SITUATION DES DROITS HUMAINS AU PÉROU

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SITUATION DES DROITS HUMAINS AU PÉROU
SITUATION DES
DROITS HUMAINS
      AU PÉROU
SITUATION DES DROITS HUMAINS AU PÉROU
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              DROITS DES
                 PEUPLES                             40% de la population péruvienne est d’origine autochtone.

            AUTOCHTONES                              Plus de 40% de la superficie du pays est consacrée à l’exploitation des
                                                     minéraux, du pétrole, du gaz et du bois. 96 % de ces territoires sont habités
                                                     par des populations natives et autochtones.

                                                     Ces dernières années, une politique répressive a été mise en œuvre
                                                     sur la base d’une « législation qui facilite les différentes formes de
                                                     dépossession des territoires autochtones en faveur des entreprises ou
                                                     sociétés transnationales, sans tenir compte de l’intégrité du territoire ou
                                                     du consentement des peuples autochtones (...) ce qui cause destruction,
                                                     contamination, migration et appauvrissement des peuples autochtones1 ».

                                                     Les peuples autochtones « figurent parmi les groupes les plus gravement
                                                     affectés par les activités des secteurs extractifs2 ».

                                                     Pour la période 2018-2023, le Pérou dispose d’un portefeuille d’investis-
                                                     sement de 437 projets estimés à 129 072 millions de dollars, ce qui pourrait
                                                     représenter un risque pour le respect des droits humains des peuples
                                                     autochtones, tels que le droit à la santé, à un environnement sain et à
                                                     l’alimentation.

                   DROITS DES
                      FEMMES                         FÉMINICIDES. Entre janvier et avril 2018 le nombre de cas de féminicide
                                                     au Pérou a augmenté de 26,4% par rapport à la même période de
                                                     l’année précédente. Entre 2009 et août 2015, plus de 700 cas de
             VIOLENCES CONTRE                        féminicides ont été enregistrés.
                   LES FEMMES
                                                     VIOLENCE SEXUELLE, PSYCHOLOGIQUE ET PHYSIQUE. Ces 8
                                                     dernières années, le Ministère Public a signalé plus de 150 000 cas
                                                     de violences sexuelles. Il y a actuellement 70 dénonciations de
                                                     violence sexuelle par jour. 76% des victimes sont des enfants et des
                                                     adolescent(e)s. 61,5% des femmes déclarent avoir subi des violences
                                                     psychologiques (contrôle de leurs mouvements, jalousie, humiliation,
                                                     menaces de rupture, menaces d’agression). 30,6 % des femmes
                                                     signalent des cas de violence physique.

                                                     VIOLENCE DE L’ÉTAT. Entre 2003 et 2017, 10 femmes sont décédées
                                                     dans des conflits sociaux résultant de l’utilisation abusive de la force
                                                     par la police ou l’armée. De plus, on compte des dizaines de femmes
                                                     blessées principalement par des coups lors des mobilisations : bien
                                                     que la violence institutionnalisée ait été reconnue officiellement par
                                                     l’Etat, les directives et guides méthodologiques pour la prévention
                                                     de la violence sexiste n’ont été mis en place que dans par quelques
                                                     autorités locales et régionales.

    1
        Colectivo EPU Perú, La situación de los derechos Humanos en el Perú: balance y perspectivas desde el mecanismo del EPU 2017.
    2
      Coordinadora Nacional de Derechos Humanos. Informe sobre vulneraciones diferenciadas a los derechos humanos de las mujeres indígenas en
    contextos de actividades extractivas en el Perú presentado ante la comisión interamericana de derechos humanos en el marco de su 159° periodo de
    sesiones (2016).
SITUATION DES DROITS HUMAINS AU PÉROU
3
                                                 Les défenseuses des droits humains sont fortement stigmatisées et dénigrées
                                                 publiquement lors de campagnes articulées par des médias en faveur de
                                                 l’activité minière, par des entreprises de sécurité ou des entreprises minières
                                                 (comme dans le cas de Maxima Acuna de Chaupe).

                                                 VIOLENCE DES ACTEURS ÉCONOMIQUES. « Les industries extractives ont
                                                 des conséquences sociales et environnementales dévastatrices, qui se traduisent
                                                 par des préjudices sexo-spécifiques, disparates, généraux et extrêmes envers
                                                 les femmes, qui souffrent de leur impact comme une forme de violence contre
                                                 elles et leur patrimoine culturel. Elles sont privées de leurs terres et de leurs
                                                 moyens de subsistance, d’eau potable et de production agricole, leurs filles sont
                                                 souvent exposées au viol et à la prostitution en Amazonie et dans la Sierra, et
                                                 les femmes et les filles qui sont forcées d’aller vivre en ville, sont vulnérables à
                                                 l’exploitation sexuelle et l’exploitation sur le lieu de travail...3 ».

                PARTICIPATION                    La participation des femmes dans les processus de consultation, et plus
                                                 généralement de prise de décisions, est pratiquement inexistante. La
                                                 participation effective des femmes aux processus de consultation préalable
                                                 n’a pas été facilitée et la demande d’établissement d’un quota a été rejetée.

         VIOLATIONS DES                          Les femmes autochtones souffrent de multiples discriminations et sont
      DROITS DES FEMMES                          « invisibles pour la société et l’Etat péruvien4 ».
           AUTOCHTONES

                      ÉDUCATION                  « 3 personnes analphabètes sur 4 sont des femmes ; un tiers (31,6%) des
                                                 femmes âgées sont analphabètes, alors que pour les hommes le taux
                                                 est de 9,4%5 ».

                               SANTÉ             À cause de la pollution de l’eau provoquée par les projets extractifs
                                                 surtout dans le Nord de l’Amazonie, les femmes autochtones sont
                                                 exposées à de graves problèmes de santé qui se traduisent par « un
                                                 taux élevé de toxines dans le lait maternel, le sang du cordon ombilical,
                                                 le sérum sanguin et les tissus adipeux, entraînant de l’infertilité, des
                                                 fausses couches, de naissances prématurées, des menstruations et une
                                                 ménopause précoces, des cancers (…)6 ».

    UNE STRUCTURE
          PUBLIQUE                               Ces dernières années, le Ministère de l’Environnement - MINAM a vu
                                                 ses capacités de pilotage et de gestion diminuées. En juillet 2017,
    ENVIRONNEMEN-                                la loi 30230, connue sous le nom de « paquet environnemental », a
     TALE AFFAIBLIE                              été approuvée : elle réduit les capacités du MINAM dans plusieurs
                                                 domaines, tels que la création de zones naturelles protégées,
                                                 l’approbation de normes de qualité environnementale, et a affaibli
                                                 la capacité d’inspection et de sanction de l’Organisme public
                                                 d’évaluation et de contrôle - OEFA. De 2017 à ce jour, de nouvelles
                                                 rétrocessions ont été autorisées, tels que l’assouplissement des
                                                 standards de qualité environnementale et la perte de contrôle du
                                                 MINAM sur l’aménagement du territoire.

3
  Nations Unies. Groupe de travail du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies sur la Discrimination à l’encontre des Femmes [Radaey, Frances y
Facio, Alda], Informe Final de Visita in loco a Perú, 19 septembre 2014.
4
  Coordinadora Nacional de Derechos Humanos. Informe sobre vulneraciones diferenciadas a los derechos humanos de las mujeres indígenas en contextos
de actividades extractivas en el Perú presentado ante la comisión interamericana de derechos humanos en el marco de su 159° periodo de sesiones (2016).
5
  Colectivo EPU Perú, La situación de los derechos Humanos en el Perú: balance y perspectivas desde el mecanismo del EPU 2017.
6
  CIDH. Las mujeres indígenas y sus derechos humanos en las Américas. Doc 44/17. 17 de abril de 2017.
4

         DROIT À LA
     PROTESTATION                                 CONFLICTIVITÉ SOCIALE. La mise en place d’activités extractives
                                                  provoque une conflictivité sociale très importante au Pérou. Sur les 202
    ET À LA LIBERTÉ                               conflits sociaux enregistrés au mois de septembre 2018, 61,4% étaient
      D’EXPRESSION                                d’origine socio-environnementale. 65,3% d’entre eux étaient des conflits
                                                  liés à l’activité minière et 17% liés aux activités pétrolières7.

                                                  En général, les conflits découlent de préoccupations concernant la
                                                  pollution de l’environnement et de l’eau et d’autres questions relatives
                                                  aux droits humains, causées par des grandes opérations minières, des
                                                  fuites de pétrole en Amazonie ou la déforestation pour des plantations
                                                  d’huile de palme et de cacao.

                                                  L’AGGRAVATION SYSTÉMATIQUE DE LA RÉPRESSION DE LA
                                                  PROTESTATION SOCIALE. L’État a systématiquement recours à la force
                                                  publique de manière brutale et à l’imposition arbitraire de la détention
                                                  provisoire aux opposants. Aujourd’hui, « environ 50 % des personnes
                                                  emprisonnées n’ont pas de sentence et se trouvent en détention
                                                  préventive8 ». Cet outil de répression de la protestation viole le droit à la
                                                  vie, à la liberté individuelle, à la liberté d’expression et de manifestation,
                                                  ainsi que le droit à la justice.

                                                  Ce qui démontre la gravité de la situation de répression de la protestation
                                                  sociale est, qu’entre mars 2006 et mai 2018, 279 personnes sont
                                                  décédées lors de conflits sociaux ; parmi eux 244 étaient des civils et
                                                  35 des policiers. De plus, 4816 personnes, dont 3212 civils, 1599 policiers
                                                  et 5 militaires ont été blessés9.

                                                  PRIVATISATION DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE. Des accords de sécurité
                                                  privée, conclus entre la police ou l’armée et les entreprises, pour
                                                  protéger les intérêts des sociétés privées du secteur extractif, ont ouvert
                                                  la porte à la privatisation de la force publique, privant l’État de son
                                                  usage exclusif et laissant cette fonction sociale à la merci des intérêts
                                                  privés. Dans le cadre de ces accords de sécurité privée conclus entre
                                                  la police nationale et les entreprises extractives, sont décédées, entre
                                                  2003 et 2017, 170 personnes à cause de l’utilisation abusive de la force,
                                                  (90% par une arme à feu). L’impunité des investigations judiciaires de
                                                  ces cas atteint les 95%10.

7
   Defensoría del Pueblo. Reporte mensual de Conflictos Sociales No. 175 – Setiembre de 2018 en www.defensoria.gob.pe/wp-content/uploads/2018/10/
Conflictos-Sociales-N°-175-Septiembre-2018.pdf, publicado el 15 de octubre de 2018 (visualizado el 13 de noviembre de 2018)
8
   Silva Santisteban Rocio. Mujeres y conflictos eco territoriales. Impactos, estrategias, resistencias (2017)
9
   Defensoría del Pueblo. Documento de Análisis de la Conflictividad social No. 1, julio, agosto, setiembre de 2018 en www.defensoria.gob.oe/33360-2/pu-
blicado el 15 de octubre de 2018 (visualizado el 13 de noviembre de 2018)
10
   Coordinadora Nacional de Derechos Humanos, Base de Datos, Criminalización de la protesta, Observatorio de casos (2017).
5

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    Réaliser le suivi de la feuille de
    route sur les droits humains
    établie par l’État péruvien et
    l’Union Européenne, à la demande
    du Parlement européen, dans le
    cadre du traité de libre-échange
    entre l’UE et le Pérou.
                                          2
                                          En vertu de la Convention 169 de
                                          l’Organisation internationale du
                                          travail (OIT), le Pérou est obligé de
                                          consulter les peuples autochtones
                                          et tribaux, sans discrimination
                                          entre hommes et femmes, avant
                                          d’autoriser      tout    programme
                                          d’exploration et/ou d’exploitation
                                          des ressources existant sur leurs
                                          terres. Il est impératif qu’il y ait
                                          des lignes directrices claires pour

    3
                                          encourager la participation active
                                          et permanente des femmes tout au
    Intégrer l’approche genre dans la     long du processus de consultation
    loi de consultation préalable et      et de prise de décision en ce qui
    intégrer des indicateurs de genre     concerne les projets extractifs.
    dans les études d’impact des

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    projets extractifs.

                                          Prendre en compte la perspective
                                          de genre dans toute stratégie
                                          d’identification, de dénonciation,
                                          de suivi, de protection et/ou

    5
                                          de réparation des risques, des
                                          impacts et des violations des droits
    Garantir la protection des droits
                                          des défenseurs et défenseuses
    des femmes, défenseuses des
                                          des droits humains, comme
    droits humains et autochtones,
                                          indiqué explicitement dans les
    dans la prise de décision sur leurs
                                          instruments internationaux de
    territoires et leurs biens, et dans
                                          protection tels que les Principes
    la défense active de leurs droits,
                                          directeurs des Nations unies
    comme le prévoit la Résolution
                                          relatifs   aux    entreprises     et
    « Femmes, égalité des genres et
                                          aux droits de l’Homme et les
    justice climatique » adoptée le
                                          Directives de l’Union européenne
    16 janvier 2018 par le Parlement
                                          sur les défenseurs des droits de
    européen.
                                          l’Homme.

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                                          Prendre en compte, tant dans les
                                          documents juridiques que dans
                                          la pratique politique, la nature
                                          collective de la défense des droits du
                                          territoire et à l’environnement dans
                                          le cas des peuples autochtones ou
                                          originaux.
6

    SOURCES
              •   CIDH. Las mujeres indígenas y sus derechos humanos en las Américas.
                  Doc 44/17. 17 de abril de 2017.
              •   CIJ. Industrias extractivas, derechos humanos y conflictos sociales en Perú
              •   Colectivo EPU Perú. La situación de los derechos Humanos en el Perú:
                  balance y perspectivas desde el mecanismo del EPU 2017.
              •   Coordinadora Nacional de Derechos Humanos. Informe sobre
                  vulneraciones diferenciadas a los derechos humanos de las mujeres
                  indígenas en contextos de actividades extractivas en el Perú presentado
                  ante la comisión interamericana de derechos humanos en el marco de su
                  159° periodo de sesiones (2016).
              •   Coordinadora Nacional de Derechos Humanos, Base de Datos,
                  Criminalización de la protesta, Observatorio de casos (2017).
              •   Defensoría del Pueblo. Documento de Análisis de la Conflictividad social
                  No. 1, julio, agosto, setiembre de 2018 en www.defensoria.gob.oe/33360-
                  2/ publicado el 15 de octubre de 2018 (visualizado el 13 de noviembre de
                  2018)
              •   Defensoría del Pueblo. Reporte mensual de Conflictos Sociales No.
                  175 – Setiembre de 2018 en www.defensoria.gob.pe/wp-content/
                  uploads/2018/10/Conflictos-Sociales-N°-175-Septiembre-2018.pdf,
                  publicado el 15 de octubre de 2018 (visualizado el 13 de noviembre de 2018)
              •   FEDEPAZ. Informe sobre reunión con el grupo de trabajo de naciones
                  unidas sobre empresas y derechos humanos llevada a cabo en Lima
                  (10.07.17) e Iquitos (12.07.17). Lima (14 de julio de 2017).
              •   FEDEPAZ. Análisis sobre normatividad legal y uso de la fuerza pública en
                  contexto de conflictos sociales. Lima (10 de julio de 2017).
              •   Fowks Jacqueline. “El 96% del territorio destinado a la explotación en el
                  Perú está habitado”, El País (5 noviembre 2014).
              •   Human Rights Watch
              •   Ministerio de la Mujer y Poblaciones Vulnerables (MIMP)
              •   Nations Unies. Groupe de travail du Conseil des droits de l’Homme des
                  Nations Unies sur la Discrimination à l’encontre des femmes [Radaey,
                  Frances y Facio, Alda], Informe Final de Visita in loco a Perú, 19 septembre
                  2014.
              •   Observatorio de Criminalidad del Ministerio Público
              •   Observatorio de Conflictos Mineros en el Perú – 22°Reporte - Primer
                  semestre 2018
              •   Peñaranda Castañeda César. Instituto de Economía y Desarrollo
                  Empresarial (IEDEP). “Cartera de proyectos 2018-2023 supera los
                  US$129.000 millones”, La Cámara (6 de Agosto, 2018)
              •   Silva Santisteban Rocio. Mujeres y conflictos eco territoriales. Impactos,
                  estrategias, resistencias (2017).

              •   Crédit photo : Terre des Hommes France

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