SÉMINAIRE MAAS (MOBILITY AS A SERVICE) - DE L'INNOVATION - Assises Nationales ...
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SYNTHÈSE DES ATELIERS DE L’INNOVATION SÉMINAIRE MAAS (MOBILITY AS A SERVICE) Président : Jean COLDEFY DÉCEMBRE 2017
Ateliers de l’innovation – MaaS, Mobility as a Service Sommaire Diagnostic et besoins identifiés ...................................................................................3 État des lieux.............................................................................................................................. 3 Problématiques.......................................................................................................................... 5 Orientations stratégiques proposées par le groupe ................................................... 9 Les principales propositions retenues sont les suivantes avec l’acteur en charge de les porter ............................................................................................................................... 9 Principales mesures proposées ................................................................................12 Propositions ............................................................................................................................. 12 Compléments apportés hors séance ....................................................................................... 12 Annexes.......................................................................................................................14 Annexe 1 : Composition du groupe .......................................................................................... 14 Annexe 2 : Fiches descriptives des mesures proposées ......................................................... 15 Fiche de proposition n° 1 : Assurer l’ouverture réelle des données de mobilité essentielles pour soutenir l’émergence d’offres de services de type MaaS, publiques ou privées. Appliquer à l’intervention ou à l’intermédiation de l’État un principe de subsidiarité, en se concentrant sur les sources de données d’envergure nationales ou plus. ............................ 15 Fiche de proposition n° 2 : Accélérer le déploiement du MaaS et des systèmes de gestion multimodale des trafics (GMT) par des appels à projets......................................................... 17 Description ............................................................................................................................... 18 Fiche de proposition n° 3 : Rendre le cadre du péage urbain viable et attractif ..................... 21 Fiche de proposition n° 4 : Simplifier la gouvernance locale des mobilités ........................... 25 Fiche de proposition n° 5 : Développer une plateforme de connaissance nationale sur le MaaS et la gestion des trafics, et plus globalement sur les ITS ................................... 27 Jean COLDEFY, ATEC ITS France Louis FERNIQUE, Ministère de la Transition écologique et solidaire, Ministère des Transports Bernard SCHWOB, Ministère de la Transition écologique et solidaire, Ministère des Transports 1
L e séminaire « MaaS et international » a rassemblé de nombreux acteurs, publics (agglomérations, régions, AFIMB, CEREMA), privés (fournisseurs de systèmes, bureaux d’études), et des opérateurs de mobilité. Les travaux se sont appuyés sur le « Cadre stratégique » relatif au MaaS produit sous l’impulsion de l’association ATEC ITS France dans le cadre des travaux de l’initiative nationale « Mobilité 3.0 ». Ce livrable avait déjà donné lieu à une consultation Internet, ainsi qu’à un séminaire de validation et d’enrichissement le 22/09/2017, rassemblant 150 personnes. Globalement, les orientations stratégiques proposées par « Mobilité 3.0 » n’ont pas été remises en cause par le séminaire « MaaS et international », avec une inflexion sur 2 points : • Une demande des régions d’être les chefs de file des services MaaS, en s’appuyant sur la loi NOTRe d’une part et leurs calculateurs d’itinéraires et les systèmes de billettiques régionales d’autre part. D’autres acteurs, notamment des métropoles, ont plutôt souligné que les besoins massifs se situaient sur les aires urbaines et que les calculateurs d’itinéraires régionaux avaient de faibles audiences tout comme les systèmes de billettiques TC régionaux par ailleurs jugés coûteux. • Une demande des régions, bureaux d’études et fournisseurs de systèmes est de chercher à conserver les architectures techniques de billettiques TC basées sur le support, alors que « Mobilité 3.0 » propose d’accélérer le passage à des architecture en back-office, plus ouvertes, plus flexibles et mieux adaptées à des logiques de MaaS. Il est certain, que si l’on veut faire « bouger les lignes », et en particulier sur le MaaS, il faudra se focaliser sur une approche partant d’abord des besoins et usages des voyageurs en dépassant les situations établies pour une mobilité qui soit soutenable, durable, inclusive. Le statu quo n’est pas acceptable. Les enjeux sont énormes et il est urgent d’agir. Sur le leadership public pour le MaaS, il n’apparaît pas utile de légiférer, mais plutôt de susciter les coopérations (comme cela a déjà été fait dans le passé) et d’évaluer les projets (passés et à venir) avec les critères d’efficacité de la dépense publique (par exemple € investi / utilisateur réel) et environnementaux (par exemple € public investi / t de CO2 économisé). Sur le second point relatif aux architectures billettiques, il convient d’approfondir les deux scénarios d’une cohabitation durable de deux systèmes ou d’une transition plus rapide, là aussi en tenant compte des réalités de terrain et des coûts publics engendrés. Le MaaS au final doit permettre une mobilité sans couture pour les voyageurs, une meilleure contribution de ceux-ci au coût de leur mobilité, et une meilleure efficacité et évaluation des différents services de mobilité. Les maîtres mots du MaaS sont : multimodalité, intégration des mobilités publiques et privées, orientation des choix modaux par le prix et les temps de parcours, qualité de service, économies. Le mot du président du séminaire, Jean COLDEFY, directeur du programme « Mobilité 3.0 » pour ATEC ITS France 2
Diagnostic et besoins identifiés État des lieux Cet état des lieux est introduit par une série de présentations portant sur des expérimentations ou projets locaux : Métropole de Montpellier (projet EMMA) ; Mulhouse Alsace Agglomération (le compte mobilité) ; Métropole Rouen-Normandie + Transdev / revue par Chronos de diverses expériences à l’international : Moovel de Daimler dans diverses métropoles européennes et aux USA, Whim de MaaS Global à Helsinki, Ubigo – un projet niveau recherche à Göteborg). À la suite, l’ATEC ITS France, chargé par la DGITM et la DG de la mise en œuvre de l’initiative « Mobilité 3.0 », présente les analyses, la vision et les propositions développées en matière de MaaS par ses deux groupes de travail ad hoc et enrichies fin septembre à l’occasion d’un séminaire de validation. • Régions de France a réagi à cet ensemble de présentations en regrettant que le rôle des Régions en tant que chefs de file sur l’intermodalité, établi par la loi NOTRe, n’ait pas été justement reflété. Celles-ci proposent d’ailleurs dans le cadre des Assises que leurs compétences « nouvelles mobilités » soient étendues afin de réduire la fracture territoriale et animer les coopérations avec toutes les AOM. Il faut noter que la ministre des Transports a souligné récemment l’importance de l’échelle régionale pour développer des outils interopérables entre régions. • En réponse, il est précisé que ces travaux, utilisés en support du séminaire, s’étaient focalisés sur l’urbain, au plus près de l’usager, sans se placer dans une logique institutionnelle. Globalement, les présentations introductives traitaient des cas concrets de réalisation ou d’étude en cours en France et à l’international ; ces cas concernent des agglomérations. Toutefois, la dimension régionale sera bien introduite dans les débats, notamment au point « dimensions territoriales », avec une présentation des réflexions menées en Bretagne. • SETEC ITS souligne l’importance des démarches régionales afin d’assurer la cohérence entre métropoles. • La DGA de Rouen indique cependant que les problèmes de déplacements se situent dans les AU et rappelle qu’il y a une difficulté avec l’éclatement des compétences entre villes et CA/Métropoles sur le stationnement, les maires souhaitant récupérer de la recette avec la dépénalisation avec parfois des tarifs bas incitant à l’usage de la voiture. L’UTP abonde. • MT3 indique qu’il faudrait ajouter dans le panel de services l’aide au stationnement, compte tenu de la saturation des P+R. En fait, il est essentiel d’intégrer l’offre de stationnement (information et paiement) dans les bouquets de type Maas. • SNCF Réseau recommande de ne pas raisonner sur le MaaS à partir du cœur des villes considérées comme des « citadelles assiégées » à protéger des flux entrants. C’est dans les périphéries que les besoins de services adaptés sont les plus forts : c’est là qu’il faut développer le MaaS. • Île-de-France Mobilités pense qu’il faut laisser des MaaS se développer dans les territoires avec des acteurs publics et privés. 3
• Vinci Autoroutes indique que la question est celle de la nécessaire régulation des MaaS dans les territoires où l’usage de la voiture génère un excessif usage de l’espace public. • Consensus : (1) le MaaS privé cible naturellement les CSP+ et se limite aux cœurs urbains bien desservis avec une riche offre mutimodale ; (2) il importe au contraire de développer des « dispositifs intégrateurs de services de mobilité » visant tous les usagers sur les vrais bassins de mobilité (AU y compris périurbain, voire hinterlands – SNCF Réseau parle carrément d’un outil d’aménagement des territoires). • Vinci Autoroutes souligne, pour moduler ce consensus, que l’arrivée d’offres de MaaS privé type Moovel sera inévitable. L’enjeu sera de les réguler, spécialement en zone congestionnée, pour les soumettre aux objectifs et enjeux des politiques publiques. • Cette régulation peut s’exercer selon plusieurs modes superposés : cadre légal ; coordination/collaboration locale ; mesures locales de restriction ou de contraintes (plans de circulation, aménagements, privilèges coupe-file, péage et fiscalité) ; accès à la donnée. • Ouishare insiste sur la nécessité d’avoir des MaaS à la bonne échelle, et de favoriser l’intermodalité. • La Métropole de Lyon indique que les pôles métropolitains peuvent être un outil de gouvernance des AU. • Les Métropoles de Rouen et de Mulhouse ont souligné les coûts très importants des systèmes billettiques régionaux sur leurs territoires et leurs succès relatifs en termes d’usage. • Tous conviennent que les dispositifs type MaaS n’ont d’intérêt que s’ils apportent valeur usager et/ou économies d’exploitation. • Tous conviennent que ces dispositifs doivent être aux services des politiques publiques de mobilité, grâce à des incitations, en toute transparence. En synthèse : On a vu que ces expériences françaises sont diverses, quasi exclusivement portées par le public, avec le transport public comme colonne vertébrale des services proposés (ce qui est peut-être à relier à son niveau très élevé de financement public, exception française). Les interventions ont montré l’implication des acteurs publics dans les projets de MaaS en France, sans pour autant que des initiatives d’acteurs privés qui agrégeraient l’ensemble des offres paraissent devoir être exclues a priori. La priorité au développement de services de mobilité dans les périphéries des agglomérations en alternative à la voiture solo fait consensus. Consensus sur la nécessité : (1) de constituer localement des dispositifs agiles, capables d’évoluer notamment pour intégrer de futurs services émergents ou pour collaborer avec de nouveaux acteurs ; (2) de constituer un cadre législatif/réglementaire « agile » lui aussi, permettant de telles évolutions. 4
Problématiques Les objectifs et les services de mobilité intégrés, la gouvernance, les échelles territoriales • Transdev Rouen, insiste sur la nécessité d’intégrer la voiture dans le dispositif, et d’avoir l’usager au cœur du dispositif. • La SNCF indique que la dématérialisation des titres existe déjà et se déploie actuellement dans les TER (précision à apporter dans le document Mobilité 3.0). • Île-de-France Mobilités (ex-STIF) souligne que les outils back office peuvent permettre de contourner les problèmes de gouvernance. Il y a un enjeu fort autour des données clients, et les AOM devraient avoir une la possibilité d’accéder à des données clients (relatives aux usages), qu’elles soient publiques ou privées. • SNCF Réseau souligne que les échelles territoriales ne sont pas une problématique centrale, qu’il y a par contre un enjeu à déployer rapidement ces systèmes, avec intervention d’un tiers de confiance à mettre en place pour rassembler la data. • Les régions présentes insistent sur la pertinence de l’échelle régionale. D’autres personnes indiquent que les SM SRU peuvent aussi l’être. La Métropole de Rouen indique à nouveau que les problèmes de mobilité se situent dans les aires urbaines. • La région Grand-Est propose le schéma général suivant : un back-office unifié (au niveau régional), garant notamment de l’interopérabilité, avec une pluralité de front offices locaux (agglos, métropoles, syndicats mixtes). • Afficher un objectif radical d’abandon de la voiture porte le risque de trop cristalliser un débat sans tenir compte des réalités d’usage. • SNCF Réseau insiste sur la nécessité d’avoir une tarification variable (notamment dans le temps pour limiter les surcoûts des HP sur les TCU) et incitatrice, nécessaire pour traiter l’enjeu collectif de lissage des heures de pointe. Mulhouse rebondit en demandant que soient ouvertes les données sur les taux de charge temps réel dans les TC. L’intérêt du péage positif et autres instruments innovants pour lisser les pointes routières est souligné. • Transdev Rouen propose de revoir la définition du covoiturage pour des services portés par des AOM afin de redéployer les dépenses excessives engendrées par le TAD (jusqu’à 20 euros par déplacement client) vers ces solutions moins coûteuses, (en zones peu denses). • Faciliter l’accès aux parkings-relais pour les véhicules de covoiturés. • Autre point dur évoqué : l’accès des mineurs au covoiturage, à autoriser mais à encadrer/sécuriser. • Beaucoup d’interventions sur l’IMM, qui permet de faire connaître l’offre dans sa diversité. • Île-de-France Mobilités indique que son statut d’EPA (et non d’EPIC) le pénalise pour récupérer de la recette, notamment privée, et assurer un rôle de chambre de compensation. Il serait utile qu’Île-de-France Mobilités puisse se doter d’une structure de droit privé. • Transdev pointe la nécessité d’avoir des solutions simples et lisibles pour l’usager (attention aux tarifications évolutives). • Dans le même sens, Mulhouse indique que son projet est actuellement porté par une SA, un statut qui rend difficile l’association des personnes publiques. 5
• Sur les modèles économiques, Mulhouse et Rouen creusent des pistes afin que le déploiement du MaaS génère des économies et permette d’augmenter les recettes. Le MaaS doit a minima s’équilibrer, voire augmenter les recettes. • Sur ce point, Actoll souligne que la data créée par le MaaS doit pouvoir être commercialisée et que les politiques d’open data sont à revoir en ce sens. Ce point (rejet de la gratuité systématique des données) fait consensus absolu. On évoque même la notion de « péage à la data » à imposer aux grands utilisateurs privés. • Vinci Autoroutes indique que, pour qu’il y ait MaaS, il faut qu’il y ait des infrastructures et des services permettant d’assurer une alternative à la voiture solo dans les AU. À ce titre, le transport de rabattement par car, notamment sur autoroute, sur des distances inférieures à 60 km est notoirement faible en France (cf. données Eurostat). Madrid dispose de lignes BRT très nombreuses avec des voies réservées, qui sont plébiscitées compte tenu des gains en temps de parcours, avec une demande forte des usagers. Deux interventions soulignent que des cars en mode BRT ont rencontré leur succès. • La Métropole de Rouen pointe les lenteurs des dialogues avec les services locaux de l’État pour aménager les pénétrantes autoroutières pour des voies réservées et pistes cyclables. Ce point est revenu plus tard dans les débats, et certains ont évoqué que le transfert des sections de RN et RD aux CA/Métropoles sur leur territoire serait un plus, sous réserve d’une remise en état préalable, mais ne règle pas tout (cf. échelle de l’AU qui n’est pas toujours celui des CA/Métropoles). • La légitimité de l’autorité publique comme tiers de confiance dans la gestion de la donnée est revenue plusieurs fois, et semble faire consensus. • Les questions CNIL sur la tarification à l’usage, le traitement des données MaaS sont à traiter ; on sait que la CNIL n’est pas fermée quand le portage du service est public. • L’UTP pointe la nécessité d’harmoniser les paramètres de tarification (règles A-R, correspondances, catégories des barèmes, etc.). Les collectivités témoignent que cela est très difficile voire impossible, notamment quant aux paramètres des tarifs sociaux sur lesquels chaque collectivité tient à ses exceptions locales. • À l’encontre d’un quasi-consensus sur la nécessaire (mais très ardue) simplification des tarifs : SNCF Réseau se méfie de nouvelles contraintes et tient à une tarification dynamique et incitative. • Nécessités de formations poussées sur la méthodologie de montage de Maas avec grande écoute des usagers (cf. formations dispensées par la 27e région). Également : les collectivités ont besoin de soutien pour savoir évaluer les multiples sollicitations des start-up. • TAM-WAY signale un nouveau champ d’innovation ; l’intégration par les promoteurs immobiliers ou par les aménageurs d’offres de mobilité, notamment autopartage. Cela suscite un fort scepticisme des autres participants (mauvais retours d’expérience ; faible durabilité du service). • À considérer comme un autre moyen de réguler l’initiative privée, en évitant la micro- coordination permanente : le renforcement légal de la responsabilité civile et pénale du prestataire de « conseil de masse » en mobilité (plateformiste, opérateur de MaaS, offreurs de services de navigation routiers) en cas d’effets pervers affectant la sécurité ou l’ordre public, etc. 6
En synthèse : Les débats sur la légitimité de tel ou tel acteur ne semblent pas de nature à faire avancer le décollage de services MaaS, les CA/métropoles soulignant que les enjeux du MaaS se situent à leur échelle, les Régions s’appuyant sur les calculateurs d’itinéraires et les projets billettiques régionaux existants. Les questions de gouvernance de la donnée avec les AOM comme tiers de confiance, l’intégration des données privées, en particulier des flux routiers, font consensus. Le nerf de la guerre, c’est « la gouvernance de la data », voire la « gouvernance par la data » : on a besoin d’un vecteur commun, d’une Blockchain ou d’un tiers de confiance. Le nécessaire regroupement des compétences, en matière de pouvoirs de police, de voiries, sur les CA et Métropoles semble faire consensus. Certains revendiquent de plus le transfert de sections de RN et RD à ces mêmes CA/Métropoles en vue de simplifier les déploiements du MaaS et la gestion quotidienne des mobilités qui se situent pour l’essentiel sur l’espace public de voirie. Les modèles économiques du MaaS en France, en tout état de cause, reposeront de fait sur le secteur public, compte tenu du niveau de subvention publique des services de TC. Il faut en tout état de cause s’assurer que les services MaaS génèrent d’une part de la vraie valeur usager, d’autre part des économies et fassent décoller les recettes. La suppression de points physiques de vente est un paramètre. Le paiement à l’usage (ou partiellement à l’usage) paraît ainsi la bonne piste en matière d’évolution de la tarification (il y a consensus sur les effets pervers considérables du forfait intégral - cf. Navigo). Les technologies • La question MediaCentric / ABT (Account Based Ticketing) a fait l’objet de débats. S’il ne semble pas utile d’opposer les deux technos, qui peuvent avoir chacune leurs contextes de déploiement, la question de l’évaluation sociétale de chacune de ces technologies (coût ramené à l’usager) et des scénarios de migration (basculement vers ABT ou coexistence) paraît centrale. SNCF réseau indique que passer en ABT fera baisser les coûts et qu’il faudra migrer le plus vite possible avant que d’autres acteurs ne proposent du MaaS. SNCF, CNA (Calypso Networks Association), des BE indiquent qu’ils contestent la difficulté que poserait la solution MediaCentric pour s’insérer dans un MaaS comportant d’autres services en ABT, difficulté relevée dans le rapport M 3.0 élaboré par des experts (AOM, opérateurs, fournisseurs de systèmes). • Pour la SNCF, il n’y a pas lieu d’opposer les deux solutions, chacune ayant son domaine de pertinence : la solution MediaCentric est préférable si l’on recherche une possibilité de contrôle rapide, y compris en l’absence de connexion au réseau ; l’ABT offre une plus grande souplesse, par exemple dans la gestion tarifaire. Surtout, on sait faire interopérer les deux solutions : un service MAAS peut très bien gérer un service de transport public urbain en MediaCentric et d’autres services de mobilité - vélo en libre- service, autopartage) en ABT. • SETEC ITS estime également que l’ABT suppose une fiabilité de l’infrastructure télécom, mais d’autres sont d’avis que ce ne serait pas une vraie difficulté, beaucoup de services aujourd’hui utilisant les infras télécoms (SAEIV, PC routier, etc.). 7
En synthèse : Conduire des évaluations financières et fonctionnelles des deux technologies et du basculement vers l’ABT ou d’une coexistence de systèmes ABT et MediaCentric apparaît nécessaire. Ainsi, les conditions d’interopérabilité de systèmes MediaCentric et ABT sont à étudier pour permettre l’utilisation de titres interopérables (TER+ urbain). Un consensus se dégage pour séparer la base client des systèmes billettiques et en rendre l’AOM gestionnaire et garant. N.B. : La question de la création d’un compte de mobilité individuel et universel, comportant des données de consommation et de facturation à divers usages, telle que proposée par l’Ademe, est bien distincte et autrement plus complexe. Elle n’a été qu’évoquée, sans discussion détaillée, ni prises de positions. La sécurité des données est un thème sensible pour les usagers et la collectivité est reconnue par eux comme un tiers de confiance naturel. L’usage des données clients est un sujet à traiter. 8
Orientations stratégiques proposées par le groupe Les travaux du séminaire, qui se sont enrichis de diverses contributions ultérieures (notamment pour documenter certains points) permettent de dégager les points structurants suivants, qui font consensus : • Les besoins se concentrent dans les couronnes des aires urbaines, au-delà des boulevards périphériques et hors des hypercentres : c’est là qu’il faut porter l’effort, en matière de MaaS mais aussi de services de mobilité, sans lesquels le MaaS ne peut pas exister. La sous-capacité actuelle des TC (TCU et, en périphérie, TER et cars régionaux) en radiales vers les agglomérations est un problème majeur. Il serait illusoire de croire que le numérique répondra à tous les problèmes, en particulier capacitaires. • Le modèle économique MaaS passe en France par un pilotage par l’AOM, qui subventionne de fait quasiment tous les services de mobilité. Un modèle économique BtoC paraît hors de portée, sauf à s’adresser seulement à une clientèle aisée, donc limitée, qui n’aura sans doute pas tendance à se contraindre sur l’usage de sa voiture. • Le rassemblement des données est indispensable au MaaS avec une gouvernance publique par l’AOM qui a seule la neutralité pour collecter les données publiques et privés d’un territoire de vie (aires urbaine). • La question de la connectivité dans les périphéries et les aires urbaines est centrale, en particulier pour les offres covoiturage : sans connectivité minimale pas de services numériques possibles. • L’ouverture réelle des données est à réaliser, mais avec des garde-fous pour éviter la main mise d’acteurs ayant des visées monopolistiques. Les principales propositions retenues sont les suivantes avec l’acteur en charge de les porter : Intégrer la voiture dans le système de mobilité, afin d’offrir des solutions à tous les territoires, en limitant l’autosolisme quand et où cela est possible • Accéder à certaines données temps réel des voitures (toutes les voitures produites en 2018 seront équipées de cartes SIM et de GPS), ce qui permettra de mieux connaître les mobilités, de fiabiliser le covoiturage temps réel et l’information routière. On parle ici essentiellement de la couche de base de données, dûment anonymisée, permettant surtout de visionner en temps réel trafics et vitesses. Une base de données nationale est nécessaire État • Déployer des outils de collecte d’information routière temps réel AOM • Permettre les incitatifs au covoiturage : voies réservées, accès aux BAU, aux P+R, développement des outils des preuves automatiques de covoiturage, intégration dans les services d’information voyageur et dans la billettique multimodale du covoiturage État et AOM 9
• Permettre aux AOMD de tarifer l’usage de la voiture en adaptant le cadre réglementaire actuel du péage urbain pour le rendre à la fois viable et attractif, et prévoir un incitatif fort pour les CA / Métropoles qui prendraient ce risque politique État Passer d’une logique de silos de mobilité à une intégration de tous les modes • Systématiser les plateformes territoriales de données intégrant tous les services de mobilité, publics et privés sur des bassins de mobilité cohérents, sous maîtrise d’ouvrage publique. Sortir de la logique pure open data, qui bloque le développement de ces plateformes et leur complétude. Mettre en place dans les faits l’ouverture des données publiques. En particulier les données SNCF et RATP doivent être disponibles : temps théoriques journaliers (au format fichier), temps réel, avec des données réutilisables et des plateformes donnant accès à des conditions de qualité et fiables à l’information. Établir les garde-fous pour éviter que les GAFA ou autre grand acteur ne s’arrogent la valeur ajoutée des données publiques État • Mettre en place une tarification de la mobilité à l’usage, en cassant les silos actuels entre modes, sur chaque bassin de mobilité cohérent. Le MaaS ne peut pas être un nouveau centre de coûts, et doit trouver son modèle économique en allant au-delà du seul équilibre : il doit générer à la fois de meilleures performances et des économies, mais aussi de meilleures recettes tarifaires AOM Soutenir les innovations et les déploiements • Mettre en place des financements dédiés pour accélérer l’innovation et les déploiements sur le MaaS et la gestion multimodale des trafics : lancer des appels à projets en évitant le saupoudrage et en focalisant les fonds sur les solutions ouvertes permettant l’intégration de toutes les mobilités État • Éventuellement conditionner le soutien financier dans ces appels à projets à des solutions ouvertes vers des architectures dites en back-office pour le MaaS, en fonction des conclusions d’études à conduire sur les coûts induits par des scénarios de cohabitation avec les architectures actuelles de billettiques de TC et de transition d’une architecture à l’autre. • Normer les échanges au niveau national sur les interfaces relatives aux solutions MaaS en rassemblant les principaux acteurs du secteur afin d’éviter les systèmes propriétaires, les monopoles et diminuer ainsi les coûts de déploiements Associations professionnelles • Mettre en place une plateforme nationale de capitalisation des savoirs et évaluer les projets réalisés sur le plan de leur performance et utilité sociétale, développer les outils d’évaluation de la qualité des services de mobilité État et associations professionnelles Adapter la gouvernance et l’organisation : point le plus bloquant relevé par les acteurs • Finaliser les lois NOTRe et MAPTAM par le transfert intégral des pouvoirs de police de circulation, de gestion des voiries urbaines et de stationnement aux EPCI ou métropoles. • Rendre efficace la gouvernance des agglomérations, avec un lien renforcé entre poids démographique et politique. • Permettre aux agglomérations de développer le MaaS sur des bassins de mobilité cohérents (aires urbaines) : elles sont les premières concernées par les flux massifs venant de l’extérieur de leur périmètre administratif. L’obligation d’avoir une 10
dématérialisation des titres TER et cars départementaux avec l’ouverture des canaux de vente à l’AOM et à tout tiers qu’elle mandaterait permettrait grandement de faciliter cette mesure, régions et communautés d’agglomérations / métropoles devant mettre en place une tarification adaptée. • Mettre en place une structure de droit privé pilotée par l’État pour porter de manière réactive l’innovation et la coordination des acteurs État et associations professionnelles • Déployer des structures de droits privés sous contrôle public pour porter l’information et la billettique multimodale, à l’image des réussites étrangères en la matière AOM 11
Principales mesures proposées Propositions Les propositions émanant de « Mobilité 3.0 » n’attirent pas d’autres remarques particulières (sauf celles mentionnées plus haut, émanant notamment de l’ARF et des régions, de la SNCF et de CNA). Ci-dessous les propositions les plus saillantes (mais pas toujours consensuelles) qui ont émergé en réunion : • Transférer systématiquement les pouvoirs de police de la circulation, de gestion du stationnement et de gestion de la voirie à une entité locale unique à l’échelle pertinente (CA/Métropole). • Adapter la définition du covoiturage lorsqu’il est porté par la puissance publique afin qu’en périphéries ou territoires peu denses, où l’offre est insuffisante, l’on puisse rémunérer (5 € / voyage par ex.) un conducteur non professionnel assurant un pseudo- service de TAD (selon les procédés du covoiturage). • Développer des offres capacitaires en pénétrantes des agglomérations sur les AU : les BRT, le TER. En effet, un MaaS a du sens s’il y a d’abord des alternatives crédibles à la voiture solo. • Revoir le statut d’EPA d’Île-de-France Mobilités pour lui permettre de mettre en place une structure de droit privé opérant le MAAS. • Flexibiliser les groupements de commande pour permettre l’arrivée d’un nouveau membre (pour les projets de billettiques TC régionaux, comme en Auvergne-Rhône- Alpes, qui est géré via ce biais avec pas loin de 30 AO sur un groupement de commande). • Développer un compte mobilité « universel » individuel (ou mieux, par ménage), pour responsabiliser les usagers selon leurs usages, et les récompenser ou pénaliser (on se réfère ici au modèle de Mulhouse ; voir aussi sur ce thème l’initiative Ademe, bien plus ambitieuse et très questionnable). • Permettre de combiner le calculateur d’itinéraire d’une collectivité et l’accès à la billettique TER gérée par la SNCF, grâce à une API permettant à l’usager, à partir de sa feuille de route, d’accéder au serveur de vente SNCF (proposition Grand-Est). • Appréhender le MaaS dans toutes ses dimensions territoriales et en combinant les offres multi-locales avec tous les acteurs de la mobilité, publics et privés. Compléments apportés hors séance • La Ville de Paris suggère de lui transférer les pouvoirs de police sur les « axes essentiels » qui aujourd’hui relèvent de la Préfecture de police. • Actoll suggère une mise à niveau des référentiels techniques régionaux afin d’assurer l’interopérabilité technique des systèmes ABT avec les billettiques régionales. • Sopra Steria souhaite une interopérabilité nationale sur les systèmes ABT afin de s’assurer qu’il n’y ait pas des logiques de monopoles avec des interfaces propriétaires obligeant les fournisseurs de services à payer une redevance pour utiliser le service d'une part, et d'autre part l'incompatibilité des interfaces des différents MaaS entre eux 12
faute de standard obligeant les fournisseurs de services à développer des demi- interfaces spécifiques à chaque MaaS et entraînant des coûts démultipliés pour les opérateurs (collectivité par défaut) alors qu'ils devraient être mutualisés. Sopra Steria propose qu’un consortium d’acteurs du marché développe, si possible en open source, ces interfaces entre les systèmes MaaS et les services de mobilité. • Calypso Networks Association propose, pour que les AOTs puissent vraiment conserver une maîtrise la plus complète possible de leur système sans dépendre d’un unique industriel avec des coûts d’évolution prohibitifs, que soit lancé un projet de MaaS Open Source, qui pourrait inclure les briques de base d’un MaaS, avec des librairies et API permettant ensuite à des fournisseurs de solutions de l’enrichir pour répondre aux besoins spécifiques des AOTs. Une fois cette brique de base développée, les AOTs pourraient ensuite en exiger l’utilisation dans leur cahier des charges MaaS. Cela permettrait également à des start-up locales de répondre aux consultations beaucoup plus facilement. 13
Annexes Annexe 1 : Composition du groupe Virginie CAUBET, Transdev Simon GIRARDEAU, Région Nouvelle-Aquitaine Laurent BARELIER, Groupe Chronos Catherine GONIOT, Métropole Rouen-Normandie Rémi BASTIN, Renault Fabienne GOUDARD, Région Auvergne-Rhône- Jean BERGOUNIOUX, ATEC ITS France + Alpes – responsable du service « service aux MIConseil voyageurs » Xavier BONHOMME, Morpho – responsable Marion GUST, MTES / CGDD / DRI commercial transport Claire HEIDSIEK, Région Grand-Est - Adjointe au Marie BOURSIER, ministère de l’Intérieur – DSR - Chef de Service - Service Intermodalité, Mobilités chargée d’études « circulation, outils régionales et transfrontalières technologiques et infrastructures » Pierre HEMON, Grand Lyon – Conseiller Benoît BOUTE, Île-de-France Mobilités – métropolitain en charge des modes actifs responsable relation clients David HERRGOTT, Régions de France Catherine BOUTEILLER, Algoé – consultante Fabien LEURENT, ENPC Louis BROSSE, Wizway Solutions Florence LEVEEL, Mappy – Directrice marketing André BROTO, VINCI-AUTOROUTES Frédéric LINOSSIER, Actoll – directeur général Laura BRUN, Région Mulhouse-Alsace Herve MARCHYLLIE, Mt3 Pierre CALVIN, Président ATEC ITS France Anne MEYER, UTP Benoit CHAUVIN, GART David MITEL, Idemia Stéphanie CHEREL, Région Bretagne - Chargée Marc MOREAU, Transdev - Directeur Client de l'interopérabilité des systèmes billettiques France bretons Arthur NICOLET, Transdev Sébastien CHICOU, Soprasteria François OLIVIER, Setec ITS Jean COLDEFY, Atec ITS France – Directeur du Karim OUNOUGHI, Ville de Montpellier - Directeur programme « Mobilité 3.0 » + c3i des mobilités de Montpellier Méditerranée Christian CURE, Cerema Métropole Joël DAMPIERRE, Cityway Carlos PELAYO, Algoe Ghislain DELABIE, OUISHARE Caroline PONAL, PMP Joël EPPE, SNCF Clément ROUTIER, Systra Louis FERNIQUE, MTES+MT / DGITM / SAGS - Bernard SCHWOB, MTES+MT / DGITM / AFIMB Chef de la Mission des transports intelligents Isabelle TALABARD, Cerema Marc FONTANES, Chronos Yann TREMEAC, Ademe - Chef adjoint du service Guillaume GACH, Systra transports et mobilité Nicolas GENERALI, Calypso Networks Olivier VACHERET, Île-de-France Mobilités Association – Technical Manager Jean-Marc ZULESI, Député Robert GILIOTTI, Tam-Way – Directeur stationnement et management qualité 14
Annexe 2 : Fiches descriptives des mesures proposées Fiche de proposition n° 1 : Assurer l’ouverture réelle des données de mobilité essentielles pour soutenir l’émergence d’offres de services de type MaaS, publiques ou privées. Appliquer à l’intervention ou à l’intermédiation de l’État un principe de subsidiarité, en se concentrant sur les sources de données d’envergure nationales ou plus. Groupe(s) d'experts concerné(s) : Séminaire « MaaS et international » (Ateliers de l’innovation) + les groupes d’experts « MaaS » et « Gestion multimodale des trafics » constitués par l’ATEC ITS France au titre de l’initiative nationale « Mobilité 3.0 » Besoin(s) au(x)quel(s) la mesure répond : La donnée est le carburant des offres de services de type MaaS (et plus globalement d’une gestion multimodale efficace des mobilités), ainsi que de nombreux autres services. Dans le même temps, les dispositifs publics (État et départements) d’observation des trafics routiers interurbains sont souvent obsolètes, sous-entretenus, lacunaires et ne produisent pas de données temps réel. Près de 10 ans après la dernière vague de décentralisation routière, la consolidation nationale de ces données routières reste un objectif inabouti. Par ailleurs, très rares sont les villes ou métropoles à disposer d’un dispositif dense d’observation des trafics urbains. Les efforts entrepris par de nombreux acteurs ces dernières années pour pallier ce défaut de données de trafics par l’acquisition et l’exploitation de données issues de la téléphonie mobile se sont avérés décevants ; de l’avis général, ces données issues de la téléphonie ne constituent que des données d’appoint et de recoupement, inexploitables seules, et sont inutilisables hors milieu rase campagne à des fins d’informations temps réel. Or, dès 2018, les véhicules neufs seront tous connectés (ils seront équipés de cartes SIM et de GPS pour assurer la fonctionnalité eCall, notamment), ce qui va permettre d’améliorer grandement les services de mobilités, d’en développer de nouveaux et assurer la connaissance des mobilités. Il est nécessaire aujourd’hui d’assurer l’accès à ces données à des fins de politiques publiques. Par ailleurs, les GAFAM et certains grands opérateurs (typiquement la SNCF), chacun à son échelle, sont dans des situations de quasi-monopoles sur certains domaines des données de mobilité. Cela va nuire considérablement au développement d’un système concurrentiel équitable et empêcher les acteurs en France de développer leur activité dans le domaine des mobilités numériques. On observe aujourd’hui une situation à la fois désordonnée et très dyséconomique, où les acteurs locaux les plus décidés en sont réduits à conduire des négociations individuelles, dans une position faible, avec chaque grand fournisseur ou avec des intermédiaires (par exemple à acheter à IBM des blocs de données véhicules du groupe PSA). Pour soutenir et alimenter les plateformes territoriales de données intégrant tous les services de mobilités, publics et privés sur des bassins de mobilité cohérents (au premier chef, les aires urbaines), sous maîtrise d’ouvrage publique avec des données privées, il faut sortir de la logique pure Open Data, qui bloque le développement de ces plateformes et leur complétude. Il faut en conséquence revoir les règlementations actuelles qui ont négligé le poids d’acteurs dominants, ainsi que l’émergence de nouvelles sources de données (typiquement : les véhicules connectés eux-mêmes). 15
Description de la mesure Nature : législative Description : 1 - Assurer à toutes les AOT/AOM et aux prestataires de MaaS l'accès, via un canal national, à la couche de données XFCD (issue des véhicules) permettant de connaître en temps réel les trafics sur les réseaux y compris urbains. Ces données issues des véhicules viendront alimenter les points d'accès nationaux aux données des gestionnaires routiers mais aussi des prestataires privés d'information routière mis en place dans le cadre des actions b et c de la directive STI. C'est à l'État de mener cette négociation au moins avec nos constructeurs nationaux, et de compléter les PAN par une base nationale de données XFCD sur lequel les collectivités et d'autres acteurs viendront se brancher en leur évitant de passer chacune des appels d'offres auprès de tels acteurs de dimension nationale et européenne. Ainsi, l'État d'une part évitera la constitution de monopoles sur les données de base xFCD, et permettra d'autre part aux entrepreneurs de MaaS, publics ou privés, et aux gestionnaires de trafics routiers d'intégrer pleinement la voiture dans leur système de mobilité, afin d'offrir des solutions à tous les territoires et de limiter l'autosolisme quand et où cela est possible. On pourra très utilement s’appuyer sur les travaux en cours à la DGITM, en particulier sur les travaux européens en cours dans la « data task force » mise en place dans le cadre du dialogue à haut niveau sur la conduite autonome et connectée et sur le rapport de l’IGF de juillet 2017. 2 - Dans le même esprit, assurer à toutes les AOT/AOM et aux prestataires de MaaS l'accès, via un canal national, aux données des grands opérateurs interurbains d'envergure nationale (essentiellement SNCF, mais aussi autocars Macron, etc.), y compris les données de reprogrammation journalières et les meilleures données temps réel qu’ils répugnent à ouvrir en dépit de leurs obligations légales. Par ailleurs, les données d’horaires théoriques doivent être accessibles en fichiers et non API, condition sine qua non pour que des calculateurs d’itinéraires puissent les réutiliser simplement. Il s'agit là aussi de mettre sur un pied d'égalité tous les entrepreneurs de MaaS, de façon pratique. 3 - Par contre la collecte et la compilation au plan national des données d'intérêt local des opérateurs de transport de moindre envergure n'aurait pas d'intérêt stratégique. Leur accès restera assuré par les dispositions du droit commun des données publiques / données d'intérêt général et se prête à l’intervention ou à l’intermédiation des AOM/AOT. L'État se tiendra à leur égard dans le double rôle de garant de l'accès et éventuellement de facilitateur, mais non pas d'opérateur de la collecte. 4 - Instaurer des garde-fous pour s’assurer que les services produits avec les données publiques soient conformes aux politiques publiques : réintégrer la notion de respect de l’intérêt général et du respect des politiques publiques, comme le prévoit le règlement européen dans la réutilisation des données en l’encadrant pour éviter des abus. Ce point est essentiel pour nombre de métropoles, qui constatent quotidiennement que les préconisations d’itinéraires générées par les algorithmes de Wayze, à chaud, sur la base de quelques « traces » de trajets rapides aux heures de pointe, envoient parfois massivement le trafic urbain sur des voiries inadaptées, mettant systématiquement à mal toute leur politique de circulation et leurs propres efforts de régulation. 5 - N’accorder l’accès aux données publiques qu’aux seuls agents économiques en règle avec les législations sur la protection des données personnelles et le paiement des impôts et cotisations sociales comme cela est pratiqué pour les marchés publics 16
Conditions de mise en œuvre Calendrier : LOM Prérequis éventuels : aucun Coût et prise en charge financière/institutionnelle : Aucun Fiche de proposition n° 2 : Accélérer le déploiement du MaaS et des systèmes de gestion multimodale des trafics (GMT) par des appels à projets Groupe(s) d'experts concerné(s) : Séminaire « MaaS et international » (Ateliers de l’innovation) + les groupes d’experts « MaaS » et « Gestion multimodale des trafics » constitués par l’ATEC ITS France au titre de l’initiative nationale « Mobilité 3.0 » Besoin(s) au(x)quel(s) la mesure répond : La desserte des périphéries devient un enjeu majeur du développement des agglomérations. La régulation multimodale des trafics est une activité essentielle au bon fonctionnement des agglomérations : accessibilité, pollution, économie des transports en commun. Il s’agit ici de considérer l’ensemble des offres de services, publiques comme privées – voiture solo et partagée, vélo solo et partagé, transports en commun urbains et régionaux, parking et stationnement, marche, etc. - et de gérer de manière dynamique les trafics pour optimiser l’espace public dans le temps et dans l’espace selon des choix politiques qui dépendront des territoires : priorités aux bus, aux vélos, fluidité des trafics, temps de parcours garantis, capacités des infrastructures à maximiser, etc. Cette régulation des trafics recèle des potentialités d’optimisation des trafics très importantes pour une meilleure accessibilité des territoires (gain de 20 % de capacité évoqué par la profession) avec les impacts correspondant sur la qualité de vie en zones urbaines et périurbaines et sur l’économie des transports : 1 km/h en plus sur une ligne de bus cadencée à 10 min c’est 150 000 €/an d’économisé, des clients en plus et des voitures en moins ! Or cela fait 15 ans que l’on n’investit pratiquement plus dans ces systèmes. Nous sommes souvent aveugles sur la situation faute de disposer de données temps réel, ce qui nous empêche de mieux gérer l’interface entre les réseaux routiers (VRU/VSA, les pénétrantes, les réseaux urbains), les transports en commun, les parcs-relais, etc. Cela explique aussi le succès de prestataires comme Waze (qui envoient parfois sans sourciller le trafic sur des axes où cela est inapproprié). Par ailleurs, il est aujourd’hui particulièrement complexe pour un utilisateur d’accéder de manière simple à l’offre de mobilité, publique comme privée : information voyageur incomplète, systèmes d’accès multiples, etc. Pour la collectivité, la tarification de la mobilité à l’usage, qui fait plus participer l’usager aux coûts de son déplacement, est la seule piste pour induire des changements de comportements vertueux. C’est tout l’enjeu du MaaS de proposer des solutions à ces problématiques, avec un parcours-client fluide quels que soient les services de mobilité. 17
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