ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES
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ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES Guillaume Gibert (Universidad del Salvador, Argentine) et Victor Montoya (Universidad Nacional de Tres de Febrero, Argentine) Rapport de recherche Réalisé à Buenos Aires, Argentine, d’avril à août 2021.
ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. ― 1 REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier les services de Relations internationales des établissements membres de l’AUF dans la région ayant collaboré à l’enquête, ainsi que leurs étudiantes et étudiants ayant fait une mobilité en français. Nous adressons également un remerciement particulier aux chercheurs Guillaume Gibert et Victor Montoya pour la réalisation de ce projet. VICTOR MONTOYA GUILLAUME GIBERT Universidad Nacional de Tres de Febrero, Universidad del Salvador, Argentine Argentine Victor Montoya réalise actuellement un Doctorat Guillaume Gibert est économiste, diplômé de en Études Internationales à l’Université Torcuato l’Université de Montpellier (France). Il exerce depuis Di Tella (Argentine) et en Économie à l’Université 2007 les fonctions de Coordinateur général du Sorbonne Nouvelle Paris 3 (Centre de Recherche Programme « La Condamine » au sein de l’Université du et de Documentation sur les Amériques-UMR7277, Salvador en Argentine, Programme qui met en œuvre à France) dans le cadre d’une cotutelle. Ses recherches Buenos Aires des filières franco-argentines de double portent sur la coopération universitaire ainsi que diplôme en Économie, Gestion et Droit. l’internationalisation de l’enseignement supérieur et des élites. Il travaille au Laboratoire de Recherche et d’Innovation en Politique et Gestion des Langues de l’Universidad de Tres de Febrero (UNTREF LINGUA, Argentine) où il coordonne les activités de recherche. Publication de l’AUF, décembre 2021
2 ― ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. SOMMAIRE Résumé.................................................................................................................................................................................. 3 Introduction........................................................................................................................................................................ 5 1. État des lieux des connaissances...........................................................................................................................7 2. Note méthodologique.............................................................................................................................................. 10 3. Structure géolinguistique des flux d’étudiant.e.s dans les Amériques...................................................16 3.1. Étude de la mobilité sortante............................................................................................................................ 16 3.2. Étude de la mobilité entrante........................................................................................................................... 20 4. La place de la mobilité étudiante en français dans les établissements membres de l’AUF des Amériques.................................................................................................................................................................... 23 5. Les étudiant.e.s des universités latino-américaines membres de l’AUF en mobilité en français.. 28 5.1 Portrait................................................................................................................................................................ 28 5.1.1 Description générale............................................................................................................................................................28 5.1.2 Type de mobilité...................................................................................................................................................................29 5.1.3 La langue française...............................................................................................................................................................30 5.2 Améliorer l’accès................................................................................................................................................ 32 5.2.1 L’enjeu linguistique...............................................................................................................................................................32 5.2.2 L’enjeu socioculturel.............................................................................................................................................................33 5.2.3 L’enjeu matériel....................................................................................................................................................................33 Conclusion.........................................................................................................................................................................34 Annexe A. Mobilité étudiante internationale : données disponibles.............................................................. 36 Annexe B. Agrégation des données pour la mobilité sortante......................................................................... 38 Annexe C. Agrégation des données pour la mobilité entrante........................................................................ 39 Annexe D. Estimation de la répartition des étudiant.e.s en mobilité entrante et sortante selon le type de mobilité en français (période 2015-2019, pour les membres AUF en Amérique latine)...............40 Annexe E. Estimation des effectifs annuels moyens étudiants en mobilité sortante en français des Universités membres de l’AUF en Amérique latine (période 2015-2019)................................................43 Annexe F. Détail et résultats statistiques de l’ACM.............................................................................................45 Bibliographie..................................................................................................................................................................... 47
ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. ― 3 RÉSUMÉ Le travail de recherche porte sur la mobilité étudiante internationale en français dans les Amériques. Il consiste, par la construction d’outils et méthodes sur mesure, à établir une cartographie de la mobilité étudiante en français aux Amériques, en global et pour les établissements membres de l’AUF, et présenter un portrait de l’étudiant.e d’Amérique latine en mobilité internationale en français. 1. ÉTAT DES LIEUX DES internationale de ces universités. Aussi, un recensement CONNAISSANCES des Programmes de soutien à la mobilité en français dans les douze pays du réseau de l’AUF des Amériques Il existe très peu de données et d’études scientifiques est réalisé. La dernière étape consiste à se focaliser sur sur la mobilité universitaire en français dans les les universités membres de l’AUF en Amérique latine Amériques. Les données statistiques sont généralement par l’intermédiaire de deux enquêtes réalisées auprès structurées par pays et les études se limitent à de leur service de Relations internationales et leurs l’analyse des principaux pays de mobilité. La dimension étudiant.e.s ayant fait une mobilité en français. linguistique des mobilités n’est habituellement pas prise en compte : les données ne sont pas analysées sous cet angle, même si, parfois, la question des langues est 3. STRUCTURE LINGUISTIQUE DES mentionnée. La principale source de données est celle FLUX D’ÉTUDIANT.E.S DANS LES de l’Institut de Statistique de l’UNESCO qui fournit des AMÉRIQUES données brutes pour l’ensemble des pays. Cette source est généralement celle qui est utilisée dans les rapports Sur la période 1998-2019, le profil linguistique de institutionnels et les études scientifiques. la mobilité étudiante des pays d’Amérique latine se différencie de celui de la mobilité étudiante des pays d’Amérique du Nord. Ainsi, la mobilité latino-américaine 2. NOTE MÉTHODOLOGIQUE vers les principaux pays anglophones est de 48,2 % contre 72,7 % pour les pays américains anglophones. L’approche proposée part du global vers le local. Tout Aussi, 7,2 % de la mobilité sortante latino-américaine d’abord, une analyse géolinguistique des flux de mobilité a comme destination la France, contre 4,1 % pour les entrante et sortante des Amériques est menée à partir pays américains anglophones. L’analyse des principaux des données publiées par l’Institut de Statistique de pays francophones de destination de la mobilité des l’UNESCO. Puis, un travail spécifique consiste à établir le Amériques indique que la France est le premier pays profil linguistique des établissements d’enseignement de destination alors que la mobilité vers le Canada supérieur membres de l’AUF dans les Amériques par atteint un chiffre similaire à celui de la France. Les un recensement de leurs partenariats internationaux autres principales destinations francophones, avec selon leurs caractéristiques géolinguistiques. Une base des chiffres très inférieurs à ceux de la France ou du de données spécifique des accords de coopération Canada, sont la Suisse, la Belgique et le Maroc. Si, au actifs liés à la francophonie scientifique et universitaire lieu d’étudier des pays, l’on procède à une analyse par est créée pour connaître les opportunités de mobilités agrégation géolinguistique, on observe que la mobilité internationales en français proposées aux étudiant.e.s vers les pays partiellement francophones dépasse des universités membres de l’AUF dans les Amériques légèrement celle vers la France. Pour la mobilité et leur part relative dans la politique de coopération entrante, les pays asiatiques apparaissent comme la
4 ― ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. principale origine des mobilités dans les Amériques, mobilité en français. Parmi les établissements qui ont ces mobilités caractérisant surtout les États-Unis répondu à l’enquête adressée aux Services de Relations et le Canada. L’Amérique latine, avec une mobilité internationales, les douze universités d’Amérique latine essentiellement régionale, a un profil géolinguistique qui ont le plus d’étudiant.e.s en mobilité en français très différent. Concernant la mobilité entrante dans les participent aux Programmes ERASMUS et/ou –FITEC. Amériques, le premier pays francophone est le Canada et le deuxième pays est la France ; en troisième position, avec des chiffres nettement inférieurs, se trouve Haïti. 5. LES ÉTUDIANT.E.S DES UNIVERSITÉS Sur la période, près de 300 000 étudiant.e.s d’Afrique LATINO-AMÉRICAINES MEMBRES DE francophone sont venus étudier dans les Amériques, L’AUF EN MOBILITÉ EN FRANÇAIS soit la même quantité, au millier près, que d’étudiant.e.s français.e.s. L’expérience de mobilité est pour une large part française avec plus de 90 % des répondant.e.s qui déclarent avoir fait une mobilité en France. Il s’agit 4. LA PLACE DE LA MOBILITÉ d’un public plurilingue, qui est en mesure d’articuler ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS différents espaces linguistiques. La grande majorité des LES ÉTABLISSEMENTS MEMBRES mobilités sont intégrées aux cursus des étudiant.e.s DE L’AUF DES AMÉRIQUES avec la reconnaissance des crédits, voire l’obtention d’un double diplôme (pour les doubles diplômes, 58,9 % Les profils linguistiques des établissements membres réalisent une mobilité de deux ans). En ce qui concerne de l’AUF des Amériques se différencient fortement le type de bourse, 41 % des étudiant.e.s partent avec selon l’environnement linguistique au sein duquel des bourses 100 %, 32 % avec une bourse partielle et ils sont immergés. Si la place des partenariats 27 % sans bourse. Les bourses 100 % se concentrent francophones est comparable pour les établissements sur les échanges les plus institutionnalisés. Pour les des régions hispanophones et lusophones, les premiers répondant.e.s, les principaux lieux d’apprentissage sont beaucoup plus tournés vers les établissements du français sont les instituts de langue, l’université et d’Amérique latine et Caraïbe (langues latines) que les les cours particuliers. On constate aussi que dans de établissements brésiliens. Le profil linguistique des nombreux cas l’apprentissage du français ne semble établissements des régions francophones est très commencer qu’à l’université, ce qui signifie que ces différent de celui des établissements des autres régions mobilités constituent l’occasion d’attirer un public qui linguistiques avec une plus large part des partenariats n’était pas francophone avant d’étudier à l’université. avec des universités francophones. Le bilinguisme Mais, après la mobilité, la continuité de l’étude de la anglais-français se reflète clairement sur le profil langue et son utilisation dans le cadre académique n’est linguistique des établissements situés dans des régions pas majoritaire, et l’utilisation en milieu professionnel où les deux langues sont parlées couramment. Enfin, ne concerne que la moitié des répondant.e.s. Après le profil linguistique des établissements situés dans les problèmes financiers et les difficultés matérielles, des régions anglophones laisse comparativement peu la deuxième difficulté rencontrée lors de la mobilité de place aux partenariats francophones alors que les est la socialisation dans le pays d’accueil, signalée partenariats en Asie représentent plus d’un tiers de comme problématique dans 35 % des cas. Le retour leurs relations à l’international. Pour les établissements sur l’expérience de la mobilité est cependant largement membres de l’AUF dans les Amériques, 2882 partenariats positif. avec des établissements francophones et/ou membres de l’AUF ont été dénombrés. Parmi eux, l’importance L’ensemble des résultats obtenus dans le cadre de ce relative des partenariats avec des établissements travail de recherche constitue une base documentaire français, canadiens, puis brésiliens est à souligner. Sur qui permettra à l’AUF de mettre en œuvre de futurs la période 2015-2019, on estime qu’en moyenne et programmes de soutien à la mobilité étudiante en chaque année, plus de 1800 étudiant.e.s des universités français au plus proche des besoins de ses membres et membres de l’AUF en Amérique latine réalisaient une leurs étudiant.e.s.
ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. ― 5 INTRODUCTION « Je l’encouragerais à le faire. Dans mon cas, d’un point de vue universitaire et humain, cette mobilité étudiante en français a été très importante pour mon développement professionnel et personnel » ; conseil apporté1 par un étudiant de l’Université de La Plata (Argentine) à un.e étudiant.e qui s’apprêterait à entreprendre une mobilité en français similaire à celle qu’il a effectuée. La mobilité étudiante peut être définie comme le française sont plurielles. Par exemple, un.e étudiant.e déplacement d’un.e étudiant.e de l’enseignement originaire d’une région francophone peut effectuer sa supérieur, généralement dans un pays étranger, mobilité dans une université dont la principale langue dans un contexte d’études ou d’apprentissage et d’enseignement est le français. Aussi, un établissement pour une durée déterminée. Ainsi, on peut distinguer d’enseignement supérieur d’une région francophone plusieurs types de mobilités étudiantes : celles qui accueille dans des formations entièrement en se déroulent dans le cadre de formations ou de français des étudiant.e.s étranger.ère.s qui sont programmes diplômants ou bi-diplômants (d’une durée des utilisateur.trice.s élémentaires, indépendant.e.s généralement supérieure à un an), celles organisées ou expérimenté.e.s du français. Des étudiant.e.s dans le cadre d’un programme d’échange avec ou sans francophones peuvent réaliser une mobilité dans une validation de crédits (de trois mois à un an), celles qui université dont les cours sont donnés entièrement en se réalisent dans le cadre d’un stage ou de programmes espagnol. de coopération spécifiques à l’étranger (de un à trois mois) ou encore celles qui concernent les écoles d’été L’introduction de la variable « langue » dans la mobilité ou les voyages d’études qui sont généralement centrés étudiante demande donc de définir certains concepts sur la socialisation interculturelle et/ou l’apprentissage et clarifier le niveau d’analyse. Ainsi et dans le cadre d’une langue ou d’une spécialité (d’un à trois mois). de ce travail de recherche, lorsque l’analyse porte Aussi, un phénomène s’est amplifié depuis 2020 dans le sur les pays, le terme de « mobilité francophone » contexte de la pandémie liée à la COVID-19 : la mobilité fait référence à des mobilités concernant des pays « à domicile ». Elle peut concerner les quatre types francophones ou partiellement francophones comme de mobilité présentés ci-dessus, mais se déroule soit pays de destination ou d’origine. L’analyse du point dans son intégralité à distance, soit sous une forme de vue pays implique en effet de travailler sur des hybride (à la fois en distanciel et présentiel), grâce à données agrégées pour lesquelles la langue spécifique l’utilisation des Technologies de l’Information et de la de l’étudiant.e ou le cadre linguistique de la mobilité ne Communication pour l’Éducation (TICE). sont pas toujours connus. La mobilité de la France vers la Colombie est alors, au niveau pays, définie comme Pour se référer à des mobilités étudiantes une mobilité francophone même si le français n’est pas « francophones » ou « en français », il est nécessaire le vecteur de la mobilité. Lorsque l’analyse porte sur les de caractériser le français en tant que « langue de la étudiant.e.s au niveau individuel, une différenciation mobilité étudiante ». Dans le cas de ces mobilités peut être opérée selon la langue de l’étudiant.e et celle étudiantes, les configurations d’utilisation de la langue dans laquelle se fait la mobilité. En considérant dans 1 Ce conseil a été recueilli dans le cadre de l’enquête étudiante réalisée pour ce rapport.
6 ― ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. ce cas que la langue d’attache principale de l’étudiant.e est celle du pays d’origine de sa mobilité, une mobilité étudiante « francophone » correspond alors à une mobilité réalisée par un.e étudiant.e originaire d’une région francophone vers une région non francophone et une mobilité « en français » se réfère à celle effectuée depuis une région non francophone vers une région francophone. Le cas d’une mobilité depuis et vers une région francophone correspond ici à une mobilité « francophone et en français ». Ainsi, un.e étudiant.e brésilien.ne qui fait une mobilité dans un établissement francophone canadien réalise une mobilité « en français ». À l’inverse, la mobilité d’un.e étudiant.e haïtien.ne qui part en mobilité dans un pays d’Amérique latine est une mobilité « francophone ». Si un.e étudiant.e français.e fait une mobilité au Canada dans une université francophone, sa mobilité est caractérisée comme « francophone et en français ». Le travail de recherche vise à mieux comprendre la mobilité internationale francophone et en français des étudiant.e.s. dans sa réalité, dans son environnement et en particulier dans sa dynamique entre les universités membres de l’AUF aux Amériques. Il consiste, par la construction d’outils et méthodes sur mesure, à établir une cartographie de la mobilité étudiante francophone et en français aux Amériques, en global et pour les établissements membres de l’AUF, et présenter un portrait de l’étudiant.e d’Amérique latine en mobilité internationale en français. Il apporte des données indicatives des flux de la mobilité en français pour les établissements membres de l’AUF en Amérique latine. La structure du rapport de recherche est la suivante : un état des lieux des connaissances (Partie 1) est d’abord présenté, suivi d’une note méthodologique (Partie 2) et la présentation des principaux résultats concernant la structure linguistique des flux d’étudiant.e.s dans les Amériques (Partie 3), la place de la mobilité étudiante en français dans les établissements membres de l’AUF des Amériques (Partie 4) et le portrait des étudiant.e.s latino-américain.e.s des universités membres de l’AUF en mobilité en français (Partie 5).
ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. ― 7 1. ÉTAT DES LIEUX DES CONNAISSANCES Cette partie est consacrée à l’état des lieux des secteur du Français Langue Étrangère, sans analyser connaissances et des sources d’information concernant les mobilités francophones (Campus France, 2018). les mobilités francophones et en français dans Du côté du Canada, la principale source identifiée est les Amériques. Celui-ci a été effectué à partir de celle des résidents temporaires détenteurs de permis l’exploration des sites institutionnels et d’une recherche d’études qui donne des informations pour 221 pays sur les moteurs de recherche académique à partir de sur la période 2017-2020 (Gouvernement du Canada, différents mots-clefs2. Le principal constat est qu’il 2021)5. De manière plus spécifique pour le Québec, existe très peu de données et d’études scientifiques sur il convient de mentionner les Données préliminaires la mobilité universitaire en français et/ou francophone relatives aux inscriptions au trimestre d’automne 2020 du dans les Amériques. Les données statistiques sont Bureau de la Coopération Interuniversitaire (BCI, 2020), généralement structurées par pays et les études se qui fournit des données générales sur l’évolution des limitent à l’analyse des principaux pays de mobilité. étudiant.e.s internationaux au Québec et le détail par La dimension francophone des mobilités n’est donc université, mais ne donne pas d’information précise généralement abordée dans ces documents qu’à concernant l’origine des étudiant.e.s ; et le document travers la mobilité vers la France. De plus, la dimension Statistiques sur les étudiant.e.s internationaux dans le linguistique des mobilités n’est habituellement pas prise réseau universitaire québécois (ME-MES, 2017), qui donne en compte : les données ne sont jamais analysées sous des informations sur l’origine des étudiant.e.s. Selon ce cet angle-là, même si, parfois, la question des langues document, pour l’année 2013, la France, avec 12 495 est mentionnée, plus particulièrement pour l’anglais. Il étudiants, est le premier pays d’origine des étudiant.e.s existe ensuite une série de documents concernant le internationaux dans le réseau universitaire québécois. Français Langue Étrangère, qui se concentrent donc sur En ce qui concerne les pays d’Amérique latine, le les questions de didactique plus que sur l’analyse des Mexique, avec 374 étudiant.e.s, est le treizième pays et mobilités. Les principaux éléments qui ont été trouvés le Brésil, avec 344 étudiant.e.s, est quinzième. Pour ce sont ceux qui sont mentionnés dans la synthèse qui qui est des États-Unis, la principale source identifiée est suit. l’Institut of International Education qui à travers son Open doors et Project Atlas6 offre des données très détaillées En ce qui concerne les données, la principale source sur l’origine des étudiants, les destinations aux États- est l’Institut de Statistique de l’UNESCO3 qui fournit Unis des mobilités entrantes, les disciplines, les des données brutes pour l’ensemble des pays. Cette programmes d’anglais, etc. Il s’agit donc d’une source source est généralement celle qui est utilisée dans de données riche et précise, mais dont l’utilité pour les rapports institutionnels et les études scientifiques, l’étude des mobilités en français est limitée, d’autant et l’analyse statistique présentée dans ce rapport se plus que cette source ne concerne que les États-Unis. base sur celle-ci. L’autre source privilégiée est Campus Enfin, pour l’Amérique latine, il convient de mentionner France qui possède un espace documentaire avec de l’Institut International pour l’Éducation Supérieure en nombreux éléments (notes, chiffres clés, fiches pays, Amérique latine et la Caraïbe de l’UNESCO (IESALC) etc.)4. Si beaucoup de documents de Campus France qui a récemment consacré une étude à la mobilité en apportent des informations concernant la mobilité Amérique latine (IESALC, 2019). Ce document apporte vers la France et la mobilité des pays américains, le de nombreuses informations, mais très peu sur les seul document qui ait été trouvé qui aborde la langue questions linguistiques. S’il existe donc de nombreuses française dresse un panorama de la langue française sources de données et des institutions qui produisent dans le monde, analyse les mobilités vers la France des rapports et des études sur les mobilités, les aspects pour l’apprentissage du Français puis l’impact du linguistiques sont rarement traités. 2 Moteurs de recherche utilisés : Cairn, Persée, Érudit, Jstor, Latindex, Scielo, google schoolar. Mots-clefs utilisés : mobilité, étudiant, universitaire, Amérique, francophone, français. Re- cherche réalisée en français, anglais et espagnol. 3 http://data.uis.unesco.org 4 https://www.campusfrance.org/fr/espace-documentaire 5 https://ouvert.canada.ca/data/fr/dataset/90115b00-f9b8-49e8-afa3-b4cff8facaee. Ces données sont malheureusement confuses et il n’a donc pas été possible de les exploiter dans cette étude. 6 Accessibles aux adresses suivantes: https://opendoorsdata.org et https://www.iie.org/Research-and-Insights/Project-Atlas.
8 ― ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. Ensuite, plusieurs rapports institutionnels qui apportent contre 26 % pour les États-Unis et 18 % pour la Grande- des informations spécifiques sur la francophonie Bretagne. De plus, six étudiant.e.s sur dix déclarent universitaire américaine ont pu être identifiés. que le fait de pouvoir avoir des cours en français et en Mentionnons tout d’abord le rapport de l’Assemblée anglais a été un élément motivant le choix du Canada. parlementaire de la francophonie La mobilité étudiante Enfin, dans le cas des Collèges d’enseignement général au sein de la francophonie (Godin, 2018), qui fait une et professionnel, une étude indique qu’en 2019, 46 % synthèse concernant les programmes de mobilité et des projets internationaux ont été menés en Afrique les flux par pays. Concernant la France, l’Atlas territorial subsaharienne et 34 % en Amérique latine et aux de la mobilité européenne et internationale apporte Antilles (Fédération des CÉGEPS, 2020). Il convient de quelques informations sur la Guyane, où la mobilité signaler que dans ces documents institutionnels le mot étudiante entrante est évaluée à 400 étudiant.e.s « francophonie » n’apparait généralement pas et qu’ils (MESRI, 2020). Enfin, dans le cas du Canada, M. Julien mentionnent très peu les questions linguistiques. a réalisé un rapport intitulé La mobilité internationale au sein des Universités québécoises. Étude réalisée dans En ce qui concerne les études scientifiques, quelques le cadre de l’avis « L’internationalisation : nourrir le articles ont pu être identifiés. Ces travaux sont dans dynamisme des universités québécoises » (Julien, 2005). l’ensemble très spécifiques et basés sur des méthodes Ce rapport est détaillé et exhaustif pour la période qualitatives. A. Gherbi et Ch. Belkhodja analysent de 1982-2003, mais est daté et n’apporte donc que manière détaillée le réseau universitaire montréalais à peu d’informations utiles pour la présente étude. Le partir d’entretiens (Gherbi & Belkhodja, 2018), M. Yérou rapport Les effectifs d’étudiant.e.s internationaux dans Baldé s’intéresse aux réorientations des mobilités les programmes d’études postsecondaire avant la COVID sénégalaises de la France vers les États-Unis et le donne des informations générales sur la proportion Canada (Baldé, 2014), A. Pilote et M. Canuel travaillent d’étudiant.e.s étrangers, la répartition par discipline et sur les mobilités francophones internes au Canada à l’importance de la Chine et de l’Inde, mais sans préciser partir d’entretiens (Pilote & Canuel, 2013), S. Garneau l’origine des étudiant.e.s internationaux (Frenette et et C. Bouchard étudient de manière plus spécifique al., 2020). Le document Les étudiant.e.s internationaux la difficulté que représente la langue française pour dans les universités canadiennes, 2004-2005 à 2013-2014 attirer les étudiant.e.s internationaux au Québec, apporte une information plus détaillée, mais donne et comparent la France et le Québec, notamment peu d’informations sur la mobilité francophone ou en à travers des statistiques concernant les mobilités français des Amériques (Statistique Canada, 2016). Un maghrébines (Garneau & Bouchard, 2013). C. Beaudry, autre document identifié est l’Évaluation du Programme J. Laflamme, A.-A. Deschênes et M. Aguir étudient des étudiant.e.s étrangers, qui apporte également peu les mobilités francophones internes au Canada et d’éléments (Citoyenneté et Immigration Canada, 2015). élaborent un modèle (régression) des facteurs de En revanche, Le Canada au premier rang: l’enquête de mobilité (Beaudry et al., 2014). I. Violette étudie les 2009 sur les étudiant.e.s étrangers fournit quelques politiques d’internationalisation et signale l’intérêt éléments plus intéressants (Humphries et al., 2014). que présente pour les francophones la migration Cette enquête s’appuie sur l’étude de plus de cinq mille au Canada en tant que moyen d’acquérir l’anglais questionnaires et prolonge des enquêtes similaires (Violette, 2015). A. Pilote et L. Brier s’intéressent menées en 2004 et 1999. Elle permet d’établir le profil également aux mobilités francophones internes au socioéconomique des étudiant.e.s et leur expérience de Canada à travers la réalisation d’entretiens (Pilote & la mobilité. En ce qui concerne la langue, elle apporte Brier, 2013). S. Garneau, C. Bouchard et A. Pilote se différents éléments très précis : avant de venir au sont intéressées plus particulièrement aux offres de Canada, en ce qui concerne les étudiant.e.s d’université, formation en lien avec les mobilités francophones 14 % des étudiant.e.s interrogé.e.s parlaient le français internes au Canada (Garneau et al., 2013). M.-C. dans leur famille, contre 25 % pour l’anglais, 22 % pour Bernard a également travaillé sur les offres de cours le mandarin et le cantonais, et 6 % pour l’espagnol. 12 % et l’insertion des étudiant.e.s universitaires en milieu de ces étudiant.es ont un parent qui a étudié en France, francophone (Bernard, 2014). J. Jean-Pierre a travaillé
ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. ― 9 plus particulièrement sur l’insécurité linguistique (Jean- M. Börjesson. En approfondissant l’analyse pour la Pierre, 2017), et L. Sall a étudié les modes d’inclusion mobilité sortante latino-américaine, il montre en outre des étudiant.e.s francophones internationaux (Sall, que les différents pays de cette région sont plus ou 2020). Deux constats peuvent être faits concernant moins liés aux différents pôles identifiés. cette littérature : d’une part, de nombreux articles qui traitent de la mobilité francophone au Canada étudient Il ressort de cette révision qu’il existe donc des données la mobilité interne, et non internationale, du Canada. statistiques sur les mobilités, mais que celles-ci sont D’autre part, aucun article n’a été trouvé concernant la rarement analysées sous l’angle linguistique, et encore mobilité des étudiant.e.s latino-américains en milieu moins pour traiter sous cet angle-là les flux dans les francophone dans les Amériques 7. Amériques. Un des apports du travail qui est ici présenté est donc d’analyser la structure linguistique des flux Enfin, il convient de signaler trois articles qui font une d’étudiant au niveau mondial, c’est-à-dire de proposer analyse globale des mobilités étudiantes en prenant en une approche géolinguistique des flux, et d’apporter compte les aspects linguistiques. Tout d’abord, l’article ainsi certains éléments pour mieux connaître les de R. Perkins et E. Neumayer Geographies of educational dynamiques américaines. mobilities: exploring the uneven flows of international students qui montre à travers un modèle statistique Un deuxième constat est qu’il n’existe apparemment l’impact d’une langue commune sur les mobilités : celles- pas de travaux d’ensemble ni sur les étudiant.e.s qui ci constituent des variables explicatives de ces mobilités, effectuent des mobilités en français ni sur les dispositifs en plus du nombre d’universités dans les classements institutionnels permettant ces mobilités dans les internationaux, de la distance géographique, des Amériques, et plus particulièrement en Amérique variables économiques, du type de régime et des liens latine et les établissements membres de l’AUF. L’étude coloniaux (Perkins & Neumayer, 2014). C’est donc un réalisée pour ce rapport, à travers le recueil de données article essentiel puisqu’il montre que l’existence d’une concernant les accords des universités membres langue commune influe sur la mobilité indépendamment de l’AUF dans les Amériques ainsi que les dispositifs des autres variables. Ensuite, l’article de M. Börjesson, existants au niveau national, et à travers la réalisation The global space of international students in 2010 qui de deux enquêtes auprès des Secrétariats des Relations met en évidence, grâce à une analyse factorielle des Internationales des universités et des étudiant.e.s mobilités, l’existence d’une structure linguistique des ayant réalisé des mobilités, permet donc de contribuer flux d’étudiant.e.s (Börjesson, 2017). Cet auteur montre à combler une lacune sur ces questions-là. que l’espace social des mobilités est structuré autour de trois pôles : un pôle pacifique, dominé par l’anglais, avec une logique de marché ; un pôle franco-ibérique, dominé par le français, l’espagnol et le portugais, avec une logique culturelle et coloniale ; et un pôle européen, dominé par les langues slaves et germaniques, avec une logique de proximité. Dans le prolongement de ces différents travaux, V. Montoya reprend, dans ¿Dependencia bicéfala o autonomía? América Latina en el espacio de la movilidad estudiantil internacional, la méthode suivie par M. Börjesson pour l’année 2017 et obtient un résultat similaire (Montoya, 2021). Il identifie néanmoins des éléments supplémentaires : l’existence d’un pôle russe, continental et russophone, avec la Russie comme centre et des mobilités mettant en relation les pays de l’ex-URSS ; et d’un pôle latino- américain, lié au pôle franco-ibérique identifié par 7 Il existe en revanche des travaux sur ces mobilités en France (Varela, 2020; García Garza & Wagner, 2015).
10 ― ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. 2. NOTE MÉTHODOLOGIQUE La première partie du travail de recherche a été Ces données de l’Institut de Statistique de l’UNESCO consacrée à l’étude géolinguistique des flux entrants concernent les « étudiant.e.s qui ont quitté et sortants des étudiant.e.s dans les Amériques, c’est- provisoirement leur territoire national dans le but de à-dire à une analyse des mobilités qui prenne en poursuivre leurs études et qui sont inscrits dans un compte à la fois un critère géographique et linguistique. programme d’enseignement dans un pays étranger » Avec comme objectif de cartographier les mobilités (UNESCO, 2020). Il n’est donc pas possible d’établir de lien francophones en Amérique latine et d’identifier et direct entre la mobilité observée et l’existence d’accords documenter les flux entre zones francophones et interuniversitaires : les mobilités courtes n’apparaissent non francophones, il est ainsi proposé de procéder pas dans ces données. Elles ne permettent donc à une analyse des mobilités francophones dans les d’appréhender qu’une partie des mobilités et apportent Amériques, celles-ci étant entendues ici comme les une information différente et complémentaire de mobilités ayant pour origine ou destination un pays l’étude des relations institutionnelles entre universités francophone ou bien partiellement francophone. ou des politiques étatiques. Bien évidemment, il n’est pas possible de savoir si ces mobilités se font en français. Néanmoins, une telle À ces limitations liées aux données s’ajoutent les approche est utile dans la mesure où elle permet d’avoir difficultés liées au travail de classification qu’implique une vision d’ensemble et de situer, à partir de l’étude une approche en termes géolinguistiques. S’il est, de mobilités francophones dans les Amériques, les par exemple, simple de classer la France comme éléments plus spécifiques présentés dans ce rapport francophone, cela est plus difficile pour les pays concernant les établissements membres de l’AUF et les bilingues ou plurilingues comme le Canada ou la étudiant.e.s réalisant des mobilités en français. Cette Suisse. Certains pays peuvent en outre ne pas avoir partie contribue aussi à combler la lacune signalée le français comme langue officielle mais être dans dans l’état des lieux des connaissances concernant le la pratique au moins partiellement francophones, manque d’études sur les mobilités étudiantes prenant comme l’Algérie. Par ailleurs, les données concernant en compte les aspects linguistiques. les pays, il est impossible de savoir si les étudiant.e.s en mobilité vont, par exemple dans le cas du Canada, L’étude proposée vise à identifier la structure dans une région francophone et/ou une université géolinguistique des flux de mobilité entrante et sortante francophone, et quand bien même cette information des Amériques pour la période 1998-2019. Les données serait disponible il ne serait pas possible de savoir si utilisées sont celles de l’Institut de Statistique de l’étudiant en question est francophone ou pas. Plutôt l’UNESCO, qui sont celles généralement utilisées par les que de chercher à établir un système de pondération organismes nationaux, tels que Campus France, dans qui aurait obligé à choisir une série de critères plus ou leurs propres études. Comme l’indique l’Annexe A, ces moins valables et à complexifier l’analyse, le choix a données sont très incomplètes pour de nombreux pays été fait de créer une catégorie spécifique pour les pays en tant que pays de destination, mais satisfaisantes pour partiellement francophones comme le Canada ou la les principaux pays8. Dans la mesure où l’objectif est Belgique (« AutresFranco »)9. En plus de la simplification d’établir des tendances générales, il a semblé préférable de l’analyse, cette démarche a l’avantage de mettre de ne pas imputer de valeurs pour les données l’accent sur le fait que les étudiant.e.s qui vont dans manquantes, ce qui aurait compliqué la démarche et ces pays, même s’ils ne parlent pas français et ne vont la restitution des résultats sans nécessairement obtenir pas dans une région ou une université francophone, de résultats significativement meilleurs. Ceci permet sont susceptibles d’entrer en contact avec la langue par ailleurs de fournir des chiffres qui seront cohérents française. La démarche prenant en compte les aspects avec d’autres études utilisant cette source et facilite la géographiques, une variable spécifique a été créée reproduction des calculs. pour l’Afrique (« AfrFranco »). 8 Il convient ici d’avoir à l’esprit que ces données sont incomplètes pour les pays de destination, et généralement pour des pays quantitativement peu importants. Pour les pays d’origine, ces données sont beaucoup plus complètes, notamment lorsqu’il s’agit de pays d’origine ayant comme destination des pays quantitativement importants. Ainsi, par exemple, si les don- nées pour l’Argentine en tant que pays de destination sont mal renseignées, les données en tant que pays d’origine sont bonnes, puisque les étudiants de ce pays vont aux États-Unis, en Espagne, en France, etc. On sait donc bien où vont les argentin.e.s mais pas qui va en Argentine. 9 Le détail des agrégations apparait dans l’Annexe B et l’Annexe C.
ÉTAT DES LIEUX ET CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE EN FRANÇAIS DANS LES AMÉRIQUES. ― 11 L’approche par la langue a également impliqué de faire « AfrLuso ») ; l’Espagne, l’Italie et le Portugal ; l’Amérique des choix dans les langues choisies dans la mesure latine ; les pays anglophones («Anglo ») ; les pays où il était impossible de prendre en compte toutes d’Asie et d’Europe considérés comme partiellement les langues concernées à moins de créer une grande anglophones (« AsieAnglo » et « ErpAnglo ») et les autres quantité de variables, ce qui aurait nui à la clarté du pays (« Autres »). La Chine a été considérée comme propos. Il a donc fallu réaliser une série d’agrégations qui une variable à part entière étant donné le volume de sont bien évidemment discutables mais qui néanmoins sa mobilité sortante qui augmentait considérablement permettent de synthétiser les données. L’anglais a bien la variable « Autre ». L’Inde a été classée dans évidemment été retenu, particulièrement pour les pays « AsieAnglo » étant donné le statut de l’anglais dans ce anglophones comme les États-Unis. Un pays comme pays. Bien évidemment, les étudiant.e.s chinois doivent le Canada n’a pas été inclus dans cette catégorie, mais être largement anglophones : la classification implique dans « AutresFranco ». Le dilemme de l’analyse de de faire des choix dont la justification a tenté d’être résultats agrégés a été résolu en procédant à chaque restituée dans cette présentation de la méthodologie. fois à des analyses par pays puis par variables agrégées, ce qui permet de considérer tantôt le Canada comme Les variables retenues permettent donc de mettre en anglophone, tantôt comme partiellement francophone. œuvre une analyse géolinguistique et de restituer, grâce Une difficulté ici est que dans certains pays qui ne à une démarche comparative, les caractéristiques des sont pas officiellement anglophones, l’anglais est flux francophones d’étudiant.e.s dans les Amériques. plus ou moins largement utilisé à l’université, et plus Pour les pays membres de l’AUF11, une analyse détaillée particulièrement dans les programmes dirigés aux a été réalisée et peut être consultée dans le Répertoire étudiant.e.s internationaux ; et que la population qui accompagne le rapport de recherche. Les résultats possède un bon niveau d’anglais, par exemple les pays présentés n’aspirent aucunement à une exactitude qui scandinaves ou l’Allemagne par rapport à d’autres prétendrait décrire la totalité de la réalité, mais plus pays comme l’Albanie ou la Lettonie. Pour ces pays simplement à identifier des tendances générales qui qui peuvent donc être, dans l’optique des objectifs découlent de l’étude des données disponibles et dont poursuivis par cette enquête, considérés comme l’imperfection doit être prise en compte tout au long de partiellement anglophones, une variable spécifique l’analyse. Ces tendances générales s’avèrent cependant a été créée (par exemple, pour l’Europe partiellement de grande utilité pour comprendre l’environnement anglophone, « ErpAnglo »). Si ce choix est discutable, il géolinguistique lié à la mobilité étudiante et au sein a semblé plus pertinent que de mettre ces pays dans duquel sont immergées les Universités. la catégorie « Autre », ou de créer une catégorie pour chaque langue. Le même raisonnement a été appliqué à Pour les établissements d’enseignement supérieur l’Asie pour l’Inde, le Japon ou Hong-Kong (« AsieAnglo ») membres de l’AUF dans les Amériques, un par rapport au Laos ou aux Philippines (« Autre »). De recensement des partenariats internationaux et plus, étant donné que l’analyse concerne des pays de de leurs caractéristiques géolinguistiques12 a été langue latine et qu’il existe des liens académiques et réalisé à partir des informations publiées sur les culturels forts entre les pays d’Amérique latine et leur sites Internet des membres de la région en avril ou ancienne métropole, une variable spécifique pour en mai 202113. L’objectif de ce travail était de pouvoir l’Espagne, l’Italie et le Portugal a été créée (« EspItaPrt »). caractériser le profil linguistique de la politique Les pays américains de langue latine (« ALClatine ») ont de coopération internationale des établissements été distingués de la Caraïbe anglophone (« CarbAnglo »). avant de se concentrer plus précisément sur les L’Arabe et le Russe ont également été pris en opportunités de mobilité étudiante en français compte étant donné que ces langues concernent de auxquelles peuvent accéder leurs étudiant.e.s. La nombreux pays. Les variables retenues sont donc la classification géolinguistique utilisée dans ce cadre est France (« fra » ou « FRA »10) ; les pays partiellement la même que celle présentée ci-devant. Cependant, francophones (« AutresFranco »), l’Afrique anglophone, pour les pays partiellement francophones comme la francophone et lusophone (« AfrAnglo », « AfrFranco » et Belgique, le Canada et la Suisse, une différenciation 10 Afin d’éviter les confusions dans le nom des variables et la lecture des graphiques, les minuscules désignent les pays d’origine et les majuscules désignent les pays de destination. Dans le souci de ne pas surcharger les graphiques, les codes ISO 3 ont été utilisés. 11 Dans la mesure où les données de l’UNESCO concernent les pays, la Guyane n’a pas pu être prise en compte. 12 13 911 accords de coopération ont ainsi pu être dénombrés. 13 La source de ces informations correspond aux accords de coopération publiés sur les sites Internet des établissements membres de l’AUF dans la Région des Amériques.
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