Vision 2025 #OurFutureisBright - " L'avenir est une unité temporelle vide de contenu, donc pleine de possibilités. " - APB
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Vision 2025 #OurFutureisBright] [ « L’avenir est une unité temporelle vide de contenu, [ donc pleine de possibilités. »]
« Vision 2025 [#OurFutureisBright] » Un livre blanc de l’Association Pharmaceutique Belge Décembre 2020 Page | 2
Table des matières INTRODUCTION • Le pharmacien en 2025 4 1ère PARTIE : Explorer l’avenir • Une exploration prospective à 5 dimensions 6 o Répondre aux attentes de nos concitoyens 7 o De nouveaux services de soins en pharmacie 9 o Le modèle économique de la pharmacie 13 o La collaboration dans la chaîne de soins 17 o La transformation digitale de la profession 19 • La pharmacie d’officine en 2025 : notre ambition 21 2ème PARTIE : Construire l’avenir • Le futur commence aujourd’hui 24 • Témoignages du futur : 6 pistes pour le pharmacien de demain o Le héros Local 26 o Le coach santé 31 o Le préparateur 36 o L’innovateur 41 o L’entrepreneur 46 o Le héros volant 51 CONCLUSION • Cap sur 2025 ! 55 ANNEXES • La revue de littérature 58 • Les interviews de Key Opinion Leaders 71 • Vision 2025 : Key Facts & Figures 90 • Remerciements 95 Page | 3
Le pharmacien en 2025 Lors du Conseil fédéral de février 2019, le Comité directeur de l’APB a émis la proposition de lancer un exercice de vision stratégique, en se donnant 2025 (et au-delà) pour horizon. Vous en tenez aujourd’hui le résultat entre les mains ; un livre blanc cocréé grâce à l’apport de nombreux intervenants extérieurs à notre secteur, mais aussi de pharmaciens membres, de futurs confrères et de collaborateurs de l’APB et de ses organisations affiliées. Le secteur officinal a déjà franchi plusieurs étapes fondamentales ces dernières années afin d’anticiper et d’assurer son avenir en prenant sa place dans la chaîne des soins au service de la santé et du citoyen/patient : ancrage légal des soins pharmaceutiques, réforme du système de rémunération, développement du Dossier Pharmaceutique Partagé, initiatives dans le domaine de la qualité, mise en œuvre du pharmacien de référence. Il était temps de préciser plus encore notre vision d’avenir et d’éprouver notre stratégie à l’aune d’attentes et de tendances sociétales majeures. Au cours des prochaines années, les défis à relever par les pharmaciens et l’ensemble du secteur des soins de santé seront considérables. Il faudra notamment résoudre l’équation du vieillissement et de l’augmentation du nombre de malades chroniques sans hypothéquer l’accessibilité et la viabilité financière de notre système de santé. Il est capital d’être proactif à cet égard. Or, s’il peut exploiter de manière optimale ses compétences et atouts spécifiques, le pharmacien pourra, dans un contexte multidisciplinaire intégré, apporter une contribution importante à la résolution de cette équation. En tant que fédération professionnelle, l’APB mettra tout en œuvre – avec vous, ses membres – pour transformer ces défis en opportunités. Ce livre blanc entend montrer que notre secteur croit fermement en un avenir solide pour le pharmacien d’officine en tant que maillon incontournable de la chaîne de soins et partenaire essentiel des patients et des citoyens dans la prise en charge ou la préservation de leur santé. Nous voulons aussi – et surtout – que vous puissiez vous approprier cette vision d’avenir et l’appliquer. C’est pourquoi, une série de pistes concrètes sont également proposées ; autant d’actions à envisager et à mettre en œuvre dès maintenant afin de passer le cap de 2025 avec confiance. Ce document a vu le jour grâce à la collaboration de nombreuses personnes, diplômées en pharmacie ou non, actives dans le secteur de la santé ou non. Qu’elles en soient toutes sincèrement remerciées. Pharmacien d’officine, une profession dont vous – et la société dans son ensemble – pouvez être fiers ! Page | 4
1ère PARTIE [ Explorer l’avenir] « Les officinaux devraient (…) être les premiers bénéficiaires [ de l’évolution du monde de la santé et en particulier de leur secteur d’activité. A condition de se donner les moyens de leurs ambitions. »] Page | 5
Une exploration prospective à 5 dimensions A quoi ressemblera la profession de pharmacien d’officine d’ici 5 ans ? Et au-delà ? Quelles orientations suivre pour intégrer les évolutions technologiques et ancrer durablement la pharmacie de proximité dans notre système de soins ? Quels (nouveaux) services offrir en officine pour répondre à l’évolution des besoins et des attentes de la population ? Sur la base d’un premier travail d’analyse mené en interne à l’APB au début de l’année 2019, 5 thématiques – évolutions sociétales ou dimensions clés de l’officine – ont été identifiées et sélectionnées pour amorcer et baliser notre exploration prospective. Validées et étayées par une revue de la littérature (publiée entre 2015 et 2019) sur l’évolution de la → Les attentes de nos pharmacie (cf. Annexe 1, p. xx), ces 5 thématiques ont concitoyens évoluent ensuite été utilisées pour structurer les interviews d’une → De nouveaux services vingtaine d’experts et leaders d’opinion issus de de soins en pharmacie différents horizons professionnels (cf. Annexe 2, → Le modèle économique p. xx). de la pharmacie → La collaboration dans En recoupant le matériel collecté lors de ces 2 étapes la chaîne de soins avec les priorités stratégiques définies ces dernières → La transformation digitale années en matière de développement professionnel, et de la profession en y adjoignant une analyse quantitative de données socio-économiques ainsi que les résultats, d’une part, des 2 journées de table ronde interactive organisées en septembre et en décembre 2019, et, d’autre part, de l’action menée sur Facebook en juin 2020, l’APB a formulé ses ambitions pour la pharmacie d’officine de demain. Avant de vous les présenter, nous vous invitons à plonger brièvement dans chacune des 5 dimensions explorées. Page | 6
1/ Répondre aux attentes de nos concitoyens Influencées notamment par la révolution numérique et l’innovation technologique, les comportements et les attentes de nos concitoyens – qu’ils soient patients ou clients – évoluent. S’adapter pour être capable d’y répondre efficacement constitue un défi permanent. Mais ces évolutions ouvrent également de réelles opportunités pour l’avenir de notre secteur, car les pharmaciens d’officine possèdent des atouts indéniables et solides à exploiter, développer et/ou adapter au mieux. Les attentes de nos concitoyens évoluent… • Dans notre société, la santé et le bien-être sont devenus des préoccupations majeures pour une large partie de la population. En corollaire de cet intérêt accru, les attentes des patients augmentent tant vis-à-vis de la qualité des soins que de la qualité de vie. • Les patients sont aujourd’hui, souvent, mieux informés. En fonction de leurs capacités et compétences, ils se prennent en charge plus efficacement, renforcent leur position dans le système de santé et revendiquent plus d’autonomie et de contrôle sur leurs soins. Ils veulent pouvoir faire des choix éclairés et n’hésitent plus à solliciter un deuxième, voire un troisième avis. • Dans ce contexte, la relation humaine et de confiance construite avec le prestataire de soins revêt une importance capitale. Demandeurs de proximité, les patients et clients souhaitent bénéficier de conseils, de services et de soins personnalisés, taillés sur mesure pour répondre à leurs besoins spécifiques. • A l’ère de l’immédiateté et de l’hyperconnectivité, de plus en plus de clients et patients souhaitent pouvoir faire appel aux services proposés quand et là où cela les arrange le mieux. Et sans perdre de temps : le trio « rapidité, efficacité, simplicité » est un must. • Cerise sur le gâteau – le domaine de la santé n’échappant pas à cette évolution –, l’expérience du consommateur doit être positive et, si possible, agréable. La proximité S’il est un enseignement majeur à tirer de la crise du coronavirus quant à la place et à l’avenir de notre profession, c’est bien ce rôle fondamental joué en première ligne par les pharmaciens, en proximité directe de la population. Au-delà d’une fonction sociale de plus en plus importante, dans une société vieillissante et auprès notamment de personnes fragilisées, précarisées, isolées ou en perte de lien social, le pharmacien est, et restera, l’acteur de santé le plus proche des gens, toujours disponible pour les conseiller, les informer, les rassurer, les éduquer ou les orienter. Cette proximité, alliée à la dimension Page | 7
humaine, constitue un atout considérable, notamment en vue d’une éventuelle diversification des services proposés par le pharmacien et son équipe officinale. L’accessibilité Grâce à ses contacts avec l’ensemble de la population et à son expertise et ses compétences directement accessibles, 24h/24h, sans rendez-vous, le champ d’activité potentiel du pharmacien en santé publique est très vaste. Au travers de l’analyse des demandes de produits qui lui sont faites, il est, par exemple, le seul acteur de soins à pouvoir « capter » des plaintes de santé non exprimées, y compris de personnes ne bénéficiant d’aucun suivi médical. A l’instar du rôle accru qu’il pourrait jouer en matière de sensibilisation à une meilleure hygiène de vie et de détection précoce ciblée, cette capacité à faire entrer de façon proactive des personnes dans un parcours de soins constitue, dans le contexte de l’évolution attendue des soins de santé, une valeur ajoutée essentielle. Demain, cette accessibilité physique de l’officine devra se doubler d’une accessibilité et d’une présence digitales optimales pour répondre non seulement aux nouveaux modes de consommation mais aussi aux demandes des patients connectés, informés et mobiles, souvent désireux de maintenir un contact avec un interlocuteur de confiance. Si parvenir à concilier harmonieusement les contacts digitaux et la relation humaine constitue un défi de taille, la communication digitale a aussi le potentiel de prolonger les liens entretenus avec les patients, de renforcer la confiance et le sentiment de proximité, et, partant, d’améliorer « l’expérience client » et la satisfaction du patient tout en assurant un service de qualité irréprochable. La qualité De par son expertise en matière de médicaments et de produits de santé, le pharmacien est en mesure d’offrir des conseils et des services de soins pharmaceutiques de qualité élevée, vectrice de confiance et de satisfaction. Demain, outre le contrôle de la qualité des produits délivrés, la mise en œuvre de programmes de qualité associés à un dispositif de certification des pharmacies devrait permettre non seulement d’assurer une qualité uniforme sur l’ensemble des activités de l’officine, améliorant son efficience, mais aussi d’accroître la visibilité de cette qualité pour la population. La confiance En corollaire de la proximité et de l’accessibilité, des contacts réguliers qu’il entretient avec la population et de la qualité qu’il délivre, le pharmacien jouit d’un énorme capital confiance auprès de la population. Ce qui lui permet notamment de bien connaître ses patients et leurs besoins spécifiques, et d’être ainsi en mesure de leur offrir des soins et un accompagnement personnalisés. Une personnalisation qui devrait encore s’accroître à l’avenir avec l’afflux de données de santé qui seront gérées par le pharmacien ou auxquelles il aura accès (et qui dépasseront le seul lien avec le médicament). Page | 8
2/ De nouveaux services de soins en pharmacie Entamée timidement il y a plus d’un quart de siècle avec l’adoption du concept de Soins Pharmaceutiques, la « La profession doit mutation de notre profession va se poursuivre et l’avenir se réinventer » … de l’officine, en Belgique comme dans le reste du monde, devrait être indissociable de la prestation de Vraiment ?! services pharmaceutiques (en présentiel ou à distance) En réalité, le virage entamé, centrés sur le patient. il y a une vingtaine d’années Si notre pays accuse un certain retard dans le dans notre pays, vers la déploiement de nouveaux services notamment par prestation de services de soins pharmaceutiques était rapport aux pays anglo-saxons, il possède déjà des déjà décisif pour notre bases solides : le concept de pharmacien de référence profession. Car c’est bien et les autres avancées prévues dans le Cadre cette évolution, qui s’appuie pluriannuel pour le patient avec les pharmaciens sur des compétences d'officine signé en mars 2017 visant, d’une part, à professionnelles ancrer le pharmacien en tant que membre à part entière « disponibles » et des bases de la première ligne de soins et, d’autre part, à solides, qu’il paraît souhaitable reconnaître la pharmacie comme une porte d'entrée de poursuivre, d’approfondir, majeure dans la chaîne de soins, consacrant son rôle en de renforcer et de diversifier matière de prévention et d'orientation des patients. pour assurer la pérennité de notre profession. Sur ces bases vont pouvoir venir se greffer de nouveaux services d’accompagnement et de suivi capables de répondre notamment aux besoins spécifiques des patients chroniques polymédiqués désireux de rester autonomes le plus longtemps possible. La Note de Politique générale du ministre Frank Vandenbroucke, prévoit d’ailleurs explicitement la poursuite de la réflexion sur le futur rôle du pharmacien. Mais avant de procéder au lancement de nouveaux services de soins, il pourrait être utile de les tester dans le cadre de projets pilotes, d’analyser de façon rigoureuse les résultats de cette phase de test et, dans la mesure du possible, d’évaluer leur rapport coût-efficacité et leur retour sur investissement. Par ailleurs, la légitimité du pharmacien en tant que prestataire de soins de premier recours permet également d’envisager le développement de nouveaux services de coaching santé et le renforcement de l’accompagnement responsable de l’automédication (au travers notamment d’un encodage des données dans le dossier pharmaceutique du patient et de leur intégration dans son schéma de médication). Page | 9
Au-delà de la dispensation, quels types de services rémunérés les pharmacies d’officine fournissent-elles à travers le monde ? “The Pharmacist Guide to Implementing Pharmaceutical Care”, edited by Filipa Alves da Costa, J. W. Foppe van Mil, Aldo Alvarez-Risco, Springer International Publishing AG, 2019 Des évolutions attendues sur les 3 axes de développement professionnel 1/ (Suivi des) soins pharmaceutiques – Elargissement des missions du pharmacien (de référence) → Etant donné l’importance des coûts évitables générés par les problèmes liés aux médicaments (problèmes d’observance thérapeutique, faible niveau de littératie en santé au sein de la population et problèmes liés à la polymédication), les gains d’efficience réalisables grâce à la mise en place de nouveaux services de suivi du traitement (revue de la médication, support à la littératie en santé, soutien aux soins transmuraux) et en faveur du bon usage des médicaments (entretiens Page | 10
d’accompagnement BUM, suivi et soutien à l’adhésion thérapeutique) sont considérables. → L’accès, pour les pharmaciens, à certaines données de santé devrait leur permettre d’être plus impliqués dans le suivi actif de la médication, d’accroître le niveau de littératie en santé, et de mener une revue de la médication optimale. D’autre part, le cas échéant, les pharmaciens devraient pouvoir mesurer certains paramètres biologiques et cliniques comme la tension artérielle, le taux de cholestérol ou la glycémie afin d’assurer un suivi de la thérapie (sur la base du niveau d’adhésion thérapeutique) entre deux consultations médicales et, dans certains cas, d’effectuer, sur la base de protocoles validés, le renouvellement d’un traitement chronique ou, a contrario, de référer le patient plus précocement vers son médecin généraliste. → Les pharmaciens devraient également avoir l’autorisation de délivrer, dans certaines situations concertées avec les médecins, des médicaments soumis à prescription mais qui seraient délivrables en officine sur la base de protocoles validés. → Les innovations technologiques vont par ailleurs créer de nouveaux services d’accompagnement à distance (notamment de suivi de l’adhésion thérapeutique). Ces outils devront être évalués et répondre aux besoins spécifiques des patients, mais les pharmaciens pourraient assumer ce type de service dans le cadre du suivi des patients chroniques, par exemple. → La concertation avec les médecins généralistes sera, sur ces différents domaines d’évolution de la profession de pharmacien, un élément capital vu l’importance de la relation de travail entre ces deux professions et les gains d’efficience potentiels. 2/ Prévention → Dans sa Note de Politique générale, le nouveau gouvernement a indiqué sa volonté, dans le cadre du financement de la première ligne, de favoriser notamment la prévention et de promouvoir le rôle des intervenants de cette première ligne (médecin traitant, personnel infirmier et pharmacien) en la matière. Les expériences menées dans nombre de pays étrangers ont prouvé que la participation des pharmaciens à la vaccination était une intervention coût-efficace, susceptible d’améliorer sensiblement la couverture vaccinale. D’autres interventions officinales, par exemple dans le domaine du soutien à la modification des comportements (personnes en situation de prédiabète, cessation tabagique…), ont aussi déjà prouvé leur efficacité. Page | 11
3/ Orientation → Le diagnostic tardif de nombreuses pathologies chroniques est un problème de santé publique majeur (perte d’autonomie, de qualité de vie voire « de chance », conséquente à l’instauration tardive du traitement), qui génère également des dépenses de santé évitables. De par sa position spécifique dans la chaîne de soins, le pharmacien est particulièrement bien placé non seulement pour contribuer à la détection précoce de pathologies chroniques et, dans le cadre d’actions de dépistage ciblée, d’orienter les personnes dépistées vers un médecin, mais aussi pour déterminer le profil de risque d’une personne se présentant notamment avec une demande en automédication (premier recours pour une majorité de la population) et de l’orienter, si nécessaire, vers la prise en charge adaptée. En Belgique, des projets pilotes centrés sur le diabète ont donné des résultats très intéressants. Suivis par un passage chez le médecin généraliste, des tests réalisés en officine ont permis de détecter un diabète chez des personnes qui l’ignoraient et d’en sensibiliser d’autres sur leur état de prédiabète. Sachant que la perte de masse pondérale et un exercice quotidien modéré permettent de réduire de moitié le risque de devenir diabétique, on mesure à quel point ce type d’approche par un professionnel facilement accessible est prometteur. Dans un contexte multidisciplinaire, l’accessibilité du pharmacien est l’une des clés évidentes du succès. Elle contribue ainsi au renforcement de l’efficacité de la 1e ligne, sans porter atteinte aux compétences médicales. Libérer du temps pour les soins Plus encore qu’aujourd’hui, le pharmacien de demain devra pouvoir engranger des gains d’efficience aux niveaux logistique (gestion des stocks, portage au domicile…) et administratif (gestion du facturier) afin de dégager plus de temps pour les activités de soins (cf. aussi le modèle économique de la pharmacie). Une automatisation bien pensée de l’officine, au travers notamment de l’intégration progressive de nouvelles avancées dans les domaines de la robotique et de l’intelligence artificielle, pourraient apporter ces gains d’efficience. Mais ceux-ci pourraient l’être également en faisant appel à des compétences humaines externes dans le cadre d’une collaboration élargie entre pharmaciens. Page | 12
3/ Le modèle économique de la pharmacie Il y a 10 ans, le système de rémunération des pharmaciens d’officine était réformé en profondeur et la notion d’honoraires liés à des actes pharmaceutiques faisait son apparition en Belgique. Une véritable révolution – à l’œuvre également, à des degrés divers, dans nombre de pays étrangers – qui reste toutefois La viabilité de la profession de inachevée. En 2019, la marge économique des officines était indexée et stabilisée ; nos autorités pharmacien : un défi mondial ayant compris que les mesures d’économie Dans le cadre d’une Déclaration imposées sur les spécialités pharmaceutiques ne de politique appelant les décideurs politiques et les gouvernements à pouvaient continuer indéfiniment à fragiliser un s’intéresser à la rémunération des secteur essentiel des soins de santé. Etant donné pharmaciens et à la viabilité de leurs l’évolution attendue du métier vers la prestation services, la Fédération Internationale d’une palette plus large de services de soins, c’est Pharmaceutique a notamment invité les toutefois le modèle économique de la pharmacie gouvernements, mi-septembre 2020, dans son ensemble qui doit être adapté. à: Quel mode de rémunération ? • « reconnaître que la viabilité de la profession de pharmacien est une Afin d’éviter tout impact négatif sur la qualité des question qui concerne le secteur de la soins et la consommation médicamenteuse, il est santé au sens large et la société dans souhaitable de supprimer, en grande partie voire son ensemble, et qu'elle doit être totalement, pour les médicaments, le lien entre la considérée comme une priorité immédiate afin de garantir l'accès aux rémunération et le volume délivré. Mais une telle médicaments et leur usage optimal en réforme du système de rémunération ne pourra se vue d’obtenir les résultats souhaités faire qu’à la condition de disposer de garanties pour les patients ; fermes quant au niveau des revenus futurs et • concevoir des modèles de d’assurer un accompagnement correct de la rémunération qui reconnaissent la valeur que les pharmaciens transition. apportent en optimisant le bon usage Plusieurs modèles, partiels ou globaux, sont des médicaments, en obtenant des résultats de santé positifs pour leurs possibles. Une piste intéressante pour faire patients et en contribuant au système évoluer progressivement le système de de santé dans son ensemble ; rémunération est le « modèle cappuccino » • promouvoir des incitants récompensant développé par le Néerlandais Guus Schrijvers, les services de qualité à valeur ajoutée Professeur honoraire en Santé publique et qui sont axés sur les besoins de la population en matière de santé et Economie de la Santé au Centre Médical associés à l'optimisation des soins Universitaire d’Utrecht. Ce modèle propose pharmaceutiques. » un système mixte, composé de strates successives, dont la première est une part structurelle (fixe) de revenus. Vient ensuite la strate la plus importante, à savoir la part forfaitaire (paiement à la capitation), puis les parts à l’acte et à l’objectif, ainsi qu’une part éventuelle à charge du patient, des assureurs complémentaires ou d’autres partenaires privés. Page | 13
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Le principe du partage des gains (« shared savings ») Les nouveaux services de soins pharmaceutiques envisagés sur chacun des 3 axes de développement professionnel (voir p.11) ont une forte valeur ajoutée potentielle, tant en termes de santé publique qu’en termes budgétaires. Vacciner, agir sur les comportements et les habitudes de vie, réduire le nombre de fumeurs, détecter plus précocement une pathologie chronique, éviter des hospitalisations dues au mauvais usage de médicament ou à une faible adhésion thérapeutique, augmenter le niveau de littératie en santé… Autant d’interventions susceptibles de générer des économies substantielles pour le système de santé, largement supérieures aux coûts du service. Une piste prometteuse pour financer ces interventions, qui a déjà fait ses preuves à l’étranger, consiste à « partager les gains », c’est-à-dire à octroyer aux prestataires un paiement basé sur les économies réalisées, éventuellement ajusté sur des critères de qualité (et/ou des objectifs de santé), et en fonction d’une clé de répartition à définir avec les différents prestataires concernés (dans le cadre d’une approche intégrée et multidisciplinaire des soins, certaines de ces interventions seront, en effet, partagées avec d’autres prestataires de soins). La taille critique Etant donné les évolutions attendues en matière de prestation de nouveaux services de soins pharmaceutiques, l’un des défis majeurs pour les prochaines années sera de trouver le bon équilibre entre la taille des officines (qui devra être suffisante pour assurer une base économique solide et pouvoir se construire une expertise fondée sur un nombre suffisant de prestations) et leur implantation au sein des quartiers qu’elles servent afin de préserver la proximité et l’accessibilité à l’ensemble de la population (cette proximité étant par ailleurs une force d’attraction majeure en vue du développement éventuel d’une offre « globale » de services de soins, au sein de l’officine ou adossée à celle-ci). Pour résoudre cette équation complexe, la fusion d’officines peut, en fonction du contexte local, être une solution pertinente. Mais elle n’est pas nécessairement la seule. Outre l’option d’un transfert visant à garantir une meilleure répartition géographique, la collaboration intraprofessionnelle, qui peut revêtir des formes très diverses, mérite certainement d’être examinée. Ceci fera d’ailleurs l’objet d’une attention toute particulière de la part des associations professionnelles au cours des prochaines années. La collaboration interprofessionnelle constitue une autre piste à envisager. Cette collaboration pourrait prendre la forme d’une intégration « physique », temporaire ou structurelle, au sein de la pharmacie de compétences spécifiques d’autres prestataires de soins (orthopédie, bandagisterie, diététique, nutrithérapie, cosmétique réparatrice...). Mais Page | 15
elle pourrait également se faire en sens inverse : l’officine s’intégrant alors, en fonction des besoins locaux, dans d’autres structures de soins. Un projet de livraison à domicile qui stimule la collaboration intraprofessionnelle Développé dans le cadre de l’initiative Pharmacie 3.0, le projet « Livraison à domicile » a bénéficié d’un déploiement accéléré au printemps 2020 afin d’apporter rapidement une solution concrète et fiable capable de répondre aux besoins accrus, provoqués par la crise du coronavirus, en matière de portage à domicile de produits de santé. En permettant à des petits groupes de pharmaciens d’organiser ensemble leurs livraisons à domicile, avec le soutien des unions et d’une société néerlandaise spécialisée dans la planification et la gestion des commandes, le projet avait surtout pour objectif initial d’offrir une alternative susceptible d’alléger la charge de travail. Demain, après la crise, les besoins et attentes des patients et clients ne disparaîtront pas. D’où la volonté des responsables du projet d’en faire une solution structurelle permettant de pérenniser ce service de livraison à domicile. Des gains d’efficience au niveau de la gestion de l’officine Si des économies d’échelle et des gains d’efficience peuvent être attendus de la collaboration entre confrères, de tels gains peuvent également être obtenus au niveau de la gestion même de l’officine, au travers notamment de l’automatisation d’un certain nombre de processus, d’une meilleure répartition des tâches, mais aussi d’un renforcement des compétences en gestion, souhaitable au vu de la diversification et de la complexification des futures activités officinales. Page | 16
4/ La collaboration dans la chaîne de soins Depuis une dizaine d’années, notre système de santé s’est progressivement engagé dans une réforme « Le bien-être des patients fondamentale en faveur de soins multidisciplinaires souffrant de maladies chroniques peut s'améliorer grâce à une intégrés. Au-delà du maintien de la qualité de vie des approche des soins plus intégrée. patients chroniques, cette réforme entend garantir la Le patient se situe au centre de qualité, l’efficacité, la solidarité, l’accessibilité et la cette approche. Il doit avoir la durabilité de notre assurance maladie, tout en possibilité de prendre en charge répondant aux défis colossaux que constituent le ses soins, tout en étant encadré vieillissement de la population, l’augmentation de la par un réseau multidisciplinaire. demande en soins chroniques, la hausse des multi- Ce réseau comprend entre autres morbidités complexes et la croissance rapide des le médecin généraliste, les coûts dans un contexte budgétaire très difficile. médecins spécialistes, le pharmacien et les infirmières, En tant que prestataire de soins à part entière au sein mais aussi les assistantes de la première ligne de soins, possédant des sociales, les aides-familiales, les compétences et des atouts spécifiques, le aides-soignants et les proches du pharmacien d’officine peut et doit jouer un rôle patient. Les membres de ce essentiel dans cette approche multidisciplinaire en réseau travaillent ensemble et soutenant et en développant des services de qualité, avec le patient. Chaque une relation de confiance personnelle avec ses intervenant peut offrir sa propre patients et une collaboration interdisciplinaire avec les expertise de manière optimale.1 » autres prestataires des soins au travers d’équipes de soins flexibles et adaptées à la demande. A ce titre, il se doit notamment d’intégrer et de prendre une part active aux différentes structures de pilotage des soins intégrés qui sont progressivement mises en place aux niveaux régional et local. En première ligne, le médecin généraliste et le pharmacien sont les acteurs de soins les plus consultés. Pour la grande majorité des patients, la relation de travail entre ces deux acteurs est l’axe interdisciplinaire principal. Par conséquent, la collaboration avec les médecins généralistes sera un élément clé dans la mise en œuvre de projets de nouveaux services de soins en officine. Cette collaboration sera tout aussi importante dans le déploiement attendu de programmes ou de campagnes de prévention et de promotion de la santé. La collaboration transmurale est également appelée à se développer. Demain, avec le soutien du pharmacien hospitalier, le pharmacien d’officine pourrait ainsi être amené à délivrer, aux patients qui en feront la demande, des médicaments réservés à l’hôpital. Le pharmacien de référence jouera également un rôle clé, tant à l’admission qu’à la sortie Page | 17
de l’hôpital, notamment en matière de réconciliation médicamenteuse. L’échange transmural des schémas de médication pharmaceutiques ou la collaboration sur le schéma de médication interdisciplinaire unique du patient facilitera cette collaboration avec l’hôpital. Dans le cadre de soins interdisciplinaires, le rôle du pharmacien est également appelé à se développer en maison de repos et de soins, avec notamment la création attendue d’une fonction certifiée de « pharmacien coordinateur » et la limitation du nombre de patients par pharmacien coordinateur. Des outils pratiques, capables de répondre aux attentes Pour être efficace, l’interdisciplinarité doit pouvoir s’appuyer sur des outils d’e-santé performants et chaque prestataire de l’équipe de soins doit pouvoir accéder aux données pertinentes pour la prise en charge ; le patient restant bien entendu maître de ses données et de l’accès à celles-ci par chaque acteur de soins. La crise du coronavirus a mis en lumière l’importance cruciale que peuvent revêtir le Dossier Pharmaceutique Partagé et le schéma de médication. Demain, le dossier santé partagé du patient devrait notamment comprendre un schéma de médication interdisciplinaire unique, pour lequel le pharmacien de référence aura un rôle clé à jouer. De même, les résultats des futures interventions de soins pharmaceutiques réalisées par le pharmacien de référence devraient pouvoir être non seulement accessibles entre confrères, mais aussi consultables par les autres membres de l’équipe de soins du patient concerné, en particulier le médecin généraliste qui tient son DMG. Ces données seront partagées par le biais du « Pharmaceutical Care Data Hub » géré par FarmaFlux. Page | 18
5/ La transformation digitale de la profession Plus tardive que dans d’autres secteurs d’activité, la « Le contact, la proximité, digitalisation va également profondément impacter le l’écoute ou l’empathie secteur des soins de santé. S’il est devenu essentiel resteront dans les mains des pour une pharmacie d’être présente en ligne et professionnels de santé. Le accessible via les canaux digitaux afin de répondre aux digital permettra de mieux attentes de « consommateurs » de plus en plus appréhender et de mieux connectés et mobiles, la transformation digitale de la répondre aux attentes des profession ne se limite évidemment pas à ce seul patients, pour un meilleur aspect. accompagnement. » Click-and-mortar pharmacy Face aux nouveaux modes de consommation, cela fait plusieurs années déjà que l’officine et sa logistique doivent s’adapter. Demain, c’est l’ensemble des services qui devront vraisemblablement évoluer vers une forme mixte. En effet, la pharmacie devra être en mesure d’offrir de véritables services « phygitaux » ou, pour reprendre l’expression anglaise, évoluer d’une brick-and-mortar pharmacy traditionnelle pour devenir une click- and-mortar pharmacy, capable, d’une part, de concilier harmonieusement digital et relation humaine, et, d’autre part, d’offrir la même qualité de soins pharmaceutiques lors d’interactions à distance (livraison à domicile, click & collect…). En tant qu’acteur de soins de proximité, le pharmacien continuera principalement à accéder aux demandes des personnes qui viennent le consulter, mais également à venir en aide aux personnes en fracture numérique, qui restent nombreuses dans notre pays. Une pharmacie « orientée données » Bien gérée, une connexion numérique régulière avec les patients qui en sont demandeurs représente une véritable opportunité pour le pharmacien (de référence) de renforcer les liens qu’il entretient avec eux et, partant, leur confiance et leur fidélité. D’autre part, les données échangées avec l’accord du patient dans les outils digitaux d’interactions multidisciplinaires permettront d’assurer des soins de plus grande qualité. Demain, avec l’implantation de plus en plus large de l’intelligence artificielle en officine ainsi que l’utilisation de dispositifs connectés, le pharmacien disposera de nouveaux outils d’aide à la décision lui permettant notamment d’offrir un meilleur accompagnement et des conseils plus personnalisés à ses patients. Dans le domaine de la gestion des stocks, l’application de l’intelligence artificielle permettra aussi, grâce à des modèles prédictifs, d’anticiper et mieux gérer les problèmes de ruptures et d’indisponibilités. Page | 19
Une avalanche d’innovations technologiques Telemonitoring et télésoin, prévention d’effets indésirables, détection précoce de pathologies, aide à l’éducation thérapeutique, suivi des traitements, promotion de l’adhésion thérapeutique, prise de décision objectivée, soutenue par des informations en temps réel, production de médicaments personnalisés... les opportunités que vont apporter l’intelligence artificielle, les applications mobiles, les wearables et autres dispositifs connectés, voire l’impression en 3D en officine sont nombreuses. Ayant toujours été parmi les premiers professionnels de la santé à adopter et à utiliser les technologies de l’information, les pharmaciens devraient à nouveau être des « adopteurs rapides » d’un certain nombre de ces innovations, et ce, afin de renforcer non seulement la relation humaine souhaitée par la majorité des patients, mais aussi l’efficacité de leur accompagnement. Santé mobile Dès lors qu’elles sont sécurisées et qu’elles ont été validées, les applications de santé mobile (M-health) doivent être considérées comme de véritables produits de santé. A l’avenir, certaines d’entre elles pourraient d’ailleurs être remboursées par l’assurance maladie. En ce sens, la pharmacie d’officine sera évidemment l’endroit le plus approprié pour guider les usagers potentiels et leur permettre de télécharger des applications dans les domaines, par exemple, de la médication, de la promotion d’un style de vie sain ou de la surveillance de certains paramètres de santé. Le pharmacien possède en tout cas les atouts nécessaires pour devenir, demain, le professionnel de santé de référence en la matière pour le grand public. Quel accompagnement pour la prestation de services « phygitaux » ? La transformation de la pharmacie traditionnelle en une click-and-mortar pharmacy, capable de concilier harmonieusement digital et relation humaine et d’offrir la même qualité de soins pharmaceutiques lors d’interactions à distance sera probablement l’une des évolutions majeures de ces prochaines années. Et ce, d’autant que la crise du coronavirus aura donné un sérieux coup d’accélérateur à cette évolution. Afin de vous aider à relever ce défi, le Conseil fédéral de l’APB a décidé, en juin 2020, de mettre en œuvre un plan d’actions visant à permettre, à moyen terme, à chaque pharmacie belge d’offrir à ses patients et clients une expérience omnichannel complète et cohérente. La construction et le déploiement de ce projet ambitieux constitueront un volet essentiel du plan d’action global qui devra découler de cet exercice de réflexion stratégique Vision 2025. Page | 20
La pharmacie d’officine en 2025 : notre ambition En 2025, toute personne faisant appel à un pharmacien belge recevra une réponse de qualité, sûre et adaptée à sa demande ou à son problème de santé. Les pharmaciens seront des acteurs de santé de proximité dont les compétences et les spécificités seront utilisées à leur plein potentiel, au bénéfice de toute la population, dans l’ensemble des pharmacies belges ancrées au cœur d’une 1e ligne de soins multidisciplinaire et exploitant au mieux les innovations technologiques et les atouts de la digitalisation et de l’e-santé. En tant qu’experts du médicament, les pharmaciens seront des acteurs de santé publique incontournables en assurant la prestation d’un ensemble de services de soins pharmaceutiques et de suivi des soins pharmaceutiques dont la pertinence sociétale sera évidente et la qualité vérifiable. Ils joueront un rôle actif dans les soins de santé intégrés aux patients chroniques. Tous les citoyens atteints d’une pathologie chronique bénéficieront de l’accompagnement d’un pharmacien de référence. Celui-ci assurera le suivi actif de leur médication en veillant proactivement au bon usage des médicaments, y compris au travers de la mise en œuvre de services spécifiques – le cas échéant par voie digitale – en lien avec l’adhésion thérapeutique, les problèmes causés par la surconsommation médicamenteuse et la polymédication ou le faible niveau de littératie en santé. Il pourra également, dans le cadre de ce suivi actif, orienter ses patients vers des services d’aide et de soins afin de répondre à leurs besoins, voire de les anticiper. Au sein de l’équipe de soins, le pharmacien de référence apportera sa plus-value spécifique en jouant notamment un rôle de vigie vis-à-vis du schéma de médication interdisciplinaire du patient, dans les soins ambulatoires et dans les soins transmuraux. Le réseau des pharmacies belges assurera à l’ensemble de la population un accès de proximité – dont la disponibilité sera garantie 24h/7j. – aux médicaments (y compris préparés sur mesure), aux autres produits de santé, aux conseils de bon usage y afférents, ainsi qu’aux conseils d’orientation éventuellement nécessaires. Quel que soit le canal de communication choisi par le patient pour les produits non soumis à prescription, les pharmaciens assumeront pleinement leur rôle afin de favoriser une automédication sûre et responsable. Les pharmaciens assumeront aussi pleinement leur rôle de prestataires de soins de premier recours pour l’ensemble de la population en partageant avec les autres professionnels de santé ayant un lien thérapeutique avec le patient un ensemble de données pertinentes pour sa prise en charge. Pour ce faire, seront encodés dans le dossier Page | 21
pharmaceutique non seulement les médicaments et produits de santé délivrés au patient mais également les actes de soins pharmaceutiques tels que la gestion des interactions et contre-indications, les résultats de tests de dépistage, la suspicion d’allergie ou d’intolérance, les effets indésirables relatés, l’orientation vers une prise en charge médicale et les résultats de services spécifiques développés notamment dans le cadre du suivi des soins pharmaceutiques (ou toute autre donnée pertinente permettant d’informer sur des besoins spécifiques des patients en ce qui concerne l’aide notamment). Enfin, les pharmaciens seront des acteurs pleinement impliqués dans les politiques de prévention. Ils participeront activement à la vaccination, au dépistage de pathologies chroniques et à la sensibilisation de la population à un mode de vie sain. Afin de concrétiser cette ambition professionnelle et d’assurer un avenir durable à notre secteur, les pharmaciens devront notamment veiller à : ▪ Travailler en réseau pour être capables d’offrir une large gamme de services de proximité 24h/24 à la population. ▪ S’intégrer pleinement à la concertation multidisciplinaire mise en place notamment dans les zones de 1e ligne surtout avec le médecin généraliste. ▪ Implémenter des solutions, y compris digitales, permettant d’accroître l’accessibilité aux médicaments, aux produits de santé et aux services de soins pharmaceutiques sans faire la moindre concession au niveau de la sécurité et de la qualité. ▪ Mettre en œuvre un programme de qualité permettant de garantir des standards de qualité élevés au niveau de l’organisation interne de la pharmacie, de la formation continue, des services prestés et du degré de satisfaction des patients et clients. ▪ Soutenir et développer la formation continue afin d’offrir, au fil du temps, les meilleurs services à la population et aux patients. Au-delà de cette ambition, qui dessine les contours de ce prestataire de soins – partenaire de confiance du citoyen et acteur à part entière des soins intégrés – que sera le pharmacien d’officine en 2025 et dont la pleine concrétisation nécessitera un engagement collectif fort de la profession, chaque pharmacien est et restera aussi un entrepreneur aux compétences, aux affinités, aux spécificités et aux aspirations professionnelles qui lui sont propres. Quelles opportunités allez-vous saisir au cours des prochaines années ? Dans quelle(s) direction(s) souhaitez-vous faire évoluer votre officine et son équipe ? Quelles orientations voulez-vous donner aux services que vous y déploierez ? Ce sont ces questions que nous vous proposons d’aborder dans la deuxième partie de ce livre blanc. Page | 22
2 ème PARTIE : [ Construire l’avenir] “If pharmacists wish to see an active system of patient-centered [ pharmaceutical care (…), they must begin to create it now (…). Pharmacists must work to create a future in which they are an integral part of the health-care system.”] Page | 23
Le futur commence aujourd’hui A quoi ressemblera la profession de pharmacien d’officine d’ici 5 ans ? Dès le lancement de notre exploration prospective, il nous a paru essentiel d’y intégrer une démarche participative et d’aborder aussi la question avec les premiers concernés : vous ! Comment voyez-vous votre métier évoluer au cours des prochaines années ? Ou, plus concrètement encore, que vous voyez-vous faire au quotidien dans votre officine en 2025 ? Au cours du second semestre 2019, 2 journées de table ronde interactive ont ainsi été organisées pour permettre à un petit nombre de volontaires – pharmaciens, futurs pharmaciens, autres prestataires de soins, représentants du secteur académique… – de participer à des ateliers de cocréation. L’objectif n’était pas de prédire l’activité du pharmacien d’officine de demain, mais bien, à l’aide de la méthodologie des « persona » et d’une information sur les grandes évolutions technologiques, sociétales et professionnelles, d’envisager différentes formes possibles de cette activité future. De ces travaux ont émergé spontanément 6 pistes pour le pharmacien de demain, soit 6 « prototypes » de collègues du futur auxquels les participants aux tables rondes ont donné corps par le biais de « témoignages ». Durant les 3 dernières semaines de juin 2020, chacun d’entre vous a reçu l’opportunité, de les découvrir, d’y réagir et de les enrichir. 6 pistes pour le pharmacien de demain → Héros local - Renforcer l’ancrage local de la pharmacie et développer des services de proximité de qualité pour la population environnante → Coach santé - Développer la pharmacie en tant que centre de santé et accompagner ses patients dans leur parcours vers une meilleure santé, le maintien de celle-ci ou un suivi plus personnalisé en cas de maladie → Préparateur - Se spécialiser dans la préparation magistrale (et la PMI) et anticiper l’arrivée en pharmacie de l’impression 3D → Innovateur - Tester et adopter des innovations (technologiques) susceptibles de créer des opportunités de nouveaux services en pharmacie → Entrepreneur - Explorer et tirer parti des multiples opportunités offertes par une collaboration en réseau bien structurée pour se renforcer mutuellement → Héros volant - Se former à la prestation de services spécialisés et offrir ces services en tant que prestataire indépendant, en officine ou en dehors (domicile, maison de repos…) Page | 24
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