Le Solitaire du château du Fresne
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LA VIE EN FACE Le Solitaire du château du Fresne un film documentaire de Pierre BEUCHOT une coproduction Archipel 33, ARTE France 2001 - 55’ 22.20 vendredi 30 novembre 2001 Contact presse : Agnès Buiche / Céline Chevalier / Nadia Refsi - 01 55 00 70 40 / 41 / 23 a-buiche@paris.arte.fr / c-chevalier@paris.arte.fr / n-refsi@paris.arte.fr
Le Solitaire du château du Fresne aire de son village du bocage normand depuis près d’un M quart de siècle, Alain du Perier de Larsan a décidé de passer la main. Depuis que la maladie l’a affaibli, il ne quitte plus son château, dernier bien qui lui reste de l’héritage familial, la vieille demeure chargée de souvenirs renvoyant à une lignée hors du commun. A l’approche des élections, les visiteurs se succèdent quotidiennement chez Monsieur le Comte. Les membres du Conseil Municipal, emmenés par son adjoint, viennent évoquer les années de travail en commun et sa difficile succession. D’autres sont purement amicales : un compagnon de maquis, un couple d’éleveurs voisins, une ancienne cuisinière... Au fil de ces rencontres, moments propices aux résurgences du passé et aux confidences, se révèle peu à peu la personnalité de cet aristocrate de quatre-vingts ans, anti-conformiste et rebelle, marqué profondément par la Résistance et la déportation, premiers actes d’une vie dominée toute entière par le refus d’accepter l’état des choses. .2
Note d’intention Alain J’ai fait sa rencontre dans son château du bocage normand. La tempête de l’hiver 1999 n’avait pas épargné la vieille demeure. Alentour, le parc et les bois en portaient eux aussi les traces. Mais pour Alain du Perier de Larsan, « ci- devant, comte », le propriétaire du lieu, les calamités naturelles passaient au second plan. A ses yeux, il était d’autres malheurs des temps auxquels il avait tenté de répondre : il hébergeait dans les dépendances du château une cinquantaine de sans-logis, de sans-travail, de sans ressources... dernier acte d’une vie toute entière marquée par le refus d’accepter l’état des choses. En interrogeant cet homme de quatre-vingts ans, j’apprenais que son geste s’inscrivait dans une longue suite de combats qu’il avait menés durant toute sa vie - engagement auprès du F.L.N. pendant la guerre d’Algérie, à la LICRA, à Amnesty International - combats qui avaient eux-mêmes leur origine dans ce qui devait fonder sa vie, il y a une soixantaine d’années, lorsqu’il avait choisi de rejoindre la Résistance. Et si Alain du Perier de Larsan revenait si souvent sur cette époque de sa vie, ce n’était jamais par nostalgie, mais pour essayer de comprendre ce qui était au coeur de son engagement, et le relier implicitement à une lignée hors du commun. Aristocrates et rebelles En effet, l’histoire des Du Perier de Larsan est, à bien des égards, exceptionnelle. On en retrouve la trace la plus lointaine parmi les premiers qui s’embarquèrent pour les Croisades. Plus près de nous, ils s’opposent à l’Empire, adhèrent à la République, se rangent dans le camp des dreyfusards. Plus près encore, en 1940, lorsque Pétain s’empare du pouvoir, le comte Tristan du Perier de Larsan - le père d’Alain - démissionne de son poste de consul en Grèce et se tient ostensiblement à l’écart du régime de Collaboration, tandis qu’Alain rejoint ses deux frères dans la Résistance. Une fois de plus, les Du Perier de Larsan sont en rupture, et rejetés par l’immense majorité de leur milieu. Dans son maquis de Dordogne, Alain découvre un autre monde. Au contact de jeunes ouvriers et paysans, d’étudiants, de réfractaires de tout poil, il partage la fraternité des militants communistes. Dénoncé, le maquis est démantelé. Alain est arrêté, condamné, et tente de s’évader. Repris, il est incarcéré à la Centrale d’Eysses avant d’être déporté à Dachau. Là encore, dans l’horreur concentrationnaire, c’est la solidarité des communistes du camp qui va l’aider à survivre. Et tout naturellement, lorsqu’il est libéré, il se rapproche de ce parti, qui, à ses yeux, est seul capable de répondre à ses aspirations de liberté et de justice. Mais après les révélations des crimes du stalinisme, les chars soviétiques dans les rues de Budapest donnent le coup de grâce à des convictions déjà sérieusement ébranlées. .3
Pour Alain, d’autres combats sont à mener. Il s’engage résolument aux côtés des Algériens luttant pour leur indépendance. Il reconnaît en eux les mêmes résistants qui, dix ans plus tôt, se battaient contre l’occupant nazi. La paix revenue en Algérie, comment agir alors que ne s’offrent à sa portée que de « petites circonstances » ? Comment rester fidèle à l’élan de sa jeunesse qui l’avait jeté spontanément du côté des persécutés et des victimes ? Contre les dictatures lointaines et toutes les formes de racisme, il milite activement à Amnesty International et à la LICRA. Et voilà que l’occasion lui est fournie d’agir sur place. Elu maire, il parvient à convaincre son Conseil Municipal de l’aider à réhabiliter les dépendances du château pour les offrir à des locataires démunis. En quelques mois, la population du village allait augmenter de vingt-cinq pour cent... Roseline Voilà l’homme que Roseline a rencontré lorsqu’elle avait appris qu’il était son père. Et qu’était né son désir d’en fixer l’image et, plus encore, l’histoire. Elle s’était approchée avec prudence de cet homme solitaire, peu enclin aux confidences et aux épanchements. témoin occasionnel et discret de sa vie quotidienne, elle avait peu à peu fait connaissance avec ce père inconnu d‘elle. Une semaine passée dans son château devait être l’occasion d’aller ensemble à la découverte de cet homme. Condenser dans un film d’une heure ces moments durant lesquels Roseline avait littéralement « apprivoisé » son père impliquait une présence attentive et discrète, et qui excluait la forme classique de l’interview que cet homme sauvage et pudique aurait refusée en tout état de cause. Comme elle l’avait fait, il fallait se tenir à l’écoute pour capter une mémoire qu’il ne livrait que par bribes lorsqu’un visiteur la provoquait ou la sollicitait. La période des élections municipales devait fournir l’occasion de ces visites, moments favorables à l’évocation de ses souvenirs et propices pour saisir toutes les facettes de sa personnalité. Dans le huis clos du château Après vingt-quatre ans à la tête de sa mairie, affaibli par la maladie, Alain du Perier de Larsan avait décidé de passer la main. Pendant près d’un quart de siècle, il avait marqué les esprits de sa forte personnalité, bien au-delà des limites de son village. Depuis un an, il ne quittait plus son château. C’est de là, que ces derniers mois, il avait dirigé sa mairie. C’est ici que quotidiennement se sont succédées les visites : son ancien adjoint, qui occupe maintenant sa place, la fidèle et dévouée secrétaire de mairie, « l’opposant » du conseil municipal qui aimait ferrailler avec lui sur les contradictions de cet élu du suffrage universel. Et encore, Victoria, une ancienne cuisinière, les Delahaye, des éleveurs, amis et voisins... Il y eut surtout ses anciens compagnons de maquis et de captivité qui se réunissent au château, chaque année moins nombreux. Si leurs chemins se sont souvent éloignés de celui d’Alain, ils n’hésitent pas à désigner encore cet « aristo rebelle » comme « le meilleur d’entre eux ». .4
Les traces du passé Roseline ne voulait être qu’un témoin invisible et muet de ces rencontres. Parallèlement, caméra DV à la main, elle explorait le château. Inutile d’en sortir pour que surgisse toute l’histoire des Du Perier de Larsan : pas un salon ou chambre, pas un meuble, tableau ou bibelot, pas un recoin du lieu, qui ne renvoie au passé de cette famille et de son dernier descendant. Du grand portrait de Louis XVI exposé comme par provocation au pied de l’escalier, au chargeur de mitrailleuse abandonné dans le grenier par les Allemands, des grands trophées de chasse ornant le vestibule, aux coffres déglingués, débordant de correspondances séculaires, chaque regard peut rencontrer un témoignage ou un souvenir. On ne peut pas non plus échapper à la présence du « disparu », Marc, le frère aîné, déporté au camp de Dora et jamais revenu, dont le visage pensif a été soigneusement disposé dans chacune des pièces qu’Alain occupe : sa chambre, la petite salle à manger, et le salon où il aime recevoir. Dans les albums photographiques, on le retrouve encore, au hasard de postes diplomatiques que le comte occupa en Europe avant la guerre, images jaunies du temps de la splendeur de la famille. Un monde disparu à jamais, que son dernier témoin regarde sans regrets... Contrepoint ou prétexte à la pure rêverie, articulée avec des rencontres d’Alain et de ses visiteurs, cette exploration des lieux prolonge leur propos pour dessiner le portrait de cet anticonformiste qui, à sa manière, a accompagné et partagé les grands combats de la deuxième moitié du XXème siècle. Et pour que, comme dans toute évocation qui vaille, l’aventure d’Alain du Perier de Larsan permette de discerner d’un côté, l’unique, l’incomparable, et de l’autre, ce qui peut instruire sur l’histoire de l’époque dans laquelle elle s’est inscrite. .5
Le réalisateur Pierre Beuchot Assistant-réalisateur sur une vingtaine de films, Pierre Beuchot a notamment travaillé avec Jean-Daniel POLLET, Georges ROUQUIER, Jean-Paul RAPPENEAU, Michel MITRANI, André TECHINE, Alexandre ASTRUC... Réalisations Pour la télévision Nombreux documentaires sur l’art, le cinéma, l’histoire, parmi lesquels : Paul Nizan, Le Prix d’une révolte Lascaux par Georges Bataille Cézanne par Rainer Maria Rilke Le cinéma de l’ombre (Primé au festival Dei Popoli en 1984) Propaganda (en collaboration avec Philippe Collin et François Porcile) Stig Dagerman (Série Préfaces - Primé au festival de Reims 1990) Pierre Jean Jouve (collection Préfaces) La légende de la Croix de Piero Della Francesca Mémoires partagées Loin de Moscou… Le printemps de l’Elbe Robert Walser (Un siècle d’écrivains) Léopold Sédar Senghor, entre deux mondes Les temps obscurs sont toujours là (sélectionné au FIPA 1999) Francis Ponge (Un siècle d’écrivains) Fiction : Le monde désert (Festival de Belfort 1984) Hôtel du Parc (Prix de la Procirep, Primé au FIPA, 1992) Compagnons secrets Sade en procès Pour le cinéma : Requiem (court-métrage) Marjorie ne viendra pas (court-métrage) Le temps détruit (festivals de Cannes, New York, Moscou 1985) Aventure de Catherine C. (festival de San Sebastian 1990) .6
Fiche technique Réalisation .............................................Pierre Beuchot Scénario .................................................Pierre Beuchot Sur un idée de .......................................Roseline Delmas Image .....................................................Isabelle Razavet Son .........................................................Jean-Claude Brisson Murielle Damain Musique originale ..................................Patrice Mestral Montage .................................................Martine Bouquin Mixage ...................................................Jean-Claude Brisson Etalonnage .............................................Eric Salleron Textes dits par .......................................Jean-André Fieschi Une coproduction ..................................ARTE France Unité de programme / Thierry GARREL ARCHIPEL 33 Denis FREYD Avec la participation du Centre National de la Cinématographie de la Commission Télévision de la Procirep .7
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