Sport et press online : la relativité du temps et de l'espace - OpenEdition Journals
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Italies Littérature - Civilisation - Société 23 | 2019 In corpore sano Sport et press online : la relativité du temps et de l’espace L’exemple du tennis Laura Guidobaldi Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/italies/7724 DOI : 10.4000/italies.7724 ISSN : 2108-6540 Éditeur Université Aix-Marseille (AMU) Édition imprimée Date de publication : 2 décembre 2019 Pagination : 399-411 ISBN : 979-10-320-0243-8 ISSN : 1275-7519 Référence électronique Laura Guidobaldi, « Sport et press online : la relativité du temps et de l’espace », Italies [En ligne], 23 | 2019, mis en ligne le 03 mars 2020, consulté le 29 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/ italies/7724 ; DOI : https://doi.org/10.4000/italies.7724 Italies - Littérature Civilisation Société est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
Sport et presse online : la relativité du temps et de l’espace L’exemple du tennis Laura Guidobaldi Aix Marseille Université, CAER, Aix-en-Provence, France Résumé : Être au cœur d’un grand événement, en connaître les rouages et les acteurs : aujourd’hui c’est possible de différentes manières, grâce aux nouvelles technologies journalistiques de communication, en particulier avec Internet. Il s’agit d’un constat que l’on peut faire dans de nombreux domaines, et tout particulièrement dans celui du sport où, bien souvent, l’actualité a une portée qui ne se limite pas à une seule journée. Elle s’inscrit généralement dans un contexte de compétition qui s’étale sur plusieurs jours, voire sur plusieurs semaines. D’où la nécessité d’une constante mise à jour de l’information, à même de répondre à l’assiduité avec laquelle les lecteurs, aussi bien amateurs que professionnels, consultent les sites concernés. Une semblable démarche n’est pas sans conséquences sur la perception que l’on peut avoir du temps et de l’espace. Sur le web l’espace n’est plus géographique, les distances sont abolies et, de même, les schémas traditionnels du temps sont remis en question. C’est ce que notre article s’efforcera de démontrer à partir de l’exemple du journalisme de tennis. Riassunto: Essere al centro di un grande evento, conoscerne i meccanismi e i protagonisti : oggi è possibile in vari modi grazie alle nuove tecnologie di comunicazione della stampa, in particolare con Internet. Ciò è riscontrabile in molti settori e, più particolarmente, in quello dello sport, in cui, molto spesso, la durata dell’attualità non si limita ad una sola giornata. Essa si inserisce generalmente in un contesto agonistico che si protrae per diversi giorni o anche per settimane. È perciò necessario aggiornare continuamente l’informazione, volta a rispondere all’assiduità con cui i lettori, dilettanti o professionisti, consultano i relativi siti. Tale procedimento ha ovvie conseguenze sulla percezione del tempo e dello spazio. Sul web lo spazio non risulta più geografico, le distanze vengono abolite così come vengono stravolti gli schemi tradizionali del tempo. È quello che tenterà di dimostrare il nostro articolo basandosi sull’esempio del giornalismo tennistico. Dans l’extrême complexité que représente le réseau des liens qui unissent l’événement sportif, l’information qui en rend compte et leur réception par les internautes, le web joue le rôle d’un formidable modérateur. Non seule- 399 Italies_23.indd 399 04/11/2019 15:05:49
Laura Guidobaldi ment il abolit, ou tout au moins, relativise les distances et le temps, mais en outre il se prête à une interaction avec le public par le biais des social forums et de l’information en direct à travers les réseaux sociaux. Il faut rappeler qu’aujourd’hui les sites d’information (dans le sport comme dans les autres domaines), disposent d’une page Facebook et d’un compte Twitter, voire d’un compte Instagram (plus particulièrement dédié à l’image). Parmi les nombreux exemples possibles, nous évoquerons celui que nous connaissons le mieux, par expérience personnelle, à savoir le tennis à son niveau le plus élevé, celui des grands tournois internationaux 1. Écrire, écrire... et écrire encore Accomplir aujourd’hui la tâche de journaliste pour le web, cela implique une fréquence de l’écriture particulièrement intense, fébrile, presque ininter- rompue ; un site web doit être constamment à jour, il doit fournir pratique- ment en temps réel toutes les dernières nouvelles qui, aussi vite qu’elles paraissent, cèdent la place à d’autres toujours plus actualisées, pour ne pas dire immédiates. Il s’agit non seulement d’une écriture qui ne s’accorde pas de répit, mais aussi d’une écriture hétérogène, variée et composite. Cela est aussi valable, bien évidemment, pour un site sportif informatique : qu’il s’occupe du sport en général ou d’un sport en particulier, il met en œuvre toute une gamme de registres, de codes de communication, de styles et de discours toujours en mouvement, différents mais en même temps complémentaires. Il s’agit de satisfaire un public de lecteurs de plus en plus vaste, mais surtout qui s’avère être, lui aussi, très hétérogène. Le public qui s’intéresse au sport sur le web forme un tout très disparate, dont les attentes sont multiples et variées. Si l’on prend pour critère l’âge des internautes, on s’aperçoit qu’ils sont souvent jeunes, pour la plupart, mais cela n’empêche pas que toutes les classes d’âge soient plus ou moins représentées. C’est un constat qu’en revanche on ne peut plus faire en ce qui concerne la presse papier, dont les magazines et les journaux sont nettement moins fréquentés par les classes les plus jeunes. À cela s’ajou- tent les difficultés contextuelles que rencontre aujourd’hui la presse écrite, en raison notamment de la crise économique, mais aussi de l’omniprésence des outils connectés consultables à tout moment (tablettes et smartphones). La 1 Les tournois du Grand Chelem (Australian Open, Roland Garros, Wimbledon et US Open), ainsi que les championnats de Coupe Davis et Fed Cup, et quelques autres événements majeurs dépendant de l’ATP World Tour (circuit international du tennis masculin) et du WTA Tour (circuit international du tennis féminin). 400 Italies_23.indd 400 04/11/2019 15:05:49
Sport et presse online : la relativité du temps et de l’espace. L’exemple du tennis possibilité, moyennant un simple abonnement, de disposer à la demande d’un journal en version numérique, attire davantage un public qui se situe dans une tranche d’âge relativement jeune. Et ceux pour qui le coût d’un abonnement reste un obstacle, ont la possibilité de télécharger gratuitement l’application du journal, qui donne accès à une large part de l’information (nous pensons à des quotidiens sportifs comme La Gazzetta dello Sport, en Italie, ou L’Équipe, en France 2). À la lumière de ces différents paramètres d’approche, nous désirons orienter notre réflexion en direction du journalisme du tennis, que nous pratiquons personnellement depuis bientôt dix ans. Le premier constat que nous formule- rons est que de grandes signatures du journalisme sportif, qui ont marqué l’his- toire du tennis au sein de la presse écrite “traditionnelle”, mettent aujourd’hui leur savoir-faire et leurs compétences au service d’Internet (comme, par exemple, les Américains Peter Bodo et Steve Flink, ou les Italiens Ubaldo Scanagatta et Daniele Azzolini, pour ne citer que quelques noms particulièrement repré- sentatifs 3). Un journaliste italien a écrit que l’on a « d’un côté un secteur en crise, celui de la presse écrite papier ; et de l’autre, un secteur en constante expansion et mutation, celui de l’information diffusée sur le web. C’est dans la distance toujours plus “dramatique” qui sépare ces deux domaines, que l’on mesure aujourd’hui la nature complexe du métier de journaliste sportif 4 ». 2 Du reste, à l’heure actuelle, pour survivre, les grands journaux ont dû créer aussi leur version numérique, ainsi que les applications pour tablettes et smartphones. 3 Peter Bodo (1949) est un journaliste sportif américain, principal éditeur de Tennis Magazine et de Tennis.com. Il collabore également avec le New York Times. Il a été récompensé deux fois comme «Best Writer of the Year» par le WTA Tour (Women Tennis Association). Steve Flink est également un journaliste américain et un historien. Il a été correspondant pour World Tennis Magazine et Tennis Week, commentateur pour CBS, NBC, ESPN. Il collabore avec Tennis.com et, depuis 2007, travaille comme éditorialiste pour le journal en ligne Tennis Channel. Depuis 2017, il fait partie de la International Tennis Hall of Fame, reconnaissance suprême pour les joueurs, les coaches et les journalistes de tennis. Ubaldo Scanagatta (1949) est un ancien joueur de tennis italien de niveau national. Devenu journaliste, il a travaillé longtemps pour le quotidien La Nazione dont il était aussi correspondant dans les grands tournois de tennis. Il a couvert 150 Grands Chelems (ainsi que de nombreux autres grands événements). Il a aussi été commentateur à la télévision pour Tele+, La 7 et Sky Italia. En 2008 il a fondé Ubitennis.com, le site de tennis le plus consulté en Italie et en Europe. En janvier 2019, Ubitennis a été classé troisième lors de la remise des AIPS Sport Media Award, à Lausanne. Daniele Azzolini, romain, est journaliste et écrivain. Ancien collaborateur de Il Tempo et Epoca, depuis 2002 il dirige Matchpoint Tennis Magazine, rebaptisé Tennis Match en 2016. Azzolini a couvert plus de 100 tournois du Grand Chelem ; il a créé, en 2012, le site de tennis oktennis.it. 4 Fabio Severo, Scrivere di tennis, un mestiere dai mille volti, 10 mars 2013, www.ubitennis.com. 401 Italies_23.indd 401 04/11/2019 15:05:49
Laura Guidobaldi Écrire sur le web requiert d’indéniables facultés d’adaptation : vitesse, concision, interaction constante, souplesse, connaissances informatiques car, très souvent, l’on insère soi-même dans le système sa propre production journalistique, qu’il s’agisse de textes, de photos, de documents audio ou vidéo. Mais que veut dire écrire sur le tennis aujourd’hui ? En Europe le tennis est le deuxième sport le plus suivi après le football. C’est une réalité très positive si l’on pense que le tennis est une discipline individuelle et non pas un sport collectif. En effet, les autres sports indivi- duels (comme la Formule 1, le golf, la boxe, etc.) ne bénéficient pas d’une telle assiduité de la part du public. Dans l’univers sportif mondial, le tennis est omniprésent, avec un circuit international très intense, un nombre important de tournois et de compétions sous différentes formes, dont les plus spectacu- laires sont les tournois du Grand Chelem, masculins et féminins, les Masters 1000 pour les hommes et les tournois Mandatory pour les femmes. Sans oublier les Championnats par équipes masculins et féminins (Coupe Davis et Fed Cup), les Masters de fin d’année avec les huit meilleurs joueurs et joueuses de l’année, ainsi que d’autres tournois d’un rang inférieur mais non moins suivis et populaires. C’est pourquoi le tennis attire toujours les journalistes profes- sionnels et les nombreuses structures d’information qui les emploient : les télés, les radios, les agences de presse, les journaux et les sites web. L’éternité de l’éphémère Comme dans la presse papier, sur un site Internet on peut distinguer différentes catégories de textes. L’“opérateur” sportif peut, bien sûr, consacrer son texte à une simple chronique dans laquelle il se contente de relater les faits avec préci- sion, un style concis qui ne nuit pas pour autant à la richesse des détails. Il s’agit là d’un journalisme factuel et c’est précisément ce qui en fait, dans ce contexte, un journalisme efficace. Si nous devons suivre un match, nous parlons stricte- ment de ce match, une sorte de compte rendu qui va à l’essentiel. Le temps y est condensé et résumé. L’ordre chronologique est rigoureusement observé au rythme des événements qui s’enchaînent. Jeu après jeu, le journaliste rapporte à ses lecteurs les faits marquants qui se produisent sur le court et modifient ou entretiennent la physionomie du match. Cela répond aux attentes des lecteurs (surtout ceux qui ne sont pas devant leur écran de télévision), et le chroniqueur se met en quelque sorte en retrait pour laisser place à l’événement qui devient le véritable “protagoniste” de l’article. S’il s’agit d’une rencontre particulièrement significative comme, par exemple, une finale, il est utile de fournir d’abord un sommaire étoffé qui puisse résumer le déroulement du match. Le lecteur est 402 Italies_23.indd 402 04/11/2019 15:05:49
Sport et presse online : la relativité du temps et de l’espace. L’exemple du tennis ainsi à même de se faire une idée du contexte, des étapes et faits marquants. Voici un exemple extrait de notre compte rendu de la finale du Masters 1000 de Montecarlo (2019), qui a vu triompher le joueur italien Fabio Fognini (actuellement n° 10 mondial) : Fognini è il nuovo principe di Montecarlo, 51 anni dopo Pietrangeli L’azzurro tocca il cielo con un dito trionfando sulla terra rossa del Principato. Una prestazione sontuosa di Fabio che, nella settimana monegasca, ha messo in campo un tennis spumeggiante, esplosivo e chirurgico. Lui che viene da un inizio di stagione traballante, al Country Club ritrova il focus necessario per mettere in campo il livello di cui è capace. Un’occasione d’oro che Fabio non si lascia scappare e, a quasi 32 anni (li compirà il prossimo 24 maggio), nella sua prima finale ‘1000’, porta a casa il suo nono trofeo (l’ottavo sulla terra), per ora il più importante in carriera, sconfiggendo il n. 48 del mondo Dusan Lajovic (6-3 6-4 in 1 ora e 38 minuti). Fognini è il secondo tennista più anziano a vincere il suo primo ‘1000’ (il primo è John Isner con la vittoria a Miami nel 2018). L’ultimo italiano a trionfare a Montecarlo era stato Nicola Pietrangeli nel 1968 (anche se non era un torneo Open), dopo aver vinto nel 1961 e 1967, e l’ultimo a imporsi in un torneo più o meno equivalente fu Panatta a Roma nel 1976. In un match di ritmo e intensità, soprattutto all’inizio del primo e del secondo set, Fabio ha saputo gestire bene vento, pressione, tensione ed emozione nella finale del torneo a lui più caro. Già, perché “questo è il vero torneo di casa per me” aveva detto il ligure. L’azzurro, che a inizio torneo era n. 18 del mondo, da lunedì salirà alla posizione n.12, suo best ranking (per ora) e eguaglia Paolo Bertolucci. Dopo la prestazione perfetta contro Rafa Nadal in semifinale, Fognini impone al serbo il suo tennis esplosivo, disegnando il campo in modo magistrale, con dritto e rovescio che lambiscono le righe e centrano gli angoli. Ma ci sono stati anche parecchi errori (23 per il ligure, 36 per il serbo) figli della tensione e soprattutto delle condizioni difficili dovute al forte vento. Ma, insomma, per l’azzurro è stata una settimana perfetta. “Io sono io ma vado avanti per la mia strada” aveva detto dopo il successo con Rafa. Questa volta la direzione è davvero quella giusta. Chapeau Fabio 5. On trouve ensuite le véritable corps de l’article, à savoir la description de la rencontre avec les moments saillants et l’épilogue. Il ne s’agit pas, là encore, de tout préciser, point par point, mais bien de rendre compte des étapes déter- minantes du match, ses éventuels revirements, ses coups de théâtre, etc. En somme, si le journaliste doit être précis (avec une attention particulière aux détails techniques et tactiques), il doit aussi faire preuve de concision : 5 Lien pour lire la suite de cet article : https://www.ubitennis.com/blog/2019/04/21/fognini-e- il-nuovo-principe-di-montecarlo-51-anni-dopo-pietrangeli/ 403 Italies_23.indd 403 04/11/2019 15:05:49
Laura Guidobaldi TENNIS CHIRURGICO DI FABIO - I primi colpi di Fognini risuonano decisi e puliti come quelli messi a segno contro Rafa. Primo game di autorità vinto a zero dal ligure che, fin dai primi punti, dimostra di voler prendere il controllo degli scambi. L’avversario però è un muro di gomma, rimanda tutto di là e Fabio comincia a concedere qualcosa di troppo. È Lajovic a rompere il ghiaccio per primo strappandogli il servizio sull’1-1. La reazione di Fognini non si fa attendere; il ligure ha la possibilità di breakkarlo a sua volta; dopo passanti estremi e piroette al volo, il serbo si salva con un recupero impensabile piazzando una controsmorzata millimetrica. Il punto del torneo, applaude anche Flavia Pennetta. Fognini insiste a martellare l’avversario e si procura ancora una palla break. È quella giusta, controbreak e 2-2. L’inizio del match è di grande intensità, con il migliore repertorio da parte di entrambi; l’italiano è mattatore delle variazioni e smorzate, continua a spingere e ora allunga il passo sul 4-2 mentre il serbo, a questo punto, comincia a disunirsi e a commettere i primi gratuiti dolorosi. Sul 4-2, Fabio si procura tre possibilità per prendere il largo; il serbo le annulla. La quarta è una magia dell’azzurro che sale 5-2 con un favoloso passante stretto angolato di rovescio. Si salva a sua volta da un possibile break sul 5-3 per poi procurarsi il primo setpoint. È quello buono e, dopo 44’, con un rovescio lungolinea alla Gilles Simon (ma quello di Fabio è ancora più teso ed esplosivo), va a prendersi il primo parziale per 6-3 6. Même s’il s’agit d’un texte principalement consacré au déroulement du match, il est utile de compléter ces informations par quelques déclarations des joueurs qui rencontrent l’ensemble des journalistes dans le cadre des conférences de presse d’après-match. L’espace illimité d’une page web, permet également de réaliser un article complémentaire avec seulement les déclarations des joueurs en conférence de presse. Une solution qui, en revanche, n’est pas toujours possible dans la presse papier en raison des limites typographiques imposées par la page du journal. Un article destiné à paraître dans la presse écrite est, en effet, soumis à certaines contraintes, comme le nombre exact de caractères et d’espaces, et une sélection rigoureuse des thèmes à traiter. Voici, toujours dans le cadre du Masters 1000 de Montecarlo (2019), notre article sur la demi-fi- nale, rédigé pour la presse écrite, avec un nombre de caractères limité à 2.500 : 6 Ibidem. 404 Italies_23.indd 404 04/11/2019 15:05:49
Sport et presse online : la relativité du temps et de l’espace. L’exemple du tennis «QS - Quotidiano Sportivo», domenica 21 aprile 2019, p. 15 Quant au temps disponible pour rédiger ces articles, il est aussi différent selon que l’on écrit pour le web ou pour la presse papier. Ainsi, pour l’article du web consacré à la finale, nous disposions de très peu de temps (15 à 20 minutes), car sur internet l’actualité sportive doit paraître très vite ; en revanche, pour le texte de la presse écrite, le temps dont nous disposions était de 2 à 3 heures. Une fois le match terminé, le journal communique au rédacteur de l’article les attentes relatives à la teneur du texte et au nombre de caractères. Le texte doit parvenir à la rédaction en fin d’après-midi ou en début de soirée, pour que l’on puisse ensuite procéder au titrage, à la mise en page et, bien sûr, à l’impression, afin que le journal soit disponible et mis en vente tôt, le lendemain matin. Les articles d’information sont, certes, les plus éphémères : sans cesse de nouveaux textes viennent remplacer les précédents 7. Mais, grâce au web, ils ne disparaissent pas totalement, puisqu’ils demeurent en mémoire dans les bases 7 Cela s’explique également par le grand nombre de matchs, d’événements et de conférences de presse qui caractérisent ces compétitions. 405 Italies_23.indd 405 04/11/2019 15:05:49
Laura Guidobaldi de données informatiques qui constituent, en quelque sorte, l’éternité du world wide web. Une autre modalité de la durabilité numérique de ces articles éphémères, est représentée par la présence éventuelle d’un ou de plusieurs liens (les links) qui renvoient à des textes périphériques, et qui servent de rappels, de références, d’approfondissements, comme autant de tiroirs informatifs que l’on ouvre et que l’on referme successivement, chose bien sûr inenvisageable dans la presse papier traditionnelle 8. À coté de ce genre de communication, il en existe un autre qui fait appel à une concision encore plus grande : 8 Le lien peut avoir deux natures différentes : le surface linking (la page d’accueil) et le deep linking (page spécialisée). Cf. Ilaria Guidi, Dal cartaceo al web: l’evoluzione del giornale, compassunibo. wordpress.com 406 Italies_23.indd 406 04/11/2019 15:05:50
Sport et presse online : la relativité du temps et de l’espace. L’exemple du tennis Il s’agit de l’article-flash, sorte de brève - dernières nouvelles, coups de théâtre, curiosités diverses, etc. 9 - pour laquelle le journaliste dispose d’une dizaine de minutes de rédaction, veillant à la mise à jour constante du site pour lequel il travaille, dans une démarche alternative avec ses collègues. Cette démarche assure au site un renouvellement régulier et systématique de l’information (autre grande différence avec la presse papier). Les flashes peuvent être considérés comme des pièces d’une mosaïque, un patchwork de l’information quotidienne qui permet au site de se maintenir à un niveau de compétitivité nécessaire à sa survie dans l’univers mouvant et versatile des blogs et des websites. Mais ce qui enrichit encore l’impact d’un site web, c’est que dans le même temps, le même auteur peut se consacrer à un autre genre de texte, qui va figurer à côté du texte factuel. En l’espace de quelques minutes, le chroniqueur de tennis concis et neutre se transforme en narrateur prolixe et impliqué, et il devient à la fois “scénariste” et acteur d’une projection hypothétique ou extrapo- lation de l’information. Il fonde toujours sa démarche sur la réalité, sur des événements réels concernant tel ou tel joueur, mais il peut tout aussi prompte- ment construire une réflexion personnelle sur un événement, une compétition ou un champion. Il peut avancer des hypothèses, imaginer plusieurs scénarios. Il est fréquent, que les articles soient consacrés à la biographie d’un champion qui a contribué à l’histoire du sport, avec des bilans sur sa vie, ses victoires, ses défaites et des hypothèses sur ce qu’il aurait fait avec, par exemple, des choix techniques différents, un autre entraîneur, une meilleure condition physique, etc. Ce sont des articles d’approfondissement, rédigés à la faveur d’un élément déclencheur qui conduit le journaliste à en dire plus, à élargir son point de vue, à réfléchir et à dresser un bilan. Ils peuvent également obéir à d’autres motivations, comme le besoin de développer un sujet, de faire connaître un personnage, d’analyser et commenter l’actualité ou l’évolution des tournois : Roger Federer segna 37 ma la febbre non vuole scendere Un anno in più per Roger Federer. Oggi compie 37 anni (con 20 di carriera). Quanto durerà ancora nel circuito? Tutti sperano il più a lungo possibile ma il tempo, inesorabile, passa anche per lui che, di miracoli contro Chronos ne sta compiendo a iosa, stupendo tutti e mandando in brodo di giuggiole i milioni di fans ed estimatori in tutto il mondo. Federer è amato, adorato, idolatrato e va bene. Poi, oggi, a 37 anni, con tutti i suoi nuovi record, è sempre più il Dio dell’Olimpo del tennis, attorno a cui siedono le altre “semidivinità”, sempre pronte ad attingere dalla sua forza e dal suo esempio (vedi Nadal, Djokovic, 9 https://www.ubitennis.com/blog/2019/05/30/kiki-mladenovic-stizzita-con-un-giornalista- francese-ma-lei-sa-che-siamo-in-finale-di-fed-cup/ 407 Italies_23.indd 407 04/11/2019 15:05:50
Laura Guidobaldi Murray, Wawrinka). Attenzione però a Nadal. Il “Toro” di Manacor è colui che più di tutti, per ora, ha i superpoteri per raggiungerlo e, perché no, superarlo nei record, strappandogli forse, un giorno, lo scettro quando lo svizzero non ce la farà più a sostenere i ritmi del tennis dell’era 2000 e ad accumulare sigilli slam. In fondo, da 17 a 20, il passo è breve e non è poi una “mission impossible”. Comunque, torniamo a Roger. Se dovessimo fare un paragone con la letteratura, diremmo che è l’Omero, il Dante e lo Shakespeare del tennis rispetto agli altri “poeti” della racchetta. Inimitabile, certo. Se i suoi numeri potranno forse un giorno essere superati o quantomeno eguagliati, il suo “essere” Roger Federer sarà unico nella storia. Tuttavia, siamo sicuri che del Federer di 37 anni ci convinca proprio tutto tutto? Eh sì perché forse, di questo 37enne dei miracoli, c’è anche qualcosa che ci lascia un po’ perplessi. Ma andiamo per ordine. Innazitutto, cosa ci piace così tanto di Roger Federer? MAGIE DI UN TENNIS DANZANTE - Inimitabile, davvero. In tutti i sensi e a 360 gradi. Leggiadro come una libellula, lo svizzero sembra che giochi a tennis a passi di danza. La sua grazia ricorda quella del celebre Fred Astaire oppure l’eterea geometria delle campionesse del nuoto sincronizzato. Dal servizio (imitato spudoratamente da Grigor Dimitrov), al dritto - accelerato, in controbalzo, incrociato - Roger si esibisce in esecuzioni perfette. Smorzate, soluzioni di polso, stop volley, tweener, smash e la recente SABR (sneak attack by Roger), nella maggior parte dei casi fanno scintille lasciando gli avversari del tutto annichiliti. Ciò accade spessissimo anche in caso di sconfitta da parte del tennista di Basilea. Roger infatti è uno dei rari tennisti a divertire sempre e comunque il pubblico, riuscendo a mettere in campo tante delle sue ormai celebri “magie”, indipendentemente dal punteggio. Per non parlare del suo rovescio a una mano, una perfezione assoluta. In accelerazione, lungolinea, smorzato, incrociato, stretto e chi più ne ha più ne metta 10. Sur le web, on le sait, l’espace et le temps sont annulés, seule compte l’actualité. Le temps n’est ni aujourd’hui ni demain, mais le présent, c’est-à-dire le temps que dure la connexion. Dans un tel contexte, les éditoriaux et les articles d’ana- lyse élargissent l’espace et dilatent le temps : ils occupent une place privilé- giée dans la configuration de la home page, où ils sont visibles plus longtemps, susceptibles de rester d’actualité pendant plusieurs jours. Cela peut aller jusqu’à une forme très avancée de l’appropriation de l’événement par l’écriture où la frontière entre chronique et texte d’approfondissement s’efface pour laisser place à une évocation très subjective et personnalisée, in situ, non seulement de l’événement sportif mais aussi de l’espace-temps dans lequel il se déroule. Nous pensons ici, en particulier, à ces chroniques-bilans dans lesquelles le journa- 10 Lien pour lire la suite de cet article : https://www.ubitennis.com/blog/2018/08/08/roger- federer-segna-37-ma-la-febbre-non-vuole-scendere/ 408 Italies_23.indd 408 04/11/2019 15:05:50
Sport et presse online : la relativité du temps et de l’espace. L’exemple du tennis liste écrit aussi sur soi, manifeste de plus en plus sa présence 11, raconte ses émotions, ses sensations, ses déconvenues éventuelles. Et toutes les techniques de la narration y trouvent leur place : les interjections, les questions rhétori- ques, l’humour, l’ironie, la polémique, etc. Du texte à l’image : une autre approche de l’espace et du temps L’écriture journalistique pour le web offre en outre une grande facilité et souplesse d’utilisation des images, à condition, bien sûr, de s’en tenir aux règles de la déontologie comme celle du respect des droits d’auteur. Sur un site Internet chaque texte peut être agrémenté d’une ou de plusieurs images, l’image d’ouverture mais aussi celles que l’on peut ajouter directement dans le corps du texte. Une modalité extrême de l’utilisation de l’image consiste en un récit entièrement iconographique, d’où le texte est pratiquement aboli (la gallery). Le journaliste rend compte de l’événement par une succession de photos sans limite de quantité, éventuellement accompagnées de brèves didascalies. Nous sommes là dans un cadre remarquable d’effacement des distances et du temps, car ces photos sont généralement insérées sur le moment par le journaliste et très vite vues par les internautes qui ont ainsi, d’une certaine manière, l’illusion réaliste de se trouver parmi le public et au cœur de l’événement. Du reste, le choix de la ou des photos à l’appui du texte dépend rigoureusement de leur actualité, qui doit être conforme à celle de l’événement : si, par exemple, l’on relate le douzième titre de Rafael Nadal à Roland Garros (remporté en juin 2019), on ne doit pas recourir à une photo trop ancienne ou prise dans un cadre totalement différent de ce tournoi 12. L’illusion est encore plus forte lorsque les images se présentent sous la forme de séquences vidéo - quand les règles du tournoi le permettent - qui actualisent l’espace et le temps. C’est une façon, pour le corres- pondant sur place, de partager spontanément la proximité de l’événement avec ses lecteurs, mieux que ne sauraient le faire la médiation d’un simple texte ou la fixité des photographies. Mais le journaliste peut aussi utiliser des documents 11 Nicolas Pelissier, Le journalisme narratif : vecteur privilégié du storytelling ou antidote à ses dérives ? in Du storytelling à la mise en récit des mondes sociaux : la révolution narrative a-t-elle eu lieu ? Paris, L’Harmattan, 2012, p. 117-134. 12 C’est le problème qui se pose lorsque le media n’a pas un photographe sur place. Parfois, les correspondants accrédités, si la charte du tournoi le permet, peuvent prendre des photos pour ensuite les mettre en ligne. Mais ce n’est pas toujours le cas et le site a alors recours à des photos soit payantes soit libres de droits, disponibles sur le net. 409 Italies_23.indd 409 04/11/2019 15:05:50
Laura Guidobaldi audio qui correspondent, par exemple, à des interviews qu’il a obtenues de joueurs, d’entraîneurs ou d’autres personnalités présentes dans le tournoi. L’internaute qui n’a eu accès aux matchs et aux reportages sous aucune autre forme, peut bénéficier d’une information substantielle et complète, non seulement grâce aux textes qu’il peut lire, et qui sont susceptibles d’être encore mis à jour au moment où il en prend connaissance, mais également grâce aux documents audio et vidéo qui accompagnent le texte, dressent un bilan de la journée et, encore une fois, contribuent à relativiser sa perception de l’espace et du temps, en lui faisant revivre l’événement avec une forte sensation ou illusion d’actualité. C’est un pas important vers une forme de communication interactive et socialisée qui trouvera toute sa mesure dans la mise en œuvre des réseaux sociaux. La contribution des réseaux sociaux Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, le journalisme adopte une démarche dialectique pour devenir un espace de confrontation en temps réel. Prenons, par exemple, le tournoi par équipes de la Coupe Davis. Lorsque les joueurs italiens sont en train de disputer un match décisif au Canada, Internet permet d’ouvrir et de nourrir en temps réel un débat sur les réseaux sociaux, notamment Twitter ou Facebook, où s’instaurent un dialogue à distance et une interaction constante, une sorte de match dans le match qui allie ou oppose les internautes connectés, journalistes, joueurs, simples lecteurs, dans un discours à charge et à décharge, très souvent vif et polémique. Les réponses, que l’on se trouve au Canada, en Italie ou au Kazakhstan, concernent les mêmes sujets. La barrière du décalage horaire est effacée, n’existe plus, la dimension spatiale non plus. Il se crée une nouvelle dimension spatio-temporelle, sorte de temps zéro. Même lorsque les journalistes sont géographiquement éloignés, l’immédia- teté de la communication par le biais du web permet d’instaurer un débat avec, entre autres, des éléments très techniques comme les statistiques et les scores en direct, dans un véritable fourmillement numérique. Ces dernières années ont vu également se développer les diffusions en direct sur Facebook : des journalistes, au cœur de l’événement, s’adressent en direct aux lecteurs à partir de la page Facebook du site. Ils peuvent ainsi interagir avec eux, répondre à leurs questions et échanger des opinions. Il s’agit d’une autre facette de la presse online, axée sur l’échange et l’interactivité 13, un moyen 13 Un autre avantage des sites Internet de journalisme est de permettre un retour quasi instantané de la part des lecteurs (le feedback), qui peut trouver place également à la suite d’un article, dans la section des commentaires. 410 Italies_23.indd 410 04/11/2019 15:05:50
Sport et presse online : la relativité du temps et de l’espace. L’exemple du tennis de fidéliser le public qui attend son rendez-vous quotidien pendant toute la durée du tournoi. Facebook n’est pas le seul moyen d’atteindre ce but, d’autres réseaux sociaux y contribuent comme Twitter et Instagram, avec des modalités propres à chaque support. Enfin, si sa mission première sur le net reste bien celle d’informer, et d’informer autant que possible en temps réel, le journalisme sportif peut aller plus loin dans son exploitation de cet outil informatique. Il peut proposer aux internautes, un cadre fictionnel d’information sous une forme à la fois sportive et ludique. S’agissant de tennis, cette approche novatrice de l’événement sportif porte le nom de Fantatennis. Sur la base des règles et des structures authen- tiques fixées par l’organisme responsable des événements internationaux, le site propose un jeu pour permettre aux internautes passionnés de participer virtuel- lement à l’événement sportif. Le jeu est essentiellement basé sur un concours de pronostics sur les résultats des matchs qui vont réellement se disputer le jour même. Les gagnants remportent des points qui reproduisent ceux que, dans la réalité des matchs, remportent les joueurs, vainqueurs des différentes phases d’un tournoi. La finalité du jeu consiste à donner à l’internaute l’illusion d’être dans la situation du joueur et de progresser à son rythme dans le tournoi en connaissant les mêmes succès ou les mêmes défaites. Mais au delà, l’objectif visé est la création d’un forum d’échanges entre différentes nationalités, classes d’âges et milieux sociaux, amplifié notamment par les réseaux sociaux. Un groupe très disparate qui peut aller de l’adolescent de 13 ans, rompu à l’outil informatique, au sexagénaire missionnaire en Guinée-Bissau, passionné de tennis. Conclusion Pour conclure, rappelons que, bien entendu, l’information est en perpétuel mouvement et en évolution constante. Et il s’agit d’une évolution qui se fait parallèlement à celle de l’outil technologique qui la véhicule. On est donc probablement encore très loin d’imaginer jusqu’où cela pourrait conduire, et l’on peut légitimement se demander à quelle vitesse et sous quelles formes nous parviendront, dans l’avenir, les informations sportives ou autres. Qui peut dire si, un jour, nos confortables ancrages de l’information dans le passé et le présent ne seront pas tout bonnement remis en question par une information en provenance du futur et donc plus rapide que l’événement-même ? 411 Italies_23.indd 411 04/11/2019 15:05:50
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