Qualité des médias Principaux constats - Annales 2017 - Forschungsinstitut Öffentlichkeit und ...
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Annales 2017 Qualité des médias Principaux constats Schweiz Suisse Svizzera fög / Universität Zürich
Les Annales et les journaux électroniques Studien et Reflexionen Qualité des médias paraient en allemand aux Éditions Schwabe et peuvent être obtenus auprès du site Internet de la maison d’édition (www.schwabeverlag.ch). Le livre se trouve également dans toute librairie. Des extraits du livre et des journaux électroniques Qualité des médias sont disponibles en allemand sur le site Internet du fög – Forschungsinstitut Öffentlichkeit und Gesellschaft / Universität Zürich: www.foeg.uzh.ch. Copyright © 2017 Schwabe Verlag, Schwabe AG, Basel, Schweiz, et fög – Forschungsinstitut Öffentlichkeit und Gesellschaft / Universität Zurich Traduction française: Andrea Häuptli, M.A. ETH UZH, 8051 Zurich, www.tralingua.ch Production: Schwabe AG, Muttenz/Basel, Schweiz ISBN Principaux constats 978-3-7965-3790-5 rights@schwabe.ch www.foeg.uzh.ch www.schwabeverlag.ch
1 Constats principaux 2017 Qualité des médias – Schweiz Suisse Svizzera Les résultats de la recherche sur le système médiatique lishing », ainsi que lesdites « offres d’information suisse et sur la qualité des médias apparaissent chaque alternatives » controversées. Tous les diffuseurs, à l’in- automne sous forme des « Annales Qualité des médias » différence de leur place dans la traîne, se trouvent dans (Jahrbuch Qualität der Medien – JQM) et périodique- un tourbillon causé par les intermédiaires techno ment pendant l’année sous forme des « Études de la logiques mondiaux et par les plateformes. Certains qualité des médias » (Studien Qualität der Medien – semblent actuellement bénéficier de ces changements. SQM), ainsi que sous forme d’autres rapports de re- Pourtant, les relations avec les intermédiaires technolo- cherche sur www.foeg.uzh.ch. Les Annales analysent et giques et les plateformes s’avèrent difficiles et surtout documentent chaque année les plus importants événe- imprévisibles pour la plupart des diffuseurs de médias. ments et l’évolution du système médiatique suisse. Elles Cette « plateformisation », émanant en particulier de fournissent une analyse détaillée de l’utilisation, du fi- Facebook, pressurise le journalisme professionnel en nancement et de la qualité journalistique des médias Suisse. Ainsi, nous dérivons cette année de nos diffé- d’information des trois principales régions linguis- rentes analyses ces six constats principaux : tiques orientés vers l’intérêt général et dont la couver- ture est parmi les plus élevées. Dans ces Annales, nous I. Les médias d’information professionnels n’ont ja- discutons également le changement structurel numé- mais été d’une aussi grande importance : Le change- rique du public et ses conséquences pour le journalisme ment structurel numérique supporte en Suisse la d’information professionnel. formation d’un public de « longue traîne » en ligne. Il se caractérise par une augmentation conti- Nos analyses focalisent sur des titres d’information des nue du nombre des diffuseurs de médias d’infor- genres traditionnels comme la presse écrite, la radio et mation professionnels qui atteignent une couver- la télévision, et sur les nouveaux services d’information ture élevée (voir point VI). En même temps, on en ligne, comme les sites d’actualités, les plateformes constate la formation d’une « longue traîne » en ligne et les médias sociaux. Cette brochure décrit les contenant des diffuseurs qui obtiennent une cou- principaux constats des Annales 2017. Ils montrent verture réduite et qui ne s’orientent pas ou que peu que le changement structurel numérique du public aux normes traditionnelles du journalisme d’in- continue de progresser. L’Internet et en particulier les formation professionnel. Aux médias d’informa- plateformes des intermédiaires technologiques mon- tion professionnels revient donc un rôle important diaux sont devenues les instances centrales du public. d’une mesure sans précédent. Ils confrontent la Ainsi, la forme et la structure du public changent. En tâche indispensable d’exercer une fonction analysant les diffuseurs de médias avec leurs offres et d’orientation et de contrôle dans cette nature sau- les couvertures que ces offres atteignent, le public se vage du réseau numérique. présente désormais sous forme d’une « longue traîne » II. Le numérique d’abord : aussi en Suisse : Le change- (voir figure 1). « À l’avant de la traîne », il n’y a que ment structurel numérique se reflète également quelques diffuseurs avec une couverture élevée. En dans le fait que la consommation des médias en Suisse, ils comprennent (encore) les diffuseurs de mé- Suisse se passe de plus en plus sur des canaux nu- dias professionnels. « À l’arrière de la traîne », il y a une mériques. En Suisse, déjà 41% de la population grande quantité de diffuseurs et d’offres qui atteignent s’informent principalement sur les sites d’actuali- moins de personnes. Parmi eux figurent entre autres tés ou à travers les médias sociaux. Pour les diffu- les nouvelles offres professionnelles, les services de re- seurs de médias suisses, il reste l’aspect positif lations publiques professionnels qui ont un accès direct qu’en comparaison internationale l’utilisation en au public en ligne par le biais de « Corporate Pub ligne en Suisse se passe plus souvent à travers les
2 sites d’actualités des médias qu’à travers les mo- dimanche Il Caffè, Le Matin Dimanche et NZZ am teurs de recherche ou les médias sociaux. Pourtant Sonntag, ainsi que les titres par abonnement Cor- aussi en Suisse, les intermédiaires technologiques riere del Ticino, 24 heures et Tages-Anzeiger. mondiaux figurent de plus en plus comme canaux V. Facebook influence négativement la qualité offerte d’approvisionnement de nouvelles. Dans le groupe par les diffuseurs d’information : Les médias so- d’âge le plus jeune, ils figurent même comme la ciaux sont, selon leur logique fonctionnelle de plus importante porte d’entrée aux nouvelles. base, des médias d’émotion. Cette logique peut Cette consommation dégroupée des médias affai- donc avoir un effet de nivellement qualitatif si les blit les marques médiatiques des diffuseurs d’in- médias d’information professionnels s’y adaptent formation professionnels suisses. En outre, la trop fortement. Ainsi, notre analyse de l’offre four- domination économique des intermédiaires tech- nie sur Facebook montre que de nombreux médias nologiques mondiaux pressurise les médias d’in- d’information analysés y offrent une qualité infé- formation de même sur le plan économique. rieure en comparaison avec celle offerte par leurs III. La croissance sauvage dans le réseau numérique : La propres canaux. Les diffuseurs de journaux par crise structurelle du journalisme professionnel abonnement échappent à cette tendance dans une favorise « à l’arrière » de la traîne l’émergence des certaine mesure. Certains diffuseurs prouvent médias alternatifs controversés qui se positionnent même qu’il est possible de déclencher des réac- en opposition directe aux médias d’information tions des utilisateurs dans les médias sociaux en y établis et dont une partie diffuse des théories du offrant de la bonne qualité. Ce constat est valable complot. En Suisse, ils n’ont qu’une existence mar- pour les médias de qualité dont l’offre dans les mé- ginale. La faible polarisation politique et la haute dias sociaux est conforme à leur profil. Leurs confiance dans les médias professionnels en Suisse contributions sont de haute qualité et déclenchent limitent leur prolifération pour l’instant. Pourtant, de nombreuses réactions du public. des contributions particulières peuvent atteindre VI. Un marché médiatique concentré : « À l’avant » de une couverture élevée, partiellement en consé- la traîne, la concentration des médias s’est encore quence de leurs réseaux sociaux numériques inter- accentuée. On constate donc une diversité décrois- connectés. sante dans l’ensemble des diffuseurs de médias. En IV. La qualité des sites d’actualités augmente : De nom- 2016, les trois plus grandes maisons de médias breux diffuseurs d’information professionnels « à suisses dominaient 71% du marché d’utilisation l’avant » de la traîne fournissent maintenant des médias d’information professionnels (écrits et comme avant une offre journalistique de haute en ligne) en Suisse alémanique. En Suisse romande qualité à travers plusieurs canaux. La qualité a et en Svizzera italiana, c’étaient même 88% respec- même augmenté chez quelques diffuseurs dans les tivement. La diversité des diffuseurs de médias est trois dernières années. En particulier, la qualité des clairement limitée. Les développements récents sites d’actualités professionnels en ligne, qui ont chez Tamedia SA, un acteur dominant dans le longtemps été de qualité inférieure que leurs ho- marché de la presse et de l’information en ligne, mologues de la presse écrite et de la radio, a aug- ajoutent à cette tendance. L’annonce de vouloir menté de façon marquée. Dans l’ensemble, les intégrer plus fortement ses divers titres dans des offres de qualité inférieure atteignent encore la rédactions centralisées dans les années à venir cor- couverture la plus élevée dans l’arène médiatique respond à une limitation supplémentaire de la suisse. Pourtant, notre analyse a montré qu’en of- diversité du contenu des médias, entre autres au frant de la bonne qualité journalistique, il est pos- niveau de la couverture de nouvelles sérieuses sible d’atteindre un public de masse. Des exemples (« hard news ») nationales et internationales. Il est pour des médias qui combinent de la bonne qua- prévisible que d’autres maisons d’édition suivront lité avec une couverture élevée sont entre autres – ce modèle, ainsi l’exemple du groupe NZZ qui a outre les programmes d’information de la radio- récemment annoncé la suppression de l’édition diffusion et télévision publique – les journaux du écrite de Ostschweiz am Sonntag.
3 Nos données empiriques, basées sur des sondages, moins assumer cette fonction d’assurer la qualité notre propre analyse de contenu et des indicateurs puisque le développement défavorable des ressources statistiques de l’industrie des médias, montrent que le continue de s’accentuer dans le journalisme d’infor- système médiatique suisse est exposé à une dynamique mation professionnel. de développement global et qu’il se trouve de plus en À l’avant où se trouvent les offres d’information d’une plus sous l’influence des intermédiaires technologiques couverture élevée, le public de « longue traîne » té- mondiaux. Puisque ce processus prive le système mé- moigne un processus de désinstitutionalisation (voir diatique suisse de sa substance, des mesures visant à figure 1). supporter les médias d’information suisses s’avèrent Ce développement a des causes émanant des médias être essentielles. Elles doivent focaliser sur cette dyna- d’information professionnels eux-mêmes et exogènes. mique internationale (voir l’avant-propos des Annales Du domaine exogène, la « plateformisation », c’est-à- 2017 pour plus de détails). dire l’importance croissante des intermédiaires tech- Dans cette brochure, les six constats principaux sont nologiques mondiaux, favorise la désinstitutionalisa- présentés ci-dessous. La description interprétative tion. Et cela à la fois sur le plan économique et social. concernant le « changement structurel numérique » Sur le plan économique, la majeure partie des revenus fait objet d’une étude séparée ainsi que de la préface publicitaires est perçue par Facebook, Google et d’autres des « Annales Qualité des médias », rédigée cette année intermédiaires qui sont largement à l’avance des diffu- par Mark Eisenegger. Les explications détaillées sur les seurs nationaux en ce qui concerne la « Data-Driven données recueillies – ainsi que les constats dérivés des Advertising », la publicité axée sur les données. Puisque données secondaires intégrées et des sources de la litté- la volonté de payer des utilisateurs de nouvelles est par- rature considérée – se trouvent dans les cinq chapitres ticulièrement faible en ligne, les diffuseurs d’informa- des Annales. tion traditionnels sont confrontés à un double proces- sus d’érosion de leur base économique. Sur le plan I. Les médias d’information professionnels social, les utilisateurs perçoivent les « médias » de plus n’ont jamais été d’une aussi grande impor- en plus comme un phénomène volatile qui se compose tance. des contributions regroupées dynamiquement à tra- Le changement structurel numérique transforme la vers les plateformes des intermédiaires technologiques. structure du public de la société fondamentalement Cela affaiblit la puissance de la marque des médias (voir la préface et l’étude séparée sur le changement d’information traditionnels et leur statut de source structurel numérique du public pour plus de détail). Il d’information directe. favorise la formation d’une « longue traîne » du public Concernant les causes auto-infligées, les maisons d’édi- en ligne. Celui se caractérise par une réinstitutionnali- tion privées montrent de moins en moins la disposi- sation continue d’une diversité quasi infinie de dif tion d’investir dans le journalisme d’information pro- fuseurs d’information qui atteignent une couverture fessionnel, ce qui favorise la désinstitutionalisation. Ils limitée. De manière générale, ces diffuseurs ne investissent dans des secteurs autre que le journalisme, s’orientent plus aux normes de qualité journalistique, comme dans des plateformes de service et de petites plutôt ils poursuivent des intérêt particuliers (voir fi- annonces en ligne. Pourtant, en ce qui concerne gure 1). Dans une telle structure publique, dont la quelques maisons d’édition, le journalisme d’informa- « longue traîne » dispose d’une grande quantité d’« in- tion professionnel ne profite pas de subventions croi- formation poubelle » et de titres qui se basent sur une sées provenant de ces secteurs lucratifs. Ceci est fatal et politique d’information orientée aux intérêts parti en même temps incompréhensible d’une perspective culiers, les médias d’information professionnels de- économique. Comme pour toutes les entreprises, la viennent encore plus importants. Ils ont la fonction, en réputation influence positivement les ratios financiers tant que « gatewatcher », de surveiller et de valider la des maisons d’édition. Le journalisme d’information communication publique dans la nature sauvage du est aujourd’hui et dans l’avenir un facteur positif pour réseau numérique. Cependant, il est fatal que les mé- les maisons d’édition privées comme Tamedia SA, dias d’information professionnels peuvent de moins en Ringier, le groupe NZZ, AZ Medien SA et Somedia. Seul
4 « Longue traîne » à l’avant : « Longue traîne » à l’arrière : offres d’information offres d’information avec une couverture élevée avec une couverture limitée Diffuseurs professionnels, Communication non professionnelle, Nombre des utilisateurs (couverture) journalisme offres pseudo - journalistiques, médias alternatifs, relations publiques orientées aux intérêts particuliers Diversité des diffuseurs Diversité des diffuseurs diminuante croissante Nombre des offres d’information Influences « Plateformisation » par Influences sociales économiques intermédiaires de technologie (logiques de communication) Figure 1 : Public de « longue traîne » dans l’ère du numérique Le public de « longue traîne » en ligne est défini dans l’axe horizontal par la quantité de diffuseurs de médias et d’information et dans l’axe vertical par la couverture atteinte par ces diffuseurs. Alors qu’on observe à l’avant de la « longue traîne » une concentration croissante des titres médiatiques, la diver- sité de l’offre des services pseudo-journalistiques accroît à l’arrière. En même temps, le public de « longue traîne » témoigne une influence croissante des plateformes des intermédiaires technologiques mondiaux (Facebook, Google, etc.), tant sur le plan économique que social. Sur le plan économique, les intermédiaires technologiques mondiaux sont de plus en plus capables de s’assurer des revenus publicitaires. Sur le plan social, leurs plateformes favorisent une consommation médiatique dégroupée qui ne repose plus sur les marques des diffuseurs d’information professionnels. Les deux aspects fragilisent le journalisme d’information professionnel. le journalisme d’information leur forge une réputation s’orientent fortement aux intermédiaires technolo- d’organisations qui mettent à disposition des produits giques. Elles adoptent soit des stratégies défensives d’importance systématique. Le journalisme d’informa- (Admeira), de niche, de diversification (plateformes de tion est donc le secteur qui peut compter sur un sou- services, annonces en ligne) ou des stratégies de coopé- tien social plus durable que les autres secteurs qui ont ration (Facebook Instant Articles ; Google « Digital News été focalisés par de diverses maisons d’édition privées Initiative »). au cours des dernières années. Cet aspect devient de Puisque ce processus prive le système médiatique suisse plus en plus important étant donné l’influence crois- en continu de sa substance, il faut des mesures visant à sante des intermédiaires technologiques dans le secteur renforcer les médias d’information suisses. Elles du commerce en ligne et des plateformes de petites an- doivent se focaliser sur cette dynamique de développe- nonces (ainsi le lancement récent de « Marketplace » ment globale et sur le renforcement des pouvoirs par Facebook en Suisse). d’autoguérison du système médiatique national. Le Ainsi, le système médiatique suisse est exposé à un pro- système de diffuseurs d’information professionnels est cessus de mondialisation et se trouve de plus en plus une infrastructure de base essentielle pour le public, la sous l’influence des intermédiaires technologiques démocratie et l’économie nationale. Dans le processus mondiaux. Ce fait est connu depuis longtemps par les du changement structurel numérique, elle est de plus maisons d’édition suisses. Toutes les stratégies média- en plus sous pression et, en conséquence, elle doit être tiques des grandes entreprises de médias suisses protégée adéquatement.
5 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% Télévision Radio Presse écrite Sites d’actualités Médias sociaux Autres 18–24 25–34 35–44 45–54 55+ Figure 2 : Utilisation selon l’âge La figure montre les canaux principaux de l’utilisation des nouvelles pour chaque groupe d’âge en Suisse (« Main Source of News » ; source: Reuters Digital News Report 2017). Exemple de lecture : 24% des personnes entre 18 et 24 disent qu’ils utilisent les médias sociaux comme principale source de nouvelles. C’est donc pour cela que la Suisse devrait se montrer ment à l’importance des médias d’information profes- plus ouverte pour des formes de promotion des médias sionnels et à la restructuration numérique du public non gouvernementales tenant compte de tous les avec toutes ses conséquences pour la société. Il faut de genres médiatiques. Une taxe de publicité devrait être même supporter la proposition d’établir une infras- envisagée pour les intermédiaires technologiques tructure numérique pour les diffuseurs d’information mondiaux puisqu’ils bénéficient essentiellement du journalistiques cofinancée par le secteur public. Cela contenu journalistique en le monétisant sur le marché permettrait d’intégrer des diffuseurs d’information de la publicité, tout en excluant les diffuseurs de mé- professionnels moins puissants qui respectent des dias nationaux de ces revenus. Les maisons d’édition normes de qualité dans le monde numérique. privées doivent se laisser convaincre que les subven- tions croisées au profit du journalisme d’information II. Le numérique d’abord : aussi en Suisse. peuvent consolider leur réputation et ainsi se payer sur Dans le cadre du changement structurel numérique du un plan économique. Au lieu de se combattre, des co public, non seulement l’offre médiatique se déplace de opérations entre les maisons d’édition privées et la plus en plus au réseau, de même, les canaux numé- SRG SSR financée au moyen des redevances s’avéreront riques deviennent constamment plus importants pour utiles dans tous les domaines qui ne nuisent pas à la la consommation des nouvelles. Ceci illustrent les don- diversité journalistique. Cela concerne principalement nées du « Digital News Report » de Reuters Institute for les domaines du développement technologique, la for- the Study of Journalism, un projet auquel le fög parti- mation et la recherche. Ensuite, il est nécessaire de réat- cipe en tant que partenaire suisse depuis 2016 et dans tribuer au journalisme d’information le statut qui lui le contexte duquel il a créé un rapport national en 2017. convient, tout en opposition aux offres douteuses au En Suisse, plus de 40% des utilisateurs des médias réseau. Pour cela, notre société devrait investir davan- s’informent principalement sur les sites d’information tage dans la compétence médiatique. En particulier, les (32%) ou dans les médias sociaux (9%). Ainsi, les jeunes générations doivent être sensibilisées plus forte- canaux numériques ont déjà dépassé la télévision
6 50% 45% 40% 40% 40% 38% 36% 35% 30% 28% 28% 27% 28% 27% 26% 23% 24% 25% 22% 20% 21% 19% 20% 16% 14% 14% 15% 11% 10% 5% 0% Médias sociaux Moteur de rcherche Direct Autres 18–24 25–34 35–44 45–54 55+ Figure 3 : Suisse – la principale source d’approvisionnement pour l’utilisation des offres d’information La figure illustre les différents groupes d’âge en Suisse et le moyen à travers lequel ils accèdent aux offres d’information (Source : Reuters Digital News Report 2017). Exemple de lecture : 28% des personnes âgés de 18 à 24 ans déclarent qu’ils accèdent les offres d’information principalement à travers les médias sociaux. Seulement 27% du même groupe d’âge disent qu’ils accèdent des offres d’information directement sur un site d’actualités. (30%) comme principale source de nouvelles. La presse nouvelles. La télévision est la source principale de nou- écrite (18%) et les émissions d’information à la radio velles que pour 14% du plus jeune groupe d’utilisa- (9%) sont les principales sources de nouvelles pour teurs en Suisse, alors qu’elle constitue le moyen le plus beaucoup moins de Suisses (« autres » : 3%), même si utilisé dans les groupes d’âge plus avancés. Seul parmi la presse écrite en Suisse (18%) joue un rôle plus im- les utilisateurs de plus de 55 ans, elle reste le principal portant en comparaison avec de divers autres pays moyen d’information. Les sites d’actualités sont déjà européens (généralement en dessous de 10%). Ce taux plus importants pour les utilisateurs âgés de 45 à 55 ans d’utilisation est comparable à l’Autriche (22%). (32%), bien que la télévision s’y rapproche avec ses Tournant le regard vers l’avenir, on constate que le 31%. De même, l’utilisation de la presse écrite dépend comportement d’utilisation des jeunes consomma- particulièrement fortement de l’âge. Le taux le plus bas teurs devient particulièrement important. Il reflète les revient avec 11% aux utilisateurs âgés de 24 à 34 ans, le effets du changement structurel numérique pour la plus haut avec 24% à ceux de plus de 55 ans. Suisse le plus clairement (voir figure 2). Les utilisateurs Lorsque les Suisses consomment des nouvelles en ligne, s’informent le plus souvent par les canaux numériques. ils ont plus souvent un recours direct aux offres des Le plus jeune qu’ils sont, le plus fréquemment ils s’in- marques médiatiques que les gens dans d’autres pays, forment sur les plateformes des intermédiaires techno- par exemple par des applications ou en accédant direc- logiques mondiaux. Par contre, la consommation de la tement sur les sites d’actualités. La proportion des télévision et de la presse écrite augmente avec la pro- personnes qui utilisent principalement des « sites d’ac- gression de l’âge. Pour les utilisateurs âgés de 18 à tualités » est plus élevée en Suisse (32%) par rapport à 24 ans, les médias sociaux (24%) sont après les sites la moyenne des 36 pays étudiés dans le « Digital News d’actualités (34%) déjà la deuxième plus importante Report » (28%). En même temps, les médias sociaux source de nouvelles. Les médias sociaux ne sont donc représentent (encore) la principale source de nouvelles plus seulement des canaux pour la gestion des contacts pour moins de personnes en Suisse (9%) que dans privés, ils sont de plus en plus utilisés pour accéder aux d’autres pays (moyenne : 15%). Ce sont de bonnes
7 nouvelles pour les diffuseurs de médias en Suisse : Ils 35% Facebook semblent avoir un lien plus fort avec le public que leurs 60% homologues dans d’autres pays. 23% Youtube 60% Cependant, les données montrent également que les 21% WhatsApp médias se consomment de plus un plus sur les plate- 63% formes des intermédiaires technologiques. Cette Google Plus 6% 11% consommation est basée sur des clusters d’articles affi- 6% Twitter chés de manière très dynamique dans les listes des ré- 13% sultats et des recommandations personnalisées ainsi Instagram 5% 20% que sur les fils d’actualités. En Suisse, cependant, la 2% Snapchat fidélité aux marques d’information établies reste pour 9% le moment relativement importante. Et pourtant, déjà Pinterest 2% 11% près d’un tiers de tous les utilisateurs suivent un mo- 1% dèle de consommation médiatique émergent qui ne se Viber 6% fonde plus sur les marques de médias spécifiques. Tumblr 0% 3% Ce groupe d’utilisateurs accède les nouvelles à travers 0% 20% 40% 60% 80% 100% les moteurs de recherche omettant les diffuseurs (18%) Nouvelles Générale et en cherchant des contributions spécifiques (10%) ou bien en y étant exposés dans les médias sociaux (14%) Figure 4 : Suisse – utilisation des plateformes dans les médias ou par un agrégateur de nouvelles (3%). On peut sociaux supposer que ce groupe d’utilisateurs deviendra plus La figure montre les taux des répondants en Suisse qui utilisent la plate- forme respective et s’ils l’utilisent afin d’accéder à des nouvelles. La ques- important en Suisse, conformément à la tendance in- tion posée était si ces sources ont été utilisées « au cours de la semaine ternationale. Dans le groupe des jeunes adultes, les mé- dernière » (Source : Reuters Digital News Report 2017). dias sociaux sont déjà la source d’approvisionnement Exemple de lecture : 60% des répondants disent qu’ils utilisent Facebook. des nouvelles la plus importante (28%) et non l’accès 35% d’entre eux utilisent Facebook afin d’accéder à des nouvelles. direct sur un site d’actualités (27%) (voir figure 3). Ce développement affecte la fidélité à la marque des diffuseurs d’information professionnels. Nous savons succès des médias sociaux. Facebook (35%), WhatsApp d’après une étude réalisée par des collègues d’Oxford, (21% ; appartenant à Facebook) et Youtube (23% ; ap- que moins que la moitié des utilisateurs de médias se partenant à Google) sont les plus importantes plate- souviennent de la marque médiatique (brand recogni- formes pour les nouvelles en Suisse (voir figure 4). Les tion) quand ils accèdent à un article à travers des mo- autres plateformes sont utilisées par moins de 10% de teurs de recherche (37% arrivent à se souvenir) ou à la population à des fins d’information à une base travers les médias sociaux (47%). En revanche, environ hebdomadaire. Compte tenu de cette domination par deux tiers des utilisateurs ont été en mesure de se sou- les grands intermédiaires technologiques Facebook et venir des canaux d’approvisionnement et des plate- Google, les diffuseurs de médias traditionnels per- formes des intermédiaires technologiques à travers les- çoivent des incitations croissantes d’être présents sur quels ils consomment des nouvelles, tels que Facebook. ces plateformes. Pourtant, cette présence affaiblit le lien De cette manière, les utilisateurs attribuent donc les entre les utilisateurs et leurs marques médiatiques. Ce nouvelles de plus en plus aux canaux de distribution sont toutefois leurs propres canaux sur lesquels les des intermédiaires et non pas aux auteurs des contenus. diffuseurs de médias ont la capacité de générer des Un utilisateur typique des plateformes technologiques revenus publicitaires et de vendre des abonnements ou dirais : « Je l’ai lu sur Facebook. » Et non : « J’ai lu cet au moins des articles individuels. article de Le Temps sur Facebook. » En somme, les diffuseurs de médias suisses dépendent La domination des trois réseaux sociaux qui appar- de plus en plus des intermédiaires technologiques tiennent aux deux grands intermédiaires technolo- mondiaux. Pour les diffuseurs de médias (suisses), il est giques Facebook et Google augmente en parallèle avec le de plus en plus difficile de refinancer leurs contenus. La
8 concurrence des intermédiaires technologiques em- En réponse à la crise structurelle du journalisme, de pêche des revenus substantiels sur le marché publici- nouvelles offres d’information émergent « à l’arrière la taire. Facebook et Google dominent le marché mondial traîne » en dehors des structures des maisons d’édition de la publicité en ligne avec une tendance croissante, établies. À l’arrière, on trouve entre autres de nouvelles notamment parce qu’ils offrent un journalisme de qua- offres professionnelles de couverture limitée, ainsi que lité des diffuseurs d’information traditionnels sur leurs des médias alternatifs. De même, des organisations plateformes sans les récompenser de manière adéquate économiques, politiques et autres gagnent en impor- avec des revenus publicitaires. De même, les chiffres tance « à l’arrière de la traîne ». Elles veulent imposer d’un point de vue économique s’avèrent frappants. leurs intérêts particuliers et elles n’ont plus forcément Mondialement, 75% de chaque franc gagné par la pu- besoin de faire le détour par des rédactions journalis- blicité appartiennent aux intermédiaires technolo- tiques. Plutôt, elles accèdent directement au public par, giques mondiaux. Entre 2015 et 2016 seulement, Face- entre autres, le « Corporate Publishing » ou le « marke- book (+62%) et Google (+20%) ont vu une augmenta- ting du contenu ». tion de leurs revenus publicitaires à deux chiffres, alors L’émergence de ces nouvelles offres est partiellement que le gain pour les autres diffuseurs a fortement chuté, une réaction à deux développements distincts qui se y compris celui des diffuseurs d’information profes- sont produits au cours du changement structurel sionnels. numérique. De nouvelles offres professionnelles réa- En outre, la disposition à payer pour les services d’in- gissent d’une part à l’inquiétude ressentie envers la formation en ligne s’avère faible. Des nouvelles gra- commercialisation croissante des diffuseurs de médias tuites sur Internet sont devenues une chose évidente traditionnels. D’autre part, les médias alternatifs réa- pour les jeunes et les moins jeunes. L’année dernière, gissent à l’inquiétude ressentie envers les médias tradi- seulement 11% des utilisateurs des médias suisses ont tionnels, aussi dénommés « mainstream ». payé pour des nouvelles en ligne. Des analyses appro- De nouvelles offres professionnelles sont généralement fondies montrent également que la disposition à payer initiées par des journalistes. Ils se considèrent comme est liée à la confiance dans les médias. Les utilisateurs faisant partie du système journalistique et désirent dont la source d’information principale sont les mé- compléter les offres existantes. Ils se délimitent des mé- dias sociaux se montrent moins confiants et ils sont dias traditionnels par leurs considérations journalis- moins disposés à payer pour le journalisme. La ten- tiques. Ils dénoncent le déclin de la diversité des médias, dance de « plateformisation », à savoir la montée des ils veulent renforcer le rôle du journalisme dans la so- plateformes des intermédiaires technologiques, ciété ou ils critiquent la forte orientation économique consiste un problème grave pour les diffuseurs des des grandes maisons d’édition. Un exemple éminent médias professionnels et d’un point de vue socio- est Project R, Die Republik, dont le lancement en 2017 a politique et économique. attiré beaucoup d’attention. Le projet suit le modèle de la start-up néerlandaise De correspondant qui a connu III. La croissance sauvage dans le réseau un grand succès. Il a été possible de générer le capital numérique. de départ requis par crowdfunding en un temps record. Le changement structurel numérique donne avec La Suisse romande a vu la création de l’offre en ligne l’émergence d’un public de « longue traîne » une nou- Bon pour la tête en 2017, fondée en réaction à la ferme- velle forme au public (voir figure 1). Il baisse les bar- ture du magazine L’Hebdo. rières à l’entrée pour les nouvelles offres d’information. Il convient distinguer ces offres de nouvelles des mé- Ainsi, le nombre des diffuseurs de médias et d’informa- dias alternatifs controversés qui se caractérisent par les tion augmente. Pourtant, la couverture et les chances trois traits principaux suivants. Premièrement, ils sont de succès de ces différents diffuseurs sont distribuées thématisés par les médias traditionnels professionnels. très inégalement. Le public médiatique prend la forme Deuxièmement, les médias alternatifs se positionnent d’une « longue traîne ». En Suisse, quelques sites d’ac- en opposition directe contre l’élite sociale et les médias tualités dominent le public avec leur grande couverture, d’information établis. Ils s’opposent au dit « main y compris les offres des maisons d’édition établies. stream », à une couverture trop conformiste et de
9 Taux des visites uniques Page Facebook : Site d’actualités Visites uniques par mois par mois en Suisse « j’aime » des pages watson.ch 881 982 65% 141 497 Diffuseurs bazonline.ch 328 154 65% 24 095 établis aargauerzeitung.ch 316 626 86% 17 254 suedostschweiz.ch 82 313 87% 10 421 tageswoche.ch 109 734 83% 12 751 Diffuseurs nouveaux infosperber.ch 52 594 63% 4597 zentralplus.ch 44 397 91% 6424 tsri.ch 22 456 95% 20 697 journal21.ch 16 077 48% 1812 onlinereports.ch 14 446 95% 850 uncut-news.ch 93 301 18% 2908 Médias alternatifs alles-schallundrauch.blogspot.ch 22 704 89% 12 277 conviva-plus.ch 22 168 72% 42 208 legitim.ch 19 311 14% 3474 expresszeitung.com 15 564 13% 2475 swisspropaganda.ch 11 612 40% N/A Figure 5 : L’utilisation des offres des médias alternatifs La figure montre les visites uniques par mois et la proportion des visites provenantes de la Suisse sur les sites Internet des offres médiatiques respectives pendant le premier semestre 2017 (Source : SimilarWeb). Aussi indiqué sont les « j’aime », les « likes », des pages Facebook correspondantes (28/07/2017). Exemple de lecture : Le site expresszeitung.com a été ouvert d’environ 15 500 utilisateurs par mois, dont 13% originent dans la Suisse. La page Facebook du journal Expresszeitung dispose de près de 2500 « j’aime » ou likes. même au prétendu conformisme d’opinion dans les sur leurs canaux en ligne. Ils sont généralement restés domaines de la science ou de la politique. Troisième- des petites entreprises dans des niches régionales et ment, leur critique du « mainstream » ou de l’élite est locales avec une utilisation relativement faible. Les souvent prouvée par des théories du complot. Ces offres avec une couverture relativement élevée sont médias alternatifs tentent donc de profiter de la crise les sites Web régionaux suivants : tageswoche.ch et structurelle du journalisme traditionnel et contournent onlinereports.ch (Bâle-Ville et Bâle-Campagne), les diffuseurs de médias traditionnels dans leur rôle zentralplus.ch (Suisse centrale) et tsri.ch (Zurich) ainsi de « gatekeeper » dans le marché médiatique suisse. que journal21.ch et infosperber.ch qui offrent principa- Dans l’actuelle édition des Annales, six diffuseurs fon- lement des rapports généraux sur des sujets socio- dés dans les dernières années ainsi que les six « médias politiques. alternatifs » les plus controversés en Suisse alémanique La couverture des sites Web des médias alternatifs en ont été analysés. La couverture de ces offres a été déter- Suisse reste faible en comparaison avec les offres pro- minée sur la base du trafic mensuel sur leurs sites et du fessionnelles des maisons d’édition de taille moyenne nombre des fans sur Facebook (voir figure 5) ainsi que (voir figure 5). Dans certains cas, elle est pourtant com- des vues des vidéos de ces diffuseurs sur Youtube (non parable à celle des nouvelles offres professionnelles illustré). Les études empiriques montrent que les nou- comme tageswoche.ch et zentralplus.ch ou des sites veaux diffuseurs professionnels et les nouveaux « mé- d’actualités régionaux. Ceci est illustré par l’exemple dias alternatifs » controversés restent clairement en ar- de Uncut-News. Toutefois, beaucoup de trafic sur les rière de la traîne étant donnée leur couverture limitée. sites des médias alternatifs origine en Allemagne et En Suisse, de nouveaux diffuseurs professionnels sui- partiellement en Autriche. Par exemple, seulement vant le modèle de la start-up focalisent principalement 18% de l’utilisation totale de Uncut-News origine en
10 SRF / RTS (télé/radio) 20 Minuten / 20 minutes Blick SRF / RTS (en ligne) bluewin.ch Blick am Abend Tages-Anzeiger Le Matin gmx.ch MSN News 24 heures NZZ (en ligne) NZZ (presse écrite) watson.ch Tribune de Genève Yahoo News Luzerner Zeitung Le Nouvelliste Berner Zeitung (en ligne)* St. Galler Tagblatt* Le Matin Dimanche* Basler Zeitung (en ligne)* Weltwoche* Le Temps* Aargauer Zeitung (en ligne)* 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Gauche Centre Droite Figure 6 : Utilisateurs d’offres médiatiques selon leur orientation politique La figure montre la répartition des utilisateurs des offres médiatiques respectives en fonction de leur orientation politique (Source : Reuters Digital News Report, 2017). Les offres sont classées en fonction du nombre d’utilisateurs de manière descendante. * Base des données incluses d’entre 30 et 50 réponses (tous les autres titres : >50 réponses) Exemple de lecture : 42% des lecteurs de Weltwoche se situent dans le camp politique de la droite, tandis que 10% se positionnent plutôt à la gauche. 48% se positionnent dans le centre. Suisse. Seul conviva-plus.ch a un public majoritaire- duels montrent un total d’utilisation relativement bas, ment suisse, tout en parallèle avec l’édition suisse du il est possible pour les médias alternatifs d’atteindre blog Alles Schall und Rauch. Les médias alternatifs une couverture haute par instances et basée sur des ar- controversés essayent apparemment d’être présents ticles individuels. Leur stratégie semble donc viser sur dans un marché public plus large en opérant de ma- la mise en circulation d’articles particulaires atteignant nière transnationale dans l’espace germanophone. Leur une couverture élevée au lieu de générer un trafic élevé offre est donc moins spécifiquement destinée au public sur leur propre site. À ce fin, ils emploient surtout suisse mais plutôt orientée vers des thèmes permettant Facebook (surtout conviva-plus) et Youtube (surtout des liens internationaux. Le fait que les pages sont for- Uncut-News) en tant que plateformes de distribution. tement liées entre elles montre en plus que leurs prin- Pourtant, la couverture des offres des médias alternatifs cipaux utilisateurs actifs proviennent des communau- en Suisse reste en somme encore limitée. La faible im- tés fermées et bien connectées. Bien que les sites indivi- portance de ces diffuseurs de niche est d’autant plus
11 Type de médias Score de qualité Pertinence Diversité Mise en perspective Professionnalisme Radio publique 8,2 7,3 8,7 7,5 9,1 Télévision publique 7,7 6,9 8,1 7,0 8,7 Journaux du dimanche / magazines 6,9 5,6 6,5 7,1 8,3 SRG SSR en ligne 6,8 6,4 7,7 5,1 7,8 Journaux par abonnement 6,6 5,7 7,0 5,7 8,1 Journaux par abo. Facebook 6,6 5,5 6,4 5,9 8,4 SRG SSR Facebook 6,4 5,5 7,2 5,0 7,9 Abonnement en ligne 6,3 5,5 7,2 5,2 7,5 Radio privée 5,6 5,9 4,7 4,8 6,9 Pure player 5,5 4,6 5,7 5,6 5,9 Télévision privée 5,4 5,0 3,6 5,2 7,6 Journaux pour pendulaires en ligne 5,0 4,2 5,1 4,4 6,4 Journaux à sensation en ligne 4,9 4,1 4,7 4,3 6,5 Journaux à sensation Facebook 4,8 3,9 5,5 3,6 6,2 Journaux pour pendulaires 4,7 4,2 4,7 4,0 6,1 Journaux pour pend. Facebook 4,5 3,5 3,5 4,2 6,6 Journaux à sensation 4,4 3,8 3,2 4,9 5,8 Pure player Facebook 4,3 3,4 3,9 5,3 4,8 Figure 7 : Scores de qualité des types de médias La figure montre les scores de qualité pour les 18 types de médias, la couleur des barres reflète les différents segments médiatiques. Les types sont clas- sés de manière descendante suivant leurs scores de qualité. Pour chaque type, le nombre des points de score obtenus est indiqué pour les quatre dimen- sions de qualité « pertinence », « diversité », « mise en perspective » et « professionnalisme ». La base des données consiste en l’ensemble des articles de l’analyse de la qualité déterminé basé sur un échantillon aléatoire (2016 n = 28 214). Exemple de lecture : Avec 8,2 points, la radio publique prend la première place dans le classement de la qualité des types de médias. r emarquable vu que le débat public en Suisse s’est de bonne qualité des médias suisses en comparaison in- plus en plus concentré sur le rôle des médias et en par- ternationale et à un contrôle social élevé dérivant de la ticulier sur leur critique au cours des dernières années. petite taille et du fédéralisme de la Suisse. En Suisse, en Des termes tels que « fausses nouvelles » ou « presse à comparaison avec d’autres pays, il est peu probable que mensonges » ont reçu une attention accrue dans le de « fausses nouvelles » évidentes peuvent fleurir tran- débat public en Suisse, ce que notre analyse des car- quillement dans des bulles de filtres isolées. Cependant, rières de ces termes a démontré (voir chapitre III.1). étant donné la perte de ressources dans le journalisme Comment peut-on expliquer que les offres alternatives d’information professionnel national, il est bien pos- en Suisse, étant donné les nouvelles structures du pu- sible que celui ne pourra plus assommer son rôle de blic offertes par les réseaux sociaux, restent « à l’arrière « gatekeeper » dans la même mesure. En combinaison de la traîne », tandis qu’elles avancent dans d’autres avec l’importance croissante des médias sociaux pays comme par exemple aux États-Unis (Breitbart) ? comme plateforme d’utilisation d’information, on Parmi les principales raisons compte la confiance tou- peut prévoir que les médias alternatifs trouveront jours intacte dans les médias professionnels suisses et dans l’avenir des conditions plus favorables aussi en leur forte utilisation qui en résulte – indifféremment Suisse. du camp politique des utilisateurs. Contrairement à de Dans l’ensemble, cependant, la Suisse diverge nette- nombreux pays, la Suisse dispose d’un faible niveau ment des pays qui montrent une utilisation des médias de polarisation politique qui favoriserait la formation plus polarisée, p.ex. les États-Unis (voir fög 2017). En de « caisses de résonance » et l’utilisation exclusive et Suisse, les médias professionnels arrivent encore d’in- donc problématique des médias alternatifs. Les parti- tégrer des personnes avec des opinions politiques diffé- sans de la gauche, du centre et la droite utilisent majo- rentes. Ainsi, la « demande » des médias alternatifs, qui ritairement les mêmes médias (voir figure 6). En plus, représentent des positions en dehors du « mainstream » des effets modérateurs peuvent être attribués à la et qui rapportent préférablement que des opinions
12 8,0 2016 2015 2014 7,0 6,0 5,0 Score de qualité 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0 Journaux du SRG SSR en Journaux par Abonnement Pure player Journaux pour Journaux à Journaux pour Journaux à dimanche / ligne abonnement en ligne pendulaires en sensation en pendulaires sensation magazines ligne ligne Figure 8 : Variations de qualité entre 2014 et 2016 La figure montre les variations de qualité entre 2014 et 2016 par type de média. La base des données consiste en l’ensemble de tous les articles de l’analyse de la qualité, basé sur un échantillon aléatoire de 2014, 2015 et 2016 (2014 n = 18 025 ; 2015 n = 19 249 ; 2016 n = 20 649). Exemple de lecture : Le niveau de qualité du type journal du dimanche / magazines a évolué positivement depuis 2014. olitiques « propres », semble être limitée à l’heure p d’actualités. Parmi les offres d’information tradition- actuelle. nelles, seul le service de la radiodiffusion publique offre une meilleure qualité que son homologue numé- IV. La qualité des sites d’actualités rique. ugmente. a Dans l’édition actuelle des Annales, il a été possible de La qualité des 79 titres étudiés reste dans l’année ac- constituer des séries chronologiques pour plusieurs tuelle relativement bonne. Elle atteint une moyenne de types de médias comprenant les dernières trois années 6,1 sur 10 points de score malgré les conditions diffi- (voir figure 8). Pour cette période, l’échantillon est ciles dans le marché. Comme dans les années précé- resté relativement stable avec 44, 46 et 47 titres en 2014, dentes, les émissions de la radio et de la télévision de la 2015 et 2016. La variation des scores de qualité des SRG SSR se trouvent à la tête du classement avec 8,2 et types de médias respectifs peut donc directement être 7,7 points (voir figure 7). La radiodiffusion publique a attribuée à l’évolution des performances dans les obtenu de meilleurs scores de qualité pour ses pro- quatre dimensions de qualité. grammes d’information audiovisuels traditionnels que La qualité offerte par les médias d’information profes- pour ceux offerts en ligne. Cette année, la troisième sionnels suisses écrits et en ligne reste élevée au cours place du classement de qualité est occupée par le type de cette période d’observation et elle a même tendance « journaux du dimanche et magazines » (6,9). Il dis- à augmenter plutôt qu’à diminuer. Ceci est remar- pose d’une offre moins pertinente et diversifiée que les quable, étant donné que la situation des ressources types de la radiodiffusion du service public mais il se dans le marché de l’information suisse s’est détériorée rapproche d’eux en termes de mise en perspective et de au cours des dernières années en raison de la baisse des professionnalisme. revenus publicitaires et de la réduction du personnel Un constat clé en ce qui concerne la mesure de qualité dans les rédactions. Il est donc possible que la consiste dans une amélioration qualitative des sites conscience de qualité du journalisme d’information ait
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