Un succès insuffisant - Zusammenfassung Riassunto Abstract 265-270 - Peter Lang Publishing

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Jean-Marc Heuberger

                             Un succès insuffisant
                                            Zusammenfassung
                                                Riassunto
                                                Abstract

                                                    265–270

         Anne Fournier, Paola Gilardi, Andreas Härter and Beate Hochholdinger-Reiterer - 9783034327152
                                                 Downloaded from PubFactory at 09/18/2021 10:31:13AM
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Zusammenfassung
            Die Arbeit des Theater HORA wird in ganz Europa anerkannt und
            gefeiert. Bedeutende Regisseurinnen und Regisseure wollen in-
            zwischen mit der Truppe arbeiten. Doch wie steht es heute um die
            Arbeits- und Ausbildungsbedingungen der geistig behinderten
            Schauspielerinnen und Schauspieler? Unsere Untersuchung zeigt
            auf, dass trotz der künstlerischen Anerkennung grosse soziale
            Ungleichheiten fortbestehen. Die HORA-Schauspielenden müssen
            mit gerade einmal 2000 Schweizer Franken pro Monat auskom-
            men. Schlimmer noch: Die Chancen, ihren Beruf zu erlernen, ver-
            schlechtern sich, denn die Invalidenversicherung weigert sich oft,
            ihre Ausbildung zu finanzieren. Gemäss den Verantwortlichen des
            Theater HORA ist es höchste Zeit, dass die etablierten Theater be-
            hinderte Schauspielerinnen und Schauspieler einstellen, weil ein-
            zig auf diese Weise vollständige Gleichheit erlangt werden kann.

                                                             Riassunto
                                                   Il lavoro artistico del Theater HORA è riconosciuto e accolto con
                                                   favore in tutta Europa e diversi grandi registi sono interessati a
                                                   collaborare con la compagnia. Ma come si presenta attualmente
                                                   la situazione per attrici e attori con una disabilità cognitiva dal
                                                   punto di vista delle condizioni di lavoro e della formazione profes-
                                                   sionale? Dalla nostra ricerca emerge che, malgrado il riconosci-
                                                   mento artistico, sul piano sociale persiste una grande disparità.
                                                   Le attrici e gli attori del Theater HORA sono costretti a sopravvi-
                                                   vere con circa 2000 franchi svizzeri al mese e, ciò che è più grave,
                                                   le possibilità di apprendere i ferri del mestiere stanno peggioran-
                                                   do, dato che spesso l’Assicurazione invalidità rifiuta di finanziare
                                                   la loro formazione. Secondo i responsabili della compagnia, i te-
                                                   atri stabili dovrebbero assumere anche attrici e attori con un
                                                   handicap: questa sarebbe l’unica soluzione per raggiungere la
                                                   parità a tutti gli effetti.

                                                              Abstract
                                 The work of Theater HORA is recognised and celebrated all over
                                 Europe, and great stage directors henceforth want to work with
                                 the troupe; but what about the conditions of work and the training
                                 of mentally handicapped actors, today? Our enquiry shows that
                                 major social inequalities persist, despite all the artistic recogni-
                                 tion. The actors of Theater HORA have to survive on around CHF
                                 2 000 per month. Even worse, their chances of learning the pro-
                                 fession are deteriorating; for the Swiss Invalidity Insurance often
                                 refuses to finance their training. For those in a position of respon-
                                 sibility at Theater HORA, it is high time that established theatres
                                 employ some handicapped actors – the only solution in order to
                                 attain a complete equality.

         Anne Fournier, Paola Gilardi, Andreas Härter and Beate Hochholdinger-Reiterer - 9783034327152
                                                                                    265 10:31:13AM
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Jean-Marc Heuberger

                             Un succès insuffisant

                     Le travail artistique du Théâtre HORA est reconnu et fêté
                     dans toute l’Europe. Mais derrière ce succès, il y a une so­
                     ciété qui ne soutient toujours pas vraiment les aspirations
                     scéniques des personnes en situation de handicap. Leurs
                     possibilités de formation se détériorent même. La troupe
                     HORA lutte pour que les théâtres professionnels intègrent
                     désormais des actrices ou acteurs handicapés.
                             Zurich, mi-mai 2016. La troupe HORA revient d’une
                     nouvelle tournée en Indonésie. Voilà quatre ans que ces
                     actrices et acteurs handicapés mentaux jouent Disabled
                     ­ heater, spectacle créé en 2012 en collaboration avec Jérôme
                     T
                     Bel. Un succès mondial sans précédent. Pourtant, chez ces
                     actrices et acteurs, toujours aucun signe de lassitude : « Dans
                     l’avion du retour, j’ai eu le droit de distribuer les chocolats
                     aux passagers – je vous le dis, c’était tout simplement gé­
                     nial, Yououh ! », déclare Gianni Blumer durant le débrie­
                     fing, avant de serrer le poing en signe de victoire. Plus tard
                     dans l’interview, Gianni Blumer ajoute : « Un jour, je veux
                     marcher sur le tapis rouge aux côtés de Jennifer Lawrence. »
                             Un succès qui leur monte à la tête ? La direction du
                     Théâtre HORA en tous cas soutient l’aspiration de ses ac­
                     trices et acteurs à des carrières individuelles sur les grandes
                     scènes. Car pour l’instant, les artistes en situation de han­
                     dicap restent la plupart du temps confinés dans des troupes
                     pour invalides. « Même si nous collaborons régulièrement
                     avec des troupes ou des metteurs en scène de renom, il fau­
                     drait maintenant faire un pas de plus », revendique Gian­
                     carlo Marinucci, le directeur administratif du Théâtre

         Anne Fournier, Paola Gilardi, Andreas Härter and Beate Hochholdinger-Reiterer - 9783034327152
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HORA. Le Zurichois souhaiterait que les grandes troupes
                             de théâtre, comme celle du Schauspielhaus de Zurich, in­
                             tègrent de façon permanente un ou deux acteurs handi­
                             capés dans leurs rangs.

                                           Inclusion contestée

                             Une analyse que ne partage pas Anja Dirks, directrice du
                             Festival Belluard de Fribourg et membre du jury des Prix
                             suisses du théâtre. Selon elle, « ces acteurs ont besoin d’une
                             structure et d’un encadrement particulier pour pouvoir évo­
                             luer selon leurs besoins ». Contacté, le Schauspielhaus de
                             Zurich, l’une des plus grandes troupes du pays, ne veut pas
                             s’exprimer sur la possibilité d’intégrer un jour un acteur ou
                             actrice handicapé-e. « Nous préparons une première pro­
                             duction en collaboration avec HORA (Les 120 journées de
                             Sodome, mise en scène par Milo Rau), ça nous permettra
                             d’apprendre à nous connaître », explique le porte-parole
                             du Schauspielhaus de Zurich.
                                      Gilles Anex, co-fondateur de l’association gene­
                             voise Autrement-Aujourd’hui et du Théâtre de l’Esquisse,
                             une troupe professionnelle fondée en 1984 avec 10 à 12 ac­
                             teurs handicapés mentaux, est également sceptique. « Les
                             comédiens sans et avec handicap ont des registres de jeux
                             très différents, les spectacles qui les associent sont parfois
                             déséquilibrés. » Même s’il n’exclut pas qu’un acteur ou ac­
                             trice handicapé-e puisse faire une carrière hors des troupes
                             spécialisées, le Genevois souligne l’intérêt de développer
                             un langage artistique contemporain avec ces acteurs « ex­
                             tra-ordinaires ». « Si on travaille spécifiquement avec elles,
                             les personnes en situation de handicap peuvent nous mon­
                             trer une poésie, des émotions différentes, affirmer un ter­
                             ritoire. C’est cela qui est intéressant. »
                                      Pourtant, selon Urs Beeler, responsable de la forma­
                             tion au Théâtre HORA, les actrices et acteurs de la troupe ont
                             envie de faire des expériences dans des troupes d’artistes
                             sans handicap. « Il faudrait leur en donner la possibilité,
                             pour qu’ils voient ce que c’est. » Pour Giancarlo Marinuc­
                             ci, « ce serait seulement comme ça qu’on atteindrait une
                             véritable intégration ; on ne pourrait par exemple plus les
                             payer différemment des acteurs sans handicap. Bien sûr, cela
                             nécessiterait un accompagnement particulier, mais nous
                             pourrions proposer des modèles d’encadrement pour un
                             seul acteur handicapé, on trouverait des solutions ».

         Anne Fournier, Paola Gilardi, Andreas Härter and Beate Hochholdinger-Reiterer - 9783034327152
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Droit à la formation gagné devant le tribunal

                     En attendant d’atteindre ce nouvel objectif, c’est une autre
                     évolution qui inquiète les responsables de HORA. Depuis
                     2009, ceux-ci proposent une formation à plein temps de
                     deux ans. Toutefois, depuis la dernière révision de l’Assu­
                     rance invalidité (AI), l’assurance ne finance plus systéma­
                     tiquement l’entier de cette formation, regrette Urs Beeler.
                             Tel est ce qu’illustre l’histoire de Lucas Maurer, un
                     jeune trisomique d’Adliswil (Zurich). Repéré pour ses talents
                     particuliers lors d’un workshop, le jeune garçon décide en
                     2014 de faire la formation d’acteur mise en place par Urs
                     Beeler. Mais au bout d’un an, l’Office zurichois de l’AI refuse
                     de continuer à payer les cours, qui coûtent quelques 50 000
                     francs par an. Motif invoqué par l’AI : Lucas n’a quasi aucune
                     chance de gagner sa vie sur le marché du travail régulier, soit
                     dans des troupes de théâtre professionnelles.
                              « L’AI a tenté de nous décourager de faire recours,
                     en écrivant que cela nous coûterait très cher », raconte le
                     père de Lucas, Daniel Maurer. Mais la famille ne se laisse
                     pas impressionner. Elle s’assure auprès de son assurance
                     juridique que les éventuels coûts de justice seraient cou­
                     verts, puis avec l’aide de l’association Inclusion Handi­
                     cap, elle fait recours devant le Tribunal des assurances de
                     Winterthur.
                             Au début de l’été 2016, la cour finit par donner raison
                     à Lucas Maurer. En faisant référence à la loi suisse sur la for­
                     mation professionnelle et aux droits de l’homme, les juges
                     concluent que Lucas a le droit – comme tout être humain –
                     à une formation complète. « On sent que l’AI est sous pres­
                     sion et qu’elle doit économiser », constate Daniel ­Maurer.
                     « Mais nous avons bien fait de nous battre », conclut le père,
                     qui espère que ce jugement fera jurisprudence et que les of­
                     fices AI financeront désormais une formation complète aux
                     jeunes trisomiques.

                                L’AI reste inflexible

                     Tout n’ira pourtant pas si vite. L’Office AI du canton de Zu­
                     rich accepte certes le verdict du tribunal et paie l’­intégralité
                     de la formation de Lucas. Mais l’Office zurichois de l’AI ne
                     veut pas modifier sa pratique en général, celle-ci reposant
                     sur les recommandations de l’Office fédéral des assurances
                     sociales : « Notre but est qu’après leur formation, nos clients

         Anne Fournier, Paola Gilardi, Andreas Härter and Beate Hochholdinger-Reiterer - 9783034327152
                   Un succès insuffisant         Downloaded from PubFactory268at 09/18/2021 10:31:13AM
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et clientes trouvent une place de travail », écrit la porte-pa­
                             role de l’Office AI du canton de Zurich, Daniela Aloisi. « C’est
                             bien sûr plus facile lorsqu’on fait une formation pour laquelle
                             il y a suffisamment de places de travail. La formation pro­
                             posée par le Théâtre HORA représente certainement un en­
                             vironnement encourageant et créatif. Mais dans notre fa­
                             çon de voir les choses, nous devons nous demander si notre
                             client pourra toucher un salaire, qui permettra de réduire
                             sa rente. »
                                      Selon Urs Beeler, les possibilités de formation pour­
                             raient même encore se détériorer. « La prochaine réforme
                             de l’AI prévoit que les personnes en situation de handicap se
                             forment entièrement sur le marché régulier. Pour nous, ce
                             serait une catastrophe. Les handicapés ont besoin de temps
                             et d’un environnement adapté pour se former. »
                                      Selon Petra Kern, juriste chez Inclusion Handicap,
                             seul un jugement du Tribunal fédéral permettrait d’assurer
                             une formation de deux ans aux handicapés mentaux. Un
                             cas est actuellement en cours d’examen devant les juges du
                             Tribunal fédéral. Le verdict est très attendu par les organi­
                             sations de défense des handicapés.

                                           Jongler avec les ateliers protégés

                             Les actrices et acteurs de HORA restent toutefois privilé­
                             giés. Dans le reste de la Suisse, les personnes handicapées
                             qui souhaitent s’exprimer sur scène doivent le faire durant
                             leur temps libre. « Pour ceux qui travaillent dans les ateliers
                             protégés, il n’est pas facile de trouver le temps et l’argent
                             nécessaire », relève Catherine Formica, la coordinatrice de
                             Danse Habile, une troupe genevoise dite “inclusive”, formée
                             de 12 danseuses et danseurs dont 7 en situation de handicap.
                             « Nous devons parfois recourir à des sponsors pour financer
                             les cours de ceux qui ne peuvent pas les payer. »
                                     Pour Gilles Anex du Théâtre de l’Esquisse, les per­
                             sonnes en situation de handicap devraient pouvoir choi­
                             sir plus facilement un travail artistique. Mais selon lui, « il
                             existe un verrou administratif dans le système social. On
                             voit encore trop souvent le théâtre comme une façon de faire
                             du bien aux handicapés, alors que ces acteurs peuvent avoir
                             un réel apport artistique et effectuer un véritable parcours
                             dans ce domaine. », regrette Gilles Anex. Le Genevois re­
                             lève toutefois que la collaboration avec les ateliers protégés,
                             où travaillent habituellement les comédiens du Théâtre de

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l’Esquisse, se passe bien. « Mais de manière générale, la
                     possibilité d’un statut professionnel devrait être renforcée
                     et évoluer. »

                                Stars au salaire minimum

                     De retour à Zurich, dans la salle de répétition du Théâtre
                     HORA. Reflet de la réalité sociale de ces artistes, à la pause de
                     midi, Gianni Blumer et ses camarades prennent place autour
                     d’une table dans le couloir. Chacun sort un petit casse-croûte
                     soigneusement préparé à la maison. Ces stars ont beau tra­
                     vailler à plein temps, leurs revenus sont bas. HORA les paye
                     en moyenne 370 francs par mois. À cela s’ajoute une rente
                     invalidité qui s’élève à 1 500 francs par mois. Puis – au cas par
                     cas –, ils reçoivent des prestations complémentaires pour le
                     logement ou les transports, précise Giancarlo ­Marinucci, le
                     directeur administratif du Théâtre HORA : « L’Etat s’assure
                     qu’ils disposent du minimum vital. »
                               Une situation que peine à accepter Giancarlo
                     ­Marinucci : « C’est une contradiction, nous leur permettons
                      via notre travail artistique une très grande indépendance,
                      mais le système social leur enlève toute autonomie. » Même
                      si elle se présente aujourd’hui sur les plus prestigieuses
                      scènes du monde et touche les gages habituels sur le mar­
                      ché, la compagnie HORA reste sur le papier une institution
                      pour handicapés comme une autre, un atelier protégé. Du
                      succès théâtral à la reconnaissance sociale, le chemin pour­
                      rait être encore long. Le Théâtre HORA promet de continuer
                      à se battre.

         Anne Fournier, Paola Gilardi, Andreas Härter and Beate Hochholdinger-Reiterer - 9783034327152
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