Prix du Jury oecuménique de la bande dessinée 2019
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Prix du Jury œcuménique de la bande dessinée 2019 Le prix 2019 du Jury œcuménique de la bande dessinée est attribué à Carolina de Barbosa et Pinheiro et la mention spéciale à La troisième population de Ducoudray et Pourquié. Carolina raconte l’histoire vraie de Carolina Maria de Jesus (1914-1977). Cette femme noire vivant dans une favela de São Paulo au Brésil écrivait sur son quotidien. Un journaliste la découvre par hasard et réussit à faire éditer ses notes. Le livre connaît un grand succès et est publié chez Stock en 1962 sous le titre Le Dépotoir. Après une période de réussite et d’aisance financière, Carolina est retombée dans l’anonymat et a retrouvé une vie modeste. « Le sujet a plus plu que le graphisme, reconnaît Jean-Pierre Molina, pasteur et président du jury. Nous avons laissé notre cœur aller vers le sujet. Ce thème valait la peine d’être souligné. » La mention spéciale revient à La troisième population, une enquête sur un hôpital psychiatrique près de Blois qui offre une grande liberté dans un lieu fermé. « Le dessin est maîtrisé et le scénario bien monté et la démarche qui vise à traiter ce genre de sujet n’est pas courante en BD », souligne Jean-Pierre Molina. Le prix sera remis pendant le Festival de la BD, le jeudi 24 janvier à 15 h, à Angoulême. Inspiré du Jury œcuménique du Festival de Cannes, le Prix œcuménique de la bande dessinée vise à souligner la production d’un auteur peu connu ou d’une une œuvre qui a retenu l’attention pour ses qualités esthétiques et humaines. « C’est une manière pudique de parler de valeur biblique ou évangélique », explique Jean-Pierre Molina. Le choix de ces titres a été fait parmi une sélection de treize ouvrages publiés
entre octobre 2017 et octobre 2018. Les neuf membres ont choisi ces ouvrages après de nombreuses heures de discussions. À lire Carolina, Sirlene Barbosa et João Pinheiro, Presque Lune, 2018, 112 p., 17 € La troisième population, Aurélien Ducoudray et Jeff Pourquié, Futuropolis, 2018, 112 p., 19 € Martin Luther en BD L’enthousiasme n’est pas feint. Le Festival international de la BD d’Angoulême, qui se déroulera du 26 au 29 janvier, est devenu un véritable catalyseur de créativité et d’énergie. L’édition 2017, qui coïncide avec la commémoration des 500 ans de la Réforme, a donné aux paroisses protestantes locales (Église évangélique libre et Église protestante unie) une raison supplémentaire d’investir et de s’investir dans une action commune. Aussi ont-elles créé l’Association protestante pour la valorisation de la BD afin de structurer l’existant et de proposer une exposition inédite : « D’un Martin à l’autre ». Une brève histoire protestante de la liberté de conscience qui présente au grand public l’apport de Martin Luther en l’articulant à celui de Martin Luther King.
Les cases et les bulles Le rapport avec les cases et les bulles ? Les 12 panneaux ont été conçus autour de deux albums. D’une part Martin Luther, une BD de Filippo Cenni qui sortira prochainement chez Glénat. L’éditeur, qui fait partie des grandes maisons sur ce créneau méconnu mais bien aimé du public, a accepté de soutenir l’événement. Alternant explications historiques et reproductions de planches, cette première partie permettra de voir l’évolution du crayonné initial vers la version finale. L’auteur sera présent pour dédicacer les 200 originaux offerts aux lecteurs qui précommanderont la BD. Quant au second volet, consacré au leader du mouvement des droits civiques pour les Noirs aux États-Unis, il a été tiré de la BD collective Wake up America publiée par Rue de Sèvres. Il n’y aura pas de commentaire, mais une sélection d’une vingtaine de planches suffisamment explicites pour retracer un combat toujours à mener. La table ronde qui se tiendra le 26 janvier, animée par Nathalie Leenhardt, directrice de la rédaction de Réforme, se penchera sur la désobéissance civique, de la liberté de conscience aux lanceurs d’alerte aujourd’hui. De même, le concert dessiné (piano et vidéoprojection de dessins réalisés en direct) aura pour thème « I have a dream ». « L’exposition elle-même ne se veut pas qu’historique. Il ne s’agit pas seulement de dire que ces figures ont compté mais ce que le message de l’Évangile peut changer dans nos vies », insiste Thomas Chamard. Le président de l’association souligne la double volonté de s’inscrire dans la vie de la ville et de communiquer autour de la foi avec un contenu accessible à tous. « La BD, grâce à l’image, a le pouvoir de parler au plus grand nombre », précise-t-il. Une analyse que ne dément pas Roland Francart : « La BD n’a pas autant de rayonnement qu’un film mais elle reste du cinéma sur papier et a de l’impact », affirme le fondateur du Centre religieux d’information et d’analyse de la BD à Bruxelles. Depuis une dizaine d’années, et encore plus en 2016, ce père jésuite spécialiste du 9e art, note un intérêt croissant de la part de grands éditeurs pour la BD chrétienne. « Que ce soit pour des adaptations de la Bible ou des sujets spirituels, ils se rendent compte que cela intéresse tout le monde. » Le dernier album de Zep, Un bruit étrange et beau, paru chez Rue de Sèvres, en témoigne. Malgré tout, les commerciaux restent frileux et la BD chrétienne est sous- employée, selon lui.
Cependant, « les protestants sont plus conscients de la BD comme outil de communication. Ce n’est pas uniquement un livre mais aussi un objet de partage. C’est difficile à expliquer mais on ne retrouve pas forcément cela dans les éditions catholiques », constate Sean O’Brien. Ce dessinateur d’origine irlandaise et catholique a eu l’occasion de répondre, entre autres projets éditoriaux, à des commandes de la part du monde protestant. Avec malice, il croque les défauts ou les déviances des religions et ne craint pas d’aborder la question de la place des femmes. L’image alliée à l’humour permet sinon de tout dire, du moins d’en dire beaucoup… Quant à savoir si la BD est devenue un moyen d’évangélisation, Roland Francart n’hésite pas à répondre par l’affirmative. Les auteurs sont, évidemment, plus partagés. Ainsi Brunor, auteur catholique des Indices pensables, chez Salvator, partage-t-il les pépites que sa quête de sens met sur son chemin : « Je ne peux pas garder pour moi quelque chose qui a l’air d’être vrai et de correspondre à une attente. C’est naturel. » Pour permettre à un maximum de gens de découvrir ou de pénétrer plus avant cet univers aux confins de la BD et du christianisme, l’exposition du temple d’Angoulême a été conçue pour être transportable et tourner dans toutes les Églises de France intéressées.
À voir/À lire Plus d’informations sur l’exposition, sa location et les autres rendez-vous : apvbd(at)laposte.net 06 30 33 26 49. www.bdchretienne.net La BD chrétienne, Roland Francart, Cerf, 1994.
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