Rodin et la photographie - Académie de Grenoble

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Rodin et la photographie - Académie de Grenoble
Rodin et la photographie
« Les statues, bustes et autres exemples de sculptures sont en général bien rendus par l’art
photographique ; et avec beaucoup de rapidité du fait de leur blancheur, ces représentations
sont susceptibles de variations presque illimitées quasiment infinies. D’abord parce qu’une
statue peut être placée dans n’importe quelle position par rapport au soleil, soit directement
en face, soit selon un angle ou un autre, l’éclairage direct ou oblique produit naturellement
une immense différence d’effet. »
William H. Fox-Talbot, The pencil of nature, 1844-1845, publié à Londres

Le fonds photographique des œuvres de Rodin peut être classé en trois catégories d’usages
distincts :
     ● les clichés documentaires que se réserve Rodin ;
     ● les tirages photographiques sur lesquels Rodin intervient directement au crayon, à la
         plume ou à l’encre ;
     ● les reproductions de ses sculptures par des photographes, amateurs ou
         professionnels, destinées aux commanditaires et à la diffusion de son œuvre dans
         les revues artistiques.
La photographie ne témoigne pas seulement des états successifs des sculptures que
l’artiste modifie constamment. Pas plus qu’il ne peut se résumer à une œuvre
d’interprétation. Utilisé comme un outil documentaire, ce médium permet à Rodin de
retravailler ses productions au cœur même du processus créateur.
Rodin et la photographie - Académie de Grenoble
Auguste Neyt, Gaudenzio Marconi, 1877
             « J’ai pour le nu un culte véritable », disait Rodin qui se tournait vers des
             modèles forts et vigoureux, professionnels ou non. C’est le cas d’Auguste
             Neyt, télégraphiste musclé, resté un ami du sculpteur, qui sert de modèle pour
             L’Âge d’airain.

Jeune femme embrassée par un fantôme de marbre,
Eugène Druet, vers 1898
« La photographie offre à Rodin un certain recul par rapport
à son œuvre et il se l'approprie. Ce regard distancié
l'amène à porter quelques corrections, quelques repentirs
sur les reproductions photographiques de ses sculptures. »
(Pinet, 2007).
Retouchant au crayon la photographie prise par Eugène
Druet de la sculpture Jeune femme embrassée par un
fantôme de marbre, Rodin se plaît à ré interpréter ses propres œuvres, comme il le fait dans
ses assemblages de papier ou dans ses reprises de dessins antérieurs. Il verticalise le
groupe, normalement allongé à l'horizontale, et fait reposer chacune des figures, à hauteur
du bassin, sur un socle mouluré, transformant le fantôme et la jeune femme en cariatides.

               Eustache de St Pierre en terre, Victor Pannelier, 1886
               Photographie prise dans l'atelier du 117 boulevard de Vaugirard. Retouchée
               à la plume et à l'encre noire, annotée au crayon : "plein".
               Lorsque Rodin réalise Les Bourgeois de Calais, il travaille ses figures nues,
               conformément à la méthode académique, pour en étudier la musculature,
               avant de les revêtir de leur chemise. Rodin fait appel au photographe Victor
               Pannelier lorsqu’il commença à vêtir ses personnages, dont Eustache de
               Saint                                                                  Pierre.
               Les retouches à l’encre et à la plume sur la chemise, que réalisa Rodin,
               témoignent de la volonté du sculpteur d’accentuer les contrastes d’ombre et
               de lumière et donnent des indications pour la reproduction de cette
               photographie à des fins d’illustration.

The Open Sky, 11 PM, Edward Steichen, 1908
« Vos photographies feront comprendre au monde mon
Balzac » s’enthousiasme Rodin, en 1908, quand Edward
Steichen lui montre la série des Balzac nocturnes.
(Source Musée Rodin)
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Questionnements

Cycle 3
La représentation plastique et les dispositifs de présentation :
   ● Les différentes catégories d’images, leurs procédés de fabrication, leurs
       transformations : la différence entre images à caractère artistique et images
       scientifiques ou documentaires, l’image dessinée, peinte, photographiée, filmée, la
       transformation d’images existantes dans une visée poétique ou artistique.
   ● L’autonomie du geste graphique, pictural, sculptural (intervention sur les images déjà
       existantes pour en modifier le sens par le collage, le dessin, la peinture, le montage,
       par les possibilités des outils numériques).
La matérialité de la production plastique et la sensibilité aux constituants de l’œuvre :
   ● La réalité concrète d’une production ou d’une œuvre : le rôle de la matérialité dans
       les effets sensibles que produit une œuvre ; faire l’expérience de la matérialité de
       l’œuvre, en tirer parti, comprendre qu’en art l’objet et l’image peuvent aussi devenir
       matériau.
   ● Les effets du geste et de l’instrument : les qualités plastiques et les effets visuels
       obtenus par la mise en œuvre d’outils, de médiums et de supports variés.

Cycle 4
La représentation ; images, réalité et fiction
   ● La ressemblance (: productions tirant parti des interrelations entre des médiums, des
       techniques, des processus variés à des fins expressives).
   ● La création, la matérialité, le statut, la signification des images.
   ● La conception, la production et la diffusion de l’œuvre plastique à l’ère du numérique
La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre
   ● Les représentations et statuts de l’objet en art (: observation et analyse d’œuvres,
       comparaison d’œuvres différentes permettant de comprendre : les représentations et
       les statuts de l’objet, y compris non artistique, dans l’art, l’œuvre considérée dans sa
       matérialité et sa présence physique, son exposition et sa réception).

Prolongements possibles

La photographie au service de l’art
   ● Jacques Daguerre, Composition avec fossiles et coquillages, vers 1837
   ● Eugène Durieu, Étude de nu masculin, vers 1853
   ● Charles Nègre, Paris, le Panthéon, vers 1854
   ● Alphonse Mucha, Modèle pour la Fileuse, vers 1899

Le pictorialisme, Camera Work
   ● Edward Steichen, Rodin, 1903
   ● Robert Demachy, Lutte, 1904
   ● Franck Eugene, Adam et Eve, 1910
   ● Edward Steichen, The Open Sky, 11 PM, 1911
   ● Alfred Stieglitz, Giboulée de printemps, 1911
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La photographie relais de l’action :
   ● Lucas Samaras, Photo-transformation, 1973
   ● Wolf Vostell, Regen et Vénus d’Urbino (d’après le happening Regen), 1976
   ● Arnulf Rainer, Toten Masken, 1980
   ● Duane Michals, The Ideal City, 1980

La collection
   ● Eugène Atget, Intérieur de M.B., collectionneur, rue Vaugirard, 1910
   ● Walker Evans, Cisaille à tôle, $1.85, 1955
   ● Hilla et Bernd Becher, Typologie, Kuhltürme Beton, 1963-1975
   ● Marcel Broodthaers, la Soupe de Daguerre, 1975
   ● Sol Lewitt, Photo-Grids , 1977
   ● Irving Penn, Aliments congelés, 1980
   ● Paul Den Hollander, Musée anatomique, Leiden, 1988

La photographie-sculpture
   ● Pascal Kern, Sculpture, triptyque, 1992
   ● Goria, La Râpe (extrait de la série Colonnes), 1992
   ● Irving Penn, Effondrement, 1980
   ● Patrick Tosani, Cuillères, 1988

Problématiques

   ●   Comment pousser les élèves à s'interroger sur le statut de l'image plus que sur
       l'image elle-même ?
   ●   En quoi la photographie peut-elle être pensée comme un dispositif participant au
       processus de création ?
   ●   En quoi les pratiques numériques peuvent-elles remettre en question le projet ?
   ●   Comment la photographie peut-elle changer la perception d’une sculpture ?
   ●   En quoi la collection de photographies peut-elle paraître paradoxale ?

                                                                    www.musee-rodin.fr
                                                                  www.histoire-image.org
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