Prix 2021 Être réactif face à la crise sanitaire et développer les outils de formation en ligne pour toucher le plus de personnes possible.
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LES LAURÉATS Prix 2021 Être réactif face à la crise sanitaire et développer les outils de formation en ligne pour toucher le plus de personnes possible.
Anfh – Service communication Design et coordination éditoriale : Atelier Marge Design Reportages : Nolwenn Le Jannic Illustrations : Erwann Terrier Impression : Decombat, juin 2021
Prix Anfh édition 2021 Du numérique et de l’indispensable Si la formation professionnelle se fait traditionnellement en présentiel, la modernisation des outils et les contraintes exceptionnelles de la crise sanitaire ont mis en lumière l’année dernière l’intérêt du numérique. C’est ainsi que sur les six prix et mentions 2021, trois concernent des formations réalisées, au moins en partie, en ligne. C’est notamment le cas du Grand prix, attribué au CHU Amiens-Picardie pour l’hybridation de ses parcours de formation en réponse à la pandémie de Covid-19. En quelques mois, l’établissement, en s’appuyant sur son centre de simulation SimUSanté et sa plateforme d’apprentissage numérique Epione, a pu ainsi former 1 700 professionnels, de répondants pour le Samu en mars 2020, au personnel en charge de la vaccination début 2021. C’est également en faisant appel à la mise en situation combinée à l’e-learning que le GH Brocéliande-Atlantique, à Vannes, a pu proposer de manière très rapide une formation dédiée à la prise en charge de la défaillance respiratoire chez les patients Covid+. Le numérique prend également toute sa place pour la formation dans un tout autre contexte : celui de la protection de l’enfance. Le Centre départemental de l’enfance et de la famille de Gironde est ainsi récompensé pour le Mooc (Massive Open Online Course) qu’il a créé afin de mettre tous ses professionnels, d’horizons variés (éducateurs, soignants, personnels support), sur un pied d’égalité… et qui a séduit bien au-delà de la Gironde, avec plus de 5 000 inscrits à ce jour. Enfin, les prix Anfh récompensent également des formations plus « classiques », telles que le compagnonnage mis en place au bloc opératoire du CH de Sar- lat pour accompagner les infirmiers et faciliter leur spécialisation future en tant qu’Ibode. Ou encore le jeu sur les déchets, créé de toute pièce par le CH de Moulins-Yzeure, afin d’assurer la sécurité de chacun lors du tri des Dasri (déchets d'activités de soins à risques infectieux et assimilés), tout en rédui- sant leur volume. Le GHER, à la Réunion, obtient quant à lui un prix pour la formation de référents en langue des signes française afin de faciliter l’accueil du public sourd dans l’établissement. Numériques ou non, toutes ces actions ont un point commun : elles sont indispensables pour assurer la sécurité des professionnels et la qualité de la prise en charge. 1
Le palmarès Édition 2021 Grand Prix Prix Métiers et Prix DPC médical Centre hospitalier universitaire compétences sociales et paramédical Amiens-Picardie et médico-sociales Groupe hospitalier Centre départemental de l’enfance Brocéliande-Atlantique et de la famille – Gironde « Hybridation « Formation des parcours « Mooc mixte sur de formation : “Protection la défaillance une réponse aux de l’enfance” » respiratoire » besoins spéci- Les professionnels qui exercent fiques Covid-19 » dans le domaine de la protection Quand la crise sanitaire débute en 2020, certains services de l’enfance viennent d’horizon du CH Bretagne-Atlantique Au CHU Amiens-Picardie, divers et exercent des métiers (établissement support du GHBA) dès le début de la crise sanitaire, différents. Mais tous ont besoin sont réaffectés à la prise en charge le centre SimUSanté a réagi aux des mêmes connaissances pour de patients Covid+. Pour aider besoins des acteurs de santé en appréhender leurs missions. les professionnels à se protéger combinant ses deux outils phares : Alors, le CDEF de Gironde a mis tout en gérant au mieux cette la simulation en présentiel et sur pied un Mooc, gratuit et acces- situation exceptionnelle, l’établis- une plateforme numérique. sible à tous, pour apporter ces sement met sur pied, en un temps Des professionnels aux étudiants, savoirs. Une initiative qui touche record, un dispositif hybride en passant par le grand public, un large public, au-delà même du alliant formation à distance et des formations ont été créées pour secteur de la protection de l’en- en présentiel sur la défaillance chacun, qu’il s’agisse de former fance et des frontières girondines. respiratoire des patients Covid+. à un geste professionnel ou d’infor- Un outil qui permet de former mer les enfants sur le lavage des → p. 11 et donc de rassurer plus de mains. Des actions qui ont notam- 800 professionnels en neuf mois… ment permis d’accompagner un succès. la mobilisation des soignants auprès des patients dans → p. 17 les services Covid. → p. 5 2
Prix ex-æquo Amélioration Prix ex-æquo Amélioration Prix Management et de la qualité des soins de la qualité des soins organisation du travail et prise en charge et prise en charge Centre hospitalier de des patients des patients Moulins-Yzeure Groupe hospitalier Est Réunion Centre hospitalier de Sarlat « Un jeu de cartes « Former des « Le compagnon- pour se former référents pour nage en bloc au tri des Dasri accueillir les opératoire » et sécuriser patients sourds » Comment bien accueillir et l’élimination accompagner la prise de poste Accueillir chaque patient dans les meilleures conditions possibles : d’infirmiers (IDE) non spécialisés des déchets » en bloc opératoire et leur fournir, voilà l’objectif que s’est fixé le en attendant l’entrée à l’école Un cours magistral sur le tri des GHER en formant des référents d’Ibode, les compétences néces- déchets a rarement du succès. en langue des signes. Ils sont saires à leur pratique ? Grâce au Alors pour inciter les personnels ainsi cinq à œuvrer à l’hôpital compagnonnage. En bénéficiant à se pencher sur la question et aujourd’hui pour faciliter la prise au quotidien de l’expérience d’une à appliquer sa nouvelle procédure en charge des personnes sourdes. Ibode en poste, les infirmières en la matière, le CH de Moulins- Un premier pas, qui pourrait du centre hospitalier Jean Leclaire, Yzeure a eu l’idée de créer un jeu déboucher sur une initiation à la à Sarlat, exercent ainsi dans de cartes. En s’amusant, on langue des signes plus généralisée de bonnes conditions, ce qui échange, on se questionne, parmi les professionnels ainsi que faciliterait leur spécialisation on apprend… et le volume des sur la spécialisation encore plus future en tant qu’Ibode. déchets, lui, diminue. poussée des référents. → p. 29 → p. 35 → p. 23 Les lauréats des éditions précédentes → p. 40 Le prix Anfh Pour qui, pourquoi ? → p. 44 3
Grand Prix Centre hospitalier universitaire Amiens-Picardie (Hauts-de-France) Hybridation des parcours de formation : une réponse aux besoins spécifiques Covid-19 Dès le début de la crise sanitaire, le centre de formation SimUSanté a réagi en combinant ses deux outils phares : la simulation en présentiel et une plateforme numérique. Des professionnels aux étudiants, en passant par le grand public, des formations ont été créées pour tous les niveaux. Elles ont notamment permis d’accompagner la mobilisation des soignants auprès des patients dans les services Covid. 5
Grand Prix SimUSanté et Epione, le duo gagnant contre la crise sanitaire SimUSanté « Nous avons toujours gardé un coup d’avance et d’autre part, maintenir la qualité des forma- en chiffres face à la pandémie en matière de formation, tions tout en réduisant le temps en présence. — souligne Carole Amsallem, responsable péda- La solution ? Monter des formations se basant 4 000 m2 gogique et simulation à SimUSanté et praticien à la fois sur la simulation sur site et sur le numé- — hospitalier en médecine d’urgence au CHU. rique à distance. Avec comme objectif de ré- Plus de 150 mannequins et D’une part, tous les formateurs du centre SimU- pondre à trois besoins des professionnels : « Leur 20 simulateurs Santé sont aussi professionnels de santé. Nous apporter des connaissances sur un phénomène de haute-fidélité, étions donc nous-mêmes confrontés aux besoins de santé nouveau, leur permettre d’adapter leurs traitement et émergents de la crise sanitaire et savions com- pratiques et leurs organisations et enfin, répondre reconstruction ment y répondre. Et d’autre part, nous avions à la mobilité des personnels dans les services de d’images et réalité virtuelle les outils pour le faire : le matériel de simulation soins », liste Béatrice Jamault, coordonnatrice — de SimUSanté et la plateforme numérique pédagogique et administrative SimUSanté. 12 335 Epione. » personnes Le premier est un centre de simulation label- Soulager le Samu accueillies en lisé « Initiative d’excellence en formation inno- Grâce à leur mobilisation et à leur expérience, présentiel en 2020 vante » (Idefi). 51 salles de simulation, équipées les formateurs adaptent ou créent très vite plu- de 150 simulateurs de soins, y ont accueilli plus sieurs formations. « La première, nous l’avons Epione en chiffres de 40 000 apprenants depuis 2016. Le second, mise sur pied en 24 h et dispensée dès le 3 mars — Epione (Espace pédagogique innovant ouvert 2020, se souvient Carole Amsallem. Le but était 22 476 numérique évolutif), porté par l’université de de soulager les services du Samu, submergés par utilisateurs dont Picardie Jules-Verne, est le pendant numérique la vague d’appels du public. Notre atout était 69 % arrivés après de SimUSanté. « Il est ouvert au même public : d’avoir mis en place une formation de ce type au janvier 2020 les professionnels de santé bien sûr, quels que — 2 172 soient leur spécialité et leur lieu d’exercice, mais connexions aussi les étudiants en santé et le grand public, quotidiennes en précise Maxime Gignon, pilote NCU Epione moyenne en 2020 — Campus-Santé, référent recherche et enseigne- « Epione et SimUSanté ment numérique à SimUSanté et praticien hos- 1 467 cours créés pitalier en épidémiologie, préventions et éco- étaient déjà réunis sur nomie de la santé au CHU. Les deux outils étaient certaines de nos en 2020 déjà réunis sur certaines de nos formations, Epione apportant un complément de connais- sances avant ou après la simulation en présence formations. Mais avec à SimUSanté. Mais avec la crise sanitaire, cette la crise sanitaire, cette Page hybridation a pris une autre ampleur. » précédente Au début de la pandémie, les professionnels de hybridation a pris Apprentissage du geste la formation se retrouvent face à deux enjeux majeurs : d’une part réagir très vite pour former une autre ampleur. » vaccinal au centre SimUSanté. les étudiants et les professionnels sur la Covid-19 Maxime Gignon 6
Alice Défosse- Béatrice Jamault Carole Amsallem Maxime Gignon Waquet coordonnatrice responsable référent recherche manipulatrice pédagogique pédagogique et et enseignement d’électroradiologie et administrative simulation, praticien numérique à médicale SimUSanté hospitalier en SimUSanté, praticien médecine d’urgence hospitalier en épidémiologie moment de la grippe aviaire H1N1. Nous l’avons adaptée pour former des aides à la réponse télé- « Ces formations ont phonique dédiées aux patients appelant à propos facilité la mobilité de la Covid et l’avons mise en œuvre grâce à notre plateforme de régulation simulée. » Ces aides ont des personnels été chargées, une fois que l’assistant de régula- tion du Samu avait décroché l’appel, de créer un en leur permettant dossier et de récolter suffisamment d’informa- d’aller travailler plus tions pour ensuite les transmettre au médecin. Conséquence logique : il a également fallu former sereinement dans des médecins et des étudiants pour répondre dans la foulée aux inquiétudes des patients. un environnement pourtant pas très Former à la pratique des tests SimUSanté et Epione se sont ensuite attaqués rassurant. » à la formation des professionnels aux différents Carole Amsallem tests de prélèvements. « Avec là encore, la chance d’avoir déjà les mannequins à disposition puisque nous avions formé des pharmaciens dans le cadre Et le grand public a aussi pu s’appuyer sur de la grippe et de l’angine », ajoute Carole Amsal- Epione pour acquérir de nouvelles connais- lem. Autre avantage : SimUSanté a pu compter sances. « Notre centre a pour vocation de former sur le soutien de l’Anfh aux établissements. « Les tous les acteurs en santé donc évidemment, les plans de formation étaient déjà construits, mais étudiants et les professionnels de santé mais dans le contexte Covid, l’Anfh nous a accompa- aussi les citoyens, rappelle Béatrice Jamault. gnés pour financer des formations supplémen- Nous avons donc mis sur Epione des vidéos sur taires et diffuser ces nouvelles offres à l’ensemble les gestes barrières par exemple. Au départ, il des établissements du réseau », souligne Béatrice fallait expliquer pourquoi porter le masque, Jamault. Et c’est ainsi qu’en un an, SimUSanté comment le porter, comment bien se laver les a mis sur pied et dispensé douze formations mains, etc. » Covid auprès de plus de 1 400 professionnels La plateforme s’adapte à tous les publics, avec et du public. Le nombre moyen de connexions des connaissances plus scientifiques sur le journalières à Epione a quant à lui triplé, pas- virus pour les adultes, jusqu’aux comptines sant de moins de 800 à plus de 2 700. « Ces chantées pour expliquer le lavage de mains aux chiffres prouvent que les formations mises en tout-petits. Pour ceux-ci, une action en présen- place correspondaient à un réel besoin ! », se tiel est même menée : en partenariat avec la félicite Carole Amsallem. Et pas seulement mairie d’Amiens, une quarantaine de « boîtes celui des professionnels du CHU. Des praticiens à coucou », qui révèlent, grâce à une lumière de tout le territoire, y compris d’établissements UV, les zones des mains mal lavées, sont dis- privés, sont venus se former à SimUSanté. tribuées dans les écoles. Et les Atsem (agents 7
↑ territoriaux spécialisés des écoles maternelles) nant, la professionnelle a pu apprécier la sou- Au centre de sont formés au lavage de mains. plesse offerte par l’hybridation des outils de simulation, les formation : « Les deux heures de formation en bénéficiaires de la formation Souplesse et efficacité présence m’ont permis d’acquérir les bons gestes. sont placés en Au final, toutes ces actions ont apporté leur lot Puis les quatre heures de lecture sur Epione m’ont conditions réelles d’enseignements. « Le succès de ces formations fourni des informations complémentaires sur (matériel, tenue) nous a confortés dans notre organisation et nous les contre-indications, les recommandations de et travaillent avec des mannequins a donné l’envie de l’élargir à des sujets comme la HAS, les types de vaccins utilisés, etc. Le gros instrumentés. l’acquisition de nouvelles compétences, tel que avantage, c’est l’autonomie liée au dispositif : il nous l’avons fait sur la vaccination », annonce s’adapte à notre disponibilité, à nos horaires… » Maxime Gignon. Car oui, SimUSanté et Epione Alice Défosse-Waquet a pu mettre ses nouveaux ont également participé à la formation des pro- savoirs en pratique dans la foulée, en participant fessionnels de santé à qui la possibilité de vac- à une action de vaccination massive déployée ciner contre la Covid a été étendue. dans un quartier d’Amiens. Comme les autres Alice Défosse-Waquet, manipulatrice d’électro- professionnels, elle a été rassurée par la forma- radiologie médicale, a par exemple pu en pro- tion suivie à SimUSanté. « Finalement, ces for- fiter. « Comme je suis aussi cadre de santé et mations ont facilité la mobilité des personnels formatrice à l'institut de formation de manipu- en leur permettant d’aller travailler plus serei- lateurs d'électroradiologie médicale, la directrice nement dans un environnement qui pourtant de SimUSanté m’a proposé de participer à la n’était pas très rassurant, estime Carole Amsal- formation sur la vaccination, détaille-t-elle. lem. Nous n’aurions sans doute pas eu autant Évidemment, j’ai accepté. » Passée du côté appre- de renfort dans les services Covid sans elles. » 8
↑ L’action en bref Public Chaque geste est appris et Professionnels de santé, étudiants répété, que ce Objectifs en santé, grand public. soit auprès d’un → Apporter des connaissances mannequin- nouvelles ou actualisées Programme patient ou dans aux professionnels de santé → 12 formations dédiées les phases de préparation face à la crise sanitaire. à la Covid-19. du matériel. → Informer le grand public. → Plus de 1 400 personnes formées au cours de 146 sessions → Maintenir la qualité des en présence. formations en combinant temps en présentiel et formation → De mars 2020 à mars 2021 : à distance. 1 976 cours créés, 50 tutoriels, 20 capsules vidéo de prévention, 2 pages dédiées à la formation et l’information Covid-19. 9
Prix Métiers et compétences sociales et médico-sociales Centre départemental de l’enfance et de la famille – Gironde (Nouvelle-Aquitaine) Mooc « Protection de l’enfance » Les professionnels qui exercent dans le domaine de la protection de l’enfance viennent d’horizon divers et exercent des métiers différents. Mais tous ont besoin des mêmes connaissances pour appréhender leurs missions. Alors, le CDEF de Gironde a mis sur pied un Mooc, gratuit et accessible à tous, pour apporter ces savoirs. Une initiative qui touche un large public, au-delà même du secteur de la protection de l’enfance et des frontières girondines. 11
Prix Métiers et compétences sociales et médico-sociales Un Mooc pour poser les bases de la protection de l’enfance L’établissement Plus de 5 000 inscrits en deux ans, y compris encore faut-il pouvoir le construire ! En 2018, en chiffres de l’étranger. Tel est le succès rencontré par le Thomas Jaux est justement recruté à mi-temps — Mooc (Massive Open Online Course) « Protec- pour s’y consacrer. « La première étape a été de 526 tion de l’enfance ». Celui-ci a été mis au point me former à la plateforme d’hébergement du Nombre par le Centre départemental de l’enfance et de Mooc que nous avions choisi : Moodle, détaille de places — la famille (CDEF) de Gironde, chargé d’accueil- celui-ci, devenu depuis chargé du centre de 17 mois lir en urgence les enfants de 0 à 21 ans, ainsi formation et de la valorisation au CDEF. Puis Durée moyenne que les familles dans le cadre de l’aide sociale il a fallu bien sûr concevoir le contenu de la for- de séjour des à l’enfance (ASE). Or, le plus surprenant, c’est mation. » enfants qu’une telle réussite ne doit rien à la publicité, — 667 « mais ne s’est construite quasiment que grâce au bouche à oreille ! », souligne David Brochard, Huit modules pour couvrir l’indispensable Nombre d’agents directeur de la qualité, des évaluations, du pro- Le choix porte sur un découpage en huit mo- — jet d'établissement, des innovations et du centre dules consacrés : à l’histoire de la protection de 55 de formation du CDEF. Soit la preuve qu’elle l’enfance ; aux textes juridiques fondateurs ; à Nombre de répond à un véritable besoin. l’aide sociale à l’enfance ; au fonctionnement métiers de la justice dans le domaine ; aux différents — Besoin d’unifier les connaissances modes d’accueil ; à l’enfant lui-même ; aux 790 agents ont bénéficié Celui-ci a d’ailleurs été identifié précisément jeunes majeurs et mineurs non accompagnés ; d’au moins par l’établissement à partir de deux constats. et enfin, aux différents partenaires de la pro- une actionde D’une part, les professionnels de la structure tection de l’enfance. Chaque module est décou- formation sont divers et variés, allant des fonctions sup- pé en plusieurs sous-chapitres et allie vidéos, en 2019 port (entretien, sécurité, administratif…) aux personnels éducatifs en passant par les soi- gnants. Et d’autre part, tous n’ont pas les mêmes connaissances en matière de protection de « Il nous fallait donc l’enfance. « Dans la formation initiale de certains créer une formation professionnels, ce domaine n’est que très peu abordé, voire pas du tout, note David Bro- modulable afin chard. En revanche, nous avons des personnels expérimentés, qui sont demandeurs de mises à que chacun puisse jour sur la règlementation. Il nous fallait donc créer une formation modulable afin que chacun y trouver les Page puisse y trouver les connaissances dont il a besoin, connaissances dont précédente quel que soit son métier. » Séance de Contrainte supplémentaire : la formation devait il a besoin, quel que rangement avec des enfants aussi permette de toucher un large public en peu de temps et au fil de l’eau. Un Mooc permet soit son métier. » accueillis au CDEF. de répondre à toutes ces exigences… Mais David Brochard 12
textes et diaporamas, en allant toujours de la vision d’ensemble aux sujets plus techniques, « Le module justice avec des possibilités d’approfondissement pour m’a, par exemple, les volontaires. « La progression se fait ainsi facilement et nous apporte les connaissances beaucoup appris et qu’il nous manquait, témoigne Perrine Larrieu, infirmière au CDEF. Le module justice m’a par David Brochard je comprends mieux exemple beaucoup appris : quand un enfant me directeur du centre de les enfants lorsqu’ils dit qu’il est stressé parce qu’il a une audience, je sais maintenant en quoi cela consiste et cela formation du CDEF me parlent de m’aide à le comprendre. » Pour créer le contenu, le CDEF s’est appuyé sur leurs parcours. » trente professionnels (éducateurs, médecins, Perrine Larrieu avocats, juges, etc.). « Nous voulions que notre Mooc combine l’expérience de nos personnels avec des savoirs universitaires, explique David Brochard. Une telle participation présente en Thomas Jaux outre deux avantages : elle montre d’une part chargé du centre La première session a eu lieu en mars 2019 et de formation que pour bien accompagner les jeunes, il ne faut depuis, le Mooc a été régulièrement mis à jour pas travailler seul mais en réseau, et permet pour être enrichi ou suivre les évolutions de la d’autre part de découvrir ou mieux connaître règlementation. Il rencontre à présent un tel les métiers des uns et des autres à travers leur succès que les formations s’enchaînent en géné- intervention. » Thomas Jaux ajoute : « Nous ral du jour au lendemain et rassemblent en avons aussi fait témoigner d’anciens jeunes ayant moyenne 250 apprenants par mois. « Nous avons suivi un parcours dans la protection de l’enfance. environ 30 % d’étudiants, 25 % de personnes qui Symboliquement, c’est important. » Perrine Larrieu se définissent comme des personnes extérieures infirmière au CDEF à la protection de l’enfance, 1 % de parents de En ligne mais pas isolé mineurs ayant à un moment suivi un parcours En tout, il faut environ 10 h 30 pour suivre de protection de l’enfance et le reste, ce sont des l’ensemble du Mooc, qui comprend un ques- professionnels », détaille Thomas Jaux. tionnaire d’évaluation à la fin de chaque mo- Découverte étonnante : « Nous avons été très dule. Obtenir la moyenne à celui-ci donne surpris de voir à quel point une formation numé- accès au module suivant. Le CDEF a fixé une rique favorise les échanges », révèle David Bro- autre contrainte : celle d’achever la formation chard. Perrine Larrieu abonde : « À l’infirmerie, dans les deux mois sous peine de devoir tout Sandrine Monello nous avons toutes suivi le Mooc à peu près en recommencer. « En ligne, il y a une si grande cheffe de service même temps et lorsque nous revenions au travail, responsable liberté que fixer une limite de temps permet de nous échangions sur ce que nous avions appris. » de l’accueil motiver les gens à terminer la formation », note d’urgence des Sandrine Monello, cheffe de service responsable Thomas Jaux. adolescents de l’accueil d’urgence des adolescents, a elle 13
↑ aussi suivi le Mooc avec son équipe et en a tiré preuves de son succès : il affiche un taux de Plateau de des observations semblables : « Nous sommes satisfaction des apprenants de 97 % et l’univer- tournage d’une une équipe assez ancienne avec des formations sité de Bordeaux l’a rendu obligatoire pour les session du Mooc, auquel trente diverses et des expériences diverses, qui nous étudiants de son DU Protection de l’enfance et intervenants ont donnaient l’impression de savoir beaucoup de pour l’un de ses masters en psychologie. « J’ai contribué. choses. Mais le Mooc a amené des débats sur des également été contacté par le département du sujets auxquels nous ne pensions pas forcément Nord qui voulait y inscrire ses agents et j’ai appris et a remis en question certaines de nos certitudes. que d’autres associations de protection de l’en- Il nous a aussi permis de nous mettre à jour sur fance en France s’en servaient », se réjouit Tho- la règlementation. » mas Jaux. Le CDEF a d’ailleurs fait de même : pour être Une pluie de reconnaissances embauché en CDI ou valider un stage de la Les 1 700 inscrits ayant terminé la formation et fonction publique au sein de l’établissement, obtenu le certificat délivré à la fin du huitième réussir le Mooc est une obligation. Dernier signe module ont d’ailleurs pu observer leur progres- de reconnaissance en date, « je reçois de plus en sion : grâce à un pré-test et un post-test, au cours plus de CV sur lesquels les postulants indiquent duquel les mêmes questions sont posées, les avoir suivi le Mooc », remarque Sandrine Mo- membres du CDEF ont constaté une améliora- nello. Une façon d’anticiper une future em- tion des connaissances de 55 % en moyenne bauche et d’être, grâce à cette formation, sur par apprenant. un pied d’égalité avec les autres professionnels Le chiffre donne ainsi une crédibilité supplé- en matière de connaissances sur la protection mentaire au Mooc et vient s’ajouter aux autres de l’enfance. 14
↑ L’action en bref Public Le Mooc totalise → Professionnels, étudiants, une dizaine d’heures de Objectifs grand public. formation ; il est Proposer une formation gratuite accessible en tout et accessible à tous sur les bases → Un peu plus de 5 000 apprenants. lieu, ce qui facilite historiques, juridiques et son suivi par les apprenants. règlementaires, ainsi que sur → 1 700 certificats délivrés. l’organisation de la protection de l’enfance et les missions Programme de ses différents acteurs. 10 h 30 environ de formation en ligne, à suivre en deux mois maximum. 15
Prix DPC Médical et paramédical Groupe hospitalier Brocéliande-Atlantique (Bretagne) Formation mixte sur la défaillance respiratoire Quand la crise sanitaire débute en 2020, certains services du CH Bretagne-Atlantique (établissement support du GHBA) sont réaffectés à la prise en charge de patients Covid+. Pour aider les professionnels à se protéger tout en gérant au mieux cette situation exceptionnelle, l’établissement met sur pied, en un temps record, un dispositif hybride alliant formation à distance et en présentiel sur la défaillance respiratoire des patients Covid+. 17
Prix DPC médical et paramédical Face à la Covid, l’union fait la force Le centre Le 1er mars 2020, le premier cluster breton est de santé formateur à l’IFPS. Les objectifs inter- hospitalier en identifié, dans le Morbihan. Le centre hospita- médiaires étaient d’identifier précocement les chiffres lier Bretagne-Atlantique (CHBA) de Vannes se signes de détresse respiratoire, de proposer le — 7 établissements retrouve ainsi confronté, dès le début de la crise dispositif d’oxygénation adapté et bien sûr de se font partie du sanitaire en France, à la prise en charge des protéger de la Covid. Sachant qu’au tout départ, GHBA (Groupe patients Covid+ et à la déprogrammation consé- il y avait une certaine méconnaissance du virus. » hospitalier quente d’autres soins. « Nous avons dû hospita- En collaboration avec l’équipe d’hygiène opé- Brocéliande- Atlantique), liser des patients Covid en chirurgie par exemple, rationnelle pour la partie protection, avec le dont le CHBA est dans des services qui n’avaient pas l’habitude Samu et les urgentistes pour le repérage des l’établissement de gérer ce genre de profil, retrace Laurence signes respiratoires et avec la réanimation pour support Derche, coordinatrice générale des soins. Et apporter les connaissances sur les dispositifs — très vite, nous avons ressenti le besoin de rassu- d’oxygénation, l’IFPS et le Cesu 56 créent ainsi 1 407 rer et sécuriser les professionnels dans leur pra- des diaporamas et des capsules vidéo. Au total, lits et places tique. » L’idée d’une formation sur la défaillance un parcours numérique d’une heure et demie dont 117 places d’hôpital de jour respiratoire chez les patients Covid+ est donc environ est mis sur pied en un week-end ! « Tout — lancée. est allé très vite : le mercredi, j’ai initié un temps 422 600 journées Un groupe de travail alliant les cadres de santé, de travail avec mes collaborateurs ; le vendredi, d’hospitalisation le service formation continue et l’IFPS (institut nous avions le cahier des charges et le lundi, la à temps complet en 2019 de formation des professionnels de santé) de formation était opérationnelle ! », se souvient — Vannes établit ainsi un cahier des charges, et Laurence Derche. 3 371 missionne l’IFPS et le Cesu 56 (centre d’ensei- professionnels gnements des soins d’urgence) pour monter Former beaucoup, vite et bien de santé dont une formation innovante qui y réponde. « Nous La première session peut ainsi avoir lieu dès 3 077 agents, avons opté pour un système qui allie la formation le début du mois d’avril. Les premiers formés 216 praticiens, à distance, afin de toucher un maximum d’agents sont les professionnels du service de chirurgie 78 internes sur notre territoire, et la simulation en présentiel, (infirmiers, aide-soignants, kinésithérapeutes, pour renforcer les acquis et mettre les profession- nels en situation », précise Sébastien Jahier, responsable de la formation continue. Un dis- positif rendu possible grâce à la mise en place, un an auparavant, d’une nouvelle plateforme « Très vite, nous avons d’apprentissage numérique… et grâce à la mo- ressenti le besoin bilisation des équipes, conscientes de l’enjeu. Page de rassurer et sécuriser précédente 72 h pour créer une formation hybride Formation « L’objectif principal de la formation était de les professionnels collective à l’ulisation sécuriser la prise en charge des patients Covid+ et de la détresse respiratoire, rappelle Régis dans leur pratique. » du matériel d’oxygénation. Lorguilloux, coordinateur du Cesu 56 et cadre Laurence Derche 18
Cécilia Denys Jean-Baptiste Perron Laurence Derche Régis Lorguilloux Sébastien Jahier infirmière cadre formateur coordinatrice générale coordinateur responsable en chirurgie de l’IFPS des soins du Cesu 56 et cadre de la formation de santé formateur continue à l’IFPS manipulateurs radios, etc.), puis le dispositif est étendu à tous les services en lien avec des « Finalement, la crise patients Covid+ et enfin à l’ensemble des éta- sanitaire aura blissements du GHBA (Groupe hospitalier Bro- céliande-Atlantique, dont le CHBA est établis- été un accélérateur sement support). Au total, plus de 1 000 connexions à la plateforme en ligne auront du changement ainsi lieu entre avril et décembre. 800 profes- dans notre approche sionnels seront formés également en présence au cours de 140 sessions rassemblant six per- pédagogique. » sonnes chacune, grâce à la mobilisation d’une Sébastien Jahier vingtaine de formateurs. « Les cadres ont inscrit leurs agents via l’outil de l’Anfh, Gesform Évolution, poursuit Sébastien Jahier. Le service de formation continue s’est puis à l’ensemble des Ehpad du territoire. « For- chargé ensuite d’envoyer à ceux-ci un code de mer les personnels de santé du milieu médico- connexion pour accéder au contenu à distance social visait à assurer le maintien des résidents puis une convocation pour la partie en pré- en Ehpad et à éviter ainsi des transferts hospi- sence. Gérer une telle organisation a bien sûr taliers qui peuvent être délétères », souligne demandé une forte mobilisation de notre ser- Laurence Derche. vice. » Mais proposer un dispositif à distance en amont de la partie en présentiel a également Des formations directement in situ apporté de nombreux avantages à l’établisse- Cerise sur la gâteau : que ce soit en Ehpad ou à ment, aux professionnels et bien sûr, au final, l’hôpital, la partie présentielle de la formation aux patients, mieux pris en charge. s’est faite directement dans les services pour « D’abord, la formation à distance a fourni des que chacun puisse utiliser son matériel. Selon apports théoriques aux professionnels pour qu’ils des scenarii établis, et grâce à un mannequin puissent se concentrer sur les indispensables lors pour la simulation, les professionnels, au cours de la partie en présentiel, résume Jean-Baptiste d’une session de 2 h 30, ont ainsi pu s’entraîner Perron, cadre formateur de l’IFPS. Ensuite, elle à reconnaître les signes de détresse respiratoire leur a donné de l’autonomie et de la flexibilité et à utiliser le matériel d’oxygénation approprié. pour suivre le parcours avant la mise en situation. Un défi supplémentaire pour les formateurs, Et enfin, elle nous a permis de mettre à jour nos qui ont eu à s’adapter à des lieux, des publics contenus au fur et à mesure de l’évolution des et des niveaux de connaissance différents… connaissances et des recommandations, et même mais les résultats ont été au rendez-vous. du public ciblé. » « Les soignants ont pu regarder les vidéos et relire En effet, avec l’évolution de la crise sanitaire les informations autant que nécessaire, puis et les difficultés apparues, le CHBA a ouvert la compléter ces connaissances grâce à la mise en formation aux Ehpad sous direction commune situation, explique Cécilia Denys, infirmière 19
↑ en chirurgie à l’hôpital. Par exemple, nous des soins. Le mélange à distance-en présence Prise en charge connaissions le matériel de réanimation, mais sera là encore au rendez-vous. « Finalement, la d’un patient en chirurgie, nous ne l’utilisons pas tous les jours crise sanitaire aura été un accélérateur du chan- en service de pneumologie. donc il était important de nous le réapproprier. gement dans notre approche pédagogique », note Ou encore de connaître les seuils d’alerte respi- Sébastien Jahier. ratoire, qui ne sont pas les mêmes chez les pa- Même une épidémie peut apporter une note tients Covid+ que chez les patients que nous avons positive… Ce que confirme Laurence Derche : habituellement. » « Cette crise a aussi révélé la force du collectif. Et Cécilia Denys n’est pas la seule soignante à J’ai retrouvé les valeurs de la fonction publique : avoir apprécié la formation. « Nous avons uti- cette mobilisation collective pour faire face à la lisé, pour la première fois également, l’outil situation et construire ensemble un projet nova- d’évaluation en ligne Klaxoon. Et sur plus de 200 teur. » évaluations laissées par les apprenants, nous avons eu 4,9/5 ! », se réjouit Sébastien Jahier. Un succès à renouveler Fortes de ces résultats, les équipes poursuivent sur leur lancée, mais sur d’autres thèmes. « Nous avons par exemple un projet sur l’accompagne- ment des professionnels en Ehpad dans la prise en charge des personnes âgées, toujours en par- tenariat avec l’IFPS », révèle la coordinatrice 20
↑ L’action en bref Public Entraînement au → Le personnel du GHBA et massage cardiaque sur un mannequin- Objectifs des Ehpad du territoire. patient. → Former les agents à leur protection lors de la prise en → 1 000 connexions. charge des patients Covid+. → 800 agents formés sur → Apprendre à reconnaître les deux supports. la défaillance respiratoire chez ces patients. → 140 sessions de 6 personnes. → Utiliser le matériel Programme d’oxygénation adapté pour 1 h 30 de formation à distance leur prise en charge. via une plateforme numérique + 2 h 30 de formation en présence, dans le service. Budget 100 470 €. 21
Prix ex æquo Amélioration de la qualité des soins et prise en charge des patients Groupe hospitalier Est Réunion (Réunion) Former des référents pour accueillir les patients sourds Accueillir chaque patient dans les meilleures conditions possibles : voilà l’objectif que s’est fixé le GHER en formant des référents en langue des signes. Ils sont ainsi cinq à œuvrer à l’hôpital aujourd’hui pour faciliter la prise en charge des personnes sourdes. Un premier pas, qui pourrait déboucher sur une initiation à la langue des signes plus généralisée parmi les professionnels ainsi que sur la spécialisation encore plus poussée des référents. 23
Prix ex æquo Amélioration de la qualité des soins et prise en charge des patients Former des référents à la langue des signes pour mieux accueillir les patients sourds L’établissement « Lorsqu’un patient entre à l’hôpital, il est déjà devait pas être rassurante. J’ai donc décidé de en chiffre souvent un peu stressé. Or, pour les personnes me former. » Au cours de cette session commune — sourdes, il faut ajouter à cette inquiétude la peur avec Gianny Douba, Catherine Hoarau approche 307 de ne pas réussir à se faire comprendre », soulève Emmanuelle Boyer, directrice et formatrice de Nombre de lits Liliane Rajesson, directrice des soins au Groupe Dowe Formation, l’organisme en charge de la et places — hospitalier Est Réunion (GHER). Et c’est pour formation, et lui expose son souhait de pour- 925 cela que direction, DRH et service de formation suivre individuellement la progression en LSF. Nombre d’agents ont adhéré au projet présenté par quelques « En écoutant, je me suis dit que je voulais aussi — agents motivés : former des référents en langue aller plus loin et que cela pourrait être intéres- 76 des signes française (LSF) pour accueillir au sant d’avancer au sein du GHER pour en faire Nombre de mieux les personnes sourdes. profiter l’établissement et les patients », poursuit personnels L’idée était déjà sous-jacente : depuis 2012, le Gianny Douba. médicaux — GHER proposait une initiation à la langue des Une bonne idée puisqu’à l’hôpital, pour une Environ signes dans son plan de formation. Mais celle- personne sourde, le parcours peut se révéler 30 personnes ci ne durait qu’une semaine et ne permettait compliqué. Il faut soit trouver un accompagnant accueillies d’acquérir que quelques notions... souvent vite qui puisse traduire la langue des signes à l’oral, chaque année effacées, faute de pratique. « J’ai toujours eu soit faire appel à un interprète, en espérant que un intérêt pour la langue des signes, simplement celui-ci soit disponible au moment de la consul- parce que cette communication gestuelle m’inter- tation. Une démarche qui a un coût pour l’hô- pelait, retrace Gianny Douba, technicien supé- pital, qui doit rémunérer l’interprète, et qui rieur hospitalier à la direction des affaires présente en plus ses limites : en cas d’urgence, médicales et aujourd’hui référent LSF au GHER. personne n’est sur place. J’avais donc suivi l’initiation une première fois… Gianny Douba, Catherine Hoarau et Emma- et de nouveau trois ans plus tard puisqu’entre nuelle Boyer décident donc de proposer un temps, j’avais presque tout oublié. Cette fois, projet de formation de référents LSF au sein de l’établissement avait prévu une formation de l’hôpital. « Pour mettre toutes les chances de niveau 2 pour l’année suivante, à laquelle j’ai notre côté, nous l’avons vraiment inscrit dans le aussi participé. » Une rencontre et de la motivation Au cours de cette formation, Gianny Douba « Nous sommes Page rencontre Catherine Hoarau, secrétaire médi- cale au service de gynécologie et obstétrique. au service du patient. précédente Accueil d’un Elle aussi a un intérêt prononcé pour la langue Il nous revient de patient sourd des signes, mais pour une raison différente. dans le service « Un jour, je me suis trouvée face à une patiente nous adapter à lui et administratif, avec traduction des qui n’entendait pas et j’ai été frustrée de ne pas pouvoir l’accueillir comme il se doit, se souvient- non pas l’inverse. » propos en langue des signes. elle. Je me suis dit que pour elle, la situation ne Liliane Rajesson 24
thème de l’accueil et de la prise en charge du patient, souligne Gianny Douba. Mais pas seu- « Idéalement, il lement de celui-ci : avoir des référents LSF peut faudrait que tous également permettre de communiquer avec l’entourage d’un patient ou avec d’autres usagers les agents maîtrisent de l’hôpital. » Catherine au moins les gestes Un plan sur deux ans Hoarau secrétaire de base pour accueillir Le message passe très bien auprès du service formation. « Ils étaient motivés et c’était un beau médicale convenablement projet, qui nous permettait de devenir le premier établissement de l’île à disposer de référents LSF », les patients sourds. » note Corinne Abdallah, chargée de formation Catherine Hoarau à la DRH. Côté direction, l’adhésion est égale- ment au rendez-vous : « Nous sommes au service du patient, expose Liliane Rajesson. Il nous ci se tourneront peut-être plus volontiers vers revient de nous adapter à lui et non pas l’in- le GHER que vers d’autres établissements. Corinne Abdallah verse. » Bonus supplémentaire, les porteurs du chargée de projet étalent leur programme de formation formation Continuer à progresser sur deux ans, afin d’adapter le calendrier à la Du côté des référents, la motivation est là pour disponibilité des agents et de lisser le budget, les accueillir, et pour aller plus loin encore. de 9 990 €, sur un temps plus long. Depuis 2018, Catherine Hoarau, et Gianny Leur proposition est ainsi intégrée au plan de Douba depuis 2020, suivent ainsi une fois par formation 2018 et un appel à volontariat est semaine des cours du soir à titre individuel lancé. Six agents s’inscrivent, dont cinq iront pour progresser encore et pratiquent la LSF une au bout de la démarche, et la formation s’étale fois par mois au sein d’une association. « Je suis de mi-2018 à octobre 2019, à raison d’une jour- Gianny Douba mordue de la langue des signes ! Mon objectif est née d’enseignement par mois environ. Les technicien d’aller jusqu’à l’interprétariat et de pouvoir supérieur, apprenants acquièrent du vocabulaire général encore mieux aider et accompagner les personnes référent LSF mais aussi propre au milieu hospitalier. sourdes. Ce serait bien sûr idéal de pouvoir le L’objectif ? Pouvoir accompagner un patient faire grâce à des formations au sein de l’hôpital. », sourd de son entrée à l’hôpital, dans les dé- témoigne Catherine Hoarau. marches administratives, jusqu’en consultation Un projet réaliste car le soutien de la direction, puis à la sortie. Une petite dizaine de patients très apprécié des porteurs de projet, est toujours ont ainsi d’ores et déjà pu profiter de ce service… au rendez-vous. Pour leur permettre de conser- mais ce nombre pourrait augmenter. Sur l’île, ver au moins leurs acquis, une formation de environ 34 000 personnes sont sourdes, et, une 60 h intitulée « Actualisation des connaissances » Liliane Rajesson fois que la communication externe sur le service directrice des a été mise en place par l’établissement en 2020 des référents LSF aura été mise en place, celles- soins et sera reconduite chaque année. « Et s’ils veulent 25
↑ continuer à progresser, nous les accompagnerons, infirmière du service de chirurgie ambulatoire Gianny Douba, annonce Liliane Rajesson. Leur investissement ont été formées. « L’objectif à terme serait de l’un des cinq facilite la communication entre soignants et toucher l’ensemble des pôles soignants de l’hôpi- référents LSF, accompagnant soignés, et il nous permet de répondre aux exi- tal, y compris au niveau des médecins afin un patient sourd gences de la règlementation en matière d’égalité d’assurer la continuité de l’accompagnement des lors d’un rendez- des chances et de droits des patients. » patients sourds tout au long de la chaîne de soin », vous médical. estime Gianny Douba. Généraliser l’initiation Catherine Hoarau, rêve, elle, d’une initiation « En outre, avoir ce groupe moteur créé une sorte pour tous : « Tous les agents devraient maîtriser d’émulation dans les services de soins », reprend au moins les gestes de base pour accueillir conve- Liliane Rejasson. Le GHER a ainsi initié en 2020 nablement les patients sourds. » Une démarche à la LSF une secrétaire médicale, deux agents qui va prendre quelques années mais qui donne du bureau des entrées et trois soignants des d’ores et déjà de nouvelles idées à la direction urgences. « Ce sont des publics cibles pour nous du GHER. « À la Réunion, nous avons aussi des car ils sont en première ligne pour l’accueil des patients de Mayotte, qui parlent le shimaoré, patients, souligne Corinne Abdallah. Et ils ont détaille Corinne Abdallah. Il faudrait que nous eux aussi envie de passer au niveau supérieur. » fassions progresser nos agents sur cette langue Pour l’instant, les cinq référents œuvrent dans aussi. » Car comme le rappelle Gianny Douba : différents services puisqu’en plus de Gianny « Accueillir et prendre en charge les patients Douba et Catherine Hoarau, une auxiliaire de quelles que soient leurs spécificités, c’est tout puériculture du service de pédiatrie, une aide- simplement s’inscrire dans les missions du service soignante sur le plateau de chirurgie et une public. » 26
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