison de
stimuli appliqués dans différents contextes. En attendant, nous présentons une recension
des connaissances actuelles sur le sujet.

La plupart des lignes directrices en matière d’activité physique visent principalement à
améliorer et à maintenir la santé physique, surtout la santé cardiovasculaire et
métabolique, et à favoriser le contrôle du poids. Or, comme nous l’avons souligné plus
haut, de nombreux autres effets bénéfiques individuels et collectifs sont associés à la
pratique d’activités physiques, par exemple les effets qui découlent des adaptations

                                                                                             2
liées à cette pratique sur :
›   l’espérance de vie (en santé ou sans incapacités);
›   les composantes de la condition physique (aptitude aérobie, aptitude musculaire,
    flexibilité et composition corporelle);
›   la prévention primaire (santé cardiovasculaire et métabolique, cancers, santé
    cognitive, santé mentale, santé osseuse, santé respiratoire et fonction immunitaire);
›   les saines habitudes de vie (réduction des comportements sédentaires,
    alimentation équilibrée, consommation d’alcool modérée, sommeil de qualité
    et abandon du tabagisme).

À ces retombées individuelles s’ajoutent des retombées collectives, notamment
sur le plan financier (coûts liés aux soins de santé, à l’absentéisme et à la baisse de
productivité, etc.).

                                             19
Pour une population québécoise physiquement active : des recommandations / SAVOIR ET AGIR

    2.1 Espérance de vie
             Au Québec, l’espérance de vie à la naissance – autre-                         Selon de nombreuses études, pour une
             ment dit l’âge moyen au décès150 – a augmenté et                              personne inactive, toute augmentation du
             figure parmi les plus élevées au monde12. En 2017,                            volume d’activité physique engendrera une
             malgré une légère hausse du taux de mortalité, elle                           réduction significative du risque de MORTALITÉ.
             était de 80,6 ans pour les hommes et de 84,5 ans                              Comparativement aux personnes qui ne
             pour les femmes12. Selon certains chercheurs, elle                            pratiquent pas d’activités physiques, celles
             continuerait d’augmenter dans 35 pays industrialisés,                         qui font un peu moins que le minimum
             dont le Canada175.                                                            recommandé de 150 minutes par semaine
                                                                                           peuvent déjà réduire d’approximativement
             Or, qu’en est-il de la qualité des années « gagnées »?                        20 % leur risque de mortalité (figure 1)8.
             Quels sont les effets de la pratique d’activités physiques                    Même à plus de 10 fois le volume d’activité
             sur l’espérance de vie en santé ou l’espérance de vie                         physique recommandé (figure 1), le risque
             sans incapacités?                                                             de mortalité n’est pas significativement
                                                                                           plus élevé. Chose certaine, ce risque
             L’« espérance de vie en santé » désigne le nombre
                                                                                           demeure toujours plus faible que chez
             d’années qu’une personne peut s’attendre à vivre en
                                                                                           les personnes inactives.
             bonne santé, c’est-à-dire sans incapacités ni limita-
             tions dans ses activités quotidiennes151. Par exemple,
             si l’espérance de vie d’une personne à la naissance est
             de 82 ans et que son espérance de vie en santé est de
             71 ans, cette personne vivra environ 11 ans avec une
             forme d’incapacité ou de limitation. L’espérance de vie
             en santé combine ainsi mortalité et morbiditéj.

             j   Alors que la mortalité fait référence à la mort, la morbidité fait
                 référence à la maladie et peut désigner l’état de maladie ou le
                 nombre de personnes atteintes par une maladie dans une popu-
                 lation donnée et pendant une période donnée.

                                                                                      20
Avis du Comité scientifique de Kino-Québec

FIGURE 11                                › Relation
                                           Relation dose-réponse
                                                    dose-réponseentre
                                                                 entrelelevolume
                                                                           volumed’activité
                                                                                  d’activitéphysique
                                                                                             physique
                                                 risque de
                                           et le risque de mortalité
                                                           mortalité

                                   1,0
                                                                                                                                    +
                                   0,9
Rapport des risques de mortalité

                                   0,8

                                                                                                                                     RISQUE
                                   0,7

                                   0,6

                                   0,5
                                                                                                                                    _
                                                              1-2 x         2-3 x        3-5 x      5-10 x       10 x
                                                                 Multiple des 150 minutes hebdomadaires recommandées

    Adaptée à partir de : Arem et autres8.
Adaptée à partir de : Arem et autres8.

Bien qu’il ne semble pas exister de volume minimal                                 De plus, il est à noter que la différence n’est pas
d’activité physique permettant d’obtenir des effets                                significative lorsque l’on compare dix fois le
bénéfiques sur l’espérance de vie, le volume qui                                   volume minimal recommandé et de cinq à dix fois
favorise la réduction la plus prononcée du risque                                  ce volume, étant donné le très petit échantillon.
de mortalité correspond à un niveau d’activité phy-                                Très peu de personnes atteignent ce volume
sique équivalent à 7,5 heures d’activité physique                                  d’activité physique.
d’intensité moyenne (ex. : marche rapide) par
semaine ou 3,75 heures d’activité physique d’in-                                   On estime que, si l’ensemble de la population cana-
tensité élevée (ex. : course à pied), ce qui est déjà                              dienne accumulait au moins 150 minutes d’activité
3 fois plus que le volume minimal généralement                                     physique chaque semaine, le nombre de décès attri-
recommandé. Un moins grand nombre d’heures                                         buables aux maladies suivantes serait moindre161 :
d’activité physique compensé par une intensité                                     ›   les coronaropathies ( 19 %);
plus élevée peut permettre de réduire tout autant                                  ›   les accidents vasculaires cérébraux ( 24 %);
le risque de mortalité287, 372.
                                                                                   ›   l’ostéoporose ( 24 %);
                                                                                   ›   le cancer du côlon ( 18 %);
                                                                                   ›   le cancer du sein ( 14 %).

                                                                              21
Pour une population québécoise physiquement active : des recommandations / SAVOIR ET AGIR

             De plus en plus d’études font aussi ressortir l’associa-                Parmi les moyens de réduire le taux de MORBIDITÉ, la
             tion entre de longues périodes en position assise et le                 pratique d’activités physiques revêt une importance
             risque accru de mortalité, qui, indépendamment du                       particulière100, 148, 194, 363, 369, comme en font foi deux
             niveau d’activité physique, peut atteindre 50 % chez                    des nombreux exemples, non pas de cause à effet, mais
             ceux et celles qui passent la plupart de leur temps                     bien d’association, tirés d’études sur le sujet :
             assis23, 54, 86, 159, 178, 353. Selon une méta-analyse, un              ›   Des personnes d’environ 70 ans ayant une
             niveau élevé d’activité physique d’intensité moyenne                        bonne hygiène de vie (dont la pratique
             (ex. : de 60 à 75 minutes par jour) semble annuler le                       d’activités physiques) et présentant peu
             risque91. Bien que la pratique d’activités physiques                        de facteurs de risque liés aux maladies
             puisse offrir une certaine protection contre les effets                     cardiovasculaires ont vécu cinq ans de plus
             délétères des comportements sédentaires, les cher-                          que les autres sujets369 et ont souffert de la
             cheurs soulignent tout de même l’importance de                              moitié moins d’incapacités les deux dernières
             limiter le temps sédentaire prolongé et ininterrompu                        années de leur vie.
             accumulé quotidiennement.
                                                                                     ›   Des personnes (dont la moyenne d’âge initiale
                                                                                         était de 58 ans) qui faisaient de la course à pied
                                                                                         ont présenté un risque d’incapacité à accomplir
                                                                                         des activités quotidiennes (comme la marche)
                                                                                         8,6 années plus tard que celles du groupe
                                                                                         témoin50.

    2.2 Condition physique
             Le principal effet bénéfique de la pratique d’activités                 coronariennes76, 273. Plusieurs études ont été menées
             physiques est certainement l’amélioration de l’aptitude                 sur le sujet, dont une étude épidémiologique où l’on a
             à faire des efforts physiques, en d’autres mots l’amé-                  suivi 25 341 hommes et 7 080 femmes, et qui a révélé
             lioration de la condition physique. Pour un grand                       qu’une faible consommation maximale d’oxygène est
             nombre de personnes, il s’agit d’ailleurs d’un des buts                 associée à un risque de mortalité, toutes causes confon-
             principaux des activités physiques, outre le plaisir et la              dues, plus important que l’hypertension artérielle,
             satisfaction qu’elles en retirent67, 217.                               l’hypercholestérolémie, l’obésité et le tabagisme pris
                                                                                     séparément24.
             2.2.1 Aptitude aérobie
                                                                                         Comme l’indique la figure 2, toute
             L’aptitude aérobie fait référence à la capacité des sys-                    augmentation du volume d’activité physique
             tèmes cardiopulmonaire et musculaire – cœur, pou-                           s’accompagne d’une amélioration de
             mons, circulation sanguine et muscles – à transporter                       l’aptitude aérobie87, 186. À volume égal, une
             et à utiliser l’oxygène pour faire un travail musculaire.                   activité physique effectuée à une intensité
                                                                                         élevée a nettement plus d’effets bénéfiques,
             Une faible consommation maximale d’oxygène                                  particulièrement pour le développement et le
             (VO2 max)k est actuellement le meilleur prédicteur de                       maintien de l’aptitude aérobie7, 87, 326, 328, 374.
             mortalité et de morbidité, dépassant de loin les fac-
             teurs de risque des maladies cardiovasculaires tradi-
             tionnellement évoqués76, 273. Il est même suggéré que
             cette variable soit considérée comme un signe vital
             dans le contrôle des facteurs de risque de maladies

             k L’indicateur le plus courant de l’aptitude aérobie est la consommation maximale d’oxygène (VO 2 max), c’est-à-dire la quantité d’oxygène
               maximale, par unité de temps, que peut utiliser l’organisme pour produire de l’énergie.

                                                                                22
Avis du Comité scientifique de Kino-Québec

       2
FIGURE 2                                           › Amélioration
                                                     Amélioration de
                                                                  del’aptitude
                                                                     l’aptitudeaérobie
                                                                                aérobieselon
                                                                                        selonlelevolume
                                                                                                  volumeetetl’intensité
                                                                                                              l’intensité des
                                                                                                                        des   activités
                                                                                                                            activités
                                                      pratiquées, après
                                                      pratiquées, aprèsune
                                                                        unepériode
                                                                           périodede
                                                                                   desept
                                                                                      septààneuf
                                                                                             neufmois
                                                                                                  moisd’entraînement
                                                                                                       d’entraînement

                                        20
Changement de l’aptitude aérobie (%)

                                                                                                                             Volume élevé,
                                         15                                                                                 intensité élevée

                                                                                                          Volume faible,
                                                                                                         intensité élevée
                                         10

                                          5                                    Volume faible,
                                                                             intensité moyenne

                                                       Inactivité
                                          0
                                                                              Volume et intensité des activités physiques

Source : Duscha et autres87.
Source : Duscha et autres87.

Entraînement par intervalles ou en continu

L’entraînement par intervalles (EPI) consiste à alterner
des périodes d’activités aérobies d’intensité particuliè-
rement élevée et des périodes de récupération passive
(arrêt de l’activité) ou active (poursuite de l’activité à
une intensité suffisamment faible pour que la personne
soit capable de terminer la prochaine période d’effort).
Dans un entraînement en continu, l’intensité de l’exer-
cice ne varie pas (ou que très peu) entre l’échauffement
et le retour au calme. L’EPI permet d’accumuler un plus
grand volume d’activité physique d’intensité élevée.
De plus, les possibilités sont infinies, car chaque com-
posante est modulable :
›                                      le nombre de séries;
›                                      le nombre de répétitions par série;
›                                      l’intensité et la durée des fractions d’effort
                                       et des périodes de récupération entre les
                                       répétitions et entre les séries;
›                                      le degré global de difficulté, etc.

                                                                                              23
Pour une population québécoise physiquement active : des recommandations / SAVOIR ET AGIR

                                                                                  2.2.2 Aptitude musculaire
                     A MÉ L IOR E R                                               L’aptitude musculaire comprend la force, la puissance
                  L’A P T ITUD E A É R OB IE                                      et l’endurance. La force musculaire est l’aptitude d’un
                                                                                  muscle ou d’un groupe de muscles à développer une
                  Améliorer l’aptitude
                                                                                  grande tension s’opposant à une résistance. La puis-
                  aérobie par des activités
                                                                                  sance musculaire est la capacité à déplacer rapide-
                  physiques pratiquées :
                                                                                  ment une charge (produit de la force appliquée et de
                  • de façon continue : nager, jogger,                            la vitesse de mouvement). Enfin, l’endurance muscu-
                    pédaler à une intensité stable ou                             laire est l’aptitude à maintenir ou à répéter une ou des
                    presque stable, etc.;                                         contractions musculaires avec une charge donnée et
                                                                                  sur une période prolongée (avec un grand nombre de
                  • de façon intermittente (par intervalles) :                    répétitions, par exemple).
                    sport collectif, tennis, séance d’EPI
                    sur vélo stationnaire ou en course                            En général, la force musculaire augmente du début
                    à pied, etc.                                                  de l’enfance jusqu’au début de l’âge adulte et dimi-
                                                                                  nue par la suite. Le muscle squelettique étant l’un des
                                                                                  tissus les plus adaptables du corps humain, il est pos-
                                                                                  sible de maximiser la force musculaire ou de freiner sa
             L’EPI améliore l’aptitude aérobie plus rapidement                    diminution grâce à des activités physiques adéquates.
             et de façon plus prononcée que l’entraînement en
                                                                                  Les activités de renforcement musculaire (musculation)
             continu, même lorsque la dépense énergétique est
                                                                                  augmentent ou préservent la masse et la force muscu-
             équivalente 71. Un très grand nombre de récentes
                                                                                  laires, même chez des personnes aux prises avec un
             recherches font clairement ressortir que les séances
                                                                                  problème de santé ou une maladie comme un accident
             d’entraînement avec fractions d’effort d’intensité éle-
                                                                                  vasculaire cérébral, la sclérose en plaques, la paraly-
             vée (high intensity interval training ou HIIT) ont davan-
                                                                                  sie cérébrale, une lésion de la moelle épinière ou un
             tage d’effets bénéfiques que les activités en continu,
                                                                                  handicap cognitif350.
             et ce, non seulement sur l’aptitude aérobie, mais aussi
             sur la santé cardiovasculaire (notamment la pression                 Chez les personnes âgées, une détérioration marquée
             artérielle), la sensibilité à l’insuline, le profil lipidique        des capacités musculaires, notamment due au manque
             et la composition corporelle29, 165.                                 d’activités de renforcement musculaire, est particuliè-
                                                                                  rement problématique, car elle accélère le déclin
             Cet avantage, qui se manifeste tant à la suite de
                                                                                  normal de la masse et de la force musculaires28, la
             séances de musculation 243 que de séances inter-
                                                                                  perte de force musculaire (dynapénie) étant plus
             mittentes d’activités aérobies, a été observé à la
                                                                                  rapide que la perte de masse musculaire (sarcopénie).
             fois chez des sujets asymptomatiques et chez ceux
             à risque pour les maladies cardiovasculaires123, 375
             (dont l’hypertension30) et métaboliques41 ou ayant
             ces problèmes de santé.

                                                                             24
Avis du Comité scientifique de Kino-Québec

Les activités physiques, particulièrement de renfor-              2.2.3 Flexibilité
cement musculaire, peuvent cependant contribuer à
prévenir et à combattre la sarcopénie et la dynapénie             La flexibilité est l’aptitude à atteindre une amplitude
liées à l’âge, puisqu’elles ont des effets bénéfiques             de mouvement spécifique à l’articulation mobili-
autant sur le système nerveux que sur le système mus-             sée. Bien qu’elle diminue avec l’âge, l’immobilité et
culaire. Toutefois, un faible volume d’activités de ren-          l’inactivité physique, la flexibilité est nécessaire au
forcement musculaire est insuffisant pour augmenter               maintien de la mobilité et de la motricité. En plus de
la masse et la force musculaires, qui sont essentielles           diminuer les risques de fracture, elle peut préserver
au maintien de l’autonomie et des capacités fonc-                 l’autonomie163. Toutefois, pour améliorer la flexibi-
tionnelles des personnes âgées. Il semble qu’en pra-              lité, il est nécessaire de s’y consacrer régulièrement
tiquer de façon intensive au moins de deux ou trois               et de façon assidue. Idéalement, pour une efficacité
fois par semaine soit suffisant198. Les activités aérobies        optimale, les exercices d’étirement doivent faire l’ob-
peuvent aussi contribuer à ralentir la diminution de la           jet de séances spécifiques ou être effectués à la suite
masse musculaire due au vieillissement350, mais jamais            d’une séance d’entraînement.
autant que les activités de renforcement musculaire.
                                                                  Il existe différentes façons d’améliorer la flexibilité,
Au Québec, de 2000 à 2013, 12 003 personnes                       notamment :
âgées sont décédées à la suite d’une chute, soit en               ›   les exercices d’étirement statique (avec résistance
moyenne 857 par année109. La peur de tomber a aussi                   constante) ou dynamique (avec mouvement);
des conséquences malheureuses, car, en limitant les
                                                                  ›   la facilitation neuromusculaire proprioceptive
activités quotidiennes, l’autonomie et les interac-                   (technique de l’« étirer-contracter-relâcher-étirer »),
tions sociales, elle compromet la qualité de vie. Les                 qui semble être la façon la plus efficace281, 334;
activités de renforcement musculaire et d’équilibre
sont les plus efficaces pour réduire le risque de chute.
                                                                  ›   les activités physiques caractérisées par une
                                                                      importante diversité de mouvements de grande
                                                                      amplitude, entre autres le yoga147 et le tai-chi126.

        M A IN TIE N D E
     L’AU TON OM IE E T
     D ES C A PAC ITÉ S
     FO N C TION N E L L E S

     Les activités de renforcement
     musculaire sont nécessaires pour
     augmenter la force et l’endurance381 et,
     ainsi, permettre de maintenir l’autonomie
     et les capacités fonctionnelles au fil des
     années.

                                                             25
Pour une population québécoise physiquement active : des recommandations / SAVOIR ET AGIR

             Étirements statiques ou dynamiques                                  Enfin, les résultats de plusieurs études indiquent
                                                                                 que les exercices d’étirement, effectués lors de
             Les étirements statiques augmentent peu ou n’aug-                   l’échauffement ou de la récupération, ne réduisent
             mentent pas la flexibilité à long terme et peuvent                  pas les courbatures postentraînement ni le risque de
             réduire sensiblement la force et la puissance muscu-                blessures136, 137, 241, 303, 304, 334
             laires pendant quelques minutes241, 247. En revanche,
             ils peuvent restaurer la flexibilité perdue à la suite d’une        Si l’objectif est de réduire le risque de blessures, il serait
             période prolongée sans activité physique ou d’une                   plus approprié d’effectuer des exercices d’étirement
             séance intensive ou prolongée d’activité physique208.               qui ciblent les muscles et les articulations à risque en
                                                                                 ce qui concerne l’activité pratiquée196.
             Les étirements dynamiques augmenteraient sen-
             siblement la force, la puissance, la vitesse et l’agilité              Complémentarité
             lorsqu’ils sont pratiqués avant une activité241, 247. Ils              des activités physiques
             seraient plus appropriés pour l’échauffement avant                     et des étirements
             une activité qui demande :
                                                                                    Les personnes qui marchent régulièrement
             ›   de la force et de la puissance
                                                                                    tendent à avoir une plus grande flexibilité des
                 (sauts, musculation, golf, etc.);
                                                                                    hanches et de la colonne vertébrale32.
             ›   de la vitesse et de l’agilité                                      Inversement, l’absence de mouvement
                 (soccer, hockey, etc.)19, 241, 247.                                nécessitant l’amplitude d’une articulation peut
                                                                                    réduire sa mobilité32. Par exemple, les épaules
             Les étirements dynamiques ayant été peu étudiés, leurs
                                                                                    des personnes qui restent assises plusieurs
             effets sur les activités qui demandent de l’endurance
                                                                                    heures par jour peuvent « s’arrondir » en raison
             (course à pied, vélo, triathlon, etc.) sont mal connus247.
                                                                                    d’une diminution de leur amplitude articulaire32.
             Les effets des étirements pouvant varier d’une per-                    Les activités physiques sont donc
             sonne à l’autre66, 69, 219, il semble important de person-             complémentaires aux simples étirements
             naliser les programmes de flexibilité241, surtout dans le              pour améliorer la flexibilité.
             cas des étirements dynamiques susceptibles d’accélé-
             rer le phénomène de fatigue247.

                                                                            26
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