Rapport 2010 Développement durable - METEO-FRANCE
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Sommaire ÉDITORIAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 1- CONTRIBUER À L’ATTÉNUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 L’énergie : usage raisonné et sources alternatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Contribuer à une agriculture durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Contribuer à la maîtrise des émissions liées aux transports . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 2- DÉVELOPPER UN TRANSPORT AÉRIEN DURABLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 L’optimisation des trajectoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Appui météorologique à l’optimisation des capacités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 3- L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Produire et diffuser des informations sur le climat futur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Le développement des territoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18 4- SANTÉ ET ENVIRONNEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 La prévention des risques sanitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 La pollution et la qualité de l’air . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Les prévisions de dérive et de dispersion de polluants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 5- L’EXPERTISE DE MÉTÉO FRANCE DANS LE CADRE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Des perspectives et des actions fortes dans le cadre de l’OMM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Météo-France, partenaire de l’aide au développement durable en Afrique . . . . . . . . . . . 32 2
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 6- L’ÉCO-RESPONSABILITÉ, UN ENJEU FORT POUR L’ÉTABLISSEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Repenser les modes de déplacement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Développer une stratégie de rationalisation et d’aménagement du patrimoine immobilier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37 Développer l’aspect socio-environnemental des achats et maîtriser les consommations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 7- ENSEIGNEMENT ET SENSIBILISATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 La formation des personnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 L’offre de formations spécialisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Les actions de sensibilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 8- GLOSSAIRE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 3
Éditorial Dans le cadre de son Contrat d’objectifs et de performance avec l’État, Météo-France a mobilisé son potentiel scientifique, technique et humain en réponse aux attentes d’une société sans cesse confrontée au défi du développement durable. Les recherches menées au sein de l’établissement public, son appui aux politiques publiques, son expertise pour contribuer à développer l’activité économique dans un cadre respectueux de l’environnement sont autant de contributions à cette préoccupation majeure. Elles engagent aussi bien l’expertise de Météo-France en matière de climat que ses compétences météorologiques. Parallèlement, l’établissement développe une démarche éco-responsable et s’attache à améliorer en permanence son fonctionnement avec la ferme volonté d’être lui-même un acteur exemplaire. Le présent rapport témoigne de cet engagement quotidien au service de la démarche de développement durable en offrant quelques illustrations de l’implication de Météo-France dans des domaines aussi variés que la santé, l’agriculture, les transports, le climat ou l’aide au développement. François Jacq Le président-directeur général 4
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 1 CONTRIBUER À L’ATTÉNUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE (© Météo-France, P. Taburet) Météo-France est mobilisé pour permettre aux différentes filières professionnelles de respecter les engagements du Grenelle Environnement. Ceux-ci se déclinent notamment avec l’amélioration de l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables à l’horizon 2020, une augmentation des exigences environnementales dans le secteur agricole et la baisse des pollutions et des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports.
1 CONTRIBUER À L’ATTÉNUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE L’énergie : usage raisonné et sources alternatives La météorologie étant l’un des facteurs essentiels séries de températures redressées et des tempé- pour assurer la maîtrise de l’énergie, Météo-France ratures de référence-énergie (données tri-horaires est devenu un partenaire historique des producteurs et quotidiennes, extrêmes ou moyennes). et transporteurs d’électricité. Des produits spéci- fiques ont été développés pour leur permettre Par ailleurs, l’établissement est largement impliqué d’assurer de manière optimale l’équilibre entre dans le développement des énergies renouvelables, l’offre et la demande. Les prévisions par adaptation dont la part devra passer à plus de 20 % de la statistique de température et, à un degré moindre, consommation finale d’énergie d’ici 2020 selon les de nébulosité permettent ainsi d’estimer engagements du Grenelle Environnement. Cette acti- très précisément la consommation d’élec- vité a vu ces derniers temps une très forte croissance tricité pour les jours suivants. des demandes provenant du domaine solaire. Pour y répondre, Météo-France a mis en place de nou- La connaissance des températures de référence veaux produits, services et assistances spécifiques. prenant en compte le changement climatique Une offre d’estimation locale du potentiel solaire permet aux énergéticiens d’alimenter leurs modèles a ainsi été proposée et des prévisions de rayon- de consommation et de garantir ainsi la continuité nement solaire ont été développées sur la France et la qualité des énergies transportées, notamment par adaptation statistique. En outre, une action en présence d’événements extrêmes. Pour répondre engagée sur la prévision de la couverture nuageuse à ces besoins, en 2010, Météo-France a élaboré des permettra de couvrir des zones hors métropole. Premier tour du monde avec un bateau « solaire » Lundi 27 septembre 2010, le catamaran Planet Solar quitte le port de Monaco propulsé par une motorisation électrique exclusivement alimentée par des cellules (© Météo-France, P. Taburet) photovoltaïques. Météo-France réalise le routage du bateau grâce à un logiciel qui optimise l’ensoleillement sur le trajet et propose ainsi la trajectoire la mieux adaptée en fonction de l’apport prévu en énergie solaire. Le bateau solaire Planet Solar. 6
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Contribuer à une agriculture durable L’agriculture est actuellement confrontée à un grand En réponse à l’attente des agriculteurs, en 2010, nombre de défis. D’ici 40 ans, la production agricole Météo-France a mis en place une nouvelle offre devra en effet être multipliée par deux pour nourrir donnant accès, à travers un extranet, aux plus de 9 milliards d’habitants tout en accordant données de précipitations Antilope et à des une importance accrue aux conditions sociales et bulletins d’aide à la décision. Il s’agissait de environnementales. Suivant les recommandations du caractériser les conditions météorologiques Grenelle Environnement, la France a adopté le plan favorables ou non à l’application Ecophyto 2018 qui vise à réduire et sécuriser l’utilisa- des traitements phytosanitaires pour tion des produits phytosanitaires en divisant notam- l’ensemble des créneaux horaires. ment par deux l’utilisation des pesticides d’ici 2018. Dans ce cadre, Météo-France travaille en collabora- Des outils ont aussi été développés pour faciliter tion avec l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) une gestion de la ressource en eau plus respec- pour cartographier le risque d’épidémie de mildiou tueuse de l’environnement. Ils permettent en à l’échelle de la parcelle agricole et cibler au mieux particulier de mieux caractériser la sécheresse les traitements préventifs. L’expérimentation menée agricole à partir de données d’humidité du sol sur le vignoble bordelais a été étendue en 2010 aux disponibles aux pas de temps quotidien, décadaire vignobles du Val de Loire et du Cognaçais, avec l’ob- et mensuel, sur des mailles régulières de 8 km. jectif de mettre en place une modélisation fine sur l’ensemble du vignoble français. Les données météo- Instruments météo rologiques valorisées sont les analyses kilométriques dans les vignes du de précipitation Antilope, combinant données radar, château d’Yquem, à observations locales et données issues du nouveau Sauternes, en Gironde. modèle opérationnel Arome à 2,5 km de résolution. (© Météo-France, P. Taburet) Bulletin d’aide à la décision pour les traitements phytosanitaires. le lessivage, et des températures pas trop élevées pour prévenir Ce bulletin permet de prendre en compte tous les paramètres une évaporation rapide des produits de traitement. Les couleurs impactant l’efficacité du traitement. Les conditions requises indiquent, selon un code simple, le caractère plus ou moins sont : un vent inférieur à 19 km/h pour empêcher la dispersion favorable de la période pour traiter. Les règles définissant les en dehors des champs, peu ou pas de précipitations pour éviter couleurs sont choisies en accord avec l’utilisateur. 7
1 CONTRIBUER À L’ATTÉNUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE (© Météo-France, P. Taburet) Météo-France offre aux agriculteurs une gamme de produits agro-météo pour les aider à organiser leurs activités et mieux maîtriser leurs coûts. 8
MÉTÉO FRANCE | RAPPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Contribuer à la maîtrise des émissions liées aux transports La météo des routes en temps réel Avec l’outil Optima, Météo-France fournit désormais des informations géolocalisées sur l’état météoro- logique du réseau routier, par tronçons de 5 km. Rafraîchies toutes les 5 minutes en fusionnant prévisions et observations, elles renseignent sur les conditions attendues au cours de la prochaine heure. Les usagers peuvent ainsi prendre des pré- cautions pour prévenir la formation d’embou- teillages, réduire les risques d’accidents, et limiter leur impact sur l’environnement. Étendues à une échéance de 24 heures, ces Sortie Optima du 12.01.2010 à 16 h 30. Un épisode neigeux informations devraient fournir aux gestion- (en bleu) traverse l’Hexagone. À l’arrière, les zones de pluie naires des routes le moyen d’anticiper les sont indiquées en vert. Des inclusions (en rouge) marquent la événements de type givre, verglas ou neige présence de pluies verglaçantes. pour appliquer les traitements ad hoc de façon optimale et réduire le nombre d’interventions. Avec les informations de l’outil Optima, les usa- gers peuvent prendre des mesures pour éviter les embouteillages. (© Météo-France, P. Taburet) 9
1 CONTRIBUER À L’ATTÉNUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE Évaluer les impacts de chaque mode de transport Évolutions de la température, des précipitations et de la nébu- losité moyennes attribuées aux différents modes de transport, Coordonné par le centre aérospatial allemand dans le scénario A1B du Giec. L’impact des émissions de CO2 (DLR), le projet européen Quantify, achevé en 2010, (en bleu clair pour la route, en violet pour l’aérien et le mari- time) est distingué de celui des autres rejets (en bleu foncé pour avait pour ambition d’évaluer les effets relatifs l’aérien, rouge pour le maritime et vert pour le routier). des transports routier, maritime et aérien sur le climat et sur la composition de l’atmosphère. Le forçage radiatif des principaux rejets émis par la combustion et par les systèmes de climatisation a ainsi été évalué pour chaque mode de transport. En intégrant ces éléments, Météo-France a réalisé des simulations climatiques sur la période 1860- 2100, pour un scénario de croissance économique moyenne, le scénario global d’émissions A1B du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évo- lution du climat (Giec). Au cours du XXIe siècle, les émissions de CO2 des transports routier, maritime et aérien se traduiraient alors par des réchauffements à l’échelle globale estimés respectivement à 0,3, 0,1 et 0,1 °C. Soit un total de 0,5 °C à comparer aux 2,2 °C correspondant à l’ensemble des activités anthropiques du scénario A1B. Avec un réchauffe- ment supplémentaire de 0,15 °C, l’impact estimé des rejets autres que le CO2, produits par le transport aérien, est significatif. En revanche, pendant la même période, les émissions de SO2 et de NOx du transport maritime produiraient un refroidissement de 0,1 °C. Avec de fortes valeurs près du sol, prévues sous les hautes latitudes de l’hémisphère nord et en altitude (entre 500 et 200 hPa) dans les régions tropicales, les changements de température in- duits ne seront pas uniformément répartis. Ainsi, l’impact des rejets « non CO2 » des avions pourrait atteindre 0,5 °C dans la troposphère des latitudes moyennes de l’hémisphère Nord, entre 2091 et 2100. Ces simulations novatrices constituent un jalon vers une détermination plus précise des impacts sectoriels. 10
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 2 DÉVELOPPER UN TRANSPORT AÉRIEN DURABLE (© Météo-France, P. Taburet) La question du transport aérien durable relie la gestion optimale des capacités, la maîtrise des coûts et la minimisation de l’empreinte en- vironnementale. Météo-France y contribue par son activité opération- nelle et par des activités de recherche et développement ciblées. Une étude d’impact des rejets de combustion et des traînées de condensation a été menée dans le cadre du projet européen Quan- tify pour évaluer les effets relatifs des différents moyens de trans- port sur le climat et sur la composition de l’atmosphère (voir chapitre précédent : Contribuer à l’atténuation du changement climatique). La prise en compte du facteur météorologique étant incontournable pour l’optimisation des trajectoires suivies par les avions, Météo-France par- ticipe à plusieurs projets spécifiques des programmes européens Sesar (Single European Sky Air traffic management Research) et Cleansky.
2 DÉVELOPPER UN TRANSPORT AÉRIEN DURABLE L’optimisation des trajectoires Au cœur du développement durable du trans- Au sein du projet européen Cleansky, Météo-France port aérien, l’optimisation des trajectoires participe, avec les sociétés GTD, Atmosphère et vise à la fois la régularité du trafic, l’utilisation Use2Aces, au projet Simet qui fait partie du optimale de l’espace aérien, la maîtrise des démonstrateur technologique intégré (ITD) « Green consommations de carburants et la réduction Operations ». L’objectif est la recherche d’une de l’empreinte environnementale du trafic. organisation du trafic aérien minimisant l’impact environnemental, avec en particulier le choix de Dans le cadre de Sesar (Single European Sky Air trajectoires limitant les consommations de carbu- traffic management Research), l’établissement rant ou la formation de cirrus liée aux traînées de collabore avec la Direction des services de la condensation. En 2010, après avoir constitué navigation aérienne (DSNA) aux projets « Complexity une archive de plusieurs années, Météo-France Management in En Route » et « Separation Task in En a contribué au développement d’un logiciel de Route Trajectory based environment », engagés en recherche de situations météorologiques répondant 2010. Il s’agit de permettre aux gestionnaires du trafic à des critères définis pour les simulateurs de trafic. Il et aux exploitants de mieux prévoir les trajectoires et est alors possible d’en extraire les conditions prévues d’anticiper les conflits potentiels, en tenant compte et analysées pour le vent, la température et certains des conditions météorologiques. Les premiers phénomènes à fort impact (givrage, turbulence travaux ont porté sur l’identification des champs et orages). Interfacée avec la base de données tridimensionnels de vent utilisables par les logiciels de Météo-France, Airlab, la plate-forme de simulation de prévision de trajectoires, sur l’évaluation objective de Cleansky, permettra d’évaluer différents scénarios de leur qualité, et sur la caractérisation des erreurs de et d’étudier le bénéfice potentiel d’une utilisation manipulation des champs existants les plus fréquem- de prévisions de vent rafraîchies pendant le vol. ment commises par les utilisateurs aéronautiques. Des expérimentations en temps différé puis en temps Enfin, Météo-France participe au projet Capitole du réel sont prévues au cours des prochaines années. pôle de compétitivité Aerospace Valley, sur l’optimi- sation de la conduite du vol, grâce à l’exploitation de champs de vent mis à disposition du cockpit. (© Météo-France, P. Taburet) Au cœur du développement durable du transport aérien, l’optimisation des trajectoires vise entre autres à la régularité du trafic et à l’utilisation optimale de l’espace aérien. 12
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Appui météorologique à l’optimisation des capacités En 2010, les travaux ont porté sur l’amélioration des prévisions de conditions hivernales et de faible visibilité qui ont un très fort impact sur la gestion des capacités aéroportuaires. Par ailleurs, les conséquences de l’éruption du volcan Eyjafjöll ont conduit Météo-France à proposer certains concepts d’observation de la concen- tration de cendres dans l’espace aérien. Prévision des conditions hivernales et de faible visibilité Pour anticiper les perturbations neigeuses arrivant par l’est, une nouvelle station automatique d’obser- vation du temps présent et de l’état du sol (enneigé, gelé, humide, sec) a été installée à Vinantes (Seine- et-Marne) et une centaine de « veilleurs du temps » spécialisés ont été formés à la collecte et à la trans- mission en temps réel, via Internet, d’observations réalisées au voisinage de Roissy-Charles-de-Gaulle. En matière de gestion des conditions de basse visibilité, un impact positif des mesures effectuées par un instrument acoustique Sodar (Sonic Detection And Ranging) a été enregistré sur la prévision des brouillards et de leur dissipation. La disponibi- Mesure du sommet de la couche de brouillard par Sodar lité opérationnelle (99 %) des observations a été à Roissy-Charles-de-Gaulle. Ces données, destinées à assurer confirmée dans l’environnement de l’aéroport. une prévision de la dissipation du brouillard, sont cohérentes Des dispositions ont été prises pour l’exploitation avec les observations effectuées à partir de radiosondages. de l’instrument en 2011 et l’intégration de ses données au niveau de la chaîne opérationnelle. 13
2 DÉVELOPPER UN TRANSPORT AÉRIEN DURABLE (Cliché Météo-France DP/CMS) Panache de fumée du volcan islandais Eyjafjöll, vu par le satellite Terra le 6 mai 2010. Gérer l’impact des cendres volcaniques sur le trafic aérien L’impact économique de l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll a souligné la vulnérabilité du secteur aérien et la nécessité de mieux déterminer et prévoir les zones exploitables pour ouvrir des portions de l’espace aérien, comme l’a fait la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) pendant l’épisode d’avril-mai 2010. Au plan météorologique, la réduction des incer- titudes de la prévision passe d’abord par une meilleure observation de la source et des concen- trations émises dans l’atmosphère. L’expérience a montré qu’un réseau de lidars, complété par des mesures aéroportées des propriétés chimiques et physiques des cendres, pourrait assurer cet office. Toutefois, d’importants travaux de recherche restent à mener pour en évaluer l’apport et optimiser son utilisation en temps réel. Dans cet objectif, Météo-France s’est associé à la proposition d’investissement d’avenir Sofra- EX, pilotée par le Centre national de la recherche Concept d’un réseau de lidars permettant l’observation des scientifique (CNRS), incluant la mise en œuvre d’un aérosols en 3D (sites « A ») et du vent grâce aux mesures Doppler réseau de lidars et d’instruments aéroportés dédiés (sites « V ») pour les besoins d’étude du climat et des cendres à l’étude des aérosols et de leur impact sur le climat. volcaniques. 14
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 3 L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE (© Météo-France, Brunot Gilles) Cette année a été marquée par une participation aux travaux d’élabora- tion du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Une présence permanente a été assurée dans les trois groupes de travail de la « Concertation Adaptation » et des propositions ont été formulées pour le Livre Blanc. Ces contributions s’appuient sur une expertise de Météo-France sans cesse approfondie par une collabora- tion active dans tous les domaines affectés par le changement climatique. Quatre chercheurs de Météo-France ont ainsi été nommés pour participer à la rédaction du 5e rapport du Groupe inter- gouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). Le projet collaboratif Drias facilitera l’accès aux scénarios climatiques régionalisés français pour des études d’impact et d’adaptation. Enfin, Météo-France prépare une offre en direction des régions qui doivent établir des schémas du climat, de l’air et de l’énergie, en accord avec le Grenelle Environnement.
3 L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Produire et diffuser des informations sur le climat futur Réaliser des projections Mettre à disposition climatiques à l’échelle des territoires les résultats de simulations climatiques Météo-France produit régulièrement des Le portail Drias facilitera l’accès aux scénarios scénarios climatiques régionalisés en appui climatiques régionalisés établis par les équipes de la définition des politiques d’adaptation des de recherche françaises du Centre européen de territoires et de préservation de la biodiversité recherche et de formation avancée en calcul dans le contexte du changement climatique. scientifique (Cerfacs), de l’Institut Pierre-Simon- Laplace (IPSL) et de Météo-France. Il offrira des L’objectif est de réduire les incertitudes sur les données numériques et des produits simples, projections et d’améliorer l’analyse des impacts à permettant aux acteurs impliqués dans les l’échelle des territoires. Des simulations ont ainsi études d’impact et d’adaptation au changement été réalisées à l’aide de la version étirée du modèle climatique d’exploiter plus aisément ce maté- Arpège-Climat, qui atteint la résolution de 50 km riau de base indispensable à leurs travaux. sur les zones d’intérêt, et du modèle sur domaine limité Aladin-Climat qui a une résolution de 25 km. Organisé sous forme d’un projet associant tous Elles sont généralement forcées par des condi- ses partenaires, cofinancé par le programme Gestion tions aux limites latérales issues des simulations et impacts du changement climatique (Gicc) du couplées versées au Giec et retenant les principaux ministère de l’Écologie, Drias place les utilisateurs scénarios d’évolution des gaz à effets de serre. au cœur de son action. Un comité d’utilisateurs accompagne ainsi l’équipe de développement : ses membres sont représentatifs du large spectre de clients, qu’il s’agisse d’équipes scientifiques, de bureaux d’études privés ou de grandes entreprises. 4 Une enquête portant sur leurs attentes a été réa- lisée et ses résultats servent de références pour 5 les spécifications fonctionnelles du futur portail dont un premier prototype est attendu en 2011. 4 6 5 6 10 6 6 8 6 6 3 5 5 4 3 6 2 Température maximale diurne en été (°C) sur la France à la fin du XXIe siècle simulée par Aladin-Climat piloté par le modèle CNRM- 5 1 CM3 dans le dernier exercice du Giec (scénario A1B). 0 16
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Interview Stéphane Hallegatte Questions à Stéphane Hallegatte, chercheur à Météo-France et au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), auteur pour le Giec. (© Météo-France, P. Taburet) fonctionnement du « fonds vert » de travailleurs, entreprises. Les pour aider les pays en voie de groupes de travail se partagent développement – les problèmes les thèmes d’études : biodiver- sont toujours là : pas de consen- sité, eau, santé, risques natu- sus sur les contraintes de réduc- rels, agriculture, forêt, énergie, tion d’émissions de gaz à effet infrastructures de transport, de serre, ni sur le financement du tourisme et de l’urbanisme, du fonds vert… Mais les textes financement, recherche, informa- signés à cette occasion signifient tion, éducation et gouvernance. le retour des négociations dans le Météo-France apporte son exper- cadre onusien et offrent une pers- tise sur l’évolution du climat au pective d’espoir pour la COP 17 cours du XXIe siècle, et le Cired qui se réunira fin 2011 à Durban, son expertise sur l’évaluation en Afrique du Sud. des stratégies d’adaptation et la méthodologie pour bâtir ces @ Après la 16e Conférence @ En 2010, Météo-France stratégies. des parties (COP 16) qui et le Cired ont participé aux groupes de travail En juin 2010, les groupes ont s’est tenue à Cancún, au formés par le ministère rendu un premier rapport pro- Mexique, en décembre posant quelque 200 mesures 2010, où en est-on des pour établir le Plan d’adaptation. Recherche et déve- accords internationaux national d’adaptation au loppement, définitions de nou- sur le changement cli- changement climatique. velles normes et modifications matique ? En quoi consistent ces institutionnelles pour prendre en travaux ? compte le changement climatique Le protocole de Kyoto arrive à dans nos décisions constituent le son terme. En 2012, il n’y aura Le plan d’adaptation au change- cœur de ces mesures. plus aucun accord international ment climatique doit être remis « contraignant » concernant la à la fin du printemps 2011. La lutte contre le réchauffement cli- concertation mise en place par matique. Malgré quelques avan- le ministère a rassemblé collec- cées à Cancún – protection des tivités territoriales, administra- forêts tropicales, précisions sur le tions centrales, ONG, syndicats 17
3 L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Le développement des territoires Météo-France participe à plusieurs actions parte- De telles études ont par ailleurs été éten- nariales et pluridisciplinaires sur les impacts com- dues à la France entière pour permettre leur plexes du changement climatique et l’adaptation exploitation sur d’autres territoires. des territoires. Il s’agit principalement de répondre à la demande sociétale et aux sollicitations des régions qui doivent, dans le cadre du Grenelle Environnement, établir des schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie. Ces études concernent en particulier les impacts du changement climatique sur l’hydrologie et la gestion des ressources en eau, l’enneigement et les risques d’avalanche, l’agricul- ture, la biodiversité et les écosystèmes sensibles. Des études d’impacts à l’échelle régionale Le schéma régional Climat-air-énergie de la région Rhône-Alpes comprend un volet d’adap- tation au changement climatique pour lequel une étude a été demandée à Météo-France. Il s’agissait de caractériser le climat actuel et ses probables évolutions. Les résultats d’Arpège-Climat ont mis en évidence des augmentations très fortes de la température, renforcées en zone de plaine (vallée du Rhône et Sud Drôme - Ardèche), et de moindres changements sur les précipitations. Pour Changements climatiques prévus en région Rhône-Alpes ce dernier paramètre le secteur des Alpes occiden- au cours du XXIe siècle. tales (Vercors et Chablais) fait toutefois exception : une baisse sensible du cumul annuel est constatée et pourrait atteindre 20 % à l’horizon 2080, d’après les simulations. Ces travaux ont aussi permis de quantifier les possibles impacts du changement climatique sur le potentiel éolien de la région. 18
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Le changement climatique et les feux de forêt Le risque de feux de forêt constitue une menace pour élevé. Si cette tendance se poursuit, en 2030 elle la biodiversité et le développement durable de nos pourrait se traduire à l’échelle du territoire par une territoires. Météo-France a réalisé pour la Direction moyenne d’un millier d’incendies supplémentaires générale de la prévention des risques (DGPR) une chaque année. À l’horizon 2060, le risque météo- étude fondée sur l’analyse des variations de rologique d’incendie moyen observé aujourd’hui l’indicateur IFM (Indice feux météo), qui apprécie sur le pourtour méditerranéen s’étendrait à la le danger global d’incendie (éclosion et propagation) quasi-totalité du territoire. Selon les scénarios A1B en fonction des conditions météorologiques de sur- et A2, les conditions rencontrées pendant l’année face et de l’état de la végétation. Cet indice peut être 2003 deviendrait, dès cette échéance, la norme reconstruit à partir des observations passées et de la en termes de risque météorologique d’incendie. modélisation des interactions sol-atmosphère, puis simulé à partir des projections climatiques du Giec. À l’issue de ces travaux, une collaboration avec l’Office national des forêts (ONF) a permis de La comparaison des périodes 1961-1980 et 1989- définir un principe du zonage de l’aléa qui 2008, sur l’ensemble du territoire, montre une repose sur le croisement des données d’IFM et hausse moyenne de l’IFM pouvant atteindre 20 % de la carte de sensibilité au feu des essences sur la période estivale, avec un allongement de la composant les différents massifs forestiers. saison feu et une extension des zones à risque Évolution simulée de l’indice IFM moyen à l’horizon 2060 : - par rapport à la période 1989-2008 (à gauche) ; - dans le scénario A1B du Giec (au centre) ; - dans le scénario A2 du Giec (à droite). La probabilité d’occurrence d’incendie est faible tant que l’IFM reste inférieur à 20. 19
(© Météo-France, J.-P. Verney) 3 L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Les feux de forêt constituent une menace pour la biodiversité et le développement durable de nos territoires. 20
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Le risque incendie en Nouvelle-Calédonie Ce développement a été financé en partie par l’Agence nationale de la recherche (ANR) Depuis septembre 2010, Météo-France Nouvelle- dans le cadre du projet multidisciplinaire Incendie Calédonie dispose d’un nouvel outil d’évaluation Nouvelle-Calédonie (INC). Son utilisation opération- des conditions météorologiques favorables au nelle pendant la saison des feux de brousse déclenchement et à la propagation des incendies. (septembre à novembre) a donné entière satisfaction, C’est une méthode canadienne qui est désormais notamment aux services de la Sécurité civile qui mise en œuvre pour qualifier ce risque à partir des peuvent ainsi accéder rapidement et de manière dernières données de précipitations et des prévi- sécurisée à une carte de risque mise à jour sions d’humidité, de température et de vent, issues bi-quotidiennement. Les développements se du modèle du Centre européen pour les prévisions poursuivront jusqu’en 2011 en utilisant des simulations météorologiques à moyen terme (CEPMMT). à haute résolution (2,5 km) du modèle Arome. Carte de risque d’incendie sur la Nouvelle-Calédonie. Le 6 octobre 2010, le risque était compris entre « élevé » (en orange) et « très élevé » (en rouge) sur l’ensemble de l’archipel. 21
3 L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Mieux maîtriser le risque d’inondation à la Réunion précipitations sur la quasi-totalité de l’île. À l’issue des études menées en 2009, La partie sud de la Réunion étant menacée par le site du Piton Villers, situé sur la commune du le risque d’inondation, la création d’une Cellule de Tampon, a été retenu pour installer le nouveau radar. veille hydrologique (CVH) a été confirmée en octobre Le financement est assuré par le fonds exception- 2010. Sa mission de diagnostic et d’anticipation nel d’investissement outre-mer, le ministère du risque de crue et de ruissellement torrentiel de l’Écologie, du Développement durable, sera assurée par la Direction de l’environnement, de des Transports et du Logement (MEDDTL), l’aménagement et du logement (Deal) et par Météo- la commune du Tampon et le Fonds européen France. Elle exige l’installation d’un second radar de développement régional (Feder). Le marché météorologique dans le sud de l’île, en a été notifié en juillet. L’installation est pro- complément de celui installé en 1992 dans le grammée en septembre 2011 pour une mise nord, pour caractériser les cyclones tropicaux en service dès la saison cyclonique 2011-2012. à l’approche. La combinaison des deux radars La première pierre du bâtiment a été permettra de cartographier en temps réel les posée le 20 octobre 2010. Qualité de l’estimation des précipitations sur l’île de la Réunion obtenue avec le seul radar du Colorado (à gauche) et avec un radar supplé- mentaire installé au Piton Villers (à droite). 22
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 4 SANTÉ & ENVIRONNEMENT La gestion des risques sanitaires liés aux conditions climatiques, à l’envi- (© Météo-France, A. Lapujade) ronnement atmosphérique et à leurs évolutions futures est un axe majeur des politiques publiques. Météo-France contribue à caractériser certains de ces risques. Dans le domaine de la lutte contre la pollution atmosphérique, l’établissement apporte son appui à la gestion nationale de la qualité de l’air. Il participe aussi à la construction des services atmosphériques de GMES (Global Monitoring for Environment and Security) au côté d’autres partenaires français et européens. Enfin, Météo-France contribue à la ges- tion des risques liés aux pollutions accidentelles en milieux marin et atmo- sphérique, en mettant en œuvre des systèmes de prévision de dérive en mer et de dispersion dans l’atmosphère.
4 SANTÉ ET ENVIRONNEMENT La prévention des risques sanitaires Si les risques sanitaires associés aux grands froids Un système de prévision saisonnière du risque sont manifestes pour la catégorie particulière- d’épidémie de dengue a été mis au point en ment vulnérable des sans-abri, ses effets sur la Nouvelle-Calédonie (voir encart page suivante). santé de l’ensemble de la population sont sou- Deux autres maladies à vecteurs – la fièvre de la vent moins bien connus. Ils peuvent cependant Vallée du Rift et le paludisme – sont également étu- être conséquents et font l’objet d’une réflexion diées dans le cadre des projets AdaptFVR et PaluClim en collaboration avec l’Institut de veille sani- du programme de recherche Gestion et impacts taire (InVS) pour définir des critères d’avertisse- du changement climatique (Gicc). Compte tenu ment et un mode de communication adapté. des relations qui existent entre épisodes de pluies et émergence des moustiques vecteurs, il s’agit Dans le domaine de l’éducation contre le risque d’examiner l’impact de la variabilité du climat sur solaire, Météo-France réalise désormais des prévi- la pluviométrie et, par là, sur le risque d’épidémie. sions d’indice UV sur l’outre-mer. Des travaux sont aussi engagés pour améliorer les prévisions d’indice sur les stations de sport d’hiver de métropole, en pre- nant en compte l’effet de la présence de neige au sol. Indice UV calculé en ciel clair sur quatre sites outre-mer entre le 1er juillet 2009 et le 30 juin 2010. Les valeurs sont maximales pendant l’été local et atteignent des niveaux bien supérieurs à ceux observés en métropole. Variation de l'indice UV en ciel clair dans les DOM-TOM du 01 juillet 2009 au 30 juin 2010 Trois-Ilets (Martinique) Malabou (Nouvelle Calédonie) Faa'a (Polynésie française) Gillot (Réunion) 18 16 14 12 Indice UV 10 8 6 4 2 0 10-févr 24-févr 7-avr 4-nov 18-nov 5-mai 12-août 26-août 7-oct 21-avr 15-juil 29-juil 9-sept 23-sept 21-oct 19-mai 1-juil 13-janv 27-janv 2-déc 16-déc 30-déc 10-mars 24-mars 16-juin 30-juin 2-juin date 24
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Un modèle statistique de propagation de la dengue Le virus de la dengue et son principal vecteur, le moustique Aedes Aegypti, représentent un problème majeur de santé publique en Nouvelle-Calédonie, comme ailleurs sous les tropiques. Le nombre de cas varie fortement d’une année à l’autre. De nombreux facteurs épidémiologiques, météorologiques et entomologiques interviennent dans ces fluctuations, ce qui complique la tâche des autorités sanitaires dont le rôle est de préparer les professionnels de santé à l’éventualité d’une épidémie. Dans le cadre d’un programme de recherche du ministère de l’Outre-mer, en collaboration avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et l’Institut Pasteur de Nouméa, Météo-France Nouvelle-Calédonie a mené une étude statistique qui révèle le rôle majeur de la température, et non (comme on pourrait s’y attendre) des précipitations, dans la survenue des épidémies en milieu urbain et périurbain. Le développement d’un outil de prévision saisonnière, basé sur les résultats du modèle Arpège-Climat, permet désormais de fournir aux autorités sanitaires des informations plus pertinentes sur ce risque. Épidémies de dengue en Nouvelle-Calédonie depuis 1973. (© IRD, Rahola Nil) Il existe quatre sérotypes de dengue. Le graphique présente le nombre de cas recensés pour chacun des sérotypes. Aedes Aegypti femelle, moustique vecteur de la fièvre jaune et de la dengue. 25
4 SANTÉ ET ENVIRONNEMENT La pollution et la qualité de l’air Météo-France apporte régulièrement son expertise Mocage et Chimère, de l’apport des prévisions météorologique aux Associations agréées de sur- météorologiques à fine échelle du modèle Arome. veillance de la qualité de l’air (Aasqa) en soutien à leurs activités. Il participe aussi à la plate-forme Avec ses partenaires de Prév’Air, Météo-France nationale de la qualité de l’air Prev’Air. En 2010, cela joue aussi un rôle important dans la mise en s’est traduit par la mise à disposition de prévisions place de services de qualité de l’air sur l’Europe, de nouveaux paramètres fournies par le modèle au sein du programme GMES (Global Monitoring Mocage, comme les particules en suspension. for Environment and Security) et du projet Macc (Monitoring Atmospheric Composition and Climate). En décembre, Météo-France et l’Institut national de Des prévisions à 72 heures de qualité de l’air sont l’environnement industriel et des risques (Inéris) ont réalisées par un ensemble de sept modèles signé une convention-cadre qui renforce leur coopé- européens, incluant le modèle Mocage. Elles sont ration en matière de prévision de la qualité de l’air et complétées par des analyses des observations d’appui à la gestion des pollutions atmosphériques de surface et évaluées quotidiennement. Depuis industrielles. L’accord prévoit des recherches, des 2010, Météo-France opère la plate-forme qui pro- développements et des productions opérationnelles pose ces services et alimente le système « Eye-On- conjointes, visant à développer le système Prev’Air, Earth » de l’Agence européenne pour l’environne- au cœur du dispositif national de surveillance de ment (AEE) destiné à fournir en temps quasi réel la qualité de l’air. Des travaux sont en cours pour une information sur l’état de l’environnement. faire bénéficier les deux modèles de Prev’Air, À terme, les services GMES pourront bénéficier des observations d’ozone, monoxyde de carbone et autres composés chimiques importants, réalisées par l’infrastructure aéroportée Iagos (Integration of routine Aircraft measurements into a Global Observing System). Dans sa phase préparatoire, Iagos vise à définir le mode de fonctionnement pérenne de la collecte de mesures physico-chimiques à partir d’avions de ligne. Météo-France s’est en particulier investi dans la diffusion de ces données en temps réel sur le système de transmission de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). (© Météo-France, P. Taburet) Pollution sur Paris. 26
MÉTÉO FRANCE | RAPPORT DÉVELOPPEMENT DURABLE 2010 Enfin, l’établissement participe à deux programmes été réalisées sur l’Île-de-France, en juillet 2009 et en de recherche visant à mieux comprendre les proces- janvier-février 2010, pour étudier les interactions entre sus physiques et chimiques connexes à la qualité grandes agglomérations, qualité de l’air et climat. de l’air : Megapoli et Charmex (Chemistry-Aerosol Pour Charmex, qui se concentre sur les régions médi- Mediterranean Experiment). Dans Megapoli, terranéennes, les campagnes de mesures, en cours de deux campagnes de mesures aéroportées ont planification, sont envisagées en 2012 ou 2013. Saturday 20 November 2010 00UTC MACC-RAQ Forecast D+0 VT: Saturday 20 November 2010 Surface Ozone Daily Mean [ µg/m3 ] CHIMERE EMEP SILAM LOTOS-EUROS 500 500 500 500 240 240 240 240 200 200 200 200 180 180 180 180 160 160 160 160 140 140 140 140 120 120 120 120 100 100 100 100 80 80 80 80 60 60 60 60 40 40 40 40 20 20 20 20 0 0 0 0 MOCAGE EURAD-IM MATCH ENSEMBLE MEDIAN (N=7) 500 500 500 500 240 240 240 240 200 200 200 200 180 180 180 180 160 160 160 160 140 140 140 140 120 120 120 120 100 100 100 100 80 80 80 80 60 60 60 60 40 40 40 40 20 20 20 20 0 0 0 0 Plate-forme des services « qualité de l’air » de Macc (http://macc-raq.gmes-atmosphere.eu), opérée par Météo-France, présentant un exemple de prévision d’ensemble de l’ozone à la surface. 27
4 SANTÉ ET ENVIRONNEMENT Les prévisions de dérive et de dispersion de polluants (© Cedre) Le système Mothy de prévision de dérive en mer est utilisé plus de 600 fois par an pour assis- ter les autorités responsables de la lutte contre les pollutions (nappes de pétrole en particulier) ainsi que des opérations de recherche et sauve- tage (hommes ou objets tombés à la mer). Des travaux d’amélioration sont en cours. Ils portent sur les forçages de vent et de courant, et sur la prise en compte des incertitudes associées. La prévision de la dispersion atmosphérique de rejets accidentels chimiques ou nucléaires est assurée par les systèmes Mocage-accident, pour les Nappe de pollution en mer. échelles régionale à continentale, et Perle pour la courte distance. En 2010, le premier a notamment été utilisé lors de l’éruption du volcan islandais et des incendies de l’été en Russie. Quant au second, sa capacité à bénéficier d’un forçage météoro- logique Arome est désormais opérationnelle. Concentrations relatives de polluants prévues une heure après le début d’un rejet fictif à Reyssouze dans l’Ain. Simulation de dispersion réalisée par le système Perle, forcé par les prévisions météo- rologiques du modèle à haute résolution Arome. 28
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