Québec vient en aide aux élèves avec des besoins particuliers - DOSSIER: Plan de lutte à la pauvreté du Gouvernement Provincial
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mars 2018 MARS 2018 Québec vient en aide aux élèves avec des besoins particuliers Les futurs logements et condos devront être accessibles aux personnes handicapées DOSSIER: Plan de lutte à la pauvreté du Gouvernement Provincial AQRIPH: Planification annuelle SOUTIEN À DOMICILE INTÉGRATION ET MAINTIEN EN EMPLOI Et encore plus... 1
mars 2018 Recherche et rédaction: Francine Gagnon Manon Blackburn Conception et montage: Christiane Riverin Journée mondiale de la trisomie 21 p. 3 Québec vient en aide aux élèves avec des besoins particuliers P. 6 Les services de garde reconnus p. 8 Les futurs logements et condos devront être accessibles aux handica- p. 10 pés Un stéréotype qui a la vie dure (maladies héréditaires) p. 12 Semaine québécoise de la déficience intellectuelle p. 14 DOSSIER PLAN DE LUTTE À LA PAUVRETÉ: p. 16 - Les inaptes au travail favorisés; - Faits saillants; - Point de vue de l’AQRIPH; - Québec pose des limites à la solidarité sociale; - Québec ouvert à l’idée de mieux soutenir les plus vulnérables Soutien à domicile; planification annuelle de l’AQRIPH p. 26 Le tout-à-l’hôpital (réforme de la santé) p. 28 Dossier Transport adapté p. 32 Intégration et maintien en emploi p. 33 CONSEIL D’ADMINISTRATION CONSEIL D’ADMINISTRATION de l’ARLPH, 2016-2017 DU GOPHS, 2016-2017 Francine Vigneault, présidente Martin Perron, président Suzanne Moreau, vice-président Audrey Savard, vice-présidente Linda Beaumont, secrétaire Sylvie Jean, secrétaire Cynthia Larouche, trésorière Nicole Bouchard, trésorière Roger Plourde, adminisstrateur Karine Boisvert,administratrice Guylaine Cauchon, administratrice Lisette Boivin, administratrice Sabrina Lavoie, administratrice Denyse Côté-Dupéré, administratrice Marie Guérin, administratrice Manon Blackburn, D.-G. Marie-Claude Pilote, administratrice . Francine Gagnon, D.-G. Christiane Riverin, ag. dev. GOPHS: 138, Price Ouest, suite 107, Chicoutimi, G7J-1G8, gophs@cybernaute.com 2 ARLPH: 138, Price Ouest, suite 107, Chicoutimi, G7J-1G8, arlph@cybernaute.com
mars 2018 mercredi 21 mars journée mondiale de la trisomie 21 À l’occasion de la Jour- à part entière, ces personnes magni- fiques reliées entre elles par ce trésor née mondiale de la tri- génétique du 3e chromosome sur la somie 21, sommes- 21e paire. nous prêts? Je suis la maman de Jérémie, pour qui on célébrera le 21 mars. Avoir un en- fant porteur d’une trisomie 21 est une Par Andréanne Rodrigue expérience de vie d’une authenticité rare, nous faisant atteindre des som- Le 21 mars… Quelle belle date, vous ne mets émotifs d’une intensité extrême, trouvez pas? C’est l’hiver qui s’achève, d’un pôle à l’autre. Mais mon but au- c’est le printemps qui fait son entrée en jourd’hui n’est pas de m’appesantir sur grande pompe, avec son doux renou- le diagnostic, l’annonce, l’adaptation, veau d’odeurs, de fleurs et de soleil… etc. Car le cheminement de chacun vis-à-vis le handicap d’un enfant est Le 21 mars, depuis 2005, c’est aus- très personnel et s’avère un exploit en si la journée mondiale de la trisomie soi, peut importe la manière dont il est 21, cette particularité génétique qui vécu. Non, aujourd’hui, le 21 mars, en entraîne plein de belles choses mais pensant à ce vent de solidarité inter- aussi certains retards au niveau du nationale qui nous unit, je me mets à développement, et particulièrement penser à notre société et j’essaie de une déficience intellectuelle d’inten- comprendre où nous en sommes exac- sité variable. Le 21e jour du 3e mois, tement par rapport à la trisomie 21. date n’ayant pas été choisie au hasard, croyez-le, souligne désormais la réalité Depuis sa naissance, Jérémie est l’objet des gens vivant avec une trisomie 21. de tout notre amour et notre attention, Cette année, le fait est d’autant plus et il en est de même pour notre en- marquant que l’événement sera pour tourage. Tout notre petit monde aime la première fois officiellement recon- Jérémie. Facile, c’est un petit garçon nu par l’ONU. L’importance de cette tellement intense et vrai, dans tous ses journée prend donc une envergure extrêmes! Cependant, depuis près d’un mondiale et partout sur la planète, de an, depuis son entrée à l’école, nous plusieurs façons, on célèbre ces êtres 3
mars 2018 vivons un changement dans notre manière dicapées, au niveau de la reconnaissance, du d’aborder la situation : nous voyons main- respect, de la dignité et de la participation tenant notre fils évoluer dans le monde. Les sociale. autres. Ceux qui ne le connaissent pas. La société, sa société. Les défis sont grands, voirAlors je me repose la question : comme so- énormes. Je nous vois chaque jour imaginer ciété, sommes-nous sur le bon chemin? Oui, des solutions, mettre en place des stratégies nous respectons les personnes trisomiques. pour arriver à des standards qu’on qualifie- Nous affirmons haut et fort qu’elles ont leur ra d’acceptables. Se comportera-t-il de fa- place. Mais avouons-le donc : il ne faut pas çon socialement acceptable? Réussira-t-il à que ça nous dérange trop, n’est-ce pas? Il maintenir un rythme suffisant pour acquérir ne faut pas que ça nous empêche d’avan- les notions intellectuelles qui lui assureront cer. De produire. De nous enrichir. Surtout, une autonomie relative plus tard? Pourra-t- il ne faut pas que ça nous ralentisse. Alors il occuper un emploi respectable? Sera-t-il comment on fait? Bien, c’est simple, on leur accepté, apprécié de ses pairs? Car la dé- fait une place, tant qu’ils entrent dans le ficience intellectuelle, ça dérange. Ça nous moule. Tant qu’ils atteignent les standards déstabilise. En fait, ça nous oblige à revisiterque nous avons établis, qui nous paraissent nos préjugés, nos valeurs. En fait, ce qu’on acceptables et qui font avancer notre société se demande, c’est : arrivera-t-il à se fondre soucieuse de performance. Mais en faisant dans la masse? cela, ne sommes-nous pas en train de nier le handicap, au lieu de l’accueillir et de lui offrir Mais pourquoi? Quelle masse? Celle d’une une place dans une société qui ne pourrait société axée sur la production et obsédée que s’enrichir à travers la diversité? par la performance? Justement, avons-nous vraiment tout compris, comme société? Aujourd’hui, ce que je suggère, c’est un exa- Sommes-nous certains de capitaliser sur les men de l’âme. Individuel, prioritairement, bonnes valeurs? Oui, nous avons de belles et mais aussi de notre âme de société. Et je grandes richesses, nos percées scientifiques m’inclus dans le processus, soyez-en cer- et technologiques sont dignes de mention, tains, je ne suis meilleure que personne. nous avons de solides structures politiques, Seulement, mon cheminement de mère économiques et sociales. Nous voulons m’a emmenée vers ces questionnements. avancer, progresser, développer, et nous y Je n’arrêterai jamais de stimuler mon fils, arrivons, tout va tellement vite. Nous avons de l’aider, d’ouvrir des portes pour lui, de des assises stables et des moyens suffisants jouer du coude pour lui faire une place, de pour envoyer des délégations entières dans revendiquer ses droits à l’égalité et à l’inclu- plusieurs pays sous-développés afin de les sion. Mais ce n’est pas tout de préparer mon soutenir, de leur venir en aide et de parta- fils pour le monde. J’essaie aussi, à petite ger nos richesses, tant matérielles que sur le échelle, de préparer le monde pour mon fils. plan des connaissances. Et c’est fantastique, Ce que je revendique, en fait, c’est un juste croyez-moi, loin de moi l’idée de dire que ces retour du balancier. La trisomie 21 engendre missions n’ont pas leur raison d’être. Mais une multitude de défis, et il est stupéfiant en ce 21 mars, en m’imaginant de quelles de voir ces gens les relever avec brio. Nous manières ces sociétés souligneront la jour- demandons énormément à nos personnes née mondiale de la trisomie 21, je me dis trisomiques, nous les poussons, nous leur qu’elles ont tellement à nous apprendre. En demandons de s’adapter au monde qui les effet, ces sociétés sont souvent les plus soli- entoure. Mais considérant que ce monde est daires, celles qui valorisent plus leurs aînés, aussi le leur, pourrait-il, lui, s’adapter à eux? qui soutiennent le plus leurs personnes han- Ainsi, nous réussirions peut-être à atteindre 4
mars 2018 un juste milieu des plus confortables, où les que nous souhaitons pour notre société. En réalités de tous et chacun se rejoindraient. ce 21 mars, s’il vous plaît, prenez 5 minutes Adapter le rythme, modérer les exigences, de votre temps. Juste 5 minutes pour vous ajuster les standards en fonction des capa- questionner, à savoir où vous en êtes exac- cités et du potentiel de chacun, ne serait-ce tement. Quelle place vous voyez pour les pas donner à chacun une place à sa juste personnes trisomiques et comment, concrè- valeur dans sa société et lui procurer un réel tement, vous pouvez y contribuer. Vous êtes sentiment d’appartenance? En 2012, nous propriétaire d’entreprise, entraîneur spor- avons l’imagination et la créativité néces- tif, à la tête d’une équipe de bénévoles, etc. saires pour leur ouvrir cette porte. Bâtissons Soyez créatifs, créez des opportunités! Vous avec eux une société inclusive et rapidement, êtes, comme moi, un parent soucieux d’of- ils nous feront profiter de toute la gamme de frir le meilleur à vos enfants; parlons-leur, leurs possibilités. démystifions la différence, procurons-leur les bonnes clés pour la côtoyer, l’apprivoiser et l’inclure. Merci pour ces 5 minutes. Si vous les pre- nez, vous ferez ainsi un immense cadeau à mon fiston et à ses confrères et consoeurs de la dif- férence. Ceux à qui le chapeau fait, hâtez-vous de l’enfiler. Ceux qui le portent déjà, merci infi- niment. La trisomie 21 n’est pas une fatalité. Certes, au début, c’est le choc, l’ac- ceptation, l’adaptation, pour nous, gens d’une société qui cherche la Mais pour ça, il nous faudrait renoncer à cer- perfection à tous les niveaux. Mais chaque taines idéologies bien ancrées. Selon moi, il jour, on grandit avec la différence. On se en va du salut de notre société. Nous devons découvre des trésors de force jusque-là in- nous regarder le nombril, nous recentrer sur soupçonnés. Au début, mon sentiment de ce qui est le plus important et réajuster le tir. culpabilité était énorme. Je croyais que mon Ce serait laisser un héritage de valeurs d’en- corps m’avait fait défaut en ne me donnant traide et de solidarité, de spiritualité même, pas l’enfant parfait. Puis, 6 ans plus tard, inestimable à nos enfants. Mais… sommes- quand je regarde ma vie avec Jérémie, ce nous prêts? Sommes-nous prêts à assumer que je suis devenue… Non, mon corps ne toute la diversité que nous suggère la vie? m’a pas trahie… Il a simplement fait grandir mon âme, qui en avait bien besoin. C’est ce Quand la trisomie 21 fait son apparition que je nous souhaite, comme société, en ce dans notre vie, croyez-moi, on voudrait tel- 21 mars. Que ces personnes que nous célé- lement que tous ces changements aient déjà brons aujourd’hui fassent grandir nos âmes. eu lieu. Que le monde soit déjà parfait pour Mais… sommes-nous prêts? accueillir notre petit trésor. Alors n’attendons plus. Soyons nous-mêmes le changement 5
mars 2018 Handicaps, troubles sévères d'adaptation et d'apprentissage Québec vient en aide aux élèves avec des besoins particuliers Publié le dimanche 19 novembre 2017 à 18 h 24 Les écoles du Québec devraient pouvoir offrir des services plus rapidement aux 42 000 élèves qui souffrent de handicaps ou de troubles sévères d'adaptation et d'apprentissage. Le ministre de l'Éducation, SébastienProulx, a en effet annoncé, samedi, l'abolition immédiate de la validation des dia- gnostics par le ministère. « Nous sommes extrêmement heureux de cette décision. Depuis longtemps, nous réclamions l'abo- lition de la validation des codes par le ministère, une étape qui retar- dait l'arrivée des budgets dans les écoles », s’est réjoui la présidente de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), Co- rinne Payne. Selon la Fédération, ces change- ments correspondent à l’esprit de la Loi sur l’instruction publique, qui indique que ce sont les besoins qui doivent être privilégiés et non les diagnostics. 6
mars 2018 Grâce à cette décision, les élèves n'auront donc plus à attendre de se faire attribuer un code de difficulté par le ministère, pour obtenir de l'accompagnement et des services par- ticuliers à l'école. « On pouvait savoir dès le mois de septembre qu'un élève avait un problème, mais on ne pouvait avoir de financement pour aider cet élève-là avant le mois d'avril. [Alors], vous comprendrez que pour nous aujourd'hui [cette annonce] semble [être] une bonne nou- velle », souligne la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Josée Scalabrini. S’il s’agit d’une étape bureaucratique de moins, rien n’indique pour le moment que les budgets iront de pair avec la décision ministérielle. « On espère et on croit que les ressources seront au rendez-vous puisque l'étape de vali- dation n'est plus là », explique Lyne Deschamps, conseillère cadre à la FCPQ, qui compte tout de même rester aux aguets. Le ministère de l'Éducation a cependant dit vouloir élaborer un nouveau modèle de finan- cement, dans le prochain mois, en collaboration avec les partenaires du réseau. Avec les informations de Sarah Sanchez 7
mars 2018 Les services de garde reconnus, pour le bien-être de vos enfants! Logo Service de garde reconnu Le ministère de la Famille a conçu un logo qui permettra d’identifier clairement les presta- taires de services de garde qui sont régis par la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance. Il s'agit des centres de la petite enfance (CPE), des garderies (subvention- nées ou non) et des services de garde en milieu familial. Le Ministère désire ainsi offrir aux parents la possibilité de repérer facilement les services de garde qui sont titulaires d’un permis déli- vré par lui ou qui sont reconnus par un bu- reau coordonnateur de la garde en milieu familial, et qui doivent par le fait même res- pecter les normes prescrites par la Loi. Ce logo évoque la préoccupation du gou- vernement du Québec en ce qui concerne la qualité des services de garde. Il témoigne de l’engagement du réseau à offrir un milieu de vie permettant aux enfants de s’épanouir en santé et en sécurité. Agréé par le Ministre, le bureau coordonnateur de la garde en milieu familial constitue l’instance qui coordonne, dans un territoire délimité, les services de garde éducatifs à l’enfance offerts par les personnes responsables d’un service de garde en milieu familial qu’il a reconnues et qui surveille l’application des normes établies par règlement 8
mars 2018 UN SERVICE DE GARDE EN MILIEU FAMILIAL RECONNU PAR UN BUREAU COORDONNATEUR C’EST: • Un milieu de vie sain et sécuritaire • Du personnel en nombre suffisant et qualifié • Des personnes qui possèdent les connaissances qui leur per- mettent d’accompagner l’enfant dans toutes les phases de son développement • Du personnel prêt à intervenir en cas d’urgence • La vérification policière des antécédents judiciaires du personnel qui travaille auprès des enfants et des personnes qui habitent la résidence où sont offerts les services de garde • Un minimum de trois inspections pas année qui ont pour but d’assurer le respect des exigencdes légales et réglementaires • Un milieu où l’utilisation du téléviseur est encadrée par le règle- ment • L’accès à des services spécialisés pour l’enfant en cas de besoin. CROQUE LA VIE bureau coordonnateur MRC Maria-Chapdeleine 9
mars 2018 Les futurs logements et condos de- vront être accessibles aux handicapés Radio-Canada, Publié le mardi 20 février 2018 Les nouvelles normes de construction destinées aux personnes à mobilité réduite visent les immeubles à loge- ments et à condos de plus de deux étages et huit unités. Photo : iStock Vieillissement de la population oblige, le gouvernement du Québec imposera de nouvelles normes de construction aux entrepreneurs. Les futures habitations com- prenant plusieurs logements et condos devront être dépourvues d'obstacles pour les personnes à mobilité réduite. Un texte de Mathieu Dion, correspondant parlementaire à Québec 10
mars 2018 Le Code de construction de la Régie du bâtiment du Québec sera prochainement modifié. Il obligera d’ici un an les constructeurs à rendre « minimalement accessibles » les futurs immeubles de plus de deux étages et comptant plus de huit unités. Environ 34 000 nouveaux logements ou condos prévus d’ici cinq ans devront se conformer à la nouvelle réglementation. « Au Québec, on est le seul endroit où 100 % de ces nouvelles constructions seront accessibles, com- parativement à ailleurs au Canada, où c’est entre 5, 10 ou 15 % », a indiqué en conférence de presse la ministre responsable de la Protection des consommateurs et de l’Habitation, Lise Thériault. Deux options de construction Les constructeurs pourront faire le choix entre deux normes. La première sera de rendre le logement ou le condo « minimalement accessible », c’est-à-dire de rendre le « parcours sans obstacle » pour un fauteuil roulant depuis la porte d’entrée de l’habitation jusqu’à l’intérieur des pièces, de la salle de toilette, à la salle de séjour et à la salle à manger. La salle de toilette devra en plus posséder un lavabo d’une hauteur accessible et un fond de clouage, soit des pièces de bois dissimulées permettant de fixer d’autres pièces telles que des barres d’appui. Le coût additionnel de cette norme pour un logement serait de 250 $, mais permettrait de répondre à un besoin en cas de problèmes de mobilité. Lorsqu'on achète notre condo, on va le regar- der sur une perspective à plus long terme. […] Je pense que ça va constituer une force de vente. Lise Thériault, ministre responsable de la Protection des consommateurs et de l’Habitation En vertu de la seconde norme, un entrepreneur pourra rendre les unités d'habitation « adaptables ». Le parcours sans obstacle devra alors s’étendre à la cuisine, à au moins une chambre et à un balcon. Les installations de plomberie devront aussi pouvoir être ajustables. Il en coûterait 550 $ de plus qu’actuel- lement pour un tel logement. « Les constructeurs ont de plus en plus de demandes en ce sens avec les baby-boomers », selon le pré- sident de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec, Éric Côté. Il estime que ses membres accueilleront favorablement ces modifications au Code de construction. « Commencer quelque part » La mesure vise seulement les immeubles de plus de huit unités, donc rien pour les plus petites habita- tions ou les maisons. « Il faut commencer quelque part », rétorque la ministre Lise Thériault. Les coûts deviendraient aussi beaucoup plus importants pour adapter toute une maison. L’Office des personnes handicapées du Québec semblait d’ailleurs satisfait de ces nouvelles normes. Sa directrice générale, Anne Hébert, a souligné les nombreuses revendications sur le manque de logements accessibles dans la province. Ces nouvelles normes permettent non seulement « d’accéder aux bâtiments », mais aussi « de pouvoir circuler à l’intérieur et vivre à l’intérieur », a résumé Mme Hébert. 11
mars 2018 Le Quotidien, Opinion, vendredi 9 mars 2018 Un stéréotype qui a la vie dure OPINIONS / Le ministère de la Santé vient d’étendre à l’ensemble du Québec un programme de dé- pistage de quatre maladies héré- ditaires relativement fréquentes au Saguenay-Lac-Saint-Jean (di- sons : le SLSJ, pour faire court). C’est une avancée formidable du point de vue de la santé publique. Or, pour accéder au test de por- teur, on doit avoir au moins un de ses quatre grands-parents nés au SLSJ (ou ailleurs dans l’Est-du- Québec). Je suggère aux responsables du programme de se tenir à l’affût : on pourrait réveiller un vilain stéréotype qui défie depuis longtemps les démonstrations les plus musclées. Voici comment il se présente dans sa forme habi- tuelle : • Le SLSJ est une région où les mala- • Les noms de famille y sont très peu dies héréditaires sont exceptionnelle- nombreux. Quelques patronymes, à ment fréquentes. eux seuls, regroupent la plus grande partie de la population. Les Tremblay, • C’est dû à la fréquence trop élevée par exemple, en représentent la moi- des unions consanguines. tié, sinon davantage. • Cette population est étonnamment • Les maladies génétiques se homogène : les habitants descendent concentrent chez les noms de famille presque tous des « 21 » pionniers qui les plus fréquents. Un médecin, inter- l’ont fondée en 1840. Leurs mauvais viewé à la télévision régionale dans gènes se sont donc reproduits à profu- les années 1970, recommandait aux sion, grâce à une grande stabilité géo- jeunes gens d’éviter d’épouser des graphique des familles et une absence Tremblay. d’immigration. 12
mars 2018 *** supplanter l’ancien dans les perceptions cou- rantes, des médias nationaux ou locaux se Tous ces énoncés sont faux. Venons-en main- plaisant à enfoncer les vieux clichés. tenant à la réalité : • La fréquence des unions consanguines au J’en ai toujours été fasciné. Des dizaines de SLSJ a toujours été inférieure à la moyenne fois, j’ai été confronté aux stéréotypes que québécoise. je viens d’évoquer. Chaque fois, je donnais des entrevues pour rectifier et je contactais • La contribution des fameux « 21 » au l’auteur de l’information pour en vérifier la bassin génétique est plus que marginale, source. Invariablement, elle s’avérait fau- seulement quelques-uns d’entre eux ayant tive. Mais c’était peine perdue ; peu après, vécu au SLSJ. les mêmes faussetés réapparaissaient ail- • Pour la seule période 1840-1870, on dé- leurs. nombre des milliers d’arrivants, grâce à un courant d’immigration qui s’est poursuivi En voici un exemple. Un groupe de bénévoles jusqu’à aujourd’hui. montréalais s’était formé pour prévenir la diffusion d’une maladie génétique grave au • La population s’est caractérisée par une Québec et pour changer la perception de ses mobilité géographique très élevée. symptômes jugés honteux. Une délégation • Les Tremblay comptent pour 6 % ou 7 % effectua donc une tournée de sensibilisa- de la population. tion dans les régions. Ses membres rencon- traient les médias et diffusaient les informa- • Il n’y a pas (ou peu) de concentrations tions pertinentes, incluant la fréquence des pathologiques par nom de famille. personnes atteintes au Québec. • Les maladies héréditaires ne sont pas Au Saguenay, les visiteurs annoncèrent plus fréquentes dans cette population. Mais que la fréquence était trois fois plus élevée à cause du mode de formation du bassin qu’ailleurs au Québec. Je remontai patiem- génétique dans l’Est-du-Québec depuis le ment la chaîne d’information. À sa source, 18e siècle, certaines maladies, très rares un scientifique m’avoua qu’il ne disposait pas ailleurs, y sont plus répandues. À l’inverse, de chiffre, mais comme il était «bien connu» d’autres maladies, très fréquentes ailleurs, que les maladies héréditaires étaient beau- y sont rares ou inexistantes. Un phénomène coup plus fréquentes dans cette région, on semblable existe dans des pays scandi- avait «ajusté» le message. naves, dans des régions de la Russie et de l’Afrique, etc. Telle est la force du stéréotype, ce mystérieux et redoutable mécanisme qui peut triompher *** de la réalité la mieux établie et bafouer la J’ai été impliqué pendant vingt ans dans la raison. En plus de créer, dans ce cas-ci, un recherche génétique au Québec, particuliè- préjudice à toute une population. rement sur le SLSJ. Parce que les projets mis sur pied s’appuyaient sur une infrastructure Attention aux mois qui viennent. On pourrait scientifique unique (le fichier BALSAC), ils bien assister au retour de la bête… ont permis de bouleverser les connaissances traditionnelles sur le sujet. Ils ont aussi atti- Gérard Bouchard, ré beaucoup d’attention médiatique. Mais le Historien, sociologue et professeur émérite à nouveau savoir n’est pas vraiment parvenu à l’Université du Québec à Chicoutimi. 13
mars 2018 S’ouvrir à l’autre Vincent-Guillaume Otis est le porteparole de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle Le Quotidien, 9 Mar 2018, FRANÇOIS HOUDE francois.houde@lenouvelliste.qc.ca Le comédien Vincent-Guillaume Otis est devenu une figure familière. Grâce à Série noire, d’abord, mais surtout à District 31, non seulement entre-t-il dans des centaines de milliers de foyers quotidiennement, mais il fait soupirer de désir nombre de télés- pectatrices. Or, si sa carrière n’a jamais semblé aussi fructueuse, il est un autre côté de l’artiste qu’on connaît moins: il est de nouveau le porte-parole de la Semaine québé- coise de la déficience intellectuelle qui aura lieu du 11 au 17 mars. L’implication n’est pas banale quand on sait tout ce qu’une émission quotidienne comme District 31 peut exiger d’un acteur surtout quand il en est un des personnages principaux, présent dans pratiquement toutes les émissions et au centre de la plupart des intrigues. Il y a le tournage, déjà, mais aussi la mémorisation de dizaines de pages de textes pour chaque épisode. « J’ai un horaire de premier ministre », rigolait Otis en entrevue avec Le Nouvelliste lors de la cérémonie officielle de lancement de la Semaine de la déficience intellectuelle mercredi dernier à Montréal. L’attachement du comédien à la cause ne peut faire de doute quand on constate qu’il occupe cette fonction depuis 2011. Sa sensibilité tient au fait qu’il la connaît intime- ment, ayant un frère souffrant de déficience intellectuelle. « Mon frère m’a beaucoup donné, admet-il volontiers. Si je suis sensible aujourd’hui à la valeur de justice sociale, c’est beaucoup à lui que je le dois. Je connais aussi l’importance de l’ouverture à l’autre. Ce sont des choses qui m’ont été inculquées jeune, que je le veuille ou non, mais en vieillissant, j’ai pris conscience de la grande richesse que ça représente. Je ressentais 14
mars 2018 profondément l’injustice en voyant mon frère se faire ridiculiser ou bardasser et je ne comprenais pas pourquoi ça arrivait. » « Je peux aussi dire qu’il m’a appris très jeune le sens des responsabilités. Je ne l’ai pas élevé, bien sûr, ce sont mes parents qui l’ont fait, mais à l’école, j’étais là, comme grand frère. Ça m’a fait gagner rapidement en maturité. » Lancé sur ce sujet, ce père de trois enfants nés de son union avec la Shawiniganaise d’origine Éveline Gélinas, est décidément intarissable et d’un enthousiasme que son débit rapide trahit. « Si je suis acteur, je pense que ce n’est pas étranger à la présence de mon frère dans ma vie. Un acteur est quelqu’un qui se nourrit des gens autour de lui. Ça prend un intérêt naturel envers l’autre et le monde dans lequel on vit. » Comme bien des artistes, il est fasciné par l’extraordinaire pureté dont font preuve les gens souffrant de déficience intellectuelle dans leur expression artistique. « C’est vrai que comme acteur, on est constamment à la recherche d’une certaine pureté de l’émo- tion qui donne de la vérité à ce qu’on joue. Or, ces gens-là l’ont naturellement. Ils ont une spontanéité extraordinaire. À l’école secondaire, j’ai été moniteur d’improvisation auprès de cette clientèle et j’ai tellement grandi là-dedans. C’était un gros défi, mais les gratifications étaient formidables. » « Les gens me félicitent pour mon implication, mais il ne faut pas se tromper : je vais chercher beaucoup là-dedans. » DES BESOINS On ne peut s’impliquer aussi intensément sans être douloureusement conscient des besoins énormes dans un secteur où l’aide gouvernementale s’est effritée au cours des dernières années. « Depuis 2011, j’ai vu une évolution positive de la situation parce que je trouve qu’on en parle davantage et que la sensibilisation est importante. Par contre, Anik Larose, la directrice générale de la SQDI, me dit souvent que sur le terrain, il suffit de cinq secondes pour détruire des années d’efforts. Une réflexion, une phrase mal placée par une personnalité publique et il faut tout recommencer. » « C’est vrai aussi pour les mauvaises décisions gouvernementales. Le gouvernement Couillard ne fait rien pour aider les OSBL et les organismes communautaires. Les inter- venants se débrouillent avec rien. Je vois de l’ouverture de la part du public, mais il faut aussi des moyens financiers et là-dessus, il y a d’immenses lacunes. » Pour tout un chacun, le défi de l’intégration des gens atteints de déficience intellec- tuelle tient à des choses simples, mais plus difficiles à réaliser qu’on ne le croit. « Il faut simplement faire preuve d’ouverture, plaide Vincent-Guillaume Otis. Il faut apprendre à les connaître. Le manque de connaissance de l’autre crée la peur et l’éloignement. La semaine québécoise de la déficience intellectuelle sert à ça. » De nombreuses activités sont prévues dans l’ensemble de la province. On peut en savoir davantage en consultant le site www.deficienceintellectuelle.org 15
mars 2018 PLAN DE LUTTE À LA PAUVRETÉ DE 3 MILLIARDS$ LES INAPTES AU TRAVAIL FAVORISÉS Québec assurera un revenu minimum aux personnes inaptes au travail Le Devoir, 10 décembre 2017 15h54 |Jocelyne Richer - La Presse canadienne | Québec Le premier ministre Philippe Les personnes jugées aptes au travail seront moins gâtées. Elles continueront de fonctionner quant à Couillard a présenté dimanche elles selon le régime actuel d’aide sociale, avec le plan de lutte du gouvernement quand même des primes bonifiées de formation et de recherche d’emploi. contre la pauvreté. On croit ainsi possible de sortir de la pauvre- Québec prévoit injecter 3 milliards $ au cours des té quelque 100 000 personnes démunies, d’ici cinq prochaines années pour mieux lutter contre la l’échéance de 2023. pauvreté, en augmentant l’aide financière versée aux plus démunis de la société, mais surtout à cer- Telles sont les grandes lignes de la politique ren- tains d’entre eux en particulier. due publique dimanche par le premier ministre Phi- lippe Couillard et le ministre de l’Emploi et de la Ce sont les personnes inaptes au travail qui sortent Solidarité sociale, François Blais. grandes gagnantes de la réforme tant attendue de l’aide sociale annoncée dimanche. D’ici 2023, elles Sitôt connu, le plan d’action a été aussitôt dénoncé verront leur prestation annuelle faire un bond de 12 par les groupes de défense des démunis, convain- 749 $ à 18 029 $, pouvant ainsi au moins espérer ne cus que Québec manie une fois de plus la carotte plus vivre bien en dessous du seuil de la pauvreté. et le bâton, cherchant à créer deux classes de Québec consentira 1,2 milliard $ à ces quelque 84 pauvres : ceux qui ne peuvent pas travailler et qui 000 personnes, qui auront droit dorénavant à un sont récompensés et les autres toujours pénalisés. revenu de base assuré (ou revenu minimum garan- ti), distinct du programme d’aide sociale. Le document, qui cumule 43 mesures et s’étend sur une centaine de pages, s’intitule « Plan d’action La loi de l’aide sociale devra d’ailleurs être modifiée, gouvernemental pour l’inclusion économique et la dès la prochaine session, pour lever les contraintes participation sociale 2017-2023 » et vise surtout les actuelles à la création de ce revenu de base. Par personnes seules. exemple, elles ne seront pas pénalisées si elles re- çoivent un héritage ou une autre forme de revenu, Le Québec compte 802 377 personnes vivant ac- contrairement aux assistés sociaux. tuellement sous le seuil de la pauvreté, fixé à 18 000 $ par an, pour une personne seule. 16
mars 2018 Le nombre de prestataires d’aide sociale est en Au total, en cinq ans, Québec prévoit injecter 580 baisse constante et se situe à l’heure actuelle à millions $ supplémentaires pour la bonification des 419 527 personnes, ayant droit à une prestation prestations aux gens aptes au travail et du bouquet mensuelle de base de 628 $. de mesures associées à Objectif Emploi. Le plan d’action annoncé dimanche ne change Questionnés à savoir si le revenu de base assuré rien à la controversée loi 70 adoptée l’an dernier. à une catégorie de personnes démunies allait dans Elle prévoyait déjà diverses primes pour les pres- un deuxième temps être étendu à tous, le ministre tataires acceptant de s’inscrire à un parcours d’em- Blais et le premier ministre Couillard sont demeu- ploi, mais incluait aussi des pénalités financières rés vagues. Il ne semble y avoir aucun plan en ce aux nouveaux prestataires qui refuseront toute ini- sens dans un avenir prévisible. tiative en ce sens. Leur prestation de base pourrait être amputée. Bons et mauvais pauvres Le Collectif pour un Québec sans pauvre- Bonifications au compte-gouttes té était outré de l’approche préconisée Québec reconnaît dans son document que les par Québec. « Ceci n’est pas un plan de prestations d’aide sociale ont été indexées annuel- lutte contre la pauvreté », a jugé le porte- lement, en général, mais « n’ont pas progressé au parole du collectif, Serge Petitclerc, mé- même rythme que le coût de la vie, entraînant un content de voir le gouvernement créer manque à gagner ». des « bons » et des « mauvais » pauvres. Cela n’empêche pas Québec de bonifier les pres- « On veut en aider une partie [des pauvres], et tations des gens jugés aptes au travail au compte- on néglige les autres. C’est complètement inac- gouttes. La prestation de base des personnes ceptable dans une société de droits », a renchéri seules aptes au travail sera bonifiée de 15 $ par Yann Tremblay-Marcotte, du Front commun des mois en 2018, puis de 10 $ additionnels, en 2019, personnes assistées sociales, convaincu que le 2020 et 2021. D’ici 2021, le revenu disponible gouvernement, avec sa réforme, « creuse les iné- annuel de ces prestataires passera de 9389 $ à galités » entre personnes aptes et inaptes, au lieu 9929 $, soit un peu plus de la moitié du seuil de la de les amoindrir. « Rendez-vous manqué », a-t-il pauvreté. conclu. S’ils veulent augmenter leur revenu, « la meilleure À l’opposé, le ministre François Blais a indiqué façon pour eux, c’est d’aller vers l’emploi », pour qu’avec ce plan d’action il voulait voir le Québec sortir de la pauvreté, a convenu le ministre Blais, en faire partie des « nations industrialisées comptant conférence de presse, en estimant avoir privilégié le moins de personnes pauvres ». les meilleures pratiques au monde en la matière. Il estime que l’effort consenti par le gouvernement En cette période de pénurie de main-d’œuvre, le actuel pour mieux soutenir financièrement les plus programme Objectif emploi, qui offre aux presta- vulnérables est sans précédent, « des sommes ja- taires divers services facilitant la formation et l’ac- mais vues dans l’histoire du Québec ». cès au marché du travail, sera augmenté graduel- lement d’environ 7 millions par année au cours des « Ce plan-là va faire époque », selon le premier mi- 5 prochaines années. nistre Couillard, en se montrant très fier de l’effort gouvernemental. 17
mars 2018 PLAN DE LUTTE À LA PAUVRETÉ Faits saillants Le plan d'action compte 43 mesures et actions, études, intégrer le marché du travail et s'impliquer nouvelles ou substantiellement bonifiées, qui se- socialement. Cette mesure est évaluée à 68 M$. ront portées par 18 ministères et organismes gou- vernementaux. Des investissements de 286 M$ viendront amélio- rer l'offre de logements sociaux et faire progresser L'introduction d'un revenu de base pour des Qué- les conditions de vie et la participation sociale des bécoises et des Québécois ayant des contraintes résidents. sévères à l'emploi représente des investissements de 1,25 G$. Jumelé aux autres mesures de sou- Le Fonds québécois d'initiatives sociales, qui fi- tien du revenu existantes, le revenu de base per- nance la mise en place de projets menés par des mettra à ces personnes vivant seules de bonifier acteurs locaux et régionaux visant à lutter contre de 41,4 % leur revenu disponible et d'atteindre in- la pauvreté et l'exclusion sociale, sera bonifié et dividuellement le seuil de la mesure du panier de atteindra 160,1 M$ sur cinq ans. Il s'agit de l'in- consommation (MPC). Le revenu disponible des vestissement le plus important à ce jour. De plus, couples sans enfants vivant une situation similaire les organismes de défense collective des droits augmentera quant à lui de 39,6 %. Ce revenu de soutenus pour leur mission globale par le Fonds base sera instauré graduellement au cours de la d'aide à l'action communautaire autonome et les période couverte par ce plan d'action. organismes multisectoriels profiteront d'un finan- cement additionnel de 50,7 M$. Plusieurs mesures visent à mieux soutenir les bé- néficiaires des programmes d'aide financière de Le gouvernement investira 65 M$ pour accroître dernier recours et les participants du Programme l'accès aux services de garde à contribution ré- objectif emploi et leur permettront de se concen- duite pour les enfants de personnes prestataires trer sur leur intégration et leur maintien sur le d'aide financière de dernier recours, faisant passer marché du travail. Parmi celles-ci, on compte une de 2,5 à 5 jours la période d'exemption de contri- bonification des prestations versées dans le cadre bution parentale à compter de janvier 2020. Éga- de ces programmes. Cette mesure permet d'at- lement, 40,6 M$ seront consacrés à la poursuite teindre 55 % de la MPC et représente un investis- de l'ouverture de classes de maternelle quatre sement de 580,3 M$. ans à temps plein en milieu défavorisé. Parmi les mesures favorisant l'intégration et le Soulignons finalement que dans l'analyse diffé- maintien à l'emploi, le gouvernement investira 38 renciée selon les sexes, que l'on retrouve dans M$ pour accorder un boni de 1 000 $ aux presta- le plan, s'il est vrai que la pauvreté touche tout taires d'aide financière de dernier recours et aux le monde, il est aussi exact d'affirmer que les participants du Programme objectif emploi s'étant femmes la vivent souvent de façon plus difficile en intégrés de manière durable au marché du travail. raison de circonstances qui leur sont spécifiques, Près de 260 M$ seront également offerts sous telles que la monoparentalité. Plusieurs mesures forme de primes au travail. visent donc à mieux les soutenir. Le gouvernement appuiera les jeunes issus de http://www.fil-information.gouv.qc.ca/Pages/Article. milieux à faible revenu voulant terminer leurs aspx?idArticle=2512105309 18
mars 2018 Un très bon plan, mais de très gros questionnements… Plan d’action gouvernemental pour l’inclu- sion économique et la participation sociale Québec, le 11 décembre 2017. L’Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l’intégration des personnes handicapées (AQRIPH) salue la publication du plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale 2018-2023, qui constitue une avancée pour des milliers de personnes handicapées et ce, à différents niveaux. Ce plan, qui comporte un investissement de 3 G$ est accompagné de 43 mesures toutes chiffrées avec des cibles qui sont précisées. Le problème, c’est que ces bonnes nouvelles pour les personnes handicapées, viennent avec d’importants questionnements. L’introduction d’un revenu de base pour les 84 000 personnes ayant des contraintes sé- vères à l’emploi, constitue la mesure la plus importante. Une augmentation substantielle des prestations est prévue comme suit : dès janvier 2018 les personnes seules auront une augmentation de 73 $ par mois (88 $ pour les couples). À terme, en janvier 2023, ce montant sera de 440 $ par mois ou 5 280 $ annuellement ce qui constituera une hausse de 41 % du revenu. L’exemption du revenu de travail pour les prestataires de la solidarité sociale passera de 100 $ à 200 $ (300 $ pour un couple). Cette mesure vient corriger une discrimination ap- parente entre les prestataires de la solidarité sociale et ceux du programme de dernier re- cours. C’est une avancée mais en comparaison à ce que d’autres provinces canadiennes ont adoptées pour les programmes de soutien au revenu des personnes handicapées, le pas aurait pu être plus grand. D’autres mesures sont prévues concernant la vie maritale, les primes au travail, les dons reçus etc… Les paramètres de l’aide financière de dernier recours devront être revus par des modifications réglementaires et peut-être même législatives. Quels délais seront né- cessaires pour faire ces adoptions ? Quelles seront les positions des partis d’opposition ? Il y a plusieurs impondérables à considérer avant la réalisation officielle des modifications. L’AQRIPH se questionne grandement sur le moment de l’annonce du plan et sur l’entrée en vigueur des différentes mesures. Nous sommes en décembre 2017, à dix mois d’une 19
mars 2018 élection générale au Québec. Nul doute qu’il faut lire le plan dans un contexte électoral. Malgré un début d’implantation en 2018, le plan se traduira-t-il ensuite par une simple promesse électorale ? Une chose est certaine, peu importe le parti qui sera au pouvoir à la fin de 2018, le plan et toutes ses modalités pourront être revus. Pour l’AQRIPH, toutes les conditions qui sont associées à la mise en œuvre de ce plan, se traduisent malheureusement par une importante épée de Damoclès au-dessus des têtes de milliers de personnes handicapées. C’est dommage mais la bonne nouvelle de la publication de ce plan, pourrait être dans les faits…une bien fausse bonne nouvelle ! Isabelle Tremblay Directrice de l’AQRIPH www.aqriph.com 418.694.0736 20
mars 2018 PLAN DE LUTTE À LA PAUVRETÉ Québec pose des limites à la solidarité sociale Marco Bélair-Cirino à Québec Correspondant parlementaire 3 février 2018 La hausse marquée des prestations de solidarité sociale passe sous le nez de milliers de personnes handicapées. Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale a haussé le 1er février la prestation mensuelle versée aux adultes ayant des contraintes sévères à l’emploi de 73 dollars. Or, les personnes handicapées hébergées par une ressource intermédiaire ou ressource de type familial n’ont pas tou- ché un sou. C’est que la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) a haussé de 73 $ la « contribution » exigée des presta- taires de solidarité sociale pour défrayer en partie les coûts de leur hébergement. Tout résident — peu importe s’il a des contraintes, temporaires ou perma- nentes, à l’emploi ou non — continuera de recevoir l’« allocation de dépenses personnelles ». Celle-ci est fixée à 215 $ depuis le 1er janvier, soit trois dollars de plus comparativement à l’année 2017. « Le gouvernement donne d’une main et reprend de l’autre », dénonce Nicole David dans un entretien avec Le Devoir. Elle reproche au gouvernement libéral de l’avoir « leurrée ». La curatrice privée avait accueilli avec enthousiasme le Plan d’action gouver- nemental pour l’inclusion économique et la participation sociale en décembre dernier. Elle croyait que son protégé, Jean-Pierre (nom fictif), pourrait doréna- vant mettre de côté un montant d’argent afin d’acquitter les frais d’inscription à un camp d’été ou encore procéder à l’achat d’une paire de chaussures ortho- pédiques. Elle avait tort. 21
mars 2018 Mme David a déchanté en prenant connaissance d’une lettre de la RAMQ informant que le loyer exigé à son proche, dont elle assure la protection depuis plus de 20 ans, passe de 747 $ à 820 $ par mois à compter du 1er février. « Nous faisons un geste concret afin de faire reculer la pauvreté », avait dé- claré le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, à la mi-décembre, tout en pointant le Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale. « Grâce à l’ensemble des investissements qui sont liés à ce plan, le Québec atteindra progressivement les rangs des nations industrialisées comptant le moins de personnes pauvres », avait-il ajouté. « C’était de la poudre aux yeux, lance Mme David. Ça me choquait d’entendre le ministre dire cela. Avec trois dollars de plus par mois, [Jean-Pierre] ne peut pas se payer plus de choses qu’avant. » Jean-Pierre est « très vif », malgré une forme grave d’autisme qui le laisse muet. Le pied bot restreint sa mobilité. « Un examen du cerveau l’a laissé avec une boiterie très sévère, qui a augmenté avec les années. Il s’est retrouvé dans un fauteuil roulant — il y est la plupart du temps —, alors qu’il est né nor- mal et courait dans les champs », relate Mme David. Jean-Pierre utilise son « allocation de dépenses personnelles » de 215 $ pour s’acheter des médicaments, des crèmes et des produits d’hygiène à la phar- macie. La facture oscille autour de 80 dollars. À celle-ci s’ajoutent les frais demandés pour assurer ses soins d’hygiène corporelle — rasage, coiffure — par le centre de réadaptation dans lequel il se trouve. « De temps en temps, il faut ajouter un montant pour acheter des vêtements et des petites affaires », explique-t-elle. Au rayon des « petites affaires », elle donne en exemple un ventilateur qu’elle a acheté puisque la chambre de Jean- Pierre n’est pas raccordée à un système de climatisation. « Il est à la limite de- puis tout le temps. On ne peut pas mettre de côté de l’argent », résume-t-elle. Nicole David prête main-forte à son protégé lorsqu’il est temps de l’inscrire dans un camp d’été, d’acheter de nouvelles chaussures orthopédiques ou encore un nouveau manteau d’hiver. « Moi, je le paie. Il n’est pas capable de s’acheter un manteau d’hiver, sauf une affaire dans laquelle il aurait gelé. Par- fois, il attend dans un fauteuil roulant sur le bord du trottoir », souligne-t-elle. « Dès qu’une affaire dépasse, je la lui paie. » 22
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