ÉTUDE DU MARCHÉ DES POISSONS D'AQUARIUM DANS LES PAYS INSULAIRES
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la France et l'Italie. En Asie, le Ja- ÉTUDE DU MARCHÉ DES pon est un gros importateur et la Chine a aussi une tradition d'élevage POISSONS D’AQUARIUM de poissons d'ornement. Le chiffre d'affaire au détail des poissons ma- rins d'ornement au Royaume-Uni DANS LES PAYS INSULAIRES représentait 4 millions de livres sterling en 1987, dont la valeur à l’importation (C.I.F.) était de 1 mil- lion de livres sterling (Andrews, Introduction 1990; Wood, 1992). par Vincent Dufour1 Le marché de l'aquariophilie d'eau Les pays exportateurs de mer concerne un commerce in- ternational de poissons capturés Nous avons vérifié les destinations vivants dans le milieu naturel car emballages, ce qui ne permet pas depuis 3 pays exportateurs (ta- peu de poissons marins d'ornement un suivi quantitatif des poissons. bleau 1). Après les USA, viennent se reproduisent en captivité. Cette L'estimation se fait alors au poids les pays européens: Royaume-Uni, impossibilité tient à leur cycle de total des colis importés, eau compri- Allemagne, France, Italie. La pro- vie au début duquel ces poissons se (Sieswerda et Marquardt, 1995). portion entre ces destinations varie sont des œufs puis des larves de peu. Les liens privilégiés du Royau- quelques millimètres, vivant en Le marché de l'aquariologie a pro- me-Uni avec ces 3 pays explique- plein océan. Les larves grandissent bablement doublé depuis le début raient sa forte proportion dans ces pendant 15 jours à 3 mois dans cet des années 1980 et les poissons ma- exportations. environnement. Le cycle de vie des rins prennent une part croissante poissons des récifs coralliens est donc de cette activité. Trois raisons es- La réglementation composé de 2 périodes : une phase sentielles expliquent ce développe- internationale larvaire planctonique dans l’océan, ment: puis une phase juvénile et adulte Le commerce international d'ani- dans le milieu récifal. • L'amélioration des techniques maux sauvages, réglementé par la d'élevage et l'évolution du ma- convention de Washington (CITES) Puisque l'exploitation actuelle des tériel d'aquariophilie. a pour l'instant épargné les pois- poissons marins (100 MT/an dans sons marins d'ornement. Mais cer- le monde) reste basée sur leur col- • Sur un marché “Pet business” taines espèces de poissons d'orne- lecte en milieu naturel, l'impact de florissant, l'aquarium représen- ment endémiques pourraient dis- la collecte des poissons d'ornement te un écosystème décoratif et paraître si des prélèvements im- apparaît alors faible face à la pêche, exotique attirant pour les cita- portants étaient réalisés dans ces bien qu'elle représente des millions dins des pays tempérés, où la habitats restreints. Le cas des hip- d'individus. vie d'intérieur est privilégiée. pocampes, dont l'importance des prélèvements a recemment été dé- Le marché de • Le développement du trafic aé- voilée, est probablement le début l'aquariophilie marine rien est une cause importante d'une prise de conscience du risque de l’essor de ce marché. Depuis d'extinction de certaines espèces de Sur un marché mondial des pois- 1980, l'augmentation du touris- poissons récifaux (Vincent, A.C.J., sons d'ornement de 3 milliards de me vers les pays tropicaux a ac- 1996 The International trade in Sea- dollars, les poissons d'eau de mer cru les liaisons aériennes avec horses, Traffic International). représenteraient environ 20 % de ce les pays exportateurs. L'appro- total (Andrews, 1990). Compte- visionnement en poissons ma- La pêche des poissons tenu de l'activité économique peu rins d'ornement est devenu plus marins d'aquarium dans régulée des pays exportateurs qui diversifié et moins onéreux. les pays insulaires sont souvent en développement, il est difficile d'obtenir des données Les pays importateurs L’impact de la pêche des poissons quantitatives sur les espèces exploi- d'aquarium sur le peuplement na- tées pour l'aquariologie. De plus, le Les plus grands importateurs de turel n'a été étudié en détail qu'aux contrôle dans les pays importa- poissons d’ornement sont les États- Maldives par Edwards et Shepherd teurs est souvent limité aux seuls Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, (1992). Les poissons étaient captu- 1 École Pratique des Hautes Études, URA CNRS 1453, Université de Perpignan 66860 Perpignan Cedex France Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l'Environnement, BP 1013, Moorea, Polynésie française 29 Lettre d’information sur les pêches n°80/81 — Janvier/Juin 1997
ÉTUDE DU MARCHÉ DES POISSONS D’AQUARIUM DANS LES PAYS INSULAIRES Tableau 1 : Proportion des destinations pour les poissons marins exportés du Sri Lanka (Wood, 1985), des Maldives (Edwards et Shepperd, 1992) et de Singapour (Wood, 1992). L’année de référence est entre parenthèses. Le total (100%) est indiqué en haut de chaque colonne. (* : données en valeur (milliers de Livres Sterling); ** : quantité (milliers de poissons exportés)) Sri Lanka (84) 800* Maldives (86) 233** Singapour (89) 4190** Royaume-Uni 22% Sri Lanka 69% USA 31% USA 20% Royaume-Uni 14% Royaume-Uni 18% RFA 15% RFA 6% RFA 8% Italie 9% France 5% Italie 8% France 7% Singapour 3% France 7% Belgique 7% USA 1% Suisse 5% Singapour 5% Japon 1% Japon 4% Autres pays 15% Autres pays 1% Autres pays 19% Tableau 2 : Liste des espèces de poissons exportées depuis les rés dans une zone de 15 km de ré- Maldives dont les quantités (individus par an) sont cif autour de la capitale (Malé). supérieures aux rendements théoriques dans les Près de 100 000 poissons étaient pré- zones de pêche. levés par an dans cette zone (1 indi- vidu / an / 100 m2) , ce nombre res- te très faible pour l'ensemble des Espèces Quantités Maldives. exportées D'après les abondances observées Chaetodona auriga 1840 dans le site de pêche et le nombre Chaetodon lunula 230 d'individus exportés par espèce et Chaetodon unimaculatus 60 par an, 27 espèces semblent pou- Chaetodon xanthocephalus 1320 voir être menacées de surpêche et 12 d’entre-elles sont exploitées à un Apolemichthys trimaculatus 330 niveau égal ou supérieur aux rende- Pterois antennata 230 ments estimés, même si certaines Pterois radiata 1910 sont collectées en faible quantité (tableau 2). Sur le plan écono- Balistoides conspicillum 80 mique, cette étude fait état de 600 Rhinecanthus aculeatus 1570 000 FF (valeur FOB) et 25 emplois à plein temps. Le prix des poissons Coris formosa 100 varie d’un facteur 100 selon les es- Macropharyngodon bipartitus 49110 pèces (2,43 dollars É-U en moyen- Novaculichthys taeniourus 1860 ne). L’étude précise que le prix moyen du poisson a été multiplié par 7 de 1980 à 1989. Tableau 3 : Nombre d’individus pêchés et valeur des 5 principales espèces d’organismes marins pêchés pour le com- merce d’aquariologie dans l’État de Hawaï en 1994. Hawaii En 1994, 430 000 poissons d’orne- Species Quantités pêchées Valeur (dollar US) ment ont été collectés à Hawaii. Sur 210 espèces, 5 d’entre-elles repré- Zebrazoma flavescens 199 359 318 262 sentent 71 % des individus (tableau Spirochaetae 51 349 64 788 3). Les 2/3 des poissons sont ven- Ctenochaetus strigosus 22 512 32 092 dus sur place à des exportateurs ou Acanthurus achilles 17 824 71 000 à des détaillants (Miyasaka, 1991, Zanclus cornutus 11 617 34 145 1994). Les poissons pêchés repré- Total 302 661 (71%) 520 287 (62%) sentent 850 000 dollars É-U (1,97 dollars É-U par poisson). En 1994, 30 Lettre d’information sur les pêches n°80/81 — Janvier/Juin 1997
ÉTUDE DU MARCHÉ DES POISSONS D’AQUARIUM DANS LES PAYS INSULAIRES 220 permis commerciaux ont été oc- deux premiers exporta- troyés, mais la pêche et la vente teurs mondiaux de pois- concerne moins de 100 personnes à sons marins d’ornement. plein temps. Aux Philippines, ce mar- ché s’est multiplié par 20 Sri Lanka entre 1970 et 1979 et cette expansion s’est poursui- Une étude réalisée en 1984 (Wood, vie jusqu'en 1990, avec 1985) donnait une liste de poissons plus d’un million de pois- exportés du Sri Lanka représentant sons exportés. Depuis, 29 chaetodontidés, 13 labridés, 11 elle aurait stagné à cause balistidés, 10 pomacanthidés et 9 de l’effet négatif de la acanthuridés. L'estimation donnée pêche au cyanure (Hingco poissons, soit pour les pêcheurs. est de 200 000 poissons exportés et Rivera, 1991). Plus de 2500 per- Nous conseillons instamment d'in- par an, équivalent à un chiffre d’af- sonnes seraient impliquées dans terdire formellement toute utilisa- faire de 3 à 6 MF (FOB). Le nombre cette activité économique. tion de produits chimiques de syn- d’emplois était estimé à moins de thèse ou toute substance naturelle, 500, dont une grande partie n’exer- L’Indonésie exporte de plus en plus pour la pêche des poissons d'orne- çant probablement la pêche que de poissons marins d’ornement. La ment. temporairement. dégradation des sites de pêche, éga- lement causée par le développement Parmi les autres techniques de Puerto Rico de la pêche au cyanure et par la sur- pêche, le filet (barrier net) représen- exploitation, pose de graves pro- te la meilleure technique. Il s'agit Sadovy (1992) précise qu’à Puerto blèmes dans ce pays (Dayton, 1995). de filets de 2 m de haut sur 10 à Rico, 160 à 200 000 poissons d’or- 15 m de long et de mailles infé- nement sont prélevés tout autour Les techniques de pêche rieures à 2,5 cm (Randall, 1987). Les de l’île et exportés. Cinq espèces de poissons d'ornement filets à main ou épuisettes (dip nets) de poissons représentent les 2/3 sont utilisés pour la pêche en sca- des exportations: Gramma loreto, Les techniques de pêche phandre car ils sont sélectivifs. Opistognathus aurifrons, Holacan- thus tricolor, Pomacanthus paru, Ba- Les méthodes de pêche destruc- Il existe aussi une grande variété listes vetula. L’auteur estime que trices sont actuellement le problè- de pièges et de nasses pour captu- certaines espèces sont déjà surex- me le plus grave dans cette activité. rer les poissons marins d'orne- ploitées. Enfin, cette activité repré- Aux Philippines, la pêche au cyani- ment. Il faut veiller à ce que les co- senterait environ 70 emplois dont de de Sodium (NaCn) est interdite, raux vivants ne soient pas retour- 40 à plein temps. mais reste pratiquée dans 80% des nés ou cassés par les pêcheurs pour cas (Hingco et Rivera, 1991). Ce extraire les poissons d’ornement Les Philippines et l’Indonésie poison tue de nombreux poissons qui s’y réfugient. Seuls les filets de lors de la pêche ou durant les se- vide de maille inférieur à 2,5 cm Les données concernant ces 2 pays maines suivantes et est aussi dange- devraient être utilisés, car beau- sont rares, bien qu’il s’agisse des reux pour les pêcheurs eux-même. coup de petites espèces risquent de se blesser dans des mailles moins Des programmes de formation des fines. Les filets dormants, la pêche pêcheurs à d'autres techniques à l'épuisette, les nasses et la plon- sont tentés. Parmi les autres sub- gée en scaphandre peuvent donc stances toxiques pour pêcher les être autorisés. poissons marins d'ornement, ci- tons les insecticides organo-phos- Choix des espèces et des phorés, la quinaldine, le chlore, le quantitées pêchées gas-oil et la dynamite (Randall, 1987; Sadovy, 1992). Puisque les stocks naturels de pois- sons lagonnaires actuellement pê- La quinaldine présenterait un risque chés ne sont généralement pas sui- d'atteinte de la thyroïde sur les vis, l’évaluation des abondances plongeurs. Toutes les substances des poissons d'ornement apparaît chimiques déversées dans l'eau afin injustifiée. Si les prélèvements res- de collecter les poissons d'orne- tent localisés, ils ne mettent pas en ment se sont donc révélées né- péril le stock naturel car celui-ci se fastes, soit pour le milieu ou les reconstitue par le mouvement des 31 Lettre d’information sur les pêches n°80/81 — Janvier/Juin 1997
Tableau des méthodes de régulation dans les principaux pays exportateurs de poissons d’ornement 32 Pays Organisme Nombre de pêcheurs Autorisation Méthode de pêche Restrictions Suivi gestionnaire USA(Floride) Marine 100-125 à plein temps Licence de pêche & Drop net , senne, Taille limite et quotas journaliers pour Pas d’estimation initiale des Fisheries législation d’état épuisette, quinaldine certaines espèces, taille des mailles de peuplements Commission filet limitée USA(Hawaï) Marine 220 permis de pêche, 60 Licence de pêche Filet, nasse Permis spécial pour collecter des Suivi mensuel des pêches par Fisheries emplois à plein temps (commerciale ou non), "liverocks ", restriction pour les espèce et par île et suivi des services Licence d’opérateurs en Madreporaires exportations (quantité & projet valeur) Sri Lanka Aucun 500 au moins Aucun permis Épuisette Non Non Philippines Dept. of 1 500 à 3 000 Opérateurs et plongeurs Tous types de filets, Cyanide de sodium illégal, restriction Pas d’étude antérieure, agriculture licenciés, sites d’élevage, nasses, fusils (cyanide de pêche dans certaines zones collecte suivie dans certains licenciés et inspectés et sodium) sites Maldives Marine environ 25 à temps plein Pas de permis Épuisette, filet Collectes sans contrôle sur 10 % des Quotas établis sur Research récifs, quota général de 100 000 l’estimation des rendements Section , poissons, quotas plus détaillés pour 22 dans la zone autorisée (étude Lettre d’information sur les pêches n°80/81 — Janvier/Juin 1997 Ministère des espèces de Edwards et Shepperds pêches et de 1992) l’agriculture Kenya Département des 8 à temps partiel Licence annuelle de Épuisette Drogues interdites, collectes interdites Pas de suivi pêches pêche (mais législation dans les réserves, agrément contre laxiste) l’exportation des poissons adultes Fidji Fisheries 10 à temps plein, 20 à Pêcheurs licenciés Épuisette Poisons, destruction des coraux Liste d’espèces demandée avec Division temps partiel interdits, quotas d’exportation par chaque consignement exporté compagnie, 50 à 100 000 poissons/an Australie Dept. of Primary 20 à plein temps, 80 à Pêcheurs licenciés Épuisette, filet Collecte permise en dehors des zones Pas de suivi avant collecte, (Grande Industry temps partiel protégées, produits chimiques interdits, quantités prises trimestrielles Barrière de destruction de l’habitat interdit demandées Corail) Palau Ministère des ? Licence de pêche et Filets autorisés, Coraux durs interdits, limite de 20 Pas de suivi ni de quota ressources et du inspection des poisons interdits permis de pêche/an développement opérateurs Puerto Rico Aucun 40 à plein temps, 30 à Pas de permis Tous types de filets, Exportation de coraux durs interdite Propositions de régulation ÉTUDE DU MARCHÉ DES POISSONS D’AQUARIUM DANS LES PAYS INSULAIRES temps partiel nasses, quinaldine (Sadovy 1992) D’après Graham, T. (1996). La gestion des espèces d’aquarium à Palau. Ressources marines et commercialisation. Commission du Pacifique Sud. Bulletin d’information n°1: 15–22.
ÉTUDE DU MARCHÉ DES POISSONS D’AQUARIUM DANS LES PAYS INSULAIRES sons prélevés. Mais les abondances Les petits pays insulaires des poissons contredisent parfois face à ce marché les prévisions de pêche basées sur les estimations des stocks de pois- La collecte des poissons sons, même pour la pêche indus- d’ornement face à la pêche trielle. lagonnaire L'un des principaux facteurs des Les espèces de poissons intéressant fluctuations naturelles des stocks l'aquariologie ne sont pas celles de poissons marins d'ornement est habituellement pêchées pour l'ali- le nombre des larves venant coloni- mentation, ce qui permet de diversi- poissons des zones adjacentes et par ser le récif, qui constitue la véri- fier les espèces exploitées (Couchman la colonisation des larves de pois- table production naturelle de pois- et Beumer, 1991; Edwards et She- sons venues de l'océan (Couchman sons. Puisque la pêche des pois- pherd, 1992). La collecte des pois- et Beumer, 1991; Edwards et She- sons d'aquarium se base sur un sons d'ornement pourrait donc pherd, 1992; Randall, 1987; Wood nombre d'individus et non pas sur aussi être une diversification de la 1992). une biomasse, le taux de colonisa- pêche, sans incidence particulière tion pourrait donner la limite théo- sur les ressources déjà exploitées. Il est donc préférable d'envisager rique exploitable à ne pas dépasser. Des conflits d'intérêts sont toute- un contrôle à posteriori, sur les pois- fois possibles avec certains utilisa- sons déjà capturés pour connaître Mais pour beaucoup d’espèces, le teurs du récif, notamment les tou- les espèces, les sites et les conditions nombre de larves colonisant une île ristes visitant les lagons. d'exploitation (dates, méthode...). donnée, sur une année donnée, se L’étude des stocks naturels des fait au hasard de leur survie dans Évaluation de l'impact poissons d'ornement n'est à envisa- l'océan. Il ne permet donc pas de économique ger que si cette activité prend un prédire quel sera ce nombre dans essor important. une autre île ou l'année suivante. Bien que les considérations écolo- giques doivent permettre de mieux Toutefois, afin de prévenir tous Cependant, à plus petite échelle préserver le milieu naturel, les cri- risques éventuels de surpêche, d’espace et de temps, ce taux de co- tères économiques restent décisifs même faibles, il est souhaitable lonisation est plus facilement pré- dans ce genre d'activité. Les condi- d'appliquer le principe de précau- dictif selon les espèces (Dufour et tions réglementaires pour la collec- tion (Garcia, 1994) afin de définir Galzin, 1993). Par ailleurs, le taux de te de poissons ne doivent donc pas provisoirement des quotas de pêche mortalité des jeunes poissons réci- entraver la rentabilité économique pour les poissons d'ornement pré- faux, très élevé dans les zones réci- de l’activité, sans quoi cette pêche sentant une forte valeur commer- fales durant cette période, diminue serait faite illégalement ou sans re- ciale et une très faible abondance rapidement pour atteindre ensuite tombées économiques. dans les zones récifales. une valeur faible. Le nombre de très jeunes poissons colonisant le récif Il serait par exemple inutile de n'au- Les quotas doivent s’appliquer par est donc bien plus important que ce- toriser la collecte des poissons que espèce selon différents niveaux lui des adultes (Dufour et al. 1996). sur des îles éloignées, car le coût du (par exemple 50, 1 000 et 10 000 transport local rendrait alors les d'individus capturés par an). Ces Contrairement aux méthodes habi- poissons plus chers que ceux pro- quotas pourront être augmentés tuelles de gestion des pêche qui op- duits par les autres pays exporta- après vérification que leur dépas- timisent la biomasse et non pas le teurs. Il faut donc adopter des sement est possible sans menacer le nombre d'individus prélevés, il se- contraintes réglementaires en tenant stock naturel de chaque espèce. De rait ici préférable de collecter les compte des impératifs écologiques, même, pour les espèces endémi- poissons les plus jeunes possible, et ne remettant pas en cause la ren- ques, si une espèce est suffisam- puisque 90% environ disparaitra tabilité économique de cette activité. ment abondante, un quota pourra avant l'âge adulte. être autorisé. Ceci préserverait totalement le stock Les limites de la gestion des des poissons adultes, géniteurs na- stocks de poissons turels de ces larves. Mais les très jeunes poissons à ce stade sont en- La gestion des stocks exploités né- core mal connus et difficile à élever. céssite d'estimer la population sur laquelle se fera le prélèvement, puis à recenser le nombre de pois- 33 Lettre d’information sur les pêches n°80/81 — Janvier/Juin 1997
ÉTUDE DU MARCHÉ DES POISSONS D’AQUARIUM DANS LES PAYS INSULAIRES Cette pêche sera d'ailleurs souvent COUCHMAN, D. & J.P. BEUMER. pratiquée comme activité profes- (1992). The commercial fishery sionnelle secondaire. Pour favori- for the collection of marine ser cette activité, la réglementation aquarium fishes in Queensland, locale devra donc alléger les charges statut and management plan. sur les salaires et accorder des ré- Dept. of Primary Industries, ductions fiscales ou douanières sur Queensland Goverment, 24p. le matériel lié à cette activité. DUFOUR, V. & R. GALZIN. (1993). Co- Recommendations et lonization patterns of reef fish Ceci devrait permettre un dévelop- conclusions larvae to the lagoon at Moorea pement durable de cette activité en Island, French Polynesia. Mari- préservant le milieu naturel. La collecte des poissons marins ne Ecology Progress Serie, 102: d’ornement représente un intérêt 143-152. Evaluation de cette activité économique pour les pays insu- dans les pays insulaires laires. Le développement de cette DUFOUR, V., E. RICLET & A. LO-YAT. activité et si les coûts de transports (1996). Colonization of reef En comparant ce marché dans les et salariaux sont maîtrisés, elle fishes at Moorea Island, French pays exportateurs, on peut considé- pourrait alors rapidement repré- Polynesia: the importance of rer qu'une exportation de 100 000 senter 100 000 poissons pêchés an- the larval flux for the popula- poissons par an représenterait envi- nuellement, soit un chiffre d’affaire tion of resident fishes. Mar. & ron 200 000 dollars É-U de chiffre de 200 000 dollars É-U et 10 à 20 freshw. Res., 47 (2): 413-422. d’affaire et 10 à 20 emplois à plein emplois permanents. temps. EDWARDS, A. J. & A. D. SHEPHERD. Pour préserver la ressource, il fau- (1992). Environmental implica- Hormis quelques pays ayant des dra surtout veiller à ce qu'aucune tions of aquarium-fish collec- surfaces de récif très réduites, la transgression ne s'installe au ni- tion in the Maldives, with pro- faune ichtyologique et l'étendue veau des méthodes de pêche auto- posals for regulation. Env. des structures récifales de la plu- risées. De ce fait, toutes les disposi- Cons., 19 (1): 61-72. part des pays insulaires de la zone tions devront être prises afin de Indo-Pacifique permettrait une tel- pouvoir effectuer des contrôles éven- GARCIA, S.M. (1994). The precautio- le production, comparable à celle tuels lors de la pêche ou des opéra- nary approach to fisheries with des Maldives ou des Fidji. tions ultérieures et d'appliquer des reference to straddling fish sanctions dissuasives. stocks and highly migratory Il est également important de savoir fish stocks, FAO Fisheries Cir- si les coûts de production et d'expor- Nous proposons de réguler l’ex- cular N°871: 1–50. tation des poissons seraient compé- ploitation des espèces les plus sen- titifs face aux pays concurrents. Le sibles selon le principe de précau- fret aérien représentant 50% du prix, tion, en attribuant certains quotas. il reste indépendant des réglemen- Le suivi des quantités exportées ain- tations locales pour cette activité. si que des suivis sur les sites de pêche devraient permettre d’ajuster Cependant, la valeur FOB d’un ces quotas. Si cette activité prend un poisson d’ornement représentant le essor important (> 250 000 poissons coût de la pêche, du stockage, de par an), une surveillance sur le ter- l'emballage et du transport local rain des densités des populations doit également être compétitif. exploitées serait nécessaire afin d’as- surer un développement durable de Les frais de pêche (embarcations, cette activité. Des mesures fiscales essence, équipement...) peuvent incitatives sont aussi à prévoir. être élevés de même que la main d'oeuvre est importante pour cap- Bibliographie turer les poissons à la main. Les coûts salariaux seront donc déter- ANDREWS, C. (1990). The ornamen- minant dans la rentabilité écono- tal fish trade and fish conserva- mique de cette pêche, puisque cer- tion. J. of Fish Biol. 37 (suppl. tains pays exportateurs ont une A): 53-59. main d’oeuvre très bon marché. 34 Lettre d’information sur les pêches n°80/81 — Janvier/Juin 1997
ÉTUDE DU MARCHÉ DES POISSONS D’AQUARIUM DANS LES PAYS INSULAIRES HINGCO, T. G. & R. RIVERA. (1991). MIYASAKA, A. (1994). Statut report SIESWERDA, P. & J. MARQUARDT. Aquarium fish industry in the Aquarium fish collections, fis- (1995). Saving fragile coral eco- Philippines: toward develop- cal year 1993-1993. Division of systems requires cooperation. ment or destruction? p. 249-253. Aquatic Resources, Department Wildlife Cons., July/August In: L.M. Chou et al. (eds). To- of Land and Natural Resources, 1995: 18-25. wards an integrated manage- State of Hawaii, 8 p. ment of tropical coastal re- WOOD, E. (1985). Exploitation of co- sources. ICLARM conference RANDALL, J. E. (1987). Collecting ral reef fishes for the aquarium Proceedings, 22, 455 p. reef fishes for aquaria. p. 30-39. trade. Marine Conservation So- In: B. Salvat (ed.) Human im- ciety, 4 Gloucester road, Roos- MIYASAKA, A. (1991). Hawaii’s pacts on coral reefs: facts and on-Wye, Herefordshire HR9 aquarium fish industry, a busi- recommendations. Antenne 5BU, 121 p. ness profile. Division of Aqua- Museum-EPHE, French Poly- tic Resources, Department of nesia, 253p. WOOD, E. (1992). Trade in tropical Land and Natural Resources, marine fish and invertebrates State of Hawaii, 15 p. SADOVY, Y. (1992). A preliminary as- for aquaria. Proposed guide- sesment of the marine aqua- lines and labelling scheme. Ma- rium export trade in Puerto rine Conservation Society, 4 Rico. Proc. 7th Int. Coral Reef Gloucester road, Roos-on-Wye, Symp., Guam, 2: 1014-1022. Herefordshire HR9 5BU, 35 p. O2@@@@@@@6K? @@@@@@@@@@@@@@@@6X I4@@@@@@@@@)K? I'@@@@@@@6X? ?V'@@@@@@@)X N@@@@@@@@)X? ?@@@@@@@@@)K O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K? ?O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K ?O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0MI4@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K @@@@@@@@@@@@@@@@@@0M I4@@@@@@@@@@@@@@6K @@@@@@@@@@@@@0M? ?I4@@@@@@@@@@@@@6K ?W2@@@@@@@@@@@0M I4@@@@@@@@@@@@6Xhg W&@@@@@@@@@(M? I4@@@@@@@@@@@)X?hf ?O&@@@@@@@@@0Y ?I'@@@@@@@@@1?hf @@@@@@@@@@0M V4@@@@@@@@@Lhf ?J@@@@@@@@0M I'@@@@@@@)X?he O&@@@@@@@? ?V'@@@@@@@)Xhe ?@@@@@@@@@5? V4@@@@@@@)K?h ?@@@@@@@@0Y? ?@@@@@@@@@h W2@@@@@@@(M? ?O2@@6X@@@@@@@@@L?g ?W&@@@@@@@(Y ?W2@@@@@@@V'@@@@@@)Xg W&@@@@@@@(Y? W&@@@@@@@@LV'@@@@@@)X?f 7@@@@@@@(Y 7@@@@@@@@@1?V'@@@@@@)Xf '@6K ?J@@@@@@@(Y? @@@@@@@@@@@??V'@@@@@@)X?e V'@@6K W&@@@@@@(Y @@@@@@@@@@@?eV'@@@@@@1?e ?V'@@@6K 7@@@@@@(Y? @@@@@@@@@@@?e?N@@@@@@@Le V'@@@@@6K?h?J@@@@@@@H @@@@@@@@@@5?f@@@@@@@1e ?V4@@@@@@@@6K?fW&@@@@@@5? @@@@@@@@@(Y?e?J@@@@@@@@e I'@@@@@@@@6K?O&@@@@@@(Y? ?I4@@@@@0YfO&@@@@X?f ?V4@@@@@@@@@@@@@@@@@@H I40Me?O2@@@@@@@)Kf ?I'@@@@@@@@@@@@@@@@L ?O2@@@@@@@@@@@@@@?e V4@@@@@@@@@@@@@@@)K? O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@5?e I4@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0Y?e ?I'@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K ?O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0Mg N@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@6K ?O2@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0M?h ?@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0Mhf ?@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0M?hg ?@@@@@@?gI4@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0M ?@@@@@@?heI4@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@0M? ?@@@@@5? ?I4@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@(M ?@@@@@H? I4@@@@0?4@@@@0MI4@0MI4@@@@@@@@@(Y? J@@@@@ ?@@@@@@@@H 7@@@@5 J@@@@@@@5? 3@@@@H ?W&@@@@@@(Y? N@@@@? W&@@@@@@(Y ?@@@@? ?W&@@@@@@(Y? J@@@@? W&@@@@@@(Y @@@@@? ?O&@@@@@@(Y? N@@@@? ?W2@@@@@@@0Y ?@@@5? O&@@@@@@(M ?@@@H? @@@@@@@@@@@@@@@0Y? ?3@@ ?I4@@@@@@@0M ?N@@ @@ 3@ N@ ?@ ?@ © Copyright Commission du Pacifique Sud 1997 La Commission du Pacifique Sud autorise la reproduction, même partielle de ce document sous quelque forme que ce soit, à condition qu’il soit fait mention de l’origine Texte original : anglais Commission du Pacifique Sud, Division des ressources marines, Section information B.P. D5, 98848 Nouméa Cedex, Nouvelle-Calédonie Téléphone : (687) 262000 – Télécopieur : (687) 263818 – Mél : cfpinfo@spc.org.nc 35 Lettre d’information sur les pêches n°80/81 — Janvier/Juin 1997
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