Tendances conjoncturelles - Été 2019
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Été 2019 Tendances conjoncturelles
Clôture de la rédaction 7 juin 2019 Impressum Rédaction Les Tendances conjoncturelles sont publiées quatre fois par an sur Internet en format PDF et annexées, en version papier, aux numéros de mars, mai, Bachmann Andreas août/septembre et novembre de La Vie économique. La version originale est Fischer Sarah rédigée en langue allemande (Konjunkturtendenzen). Indergand Ronald Kemeny Felicitas ISSN 1661-3767 Pochon Vincent SECO Ragni Thomas Secrétariat d’État à l’économie Schmidt Caroline Direction de la politique économique Speiser Amélie Holzikofenweg 36 Wegmüller Philipp 3003 Berne tél. 058 462 42 27 fax 058 463 50 01 www.seco.admin.ch/tendances-conjoncturelles www.seco.admin.ch/konjunkturtendenzen
Environnement Situation de Prévisions international et l’économie suisse conjoncturelles monétaire Économie mondiale Aperçu Situation générale er Au 1 trimestre 2019, la situation Comme dans d’autres pays, la Le groupe d’experts ne révise conjoncturelle s’est caractérisée croissance économique en Suisse guère ses prévisions pour l’écono- par une forte hétérogénéité. Dans s’est sensiblement accélérée au mie mondiale en 2019. Il prévoit certains pays industrialisés, la premier trimestre 2019, notam- qu’après un 1er trimestre favo- croissance du PIB a dépassé les at- ment sous l’impulsion de la de- mande intérieure. Tant la consom- rable, la cadence ralentira dans un tentes. En particulier, les États- premier temps et ne reprendra Unis, le Royaume-Uni et la zone mation privée que les investisse- ments ont progressé plus forte- sensiblement qu’en 2020. euro ont progressé plus fortement qu’au trimestre précédent, no- ment qu’au cours des trimestres page 24 précédents. Quant au commerce tamment en raison de certains ef- extérieur, il a livré une impulsion fets non récurrents. Les grandes positive. Prévisions pour la Suisse économies émergentes, en re- page 10 Pour 2019, le groupe d’experts vanche, ont vu leur croissance fai- table sur une croissance du PIB de blir. Le commerce mondial montre 1,2 %, soit inférieure à la des signes flagrants de fléchisse- Produit intérieur brut moyenne. Le ralentissement de la ment. Dans le sillage de cette évo- Le PIB de la Suisse a progressé de conjoncture mondiale freine le lution, la production industrielle et 0,6 % au 1er trimestre contre 0,3 % commerce extérieur tandis que le climat des affaires dans le sec- au trimestre précédent. La crois- d’importantes incertitudes pèsent teur industriel ont, jusqu’à peu, sance a été relativement bien sur les investissements. En outre, fait pâle figure. étayée. Bien que l’industrie manu- les modestes hausses salariales li- page 1 facturière se soit à nouveau révé- mitent les dépenses de consom- lée être un important moteur, les mation. Ce n’est qu’en 2020 que la Cadre monétaire secteurs de la construction et des croissance reprendra un cours lé- services ont également connu une gèrement ascendant (+1,7 %). Relativement faible jusqu’en dé- forte croissance. but d’année, le taux de renchéris- page 25 sement a ensuite sensiblement page 11 augmenté sous l’effet de la hausse Risques du prix du pétrole. Les principales Marché du travail banques centrales ont maintenu Les risques de fléchissement sont La croissance de l’emploi, au leur politique expansionniste face légèrement prédominants. Le dif- 1er trimestre, s’est de nouveau ac- au climat de grande incertitude. férend commercial international, célérée en évolution trimestrielle En mai, tant les marchés des ma- l’incertitude politique en Europe et le nombre de demandeurs tières premières que ceux des ac- et la question des relations entre d’emploi a encore diminué. tions ont enregistré des pertes la Suisse et l’UE assombrissent les page 21 perspectives. En revanche, l’éco- substantielles, sous l’effet de la nouvelle aggravation des diffé- nomie intérieure, tant en Suisse rends commerciaux internatio- Prix qu’à l’étranger, pourrait se redres- naux. La demande d’obligations L’inflation est restée très stable au ser plus fortement que prévu et d’État a augmenté. Les taux de début de 2019. En mai, l’inflation entraîner une reprise dans les change sont restés généralement totale et l’inflation sous-jacente branches des services. stables. s’élevaient toutes deux à 0,6 %. page 27 page 6 page 23
ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL ET MONETAIRE Environnement international et monétaire Économie mondiale Au 1er trimestre 2019, l’économie mondiale a évolué de se développer solidement, soutenu par une forte de- manière hétérogène. Dans les grands pays industrialisés, mande intérieure dans de nombreux pays. la croissance s’est accélérée, dépassant parfois les at- tentes, notamment sous l’effet de facteurs temporaires. États-Unis En Allemagne, les effets de rattrapage des ventes d’auto- Au 1er trimestre 2019, le PIB des États-Unis a progressé mobiles ont contribué à la plus forte croissance de la con- de 0,8 %, soit un peu plus qu’au trimestre précédent sommation depuis l’été 2011, tandis que le secteur de la (graphique 2). 1 L’évolution de la demande intérieure pri- construction a bénéficié d’un hiver doux ; au Royaume- vée, qui sert souvent de référence dans l’évaluation du Uni, des investissements massifs ont été réalisés dans les dynamisme économique Le PIB se renforce, stocks en prévision du Brexit. En revanche, dans les dans son ensemble, est la demande intérieure grandes économies émergentes, la croissance s’est ra- toutefois moins positive. faiblit lentie au début de 2019. En Chine, les premières consé- Si toutes les composantes quences du différend commercial avec les États-Unis se de la demande ont contri- sont concrétisées et la demande intérieure s’est égale- bué à la croissance du PIB (graphique 3), l’investissement ment affaiblie. et la consommation privés ont perdu beaucoup d’élan en dépit de l’augmentation des salaires réels. Parallèlement graphique 1 : Commerce mondial de marchandises à la baisse de la demande intérieure, les importations ont valeurs réelles désaisonnalisées, 1er trimestre 2014 = 100 également diminué, ce qui a sensiblement favorisé la 7 116 contribution positive du commerce extérieur à la crois- 6 114 sance. Sur fond de différends commerciaux, les importa- 5 112 tions en provenance de Chine ont particulièrement dimi- 4 110 nué. En outre, les entreprises ont augmenté leurs stocks, 3 108 d’où une impulsion positive provenant de la variation des 2 106 stocks. 1 104 0 102 -1 100 graphique 2 : PIB international valeurs réelles désaisonnalisées, moyenne de 2010 = 100 -2 98 124 2014 2015 2016 2017 2018 2019 120 variation sur un an en % niveau (échelle de droite) source : CPB Netherlands 116 112 Il apparaît clairement, en définitive, que le commerce 108 mondial est globalement en perte de vitesse (graphique 104 1). Bien que le volume des transactions se soit stabilisé 100 au cours du 1er trimestre, le recul enregistré à la fin 2018 n’a pas pu être compensé. À cela s’ajoute le fait que les 96 données sur la production industrielle mondiale et les in- 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 dicateurs de confiance révèlent un nouvel affaiblisse- Suisse zone euro États-Unis Royaume-Uni Japon ment de la conjoncture industrielle. En revanche, le sec- sources : SECO, Eurostat, BEA, U.K. ONS, CaO Japan teur des services, sur le plan international, continue de 1 Sauf indication contraire, les commentaires ci‐après se réfèrent, pour tous les pays, aux séries réelles et désaisonnalisées en comparaison avec le trimestre précédent ainsi qu’aux valeurs désaisonnalisées du marché du travail. Tendances conjoncturelles SECO │ Éte 2019 1
ÉCONOMIE MONDIALE Durant le 2e trimestre en cours, la croissance devrait se de postes vacants est d’environ 7,5 millions depuis des poursuivre plus lentement selon diverses prévisions im- mois, tandis que le nombre de demandeurs d’emploi est médiates. La production industrielle, qui n’a jamais re- passé sous la barre des 5 millions en avril. La pénurie de trouvé le niveau qui était le sien en décembre 2018, a main-d’œuvre a eu un effet positif sur les salaires réels, même continué de fléchir en avril. En conséquence, les qui continuent d’augmenter malgré un récent ralentisse- indices des directeurs d’achats (PMI) des secteurs de l’in- ment résultant de la hausse de l’inflation. dustrie et des services ont fortement baissé depuis fé- vrier. En mai, ils n’étaient que légèrement au-dessus du graphique 4 : Chômage, divers pays seuil de croissance. Il s’agit des valeurs les plus basses de- taux au sens du BIT, désaisonnalisé, en % puis plus de trois ans, et même depuis 2009 pour ce qui 14 est de l’industrie. L’assombrissement des perspectives 12 commerciales est probablement lié, lui aussi, à l’aggrava- 10 tion du différend commercial entre les États-Unis et la 8 Chine. Au début juin, les États-Unis ont porté de 10 % à 25 % les droits de douane sur divers biens en provenance 6 de Chine, ce qui correspond à une valeur commerciale de 4 plus de 200 milliards de dollars US. En représailles, la 2 Chine a augmenté dans une mesure analogue les droits 0 de douane sur une part des marchandises en provenance 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 des États-Unis représentant 60 milliards de dollars US. En Suisse zone euro USA Royaume-Uni Japon outre, les États-Unis menacent d’imposer des droits de sources : OFS (désaisonnalisation : SECO), Eurostat, U.S. BLS, CaO Japan douane de l’ordre de 25 % sur le trafic restant. L’évolution favorable de la situation sur le marché du tra- graphique 3 : États-Unis, PIB et composantes de la vail se reflète également dans le climat de consommation demande qui reste solide. 3 Cependant, selon l’Université du Michi- valeurs réelles désaisonnalisées, variation par rapport au trimestre précédent, contributions des composantes en points gan, cette tendance s’est inversée en mai, lorsque le con- de pourcentage flit commercial entre les États-Unis et la Chine s’est in- 1.5 tensifié. 1.0 Zone euro 0.5 Au 1er trimestre 2019, la croissance du PIB s’est légère- 0.0 ment accélérée par rapport au trimestre précédent et a atteint un taux moyen de 0,4 % (graphique 5). La princi- -0.5 pale contribution à la croissance est venue de la de- -1.0 mande intérieure, les in- Croissance modérée dans 2015 2016 2017 2018 2019 vestissements et la con- la zone euro consommation privée investissements privés sommation privée ayant État commerce extérieur livré une impulsion supé- variation des stocks PIB (variation en %) rieure à la moyenne. Comme au trimestre précédent, le source : U.S. BEA commerce extérieur a apporté une contribution légère- ment positive, mais celle-ci a été largement contrebalan- Le marché du travail américain a toutefois connu une cée par la contribution négative des stocks. évolution positive jusqu’à présent. La hausse de l’emploi est demeurée inchangée en 2019, tandis que le taux de Le 1er trimestre a surpris positivement. Depuis le début chômage est tombé à de l’année, d’importants indicateurs avancés ont laissé Le plus faible taux de 3,6 % en avril, son plus croire à un fléchissement, mais cela ne s’est pas réalisé, chômage depuis 1969 bas niveau depuis 1969 bien que les signaux restent mitigés. Cette situation a été (graphique 4). Ce taux est favorisée en particulier par des conditions de finance- très inférieur au taux de chômage « naturel », c’est-à- ment toujours avantageuses et par le bon développe- dire celui qui prévaut lorsque le PIB correspond au po- ment du marché du travail. En revanche, la production tentiel à long terme. 2 De ce fait, les signes d’une pénurie industrielle a de nouveau reculé en février et mars alors de main-d’œuvre se multiplient. Par exemple, le nombre 2 D’après une estimation du Congressional Budget Office (CBO) des États-Unis, le taux de chômage naturel était d’environ 4,6 % en 2017. Les données peuvent être consultées à la page : https://fred.stlouisfed.org/series/NROU. 3 Évalué sur la base des indices du CBO : https://www.conference-board.org/data/consumerconfidence.cfm et des données de l‘Université du Michigan : http://www.sca.isr.umich.edu/. 2 Tendances conjoncturelles SECO │ Été 2019
ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL ET MONETAIRE qu’elle s’était redressée en janvier après une forte baisse trimestre précédent. Les contributions les plus impor- en novembre et décembre. Cette évolution, qui s’ex- tantes à la croissance sont venues de la demande inté- plique en partie par la diminution des commandes en rieure : après une période de fléchissement, la consom- provenance de l’étranger, devrait également être à l’ori- mation privée a recommencé à croître sensiblement et gine de la faible progression des exportations au 1er tri- les investissements ont à nouveau donné une impulsion mestre. positive. La forte hausse des importations, tirée notam- ment par les achats de pétrole, conjuguée au net ralen- graphique 5 : Zone euro, PIB et composantes de la tissement de la croissance des exportations, s’est tra- demande duite par une contribution négative du commerce exté- valeurs réelles désaisonnalisées, variation par rapport au tri- rieur. À l’heure actuelle, les indicateurs de l’industrie, des mestre précédent, contribution des composantes en points de services et du secteur de la construction stagnent. Cela pourcentage semble annoncer une croissance économique modérée 2.0 au cours des prochains trimestres. Grâce à une structure 1.5 économique beaucoup plus orientée vers l’intérieur que 1.0 celle de nombreux pays voisins de la zone euro, la France 0.5 devrait être un peu moins exposée aux incertitudes glo- 0.0 bales et à l’affaiblissement de la conjoncture mondiale. -0.5 Par ailleurs, une réforme de l’impôt sur les entreprises -1.0 introduite en début d’année (suppression du Crédit d’im- -1.5 pôt pour la compétitivité et l’emploi, CICE) devrait soute- 2015 2016 2017 2018 2019 nir le développement économique. Toutefois, cette ré- consommation investissements forme pourrait augmenter le déficit public cette année et commerce extérieur variation des stocks PIB (variation en %) porter le taux d’endettement de la France à environ source : Eurostat 100 %. La croissance du PIB, au 1er trimestre, a été largement graphique 6 : PIB, divers pays de la zone euro étayée du point de vue géographique, contrairement au valeurs réelles désaisonnalisées, variation par rapport au trimestre précédent en % trimestre précédent, caractérisé par une forte hétérogé- 2.5 néité entre les différents États membres. À l’exception de 2.0 la Lettonie, tous les pays de la zone euro ont progressé 1.5 tandis que les plus grands pays de la zone euro ont main- tenu voire dépassé la croissance du trimestre précédent 1.0 (graphique 6). 0.5 0.0 Après deux trimestres très faibles, l’Allemagne a enregis- -0.5 tré une croissance légèrement supérieure à la moyenne, -1.0 de 0,4 %. Ce développement tient, du moins en partie, à -1.5 des facteurs extraordi- 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 L’Allemagne retrouve naires tels que l’effet de Allemagne France Italie Espagne le chemin d’une forte rattrapage des ventes source : Eurostat croissance d’automobiles, qui s’étaient effondrées au L’Italie est sortie de la récession technique au 1er tri- second semestre de 2018. En outre, la clémence des mestre avec une croissance du PIB de 0,1 %, bien que ce mois d’hiver a probablement été favorable au secteur de taux de croissance se soit avéré très inférieur à celui la construction. Dans l’ensemble, toutefois, la situation d’autres pays européens. La consommation privée et la conjoncturelle reste assez morose. Bien que l’utilisation formation brute de capital fixe ont donné une impulsion des capacités de production soit supérieure à la modérée. La contribution la plus importante à la crois- moyenne, la production industrielle diminue et la de- sance est venue des exportations nettes, qui ont été très mande extérieure est faible. L’incertitude persistante, positives en raison de la forte baisse des importations. sur le plan international, liée au différend commercial et Les risques associés à l’importante dette publique res- au Brexit, frappe avec une particulière acuité l’économie tent d’actualité. Compte tenu de la faible croissance, la allemande fortement axée sur l’exportation. quote-part du déficit en 2019 devrait également être plus élevée que prévu initialement. D’autres préoccupa- Avec une croissance du PIB de 0,3 %, la France a pu main- tions subsistent en ce qui concerne le secteur bancaire et tenir au 1er trimestre le modeste rythme d’expansion du l’importance du portefeuille de créances douteuses. Plus Tendances conjoncturelles SECO │ Éte 2019 3
ÉCONOMIE MONDIALE récemment, la Banca Carige de Gênes a connu des diffi- européen risque ainsi de se développer nettement en cultés de crédit et a été placée sous administration for- dessous de la moyenne dans un avenir proche. En re- cée par la Banque centrale européenne au début de l’an- vanche, le climat de confiance des entreprises de ser- née. Si le projet de vente de la banque n’aboutit pas, un vices et des consommateurs s’est stabilisé à un niveau sauvetage de la part du Gouvernement italien est pro- supérieur à la moyenne. bable. Royaume-Uni Depuis le début de l’année, la situation sur le marché du Comme dans les autres pays, la croissance économique travail a continué de s’améliorer dans la plupart des pays du Royaume-Uni a surpris positivement avec 0,5 % au de la zone euro, le chômage ayant atteint en avril son ni- premier trimestre (graphique 2). Tous les grands secteurs veau le plus bas depuis plusieurs années (graphique 7). y ont contribué, celui des services en tête. De plus, le sec- Quatre pays ont ainsi atteint leur plus bas niveau de chô- teur industriel a connu une croissance plus forte que ja- mage, en sept ans pour l’Italie, depuis la crise financière mais au cours des 30 der- La formation de stocks pour la France et l’Espagne, et depuis le début de la série nières années. Cela dit, soutient la croissance en 1995 pour l’Allemagne. cette croissance record s’explique dans une cer- graphique 7 : Chômage, divers pays de la zone euro taine mesure par des effets d’anticipation liés au Brexit, taux au sens du BIT, désaisonnalisé, en % qui était initialement prévu pour la fin mars. Selon les en- 30 quêtes, les inquiétudes croissantes concernant les diffi- 25 cultés de négociation avec l’UE ont incité de nombreuses entreprises à augmenter significativement leurs stocks 20 au cours des premiers mois de l’année, ce qui s’est tra- 15 duit par une impulsion considérable de la croissance des stocks. Selon le service des statistiques du Royaume-Uni, 10 le niveau des stocks du premier trimestre a augmenté 5 d’une valeur de plus de cinq milliards de livres sterling (graphique 9), soit un niveau record depuis que les sta- 0 tistiques ont été introduites début 2017. 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Allemagne France Italie Espagne graphique 9 : Variations de stocks, Royaume-Uni source : Eurostat valeurs réelles désaisonnalisées, variation par rapport au tri- mestre précédent en milliards de livres sterling graphique 8 : Zone euro, indicateurs de confiance 6 composantes de l’Economic Sentiment Indicator, soldes, 5 indices désaisonnalisés et corrigés de la valeur moyenne 4 12 3 10 2 1 8 0 6 -1 4 -2 2 -3 -4 0 2017 2018 2019 -2 variations de stocks -4 source : U.K. ONS 2015 2016 2017 2018 2019 industrie services consommateurs L’incertitude qui entoure le Brexit, dont le processus est source : Commission européenne toujours en cours, demeure aiguë. Les intentions d’inves- tissement dans les secteurs des services et de l’industrie Les indicateurs de confiance révèlent de forts contrastes ont continué de baisser jusqu’en avril. Elles sont mainte- entre l’industrie, le secteur des services et celui de la con- nant à leur plus bas niveau depuis neuf ans (graphique sommation (graphique 8). Le climat de confiance dans 10). Avec le nouveau report du retrait de l’UE et la démis- l’industrie s’est fortement dégradé entre novembre et sion de la première ministre Theresa May, les incerti- mars, avant de se stabiliser en mai à son plus bas niveau tudes politiques et économiques devraient rester vives depuis trois ans. Ralenti par la faiblesse du commerce au Royaume-Uni, tout au moins jusqu’en automne. mondial et une grande incertitude, le secteur industriel 4 Tendances conjoncturelles SECO │ Été 2019
ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL ET MONETAIRE graphique 10 : Intentions d’investissement, Royaume-Uni au cours de l’année 2018 et a pris de nouvelles mesures pour les douze mois à venir, valeur > 0 : intentions positives pour réduire les prêts bancaires aux entreprises. Bien 3.0 que le gouvernement ait déjà renoncé à certains projets, 2.5 l’activité d’investissement continue de se développer 2.0 modérément. 1.5 1.0 graphique 11 : PIB, pays du groupe BRIC 0.5 valeurs réelles désaisonnalisées, variation en % par rapport au 0.0 trimestre précédent -0.5 4 -1.0 3 -1.5 2 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 industrie manufacturière services 1 source : Bank of England 0 -1 Japon -2 Au 1er trimestre 2019, l’économie japonaise a progressé -3 de 0,5 %. Pour la première fois depuis mi-2017, les inves- 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 tissements ont contribué positivement à la croissance. Chine Brésil Russie Inde Par ailleurs, la contribution du commerce extérieur à la sources : NBS Chine, IBGE, Rosstat et MoS&PI (désaisonnalisation : SECO) croissance a été positive. La raison en est toutefois une diminution plus forte des importations que des exporta- tions. Cette situation coïncide avec le faible niveau de la graphique 12 : Exportations de marchandises vers la demande de consommation : la consommation privée a Chine valeurs nominales, en USD, moyenne mobile sur 3 mois, varia- même légèrement baissé. tion sur un an en % Diverses données d’enquête indiquent que cette situa- 40 tion morose se maintiendra au 2e trimestre. Le différend 30 commercial entre les deux principaux partenaires com- 20 merciaux, la Chine et les États-Unis, ainsi que le ralentis- 10 sement économique en Chine ont un impact négatif sur 0 le climat de confiance au niveau des entreprises et des -10 ménages japonais. À titre d’exemple, l’indice PMI pour -20 l’industrie est nettement inférieur à son niveau de 2018. -30 En avril, le climat de consommation se trouvait à son ni- -40 veau le plus bas depuis février 2016. 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Suisse États-Unis zone euro Allemagne Japon Chine sources : AFD, US Census Bureau, Eurostat, Statistisches Bundesamt, JMF Conformément aux prévisions, la croissance de l’écono- mie chinoise s’est ralentie au 1er trimestre pour s’établir Outre les conséquences du différend commercial, le à 1,4 % par rapport au trimestre précédent. Il s’agit du faible développement de la demande intérieure chinoise plus faible résultat en trois ans (graphique 11). devrait être un facteur très important du ralentissement du commerce et de la Les conséquences du différend commercial avec les Chine : faible production industrielle au États-Unis se concrétisent dans les données objectives. demande intérieure niveau mondial, comme Selon les statistiques du commerce en valeurs réelles de ce fut le cas en 2015 et en la Banque mondiale 4, les exportations et les importations 2016. Les exportations de marchandises du Japon, de chinoises de marchandises sont décevantes depuis fin l’Allemagne et de l’ensemble de la zone euro vers la 2018. De plus, l’économie intérieure chinoise semble Chine ont ainsi sensiblement diminué pour la première également s’affaiblir. L’inflation est passée depuis janvier fois depuis 2016. Les exportations suisses vers la Chine de 1,7 % à 2,5 %, ce qui a eu un impact négatif sur la con- ont également diminué de 1,6 % au premier trimestre sommation privée. En outre, le Gouvernement chinois a 2019 par rapport au même trimestre de l’année précé- considérablement réduit ses dépenses d’infrastructure dente. Les exportations américaines vers la Chine ont 4 Le centre d’information sur les statistiques douanières chinoises (Customs Statistics Information Center) ne publie pas de chiffres réels sur le commerce. Tendances conjoncturelles SECO │ Éte 2019 5
ÉCONOMIE MONDIALE chuté de 30 % par rapport au début de 2018 (graphique manufacturière et l’agriculture se sont développées mo- 12). dérément, le secteur des services a donné une forte im- pulsion positive. La croissance devrait se poursuivre car Le Gouvernement chinois a pris des mesures (notam- le climat, tant au sein des entreprises que des ménages, ment des réductions d’impôts, de nouveaux projets d’in- est à la confiance. frastructure, la déréglementation du système bancaire) pour stimuler la demande intérieure. Cela devrait contre- En Russie, le PIB a baissé de 0,4 % au 1er trimestre. Une balancer le ralentissement de la croissance en Chine dans augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée en début le courant de 2019, mais il est difficile de savoir claire- d’année a ralenti les dépenses de consommation. En ment dans quelle mesure ces impulsions porteront leurs outre, le gouvernement a réduit ses dépenses militaires. fruits. La confiance des entreprises et des consommateurs est modérée et le développement économique devrait res- Autres pays émergents ter agité au cours de l’année 2019. Au Brésil, la perfor- Parmi les autres grands pays émergents, seule l’Inde a mance économique a également chuté (−0,2 %) au pre- enregistré une croissance positive de 1,9 % au 1er tri- mier trimestre. Il s’agit du premier résultat négatif tri- mestre (graphique 11). Alors que, récemment, l’industrie mestriel depuis la fin de la récession il y a deux ans. Cadre monétaire En début d’année, les prix du pétrole ont fortement aug- grand producteur mondial de pétrole, les États-Unis en menté, compensant, en partie du moins, leur effondre- exportent de plus en plus. ment de la fin de 2018. Les taux de renchérissement dans le monde sont alors repartis à la hausse, alors qu’ils Les cours des métaux industriels ont aussi enregistré ré- avaient atteint un niveau relativement bas au tournant cemment des pertes importantes. Par contre, des intem- de l’année. Pendant ce temps, les taux d’inflation sous- péries ont provoqué une brutale hausse des prix des pro- jacente sont restés stables dans l’ensemble. Vu le niveau duits agricoles ; cyclones et inondations ont saccagé le toujours modéré des taux de renchérissement et l’incer- Midwest, connu pour être le grenier des États-Unis, ce titude conjoncturelle persistante, les principales banques qui a entraîné de mauvaises récoltes de céréales. centrales ont maintenu leur politique monétaire expan- sionniste. graphique 13 : Prix des matières premières prix en USD, moyenne de janvier 2015 = 100 La nouvelle aggravation du différend commercial inter- 180 national a fait perdre aux marchés financiers leur goût du 160 risque. À l’instar des cotations du pétrole, les actions ont 140 enregistré des pertes parfois considérables, ce qui a en- 120 traîné une baisse de rendement des obligations d’État ju- gées les plus sûres. La relation de change entre le franc 100 et l’euro est toutefois restée globalement stable. Depuis 80 le début de l’année, le franc s’est encore déprécié en va- 60 leur réelle. 40 2015 2016 2017 2018 2019 Prix des matières premières pétrole métaux produits agricoles Fin mai 2019, les prix du pétrole ont baissé sur le marché sources : Intercontinental Exchange, S&P Dow Jones mondial, alors qu’ils s’étaient remis, du moins partielle- ment, de leur chute brutale à la fin de 2018 (graphique Inflation 13). À fin juin, un baril de Brent était encore coté à envi- Les taux d’inflation reflètent, au niveau international, le ron 65 dollars US, après avoir dépassé 70 dollars US en mouvement des prix du pétrole : après un recul en début avril et en mai. d’année, ils se sont remis à grimper sur un large front au printemps 2019 (graphique 14 ; v. p. 23 : Évolution des Pour soutenir les prix du pétrole, l’Opep+ avait déjà dé- prix en Suisse). cidé, fin 2018, de réduire la production ; cette organisa- tion discutera, probablement, vers la fin juin, d’une re- Aux États-Unis, le taux d’inflation est repassé au-dessus conduction de cette décision. Toutefois, son pouvoir sur de la barre des 2,0 % en avril, le plus haut taux en cinq le marché va s’amenuisant : devenus à fin mai le plus mois. Les prix de l’énergie ont grandement contribué au mouvement ascendant observé récemment, comme le 6 Tendances conjoncturelles SECO │ Été 2019
ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL ET MONETAIRE montre bien la comparaison avec l’inflation sous-jacente graphique 15 : Taux d’intérêt de référence qui, depuis l’été 2018, ne fluctue que très faiblement en % (entre 2,0 % et 2,2 %). 6 5 Une évolution analogue s’est produite au Japon et au 4 Royaume-Uni. Dans ces deux pays, le taux d’inflation a 3 atteint en avril un niveau sans précédent depuis fin 2018 2 (Japon : 0,9 % ; Royaume-Uni : 2,1 %), tandis que les cours de change n’affichaient qu’une hausse minime 1 dans le cas du Japon (de 0,4 % à 0,6 %) et restaient sans 0 changement au Royaume-Uni (à 1,8 %). -1 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Dans la zone euro également, les prix de l’énergie ont en- Suisse zone euro USA Royaume-Uni Japon traîné, jusqu’en avril 2019, des taux d’inflation à la sources : BNS, BCE, Fed, BoE, BoJ hausse. En mai, le renchérissement a reculé à 1,2 % selon l’estimation « flash » de l’Office statistique des Commu- La Banque centrale des États-Unis (Fed) maintient cons- nautés européennes, s’éloignant ainsi davantage des ni- tante, à un niveau de 2,25 à 2,5 %, la marge de fluctua- veaux « inférieurs à, mais proches de 2,0 % » visés par la tion de son taux directeur depuis le début de 2019. Ce- Banque centrale européenne. Les prix de l’énergie y ont pendant, les perspectives quant à la future orientation de contribué, mais également les prix des services. Suivant la politique monétaire se sont déplacées : lors de la réu- l’évolution de l’inflation globale, l’inflation sous-jacente nion de décembre 2018, deux relèvements des taux d’in- s’est stabilisée en mai à 0,8 %. térêt ont encore été signalés pour 2019, mais plus aucun ne l’a été en mars 2019. Début mai, la Fed a ralenti la ca- graphique 14 : Inflation, comparaison internationale dence de réduction de son bilan, opération qui doit ces- variation sur un an en % ser à fin septembre. La normalisation de la politique mo- 3.5 nétaire aux États-Unis arrive ainsi à son terme. Les mar- 3.0 2.5 chés s’attendent même à ce que la Fed revienne à une 2.0 politique monétaire plus souple : ils partent de l’hypo- 1.5 thèse, estimée à partir des prix des opérations à terme, 1.0 que le taux directeur sera abaissé de 50, voire 75 points 0.5 de base d’ici à la fin de l’année. 0.0 -0.5 -1.0 En juin, la Banque centrale européenne (BCE) a de nou- -1.5 veau remis à plus tard un éventuel relèvement des taux 2015 2016 2017 2018 2019 directeurs. Ceux-ci devront demeurer à leur plancher ac- Suisse zone euro USA Royaume-Uni Japon tuel non plus seulement jusqu’à la fin 2019, mais au sources : OFS, Eurostat, U.S. BLS, U.K. ONS, Statistics Japan moins jusqu’au premier semestre de 2020. La raison principale de cette décision serait le climat d’incertitude Politique monétaire (notamment lié au diffé- BCE : hausse des taux Vu le ralentissement conjoncturel international et la per- rend commercial et au d’intérêt mi-2020 au plus sistance du climat d’incertitude, les principales banques Brexit) qui persiste au- tôt centrales ont maintenu le cap de leur politique moné- delà de ce qui était taire. Les taux d’inflation sous-jacente en dessous ou prévu. En outre, dans la proches de la valeur-cible permettent de poursuivre une zone euro, les perspectives conjoncturelles à moyen politique monétaire expansionniste. En conséquence, les terme se sont un peu détériorées et l’inflation devrait taux directeurs sont restés inchangés au cours des der- rester inférieure à la valeur-cible de la BCE jusqu’en niers mois (graphique 15). Quelques banques centrales 2021. Lors de la réunion de la BCE, il a également été ont fait connaître leur intention de maintenir encore à question d’abaissements des taux d’intérêt et d’une re- très bas niveau les taux d’intérêt pendant une période prise des achats d’obligations. Le président de la BCE, assez longue. Pour de nombreuses banques centrales, un Mario Draghi, a souligné que la banque centrale disposait assouplissement de la politique monétaire est de l’ordre d’une marge de manœuvre en matière de politique mo- du possible. nétaire et pourrait prendre de telles mesures dans le cas où des risques négatifs devaient se concrétiser. Tendances conjoncturelles SECO │ Éte 2019 7
CADRE MONÉTAIRE En Suisse, la politique monétaire est très souple et aucun correction ; depuis le début de l’année, son cours est re- changement imminent ne se dessine. Vu le renchérisse- lativement stable. ment modéré et la dynamique conjoncturelle un peu af- faiblie, la BNS devrait s’en tenir aux taux d’intérêt néga- graphique 16 : Indices boursiers tifs de −0,75 % tout en restant prête à intervenir au be- moyenne de janvier 2015 = 100 soin sur le marché des devises. 160 150 La politique monétaire au Royaume-Uni, où le taux direc- 140 teur est fixé à 0,75 % depuis août 2018, demeure inchan- 130 gée. La Banque d’Angleterre (BoE) souligne que l’orienta- 120 tion future de la politique monétaire est liée à l’issue du 110 Brexit et qu’elle dépendra de la façon dont sera réglé le 100 "divorce" et de la manière dont les acteurs économiques 90 80 y réagiront. Il est à pévoir que la BoE, avant de modifier 2015 2016 2017 2018 2019 sa politique, attendra de savoir un peu plus clairement quelle forme prendra le Brexit, à quel moment il inter- Suisse SMI Euro Stoxx USA DJ Industrials Japon Nikkei 225 Chine CSI 300 viendra et quels seront à l’avenir les rapports entre l’UE sources : SWX, STOXX, Dow Jones, Nikkei Inc., CSI et le Royaume-Uni. La Banque du Japon (BoJ) poursuit sa politique monétaire Marchés des capitaux L’intensification du conflit commercial entre la Chine et très expansionniste : les achats d’obligations continuent, les États-Unis a eu pour effet, en mai, d’inciter les inves- les taux directeurs à court terme restent fixés à −0,1 % et tisseurs à une plus grande prudence. D’autres facteurs la valeur-cible « d’environ 0 % » demeure en vigueur d’incertitude, tels que les élections au Parlement euro- pour les obligations d’État à dix ans. La BoJ a en outre fait péen et la fragilité des perspectives économiques, ont savoir récemment qu’elle avait l’intention de maintenir fait diminuer la propension au risque, encourageant les les taux d’intérêt à court et à long termes à ce très bas investisseurs à se détourner des actions et à redéployer niveau au moins jusqu’au printemps 2020. leurs avoirs dans des placements sûrs, ce qui a encore ré- duit les rendements des obligations d’État (graphique ). Marchés des actions Sur les marchés des actions, le début de l’année 2019 a été très dynamique (graphique 16). L’attitude expecta- graphique 17 : Emprunts d’État à dix ans rendement en % tive de la Banque centrale des États-Unis avait conduit, à la fin de 2018, à un apai- 4.0 Cours des actions 3.5 sement des marchés et à corrigés à un niveau 3.0 l’amorce d’un redresse- élevé 2.5 ment. Jusqu’à mi-avril, la 2.0 confiance a été entrete- 1.5 nue par des données économiques positives provenant 1.0 des États-Unis et par l’espoir d’une résolution imminente 0.5 0.0 du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine. -0.5 Dans les indices boursiers des pays émergents, la propen- -1.0 sion accrue au risque s’est traduite par une forte aug- 2015 2016 2017 2018 2019 mentation des valeurs. Un important indice chinois, le Suisse États-Unis Allemagne Royaume-Uni Italie CSI 300, a par exemple gagné plus de 30 % jusqu’à mi- source : Macrobond Financial AB avril. En Allemagne, le taux de rendement des obligations Toutefois, en mai, la récente aggravation du conflit com- d’État à dix ans a baissé en mai à un niveau historique de mercial a provoqué des dépréciations parfois énormes. −0,2 %. Les rendements sur les obligations à dix ans de la Entre début avril et fin mai, le recul de l’indice Dow-Jones Confédération ont également diminué en mai (−0,45 %). a été de l’ordre de 6 %. Les indices boursiers du Japon, Aux États-Unis, le niveau de rendement des obligations de la zone euro et du Royaume-Uni ont également enre- d’État à dix ans se situait récemment juste au-dessus de gistré, en mai, des pertes de valeur d’une ampleur simi- 2,0 %, alors qu’il était encore d’environ 2,8 % en début laire. La Bourse chinoise s’en est trouvée particulière- d’année. De plus, sur les marchés financiers des États- ment affectée : en mai, l’indice a baissé de 10 %. Quant à Unis, le taux d’intérêt à dix ans est retombé à un niveau l’indice suisse des actions SMI, il n’a subi qu’une légère inférieur au taux à trois mois. Ce qui s’est ainsi produit 8 Tendances conjoncturelles SECO │ Été 2019
ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL ET MONETAIRE sur une courte période, fin mars, est considéré comme Les cours de change réels et pondérés reflètent égale- un indice d’accroissement de la probabilité d’une réces- ment la force du dollar US (graphique 18). La devise amé- sion dans les deux années à venir. ricaine dépassait en mai dea 5 % sa valeur moyenne à long terme. Par contre, le franc suisse a connu une dé- Les rendements des obligations de l’État italien ont affi- préciation de 1,5 % de sa valeur réelle depuis le début de ché une légère hausse et le différentiel de taux s’est de l’année, suivant la tendance qui est la sienne depuis fin nouveau accru par rapport aux obligations d’État de l’Al- 2016. lemagne. Ne voyant aucun progrès dans le différend en matière de budget qui oppose l’Italie et la Commission graphique 18 : Indices de cours de change réels et pon- européenne, les investisseurs retirent leurs placements dérés et se tournent vers des emprunts, plus attrayants, valeur moyenne depuis 1980 = 100 d’autres États de l’Europe méridionale, comme le Portu- 120 gal, l’Espagne et la Grèce. Entre les obligations d’État de 110 ces pays et ceux de l’Allemagne, le différentiel de taux s’est continuellement réduit depuis le début de l’année. 100 90 Cours de change 80 Le dollar US a pris, au printemps, de la valeur par rapport 70 à la plupart des monnaies. Depuis le début de l’année, le 60 franc suisse a ainsi perdu 2 % de sa valeur par rapport à 2015 2016 2017 2018 2019 la devise américaine. Par Stabilité du franc suisse CHF EUR USD JPY GBP rapport à l’euro, il a et force du dollar US sources : BNS, OCDE connu depuis mi-2018 un cours relativement stable, oscillant dans une fourchette de 1,11 à 1,15 CHF/EUR. Les risques conjoncturels croissants pour- raient toutefois favoriser à nouveau la demande de va- leurs refuges et accroître la pression à la hausse exercée sur le franc suisse. Tendances conjoncturelles SECO │ Éte 2019 9
APERÇU Situation de l’économie suisse Aperçu Au 1er trimestre 2019, la croissance économique s’est ac- Le développement de l’industrie, en Suisse, se distingue célérée pour atteindre 0,6 %, contre 0,3 % (données ré- ainsi de celui de la zone euro et de l’Allemagne en parti- visées) au trimestre précédent (graphique 19). 5,6 La culier, où le secteur a enregistré une baisse de la valeur Suisse n’est pas seule dans cette situation. L’Italie ajoutée pour le troisième trimestre d’affilée. Dans la fou- (+0,2 %) s’est sortie de la récession technique, l’Alle- lée, le PMI de l’industrie allemande s’est progressive- magne (+0,4 %) a laissé derrière elle la récession du se- ment détérioré depuis le début de 2018 : dès le début de cond semestre 2018 et les États-Unis (+0,8 %) ont pour- 2019, il est passé sous le seuil de croissance pendant plu- suivi la forte expansion enregistrée depuis mi-2018. sieurs mois consécutifs et pour la première fois depuis le tournant 2012-2013. graphique 19 : PIB valeurs réelles désaisonnalisées, niveau en milliards de francs graphique 20 : PMI industrie 1.0 177.5 valeurs désaisonnalisées, seuil de croissance = 50 0.8 175.0 70 0.6 172.5 65 0.4 170.0 0.2 167.5 60 0.0 165.0 55 -0.2 162.5 50 -0.4 160.0 2014 2015 2016 2017 2018 2019 45 variation en % par rappport au trimestre précédent 40 niveau (échelle de droite) 2014 2015 2016 2017 2018 2019 source : SECO Suisse Allemagne zone euro sources : CS/Procure, IHS Markit Comme dans certains pays voisins, la croissance en Suisse a été largement étayée par la demande intérieure Différents indicateurs suggèrent également que ce fort (v. pp. 18 ss.). Pour la première fois depuis six trimestres, développement industriel a peu de chances de se pour- les dépenses de consommation privée ont augmenté lé- suivre en Suisse. Le PMI pour l’industrie se situe actuelle- gèrement au-dessus de la moyenne. L’activité d’investis- ment en dessous du seuil de croissance et le commerce sement s’est également accélérée en début d’année. mondial ne s’est pas encore remis de la forte baisse en- Côté production, la plus importante contribution à la registrée à la fin de 2018. Certains indicateurs soulèvent croissance, au 1er trimestre, a de nouveau été celle de également des doutes quant à savoir si la forte dyna- l’industrie manufacturière. De même qu’au trimestre mique intérieure se poursuivra au cours des prochains précédent, le secteur a bénéficié d’une demande inter- trimestres. L’enquête sur le climat de consommation nationale constante pour les produits suisses, ce qui a d’avril indique plutôt une réticence à la consommation. contribué à la croissance du commerce extérieur. Le PMI En outre, l’utilisation des capacités de production indus- de l’industrie suisse était encore nettement dans la zone trielle est en diminution, ce qui a pour effet de réduire le de croissance jusqu’en février, mais il a récemment besoin d’investissements d’expansion. connu une forte baisse (graphique 20). 5 www.seco.admin.ch/pib. 6 Ci-après sont commentés les agrégats des comptes nationaux trimestriels, selon le SEC 2010, en valeurs réelles chaînées et corrigées des effets saisonniers et calendaires. 10 Tendances conjoncturelles SECO │ Été 2019
SITUATION DE L’ECONOMIE SUISSE Produit intérieur brut Production Le secteur de la construction a pris un bon départ La croissance du PIB de 0,6 % au premier trimestre de en 2019 avec une croissance de 1,9 %. Après avoir stagné 2019 a été relativement généralisée à l’ensemble des à un haut niveau en 2018, la valeur ajoutée a atteint un secteurs. La contribution du secteur secondaire, à cet nouveau sommet au 1er trimestre 2019. L’emploi a éga- égard, a été nettement supérieure à la moyenne, avec un lement fortement progressé et l’activité dans le secteur total de 0,38 point de pourcentage. Tant l’industrie ma- de la construction s’est sensiblement accrue. D’une part, nufacturière que le secteur de la construction ont ap- les températures au-dessus de la moyenne en février et porté des contributions positives (v. tableau 1 et gra- mars y ont probablement contribué. D’autre part, le cli- phique 37). Dynamisée mat dans le secteur de la construction s’est globalement Le secteur secondaire par la tendance positive amélioré. En revanche, dans la branche de l’énergie, la contribue fortement à la des exportations, l’indus- valeur ajoutée n’a augmenté que de 0,5 %. La production croissance du PIB trie manufacturière a en- d’énergie électrique est restée à peu près au niveau du registré une augmenta- trimestre précédent. tion de sa valeur ajoutée de l’ordre de 1,5 %. Elle a ainsi poursuivi sans heurt le bon développement des tri- Dans l’ensemble, le secteur tertiaire a repris de la vigueur mestres précédents : depuis le début de 2017, le secteur au 1er trimestre. Même si sa contribution, de 0,16 point a toujours enregistré des taux de croissance considé- de pourcentage, à la croissance du PIB a été inférieure à rables d’au moins 1 %, à l’exception d’une chute brutale la moyenne, elle a pourtant été une fois encore supé- au troisième trimestre de 2018. rieure à celle du trimestre précédent. Bien qu’il subsiste une certaine hétérogénéité, la croissance a été assez lar- Toutefois, les signes d’un ralentissement de l’économie gement répartie entre les différentes branches des ser- industrielle se sont multipliés ces derniers mois. Les vices. chiffres d’affaires nominaux, dans de nombreuses branches de l’industrie manufacturière, ont augmenté Les prestataires de services destinés aux entreprises, qui moins fortement qu’au trimestre précédent et, dans cer- constituent l’un des secteurs les plus importants pour le tains cas, ont même diminué (graphique 21). Il convient PIB suisse puisqu’il représente pas moins de 17 % de cet d’interpréter avec quelque réserve les valeurs trimes- agrégat, ont de nouveau affiché de bonnes perfor- trielles, car l’évolution des chiffres d’affaires peut fluc- mances : avec une hausse de 0,4 %, leur valeur ajoutée a tuer considérablement d’un trimestre à l’autre. Toute- été à nouveau supérieure à la moyenne (graphique 22). fois, la baisse des exportations enregistrée en avril, ainsi Il en va de même pour la rubrique Santé humaine et ac- que celle du PMI de l’industrie qui est tombé sous le seuil tion sociale (+0,8 %), dont la tendance à la croissance se de croissance (graphique 20), laissent également entre- poursuit. La rubrique Transports et communication a en- voir un ralentissement de la conjoncture au deuxième tri- registré une croissance légèrement supérieure à la mestre. moyenne (+0,4 %). En revanche, aucune impulsion de croissance n’est venue de l’administration publique, dont graphique 21 : Chiffres d’affaires dans l’industrie la valeur ajoutée stagne depuis le début de 2018. valeurs nominales désaisonnalisées, variation par rapport au trimestre précédent : vert = positive, rouge = négative graphique 22 : Valeur ajoutée, diverses branches des ser- 2016 2017 2018 2019 vices Secteur II valeurs réelles désaisonnalisées, 4e trimestre 2014 = 100 Industrie manufacturière Alimentation 120 Chimie 115 Pharma Métaux 110 Trait. données, montres 105 Équipement électrique 100 Machines Véhicules 95 Énergie 90 Construction Bâtiment 85 Génie civil 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Second œuvre finance hébergement, restauration source : OFS (désaisonnalisation : SECO) santé services aux entreprises commerce administrations publiques source : SECO Tendances conjoncturelles SECO │ Éte 2019 11
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