Syndrome de la veine cave supérieure : étude de cas d'une urgence oncologique - Canadian Oncology Nursing Journal
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ÉTUDE DE CAS FEATURES/Rubriques Syndrome de la veine cave supérieure : étude de cas d’une urgence oncologique par Carla Foley Wells, Bob Cook et Peter Callahan ABRÉGÉ chez les patients qui ont un cancer tou- chez les patients atteints d’une tumeur Le syndrome de la veine cave supé- chant le thorax (Crispo, Fidalgo, Fix maligne comparativement à ceux qui rieure (SVCS) représente une urgence onco- et Higgins, 2011; Kostopoulu, Tsiatas, avaient une maladie bénigne comme logique. L’utilisation croissante des cathéters Kelekis, Dimopoulos et Papadimitriou, cause. Ils ont établi que le signe le plus centraux pour des raisons oncologiques et 2009; Szerlip, Singh et Luft, 2011). On fréquent de SVCS était le gonflement non oncologiques pourrait faire augmenter n’a pu retrouver de statistiques cana- du visage ou du cou et qu’il n’y avait pas l’incidence de ce syndrome. Dans cet article, diennes à ce sujet, mais aux États-Unis, de différence statistique entre les deux les auteurs présentent une étude de cas por- l’incidence du SVCS est de 15 000 cas par groupes. La tumeur maligne la plus sou- tant sur une femme de 56 ans qui s’est pré- année (Landis, Bohanes et Kohler, 2009). vent en cause dans leur population était sentée aux urgences pour un gonflement du Cette étude de cas d’une patiente le carcinome bronchique, et la majo- visage perdurant depuis trois semaines et souffrant d’un SVCS est présentée en rai- rité des causes bénignes étaient liées accompagné d’une perte d’audition impor- son de son caractère imprévu chez cette à l’utilisation de dispositifs intravascu- tante, d’une toux continuelle, d’un enroue- patiente, qui avait souffert d’un rhume de laires (Rice et al., p. 38). poitrine prolongé et d’une toux au cours Andris et Krzywda (1999) ont décrit ment et d’une enflure des bras, du thorax et des deux mois précédant le diagnostic les occlusions des dispositifs intravas- du haut du dos. Un tomodensitogramme du SVCS. Les symptômes du rhume de culaires selon l’étiologie : mécanique, a révélé une occlusion complète de la veine poitrine et d’infection des sinus ont aussi non thrombotique et thrombotique. cave supérieure, ce qui a confirmé le dia- compliqué le tableau clinique. Comme Les occlusions mécaniques peuvent gnostic de SVCS. La présente étude de cas aucune étude de cas similaire n’a pu être être causées par de nombreux facteurs discute des causes du SVCS, expose le trouvée; les auteurs ont jugé utile d’en tels qu’un cathéter mal positionné, un tableau clinique liée aux antécédents de la faire part à la collectivité médicale. entortillement du cathéter ou du tube, patiente, et décrit l’intervention effectuée ou possiblement une suture qui main- auprès de la patiente. REVUE DE LA tient le cathéter trop serré. Les occlusions SYNDROME DE LA VEINE DOCUMENTATION non thrombotiques peuvent être causées par des dépôts de lipide ou un précipité CAVE SUPÉRIEURE : ÉTUDE Le gonflement du visage accom- venant bloquer la lumière du cathéter. DE CAS D’UNE URGENCE pagné du gonflement d’une extré- Wingerter (2003) a signalé deux mité supérieure, de pléthore faciale, de ONCOLOGIQUE maux de tête, d’enrouement, de troubles types d’occlusions thrombotiques liées L e syndrome de la veine cave supé- rieure (SVCS) est reconnu comme une urgence oncologique possible- visuels ou d’un changement d’état men- tal (Szerlip et al., 2011, p. 78) font par- au cathéter. Ces occlusions sont situées à l’intérieur (intraluminales) ou à l’exté- rieur (extraluminales) de la lumière du tie des signes et symptômes les plus ment mortelle et présentant un carac- courants rapportés pour le SVCS. Rice, cathéter. La thrombose intraluminale, tère aigu (Gabriel, 2012). Ce syndrome Rodriguez et Light (2006) ont examiné laquelle peut se produire à l’intérieur de peut être l’avertissement d’une nouvelle 78 patients pour déterminer si les signes la lumière du cathéter ou dans le réser- pathologie chez les patients ayant des et symptômes du SVCS étaient différents voir d’un Port-a-Cath, peut survenir antécédents de cancer, particulièrement lorsque « la fibrine ou les produits du sang s’accumulent dans la lumière du cathéter » (p. 345). La thrombose extra- AU SUJET DES AUTEURS luminale, qui se produit à l’extérieur du Carla Foley Wells, inf. aut., Ph.D., Infirmière enseignante, Western Regional School of Nursing, Corner Brook (T.N.L.) cathéter, peut « comprendre la queue du thrombus, une gaine de fibrine ou des Bob Cook, MD, CRMCC (radiologie), Radiologue vasculaire et inverventionnel, Western Memorial Regional thrombus muraux » (p. 345). La throm- Hospital (WMRH), Corner Brook (T.N.L.) A2H 6J7 bose peut se former et se manifester Peter Callahan, MD, Médecin de famille, Broadway Family Health, Corner Brook (T.N.L.) différemment en fonction de l’accès, de Auteure à qui adresser la correspondance : Carla Foley Wells, inf. aut., Ph.D., Western Regional School of l’administration de médicaments ou de Nursing, PO Box 2005, Corner Brook (T.N.L.) A2H 2X9 l’obtention d’échantillons de sang par un Téléphone : 709 637-5000, poste 6554; Télécopieur : 709 637-5161; Courriel : cwells@grenfell.mun.ca Port-a-Cath; cependant; il est important Les trois auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts et n’avoir reçu aucun soutien financier pour la de déterminer le problème avec le cathé- rédaction de cet article. ter et d’adopter des mesures correctives. 80 Volume 26, Issue 1, Winter 2016 • Canadian Oncology Nursing Journal Revue canadienne de soins infirmiers en oncologie
TABLEAU CLINIQUE du dos (figure 3 [jour 4] et figure 4 Un radiologue interventionnel a été FEATURES/Rubriques La patiente de 56 ans de cette étude [jour 14]). La patiente présentait une consulté, et la patiente a été transférée de cas (et première auteure de cet congestion nasale importante et a au service de radiologie intervention- article) souffrait d’un SVCS. Un Port- signalé avoir perdu environ 80 % de nelle. Après avoir obtenu le consen- a-Cath personnel avait été mis en place son audition. Une toux persistante non tement éclairé de la patiente, une neuf mois avant l’apparition du SVCS productive la secouait de jour comme phlébographie conventionnelle a été afin de faciliter l’administration d’agents de nuit. Elle a également eu des épi- réalisée, laquelle a révélé une occlusion chimiothérapeutiques pour traiter un sodes de syncope après une toux pro- complète de la veine cave supérieure lymphome folliculaire. La patiente avait longée pendant les cinq derniers jours avec thrombose se prolongeant dans des antécédents d’asthme, de sarcoïdose précédant son hospitalisation, et des les parties proximales des veines bra- pulmonaire et d’apnée du sommeil, et stries rouges couvraient le haut de son chiocéphaliques bilatérales (figure 6). avait récemment été traitée pour une thorax et de son dos. Pendant les cinq La thrombolyse dirigée par cathé- infection des voies respiratoires supé- nuits précédant son hospitalisation, ter a été commencée avec un bolus de rieures par des antibiotiques oraux et elle a dormi assise sur une chaise en 2 mg d’Activase (Cathflo, Genentech, intraveineux et par des stéroïdes. raison de la dyspnée importante qu’elle San Francisco, Californie), et a été sui- Même si la patiente avait déjà pré- ressentait lorsqu’elle tentait de s’allon- vie d’une perfusion de 1 mg/h d’Ac- senté une exacerbation de l’asthme ger. Elle a pris près de 13 kilogrammes tivase t-PA aux trois heures. Un avec un rhume de poitrine, le premier (30 livres) en l’espace de dix-huit jours. phlébogramme de vérification a indiqué signe qui lui a causé des inquiétudes la présence un caillot résiduel consi- est lorsqu’elle s’est réveillée avec un DIAGNOSTIC ET dérable. Le Port-a-Cath été retiré. Une gonflement du visage, de la langue et TRAITEMENT thrombolyse mécanique a été effectuée des lèvres (figure 1 [jour 1] et figure 2 Lorsqu’elle s’est présentée aux par aspiration mécanique et angioplas- [jour 2]). Elle a d’abord pensé qu’elle urgences le jour de son hospitalisation, tie, après quoi seule une petite quantité faisait une réaction allergique aux anti- les signes vitaux de la patiente étaient du caillot résiduel est demeurée dans biotiques pris pour l’infection causée normaux. Les prises de sang, l’électro- par son rhume de poitrine. Pendant cardiogramme (ECG) et la radiographie les quatorze jours qui ont suivi, le gon- thoracique étaient tous dans les limites flement du visage a progressivement de la normale. Un tomodensitogramme augmenté d’un matin à l’autre avant du thorax a révélé une occlusion com- de s’étendre au bras droit, puis au bras plète de la veine cave supérieure gauche, au thorax, au cou et au haut (figure 5). Figure 5 : Occlusion complète de la veine cave supérieure Figure 1 : Premier jour du gonflement Figure 3 : Quatre jours après le début du facial gonflement facial Figure 6 : Occlusion de la veine cave Figure 2 : Troisième jour du gonflement Figure 4 : Quatorze jours après le début supérieure au niveau de la veine facial du gonflement, à l’admission à l’hôpital brachiocéphalique gauche Canadian Oncology Nursing Journal • Volume 26, Issue 1, Winter 2016 81 Revue canadienne de soins infirmiers en oncologie
FEATURES/Rubriques Figure 9 : Une semaine après l’élimination du caillot dans la veine cave supérieure Figure 7 : Petit caillot résiduel tomodensitogramme effectué quatre Figure 10 : Nouveau tomodensitogramme, mois plus tard n’a révélé aucun caillot quatre mois après l’intervention résiduel dans la veine cave supérieure ou dans les veines brachiocéphaliques à une possible pathologie thoracique (figure 10). Un an après l’intervention, n’ayant pas encore été détectée. Le la patiente se porte bien. Elle a main- dépistage et l’intervention précoces tenu une chimiothérapie d’entretien pourraient possiblement sauver la vie sous rituximab tous les trois mois, pen- d’un patient. dant deux ans, pour le traitement d’un lymphome folliculaire. La chimiothéra- CONCLUSION pie s’est poursuivie au moyen d’un accès Cette étude de cas avait ceci d’inha- veineux périphérique. bituel du fait que, avant l’apparition du SVCS, la patiente avait contracté une IMPLICATIONS POUR LA infection grave des sinus et un rhume PRATIQUE INFIRMIÈRE de poitrine qui sont venus déformer son Figure 8 : Petit caillot résiduel L’infirmière autorisée est souvent portrait clinique lorsqu’elle a consulté la première personne à qui le patient des professionnels de la santé dans les la veine brachycéphalique proximale se présente au triage du service des semaines précédant le diagnostic. Il est gauche (figures 7 et 8). Ce résidu ne urgences d’un hôpital. L’obtention important de regarder au-delà de l’évi- semblait pas nuire à la circulation, et la des antécédents complets, incluant dence lorsqu’on dresse le tableau cli- patiente a été remise sur pied dans un des questions sur l’état médical dans nique d’un patient afin de considérer état stable. Elle a obtenu son congé avec le passé et la présence d’un cathéter les autres diagnostics possibles, parti- une ordonnance de 100 mg de Lovenox central, alerteront l’infirmière autori- culièrement chez un patient ayant des sous-cutané, deux fois par jour, pendant sée quant à la possibilité d’un SVCS. antécédents de cancer ou un cathéter trois mois. De plus, l’infirmière autorisée qui sait central. Le SVCS constitue une urgence Dans les six jours qui ont suivi l’in- qu’un gonflement soudain du haut du oncologique. Un diagnostic et une inter- tervention, la patiente a signalé une corps peut indiquer un problème de vention rapides peuvent faciliter un perte de poids totale de 13 kilogrammes retour veineux de la veine cave supé- prompt retour du patient vers la santé. (30 livres, voir figure 9). Un autre rieure peut alerter le médecin quant RÉFÉRENCES Andris, D.A. et Krzywda, E.A. (1999). Kostopoulou, V., Tsiatas, M.L., Kelekis, D.A., Rice, T.W., Rodriguez, M. et Light, R.W. Central venous catheter occlusion: Dimopoulos, M.A. et Papadimitriou, C. (2006). The superior vena cava Successful management strategies. (2009). Endovascular stenting for the syndrome: Clinical characteristics and Medsurg Nursing, 8, 229–238. management of port-a-cath associated evolving etiology. Medicine, 85(1), 37–42. Crispo, M.M., Fidalgo, G., Fix, M.L. et superior vena cava syndrome. Emergency Szerlip, M., Singh, G. et Luft, U. (2011). A Higgins, G.L. (2012). A case of superior Radiology, 16, 143–146. doi:10.1007/ case of a bloated face: SVCS relieved by vena cava syndrome demonstrating s10140-008-0714-5 an endovascular approach. Journal of Pemberton sign. The Journal of Emergency Interventional Cardiology, 25(1), 78–81. Landis, B.N., Bohanes, P. et Kohler, R. Medicine, 43, 1079–1080. doi:10.1016/j. doi:10.1111/j.1540-8183.2011.00660.x (2009). Superior vena cava syndrome. jemermed.2011.05.064 Wingerter, L. (2003). Vascular access device Canadian Medical Association Journal, Gabriel, J. (2012). Acute oncological thrombosis. Clinical Journal of Oncology 180, 355. emergencies. Nursing Standard, 27, 35–42. Nursing, 7, 345–348. doi:10.1188/03 82 Volume 26, Issue 1, Winter 2016 • Canadian Oncology Nursing Journal Revue canadienne de soins infirmiers en oncologie
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