Thème : les obstacles au développement local - Jean de Dieu Somda
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Conférence donnée lors de l’inauguration, par la CIDI, d’infrastructures de formations : EPN ET ATELIERS Thème Thème: :les lesobstacles obstaclesau audéveloppement développementlocal local Jean de Dieu Somda Les obstacles au développement local 1
Avant-propos En préalable, j’adresse mes remerciements aux initiateurs de cette conférence. Ils m’ont fait confiance et honneur, en souhaitant que j’intervienne sur un sujet qui préoccupe certainement tout le monde. En effet, de plus en plus, chacun se demande ce qui se passe au sud- ouest ; ça bouge partout au Burkina Faso. On constate que quelque chose est entrain de changer. Mais chez nous on a l’impression que le temps s’est arrêté au-dessus de nos têtes. C’est une excellente chose que de commencer à réfléchir, à se poser des questions. Cette interrogation, pour moi, est le premier temps du développement. Le « quartier latin » du Burkina Faso est en voie de devenir un éteignoir d’idées, voire un cimetière d’initiatives. Pourquoi ? J’observe que le développement ne survient pas par hasard. Il ne se décrète pas non plus ; le développement a une logique. Quand on n’a pas compris cette logique, ou quand on flirte avec les exigences de cette logique, on se met, soi-même, logiquement hors-jeu. Je ne me contenterai pas d’égrener un chapelet d’obstacles au développement local ; cette rencontre n’aurait pas grand intérêt. C’est pourquoi je m’efforcerai d’aller chercher les causes, celles qui expliquent. Pour vaincre un mal il faut supprimer la cause. Pour soigner une fièvre, on ne casse pas le thermomètre qui ne renseigne que sur le niveau de la température du patient. On s’attaque au mal à l’origine de la hausse de température. Le développement requiert, d’abord, une transformation de l’homme, la transformation de ses habitudes, de ses croyances, de ses comportements ; la modification de son système de valeurs. Le développement requiert aussi une transformation des structures internes de la société, et un réaménagement des relations diverses permettant de favoriser l’accumulation du capital local. L’exigence de la transformation de l’homme et de son milieu permet d’affirmer que le processus de développement est le produit d’une culture. La culture fournit aux individus un cadre d’apprentissage et d’adaptation. Ce qui Les obstacles au développement local 2
nous enseigne que les conditions du développement économique sont, d’abord, d’ordre interne, et liées à l’existence de ressources naturelles et d’une organisation sociale favorable et acceptée. Pour aboutir, une initiative de développement doit partir des bénéficiaires : - de ce qu’ils sont, - de ce qu’ils savent, - de ce qu’ils veulent faire, - et de ce qu’ils veulent devenir. Les conditions de développement sont, ensuite, d’ordre externe ; car en raison de la capacité insuffisante de financement par l’épargne locale, par l’impôt ou par l’emprûnt, l’apport du capital étranger est nécessaire. Ce préalable formulé, ce que je vais dire ne fera, peut-être ,pas plaisir à tout le monde. Mais je n’ai reçu aucune recommandation pour nous auto-caresser dans le sens du poil. Après ce petit avertissement gratuit je m’en vais introduire mon sujet INTRODUCTION Les obstacles au développement local 3
Mmes et Mrs, l’équation du développement est de nature complexe et difficile à résoudre. De même la réalité qui recouvre le mot « développement » est redoutable, alors qu’on l’utilise à tout vent. C’est pourquoi je voudrais porter des gants pour la manipulation de ce concept, en évitant les considérations trop théoriques pour lesquelles, d’ailleurs, je ne pense pas avoir les compétences requises. Ma préoccupation sera la suivante : en gérant la pénurie, comment assurer, dans le présent, la satisfaction de nos besoins essentiels (matériels, et spirituels), sans hypothéquer les possibilités pour les générations futures, de pouvoir satisfaire leurs besoins propres ? C’est un casse-tête qui n’est pas seulement chinois,il est universel ! Pour les spécialistes, « se développer, c’est produire et se reproduire » se développer, implique qu’on invente des stratégies soi-même, à partir de son patrimoine culturel propre (dans le patrimoine culturel de toutes les sociétés il existe des valeurs, des outils et des concepts appropriés). Dans le même temps il faut adapter les apports extérieurs,et partager, avec les autres, ce que l’on peut leur apporter. Le développement n’est pas fermé, il est ouvert. Mais il ne s’agit pas de copier ,ou de photocopier. Le singe est considéré comme le champion de la grimace.Il est inutile de chercher à lui faire la concurrence.Celui qui essaie,sera toujours en retard d’une grimace Pour reproduire ce que les autres( lespays développés) ont déjà fait, il faut être exactement dans les mêmes conditions historiques : pas possible ! Alors, mieux vaut faire confiance en soi-même, profiter de l’expérience des autres, renforcer sa propre volonté de construire l’avenir, avec son entourage, à partir des leçons du passé et du présent. Ce sont là des fondamentaux d’un processus de développement, des impératifs qui obligent au respect de normes sociales de solidarité, de justice et d’équité qui n’excluent personne. A défaut de cela on ne fera qu’allonger la liste des expériences ratées. Local ou national le développement n’intervient pas dans le vide ; c’est une réalité qui se manifeste dans un cadre donné avec des facteurs donnés. Les obstacles au développement local 4
Cet environnement est une réalité concrète, saisissable à travers des milieux physique et humain, des activités socio-économiques … Il s’agit d’un existant visible, voire tangible que j’appellerai : « le contexte. » Le contexte local sera la première partie de mon exposé. Selon Jacques Austruy, (professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Paris-Ouest), « le développement est un mouvement qui bouleverse, fondamentalement, une société pour permettre l’apparition, la poursuite et l’orientation de la croissance vers une signification humaine » Si tel est le cas nous allons rapprocher notre situation locale, ce que nous avons fait depuis l’indépendance, de la logique du développement. Ce sera la deuxième partie de mon exposé ; pour voir si nous tenons la route. Cette approche nous conduira à appréhender, de manière spécifique, les obstacles au développement local, liés au contexte, à la manière dont nous mettons en œuvre les actions, à nos pratiques socio-culturelles. Ce sera la troisième partie de mon exposé. Tel est le fil conducteur que je voudrais suivre, avec vous, vers une conclusion ouverte . Pour vous permettre de me suivre, voici le plan de mon exposé. PLAN DE L’EXPOSE Avant-propos Introduction Les obstacles au développement local 5
I-Contexte local 1-Caractéristiques naturelles a) Relief b) Climat c) Population 2- Données socio-économiques a) Principales activités b) Secteurs sociaux c) Phénomène de la pauvreté 3-« Dynamique locale » a) Action des élites b) Action des OCB c) Intervention des Partenaires Techniques et Financiers d) Action de l’Etat II- Dynamique locale et logique de développement 1- Nature du développement a) Définition de concepts b) Rencontre entre deux logiques c) Echec de la dynamique locale 2- Origines des obstacles au développement local a) La connaissance imparfaite du milieu local b) Les « cercles vicieux » c) L’investissement étranger 3- Justification économique du non-développement local a) mauvaise vision de l’avenir b) Forte dépréciation du futur c) Pouvoir de transformation du milieu III- Problématique de l’unité d’action 1- Quelques traits de personnalité des peuples du sud-ouest. 2- Rapports sociaux traditionnels et pratiques politiques 3- Influence des pratiques politiques sur le développement Les obstacles au développement local 6
CONCLUSION I- Le contexte Les obstacles au développement local 7
Notre environnement physique et humain occupe une position géographique stratégique, à la frontière de deux états voisins, le Ghana et la Côte d’Ivoire, deux économies fortes de la sous-région ouest africaine. Nous allons appréhender ce cadre de vie, ainsi que les données socio- économiques à travers la dynamique interne développée. 1- Les caractéristiques naturelles : relief, climat, population 1-1. Le relief (sols, végétation, hydrographie) La région du sud-ouest couvre une superficie d’environ 16500km², soit 6% du territoire national. Le relief est relativement accidenté, majoritairement constitué de plateaux d’altitude variant entre 250 et 450 mètres. Le territoire régional est sillonné de petits cours d’eau saisonniers qui sont les affluents du fleuve Mouhoun. On note l’existence d’autres unités topographiques plus vastes : des plaines et des bas-fonds constitués d’une grande diversité de sols. *Les sols On distingue 4 familles de sols dans notre région : - Les sols dits bruns eutrophes tropicaux sur matériaux argileux. Leur potentiel chimique est élevé. Ce sont les meilleurs sols du Burkina. - Les sols ferrugineux tropicaux lessivés sur matériaux sableux , sablo- argileux et argilo-sableux : sols gravillonaires, riches en graviers, faibles en valeur agronomique. - Les sols ferrallitiques sur matériaux sablo-argileux, caractérisés par un matériau sédimentaire qui contient du quartz, de l’argile kaolinique et du fer, parfois de l’alumine. Ils sont acides, perméables avec une faible potentialité chimique - Les sols hydromorphes à potentialité chimique moyenne. Ils sont favorables à de nombreuses cultures. *La végétation Relativement dense, la végétation appartient au domaine phyto-géographique soudanien, principalement de savane avec des sous-types, depuis la savane boisée à la savane herbeuse, des forêts claires, des forêts galeries le long des cours d’eau. Les ères à vocation faunique sont estimées à 271.000 hectares : important capital. Les obstacles au développement local 8
*L’hydrographie Le réseau hydrographique appartient au bassin du mouhoun avec un important potentiel de sites de barrages (Bougouriba, Noumbiel…) Il existe d’autres cours d’eau non moins importants : Bougouriba, Bambassou, Poni,Deko, Kamba, Pouené, Koulbi… 1-2. Le climat (précipitations, température, vents) Notre région est l’une des mieux arrosées au Burkina : zone climatique de type soudano-guinéen (ou pré-guinéen), caractérisée par deux saisons (humide et sèche) de durée à peu près égale. Mais le déséquilibre s’agrandit au profit de la saison sèche. *Les précipitations La région connait une pluviométrie relativement importante par rapport à la partie nord du pays, puisqu’elle reçoit du nord vers le sud 900 à 1200 mm de pluie par an. *Température La température est, généralement, plus douce qu’ailleurs dans le pays : 27°c de moyenne. Elle oscille entre 21°c et 32°c ,donc une amplitude thermique de 11°c. Le temps d’insolation annuelle varie entre 6et 8 heures par jour. L’humidité de l’air est relativement importante. *Les vents Deux principaux vents soufflent sur notre région - L’harmattan : masse d’air continental provenant de l’anticyclone saharien (nord-est / sud-ouest). Il s’agit de l’air chaud et sec, avec des suspensions poussiéreuses (il souffle d’octobre à avril) - La mousson : masse d’air maritime (qui vient de l’océan atlantique) Il s’agit de l’air chaud et humide, provenant de l’anticyclone austral (dit de sainte Hélène) et souffle du sud-ouest vers le nord-est. Il est à l’origine des précipitions Les obstacles au développement local 9
En effet la rencontre des deux masses d’air constitue le Front Intertropical (FIT) ou Convergence Intertropicale (CIT) dont le mouvement au-dessus du pays (donc de la région) engendre les variations climatiques, avec les différences de niveaux de pluie croissant du nord vers le sud (C'est-à-dire vers notre région) 1-3.La population (effectifs, structure, caractéristiques socio- culturelles) *Les effectifs - Estimation 2006 : 620.767 habitants dont 299264 hommes et 321.503 femmes, soit 93 hommes pour 100 femmes (ou 48% d’hommes et 52% de femmes). - Projection à l’horizon 2010 : 687.826 habitants . - Projection à l’horizon 2015 : 795.549 habitants . De 1985 à 1996 le taux d’accroissement de la population était de 0,81%. Il est passé à 2,5% entre 1996 et 2006. Il se promène au-delà de 3% aujourd’hui. *La structure de la population Cette population, qui s’accroit de façon vertigineuse, est à 88,7% rurale dont 56,65% de jeunes de moins de 20 ans. Sa densité au km2 est de 59 habitants dans le IOBA, 35 habitants dans la Bougouriba, 34 habitants dans le Poni et 24 habitants dans le Noumbiel. *Les caractéristiques socio-culturelles La population du sud-ouest est composée de plusieurs groupes ethniques : Lobi, Dagara, Djan, Birifor, Pougouli, Mossi, Bwaba, Dioula, Vigué, Tiefo, Dogsè. Chez les ethnies autochtones (Lobi, Dagara, Birifor, Pougouli et Djan) la structuration sociale est marquée par des clans et des lignages. Dans notre région les indicateurs de performances sont tout à fait modestes dans les différents secteurs sociaux et économiques 2- Données socio-économiques 2-1 Les principales activités économiques Les obstacles au développement local 10
L’agriculture et l’élevage constituent les principales activés économiques. Ils fournissent l’essentiel des revenus des ménages. Selon les études du schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) la part de la région, en 2005, dans le produit intérieur brut (PIB) global du pays était de 3,26% Notre économie locale repose sur le secteur primaire : agriculture, élevage, pêche, faune, forêts qui apporte 57,2% au PIB local. *L’agriculture C’est la principale activité avec un peu moins de 40% du PIB local, suivie de l’élevage (environ 15%), de la pêche et de la forêt (ensemble 3,5%) Aucune autre branche, soit du secteur secondaire, soit du tertiaire n’atteint 10% L’agriculture occupe la quasi-totalité de la population (95%) : élément essentiel dans la vision de l’avenir, dans l’élaboration des perspectives de croissance, dans la répartition des fruits de cette croissance. Pour l’instant, de grands défis sont à relever : valorisation des ressources en eau pour pratiquer la production intensive dans les nombreux bas- fonds inexploités ; accès difficile aux zones à fortes potentialités de production, aux marchés d’exportations ; approvisionnement durable des entreprises, des services, des populations, en énergie à moindre coût. Notre région occupe le 1er rang des régions à potentialités irrigables. Elle abrite, sur 233500 ha irrigables au Burkina, 96100 ha, soit 41,16 %. La mise en valeur des bas-fonds aménageables, pour la pratique de l’irrigation, en vue de réduire la dépendance vis-à-vis des caprices pluviométriques est un complément indispensable à la production pluviale, de plus en plus confrontée aux effets néfastes de la variabilité et du changement climatiques. *L’élevage C’est le second pilier de l’économie locale : - Plus de 300.000 bovins Les obstacles au développement local 11
- Plus de 230.000 ovins - Plus de 530.000 caprins - Plus de 276.000 porcins - Près de 1.900.000 volailles qui procurent d’importants revenus aux populations Mais dans la plupart du temps il s’agit d’un élevage traditionnel, extensif, voire contemplatif, qui se pratique, dans la plupart des familles, à partir d’espèces locales de faible productivité. Le fait que tout le monde est agriculteur et éleveur est un atout considérable, insuffisamment exploité. En effet les animaux sont partie intégrante de l’exploitation familiale. *La pêche, la faune La pêche et la faune font l’objet d’exploitation traditionnelle. Elles sont peu organisées. Dans ce domaine les statistiques sont peu faibles. *L’artisanat Activité secondaire, ce secteur comprend : -l’artisanat d’art, expression de la culture passée et présente (poterie, sculpture, vannerie…) - l’artisanat de production ou de service : toute activité qui fournit un service d’entretien et de réparation (mécanique, maçonnerie, menuiserie…) Ce secteur, qui est informel, manque de qualification professionnelle. *Le tourisme Dans une étude réalisée en 2004, par la CIDI, avec l’appui d’un expert canadien il a été identifié, dans notre région, 24 sites à potentiel touristique susceptibles d’avoir un rayonnement international. Mieux valorisés certains pourraient présenter un atout important de développement.Le potentiel touristique est important et diversifié. *L’hôtellerie Les obstacles au développement local 12
Les infrastructures hôtelières sont de qualité passable dans l’ensemble. Leur qualité et celle de l’accueil sont en deçà de ce qu’il faut pour valoriser le potentiel touristique local : unités d’hébergement à capacité faible. *Les secteurs industriel et minier - L’activité industrielle est embryonnaire et réduite : * à l’usine d’égrenage de coton (SOFITEX) à Diébougou dans la province de la Bougouriba. *à 3 unités de production d’énergie électrique thermique (Gaoua, Diébougou, Batié) * à 2 unités de production d’eau (Gaoua, Diébougou). -La carte géologique du Burkina nous indique que notre région a des zones à fort potentiel minier : Bondigui (or), Batié (or), Gaoua (Cuivre)… L’exploitation est une activité essentiellement artisanale exercée par des orpailleurs (54 sites aurifères en 2009) qui causent d’importants dommages aux populations dans les domaines de l’environnement, de la santé et des activités agro-sylvo-pastorales. *Le commerce Le commerce (34,78% du PIB dans le secteur tertiaire) est la source essentielle de revenus des ménages tirés des principales activités (agriculture et élevage). Les ventes de produits agricoles et des animaux ont lieu dans les marchés villageois principalement, parce que les infrastructures marchandes modernes sont dans les chefs-lieux des communes, urbaines et rurales ; et la plupart du temps dépassées. Le commerce reste dominé par le secteur informel et les ventes de détail. Ouagadougou et Bobo-Dioulasso sont les principaux centres d’approvisionnement en articles agro-alimentaires, ménagers, électro- ménagers et d’habillements. *Transports et communication -Transport routier essentiellement par des compagnies privées. Le bitumage de la « croix du sud » (Pâ-Frontière de la Côte d’Ivoire en passant par Dano- Djikolo-Diébougou-Gaoua et Bobo-Diébougou-Djikolo-Dissin-Hamelé- frontière du Ghana) est un atout majeur . Les obstacles au développement local 13
Les pistes rurales (3590 km) toutes classes confondues sont généralement en mauvais état - Notre région est couverte par cinq bureaux de services postaux et financiers localisés à : Gaoua, Batié, Diébougou, Dano et Dissin. Le réseau téléphonique est articulé autour d’un central téléphonique automatique installé à Diébougou et appuyé par la téléphonie mobile exploitée par deux opérateurs privés ( Telecel et Airtel) et un opérateur historique( Telmob) -Les medias (presse écrite, radio, télévision) : .presse écrite : pas d’organe local ; les quotidiens et hebdomadaires d’information sont fournis par des distributeurs privés. . il existe une station régionale de la Radio Télévision du Burkina (RTB) à Gaoua chef-lieu de la région et deux radios confessionnelles (Unitas, à Diébougou, et RESO à Gaoua). *Les banques et institutions de micro-finance Les institutions bancaires et de micro-finance sont représentées dans la région par : -les agences de la BACB, de la BIB, d’ECOBANK -l’union Régionale des caisses populaires du sud-ouest Ces structures sont installées à Diébougou et Gaoua pour les Banques. Seize (16) caisses sont reparties dans les 4 provinces de la région (Poni,Noumbiel,Bougouriba,Ioba) Mmes et Mrs, a cette étape de nos observations je note que notre région est essentiellement agricole et culturelle : deux aspects qui peuvent constituer des moteurs de l’activité économique. C’est la première région (au plan national) dans la production de l’igname. Pourtant la fête de l’igname est célébrée ailleurs ! Sur un potentiel de production annuelle estimée à près de 600.000 tonnes de noix de karité au Burkina, nous sommes au 1er rang des régions à fort potentiel avec 142500 tonnes, devant le Centre-Ouest/Koudougou (135500 Les obstacles au développement local 14
tonnes), Cascades/ Banfora (132.000 tonnes) et les Hauts-Bassins (60000 tonnes). Pourtant le beurre de karité est plus renommé ailleurs ! La collecte, la transformation, et la commercialisation, restent au stade artisanal, sans professionnalisme. Le potentiel touristique et culturel , qui peut constituer un pôle porteur de croissance, est peu valorisé. Pourtant c’est chez nous que se trouve le seul site national classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (Ruines de Loropéni) Le potentiel minier reste dans une phase d’exploitation artisanale aux mains d’orpailleurs venus, majoritairement, d’ailleurs ! Le premier enseignement que l’on peut tirer est une dépendance forte par rapport au seul secteur agro-sylvo-pastoral, qui est très vulnérable parce que confronté aux difficultés d’adaptation au changement climatique, pendant que de nombreux jeunes grossissent les rangs de l’émigration intérieure. 2-2. Les secteurs sociaux *L’éducation De matière générale les performances du « quartier latin » d’hier sont en- dessous des moyennes nationales dans le système formel. - Enseignement pré-scolaire peu développé avec seulement cinq (5) structures pour toute la région - Enseignement primaire : taux brut de scolarisation (TBS) envviron 50% contre une moyenne nationale de 72,5% . - Enseignement secondaire : TBS au 1er cycle 25% (moyenne nationale :30%) - Enseignement supérieur : moins de 1% : TBS au seconde cycle 7,1% contre une moyenne nationale : 10,1% -Formation professionnelle : 7 centres d’apprentissage et écoles nationales de formation professionnelle Dans le système non formel : 18% de taux d’alphabétisation contre 28% au plan national. *La santé Dans le Cadre Stratégique Régional de Lutte Contre la Pauvreté (CSRLC) je lis ceci : « dans la région du sud-ouest l’état des lieux n’est Les obstacles au développement local 15
pas des meilleurs ». En 2003, on comptait 65 formations. Les CSPS étaient situés à plus de 20 km . En 2009 on enregistre une centaine (97) de formations sanitaires. Le taux de fréquentation serait de 50% et le taux d’accouchement assisté : 56,61% Les choses se seraient améliorées apparemment, améliorant du coup le taux de croissance démographique qui passe à plus de 3% *Eau et assainissement Il semble qu’en 2009 la région comptait 2330 forages dont 511 en panne. Il était recensé aussi 782 puits dits permanents et 9 postes d’eau autonomes, On l’a vu plus haut, l’ONEA est présent seulement à Diébougou et à Gaoua. Cette situation cache un besoin réel en points d’eau potable.Quand on compare l’existant avec le nombre de villages de la région (1100 environ) dispersés dans un système d’habitat extensif ,le taux de couverture en eau potable est loin de la proportion de 500 habitants pour un point d’eau,assurant une consommation journalière de 20l par personne, avec une réduction significative de la distance de portage à 500 mètres. Une enquête de 2007 révèle que 78% des ménages utilisent la nature comme lieu d’évacuation des eaux usées ; que 78,7% utilisent la nature comme lieu d’aisance. Quant aux ordures ménagères elles s’amoncellent en tas d’immondices devant les cases, chez 44,3% des ménages. Ainsi donc l’assainissement demeure un défi à relever notament dans les volets gestion des ordures, des eaux usées et de l’utilisation des fosses d’aisance. *Energie électrique Nous l’avons signalé plus haut : deux centres de production thermique et une coopérative (COOPEL) approvisionnent la région en électricité. On dénombre 4068 abonnés sur 103854 ménages soit un taux d’accès à l’énergie électrique d’environ 4%. Dans les centres urbains (chefs-lieux des communes) ce taux est d’environ 29%. *Promotion et protection sociales Phénomènes sociaux perceptibles : ‐ exode rural précoce des jeunes, et même des enfants ; Les obstacles au développement local 16
‐ enfants de plus en plus nombreux dans la rue ; ‐ faiblesse de l’accès des femmes aux moyens de production ; ‐ Mariages précoces et procréation accélérée, sans planning familial . *Emploi Le recensement général de la population en 2006 donne les résultats suivants pour la population de 15 ans et plus/ ‐ 57,33% d’indépendants - 16,72% d’artisans et ouvriers ‐ 17,19% personnel de services et vendeurs ‐ 2,99% de salariés ‐ 4,58% représentant tous les autres groupes (cadres supérieurs et subalternes de l’administration, ouvriers et employés non qualifiés, armée et agents de sécurité) ‐ 0,68% d’apprentis ‐ 0,51% d’employeurs 2-3. Le phénomène de la pauvreté L’examen du contexte local ne peut pas faire l’impasse sur le phénomène de la pauvreté . La pauvreté est la richesse de notre région. « La région du sud-ouest est une région à paradoxes :potentialités énormes en ressourses naturelles et pauvreté croissante » ; une pauvreté progressive et accélérée. Voyons son évolution, et son approfondissement, dans la littérature de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD). L’indice de la pauvreté, proportion de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté évolue comme suit , avec des disparités selon les provinces. 1994 : 44,8%, avec un seuil de pauvreté absolu estimé à 41,099F 1998 : 47,2%, avec un seuil de pauvreté absolu estimé à 72.690F Les obstacles au développement local 17
2003 : 56,6%, avec un seuil de pauvreté absolu estimé à 82.762F C'est-à-dire que plus d’une personne sur 100 rejoint le rang des pauvres chaque année Si nous considérons les indices de pauvreté humaine provincialisée (IPHP) la situation actuelle s’aggrave : Noumbiel : 65,4% Poni : 64 ,8% Bougouriba : 59 ,9% IOBA : 58,7% La moyenne de ces indices nous révèle que 62,2% des individus de notre région vivent dans la faim, la soif, la misère, l’analphabétisme et la pénurie des services essentiels de base . La précarité des conditions de vie observée, quotidiennement, vient corroborer la réalité de ces chiffres. Mmes et Mrs, voici le contexte local dans lequel nous évoluons.Il est peint à gros traits. Mon intention est de voir rapidement, si ce qui se passe dans le panorama présenté, peut être, ou non, en cohérence avec un processus de développement réel. C’est pourquoi nous allons examiner maintenant la dynamique locale qu’un certain nombre d’acteurs ont essayé d’imprimer à ce contexte. 3- La dynamique locale Depuis les années 60, le sud-ouest est une région saturée d’animation. L’engagement dans la lutte contre la pauvreté s’est exprimé dans un activisme permanent de divers acteurs au profit des populations. Mon propos va s’intéresser à l’action des éléments que je considère les plus représentatifs : ‐ les élites (locale et de la diaspora) ‐ les organisations communautaires de base ‐ les PTF ‐ l’Etat *L’action des élites Il a existé une tradition de lutte dans le sud-ouest contre l’adversité, l’injustice, et pour la liberté, au point que la région demeure Les obstacles au développement local 18
encore stigmatisée, et traitée, à travers des préjugés défavorables, de zone rebelle, peuplée « d’indiens ». Nous serions les « indiens du Burkina » ! Jadis immergés dans le milieu social, les organisations des élèves et étudiants et des intellectuels de manière générale, ont accompli un travail remarquable de sensibilisation pour élever le niveau de conscience des populations. Mais, peu à peu, elles se sont diluées, liquéfiées, dans des contradictions idéologiques, puis politiciennes, qui ont rendu les individus inefficaces dans leur rôle de leaders, de catalyseurs et d’animateurs de la vie socio-culturelle de leur milieu d’origine. La mobilisation, au cours des années 60, qui avait suscité beaucoup d’espoir pour le changement, a disparu, créant un vide, rapidement occupé par une passivité généralisée, et la recherche effrénée de la facilité. En matière de développement, la couche privilégiée des élites, locales et de la diaspora, est sans dynamisme économique. Elle est presqu’ uniquement de type administratif, dont la prospérité, et le pouvoir, dépendent de l’Etat et du capital étranger. Elle trouve une activité rémunératrice à ses revenus excédentaires, dans la spéculation immobilière, sans jouer de rôle significatif dans le développement de la région. Elle a contribué à alimenter une croissance nationale dominée par le capital étranger. Ce type de croissance ne débouche pas, automatiquement, sur le démarrage économique, mais plutôt sur une dépendance extérieure accrue qui peut, à terme, conduire à des goulots d’étranglements. Qu’avons-nous fait? Des investissements ostentatoires dans le béton, dans l’acquisition de véhicules de luxe, sans le renforcement des capacités productives. Ainsi le développement de notre région est entravé par des distorsions économiques et sociales : les effets d’imitation dans les styles de consommation et l’attraction des maigres ressources locales disponibles par le secteur des services, particulièrement le commerce informel. *Les organisations communautaires de base Depuis 50 ans on assiste à un foisonnement de ces organisations dans les villages, les départements, qui laissent espérer des changements dans les comportements. Elles sont créées par les jeunes, les femmes, les hommes, et structurées selon un modèle étranger aux habitudes locales d’organisation : Président, secrétaire, trésorier… dans une société analphabète qui ne connait pas l’élection. Les obstacles au développement local 19
Ces structures se superposent aux structures traditionnelles restées intactes. Or l’organisation sociale locale a tendance à se perpétuer à travers le culte des ancêtres, à travers des références obsessionnelles aux pratiques des ancêtres, parfois inhibitrices de l’activité productive. L’action de toutes ces organisations, civiles ou religieuses, est caractérisée par la recherche de l’intérêt immédiat et la pratique d’une économie de subsistance, sans modification des habitudes de production et de commercialisation, dans un marché local restreint et peu porteur. Leurs actions sont aussi caractérisées par l’esprit de compétition dans les mêmes secteurs d’activités, dans les mêmes zones d’intervention, dans l’accès aux ressources de financement, provoquant des gaspillages d’énergie et l’affaiblissement des impacts qui seraient mieux accrus dans une complémentarité guidée par une vision concertée. *Les Partenaires Techniques et Financiers Pendant longtemps l’action des PTF a tenu compte de priorités liées, souvent, à leurs propres intérêts, dans le choix des domaines d’intervention, dans la répartition des zones d’intervention. Ainsi a-t-on vu des investissements perdus : des écoles sans écoliers pendant que les enfants trainent à la maison, parce qu’implantées sans concertation avec les villages censés être les bénéficiaires ; des ponts dans la nature ,dès après la première saison des pluies, à cause des études de tracés de routes mal faites ou pas faites du tout ; des aménagements inexploités, parce que l’on a sous-estimé ,ou ignoré, la force de la tradition, ou les suites dramatiques de querelles inter- villageoises etc… Beaucoup de générosité a été ainsi gaspillée, par l’ignorance des auteurs, ou par l’application d’une logique inadaptée qui a voulu faire le bonheur des populations malgré elles. On ne peut pas coiffer une tête en son absence ! De façon générale le sud-ouest a été pénalisé par l’absence d’activités structurantes des ONG, et des autres associations de développements parce que longtemps considéré comme une région privilégiée Elle est aujourd’hui 10ème/13 régions, en matière de pauvreté ; 12ème/13 en matière d’enseignement de base, d’enseignement secondaire et de centres de santé. C’est l’une des régions les moins couvertes en matière d’électricité. Le taux d’alphabétisation est de 18%. Les obstacles au développement local 20
L’aide au développement mobilisée par les associations est surtout venue de l’extérieur, à travers des jumelages, à travers la collaboration entre associations amies. Son efficacité n’a pas été toujours évidente pour imprimer une dynamique significative, capable de produire le changement. *Les interventions de l’Etat Le développement repose, avant tout, sur une participation consciente et responsable des acteurs-clés que sont les populations. Il requiert une bonne gouvernance décentralisée qui incombe à l’Etat, c'est- à-dire la mise en place d’une politique impliquant tous les acteurs concernés, à l’échelle de l’analyse et des interventions. Or, jusqu’à un passé récent les stratégies et les programmes développés en direction de nos populations rurales, n’ont jamais atteint les résultats escomptés. Ils n’ont pas pris en compte la démarche par laquelle les populations perçoivent le changement comme une réponse à des problèmes identifiés par elles-mêmes. Les grandes orientations, en matière de développement rural, ont été, les 20 dernières années, marquées par des mutations significatives ayant le souci d’appréhender les problèmes de développement dans leur globalité. Ce n’était pas le cas dans les expériences antérieures. Exemples : -l’approche ORD les années 60/70 (Organisme Régional de développement) était fondée sur une stratégie de vulgarisation des paquets technologiques et la notion de direction. L’idée était de développer le monde rural. Alors, l’agent de développement était vu comme un donneur de leçons (l’encadreur) qui indique ce qu’il faut faire. Le villageois doit accepter ce qu’on lui présente, ce qu’on lui impose. C’était un élément passif dans son propre développement. Malgré les moyens importants déployés par l’ORD, sur financement de la Banque Mondiale, l’évaluation a montré un échec de la formule et une régression du niveau de vie des populations. Il n’y a pas eu appropriation de processus. Il y avait eu, pourtant, des velléités de spécialisation régionale. Sur les cendres de l’ORD naitra l’approche CRPA (Centre Régional de promotion Agro-pastorale). - La stratégie du CRPA est basée sur l’organisation des populations pour la valorisation des potentialités locales, par la création de Les obstacles au développement local 21
groupements, pour faire passer les messages techniques au sein des villages. Cette expérience n’a pas vécu longtemps. Ce fut une opération de regroupements plutôt qu’une organisation paysanne fondée sur la libre adhésion. Il n’y a pas eu aussi appropriation. Ces expériences sont caractérisées par des approches sectorielles avec une grande diversité de principes et méthodes. Elles ont, néanmoins permis de clarifier les concepts, de mieux appréhender le contexte, d’affiner les démarches opérationnelles sur le terrain et de définir de nouvelles orientations (dans les années 90) dans un document important du gouvernement : « la Lettre de Politique de Développement Rural Décentralisé » (LPDRD) dont l’objectif est de mieux maîtriser les stratégies, globales et sectorielles, à mettre en œuvre, pour un développement local durable et soutenu. Mais, concrètement, on avait déjà perdu 30 ans ! La 3ème expérience, qui en découle, fait appel au slogan : « on ne développe pas, on se développe » formule célèbre du non moins célèbre Professeur Joseph Ki-Zerbo dans la « Natte des autres ». Elle est fondée sur la notion de participation et de responsabilisation des populations rurales dans leur propre développement. Cette nouvelle vision exige d’adopter les principes suivants : -La participation des populations rurales à toutes les étapes des stratégies de développement (diagnostic conjoint, élaboration de plans, exécution, suivi/évaluation) ; -La responsabilisation des populations dans le choix des priorités dont elles assument la maîtrise d’ouvrage au niveau local. -le recentrage du rôle de l’Etat, l’implication du secteur privé et de la société civile dans le processus de développement. Ce qui avait toujours manqué. Il faut attendre de voir ce que le temps nous réserve. En attendant, les populations sont restées pauvres et considérées comme les cibles des actions entreprises. Au contraire ces populations rurales et leurs organisations sont des atouts et des partenaires dans le processus de développement. Nous le constatons, quotidiennement ; si les règles du jeu sont claires, ainsi que l’accès à l’information et aux supports appropriés, nos populations sont capables d’organiser la disponibilité des biens et des services qui répondent à leurs priorités. Les obstacles au développement local 22
Nous avons examiné nos ressources disponibles et potentielles mises en mouvement par une « dynamique locale ». Cependant l’analyse du développement ne peut se réduire à celle du mouvement engendré par le contexte structurel. A mon humble avis, l’analyse du développement local nous impose de rechercher quelle finalité explique et justifie le changement de structures que constitue le développement. C’est pourquoi nous allons comparer la dynamique observée, avec la logique du développement. II- Dynamique locale et logique de développement Le développement n’est pas un processus seulement économique. Il est surtout un processus social et politique. 1-Nature du développement Il ne faut pas confondre le développement avec un certain nombre de concepts comme : expansion, croissance, progrès… Pour la compréhension de notre sujet nous allons préciser ces notions a)Définition de concepts -L’expansion d’abord, est «l’accroissement temporaire et réversible de quantités économiques lié aux mouvements courts de la conjoncture ». -La croissance se définit comme « l’augmentation, poursuivie sur une longue période, de quantités significatives et dont la poursuite implique, absolument, des modifications des structures économiques. La croissance lie, de façon indissoluble, accroissement de dimension et changement de structures. » -Le développement se définit comme l’ensemble des changements dans les structures mentales et les habitudes sociales d’une population. « Ces transformations mettent la population en état d’augmenter, de façon durable le produit réel global. » Le progrès, « c’est ce qui donne un sens à la naissance, à la poursuite et à la propagation du processus de développement ». Ainsi donc le développement n’est pas réduit à des chiffres, à des accroissements d’indices. Il induit de nouveaux équilibres qui s’améliorent en se perpétuant. Les obstacles au développement local 23
Est-ce ce mouvement qui s’est développé, ou qui se développe localement, chez nous ? b)Rencontre entre deux logiques En comparant ce que nous avons vécu et observé avec la « logique locale du développement », nous tenterons de mieux cerner la nature du développement ; car cette connaissance permet de comprendre les conditions réelles de l’apparition du phénomène. Le développement dont il s’agit est un concept de lutte pour créer et entretenir un processus de transformation durable des structures mentales et socio-culturelles, en vue de permettre au plus grand nombre de mieux satisfaire ses besoins, en jouissant d’une meilleure qualité de vie. Pour un développement véritable, les populations devaient s’approprier un processus endogène, c'est-à-dire pensé, élaboré et mis en œuvre, principalement, par elles-mêmes, en conformité avec leur projet de société. Ainsi donc la nature profonde du développement est d’être le passage des structures traditionnelles, qui ont tendance à se perpétuer, à des structures nouvelles qui s’enchainent, progressivement, favorisant la production et la reproduction c'est-à- dire le renouvellement, pour ne pas compromettre notre existence et celle des générations à venir. Ce type de développement implique la mise en œuvre de plan intégré qui constitue un outil opérationnel de maîtrise des actions. Notre Plan Régional de Développement (PRD) arrive, maintenant, après 50 ans d’indépendance, et avec la politique de décentralisation intégrale. Puisse-t-il faciliter le contrôle et l’exécution des actions qui le soutendent ! Le développement local a besoin d’une base reposant sur la démocratie. La réduction de la pauvreté passe par : - Le renforcement des moyens d’action des communautés et des collectivités locales ; - Un processus d’apprentissage par la pratique et le renforcement des capacités locales. Les obstacles au développement local 24
A y voir de près nous avons beaucoup de chemin à parcourir ! c)Echec de la « dynamique locale » Selon les éléments de notre diagnostic ,notre région abrite des sociétés traditionnelles confrontées à : -la non valorisation des potentialités naturelles, à un faible niveau de productivité des facteurs de production - une agriculture de subsistance, aux moyens rudimentaires, qui absorbe, avec un élevage extensif, 95% de la population active. Loin de contribuer à infléchir les effets négatifs du changement climatique elle participe à leur aggravation. Cette activité est peu ouverte sur l’économie de marché. - une faible épargne disponible consacrée à des dépenses non productives. - une structuration sociale figée par des pesanteurs socio-culturelles fortes qui freinent l’évolution des mentalités - la faiblesse du pouvoir politique détenu par des cadres de l’administration publique incapables d’influencer les décisions, au plan national, au profit de la région. Nous avons observé l’inexistence de la valeur ajoutée par l’industrie, mais plutôt l’exercice de petit commerce informel de produits agricoles et d’élevage . Pour que le processus de croissance économique puisse apparaître, et s’entretenir de lui-même, il faut un accroissement significatif du taux d’investissement. Cela exige une attitude positive de la société à l’égard des connaissances, des innovations et de la technologie, l’acceptation d’une remise en cause par la transformation des mentalités. Malheureusement que s’est-il passé ? 2-Origines des obstacles au développement local a) Connaissance imparfaite de l’environnement local L’apparition tardive des spécificités de notre région est dûe à la connaissance imparfaite des facteurs de production. Par exemple, c’est tardivenant que la recherche s’intéresse, réellement, au sous-sol, que l’on parle de culture Les obstacles au développement local 25
intensive, d’élevage intensif, d’irrigation, de protection de l’environnement, d’adaptation au changement climatique. Cette région a été longtemps considérée comme priviliée par la nature, donc non prioritaire dans la mise en valeur. Les règles qui conduisent à l’allocation adéquate des ressources n’ont pas pu s’appliquer, malgré les milliards de la Banque Mondiale, parce quelles exigent au préalable, des modifications structurelles, qui n’ont pas eu lieu (structures de production, l’organisation sociale, l’appropriation des innovations …). b) Les « cercles vicieux » Les « cercles vicieux » résultent d’une faible accumulation de capital local empêchant l’accroissement de la production, par la valorisation des ressources potentielles, essentiellement primaires ; obstacles majeurs qui empêchent le renforcement des capacités locales. c-L’investissement étranger L’investissement étranger (financements bilatéraux et multilatéraux), à lui tout seul, ne suffit pas pour promouvoir le développement, parce qu’il est, essentiellement, d’orientation centrifuge. Il a conduit à l’accroissement des quantités mais sans effet d’entrainement sur l’économie interne .L’argent gagné dans ces conditions a servi à rembourser les dettes, pas pour réinvestir. En 1994, à la suite de la dévaluation du FCFA, il y a eu un afflux de capitaux dans le pays, sous prétexte de profiter des mesures d’accompagnement des Programmes d’Ajustement Structurels. Ils n’ont pas empêché la paupérisation progressive et accélérée des populations, et le classement du Burkina Faso à la tête des pays les plus pauvres au monde. Le résultat de tout cela conduit au non-développement de la région. 3 Justification économique du non-développement local a) Mauvaise vision de l’avenir Si l’on jette un coup d’œil sur notre manière de produire, de consommer, de penser à demain, on a l’impression que le développement économique est un mouvement uniforme et paisible, vers un état meilleur, en singeant les autres. Les obstacles au développement local 26
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