Strasbourg, une ville à l'heure allemande - Sprachzeitungen
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Übungs- und Unterrichtsmaterial erstellt von Sylvain Saura Strasbourg, une ville à l’heure allemande Revue de la Presse • April 2019 • Seite 10 Seite 1 von 5 Sources du texte : Le Figaro, 3-11-2018 ; reproduit in : Revue de la Presse 4/2019 Nombre de mots : 616 Niveau du texte : B2/C1 Thèmes : Strasbourg ; l’Alsace et son histoire entre Allemagne et France ; l’Alsace-Lorraine ; Strasbourg pendant la Première Guerre mondiale ; les relations franco- allemandes Articles de la Revue de la Presse à consulter : • Louise de Bettignies – « Alice » et ses merveilles (espionne | Photo : Getty Images de la Première Guerre mondiale), 12/2018 • Montez à bord du wagon de l’armistice, 11/2018 • L’expo qui parle d’amour et de guerre, 9/2018 • À Verdun, la guerre industrielle a cent ans, 6/2016 • L’Alsace ne veut pas se marier (réforme territoriale), 3/2015 • Le déclin de l’allemand en Alsace menacerait des milliers d’emplois, 1/2012 • Marthe et Mathilde : une amitié, deux destins alsaciens, 5/2009 L’entrée triomphale des troupes françaises à Strasbourg, le 22 novembre 1918 (illustration anonyme). | Photo : Getty Images Résumé de l’article : À l’occasion du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, l’historien François Cochet revient dans les pages du Figaro sur les principaux événements marquant l’histoire de la ville de Strasbourg entre 1914 et 1918. Strasbourg fut en effet rattachée à l’Empire allemand après la guerre franco-prussienne en 1870 et avec elle tout le territoire de l’Alsace-Lorraine en tant que Reichsland (terre d’Empire). Au début du conflit de 1914, la ville est donc allemande et se voit dotée de fortifications dans l’éventualité d’une invasion française. Située immédiatement en arrière du front des combats, elle transforme lors de la Grande Guerre nombre de ses édifices publics en hôpitaux militaires pour accueillir les soldats allemands blessés. Le maire de l’époque, Rudolf Schwander, refuse cependant de faire évacuer les populations civiles pour faire de Strasbourg une ville entièrement militaire. Durant ces quatre années de guerre le fossé se creuse entre l’administration et l’armée allemande d’un côté et les Strasbourgeois de l’autre : la mainmise militaire sur la ville oppresse et réprime une population que les autorités accusent de complaisance envers l’ennemi français. Des mesures discriminatoires sont même adoptées contre les Strasbourgeois qui se désolidarisent progressivement de l’Empire allemand. Lorsque les troupes françaises entrent dans la ville le 22 novembre 1918, les Strasbourgeois leur réservent un accueil triomphal. Compréhension 1. Résumez le texte. © 2019 Carl Ed. Schünemann KG Bremen. Alle Rechte vorbehalten. Die Vervielfältigung dieser Vorlage für den eigenen Unterrichtsgebrauch ist gestattet.
Strasbourg, une ville à l’heure allemande Revue de la Presse • April 2019 • Seite 10 Seite 2 von 5 2. Vrai ou faux ? Marquez la phrase d’un V ou d’un F, selon le cas. Justifiez votre réponse en citant le(s) passage(s) correspondant(s) du texte. a) La ville se dote de fortifications avant la Première Guerre mondiale devant la menace française. b) Durant la guerre, Strasbourg est une ville de l’arrière-front pour l’armée française. c) Comme beaucoup, le maire Rudolf Schwander préfère faire place aux militaires à Strasbourg en faisant évacuer un grand nombre de civils. d) Les autorités allemandes ont voulu ouvrir un musée de la guerre pour mieux incorporer l’identité alsacienne au sein de la mémoire collective allemande. e) On pense à tort que les Strasbourgeois sont favorables aux Français durant la Grande Guerre, selon François Cochet. f) Entre 1870 et 1914 la francophilie se développe en Alsace. g) Directement à l’issue de la guerre et pour une très courte durée, le territoire d’Alsace- Lorraine est déclaré indépendant. h) En 1918, la ville de Strasbourg est légalement rattachée à la France à la suite d’un référendum. 3. Reliez les mots de la colonne de gauche à leur synonyme par une flèche. se concrétiser en plus de septentrional être soumis à giron bouleversement éphémère perdre lazaret du nord/situé au nord outre finesse lancer sein faire l’objet de hôpital s’aliéner passager/de courte durée soubresaut initier subtilité se traduire Analyse 1. Qu’est-ce que l’élaboration mémorielle de la guerre, selon vous ? (§ 5). 2. Expliquez ce qui pousse l’historien François Cochet à dire qu’« aujourd’hui, ces subtilités de l’histoire alsacienne sont loin » (§ 9). 3. Expliquez le terme de « Malgré-Nous » (voir l’encadré) à la lumière des informations livrées par François Cochet dans son article (§ 6). Commentaire et créativité Décrivez de manière fictive les événements autour de la journée du 22 novembre 1918 (introduction/§ 8) du point de vue d’un ou d’une Strasbourgeoise. © 2019 Carl Ed. Schünemann KG Bremen. Alle Rechte vorbehalten. Die Vervielfältigung dieser Vorlage für den eigenen Unterrichtsgebrauch ist gestattet.
Strasbourg, une ville à l’heure allemande Revue de la Presse • April 2019 • Seite 10 Seite 3 von 5 Solutions Compréhension 1. Reportez-vous au résumé de la première page. 2. a) F. § 2 : Entre 1914 et 1916, de gigantesques travaux de fortifications … b) F. § 1 : … En 1914, Strasbourg est capitale du Reichsland Alsace-Lorraine … c) F. § 4 : Le maire de Strasbourg, Rudolf Schwander, souhaite éviter l’évacuation d’un grand nombre de civils pour faire plus de place aux militaires … d) V. § 5 : … les autorités allemandes ont la volonté de s’attacher à l’élaboration mémorielle de la guerre à travers un projet de Kriegsmuseum, qui doit célébrer la participation des Alsaciens aux combats, afin de mieux resserrer les liens avec le reste du Reich. e) V. § 6 : Les Alsaciens sont souvent traités comme autant de citoyens de seconde zone, forcément favorables aux Français. Cette erreur d’appréciation se traduit dans les faits. f) F. § 1 : Ne cherchant pas à redevenir français, l’immense majorité des Alsaciens demandent à cette époque [entre 1870 et 1914] à acquérir un véritable statut de citoyen allemand … § 7 : En l’espace de quatre années de guerre, les sentiments des Alsaciens (…) se modifient profondément. Les Allemands perdent la bataille du cœur et s’aliènent le capital affectif accumulé depuis 1870. g) V. § 8 : … Strasbourg connaît d’importants soubresauts révolutionnaires en novembre 1918. Deux gouvernements cohabitent durant dix jours. Un « soviet de Strasbourg » proclame une « République d’Alsace-Lorraine », tandis que le socialiste (…) proclame la République … h) F. § 8 : La réintégration dans le giron français (…) se fera sans consultation. On estime que l’enthousiasme des Strasbourgeois à recevoir les Français vaut acceptation: « Le référendum est fait. » § 3 (Encadré : L’Alsace, une affaire franco-allemande) : L’Alsace-Lorraine – expression créée par l’administration allemande – revient à la France après la Première Guerre mondiale, en 1919. 3. se concrétiser en plus de septentrional être soumis à giron bouleversement éphémère perdre lazaret du nord/situé au nord outre finesse lancer sein faire l’objet de hôpital s’aliéner passager/de courte durée soubresaut initier subtilité se traduire © 2019 Carl Ed. Schünemann KG Bremen. Alle Rechte vorbehalten. Die Vervielfältigung dieser Vorlage für den eigenen Unterrichtsgebrauch ist gestattet.
Strasbourg, une ville à l’heure allemande Revue de la Presse • April 2019 • Seite 10 Seite 4 von 5 Analyse 1. Proposition de solution : Hors contexte, l’expression laisse sous-entendre que la « mémoire » d’un groupe, autrement dit son histoire, se forge activement autour de certaines notions telles que la guerre pour garantir la cohésion des individus au sein du groupe. Le terme d’« élaboration » semble ici particulièrement intéressant car il renvoie à un labeur, c’est-à-dire à une production et à une construction réfléchie de ceux qui produisent et construisent le discours historique. Ceci laisse entrevoir, par intuition plus que par démonstration dans le texte, que mémoire et histoire ne pourraient peut-être pas exister ainsi, spontanément, sans ce discours qui les construit et les oriente. Dans les propos de l’historien François Cochet et l’exemple qu’il choisit, la dynamique de cette élaboration mémorielle autour de la guerre devient bien visible : la guerre intronisée et monumentalisée dans un Kriegsmuseum a bien pour objectif de réveiller et d’édifier la conscience allemande endormie dans le peuple alsacien par le biais de l’adhésion affective et esthétique à un discours, une symbolique, des valeurs et des récits choisis à dessein par les autorités de l’Empire, qui utilisent alors le passé des habitants de cette région à des fins de propagande. 2. Proposition de solution : Les propos de l’historien en fin d’article peuvent paraître en effet légers : qualifier des événements qui ont décidé des conditions de vie des habitants de toute une région, de « subtilités » – surtout lorsque ceux-ci ont pour arrière-plan la Première Guerre mondiale –, pourrait amener le lecteur à croire qu’il ne s’agit, au fond, que d’un détail historique. Pourtant, ces dires ne traduisent pas moins la distance dans la politique et dans les mentalités actuelles, qui semble nous séparer de cette époque malheureuse : alors que la région alsacienne était l’un des principaux objets de grief entre la France et l’Empire allemand, la ville de Strasbourg abrite désormais, de manière très symbolique, les grandes institutions de l’Union européenne, essentiellement fondée pour garantir la paix entre ces deux pays. Le simple motif de revendication territoriale, par exemple, nous paraît de nos jours en Europe occidentale si anachronique qu’il en devient difficilement compréhensible, à l’heure où la conservation des frontières semble faire plus débat que leur extension. Comme si la paix au fond avait profondément transformé les mentalités européennes, les hommes et les faits de 1914 nous paraissent appartenir à une civilisation passée dont les valeurs semblent, peut-être trop naïvement, aux antipodes des nôtres : militarisation, nationalisme revanchard, présence imminente de la guerre. 3. Proposition de solution : Le terme de « Malgré-Nous » désigne les jeunes hommes originaires d’Alsace et de Lorraine qui furent enrôlés de force, c’est-à-dire malgré eux, par l’armée allemande lors de la Seconde Guerre mondiale entre 1940 et 1944, soit immédiatement après la débâcle et la capitulation française. C’est donc au nom de leur prétendu « sang germanique », et, partant, en raison de l’histoire complexe de la région d’Alsace-Lorraine, que les nazis justifièrent leur incorporation de fait à la Wehrmacht. À la lecture de l’article, on comprend combien cet enrôlement forcé dut être douloureux pour ces jeunes hommes, car leur génération dut grandir dans un climat de méfiance si ce n’est de haine à l’égard des Allemands. Comme le rappelle François Cochet, leurs aînés devaient déjà souffrir de mesures discriminatoires et de traitements humiliants de la part des autorités allemandes, ce qui renforçait en eux leur attachement à la France. Si l’on considère de plus que le pays occupant enrôle de jeunes hommes du pays occupé, la France, pour les envoyer cyniquement combattre contre les troupes françaises ou contre leurs alliés, l’épisode des Malgré-Nous prend une tournure autrement plus tragique. © 2019 Carl Ed. Schünemann KG Bremen. Alle Rechte vorbehalten. Die Vervielfältigung dieser Vorlage für den eigenen Unterrichtsgebrauch ist gestattet.
Strasbourg, une ville à l’heure allemande Revue de la Presse • April 2019 • Seite 10 Seite 5 von 5 Commentaire et créativité Proposition de solution : J’étais enfant, et tout ce que je savais du monde extérieur pendant ces années de guerre, je le savais surtout par ma mère. À ma fenêtre, j’entendais des cris le jour et la nuit, des hommes buvant, des bagarres, parfois des chants. Un vieux voisin était venu frapper à la porte dix jours auparavant, je veux dire avant le 22 novembre, pour nous dire que l’armistice avait été signé. C’était le même qui avait un neveu qui servait dans la marine allemande à Kiel et qui avait refusé avec tous les autres marins d’attaquer les Anglais au début du mois. Les marins avaient fait grève. Beaucoup étaient revenus à Strasbourg et, ce que je ne compris que bien plus tard lorsque je parlais de cette époque avec mes oncles et mes proches, ils avaient décidé de s’auto-administrer ou plus précisément d’administrer la ville avec des ouvriers, un peu comme en Russie. Ma mère ne savait trop que penser du retour des militaires et évitait de toute façon d’en parler devant moi. On disait que les Français arriveraient aussi à la fin du mois. La veille du 22 novembre, ma mère m’emmena avec elle dans une quincaillerie toute proche de la place de la Cathédrale. À cette époque, toutes les devantures des magasins comportaient des inscriptions en allemand. Je me souviens très bien des reflets pâles dans les vitrines, de la bruine et de la figure épuisée du commerçant. Une courte conversation s’engagea sur la tournure des événements puis le quincaillier dit à ma mère que la ville semblait être passée aux communistes, qu’on avait enterré la statue du Kaiser et qu’il fallait s’attendre à voir les gens du peuple prendre des responsabilités politiques. Il semblait peu enthousiaste. Les premières troupes françaises avaient déjà été acclamées. En sortant, nous nous dirigeâmes vers la cathédrale pour voir de plus près ce dont on nous avait parlé : un immense drapeau rouge avait été attaché à la flèche de la cathédrale. Dans mon imagination, je voyais un homme grimpant sur la façade jusque tout en haut avec le drapeau enroulé sous le bras. Une fois en haut, il avait pu voir d’un côté les Français et de l’autre les Allemands, va savoir ce qu’ils faisaient dans leurs camps, comme se faisant face, et là assis tranquillement il s’était peut-être dit qu’il valait mieux ne plus redescendre. Le lendemain, on sonnait toutes les cloches. J’étais encore dans mon lit qu’un tintamarre incroyable s’emparait de ma rue et des rues voisines, contaminant peu à peu tout le centre. Les gens hurlaient, ils hurlaient ce qui était resté inexprimé en eux pendant ces quatre années de guerre. Ma mère me sortit du lit et j’eus à peine le temps de m’habiller que nous nous retrouvâmes sur la Grand’ rue, écrasés par une foule innombrable de gens portant des rubans bleu-blanc-rouge. D’immenses drapeaux tricolores avaient été accrochés aux fenêtres. Je ne voyais presque rien, mais au-dessus des têtes je devinais des rangées de baïonnettes. Notre voisin qui nous accompagnait me prit sur ses épaules et je vis alors des colonnes entières de soldats, des hommes à cheval, des tambours et des clairons et des chars d’assaut les précédant ou les suivant. Beaucoup s’approchaient d’eux pour leur crier leur joie. Le voisin sifflait et tapait dans ses mains autant qu’il le pouvait. En gesticulant dans tous les sens comme un possédé, il a sûrement oublié que j’étais sur ses épaules et j’ai bien failli tomber sur la tête. ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Wie gefällt Ihnen unser Lern- und Lehrmaterial? Bitte schreiben Sie uns, wenn Sie Anregungen haben. Kontakt: Laure Wallois, wallois@schuenemann-verlag.de ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Hinweis: Sie können Ihre Vorlage aus dem Übungsmaterial der Revue de la Presse für Ihren eigenen Unterricht gerne vervielfältigen. Ihre Zugangsdaten dürfen Sie jedoch nicht an Dritte weitergeben. Jede Art der Mehrfachnutzung Ihres persönlichen Abos verstößt gegen das Urheberrecht. © 2019 Carl Ed. Schünemann KG Bremen. Alle Rechte vorbehalten. Die Vervielfältigung dieser Vorlage für den eigenen Unterrichtsgebrauch ist gestattet.
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