PRINTEMPS DES SCIENCES 2010 - " Le biomimétisme : quand la Science obéit à la nature
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INSTITUT SUPERIEUR D'ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE DEPARTEMENT CHIMIE PRINTEMPS DES SCIENCES 2010 « Le biomimétisme : quand la Science obéit à la nature » DOSSIER PEDAGOGIQUE Par Florence Sapko, Elisabeth Staquet, Noé Destordeur, Maximilien Gueibe, Damien Granatorowicz Jean-François Lambert, Arnaud Manant, Pierre Marchal et Lionel Piedboeuf.
A. PRESENTATION GENERALE Cette année, les étudiants de 2ème année de l'ISETChimie (HEL) vous proposent, de découvrir le biomimétisme (bio = vie et mimesis= imiter). Ce concept novateur qui gagne peu à peu le monde des sciences et des techniques propose de s'inspirer de la nature afin de mettre en œuvre des procédés et des produits respectueux de l'environnement et de la santé de chacun. Après avoir défini le biomimétisme et ses stratégies, nous fabriquerons de la galalithe à base de caséine et un biofilm à base d'amidon de pomme de terre. Bien sûr, ces deux manipulations apparaissent bien insatisfaisantes par rapport aux ambitions du biomimétisme mais elles nous permettrons d'en mesurer la difficulté, de réfléchir aux aspects moraux liés à l'utilisation de matières alimentaires comme précurseurs de produits industriels et de rappeler que la nature produit pour nous des matériaux aux fantastiques propriétés. Enfin nous compléterons notre tour d'horizon en examinant l'intérêt que représente le biomimétisme en tant que projet de civilisation. Une civilisation au sein de laquelle la Science serait au service d'un Homme descendu de son piédestal. B. LE BIOMIMETISME 1. DEFINITION Le biomimétisme est une nouvelle stratégie scientifique et technique qui s'inspire de la nature et de ses réalisations high-tech. Le biomimétisme a pour but de créer des produits, des processus et des protocoles expérimentaux qui seront mieux adaptés à une durée de vie prolongée sur terre. Cultiver les aliments comme un prairie, filer les fibres comme une araignée, maîtriser l’énergie comme une feuille, se soigner comme un chimpanzé et gérer les affaires (ou les villes) comme une forêt millénaire, voilà quelques uns des apprentissages que nous devons faire pour nous montrer aussi admirables que la nature. Spécialement pour les chimistes, le défi consistera à travailler à température ambiante, dans l'eau et sous pression atmosphérique. 2. APPLICATIONS L’homme imite la nature en reprenant ses formes
Les ingénieurs japonais ont choisis cette forme pour la « tête » du TGV reliant Osaka et Hakata car celui-ci traverse beaucoup de tunnels. Le problème est qu’en entrant dans le tunnel, le train doit utiliser plus d’énergie pour garder sa vitesse car la densité de l’air est plus importante. Et le martin-pêcheur est connu pour pouvoir passer d’un milieu à un autre (air-eau, eau-air) très rapidement grâce à la forme de son bec. Cela a permis de diminuer la consommation électrique de 15% et d’augmenter la vitesse de 10% L’homme imite la nature dans les procédés Le célèbre « scratch » appelé velcro est inspiré du fruit d’une plante : la bardane. Les fruits de la bardane sont munis de petits crochets qui leurs permettent de s’accrocher aux pelages des animaux. L’ingénieur Suisse Georges de Mestral a donc décidé de « réunir » deux bandes recouvertes chacune d’une texture différente ensemble permettant lorsqu’on les met en contact d’obtenir rapidement une liaison amovible. L’homme imite l’écosystème Ici, l’idée est de s’inspirer des écosystèmes dit matures qui s'auto-organisent en une communauté intégrée et diversifiée d'organismes, avec un but commun : se maintenir en un endroit donné, utiliser le mieux possible les ressources disponibles et sur du long terme.
C. LES BIOPLASTIQUES Les bioplastiques sont issus de ressources renouvelables, telles que le maïs, la patate douce, le blé, la canne à sucre ou l’huile de ricin. Ils présentent l'avantage de ne pas consommer de pétrole (quoique leur fabrication nécessite de l'énergie) et d'être biodégradables. Ils posent la question de l'utilisation des ressources alimentaires pour ce type d'usage et de l'utilisation éventuelle d'OGM pour cette industrie. Pour notre activité, nous avons choisi de mettre en évidence la galalithe issue de la caséine du lait. Le principe est simple, il consiste à faire "tourner" le lait à l'aide de vinaigre. On obtient un solide qui, une fois séché peut être travaillé et teinté pour la fabrication de bijoux, boutons, éléments décoratifs, ... Nous proposons ensuite d'extraire l'amidon de pomme de terre et de s'en servir pour fabriquer un film biodégradable. L'amidon extrait est mélangé à de la glycérine et à de l'acide chlorhydrique. Après 15 min de chauffage, on neutralise à l'aide de soude; on obtient une pâte qui peut être étalée et séchée pour donner le film désiré.
C. LES MATERIAUX NATURELS Les matériaux d'isolation Laine de bois Ouate de cellulose Laine de mouton Paille Chanvre La nacre La nacre est secrétée par les coquillages (mollusques) et est constituée de carbonate de calcium (CaCO3). Il existe plusieurs variétés de nacre : nacre blanche (très prisée dans le milieu de la mode), nacre verte et rouge (boutonnerie de luxe) et nacre bleue (production de petites pièces en tout genre). Les cornes et écailles Elles sont surtout composées de kératine, tissus protéique rigide que l’on trouve chez les mammifères et les reptiles. Les cornes proviennent des bovidés et sont utilisées pour la fabrication d’objets. L’écaille provient des carapaces des tortues marines. Sa principale utilisation est la lunetterie et la tabletterie. L’écaille a été aussi très utilisée, comme la corne, dans la fabrication de peignes, de brosses et autres articles de toilette, et de nombreux articles de mode.
Le fil d’araignée Le kevlar, utilisé pour nos gilets par balles, est un produit « high tech » par excellence ; rien n’est plus résistant ou solide. Comment le fabrique-t-on ? En utilisant des molécules provenant de la pétrochimie sous des pressions et des températures extrêmes en présence d’acide sulfurique concentré. L’énergie nécessaire à sa fabrication est extrêmement importante et ses sous-produits toxiques. L’araignée produit une soie battant largement la résistance et l’élasticité du kevlar. Elle la fabrique à température, à pression ambiantes et dans l’eau. Elle ne dépend d’aucun forage pétrolier ; elle capture des mouches et des criquets d’un côté et produit ce miraculeux matériau de l’autre. Si besoin est, elle peut même manger sa vieille toile pour en fabriquer une neuve. D. ASPECTS SOCIETAUX Comment vivre sur notre planète sans la détruire ? Le biomimétisme propose des pistes de survie : L’agriculture naturelle : "L’agriculture naturelle regarde le paysage et se demande ce qui y pousse naturellement. Dans les plaines centrales, c’est la prairie. Depuis 5000 ans, elle a merveilleusement réussi à maintenir le sol, à résister aux parasites et mauvaises herbes, à promouvoir sa propre fertilité, tout cela sans notre aide. Son secret réside dans sa composition faite de plantes vivaces associées en polyculture (nombreuses espèces dans un même champ). Malheureusement, nous ne pouvons utiliser la prairie telle quelle. Depuis une centaine d’années, nous l’avons labourée et lui avons substitué notre propre agriculture, basée sur des plantes annuelles cultivées en monocultures (une seule espèce sur des hectares de terrain). Contrairement aux polycultures vivaces de la prairie, ces monocultures annuelles nécessitent notre aide. Puisqu’il s’agit d’annuelles, il faut labourer chaque année, ce qui conduit à l’érosion des sols. Pour remédier à leur appauvrissement, nous y apportons des tonnes d’amendements chimiques. Enfin pour mettre notre monoculture à l’abri des insectes, nous l’aspergeons de pesticides provenant de la pétrochimie. 10 kilocalories de pétrole sont nécessaires pour produire 1 kilocalorie de nourriture. Le meilleur moyen de sortir de ce cercle vicieux est de sélectionner des plants vivaces pouvant être consommés et cultivés en polyculture, nous confie Wes Jackson. Cette prairie comestible serait non seulement une nouveauté, mais surtout exactement le contraire de ce que nous connaissons actuellement. Les plantes passeraient l’hiver en place, finis donc les labourages et semailles annuels ainsi que l’érosion des sols. Finis aussi l’apport d’amendements artificiel car des plantes fixant l’azote seraient associées. Plus besoin non plus de pulvériser des pesticides car le mélange de nombreuses espèces différentes ralentit la progression des ravageurs. Nous aurions donc in fine une agriculture auto-régénératrice imitant la nature au lieu d’une agriculture consommatrice imitant l’industrie." Janine Benyus (www.biomimicry.net)
Changement de mentalité : L’homme se voit au sommet de la pyramide des espèces terrestres. Si nous outrepassons les capacités de la terre, nous en paierons les conséquences. Le biomimétisme nécessite un changement de mentalité. Ce qui est bon pour la planète est bon pour nous aussi. Stratégie de colonisation : Avant de saturer les terres, nous avions toujours un endroit où migrer et cette stratégie de colonisation nous permettait de contourner la réalité. Mais aujourd’hui, tous les endroits colonisables l’ont été. Il faut imiter les communautés naturelles qui ont appris à vivre sans porter atteinte à leur environnement. Les écosystèmes matures (forêts) recyclent leurs déchets, utilisent l’énergie et les matériaux efficacement et économisent l’habitat grâce à la diversification et à la coopération (mutualisme). Suivre l’exemple de la nature : Cela modifiera nos cultures de nourriture, nos productions, notre approvisionnement en énergie, notre manière de nous soigner, de conserver les informations et de gérer les affaires. Nature comme modèle : Cela inclut de suivre l’exemple des plantes et animaux pour produire à partir du soleil et de composés simples des fibres ou des plastiques totalement biodégradables, des céramiques. Nos cultures seraient auto-résistantes et fertilisantes. Nature comme référence : Il faut se poser les bonnes questions : Nos innovations sont-elles favorables à la vie ? Conviennent-elles ? Vont-elles durer ? Nature comme guide : Ne plus voir la nature comme une source de matière première mais comme une source d’idée, comme un guide. La Nature fonctionne à l'énergie solaire. La Nature utilise seulement l'énergie dont elle a besoin. La Nature adapte la forme à la fonction. La Nature recycle tout. La Nature récompense la coopération. La Nature capitalise sur la diversité. La Nature recherche l'expertise locale. La Nature ne fait pas d'excès. La Nature utilise ses limites pour stimuler sa créativité.
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