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Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles: Niger Catalystas Commissioned by the Netherlands Enterprise Agency
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles: Niger Ce rapport a été documenté, développé et compilé par Catalystas Consulting. L'équipe de projet était composée de chercheurs sur le terrain: Mme Aurelie Viard-Cretat et Mme Sandra Galbusera, une coordonnatrice de recherche Mme Beatrice Maneshi, une conseillère technique Mme Aviva Stein et des membres de l'équipe de consultation locale: M. Aboubacar Mafa Diarra, Mme Virginie Coulibaly, Mr. Titiama Stéphane et Ouma Kaltoume Issoufou. (Août 2019 | Amsterdam, Pays-Bas) 1
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Table des matières Introduction 3 1. Aperçu économique et commercial national 3 2. Aperçu du commerce international 6 3. Analyse situationnelle nationale de la tendance actuelle de l'emploi des jeunes (en général) 9 4. Politiques et Efforts en matière d’Emploi 14 5. Analyse situationnelle régionale de l'emploi des jeunes et vue d'ensemble du secteur agricole par région (Niamey, Maradi, Tahoua) 17 a. Niamey 18 b. Maradi 19 c. Tahoua 21 6. Cinq chaînes de valeur recommandées 22 7. Recommandations au gouvernement néerlandais 23 Acronyms Appendix B: Liste des stakeholders Appendix E: Chaînes de valeur sélectionnées Appendix F: Bibliographie Appendix G: Méthodologies de l’emploi des jeunes 2
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Introduction Afin d'identifier un certain nombre de chaînes de valeur agricoles ayant un fort potentiel d'effets positifs des initiatives néerlandaises d'investissement et de soutien, notre mission de cadrage a examiné divers produits agricoles disponibles dans les trois domaines ciblés. Un aperçu complet de notre méthodologie de recherche concernant ce rapport est disponible à l’Annexe G: Méthodologies pour la recherche et les rapports sur la création d’emplois. Grâce à des entretiens avec des fournisseurs locaux, des gérants d’entreprises, des groupements et coopératives, des fonctionnaires et des acteurs internationaux, tout en gardant à l’esprit les objectifs politiques du gouvernement néerlandais, nous avons été en mesure de sélectionner quelques chaînes de valeur de choix qui pourraient grandement bénéficier du maintien ou de l’expansion des programmes existants grâce à un soutien des Pays-Bas. Ces chaînes de valeur sont: les produits laitiers, l’arachide, la mangue, l'oignon et le moringa. Bien que cette liste ne soit pas exhaustive et qu'il existe de nombreuses autres opportunités d'investissement, nos recherches suggèrent que ces secteurs bénéficieraient à la fois à la population du Niger et à l'économie nationale, aideraient le pays à atteindre ses objectifs de croissance économique et contribueraient en même temps aux OMD 2, 4, 5 et 8. Une analyse complète de chaque chaîne de valeur se trouve en Annexe E: Chaînes de valeur sélectionnées. I. Aperçu économique et commercial national Le Niger est l'un des pays les moins développés du monde, avec les indicateurs socio-économiques et de développement les plus pauvres (0,364 Indice de Développement humain, PNUD 2017) et la plus forte croissance démographique (7,6 enfants par femme en moyenne). Au cours de la mission au Niger et sur la base de recherches ultérieures, Catalystas Consulting a découvert que les jeunes et les femmes sont confrontés à des contraintes différentes pour "trouver un travail productif et décent". Les principaux obstacles sont les suivants: un pourcentage élevé d'illettrées et d'analphabètes, en particulier parmi les femmes rurales; les effets d'exclusion négatifs des (jeunes) femmes victimes de discrimination en raison des normes sociales et des stéréotypes culturels; l'absence de réseaux professionnels; des compétences réduites pour certaines professions techniques très demandées; un accès limité - dans les zones rurales - aux informations sur les possibilités d'emploi et une représentation insuffisante des structures publiques dans les régions. Enfin, il convient de noter que l'Etat nigérian reste le premier employeur "formel"; les jeunes Nigériens qui ont la possibilité et l'opportunité d'obtenir un diplôme s'efforcent de travailler comme fonctionnaires. Le travail indépendant et l'esprit d'entreprise sont sous-développés création de l’emploi pour des jeunes en général. Lors de la mission sur le terrain au Niger, Catalystas Consulting a pu collecter des données et des constats pareils. En collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie du Niger (CCIN), l’Association des étudiants entrepreneurs du Niger (AEEN) a organisé, le 9 août 2019, à Niamey, la 2ème édition de Business for Development. Cette initiative vise à former 100 étudiants porteurs de projets, sur des thèmes relatifs au leadership, au management d’entreprise et la fiscalité. En présidant la cérémonie de lancement, le secrétaire général de la CCIN, Ousmane Mahaman, a assuré les membres de l’AEEN du soutien de la structure dont il est le patron de l’administration. « La formation étant le meilleur gage de réussite, pour toute entreprise en quête de performance, j’espère que vous saurez profiter, au maximum, de cette opportunité pour réaliser vos projets de création d’entreprises, ou pour améliorer la situation de celles qui existent déjà », a-t-il dit. 3
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Cette initiative récente de Business for Development et la citation du secrétaire général de CCIN à ce propos font une des preuves du nombre agrandissant des initiatives prometteuses et de l’ambiance optimiste dans le domaine de la création de l’emploi pour des jeunes en général. Lors de la mission sur le terrain au Niger, Catalystas a pu collecter des données et des constats pareils. Bien que le Niger ait fait des progrès significatifs dans la réduction des inégalités ces dernières années, le taux de pauvreté de la population reste très élevé (45,41%, 2017). Il convient de noter en plus que les régimes alimentaires au Niger sont en moyenne peu diversifiés, entre autres sous l’effet potentiel du changement climatique, ce qui donne un très faible taux de Household Dietary Diversity Score. Cependant, 22% de la population nigériane souffre d'insécurité alimentaire chronique (consommation par habitant inférieure à 1 800 kcal/ personne/ jour). En raison des grandes différences annuelles dans la production de denrées alimentaires de base, les disponibilités alimentaires totales dépendent fortement des importations alimentaires et de l'aide alimentaire extérieure. Informations de base sur l'économie L’économie nigérienne est caractérisée par un tissus économique faible, un marché du travail contraignant: seul 1 % de la population active travaille dans le secteur formel; 75 % des emplois sont dans le secteur informel. En plus, il y a peu ou pas d’embauche du secteur public depuis 20 ans, ce qui entraîne malheureusement un effondrement des services du secteur public, notamment dans le domaine de l’éducation et de la santé. Le taux de croissance économique atteindra 4.9 % en 2017, grâce à la forte augmentation de la production agricole irriguée et au renforcement de la production pétrolière (WDI Banque mondiale 2018). Dans des termes généraux, les experts et les rapports officiels concernant le Niger sont tous d’accord sur les constats que le taux de croissance de la population nigérienne est incompatible avec les capacités économiques du pays et qu’il existe de graves problèmes de qualité d’éducation et de formation (professionnelle). Plus de 70% des emplois de la capitale Niamey sont générés par le secteur informel et près des 2/3 des ménages sont gérés par une personne ayant une activité dans ce secteur. L’irrégularité du travail, les variations saisonnières des activités et le sous-emploi constituent autant de caractéristiques de l’emploi informel qui contribuent à accroître la vulnérabilité à la pauvreté des travailleurs de ce secteur. Produit intérieur brut Produit intérieur brut par habitant Taux de croissance du PIB 7.12 milliard(s) $ US 1153 $ US (2017, FMI) 4,9 % (2017, FMI) La structure de l’économie nigérienne n’a guère changé, avec le maintien d’une agriculture de subsistance peu productive et un très faible développement du secteur privé. L’économie nigérienne se caractérise par une diversification très limitée et une faible compétitivité. Elle ne participe que peu dans les échanges économiques internationaux. En plus, il y a un taux de chômage global à 17% (2014). L’incidence du chômage est plus forte chez les femmes que chez les hommes, avec des niveaux respectifs de 28,9% et 4,4% (2014). Elle est aussi plus marquée chez les jeunes, avec un taux de chômage de 23,7% pour la tranche d’âge des 15-29 ans. Le sous-emploi affecte, quant à lui, 68,4% de la population active. Il sévit principalement en milieu rural, affectant 70,4% de la population active (PDES, 2017-2021). Du côté public, l'administration publique est mal structurée et organisée pour relever les défis des secteurs rural et éducatif. Dernièrement, il y a des menaces sécuritaires considérables avec notamment le déploiement des forces nationales et des forces mixtes induisant des dépenses ne plus supportées par le seul budget de l’Etat. Lors de multiples entretiens sur le terrain au Niger, Catalystas a pu apprendre que la confiance aux institutions publiques est en déclin et un fossé se creuse entre les usagers et le service public. Les causes sont principalement une mauvaise architecture administrative ce qui implique que les centres de décision sont souvent éloignés des populations. Le second point de ce problème est la corruption qui est en train de prendre de l’ampleur, au point où 4
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger l’usager du service public n’imagine pas avoir recours à une structure publique sans un bakchich pour le fonctionnaire qu’il aurait à rencontrer. Catalystas adhère à la stratégie de renforcer les capacités des institutions étatiques. Ces sections ont été supprimées pour des raisons de confidentialité. Des demandes d'informations plus détaillées peuvent être envoyées à io@rvo.nl. Les secteurs de l'agriculture, de l’industrie et des services Le secteur primaire (agriculture, l’élevage, la chasse, la pêche et la sylviculture) a toujours été le premier secteur contributeur à la formation du PIB du pays. Il représente 38,8% du PIB en 2016 (PDES, 2017-2021). Ce secteur constitue aussi l’activité à laquelle s’adonne l’écrasante majorité de la population nigérienne (86,5%) et qui se retrouve concentrée dans la bande sud du territoire. Le secteur secondaire représente quelque 17% du PIB (2016), dont la moitié revient aux industries extractives que sont le pétrole et la production minière, uranifère et aurifère (11%). Les activités de fabrication alimentaire et de produits pétroliers contribuent, quant à elles, à environ 5% du PIB. Enfin, le secteur tertiaire représente près de 44,2 % du PIB (2016). Il s’avère en hausse constante grâce au dynamisme des transports et des télécommunications, du commerce et des services de réparation ainsi que de l’administration publique. L’agriculture est fondamentale pour le développement du Niger et emploie 82% de la population. La part de l’agriculture (y compris l’élevage, la pêche et la foresterie) est passée de 38 % en 1995 à 42,1 % en 2014. Parallèlement, le déclin des services est d’une ampleur quasiment identique, passant de 47 % du PIB en 1995 à 39 % en 2014. Depuis les années 1995 avec les programmes SAP de la BM/FMI, il y a eu un désengagement de l'Etat nigérien des certains secteurs, ce qui a amené à un démentiellement des infrastructures industriel (aujourd'hui toutes les usines de la zone industrielle ne sont pas fonctionnelles) car bon nombre d'elles étaient des sociétés d'état. A cela s’ajoute que près de 82,6% de la population vit en milieu rural et que ce sont principalement des agriculteurs de subsistance rurale, qui dépendent de l’agriculture pluviale comme leur principale source de nourriture et de revenus. La poursuite de pratiques extensives et improductives dans le secteur agro-sylvo-pastoral, soumis à de fortes contraintes d'utilisation des terres, conduit à la fragmentation des exploitations et à une dégradation croissante des ressources naturelles. Les exploitations agricoles de petite taille -la taille moyenne des exploitations agricoles est de 5 ha pour environ douze (12) personnes- sont de plus en plus dominantes. Elles font travailler la force de travailleurs familiaux non payés. Ces petites exploitations sont très fragmentées en raison de la croissance démographique et du droit successoral actuel. Du côté de la demande agricole, le capital physique productif dans le pays est très faible et se résume jusqu’à nos jours à des équipements traditionnels très archaïques utilisés depuis très longtemps (hilaire, daba). Même si l’utilisation de la traction animale pour labourer les champs gagne timidement du terrain, son envergure reste limitée du fait du faible pouvoir d’achat des paysans et le manque d’encadrement et de financement. Lors de multiples entretiens et visites sur le terrain au Niger, Catalystas a pu observer et entendre des témoignages des jeunes vivant dans les zones rurales de Maradi et Tahoua que la profession d’agriculteur n’est que le dernier recours de ‘gagner sa vie’. Ceux qui ont la possibilité d'étudier et de migrer vers la capitale de Niamey ou ailleurs préfèrent travailler comme employés de l'Etat nigérian ou, par exemple, dans les activités minières de grandes multinationales comme Orano (ex-Areva). Pouvoir d'achat interne Le Niger est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA); ses politiques monétaires et de change sont donc définies par les modalités de l’UEMOA. Le taux de change du franc CFA, la devise commune de l’UEMOA, est indexé sur l’euro (et précédemment, sur le franc français) et n’a pas été modifié depuis 21 ans. 5
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Le déficit du compte courant s’est sensiblement dégradé en passant de 16,4 % en 2013 à 17,7% en 2015, dû en partie à la baisse des exportations de l’uranium (qui représente près du tiers des exportations), des produits pétroliers, et à la détérioration des balances des services et de revenus. La hausse des importations étant la conséquence des achats de biens d’équipement et des biens intermédiaires. L’inflation est quant à elle maintenue en dessous de la norme communautaire de 3% depuis 2010 grâce aux actions du gouvernement nigérien pour contenir les prix des céréales et à la politique monétaire prudentielle de la banque centrale. La dette extérieure est soutenable grâce aux différentes restructurations obtenues auprès des créanciers, dans le cadre de l’initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale. Principales cultures agricoles La production agricole du Niger est dominée par deux types de cultures: les céréales et les légumineuses, essentiellement le niébé. La production de céréales, a enregistré une hausse de 25,2% entre 2014 et 2015. Parmi les céréales, le mil et le sorgho, principales cultures, représentent respectivement 63,7% et 31,0% de la production de céréales en 2015. L’existence d'un énorme potentiel de matières premières agro-pastorales (tomates, niébés, lait, viande, viande, oignons, sésame, cuirs et peaux, poivrons, céréales, produits forestiers) offre de grandes possibilités de transformation et de modernisation agro-industrielles. En effet, les produits agricoles constituent 16% du volume des exportations à travers le niébé, l’oignon, la gomme arabique, le souchet, le sésame. D’autres cultures maraîchères telles que l’ail, le poivron, sont également des filières porteuses. Par exemple, la production de niébé a augmenté progressivement depuis 2012, passant de 1,3 million de tonnes en 2012 à 1,6 million de tonnes en 2015. Cela correspond à une augmentation d'environ 23,1 % sur la même période. Transactions commerciales Le Niger est membre de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Il est aussi membre de la Commission de l’Union Africaine (UA) et de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD). Le Niger fait partie du Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), du G5-Sahel, du Conseil de l’Entente, de l’Autorité du Liptako-Gourma, de l’Autorité du Bassin du Niger et de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT). Le marché régional représente également une opportunité pour le Niger, qui partage des frontières terrestres avec 7 pays. Il est notamment membre de: ● L’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) qui a adopté une politique agricole commune en 2001, la PAU (Politique agricole de l’union) ● La CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), qui a adopté en 2005 une politique agricole régionale, l’ECOWAP/PDDAA (Economic Community of West Africa States Agricultural Policy), tirée du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) du NEPAD (New Partnership for Africa's Development). II. Aperçu du commerce international Demande alimentaire et Importation Le Niger importe environ 2,9 millions d’Euros de lait et de produits laitiers chaque année, malgré l’importance des laiteries dans le pays. Catalystas a pu constater les effets néfastes en termes de compétitivité déloyale du lait frais versus le lait en poudre, principalement dû aux importations de poudres de lait en provenance de France qui réduisent la valeur du marché local. 6
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Il y a aussi le problème de la qualité hygiénique limitée, qui a incité les consommateurs nigérians à importer des produits importés. Par exemple, le Niger importe les deux tiers de son approvisionnement mondial en riz, principalement des marchés asiatiques. La production locale est insuffisante pour satisfaire la demande intérieure et ne fournit que 34% de l'offre totale. En général, le Niger souffre d'une pénurie de céréales, une composante importante de l'alimentation locale. La production locale n’est plus en mesure de répondre à la demande depuis les années 1970 et représente aujourd’hui plus de 8,7% des importations. Importation versus exportation régionale et internationale Selon les données de l’OEC (Voir Annexe F Bibliographie), les échanges extérieurs se caractérisent, en 2017, par une hausse de 2,1% des importations et une progression de 7,1% des exportations, en rapport avec la baisse du rythme de progression des importations des biens d’équipement et du renforcement des ventes des produits pétroliers. Cette évolution s’est traduite par une amélioration du déficit du commerce extérieur qui passe de 16,6% du PIB en 2016 à 15,2% en 2017. La propension moyenne à importer s’est à nouveau repliée en 2017 en se situant à 34,5% contre 35,5% en 2016 et 43,5% en 2015, tandis que la propension moyenne à exporter gagne 0,4 point de pourcentage par rapport à l’année précédente en se situant à 19,3% en 2017. Le taux de couverture des importations par les exportations ressort à 50,4% en 2017 contre 48,7% en 2016. Le niveau et la composition des exportations ont peu évolué entre 1995 et 2006 mais les exportations minières et pétrolières ont connu une augmentation considérable entre 2007 et 2014. Comme illustré dans les figures ci-dessous, en ce qui concerne les exportations, les partenaires principaux sont: la France 45%, le Mali 16% et la Chine 16%; et les produits exportés: l’or, les combustibles minéraux, les huiles et d’autres produits de distillation, les graisses et huiles végétales. Pour ce qui est des importations, les partenaires principaux sont: la France 18%, l’Inde 12%, le Ghana 11%; les produits importés: les médicaments, les pesticides, les avions et véhicules, les céréales, les machines et équipements électriques, les matériaux de construction, animaux, légumes et huiles. 7
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Enfin, il faudrait signaler que le portefeuille commercial du Niger est automatiquement pénalisé par le fait que 70% de ses exportations sont constituées des matières précieuses dont la plus importante est l'uranium, dominé par des grandes sociétés françaises présentes au Niger dont la multinationale Orano (ex-Areva). Bien que 70% du total des exportations soient constituées de cette ressource naturelle, elles ne représentent que 5% du PIB. Cette dépendance accrue vis-à-vis de l'industrie de l'uranium entraîne un manque de concentration sur d’autres secteurs, tels que l’alimentation. Le commerce avec les pays de l’Afrique de l’Ouest, notamment le Nigéria Plus en particulier, la ville de Maradi partage la même route commerciale avec le marché de Dakama au nord du Nigéria. Il se trouve sur la principale autoroute pavée est-ouest qui relie Niamey à l'ouest à Diffa à l'extrême est. Maradi est depuis longtemps une ville marchande située sur la route au nord de Kano, au Nigéria. Les villes du sud du Niger et du nord du Nigéria ont été associées au commerce transsaharien remontant à la période médiévale. Des villes telles que Kano et Katsina ont longtemps été le terminus sud des réseaux commerciaux qui alimentent une grande partie de l'économie nigérienne. Le Nigeria bénéficie du commerce et des ventes agricoles (en particulier des bovins nigériens emmenés sur les marchés nigérians), tandis que les routes les plus directes du Niger vers le commerce extérieur passent par les systèmes ferroviaires nigérians et béninois. En ce qui concerne les accords sur le plan bilatéral, les deux pays ont formé la Commission mixte de coopération entre le Nigéria et le Niger (NNJC), créée en mars 1971 avec son secrétariat permanent à Niamey, au Niger. Une anecdote particulière constitue le témoignage d’une jeune femme entrepreneur (28 ans) dans la ville de Maradi. De bas âge, elle a pu échapper à un mariage précoce et s’est efforcée pour apprendre un métier de couturière. Grâce à sa persévérance et à l’accompagnement entrepreneurial (programme de l’Ambassade des Etats-Unis 6 mois pour les «femmes émergentes») elle a pu installer un petit magasin textile dans le centre de Maradi. Vu la préférence de sa clientèle nigérienne pour la ‘coupure Nigéria’, sa stratégie est d’embaucher quelques couturiers nigérians venant de la frontière avec le Nigéria afin d’apprendre d’eux ce style tellement à la mode et ainsi de transférer les connaissances à ses quelques employées nigériennes. Ces sections ont été supprimées pour des raisons de confidentialité. Des demandes d'informations plus détaillées peuvent être envoyées à io@rvo.nl. 8
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger L’importance de l’APD dans le domaine d’agriculture L'aide publique au développement (APD) mobilisée par le gouvernement nigérien pour financer les priorités de développement du pays définies dans le Plan de développement économique et social s'élève à 1 206,7 millions de dollars d'APD nette en 2017, soit 0,6 % de l'APD mondiale totale. Pour le secteur manufacturier, l'APD représente 12% de l'APD totale au Niger, voir graphique ci-dessous (source : CAD OCDE 2016-2017). Durant la mission Catalystas , il a été dit à plusieurs reprises qu’à peu près 90% du budget utilisé par le Ministère de l’Agriculture vient depuis des décennies déjà de l’aide extérieure APD, ce qui montre la forte dépendance nigérienne de la solidarité internationale. La description des ressources budgétaires gouvernementales doit logiquement être complétée par le volume financier apporté par les Organisations Non Gouvernementales (ONG), les associations de développement, le secteur privé et les collectivités locales. D'une manière générale, Catalystas Consulting a constaté sur le terrain que l'économie nationale est sous-développée (peu d'entreprises enregistrées, retrait ou fermeture récente de grandes entreprises nationales et internationales, manque de connaissances et d'expérience à l'exportation, etc.) et que l'économie nationale est dominée par le commerce frontalier avec les pays voisins, notamment le Nigéria. Comme mentionné plus haut, Catalystas adhère à la stratégie de renforcer les capacités des institutions étatiques, notamment en contraignant le problème de la ‘porosité’ des frontières en matière de douane. Toutefois malgré l’importance de ce sujet, vu les limitations de cette mission Catalystas, cette matière n’a pas pu être étudiée de manière plus approfondie. III. Analyse situationnelle nationale de la tendance actuelle de l'emploi des jeunes (en général) Une population très jeune : 85 % de la population vit avec moins de $2 par jour; 68,88 % a moins de 25 ans ; en 2011, les jeunes âgés de 10 à 24 ans étaient estimés à 32,8 % de la population totale, soit un effectif de 5.159.687 personnes (RGPH, 2012). Le rythme d’accroissement de la population du Niger est synonyme d’un doublement tous les 18 ans. Ainsi, en 2030, la population du Niger dépassera 34 millions d’habitants et en 2050, elle dépassera 68 millions d’habitants. Il en résulte une population extrêmement jeune dont les 68,88 % ont moins de 25 ans, d’où les besoins énormes de dépenses publiques dans les secteurs de base (santé, éducation, infrastructures, …) (PDES, 2017-2021). 9
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger L’incidence du chômage est plus forte chez les femmes que chez les hommes, avec des niveaux respectifs de 28,9% et 4,4% en 2014. Un taux de chômage des jeunes très important : 24 % des 15-29 ans sont au chômage. En général, le système d'emploi se caractérise, par une inadéquation structurelle entre une offre de travail en croissance rapide et de faible qualité (faible niveau d’instruction) et largement exposée au phénomène de la pauvreté d’un côté, et une offre d’emploi très peu dynamique de l’autre. Dans de telles conditions les phénomènes de sous-emploi, du chômage et de la pauvreté restent inévitables. Plus de la moitié des jeunes en emploi de 15 à 34 ans s’auto-emploient et travaillent comme agriculteurs indépendants, commerçants indépendants ou artisans indépendants, parce que l’économie reste fortement dominée par le secteur informel. Dans les grandes villes, le niveau d’instruction des jeunes et des jeunes adultes semble être un déterminant fondamental de la catégorie socioprofessionnelle dont ils relèvent, au-delà de leur sexe et de leur âge. La qualité de la main d’œuvre est faible : 62,6 % de la population active sont sans aucun niveau d’instruction. En outre, la population active est majoritairement pauvre (58,1%). Le pourcentage de la population adulte (plus de 15 ans), sachant lire et écrire, est extrêmement bas et se situait à 19 % en 2015 (dont 11 % pour les femmes) (UNESCO 2015). Le pourcentage des jeunes (15 à 24 ans) sachant lire et écrire est également très faible : 27 % (17 % pour les femmes). D’après les données statistiques sur le taux d'illettrisme et d'analphabétisme, il s’avère difficile d’ambitionner un accès facile à l’emploi pour les groupes cibles vulnérables, notamment les femmes dans les zones rurales des régions de Maradi et Tahoua. Ces sections ont été supprimées pour des raisons de confidentialité. Des demandes d'informations plus détaillées peuvent être envoyées à io@rvo.nl. A. Besoins Actuels de Main d’Œuvre dans le Secteur Agricole Le développement du secteur privé moderne, à même d’accompagner la diversification de l’économie nigérienne et nécessaire pour la croissance inclusive, reste un grand défi. En effet, on observe une forte concentration des activités dans les branches du commerce et des services, au détriment des activités industrielles plus créatrices de valeur ajoutée (SDNOIP, 2016). Comme mentionné plus haut, Catalystas doit se baser sur des statistiques souvent de date ancienne, cela vaut d’autant plus pour le désagrégation des chiffres par sexe, âge et/ou région. Bien qu’en général les statistiques soient relativement récentes pour les domaines d’éducation et de santé, elles font défaut pour le domaine d’emploi. Le taux de chômage global est ressorti en hausse, passant de 13% en 2011 à 17% en 2014. L’incidence du chômage est plus forte chez les femmes que chez les hommes, avec des niveaux respectifs de 28,9% et 4,4% en 2014. Elle est aussi plus marquée chez les jeunes, avec un taux de chômage de 23,7% pour la tranche d’âge des 15-29 ans. Le sous-emploi affecte, quant à lui, 68,4% de la population active. Il sévit principalement en milieu rural, affectant 70,4% de la population active (PDES, 2017-2021). Pour relever ces défis et faire de la jeunesse un véritable fer de lance de l’économie nigérienne, plusieurs stratégies ont été mises en place par l’Etat et ses partenaires au développement en faveur des jeunes. Il s’agit, entre autres, de la Politique Nationale de la Jeunesse et du Cadre Stratégique National pour la Promotion de l’Entreprenariat des Jeunes. 10
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Du point de vue du calendrier saisonnier au Niger (dessin schématique en bas) il ressort que la période de la soudure est relativement longue et parfois –par manque de récolte suffisante et/ ou problèmes de stockage des aliments de base- mène à des situations de famine et d’insécurité alimentaire, surtout dans des zones rurales telles que Maradi et Tahoua. i. Taux d'emploi global des jeunes L’Etat du Niger est obligé à avoir une politique de jeunesse axée sur l’offre d’emploi aux jeunes. En 2015, l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) a enregistré 27 295 demandes d’emploi contre 26 930 en 2014. Les offres d’emploi ont baissé jusqu’au nombre de 8151 en 2015. Les 27 295 demandes d’emplois de 2015 ne seront guère satisfaites au vu des offres d’emploi enregistrées au cours de la même année. Le taux de satisfaction des offres d’emplois en 2015 se chiffre à 29,9%. La population de 15 à 34 ans non scolarisée ou ayant arrêté ses études et résidant dans l’une des quatre grandes villes du Niger, est « disponible » pour accéder au marché du travail. Toutefois, une partie d’entre eux ne se présente pas sur ce marché, soit par incapacité physique, soit par cantonnement aux tâches domestique (principalement chez les femmes), soit car ils ont renoncé à exercer une activité. En général, selon l'opinion de Catalystas, il est préconisé d’adopter un programme d’urgence pour la promotion d’emploi des jeunes intégrant tous les Ministères concernés par les questions de jeunesse. Cette coordination entre les différentes structures gouvernementales et leurs programmes respectifs devraient répondre au défi majeur du chômage ou du sous-emploi des jeunes qui constitue à la fois une déperdition de capital humain et un facteur de risque social. ii. Secteurs de travail de la jeunesse en vue, répartition par sexe et par âge Au Niger, le marché urbain du travail se caractérise par une grande faiblesse du nombre de salariés (taux de salarisation de 24,40 % en 2012). En d’autres mots, l’économie nationale est essentiellement dominée par le secteur informel. Ce caractère informel de l’économie explique l’importance des catégories socioprofessionnelles que sont l’agriculture indépendante, le commerce indépendant et l’artisanat indépendant, qui n’exigent pas d’instruction ou de qualification pour être en emploi. C’est pourquoi, dans les grandes villes, de nombreux jeunes de 15 à 34 ans sans instruction ou d’instruction cornique ou de cours d’adultes s’auto-emploient et relèvent de ces types de catégories socioprofessionnelles telles que les professions de chauffeur de taxi, d’assistant de construction. Il faut noter que ce travail indépendant et d’auto-emploi non formel est généralement ‘peu fiable’ et se concentre sur les emplois saisonniers occasionnels et/ ou est objet d’un salaire injuste et instable. Le taux de chômage est de 15,9%. Ce phénomène touche plus les femmes que les hommes (25,0% contre 11,8%). Par tranche d’âge, les 15-29 ans enregistrent le taux de chômage le plus élevé avec 23,7%. 11
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger Au sein de la population 15-34 ans, les femmes sont les plus touchées par l’inactivité. Près des trois quarts des femmes sont inactives (78,98 % chez les 15 à 24 ans et 68,61 % chez les 25 à 34 ans). En revanche, chez les hommes, seuls 31,63 % sont inactifs chez les 15 à 24 ans et 11,33 % chez les 25 à 34 ans. En général, Catalystas Consulting note que les femmes jouent un rôle important dans le secteur agricole du Niger, mais qu'elles sont confrontées à de réels problèmes de propriété foncière et que très peu de femmes possèdent leurs propres terres. Ils ont également des difficultés à accéder au financement et au crédit. En outre, il existe toujours des préjugés sexistes dominants à l'égard des femmes chefs de famille et des femmes chefs d'entreprise. Dans le domaine des actions du gouvernement néerlandais, Catalystas Consulting propose d'investir dans des mesures visant à promouvoir des modèles de comportement et des cours d'alphabétisation pour les femmes. Ces sections ont été supprimées pour des raisons de confidentialité. Des demandes d'informations plus détaillées peuvent être envoyées à io@rvo.nl. B. Risques Liés au Non-Emploi des Jeunes En parlant des risques, il s’agit essentiellement de l’extrémisme et de la migration. Ce sont des risques de crises/conflits liés au contexte de fragilité. Communément on parle des crises multiples: ● une crise sociale provoquant des tensions liées au mécontentement et au désespoir de la population, en particulier des jeunes. ● Une crise économique entraînant la cherté du coût de la vie, la corruption, une fuite des travailleurs qualifiés, l’immigration massive. ● Une crise sécuritaire provoquée par le chômage, le désespoir et la recherche d’argent facile pouvant entraîner des jeunes dans l’enrôlement de groupuscules extrémistes (Aqmi) ou des armées de mercenaires (ex. de la Libye) et dans la délinquance. L’instabilité dans les pays voisins (notamment le Mali, la Libye et le Nigéria), ainsi que les conflits internes dans certaines régions du Niger, les sécheresses et les inondations périodiques et la création de la zone de libre circulation de la CEDEAO sont autant de facteurs qui déterminent les mouvements migratoires qui affectent le Niger. Les migrants en provenance des pays de la CEDEAO jouissent de la liberté de circulation et entrent légalement au Niger. Les autorités nigériennes sont impuissantes à renvoyer des migrants en provenance des pays de la CEDEAO qui tentent d'entrer illégalement en Libye. En l'absence de possibilités de retour volontaire, beaucoup restent bloqués au Niger sans autre choix que d'essayer de gagner suffisamment d'argent pour payer la poursuite du voyage. Pour plus de 90% des migrants assistés par l'OIM (Nigériens et autres nationalités), la volonté d'améliorer leurs conditions de vie et de rechercher de meilleures opportunités professionnelles est la principale raison de leur décision de migrer. Bien que le Niger soit considéré comme relativement stable, les déplacements de population et la croissance continue de «ghettos» de migrants dans les points chauds des routes migratoires accentuent la pression exercée sur des ressources déjà limitées (nourriture et terres) et pourraient constituer une menace pour le fragile équilibre de sécurité dans le nord du pays. Selon l’OIM, le Niger est principalement connu pour être un pays de transit pour les flux migratoires d’Afrique de l’Ouest vers la Libye et l’Algérie, puis pour certains vers la Méditerranée. Le pays connaît un Net Migration Rate de -0.3 migrants/ 1.000 population pendant la période 2015-2020. L’évaluation de l’OIM montre que les migrants sont généralement de jeunes hommes qui émigrent pour des raisons économiques et viennent du Sénégal, du Nigéria, de la Gambie, du Mali et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Lors de la mission Catalystas, on a pu observer qu’en particulier la ville de Tahoua et ses environs sont affectés par le soi-disant phénomène de culture d’exode, ce qui pose des problèmes majeurs au niveau de la permanence des enseignants et des travailleurs en général. En revanche, cette culture locale est à tel point dominante que les jeunes ne se marient que lorsque le ‘futur marié’ ait eu l’expérience d’exode. 12
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger C. Obstacles à l’Emploi des Jeunes dans le Secteur Agricole La rareté des emplois qualifiés amène de nombreux jeunes à accepter de travailler dans des catégories socioprofessionnelles pour lesquelles ils sont surqualifiés. Par ailleurs, cette rareté fait que certains créent leur propre activité économique pour travailler à leur compte dans l’informel malgré leur niveau d’instruction élevé. L’amélioration de la scolarisation a entraîné le rehaussement du niveau d’instruction exigé pour occuper certains emplois. De ce fait, ce qui serait qualifié de déclassement hier pourrait ne pas l’être aujourd’hui. C’est pourquoi, dans ce contexte, il serait prudent de nuancer sur la gravité du phénomène. Le mode de recherche d’emploi des chômeurs ne procède pas du circuit officiel. En effet, les chercheurs d’emploi de la Communauté Urbaine de Niamey passent par soit la mobilisation du réseau de solidarité familiale (ce procédé concerne 70% des cas), soit la prospection directe auprès des employeurs dans 8,9% des cas, soit l’inscription à un concours dans 4,4% des cas ou à travers les petites annonces dans 3,3% des cas. En fait seuls, 10,2% de chômeurs sollicitent les services de l’Agence Nigérienne pour la Promotion de l’Emploi (ANPE). En réalité, très souvent, les demandeurs d’emplois ne sont pas informés des possibilités institutionnelles qui s'offrent à eux en vue de leur faciliter les contacts et les placements. C’est dire qu’il existe un problème quant à la confrontation réelle entre l’offre et la demande du travail. Il y a une nette différence entre l’accès à l’information dans la capitale Niamey et dans les régions. De plus, les personnes intéressées pour produire et/ ou entreprendre ne sont pas toujours informées des activités de promotion telles que les foires et les séminaires pertinents comme par exemple le Salon de l’Agriculture, de l’hydraulique, de l’Environnement et de l’Elevage du Niger (SAHEL Niger); c’est un Salon réputé et fréquenté par divers groupes d’agriculteurs et fournisseurs de produits agricoles partout au Niger; c’est le Réseau des Chambres d’Agriculture du Niger (RECA) en partenariat avec le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, qui a organisé du 19 au 24 Février 2019 au Palais du 29 Juillet la 5ème édition du Salon. De même que pour l’accès à l'entrepreneuriat, concernant les lacunes identifiées chez les jeunes désireux d’entreprendre et de mettre leurs idées d'entrepreneuriat en pratique, il est clair qu’avec un taux d’alphabétisation et de scolarisation peu avancés, il faudrait mettre l’accent sur les compétences de base dans un premier temps, pour ensuite passer aux connaissances plus techniques telles que la conception de plan d’affaires etc. ● Basic literacy skills : savoir écrire et compter, focus on management, comptabilité ● Life skills : peur d’entreprendre, manque de confiance en soi ● Accès à l’information sur les opportunités, notamment sur l’offre des programmes d’accompagnement, des appels à concours etc. Parmi les obstacles à l’accessibilité des services Internet, figurent le niveau généralement faible des connaissances informatiques dans la population, la médiocrité des infrastructures et le coût élevé des services Internet. L'approvisionnement en électricité est également insuffisant; de grandes zones rurales ne sont pas raccordées au réseau et les grands centres urbains sont souvent déconnectés. Le programme itinérant de sensibilisation des jeunes et d'initiation à l'informatique est un moyen intéressant de promouvoir les compétences informatiques dans la société. Toutefois, sans avoir de chiffres exacts, Catalystas Consulting peut supposer qu'avec la croissance démographique croissante du pays et la faible croissance économique, le chômage et le taux de non-emploi ont malheureusement continué à augmenter. De plus, la tendance vers le travail indépendant et l'entreprenariat formel est encore très modeste. De manière anecdotique, plusieurs personnes interrogées à Niamey ont parlé de pertes d'emplois lors du sommet de l'Union africaine tenu dans la capitale nigérienne les 4 et 8 juillet 2019. Catalystas Consulting a assisté - en tant que témoin de passage - à la construction du centre de conférences Mahatma-Gandhi, à la rénovation du Palais des 13
Rapport de la mission de cadrage RVO sur l'emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricoles du Niger congrès, au nouvel aéroport international de Diori Hamani, etc. Cependant, la plupart des ouvriers du bâtiment n'étaient pas des ressortissants nigériens. Les employeurs préfèrent employer des professionnels étrangers. IV. Politiques et Efforts en matière d’Emploi Historiquement, l’Etat nigérien reste le premier employeur ‘formel’ au Niger et le premier employeur moderne avec 34 184 salariés en 2005, la masse salariale absorbant l’essentiel du budget de l’Etat au détriment des actions d’investissement. Selon le genre, la répartition des fonctionnaires fait ressortir une disparité énorme entre les hommes et les femmes. Sur un total de 39 746 agents (en 2000), on comptait 10.349 femmes, soit une proportion de seulement 26%. Selon l’annuaire des Entreprises inscrites au Niger, on ne mentionne que 8 compagnies d’envergure. Cependant, dû à des facteurs économiques et de sécurité nationale, plusieurs entreprises –multinationales et nationales- ferment actuellement leurs portes e.g. Braniger, Olga Oil, Orano. La plupart des entrepreneurs préfèrent rester dans l’informel (ne pas demander un NIF pour échapper aux exigences fiscales); en général, peu d’entreprises dans le secteur formel opèrent au Niger ; cela vaut particulièrement pour le secteur agro-alimentaire. L’irrégularité du travail, les variations saisonnières des activités et le sous-emploi constituent autant de caractéristiques de l’emploi informel qui contribuent, avec les éléments évoqués ci-dessus, à accroître la vulnérabilité à la pauvreté des travailleurs de ce secteur. En ce qui concerne l’emploi des jeunes, il constitue une priorité et une préoccupation importante du gouvernement nigérien. Avec un taux d'accroissement naturel de l’ordre de 3,3%, la population nigérienne croît à un rythme rapide. A cela, s’ajoutent l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail, la faiblesse du système éducatif en termes d’offre, d’accès et de qualité et le faible niveau général de développement humain du pays. Cela se traduit par la persistance, en ville comme dans les zones rurales, des problèmes économiques et sociaux tels que la pauvreté, l’analphabétisme, la mendicité, la délinquance, l’exode, etc. L’ANPE estime que 34,62% en moyenne de la population active est sous-employée au niveau national. En zone rurale, les principales sources d’emploi sont l’agriculture, l’élevage, la pêche et le secteur rural non agricole regroupant notamment des activités de transformation des produits agro- sylvopastoraux, l’artisanat, les activités de fabrication de matériel agricole et ménager, le commerce, le bâtiment, les services de transport, les services de restauration et autres services. Lors de la mission Catalystas au Niger, on a appris par des témoignages anecdotiques et à travers des nouvelles type ‘fait divers’ dans les médias que les zones identifiées par le gouvernement néerlandais/ RVO ne sont pas du même développement socio-économique et commercial que la capitale de Niamey. Plus concrètement, en ce qui concerne les régions, le caractère de Maradi comme la capitale économique et commerciale est accentué grâce à sa proximité avec le pays voisin Nigéria. En revanche, cela entraîne également de la contrebande et un danger imminent de terrorisme et banditisme. Pour ce qui est la région de Tahoua : cette ville souffre depuis des décennies d’une instabilité de sa population active. C’est un sujet de plaisanterie, mais l’exode de la ville de Tahoua vers la capitale de Niamey et notamment à l’étranger s’est imprégné dans sa culture à tel point « qu’on n’est ‘prêt(e) à se marier’ que lorsqu’on fait la preuve de l’étranger ». Catalystas est de l’avis que les mesures prises par les pouvoirs publics n’ont pas réussi à inverser la tendance à l’augmentation du chômage et ses autres conséquences. Sans une politique volontariste de promotion d’emplois durables et décents au niveau de tous les secteurs d’activité et en particulier au niveau de l’agriculture et du secteur informel (rural et urbain) où travaillent la majorité des pauvres, il sera difficile pour le Niger d’inverser à terme la tendance à l’aggravation du phénomène de pauvreté. 14
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