Propositions d'actionnaires - 2004 sociales, environnementales et sur la régie d'entreprise - Groupe Investissement ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Propositions d’actionnaires sociales, environnementales et sur la régie d’entreprise au Canada et aux États-Unis 2004 Groupe investissement responsable, une division de Demers Conseil Inc. 30 janvier 2004
Table des matières Table des matières ........................................................................................................ 2 Introduction .................................................................................................................. 3 1. Propositions d’actionnaires à caractères sociales ............................................................ 6 1.1 Adoption de codes de conduite basés sur les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT) .............................................................................................................. 6 1.2 Diversité en emploi ............................................................................................. 15 1.3 Adoption des China Business Principles .................................................................. 20 1.4 SIDA dans les compagnies pharmaceutiques, manufacturières et pétrolières ..... 23 2. Propositions d’actionnaires à caractères environnementales .......................................... 25 2.1 Changements climatiques .................................................................................... 25 2.2 Organismes génétiquement modifiés ..................................................................... 31 2.3 Rapports de développements durable GRI .............................................................. 35 2.4 Évaluation du risque environnemental dans les banques .......................................... 37 3. Propositions d’actionnaires sur la régie d’entreprise ..................................................... 39 3.1 Élection du conseil d’administration ....................................................................... 39 3.2 Responsabilités du chef de la direction................................................................... 42 3.3 Divulgation des transactions d’initiés ..................................................................... 45 3.4 Rémunération des dirigeants ................................................................................ 47 3.5 Vérification comptable ......................................................................................... 53 3.6 Structure de l’actionnariat .................................................................................... 56 Annexe ...................................................................................................................... 58 Annexe 1 : La Chine : Principes d’affaires (China Business Principles) ............................. 58 Annexe 2 : Propositions aux États-Unis portant sur la rémunération des dirigeants ........... 59 Annexe 3 : Rapport financiers ................................................................................... 64 Annexe 4 : Légende des proposeurs ........................................................................... 66 2
Introduction Le scandale de Conrad Black ouvre une saison d’assemblées d’actionnaires qui s’annonce houleuse en 2004. Nous avons pu recenser 515 propositions qui seront soumises à des entreprises nord-américaines cette année. Trente-cinq pour cent de celles-ci portent sur la rémunération des dirigeants, qui est sans conteste l’enjeu dominant. Trente-trois pour cent portent sur des questions sociales et environnementales diverses (voir le tableau qui suit). Ces propositions à portée sociale proviennent maintenant de grands fonds de pension publics, de fonds éthiques et de communautés religieuses. Au Canada, la rémunération des dirigeants sera encore au cœur des débats grâce en particulier à des propositions soumises par le fonds de pension du grand syndicat nord- américain des Carpenters. La question des délits d’initiés sera aussi à l’ordre du jour, particulièrement à travers une proposition soumise aux banques par l’APEIQ demandant qu’une notification soit publiée dix jours avant les transactions d’initiés. L’enjeu environnemental des émissions de gaz à effet de serre (GES) sera présent au sein des assemblées d’actionnaires des sociétés pétrolières et des banques canadiennes. Une nouveauté, soit la question de la présence des femmes au sein des conseils d’administration, fait l’objet de propositions visant deux entreprises canadiennes. Aussi, une compagnie minière canadienne présente en Afrique, LionOre, est visée par une proposition relative à l’accès pour ses employés à des soins contre le SIDA. Le GIR publie cette année un rapport prévisionnel dans un nouveau format mettant davantage l’accent sur l’analyse des principaux enjeux des assemblées à venir. De plus, le rapport de cette année présente aussi plusieurs des entreprises faisant l’objet de pressions des actionnaires sans pour autant qu’il y ait de propositions d’actionnaires. On indique dans ces cas qu’il y a « dialogue ». Par ailleurs, le GIR a renforcé sa couverture vis-à-vis des enjeux de bonne gouvernance en couvrant l’ensemble des propositions canadiennes et américaines portant sur ce sujet. Proposition Quantité Environnement 65 Changements climatiques (risques ou énergies renouvelables) 23 Compensation pour les Équatoriens touchés par la contamination de la forêt 1 Élimination d'agents de conservation 1 Élimination du plastique synthétique 1 Émissions de GES 2 Forage en Alaska 2 Pesticides 1 Produits dérivés 1 Protection des forêts anciennes 1 Rapport environnemental 4 Rapport OGM 9 Rapport sur l'eau 1 Rapport sur les frais de décontamination (BPC) 1 Rapport sur les polluants toxiques 2 Rapport sur les risques environnementaux et sociaux 1 Rapport sur les risques liés à l'entreposage de matières radioactives 1 Rapport sur l'impact de Bhopal 1 Rédaction d'un rapport de développement durable à partir des critères de la 11 GRI Réduction de produits toxiques 1 3
Social 54 Adopter une politique des droits humains 3 Adoption des China Business Principes 5 Adoption du code de conduite sur la base des normes de l'OIT 12 Diversité en emploi - politique de non-discrimination fondée sur l'orientation 5 sexuelle Diversité en emploi - présence des femmes aux CA et postes de haute 11 direction Équité en emploi 3 Équité salariale 1 Achat de terrains 1 Code OIT et rapport développement durable 5 Rapport sur le café 1 Adoption des standards fournisseurs 1 Diversité dans la salle des nouvelles 1 Équité en embauche 1 Activités en Birmanie 1 Rapport standards fournisseurs 1 Impact de la fusion 2 Santé 38 Environnement sans fumée 2 Augmenter l'accès aux médicaments 6 Contribution politique des compagnies pharmaceutiques 4 Investissement dans le tabac 5 Pas de cigarettes dans les films 4 Rapport VIH 13 Risques de la cigarette pour les femmes enceintes 1 Risques reliés aux filtres des cigarettes 1 Risques pour la santé des cigarettes légères 1 Utiliser les avertissements sur les paquets comme au Canada 1 Militaire 10 Rapport sur matériel militaire espace 3 Ventes à Israël 1 Ventes militaires à l'étranger 1 Critères éthiques de vente militaire 5 Services financiers 6 Prêt usuraire 2 Prêts aux prisons 1 Réinvestissement local à l'étranger 3 4
Gouvernance 342 Rémunération des dirigeants 181 Achats d'actions basés sur la performance 1 Actions subalternes 40 Disparité de salaires 6 Endettement des administrateurs 1 Indépendance du comité sur la rémunération 1 Indépendance du conseil d'administration 2 Inscrire les options d'achat d'actions parmi les dépenses de l'entreprise 31 Options d'achat d'actions basées sur la performance 1 Parachute doré 18 Prime additionnelle à la retraite 11 Rémunération basée sur la performance 3 Rémunération des cadres supérieurs 66 Élection du conseil d'administration 11 Élection annuelle du conseil d'administration 8 Communication du conseil d'administration 1 Indépendance des sous-comités du CA 1 Indépendance du comité d'évaluation des risques 1 Vérification comptable 114 Indépendance des vérificateurs 35 Ratification des vérificateurs 79 Responsabilité du chef de la direction 21 Indépendance du président du conseil d'administration 2 Séparer les fonctions chef de la direction / président du CA 19 Structure de l'actionnariat 2 Vote démocratique 1 Vote cumulatif 1 Transactions d'initiés 1 Transactions d'initiés 1 Autres 12 Non rétrocession d'actions 1 Rapport des transactions entre compagnies reliées 1 Confidentialité des renseignements personnels 1 Contributions politiques 7 Règle de diffusion 2 5
1. Propositions d’actionnaires à caractères sociales 1.1 Adoption de codes de conduite basés sur les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT) Proposition Les proposeurs demandent généralement les éléments suivants : l’adoption d’un code de conduite sur la base des principes fondamentaux de l’OIT ; l’implantation d’un système de vérification externe et indépendant pour s’assurer du respect du code de conduite par les sous-traitants et fournisseurs ; la production d’un rapport annuel démontrant le respect du code de conduite dans un processus indépendant et transparent, à commencer en 2004. Compagnies visées (États-Unis) Quatorze entreprises américaines, principalement dans le secteur du détail, sont visées en 2004 par ce type de proposition. Contrairement aux années 1990 où les entreprises du secteur du vêtement étaient très ciblées par des propositions d’actionnaires, les investisseurs semblent viser, depuis quelques années, les compagnies dans le secteur du détail. Cette tendance peut s’expliquer par le fait que les diverses campagnes de pression des investisseurs ainsi que des groupes de défense des travailleurs sur les grandes entreprises à marque dans le secteur du vêtement ont commencé à porter des fruits aux États-Unis. En effet, plusieurs des grandes entreprises telles que Nike, Reebok, Gap et autres ont accepté de se doter de codes de conduite sur la base des normes de l’OIT, ainsi que de mécanismes de vérification indépendants. Plusieurs de ces entreprises, jadis visées par des campagnes d’actionnaires, continuent d’ailleurs de dialoguer avec les investisseurs sur ces questions. Dans le premier tableau qui suit figurent les compagnies américaines visées par une proposition d’actionnaires sur les codes de conduite pour l’année 2004. Le deuxième tableau regroupe les entreprises faisant partie de groupes de dialogue avec les investisseurs. Tableau 1. Les propositions des actionnaires Compagnies Secteurs Proposeurs Statut Big Lots Détail Aaron Merle Epstein proposition Delphi Automotive électronique ICCR proposition Systems ExxonMobil Pétrole AFL-CIO, Amnistie proposition Internationale, ICCR et 99 Cents Only Stores Détail Aaron Merle Epstein proposition Saks Détail Aaron Merle Epstein proposition V.F. Vêtement NY City Pension Funds et proposition ICCR Wal-Mart Détail ICCR proposition TJX Détail ICCR proposition Dillard Détail ICCR proposition 6
Colgate-Palmolive Biens de ICCR proposition consommation Visteon Automobile ICCR proposition Sara Lee Vêtement ICCR proposition General Electric Transport ICCR proposition Yum Brands Alimentation ICCR proposition Tableau 2. Les groupes de dialogue Compagnies Secteurs Proposeurs Statut Disney Jouets ICCR Dialogue Federated Department Détail ICCR Dialogue Stores Mattel Jouets ICCR Dialogue May Department Détails ICCR Dialogue McDonald Alimentation ICCR Dialogue Nike Vêtements ICCR Dialogue Phillips-Van-Heusen Vêtements ICCR Dialogue Pier 1 Imports Détail ICCR Dialogue Sears Roebuck Détail ICCR Dialogue Gap Vêtements ICCR Dialogue Target Détail ICCR Dialogue Toys R Us Jouets ICCR Dialogue Faits saillants au Canada Au Canada, aucune compagnie n’est pour le moment visée en 2004 par une proposition d’actionnaires sur l’adoption d’un code de conduite. Cependant, il est important de souligner les faits saillants des campagnes sociales des actionnaires au Canada depuis 2001, visant particulièrement la Compagnie de la Baie d’Hudson ainsi que Sears Canada et Gildan. Compagnie de la Baie d’Hudson : dialogue avec les actionnaires En 2003, et ceci pour une troisième année consécutive, des investisseurs canadiens, dont la caisse de retraite du Syndicat des Pompiers du Québec (Section locale LaSalle/Verdun), s’apprêtaient à déposer une proposition d’actionnaires à l’assemblée annuelle de l’entreprise. Dans cette proposition, les actionnaires demandaient à la compagnie de rendre conforme son code de conduite aux normes fondamentales de l’Organisation internationale du travail et de se doter d’un mécanisme de surveillance indépendant. Cette troisième proposition arrivait après une campagne médiatique particulièrement vigoureuse, menée par une large coalition d’actionnaires, d’ONG et d’organisations syndicales (dont la FTQ), sur les conditions de travail dans les usines sous-traitantes de la Baie au Lesotho, en Afrique. La proposition d’actionnaires déposée en 2002 a d’ailleurs recueilli le soutien de 38 % des investisseurs, un pourcentage record de votes en faveur de ce type de proposition. Or, en mars 2003, la Compagnie de la Baie d’Hudson a finalement accepté les propositions des actionnaires d’amender son code de conduite dans le sens des normes de l’OIT et la Baie est devenue la première entreprise publique et le premier détaillant au Canada à publier un rapport social sur ses activités de production internationales. Un dialogue est actuellement en cours entre les investisseurs et la Compagnie de la Baie d’Hudson sur les modalités d’implantation de son code de conduite. 7
Sears Canada : dialogue avec les actionnaires Lors de l’assemblée annuelle de Sears Canada, qui se tenait le 22 avril à Toronto, la proposition visant la politique d'achat de l'entreprise aurait obtenu le soutien de 7,7 % des voix. Cette proposition, présentée pour une troisième année consécutive, n’a pas reçu un appui suffisant (10 %) pour pouvoir être soumise de nouveau en 2004. En dépit de ces résultats décevants, les proposeurs conservent l’espoir que la société modifiera sa position. Pour commencer, il faut noter qu’en excluant le vote de Sears Roebuck, les actionnaires minoritaires ont voté à 26 % en faveur de la proposition. D’autre part, des développements intéressants survenus chez Sears Roebuck aux États-Unis, qui détient 54 % de Sears Canada, ainsi que chez la Compagnie de la Baie d'Hudson, ont redonné confiance aux proposeurs quant à la poursuite des discussions avec Sears Canada sur sa politique d’achat. Ainsi, dans une lettre adressée à Christian Brothers Investment Services, Sears Roebuck a accepté, en échange du retrait de la proposition d’actionnaires, de rencontrer les parties intéressées afin de discuter de l’intégration des normes de l’Organisation internationale du travail à sa politique d’achat, incluant la liberté d’association et le droit de négocier collectivement, l’interdiction du travail forcé, l’équité salariale, l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession et l’âge minimum d’admission à l’emploi. L’entreprise a également consenti à discuter de la faisabilité et de l’intérêt d’implanter un programme de vérification indépendante, ainsi que de la façon de faire rapport aux actionnaires. Conséquemment, les proposeurs ont décidé de retirer leur proposition. Gildan : les allégations de congédiements pour activités syndicales continuent La compagnie de vêtements montréalaise a connu une année 2003 très tumultueuse. Deux événements importants sont à retenir : d’abord, le Fonds de Solidarité (FTQ), après un dialogue de plus de deux ans avec l’entreprise, a décidé de désinvestir à la suite des allégations de violations de la liberté syndicale dans une usine de production au Honduras. Ensuite, une plainte a été déposée par l’ONG canadienne le Maquila Solidarity Network auprès de la Fair Labor Association (FLA), un organisme de certification auquel Gildan a adhéré en octobre 2003. Selon cette ONG, les faits démontrent une tendance générale de violations de la liberté syndicale dans les usines de Gildan au Honduras. D’ailleurs, toujours d’après ce groupe, depuis novembre 2002, 152 travailleurs auraient été congédiés dans deux usines de production au Honduras en raison d’activités syndicales Si la FLA décide, à la suite de la plainte, de faire enquête, les conclusions de cette dernière pourraient enfin faire la lumière sur les allégations de violations de la liberté syndicale visant Gildan depuis 2002. Analyse des enjeux reliés à l’adoption d’un code de conduite Introduction Depuis la fin des années 1990, une quarantaine d’entreprises sont visées en tout aux États- Unis et au Canada en ce qui a trait aux conditions de production chez leurs fournisseurs et sous-traitants et ceci particulièrement dans les pays en voie de développement. Sont particulièrement visées par ces propositions les entreprises œuvrant dans des secteurs à risque, tels ceux du vêtement, du commerce de détail et de l’électronique, dont la production est effectuée dans des pays réputés pour les mauvaises conditions de travail. Les compagnies œuvrant dans ces secteurs s’exposent à plusieurs types de risques financiers : des risques d’image et de réputation, souvent à la suite de révélations médiatiques sur les mauvaises conditions de production ; des risques légaux, dans le cas de poursuites de la part de 8
travailleurs (ex : Coca-Cola et Unocal. Voir ci-dessous) ; ou d’autres risques financiers reliés aux campagnes de boycotts de consommateurs et au désinvestissement des actionnaires (ex : Gildan). Les entreprises peuvent cependant minimiser ces différents risques en se dotant d’un code de conduite crédible. Les enjeux de crédibilité autour des codes de conduite Concernant la question de l’adoption d’un code de conduite, trois éléments importants de crédibilité sont à prendre en considération : 1. Le contenu du code de conduite : est-il basé sur les normes fondamentales de l’OIT ? S’il est vrai que de plus en plus d’entreprises se sont dotées de codes de conduite depuis plusieurs années, certains de ces codes ne sont pas perçus comme étant crédibles aux yeux des investisseurs éthiques ainsi que des groupes de défense des travailleurs. Créée en 1919 et ayant adopté plus de 180 conventions, l’OIT, une organisation tripartite composée de représentants d’États (175 États membres), d’employeurs et de travailleurs, considère huit principes fondamentaux du travail comme étant des préalables à tous les autres dans l’amélioration des conditions de travail. Ces principes sont les suivants : 1 la liberté d’association et la négociation collective (conventions 87 et 98 ratifiées, respectivement, par 139 et 151 pays) Plusieurs entreprises justifient leur refus d’adopter ces principes par le fait que certains de ceux-ci vont à l’encontre des lois locales de pays dans lesquels elles ont des activités de production. C’est le cas, souvent cité, du respect de la liberté d’association dans des pays tels que la Chine. En effet, les lois chinoises du travail ne reconnaissent pas la liberté d’association et il n’existe aucun syndicat indépendant et non contrôlé par le gouvernement. Les lois chinoises ne reconnaissent qu’un seul syndicat appuyé par le gouvernement, le All China Federation of Trade Unions (ACFTU), et il est interdit, de par la Constitution, de participer à des activités de grève. Cependant, il est possible pour les travailleurs de former des comités indépendants sur la santé et sécurité dont ils élisent les membres. D’ailleurs, des comités de santé et sécurité au travail ont été mis en place en Chine dans trois usines qui fabriquent des chaussures pour Reebok et Nike. En 2001, une coalition d’ONG et 2 d’investisseurs a d’ailleurs organisé la formation en santé et sécurité pour préparer les membres des comités à jouer leur rôle, dans leur usine. Ces comités comptent, parmi leurs membres actifs, des travailleurs de la chaîne de fabrication issus de différents services. Il s’agit probablement de la première fois, dans l’histoire récente de la Chine, que de tels comités, impliquant des travailleurs comme membres actifs, sont établis. 1 1 La convention C87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical stipulant que : «les travailleurs […] ont le droit sans autorisation préalable, de constituer des organisations de leur choix, ainsi que celui de s’affilier à ces organisations […] d’élire librement leurs représentants, d’organiser leur gestion et leur activité, et de formuler leur programme d’action» (articles 2 et 3). La convention C98 sur le droit d’organisation et de négociation collective stipule le droit des travailleurs de « bénéficier d’une protection adéquate contre tout acte de discrimination tendant à porter atteinte à la liberté syndicale […]» (article1) et la prise de mesures nécessaires pour «encourager et promouvoir le développement et l’utilisation les plus larges de procédures de négociation volontaire de conventions collectives […]» (article 4). 2 Maquiladora Health & Safety Support Network co-ordinating Committee. 9
Les violations de la liberté syndicale rapportées par les organisations de défense de travailleurs sont nombreuses et touchent des pays tels que la Chine, le Mexique, la Colombie, le Honduras, Haïti, etc. Prenons l’exemple de la Colombie. La Colombie est un pays déchiré par une guerre civile où, en 2001 seulement, 20 personnes étaient tuées tous les jours, majoritairement au travail 3 ou à la maison . Selon la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), sur les 213 syndicalistes assassinés ou portés disparus en 2002 à travers le monde, 184 ont été dénombrés en Colombie. En 2001, une poursuite a été intentée contre la compagnie Coca-Cola pour les activités d’exploitation de ses franchises d’embouteillage en Colombie. En effet, la poursuite, déposée le 4 20 juillet 2001 par les Métallurgistes unis d’Amérique et le International Labor Rights Fund , ne visait pas seulement les franchises d’embouteillage sud-américaines Panamerican beverages, Inc. et Bebidas y Alimentos, mais aussi Coca-Cola Company. Les faits pour lesquels les parties étaient poursuivies consistaient à avoir engagé des groupes de 5 paramilitaires dans le but d’assassiner un dirigeant syndical appartenant au SINALTRAINAL et de causer la détention illégale, le kidnapping, la torture et l’intimidation de six autres dirigeants syndicaux appartenant au même syndicat. Ces dirigeants travaillaient tous pour les franchises d’embouteillage de Coca-Cola Company en Colombie. Même si une cour états- unienne de première instance a rejeté, le 31 mars 2003, la poursuite contre la compagnie Coca-Cola, elle a autorisé celle contre les deux embouteilleurs colombiens. En 2003, la centrale syndicale américaine AFL-CIO a déposé une proposition d’actionnaires visant Coca-Cola Company et demandant à l’entreprise de faire respecter son code de conduite par ses franchises d’embouteillage pour ses activités en Colombie. La proposition ne sera pas soumise de nouveau en 2004, car la compagnie a accepté de dialoguer avec les investisseurs sur cette question. 6 l’élimination du travail forcé (conventions 29 et 105 ratifiées , respectivement, par 160 et 155 pays) Le travail forcé existe toujours dans plusieurs pays et peut prendre différentes formes telles que l’embauche de prisonniers ou de personnes liées par un contrat d’apprentissage, une dette ou autrement. La Birmanie est un exemple de pays ayant recours au travail forcé. La compagnie pétrolière américaine Unocal est actuellement poursuivie aux États-Unis par des 7 citoyens birmans en vertu de l’Alien Tort Claims Act . En fait, Unocal s’est associée, en 1994, à 8 un projet de construction d’un pipeline (Yadana) en Birmanie. Dans cette poursuite, Unocal est accusée de complicité dans les violations des droits humains commises par l’armée birmane chargée de protéger le gazoduc. Il faut dire que l’armée birmane est accusée par 3 Bureau International des Droits de l’Homme- Action Colombie, janvier 2002. 4 Une ONG américaine : www.laborrights.org 5 Syndicat colombien représentant les travailleurs dans les secteurs de boisson et de l’alimentation. 6 Les conventions C29 et C105 interdisent le recours au travail forcé sous toutes ses formes. 7 L’Alien Tort Claim Act, une loi américaine datant de 1989, permet, entre autres, à un citoyen non américain de poursuivre une entreprise américaine pour violation des lois internationales ou des conventions ratifiées par les États-Unis. 8 Ce projet, initialement entrepris par la pétrolière française TotalFinaElf, regroupait Total Myanmar Exploration and Production (TMEP), Unocal Myanmar Offshore Compagny (UMOC), Petroleum Authority of Thailand Exploration & Production Public (PTTEP) et Myanmar oil and Gas Enterprise (MOGE). 10
9 plusieurs organisations internationales de recourir au travail forcé, à des déplacements forcés des populations, à des exécutions et détentions arbitraires, à la torture, etc. En mai 2002, le Longview Collective Investment Fund a déposé une proposition d’actionnaires demandant le respect des normes de l’OIT et faisant référence aux activités fort controversées de la compagnie en Birmanie. Le proposeur soulignait en particulier le risque que Unocal puisse être associée directement ou indirectement aux violations commises par l’armée birmane et, conséquemment, que sa réputation soit ternie. L’American Federation of Labor – Congress of Industrial Organizations (AFL-CIO), qui représente 13 millions de travailleurs, a soutenu la proposition et demandé à l’entreprise de revoir ses projets de nouveaux investissements en Birmanie. La proposition a reçu un appui de 31 % des votes. Même si l’entreprise reste toujours controversée en raison de sa présence en Birmanie, Unocal a depuis adopté les normes de l’OIT et continue le dialogue avec les investisseurs. 10 l’élimination de la discrimination en emploi (conventions 100 et 101 ratifiées, respectivement, par 157 et 155 pays) Selon le Bureau international du travail (BIT), bien que les formes les plus évidentes de discrimination au travail se soient atténuées, elles demeurent bien présentes et prennent de nouvelles formes plus sournoises et de plus en plus préoccupantes. La discrimination fondée sur le sexe, l’âge, la religion, de même que celle exercée à l’égard des personnes atteintes du VIH/sida, ont particulièrement retenu l’attention du BIT en raison de leur persistance ou leur présence grandissante. 11 l’élimination du travail des enfants (conventions 138 et 182 ratifiées, respectivement, par 116 et 117 pays) Selon l’Organisation internationale du travail, il y aurait actuellement 250 millions d’enfants travailleurs dans le monde, qui se répartissent de la manière suivante : 60 % en Asie, 32 % en Afrique et 7 % en Amérique latine. Sur 100 enfants dans le monde, 16 travaillent (dont 12 sont impliqués dans les pires formes de travail, c’est-à-dire le travail forcé, l’esclavage, la prostitution, etc.). Cent soixante-dix millions d’enfants effectuent des travaux dangereux et huit millions d’entre eux sont touchés par les pires formes de travail. Même s’il est difficile d’envisager l’élimination complète du travail des enfants, qui se manifeste souvent en raison de la pauvreté des familles, les entreprises peuvent néanmoins s’assurer de plusieurs choses : d’abord, que leurs sous-traitants privilégient l’embauche d’adultes plutôt que des enfants au sein des familles ; ensuite, si des enfants ont déjà été embauchés, on doit veiller à ce que ces derniers puissent profiter d’une éducation et soient remplacés progressivement par de la main-d’œuvre adulte. 9 Voir OIT (www.ilo.org/public/french/standards/relm/ilc/ilc88/pr-4.htm) et Human Right Watch (www.hrw.org/asia/burma.php) 10 La convention 111 de l’OIT interdit les actes de discrimination en emploi, c’est-à-dire «toute distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l'opinion politique, l'ascendance nationale ou l'origine sociale, qui a pour effet de détruire ou d'altérer l'égalité de chances ou de traitement en matière d'emploi ou de profession » (article 1). 11 Selon la convention 138 de l’OIT sur l’âge minimum en emploi, il est dit que cet âge «ne devra pas être inférieur à l'âge auquel cesse la scolarité obligatoire, ni en tout cas à 15 ans […]Nonobstant […] tout membre dont l'économie et les institutions scolaires ne sont pas suffisamment développées pourra, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, s'il en existe, spécifier, en une première étape, un âge minimum de 14 ans. La convention 182 de l’OIT sur l’élimination des pires formes du travail des enfants fixe l’âge minimum de travail, sous des conditions dangereuses pour la santé et sécurité, à 18 ans 11
Plusieurs entreprises, dont le détaillant américain Federated, ont été visées par des propositions d’actionnaires en 2003 leur demandant de s’assurer que leurs fournisseurs respectent les normes de l’OIT sur le travail des enfants. La proposition initiée par les communautés religieuses américaines (ICCR) et visant Federated faisait spécifiquement référence aux tapis tissés à la main, fabriqués en Inde, au Pakistan et au Népal et vendus par l’entreprise. Les proposeurs citaient entre autres un rapport des départements du Travail et du Commerce américains, selon lequel près d’un million d’enfants travaillent dans l’industrie du tapis dans ces pays. La proposition a été retirée avant l’assemblée annuelle, les proposeurs ayant réussi à s’entendre avec le détaillant. Les principes fondamentaux de l’OIT sont devenus des références normatives importantes dans le but d’évaluer les politiques de travail mises de l’avant par les entreprises. À titre d’exemple, ces principes ont été adoptés par : plusieurs dizaines d’entreprises à marque dans le secteur manufacturier, telles que Nike, Reebok, Gap, la Compagnie de la Baie d’Hudson, Toy’s R Us, etc. ; plusieurs investisseurs, tels que CalPERS et le New York City Pension Funds ; l’OCDE dans son document « Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales » ; le Global Compact mis sur pied par les Nations Unies et auquel des centaines d’entreprises ont déjà adhéré ; des organismes de certification et d’accréditation sociale, tels que la Fair Labor Association et le Social Accountability 8000. 2. La vérification du code de conduite Le recours à la vérification externe est un enjeu important, non pas seulement dans le domaine comptable, mais aussi pour la vérification sociale. Un code de conduite dont le respect est seulement vérifié par les ressources internes de l’entreprise n’aurait aucune crédibilité aux yeux des investisseurs et des divers groupes de pression. Indépendance Bien que le caractère externe de la vérification soit important, c’est surtout son indépendance qui est considérée comme un des enjeux majeurs. Ce qui est en question ici, c’est le recours par les entreprises aux firmes de vérification comptable, telles que PriceWaterHouseCoopers et KPMG, pour la vérification du respect des codes sociaux. Étant déjà engagées par les entreprises pour effectuer la vérification comptable et autres contrats de consultation, ces firmes se trouvent en conflit d’intérêts avec leurs clients. D’ailleurs, plusieurs études, dont une effectuée par le Massachusetts Institute of Technology en 2000, ont démontré l’inefficacité de ces firmes pour ce qui est de détecter les violations des droits des travailleurs les plus graves, en raison, notamment, de leur parti pris en faveur de la direction. Ensuite, ce qui est questionné dans le cas de ces firmes comptables, et cela nous mène au deuxième enjeu important, c’est le rapport qu’entretiennent ces firmes avec les ONG ainsi que l’expertise sociale de ces firmes spécialisées en finance et comptabilité. La consultation/implication des ONG La consultation des ONG locales ayant une expertise des problèmes des travailleurs est un autre critère majeur de validité et de crédibilité du processus de vérification. Il est donc important pour les entreprises faisant appel à des firmes professionnelles moins controversées que les firmes comptables, nous pensons ici à des firmes de certification ISO, d’insister sur la 12
consultation des ONG et d’autres organisations expertes (syndicats) dans le processus de vérification. Une autre tendance développée au cours des dernières années est le recours par les entreprises à des organisations non gouvernementales dans le but de faire les vérifications. On peut donner ici l’exemple de la firme américaine Verité, créée en 1995 avec la seule mission de procéder à des vérifications sociales. Cette firme a développé un réseau d’ONG dans des dizaines de pays à travers le monde et ce sont ces ONG qui procèdent aux vérifications sociales. Celles-ci ne font pas seulement des enquêtes ponctuelles sur le respect des codes de conduite, mais s’impliquent aussi dans l’application des codes de conduite à la demande des entreprises. L’entreprise canadienne Mountain Equipment Co-op (MEC), un détaillant de vêtements sport doté d’une philosophie environnementaliste, a, pour sa part, accepté de confier la vérification externe des conditions de travail dans ses usines fournisseurs à la firme américaine de vérification sociale Verité. Certaines entreprises, comme Gap et Liz Claiborne, ont même participé à la formation de groupes de vérification indépendants, dont ont fait partie divers membres d’organisations non gouvernementales et religieuses. En 1996, des travailleurs de l’usine Mandarin International, située au El Salvador, se sont plaints auprès d’une ONG locale d’abus dont ils avaient fait l’objet au travail. À la suite de cet incident, Gap a accepté la formation d’un groupe de vérification indépendant auquel ont participé divers membres d’organisations de défense des droits de la personne, de défense des droits du travail et de jésuites. Ces organismes étaient très respectés par leur communauté et leur implication dans le processus de vérification a donné beaucoup de crédibilité à la démarche entreprise par Gap. De même, en 1997, l’entreprise Liz Claiborne a mis sur pied un système de vérification indépendant par l’entremise d’une ONG locale, afin de vérifier deux usines sous-traitantes situées au Guatemala. Ces démarches de vérification ont donné lieu à la publication de rapports publics. 3. La transparence : publication d’un rapport social Enfin, voulant s’assurer de la gestion du risque social par les entreprises, les investisseurs demandent de plus en plus la publication d’un rapport (indépendant) contenant des informations sur le respect du code de conduite. La production d’un rapport indépendant est une tendance de plus en plus importante, une tendance soutenue par certaines législations à l’exemple de la nouvelle législation française (nouvelles régulations économiques) adoptée en 2002 qui contraint les entreprises françaises inscrites à produire un rapport de développement durable annuellement. Au Canada, à la suite des campagnes des actionnaires, en 2002, la Compagnie de la Baie d’Hudson est devenue la première entreprise publique et le premier détaillant canadien à publier un rapport social sur ses activités internationales. Aux États-Unis, plusieurs entreprises ont commencé à rendre disponibles des informations sur leur processus de vérification ainsi que sur les conditions de travail chez leurs sous-traitants, sans pour autant dévoiler les noms des usines. À titre d’exemple, l’entreprise Nike, dans une 12 section consacrée à la responsabilité sociale sur son site Internet , a rendu publics plusieurs rapports de vérifications effectuées chez ses sous-traitants. L’entreprise affiche aussi des profils sur des conditions de travail chez ses sous-traitants par région et par pays. De plus, dans un document consacré aux pratiques de travail, l’entreprise revient sur les violations des droits des travailleurs révélées par les médias chez ses sous-traitants dans plusieurs pays et discute des leçons qu’elle a tirées au terme de son programme de vérification (ex : travailler plus en concert avec les experts et ONG locaux), ainsi que des actions correctives apportées. 13 Enfin, Nike vient aussi de publier un rapport sur l’implantation des principes du Global 12 www.nikebiz.com 13 www.globalcompact.org 13
Compact, mis sur pied par les Nations Unies et auxquels elle a adhéré. Il en va de même pour 14 d’autres entreprises comme Gap et Liz Claiborne, dont les programmes de vérification et plusieurs rapports d’enquête sur les conditions de travail chez leurs sous-traitants ont été rendus publics. Par ailleurs, en avril dernier, la Fair Labor Association (FLA), a annoncé que des modifications majeures ont été apportées à ses programmes et procédures pour accroître la transparence, l’indépendance et la portée de son code de conduite. 14 Voir www.theglobalalliance.org 14
1.2 Diversité en emploi Les propositions d’actionnaires concernant la question de la diversité en emploi pour l’année 2004 sont regroupées sous trois thèmes : présence des femmes au sein du conseil d’administration et dans des postes de la haute direction ; politique de non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle ; politique d’équité en matière d’emploi. 1. Présence des femmes au sein du conseil d’administration et dans des postes de la haute direction Proposition Les proposeurs demandent les éléments suivants : s’assurer que des femmes figurent parmi les candidats à des postes au CA ; s’engager publiquement à adopter une politique en cette matière ; produire un rapport décrivant le processus d’inclusion des femmes au CA. Les propositions aux États-Unis En 2004, neuf entreprises américaines seront visées par ce type de proposition. La firme de fonds éthiques Calvert a déposé la plupart de ces propositions. Compagnies Secteurs Proposeurs Statut FMC Technologies Technologie Calvert Proposition Danaher Corp. Manufacturier Calvert, State of Connecticut Proposition Treasurer’s Office Grant Prideco Énergie Calvert Proposition Kinder Morgan Service Calvert Proposition North Fork Bancorporation Finance Calvert Proposition Skywest Aviation Calvert Proposition Smith International Énergie Calvert Proposition Werner Enterprises Transport ICCR Proposition Les dialogues Compagnies Secteurs Proposeurs Statut Alliant Techsystems Armement ICCR Dialogue American Greetings Corporation Détail ICCR Dialogue Burlington Resources Énergie ICCR Dialogue Chevron Texaco Pétrole ICCR Dialogue Coca-Cola Company Alimentation ICCR Dialogue Goldman Sachs Group Finance ICCR Dialogue Great Lakes Chemical Manufacturier ICCR Dialogue 15
Les propositions au Canada Depuis la fin de 2003, et ce pour la première fois au Canada, des propositions d’actionnaires sur cet enjeu ont commencé à être soumises aux assemblées annuelles de plusieurs compagnies. C’est la firme canadienne d’investissement socialement responsable Real Assets Investment Management qui est à l’origine de ces propositions. Compagnies Secteurs Proposeurs Statut Open Text Technologie Real Assets Proposition déposée : 45 % de votes en faveur Astra Technologies Technologie Real Assets Proposition Analyse des enjeux Un recensement effectué15 au Canada en 2002 a révélé que les femmes occupaient seulement 14 % des postes de dirigeants et faisaient partie de 10 % des CA des 500 compagnies du Financial Post. Selon le Conference Board du Canada, en 2002, un conseil d’administration typique au Canada comprend 11 personnes, dont l’âge moyen est de 57 ans ; 84 % des membres de ce conseil sont des hommes (deux conseils d’administration sur sept sont entièrement constitués d’hommes). Même si le nombre de femmes dans les conseils d’administration des entreprises canadiennes a progressé depuis 30 ans, cette croissance stagne depuis 1998. De même, aux États-Unis, les femmes occupent seulement 13,6 % des sièges des conseils d’administration d’entreprises du Fortune 500. Plusieurs études effectuées au Canada et aux États-Unis ont démontré que la présence des femmes dans un conseil d’administration : Amène une meilleure gouvernance des entreprises. En effet, d’après une étude du Conference Board16 : les organisations avec deux femmes ou plus parmi les membres du conseil d’administration ont un score moyen de 2,65 sur 5 en matière de pratiques d’imputabilité, comparativement à 1,51 sur 5 pour les CA qui ne comprennent que des hommes ; 94 % des CA ayant trois femmes ou plus procèdent explicitement au suivi (monitoring) de l’implantation des politiques stratégiques, pourcentage qui tombe à 66 % pour les CA constitués uniquement d’hommes ; 74 % des CA ayant trois femmes ou plus identifient explicitement les critères de mesure de la performance stratégique, contre 45 % pour les CA dont tous les membres sont des hommes ; les CA dont sont membres des femmes ont plus tendance à avoir recours à des comités (particulièrement de planification stratégique), à mettre en place des guides sur les conflits d’intérêts (à 94 %) et à adopter un code de conduite, ainsi qu’à travailler avec des 15 Par la firme Catalyst. 16 Conference Board of Canada, «Women on Boards, Not Just the Right Thing…But the Bright Thing», Mai 2002. 16
firmes externes de recherche. Ils prêtent également plus d’attention aux audits et aux questions de risque d’une manière générale. Amène une meilleure performance financière : en effet, plusieurs études, dont celle couvrant une période de 19 ans réalisée par le Dr Adler, directeur des études sur la discrimination systématique à l’Université Pepperdine, démontrent des résultats financiers supérieurs chez les compagnies ayant plus de femmes parmi les membres de leur CA et dans des postes de la haute direction. Réduit les risques financiers : une politique pourrait démontrer aux actionnaires la manière dont la compagnie compte gérer les risques reliés aux questions de diversité sexuelle, à commencer par les risques financiers. En effet, en refusant de mettre en place une politique de diversité sur le CA, les compagnies s’exposent au risque de désinvestissement la part de ces investisseurs éthiques. D’ailleurs, plusieurs fonds éthiques canadiens, tels que Meritas et Ethical Funds, incluent le critère de la diversité dans leurs filtres d’investissement. 2. Politique de non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle Proposition Les proposeurs demandent au conseil d’administration qu’il amende la politique écrite de la société en matière d’égalité professionnelle, afin d’interdire explicitement la discrimination basée sur l’orientation sexuelle, et qu’il mette en œuvre cette politique. Compagnies visées aux États-Unis Pour l’année 2004, cinq entreprises seront visées par une proposition d’actionnaires concernant cet enjeu. La plupart des propositions sont mises de l’avant par le NYC Pension funds, ainsi que par des fonds éthiques américains. Compagnies Secteurs Proposeurs Statut ExxonMobil Pétrole NYC pension Funds, Trillium Proposition Asset Management Alltel Corporation Télécommunication Calvert, Walden Asset Proposition Management et ICCR Dover Corporation Manufacturier Calvert, ICCR, Walden Proposition Asset Management OGE Energy Corporation Énergie Domini Social Investment Proposition Kohl’s Corporation Détail NYC Pension Funds et Proposition Trillium Asset Management Analyse des enjeux Selon un sondage effectué aux États-Unis, 41 % des gais et lesbiennes travaillant aux États- Unis ont signalé avoir vécu des expériences de discrimination au travail en relation avec leur orientation sexuelle. Presque une personne homosexuelle sur 10 a aussi déclaré avoir été congédiée injustement ou forcée de quitter son emploi en raison de son orientation sexuelle. L’adoption d’une politique explicite de non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle est d’abord une question de risque légal aux États-Unis. 17
En effet, aux États-Unis, même si aucune loi fédérale n’interdit la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, plusieurs États se sont dotés d’une telle législation. Ainsi, il existe plusieurs États, dont l’Illinois, l’Iowa, le Nouveau-Mexique, New York, la Pennsylvanie et Washington, qui interdisent ce type de discrimination dans le secteur public et onze États qui prohibent cette discrimination à la fois dans le secteur privé et dans le secteur public (Californie, Connecticut, Hawaii, Massachusetts, Minnesota, Nevada, New Hampshire, New Jersey, Rhode Island, Vermont et Wisconsin). En plus, près de 120 villes et comtés, parmi lesquels New York, Albany et Missouri, interdisent la discrimination au travail sur la base de l’orientation sexuelle17. L’adoption d’une politique explicite de non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle est aussi une question de risque financier et ceci, entre autres, en raison du désavantage compétitif. Aux États-Unis, près de 298 entreprises du Fortune 500 font explicitement paraître l’orientation sexuelle dans leur politique de non-discrimination. Parmi ces entreprises figurent certains concurrents des sociétés visées par les propositions (c’est le cas de Dover Corporation, dont certains compétiteurs, tels que Illinois Tool Works, 3M, United Technologies, etc. ont adopté une telle politique). Au cours des dernières années, plusieurs entreprises ont adopté des politiques de non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle à la suite des pressions exercées par divers actionnaires. Des exemples récents de telles campagnes d’actionnaires concernent des compagnies telles que Lockheed Martin, Deere, Tootsie, American International Group et Home Depot. 3. Politique d’équité en matière d’emploi Proposition Il est proposé que le conseil d’administration rédige un rapport sur l’équité en matière d’emploi, à un coût raisonnable et sans rendre publiques des informations confidentielles. Ce rapport devrait inclure les éléments suivants : un tableau identifiant les employés selon leur sexe et leur race pour chacune des neuf principales catégories d’emploi définies par la Commission sur l’équité en matière d’emploi, présentant soit le nombre soit le pourcentage pour chacune des catégories, et ce pour les trois dernières années ; une description sommaire des politiques et programmes de discrimination positive qui visent à améliorer les performances, notamment pour ce qui est des catégories d’emploi où les femmes et les membres de minorités sont sous-utilisés ; une description des politiques et programmes orientés spécifiquement vers l’augmentation du nombre de gestionnaires de sexe féminin ou appartenant à une minorité ; une description générale de la façon dont l’entreprise publicise ses politiques et programmes de discrimination positive auprès de ses fournisseurs. Compagnies visées aux États-Unis Pour l’année 2004, quatre entreprises seront visées par une proposition d’actionnaires concernant cet enjeu. Compagnies Secteurs Proposeurs Statut Wal-Mart Détail ICCR, Walden Asset Proposition Management 17 www.nolo.com 18
Vous pouvez aussi lire