QUELQUES CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES SUR LA TRADUCTION
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Thierry Goater et Delphine Lemonnier-Texier QUELQUES CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES SUR LA TRADUCTION [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] Traduire un texte constitue un exercice spécifique qui met en jeu non seule- ment les compétences du traducteur sur la grammaire, la syntaxe et le lexique des différents segments successifs de ce texte (groupes de mots, phrases ou groupes de phrases), mais aussi la prise en compte de la dimension contex- tuelle de ces segments et de son impact sur la traduction. En d’autres termes, il s’agit non seulement de maîtriser les techniques de la traduction de manière ponctuelle, au sein des segments, mais aussi d’avoir du texte une vision globale, au niveau de sa structure, de son statut énonciatif et de sa portée sur le lecteur. Un texte littéraire met en jeu toute une série de composantes qui excède la somme des éléments constitutifs de chaque segment pris séparément, et la prise en compte de sa structuration et de sa portée est indispensable pour [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] aboutir à une traduction satisfaisante. La manière dont l’étudiant abordera le texte qui lui est soumis pour traduction est donc essentielle : un texte soumis à la traduction n’est pas choisi au hasard, au fil des pages d’un roman. Il consti- tue une microstructure au sein de la macrostructure littéraire du roman. L’identification de cette microstructure est essentielle (caractéristiques énonciatives et narratologiques) au même titre que celle du contexte culturel dont relève le texte. Un texte littéraire présente un univers fiction- nel à travers un ou plusieurs points de vue narratifs et énonciatifs, dont les contours sont teintés de perceptions et conceptions culturelles et idéologiques qui définissent les limites d’autant de subjectivités fictionnelles, tant dans le récit que dans le discours. L’identification de cette distinction entre récit et discours constitue la première étape préliminaire à tout travail de traduction du texte. L’identification des subjectivités fictionnelles mises en jeu est la seconde étape de ce travail d’analyse préliminaire : le texte littéraire « parle » au travers d’une ou plusieurs « voix » qui sont autant de fictions de sujet (narrateur[s], personnages, et parfois lecteur). À travers ces fictions de sujets, c’est un univers fictionnel 7
L’épreuve de traduction en anglais qui se dessine, incluant un lieu et un temps fictionnels, le plus souvent mimétiques (faisant référence à l’univers réel, dans sa géographie et dans son histoire), et parfois imaginaires ou fantastiques. Selon la coloration et les limites que l’auteur a choisi de donner aux « voix » grâce auxquelles il dessine cet univers fictionnel, l’image que le texte en donne est affectée d’un plus ou moins grand nombre de distorsions qu’il convient de prendre en compte pour la traduction, par exemple dans le cas d’un texte où l’univers fictionnel est présenté du point de vue d’un enfant, d’un personnage paranoïaque, etc. Avant de traduire le texte, il convient impérativement de le lire plusieurs fois, d’en faire une analyse minimale et rapide pour bien le comprendre, bien saisir le sens, la tonalité, et de se poser quelques questions : 1. S’agit-il d’un texte descriptif, narratif, analytique, d’un dialo- gue…? C’est à ce moment-là que l’on analysera le découpage entre récit et discours. 2. Quel type d’énonciation ? S’agit-il d’un narrateur à la 3e personne ou à [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] la 1re personne ? Le texte présente-t-il des changements de point de vue ? La traduction doit veiller à respecter tout ce qui touche à l’énonciation et à la focalisation, tout ce qui donne une coloration particulière aux mots. Qu’en est-il des personnages, quelles sont leurs caractéristiques susceptibles d’influer sur la traduction, telles que leur sexe, leur âge, leur contexte culturel, leurs limites, et les distorsions éventuelles dont leur point de vue se fait l’écho ? 3. Combien de personnages ? Qui sont-ils ? Quels rapports entre- tiennent-ils entre eux ? Les réponses à ces questions permettent d’éviter les erreurs dans la traduction des pronoms, les erreurs dans le choix du registre de langage. Le texte contient-il des noms propres de [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] personnes réelles, ainsi éventuellement que des noms de personnages de fiction ou des titres d’œuvres artistiques ? Ces éléments indiquent la présence de possibles jeux de reflets intertextuels, de clins d’œil au lecteur dans lesquels réside une part non négligeable du sens du texte, et dont l’identification permettra d’éclairer l’ensemble du passage à traduire. 4. Où ? Dans quel pays ? Avec quelles spécificités culturelles ? Identifier l’univers fictionnel et les repères culturels et sociaux qui jalon- nent le texte permettra d’éviter des contresens culturels et des impréci- sions dans la traduction. Cela permettra aussi, du point de vue lexical, de repérer les spécificités de l’anglais d’une zone géographique (améri- cain ou britannique, le plus souvent, bien que l’aire anglophone ne se réduise pas à ces deux zones), ou la présence de termes spécifiques à une région ou à un groupe culturel. 5. Quand ? Il est indispensable d’effectuer sur le texte à traduire un repérage systématique (sous forme, par exemple, de surlignage) des marqueurs de temps, qu’il s’agisse des adverbes de temps ou des temps verbaux utilisés dans les verbes conjugués. Le but de ce repérage 8
Quelques considérations méthodologiques sur la traduction est double : mettre en évidence le système temporel selon lequel le texte fonctionne, et identifier les jalons historiques, les allusions et les références à une époque donnée, afin d’éviter des contresens liés à des anachronismes (« voiture » peut ainsi renvoyer à une époque antérieure ou postérieure à celle de l’automobile, par exemple). 6. Le ton du passage est-il neutre, louangeur, lyrique, ironique…? Pour la version, présence ou non d’italiques emphatiques dans le texte, qu’il ne faudra pas oublier de rendre en français. 7. Le registre utilisé est-il familier, grossier, châtié, soutenu, etc. ? Le texte comporte-t-il des emprunts, des néologismes, des jeux de mots ? Les répétitions doivent être repérées : répétitions lexicales (un ou plusieurs mots), structures syntaxiques particulières (les figures de style), système d’écho dans le dialogue (incluant la stichomythie), allitérations et assonances (même dans un texte uniquement en prose), et elles doivent être interrogées. Ce qu’elles révèlent du fonctionnement du texte a nécessairement [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] un impact important sur la traduction que l’on est amené à en donner. Il est courant de comparer la traduction à un art supposant des qualités innées de la part de celui qui le pratique. Si la traduction peut effectivement être un art, elle n’en demeure pas moins affaire d’expérience et de technique. Qu’il s’agisse de version (de l’anglais vers le français) ou de thème (du français vers l’anglais), la traduction est souvent un exercice difficile car il suppose la maîtrise des deux langues, celle de départ et celle d’arrivée. Cette maîtrise requiert une lecture importante et régulière de textes littéraires afin de se familiariser avec des styles et des registres différents. À l’évidence, une bonne connaissance du lexique et de la grammaire de l’anglais et du français paraît une exigence minimale. Il convient d’enrichir [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] son lexique par la lecture mais aussi par un apprentissage systématique à l’aide de manuels de vocabulaire. La grammaire suppose elle aussi un apprentissage systématique et régulier. Par exemple, la méconnaissance de la syntaxe (ordre des mots dans la phrase), du système des temps, de la détermination risque d’entraîner une mauvaise traduction. Bien sûr, la seule maîtrise du vocabulaire et de la grammaire ne suffit pas pour bien traduire un texte. Il convient par ailleurs d’apprendre à connaître et à respecter le génie propre à chaque langue, c’est-à-dire ce qui fait sa spécificité, son identité. C’est ce génie de la langue qui rend très souvent la traduction littérale fâcheuse, voire impossible. Là encore, la lecture régulière en anglais et en français, et la pratique régulière de l’exercice de la traduction aident à se familiariser avec le fonctionnement propre à chaque langue. La traduction doit tout d’abord s’efforcer de rendre la littéralité, le sens littéral du texte d’origine sans trop le trahir. Il faut donc s’attacher à traduire tout le texte mais rien que le texte, sans retrancher ni introduire une idée ou une nuance. Il ne faut pas laisser de blancs ni proposer plusieurs traductions (dans le second cas, le correcteur prendra systématiquement la mauvaise 9
L’épreuve de traduction en anglais solution). Si plusieurs mots sont inconnus un jour d’examen, il faut proposer une traduction qui ne soit ni absurde ni en totale contradiction avec le texte, avec la situation. Il faut impérativement éviter les barbarismes et les non-sens. En outre, il faut essayer de respecter la littérarité du passage, c’est- à-dire sa forme, son style, sa tonalité : style écrit ou parlé ; niveau de langue soigné ou relâché, argotique, vulgaire ; ton lyrique, tragique, ironique. On ne traduit pas de la même manière une conversation entre adolescents et un passage narratif ou descriptif très élaboré. Dans la mesure du possible, il faut également rendre les figures de style (répétitions rhétoriques, parallélismes, métaphores, allitérations, etc.). Si la traduction peut devenir un art, elle demeure aussi affaire de technique. Pour ne pas tomber dans certains pièges grossiers, il convient donc de pratiquer régulièrement cet exercice et de savoir recourir à différentes stratégies : Le principe de compensation est précieux en traduction. Il consiste à [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] gagner à un endroit ce que l’on a perdu à un autre endroit. Parfois, le traduc- teur est obligé d’accepter de perdre une nuance sur un segment. Il peut tenter de la regagner à un autre endroit du texte. Par exemple, un style familier ou soutenu difficile à rendre sur un mot peut glisser vers un autre mot. Il convient cependant de veiller à ne pas trop trahir le texte lors de ces glissements. L’emprunt consiste à intégrer un élément d’une langue dans l’autre. Il peut combler une lacune de la langue d’arrivée (baguette, gourmet, chargé d’affaires…). Il peut permettre aussi de conserver la couleur locale d’un texte, par exemple en conservant le mot « gendarme » dans une traduction. Il ne faut toutefois pas abuser de ces emprunts. Le calque, emprunt d’un genre particulier, se révèle en revanche plus problématique. Il consiste à emprunter à la langue étrangère la structure [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] mais en traduisant littéralement les éléments qui la composent. Le calque est parfois possible mais très rarement. Il aboutit le plus souvent à une traduction inacceptable. Le calque lexical consiste à se laisser piéger par les faux amis. Chaque fois que la traduction directe (traduction littérale, emprunt ou calque) est impossible, il faut recourir à une traduction oblique à l’aide de procédés particuliers. La transposition consiste à exprimer une même idée par des catégories grammaticales différentes d’une langue à l’autre (verbe/adverbe, nom/verbe, nom/adjectif, nom/adverbe, adjectif/adverbe) : – As oil becomes more expensive… = Avec la revalorisation du pétrole (verbe + adjectif/nom). – Elle se contenta de sourire = She merely smiled (verbe/adverbe). Le chassé-croisé 1 est un cas particulier de double transposition impli- quant des verbes anglais suivis d’une préposition ou d’une postposition. Alors 1. Voir thème 11, questions de grammaire, pour une explication détaillée du procédé. 10
Quelques considérations méthodologiques sur la traduction que le français s’intéresse au résultat puis au moyen, l’anglais se focalise d’abord sur la manière dont l’action est accomplie : – The door creaked open = La porte s’ouvrit en grinçant. – Il traversa la pièce sur la pointe des pieds = He tiptoed across the room. Le chassé-croisé est dit incomplet quand le moyen de l’action disparaît en fran- çais (cas fréquent avec les verbes de mouvement fly, ride, sail, swim, walk, etc.) : – They walked out of the shop = Ils sortirent du magasin. Les structures résultatives constituent un cas particulier auquel le chassé-croisé est étendu. Il faut notamment veiller à ne pas oublier un des éléments de sens : – I was writing myself into those two characters = Je me projetais dans ces deux personnages par le biais de l’écriture. [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] La modulation consiste à changer de point de vue, d’éclairage. La modula- tion peut être lexicale (abstrait/concret, partie/tout ou partie/autre partie, perceptions sensorielles, origines géographiques) ou syntaxique (contraire négativé, passif/actif, participe présent/proposition relative, etc.) : – The hard shoulder = La bande d’arrêt d’urgence (concret/abstrait). – He is regarded as a fool = Il passe pour un idiot (passif/actif). – Soon now they would enter the delta = Désormais, ils n’allaient plus tarder à arriver dans le delta (contraire négativé). L’équivalence s’impose pour rendre compte de deux réalités linguistiques et culturelles différentes. Elle concerne les exclamations, les onomatopées, [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] les jurons ainsi que tous les proverbes, clichés et idiotismes : – Oh là là ! = Oh dear! – As proud as a Peacok = Fier comme Artaban. Dilution et étoffement. La dilution consiste à dire en moins de mots dans la langue d’arrivée que dans la langue de départ, alors que l’étoffement consiste à dire en davantage de mots : – They insisted on drinks = Ils insistèrent pour prendre un apéritif (étoffement de la préposition par un verbe). – Je revins à l’endroit où je l’avais rencontré la première fois = I came back to where I had first met him (dilution du nom par adverbe relatif). Attention ! La traduction d’un même segment peut mettre en œuvre plusieurs procédés et techniques (transposition + modulation + dilution, par exemple). De plus, les différents procédés et techniques indiqués ne sauraient être perçus comme des solutions miracles. Ils permettent tout au plus d’éviter les erreurs les plus graves et d’acquérir certains réflexes de traduction. 11
L’épreuve de traduction en anglais La parfaite maîtrise de ces procédés de traduction doit s’accompagner d’une compétence lexicale la plus large possible dans les deux langues, et d’une connaissance des spécificités de chacune. L’acquisition du lexique de chacune des deux langues dans toute sa précision et ses nuances est particu- lièrement importante pour traduire des textes littéraires, leur éventail lexical étant par définition très large. Enfin, il est essentiel de penser à relire sa traduction finale pour s’assu- rer du rendu général, de l’impression générale. On doit sentir le moins possible qu’il s’agit d’une traduction dans la langue d’arrivée. Et une toute dernière lecture doit viser à éliminer omissions, coquilles et surtout fautes de langue (orthographiques et grammaticales). Sur toutes les questions de méthodologie de la traduction, on renverra avec profit l’étudiant vers les ouvrages de la bibliographie, entre autres ceux de Françoise Grellet, tant pour la version que pour le thème. Ces questions [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] sont mentionnées dans nos commentaires de traduction, mais leur objet n’est pas de reprendre ces questions dans le détail. La maîtrise de cette méthodo- logie de la traduction est un prérequis pour l’utilisation fructueuse du présent ouvrage, et fait en principe partie des acquis des étudiants titulaires d’une licence LCER d’anglais. ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE Ouvrages généraux BALLARD M., La traduction de l’anglais au français, Paris, Nathan Université, 1987. CHUQUET H. et PAILLARD M., Approche linguistique des problèmes de traduction, Paris, [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] Ophrys, 1989. DEMANUELLI J. et C., La traduction : mode d’emploi. Glossaire analytique, Paris, Masson, 1995. GRELLET F., Initiation à la version anglaise, Paris, Hachette, [1985], 2010. GRELLET F., Initiation au thème anglais, Paris, Hachette, [1992], 2009. GUILLEMIN-FLESCHER J., Syntaxe comparée du français et de l’anglais. Problèmes de traduction, Paris, Ophrys, 1981. HIERNARD J.-M., Les règles d’or de la traduction, Paris, Ellipses, 2003. VINAY J.-P. et DARBELNET J., Stylistique comparée du français et de l’anglais, Paris, Didier, 1977. Recueils de vocabulaire Cambridge Word Routes Anglais-Français, Cambridge, CUP, 2004. REY J., BOUSCAREN C. et MOUNOLOU A., Le mot et l’idée. Anglais. Vocabulaire théma- tique, Paris, Ophrys, 1991. Dictionnaires unilingues Le Petit Robert. New Oxford English Dictionary (GB). 12
Quelques considérations méthodologiques sur la traduction Macmillan English Dictionary for Advanced Learners 2nd edition (GB). Webster’s Collegiate Dictionary (US). Dictionnaire bilingue Collins Robert Senior ou Super Senior. Dictionnaire de synonymes Roget’s Thesaurus. [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] 13
Sandrine Oriez 1 INTRODUCTION SUR LES QUESTIONS DE GRAMMAIRE [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] Les dispositions de mise en place des épreuves d’admission du nouveau CAPES pour toutes les langues vivantes à partir de la session 2011 lient la traduction à l’analyse linguistique. Ce croisement entre des spécialités par ailleurs bien distinctes (thème, version, analyse linguistique de l’anglais, et analyse contrastive du français et de l’anglais) oblige à repenser la pédagogie et les pratiques de ces différents exercices, notamment au sein des MASTERS qui ont pris en charge la préparation au CAPES. 1 C’est dans le prolongement de notre réflexion sur le développement de synergies entre ces différentes spécialités, et sur les pratiques pédagogiques qui en découlent, que nous avons conçu le présent ouvrage, avec, avant tout, l’intention de répondre aux besoins des étudiants, en LICENCE et surtout dans [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] les MASTERS conduisant aux Métiers de l’Enseignement et de la Formation (CAPES ou AGRÉGATION). Cet ouvrage de synthèse présente donc l’ori- ginalité de regrouper des textes traduits et commentés ET des exemples de questions de grammaire, que ce soit pour le thème ou pour la version 2. L’intention de constituer un ouvrage collectif découle également de notre volonté de diversifier à la fois les approches et les points de vue, tant au niveau de la traduction qu’à celui de l’analyse linguistique, afin de fournir au lecteur de cet ouvrage un éventail de perspectives d’autant plus riche. Il ne s’agit nullement de proposer un recueil de techniques de traduction, ni un ouvrage sur l’activité de traduction, pas plus qu’une synthèse théorique 1. Merci à Delphine Lemonnier-Texier et Catherine Chauvin pour leur aide et leurs conseils lors de la rédaction de cette introduction. 2. Les « sujets zéro » publiés par le ministère comportaient non seulement des questions de grammaire sur la version (comme autrefois à l’épreuve de l’agrégation externe), mais aussi des questions de grammaire sur le thème. Cependant, il semble que la présence de questions sur le thème dans ces sujets ne préjuge pas des évolutions possibles du concours. La linguistique appliquée au thème demeure néanmoins un excellent outil de travail et permet notamment de réfléchir, de façon approfondie, aux problèmes de traduction du français vers l’anglais. 15
L’épreuve de traduction en anglais sur les approches linguistiques de la traduction. D’excellents ouvrages de référence existent sur ces questions, et leur fréquentation est vivement recommandée aux étudiants préparant les concours. Il s’agit, avant tout, de permettre à l’étudiant de réfléchir sur l’exercice de traduction, en capitalisant sur ses acquis en grammaire, en linguistique, en thème et en version, à travers un parcours de 24 textes, classés par ordre de difficulté croissante, et sur lesquels un éventail de faits de langue et de questions de linguistique sont proposés à l’analyse. Cet ouvrage est conçu pour une utilisation autonome par l’étudiant, selon une progression hebdomadaire sur 24 semaines qui prend modèle sur le calen- drier d’une année universitaire (un texte de version en alternance avec un texte de thème, chaque semaine, pendant 24 semaines), ou bien sur un mode inten- sif de préparation dans les semaines qui précèdent les écrits des concours. Le classement des textes par ordre croissant de difficulté permet une progression équilibrée au fil de l’ouvrage. [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] L’objectif est de proposer un parcours permettant à l’étudiant d’acquérir des savoir-faire indispensables pour les épreuves de traduction du CAPES et de l’AGRÉGATION, ainsi que pour les examens universitaires des Masters Enseignement et Formation. Notre propos n’est pas de strictement calquer le format et le calibrage des sujets de concours, mais de construire une progression pédagogique sur un corpus de textes de traduction aussi large que possible ; c’est pourquoi la longueur des textes varie, tout comme le nombre, la longueur et la difficulté des questions de linguistique. Abordable dès la 3e année de Licence, cet ouvrage a pour but de montrer aux étudiants comment utiliser leurs savoirs en grammaire et linguistique pour mieux traduire les textes qui leur sont soumis. L’objectif visé est clairement [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] d’amener les étudiants non seulement à une excellente maîtrise de la langue anglaise, mais aussi à une meilleure connaissance de la langue française, par l’étude de leurs points communs et différences – compétences indispensables à tout étudiant de langues comme à tout traducteur ou futur enseignant. Les commentaires linguistiques proposés ont été rédigés principalement dans le cadre de la Théorie des Opérations Énonciatives, même si l’emploi de termes trop marqués a été évité, par souci didactique. Ces commentaires répondent à une double exigence pédagogique : apporter un éclairage linguis- tique sur des segments pour lesquels la traduction est ardue, et présenter des éléments d’analyse, mais aussi une perspective linguistique sur la question soulevée. Pour cette raison, ces commentaires sont souvent plus longs et bien plus détaillés que ce qui serait demandé à un candidat lors d’un écrit de concours. Nous avons en effet souhaité procéder à des rappels de cours, à des développements dont le segment commenté est le point de départ, en particu- lier dans le commentaire portant sur le thème, qui constitue un exercice auquel peu d’ouvrages généraux ont été consacrés. Le dialogue fructueux qui s’établit au fil des pages entre les deux approches va de pair avec ce souci pédagogique. 16
Introduction sur les questions de grammaire Concernant le format des commentaires de points de grammaire, nous avons choisi de proposer une présentation qui respecte un certain nombre de conventions formelles minimales, à des fins de lisibilité et de clarté du propos. Tout commentaire doit comporter une introduction, qui décrit d’abord préci- sément la forme soulignée et son contexte, puis recense les problèmes posés par cette forme, avec éventuellement l’annonce du plan qui sera suivi dans l’analyse. Celle-ci doit ensuite s’appuyer sur des connaissances linguistiques solides, prendre en compte le contexte d’apparition de la forme soulignée, et être illustrée de paraphrases et de manipulations qui permettent d’en cerner progressivement les contours et la spécificité. On s’attachera à souligner les particularités de cette forme, et, dans toute la mesure du possible, à étayer les choix de traduction au moyen de cette analyse linguistique. Les points soulevés dans le présent ouvrage ne constituent cependant qu’une petite partie de la culture linguistique indispensable à tout étudiant angliciste. Se construire une véritable culture linguistique passe nécessaire- [« L’épreuve de traduction en anglais », Thierry Goater, Delphine Lemonnier-Texier et Sandrine Oriez (dir.). Catherine Chauvin (collab.)] ment par l’étude régulière de plusieurs manuels de base. Nous recommandons donc vivement l’étude approfondie des ouvrages ci-dessous, en complément de ceux déjà cités pour la partie traduction : BOUSCAREN J. et CHUQUET J., Grammaire et textes anglais, guide pour l’analyse linguis- tique, Gap, Ophrys, 2002. BOUSCAREN J., MOULIN M. et ODIN H., Pratique raisonnée de la langue, Gap, Ophrys, 1996. HUDDLESTON R. D. et PULLUM G. K., The Cambridge Grammar of the English Language, Cambridge, Cambridge University Press, 2002. KHALIFA J.-C., Syntaxe de l’anglais, Gap, Ophrys, 2004. LAPAIRE J.-R. et ROTGÉ W., Linguistique et grammaire de l’anglais, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1991. [ISBN 978-2-7535-1184-2 Presses universitaires de Rennes, 2011, www.pur-editions.fr] LARREYA P. et RIVIÈRE C., Grammaire explicative de l’anglais, Paris, Pearson/Longman, 2010. ORIEZ S., Syntaxe de la phrase anglaise, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009. QUIRK et al., A Comprehensive Grammar of the English Language, Londres, Longman, 1985. 17
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