SHEDIAC LA SÉDUISANTE - LEWIS LEBLANC CONTINUITÉ - ÉRUDIT
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Document généré le 7 oct. 2021 23:59 Continuité Shediac la séduisante Lewis LeBlanc Présence acadienne Numéro 61, été 1994 URI : https://id.erudit.org/iderudit/17397ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Éditions Continuité ISSN 0714-9476 (imprimé) 1923-2543 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article LeBlanc, L. (1994). Shediac la séduisante. Continuité, (61), 40–42. Tous droits réservés © Éditions Continuité, 1994 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/
r EDIA la Séduisante O N N E P E U T V I S I T E R L ' A C A D I E S A N S S E L A I S S E R S É D U I R E P A R L E S C H A R M E S D E SHEDIAÇ, CETTE VILLE CHARGÉE D'HISTOIRE A SU FAIRE FACE AUX COUPS DURS SANS PERDRE DE SA VITALITÉ ET DE SON AUTHENTICITÉ. PAR LEWIS LEBLANC La maison la plus a n c i e n n e de À l'autre extrémité de la rue principale, Shediac est située à proximité de l'église on peut aussi visiter l'ancienne résidence S i t u é e au s u d - e s t d u N o u v e a u - Saint-Joseph. Construite vers 1825, elle de M. Olivier M. Melanson, politicien Brunswick, Shediac est reconnue était le lieu de naissance du sénateur et homme d'affaires de Shediac. Cette pour ses plages sablonneuses, son Pascal Poirier. Avec son apparence à la fois splendide maison se distingue par sa festival du homard et le charme de ses modeste et soignée, cette petite maison t o u r au t o i t a r r o n d i et u n e g r a n d e habitants. Mais c'est plus qu'un simple lieu touristique car la ville se distingue encore par la richesse de son histoire. L'architecture de Shediac, c'est le m a r i a g e parfait e n t r e l'ancien et le moderne. Son centre-ville, l'un des plus anciens de la province, de même que ses quartiers résidentiels sont de véritables musées vivants où de multiples édifices témoignent avec fierté des événements qui ont marqué l'histoire de la ville. Une balade dans ses quartiers aux rues bordées d'arbres permet d'admirer de magnifiques maisons d'époque cons- truites en bois et en pierre, des maté- La gare de l'Intercolonial à riaux qui furent exploités localement la fin du siècle dernier. fendant des générations. Une maison à entrée de la ville retient l'attention des représente fidèlement la résidence aca- véranda. Elle fut construite en 1898. visiteurs. C'est la « Elmbank ». Son par- dienne de classe moyenne de la seconde Après avoir servi de résidence jusque terre soigné, sa véranda fermée et son moitié du XIX' siècle. Au cours des ans, vers 1946, elle fut transformée en école architecture unique séduisent. Elle était ce petit bijou d'architecture acadienne a en 1 9 4 7 . D e 1957 à 1 9 7 3 , l'édifice la résidence de M. R. Chesley Tait, mar- subi quelques transformations mineures. devint le premier hôpital de Shediac. chand général et grand exportateur de Elle conserve toujours son ancienne char- Aujourd'hui, cette maison du « premier pommes de terre. Aujourd'hui, elle abrite pente de poutres équarries à la hache et millionnaire acadien du Nouveau- l'auberge-restaurant Chez Françoise. Les assemblées à tenons, mortaises et avec des Brunswick » demeure au service de la propriétaires de cet établissement sont chevilles de bois. En 1983, la Société his- communauté en hébergeant des person- restés fidèles au style de l'époque en torique de la Mer Rouge inc. a acquis la nes du troisième âge. conservant dans la mesure du possible le résidence Poirier pour en faire un site his- O n trouve à Shediac plusieurs décor original de ses pièces. Les belles torique et y a ajouté une galerie d'art. auttes b â t i m e n t s qui sont dignes de boiseries de chêne que l'on retrouve un Chaque été, cette jolie demeure est ouver- mention, n o t a m m e n t l'hôtel Shediac, peu partout dans la maison datent de te au grand public qui peut y admirer les érigé en 1 8 5 3 , et l'ancienne maison l'époque où la région regorgeait de ces œuvres des artistes locaux tout en appré- Scovil, construite en 1845. arbres magnifiques. ciant les beautés de la maison. 40 CONTINUITÉ NUMÉRO 61
L'hôtel Shediac, datant de 1853. La Elmbank, construite en 1911, résidence de U N PEU D ' H I S T O I R E l'homme d'affaires R. La ville de Shediac est située sur un Chesley Tait, est devenue ancien emplacement acadien appelé « la aujourd'hui l'auberge- Batture ». Dès 1764, ce site a accueilli restaurant Chez les déportés du Grand Dérangement de Françoise. 1755, installés près d'une immense bat- t u r e d ' h u î t r e s . Le n o m de S h e d i a c et la pêche au homard sont des clés de L'avènement de l'aviation procura remonte cependant bien avant l'arrivée l'économie de Shediac. L'exploitation de aussi des heures de gloire à la ville de des premiers Européens. En fait, c'est la p o m m e de terre dans les provinces Shediac. En 1933, la petite ville aca- un mot micmac (Es-ed-ei-ik) qui veut maritimes a débuté vers la fin du XIXe d i e n n e fut la scène d ' u n é v é n e m e n t dire un cours d'eau qui entre dans les siècle et c'est à Shediac où tout a com- international : le premier vol d'escadrille terres. À l'époque, Shediac était l'un des mencé. M. R. Chesley Tait sera le pre- transatlantique, dirigé par le général plus gros c a m p e m e n t s m i c m a c s d u mier à expédier d'énormes quantités de Italo Balbo, ministre de l'armée de l'air comté de Westmorland. pommes de terre aux Bermudes. Après d'Italie, s'arrêtait brièvement dans la En constante expansion, grâce à la Deuxième Guerre mondiale, l'île-du- ville portuaire pour ensuite poursuivre ses ressources naturelles et à son port, Prince-Édouard prendra les rênes de sa r o u t e vers C h i c a g o où se t e n a i t Shediac est vite devenue l'un des plus cette industrie. Shediac, pour sa part, l'Exposition mondiale. En 1937, la ville importants centres urbains du sud-est deviendra le maître incontesté de la de Shediac, à la Pointe-du-Chêne, deve- d u N o u v e a u - B r u n s w i c k . U n e série pêche au homard. nait le centre de ravitaillement pour les d'incendies échelonnés sur une période Au début, ce crustacé péché dans h y d r a v i o n s de la c o m p a g n i e Pan d'au moins 20 ans a détruit une bonne le détroit de Northumberland était vu American. Plusieurs entrevirent une partie de son centre d'activité commer- par les pêcheurs comme une espèce qui période de prospérité semblable à celle ciale. Mais même avec la perte d'un bon n'était bonne qu'à servir d'engrais dans du temps du c h e m i n de fer, mais la nombre de ses industries et de ses com- les champs. Plus tard, le homard devint venue des avions à réaction brisa cet merces, Shediac ne s'avoua jamais vain- un mets recherché. Devant la demande espoir. cue. Au contraire, les habitants de cette incessante pour cette chair délicate, les communauté redoublèrent d'efforts et, usines d ' a p p r ê t a g e se m u l t i p l i è r e n t . LES GENS en 1903, Shediac devenait une ville C'est Emile Paturel qui lança réellement Q U I F O N T L'HISTOIRE incorporée. l ' i n d u s t r i e en établissant u n e usine Des p e r s o n n e s de m a r q u e o n t d'exportation de homard au quai de la influencé le développement politique, UNE ÉCONOMIE Pointe-du-Chêne. En 1931, il exporta le économique et social de Shediac. Les DYNAMIQUE premier homard vivant par avion. Le Smith, Tait et Webster ont laissé leur Bénéficiant d'énormes réserves de homard a une telle importance pour marque dans la politique, les affaires et bois et de cours d'eau facilitant le trans- l'économie de Shediac que l'on y orga- les sciences. Mais même si les Acadiens p o r t des marchandises, la région de nise chaque été un festival qui est recon- étaient moins instruits et fortunés que Shediac constituait un site des plus pro- nu à travers le monde. l'élite anglophone, bon nombre d'entre pices à l'exploitation de la ressource eux réussirent à se faire une place envia- forestière et à la construction de navires. L'IMPORTANCE ble. Pascal Poirier, grand défenseur de la La première scierie à vapeur au sud-est DES T R A N S P O R T S cause acadienne, est un de ceux-là. du Nouveau-Brunswick fut construite En août 1857, le service ferroviai- Fils de S i m o n P o i r i e r et d e en 1 8 4 5 par R i c h a r d Scovil. C e t re était inauguré. Il permit bientôt à Henriette Arsenault, Pascal Poirier est homme d'affaires ne fut pas le seul à se Shediac d'expédier ses marchandises né à Shediac en 1852. À peine âgé de lancer dans l'exploitation forestière, bon vers le Canada uni et contribua à déve- 2 0 ans et e n c o r e aux é t u d e s , Pascal nombre de marchands s'empressèrent à lopper son industrie touristique. Les Poirier fut nommé maître de poste à la ériger leur scierie pour y faire fortune. voyageurs affluaient pour jouir des pla- Chambre des communes par sir John A. O n assista tranquillement au déclin de ges sablonneuses. Ce qui s'annonçait MacDonald. C'était le point de départ l'industrie forestière vers 1950. comme une longue période de prospéri- d'une longue et brillante carrière. Reçu La construction de navires a aussi té devait malheureusement s'achever à la m e m b r e du Barreau du Q u é b e c en engendré de nombreux emplois dans le suite d'un incendie qui ravagea les bâti- 1877, puis de celui du Nouveau- temps, mais cette industrie déclina éga- ments de l'Intercolonial en 1872. Le Brunswick en 1887, il fut nommé séna- lement au profit de chantiers maritimes siège social de la compagnie déménagea teur en 1885, devenant ainsi le premier beaucoup plus compétitifs comme celui alors à Moncton et Shediac dut faire le Acadien à occuper un tel poste. Toute sa de Saint-Jean. Les navires construits au deuil des retombées économiques que carrière, il a eu à cœur la cause acadien- port de Shediac furent surtout utilisés lui p r o c u r a i t son titre de c e n t r e de ne. Le souvenir de Pascal Poirier ne se pour le transport de marchandises. transport. Le dernier train passager par- perpétue pas que par son œuvre politi- La culture de la pomme de terre tit de Shediac en 1959. que et nationaliste, ses talents littéraires NUMÉRO 61 CONTINUITÉ 41
lui v a l e n t é g a l e m e n t u n e c e r t a i n e d'hypothèques dans le sud-est. Ces acti- m u n i c i p a l i t é de S h e d i a c , le conseil renommée. Il est l'auteur de nombreux vités lui v a l u r e n t d ' ê t r e c o n s i d é r é d'administration de la Corporation a livres portant sur des thèmes acadiens comme le premier millionnaire acadien lancé cet été une monographie en fran- dont le Glossaire acadien, Origines des du Nouveau-Brunswick. Comme Pascal çais sur la ville de Shediac. Les sociétés Acadiens, Le parler franco-acadien et ses Poirier, Olivier Melanson s'intéressait h i s t o r i q u e s œ u v r e n t aussi d a n s la origines. aussi à la vie p o l i t i q u e . Élu d é p u t é c o n s e r v a t i o n et la t r a n s m i s s i o n du Olivier M e l a n s o n est u n autre conservateur à Fredericton, il fut le pre- patrimoine en publiant des revues histo- Acadien que l'on ne peut passer sous mier orateur acadien à l'Assemblée légis- riques et en contribuant à la sauvegarde silence. Né à Haute-Àboujagane (près lative. Des problèmes de santé le force- d'édifices anciens. Mais la véritable de Shediac) le 8 juillet 1854, il est venu ront malheureusement à abandonner sa identité acadienne, elle passe par les à Shediac comme plusieurs autres pour c a r r i è r e p o l i t i q u e . Après le décès gens de Shediac : ce sont eux qui en y faire fortune. Très jeune, il avait déve- d'Olivier Melanson survenu en 1926, le assurent la survivance. En conservant loppé un certain flair pour les affaires. puissant empire qu'il avait érigé connaî- leur langue, leur histoire et leurs coutu- Après avoir travaillé quelques années en tra des périodes de décadence qui le mes, ils préservent ce que Shediac a tant que commis pour Fidèle Poirier mèneront à la dissolution. glané de plus précieux tout au long de (frère du sénateur Pascal Poirier et pre- son histoire. Grâce à eux, Shediac vivra mier marchand acadien de Shediac), il UN PATRIMOINE encore longtemps. d e v i n t en 1 8 7 3 c o p r o p r i é t a i r e avec BIEN VIVANT A n d r é Poirier du magasin général Le patrimoine de Shediac fait la Poirier et Melanson. Cette association fierté de ses citoyens qui se sont donné Lewis LeBlanc sera de courte durée. En 1881, il assume nombre d'organismes et de sociétés his- Historien la direction de son propre magasin. toriques pour en faire la promotion et M. Melanson fit fortune en diver- en assurer la protection et la pérennité. sifiant ses investissements. Au commer- La Corporation du développement du ce de la pomme de terre et des œufs, il centre-ville de Shediac, entre autres ajouta l'exploitation d'un moulin à fari- organismes, organise chaque été des ne et d ' u n grand n o m b r e d'usines à promenades autoguidées qui permettent homard. De plus, il acheta de nombreu- de se familiariser avec les bâtiments his- ses fermes et terres boisées grevées toriques de Shediac. Avec l'appui de la m 0 H M X i « " W W " » 1 .WM • • * • * * # * • i La Capitale mondiale du homard6 c'est un paradis de villégiature niché au creux du littoral de l'Est du Nouveau-Brunswick. iil v I mveîppiement m u n i c ^ p à l f C i P ^ 9 ^ m ê i i m c (N.B.) EOA 3G0 WM V < T ^ : (506) 532 2421 ^éléc-: (506> ^ $ Ë Ê Ê Ê & M f i n imr f ' " * - - - * - • * - • ' i « u t i r r t M r m H1»I1 n • ••nirii T " - , - — - ' - • - - — • • • - — • • • • ' • » « - SU - r n i • iiOnHmiiiit 42 CONTINUITÉ NUMÉRO 61
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