De l'Ordre sur vous ! - Focus - Conseil National de l'Ordre des ...
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médecins n° 41 | oct.-nov.-dec. 2015 Le bulletin de l’Ordre national des médecins Focus Grande consultation de l’Ordre Nous comptons sur vous ! Dossier De vrais scandales en fausses polémiques : comment restaurer la confiance des patients ? Entretiens croisés Exercices singuliers pour missions plurielles www.conseil-national.medecin.fr
sommaire Retrouvez le bulletin, le webzine et la newsletter de l’Ordre en ligne sur www.conseil-national.medecin.fr 04. focus Grande consultation de l’Ordre : nous comptons sur vous ! 06. en bref – 2e Congrès du Conseil national de l’Ordre des médecins – Cnom et Cnamts : l’union fait la force 08. sur le terrain Un « PACTE » pour mieux travailler en équipe 10. e-santé Équipe de soins, parcours de soins et numérique en santé 11. ailleurs - La santé doit être un enjeu de la COP21 - Assemblée générale AMM 12. entretiens croisés Exercices singuliers pour missions plurielles le guide juridique 24-25. décryptage Don d’organes : « En parler pour provoquer une réflexion » 16 De vrais scandales en fausses polémiques : comment restaurer la confiance des patients ? 26. en bref Relayées par les sites Internet, la presse, la télévision, - Fonds d’indemnisation des victimes les réseaux sociaux, nombre d’affaires récentes sur des de l’amiante questions de santé ont pu semer le doute et susciter la - Maladie à déclaration obligatoire : méfiance des patients. Si bien que le colloque singulier le saturnisme patient-médecin s’apparente aujourd’hui à un dialogue 27. vos questions / nos réponses à trois, avec les médias. Comment faire face ? Éléments Déchets d’activité de soins à risques de réflexion… infectieux (Dasri) : comment sensibiliser ses patients ? 28-30. pratique Questionnaires de santé, certificats et assurances (partie 2) restons connectés! 31. culture médicale 32. rencontre Sur le Web : www.conseil-national.medecin.fr Pierre-Alexis Balaz, interne Sur Twitter : suivez-nous sur @ordre_medecins en médecine générale, créateur Par mail : conseil-national@cn.medecin.fr de l’application Mediglotte Nous écrire : Conseil national de l’Ordre des médecins, 180, bd Haussmann, 75008 Paris
édito 3 DR Se mobiliser pour construire la santé de demain Le 2e Congrès de l’Ordre des médecins, qui s’est tenu du 29 au 31 octobre à Paris, vient tout juste de s’achever. Cet événement riche en échanges, en témoignages, en partages d’expériences et d’expertises a été l’occasion de réfléchir, avec l’ensemble des conseillers ordinaux, aux fondations de notre futur système de santé. Un exercice qui ne va pas de soi. Les décisions gouvernementales de ces deux dernières années, trop souvent éloignées des problématiques subies au quotidien sur le terrain, ont provoqué d’importants mouvements de contestation. Cela prouve qu’une vive mobilisation de l’Ordre et un rassemblement de l’ensemble des médecins sont indispensables si nous voulons réellement faire progresser notre « Une vive mobilisation système de santé et préserver notre profession, de l’ensemble des médecins quels que soient les modes et lieux d’exercices. est indispensable. » C’est d’ailleurs dans ce souci que le Conseil national de l’Ordre des médecins a lancé début septembre une grande consultation à laquelle tous les médecins mais aussi les acteurs du monde de la santé et les usagers sont invités à participer. Autant d’actions qui aboutiront dès le mois de janvier, en amont de la Conférence nationale de santé, à une série de propositions concrètes visant à réformer en profondeur notre système de santé. Nous sommes convaincus que la valorisation de notre métier, sa juste appréciation quant à son rôle clé au sein de notre société, la portée de notre voix face aux enjeux sanitaires qui prennent chaque jour plus d’ampleur passent par une mobilisation tenace et de grande envergure. Dr Patrick Bouet Président du Conseil national de l’Ordre des médecins Ce numéro est distribué avec un Bulletin thématique Personnes vulnérables, une plaquette Élections 2016 et une affiche de la campagne Médecin, notre engagement c’est pour la vie. Directeur de la publication : Dr Walter Vorhauer - Ordre des Médecins, 180, bd Haussmann, 75389 Paris Cedex 08. Tél. : 01 53 89 32 00. E-mail : conseil-national@cn.medecin.fr – Rédacteur en chef : Dr Patrick Romestaing – Coordination : Évelyne Acchiardi Conception et réalisation : 48, rue Vivienne, 75002 Paris – Responsables d’édition : Sarah Berrier, Claire Peltier – Direction artistique : David Corvaisier – Maquette : Julie Baillieul – Secrétariat de rédaction : Alexandra Roy – Fabrication : Sylvie Esquer – Couverture : L. Canadas, S. Lévy – Impression : Imprimerie Vincent – Dépôt légal : à parution – n° 16758 – ISSN : 1967-2845. Ce document a été réalisé selon des procédés Tous les articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. respectueux de l’environnement. médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
4 focus EZ À LA PARTICIP ULTATION CONS GRANDE ONDANT AU Texte : Sarah Berrier EN RÉP NNAIRE QUESTIO SUR ltation. :/ / la g ra ndeconsu naire http on .fr/questi medecin Grande consultation de l’Ordre Nous comptons sur vous ! Comme annoncé en juin dernier par le Dr Patrick Bouet, président du Cnom, l’Ordre des médecins a lancé début septembre une grande consultation sur notre système de santé. L’objectif ? Donner la parole aux acteurs du monde de la santé afin de formuler des propositions en amont de la Conférence nationale de santé. Deux jours. C’est le temps consacré, Mobilisation générale le 12 décembre. Un questionnaire en février prochain, à la « grande » Convaincu qu’il faut aller plus en ligne sur le site lagrandecons- Conférence nationale de santé loin, l’Ordre a décidé de lancer une ultation.medecin.fr permet égale- annoncée par le gouvernement. grande consultation en amont de ment à chacun de faire part de ses « L’Ordre n’a eu de cesse de réclamer la Conférence nationale de santé. observations sur le système de santé l’organisation d’une Conférence « Il est nécessaire et urgent d’or- actuel et de ses souhaits pour l’ave- d’envergure. Mais là, nous sommes ganiser un vrai débat sur l’avenir nir. L’analyse des réponses jouera loin du vaste débat national et de notre système de santé, per- un rôle majeur dans la réflexion de sociétal dont notre système a mettant d’aborder l’ensemble des l’Ordre qui tient à s’appuyer sur les besoin, regrette le président de sujets essentiels, dans une posture expériences du terrain pour formu- l’Ordre des médecins. Nous crai- de dialogue, avec tous les acteurs ler ses propositions. « Nous comp- gnons qu’il s’agisse d’un événement du monde sanitaire, souligne le Dr tons sur la mobilisation de tous à visée politique dont le seul but Patrick Bouet. À commencer par les médecins, insiste le président est d’évacuer les problèmes plutôt les médecins, clé de voûte de notre de l’Ordre. Une large participation que de réfléchir à des solutions de système de santé… » Ces derniers donnera tout son poids à cette fond… Cependant, même si nous y ont ainsi été invités à s’exprimer démarche ambitieuse. » allons sans illusion, il est de notre lors des seize rencontres en régions responsabilité d’y participer. » organisées entre le 5 septembre et Provocatrice d’idées Outre les médecins, l’Ordre a égale- ment sollicité plus de 70 structures et acteurs du monde de la santé (syndicats, agences, institutions, politiques, etc.), à l’occasion de treize rendez-vous thématiques au siège du Conseil national de l’Ordre des médecins, à Paris. Usagers du système de santé, acteurs de l’aide médicale d’urgence, établissements de santé, étudiants et jeunes méde- cins, représentants des différents modes d’exercice, professionnels de la formation et de l’université… lors de chaque rendez-vous, 5 à 6 organismes représentatifs ont été invités à échanger sur les problèmes inhérents aux thèmes abordés, et à réfléchir aux solutions qui feront médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
focus 5 LA GRANDE CONSULTATION EN DATES → Octobre - novembre 2015 : → Janvier 2016 : questionnaire en ligne présentation des destiné aux médecins recommandations → Novembre 2015 : de l’Ordre et diffusion sondage grand public du rapport y afférent → Décembre 2015 : → Février 2016 : publication des résultats du Conférence nationale questionnaire et du sondage de santé LES RENCONTRES EN RÉGIONS progresser notre système de santé. Une formule intimiste qui se veut Lille libératrice de parole et provocatrice 27 novembre d’idées. Fort-de-France Le Cnom a également tenu à faire 15 octobre participer le grand public par le Rennes Paris – 5 décembre Nancy biais d’un sondage. L’occasion 12 décembre 10 octobre d’avoir un regard, en miroir des Saint-Denis professionnels, sur la place du méde- de La Réunion Orléans cin dans la société et les attentes du 5 septembre 7 novembre Dôle public sur l’organisation de la santé. 14 novembre http://lagrandeconsultation. Mamoudzou Pessac Lyon medecin.fr 7 septembre 28 novembre 21 novembre Pour relayer au mieux cette grande consultation, l’Ordre a créé un site Nîmes Internet dédié qui suivra le déroulé Cayenne 12 septembre des événements jusqu’à la restitu- 13 octobre tion finale. Chacun peut y consulter Toulouse Marseille 11 septembre 26 septembre les abstracts de chaque rencontre et rendez-vous. Les médecins peuvent également s’y connecter pour Pointe-à-Pitre répondre au questionnaire en ligne. 16 octobre À l’issue des différentes rencontres, rendez-vous et sondages, cette 16 13 grande consultation donnera lieu à un rapport servant de socle à des pro- rencontres rendez-vous positions pour l’avenir du système de en régions thématiques → → santé. Elles seront rendues publiques auxquels participent et diffusées auprès des institution- 180 000 nels, des acteurs de la santé, et bien + de 70 sûr de tous les médecins. médecins sollicités → pour répondre au organismes et acteurs → + d’infos questionnaire de l’Ordre du monde de la santé lagrandeconsultation.medecin.fr médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
6 en bref 2e Congrès du Cnom Pour être validée, une réforme de santé doit être partagée « Votre discours est un moment l’incompréhension », a prévenu le urgences qui émergent de la grande attendu. Nous souhaitons qu’il marque Dr Bouet. Dans un discours qui se consultation organisée par le Cnom. le signal fort d’un dialogue retrouvé. » voulait conciliant, Manuel Valls a « S’il est encore trop tôt pour faire La venue du Premier ministre Manuel répondu en insistant sur le caractère le bilan de cette consultation, les Valls au 2e Congrès de l’Ordre des indispensable du dialogue, qui selon premières réunions et les échanges médecins, les 29 et 30 octobre, a été lui « n’a jamais été rompu », et de la qui se sont tenus me permettent l’occasion pour le président du Cnom, capacité de chacune des parties à d’avancer trois sujets essentiels le Dr Patrick Bouet, de rappeler le entendre les arguments de l’autre. pour les médecins : leurs conditions malaise d’une profession qui se sent « C’est dans cet objectif que nous d’exercice, l’organisation territoriale incomprise voire abandonnée par les avons voulu organiser, le 11 février des soins et la formation. […] L’Ordre responsables politiques. « Contrainte prochain, la Grande conférence de est revenu dans le débat public. Il sera plutôt que confiance, arbitrages la santé », a-t-il précisé. Le président toujours là pour défendre la liberté de avant concertation. Cette méthode de l’Ordre a profité de la présence choix des patients et l’indépendance ne peut que susciter l’amertume et du ministre pour présenter les des médecins. » les Élections tweets Le Dr Jean-Pierre Crossonneau est le conseiller national élu lors de l’élection complémentaire @ordre_medecins – 29 oct. du 9 juillet 2015 pour la région Centre. #CONGRESCNOM @BouetP il y a un décalage entre la perception qu’ont les médecins de leur métier et celle que leur renvoient les politiques Cnom et Cnamts : l’union fait la force Le 25 septembre, le président de connaissance plus fine de l’offre de @ordre_medecins – 29 oct. l’Ordre des médecins, le Dr Patrick soins sur le territoire. Ce partage #CONGRESCNOM Bouet, et le directeur général de la d’informations vise notamment à #SantéDeDemain Cnamts, Nicolas Revel, ont signé enrichir la cartographie interactive @ArnaudRobinet une convention déterminant les de la démographie médicale créée conditions d’échange de données par l’Ordre des médecins. il faut ouvrir la formation médicale ailleurs qu’à l’hôpital à des fins statistiques concernant la démographie médicale. + d’infos : www.conseil-national. L’objectif : développer une medecin.fr/node/1646 médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
en bref 7 Améliorer la prise en charge des victimes le chiffre de dérives sectaires Engouement du public pour des pratiques thérapeutiques alternatives non validées scientifiquement, essor des formations délivrant président du Conseil national de l’Ordre des médecins, ont signé une convention de partenariat. L’objectif : développer la vigilance 2,4 millions de médicaments contrefaits saisis en France en 2014. C’est 50 % de plus des diplômes non reconnus sur les dérives sectaires en qu’en 2013. Face à cette croissance par l’État, explosion du santé, veiller à l’information inquiétante, l’Institut international de secteur du bien-être et du des professionnels de santé recherche anti-contrefaçon de développement personnel… et à la qualité de la prise médicaments (IRACM) a lancé une autant de tendances qui en charge médicale des campagne « Le faux médicament, peuvent amener les citoyens patients, notamment lorsque késako ? ». L’objectif : sensibiliser le et les patients à être exposés ceux-ci s’interrogent sur un grand public aux dangers que à des risques de dérives parcours de soins (choix d’un représentent les médicaments sectaires. C’est pourquoi thérapeute ou d’un traitement contrefaits. Un livret d’information Serge Blisko, président de la « complémentaire »). destiné aux salles d’attente est Mission interministérielle de disponible. vigilance et de lutte contre les + d’infos dérives sectaires (Miviludes) + d’infos : www.conseil-national. www.le-faux-medicament-kesako.com et le Dr Patrick Bouet, medecin.fr/node/1645 Source : Douanes françaises. Pr Even : des propos antidéontologiques À lire L’Ordre des médecins condamne les propos tenus par le Pr Even dans son dernier ouvrage. Sur la forme, ces propos constituent un manquement aux règles déontologiques Le webzine du Cnom qui s’appliquent à tous les médecins inscrits au tableau. Quelle place pour Sur le fond, l’Ordre regrette que les critères d’évaluation retenus par le Pr Even ne reposent sur aucune base les Mac ? scientifiquement acceptable. Depuis 2010, l’Ordre des médecins a pris clairement position en faveur d’une transparence totale des relations entre les médecins et les industriels, garantie Alors qu’elles connaissent un véritable engouement auprès indispensable et condition préalable du climat de du grand public, et suscitent de vifs débats au sein du confiance entre patients, médecins et industrie corps médical, les médecines alternatives et pharmaceutique, au bénéfice de tous. Le Cnom a ainsi complémentaires (Mac) ont fait l’objet du dernier webzine obtenu l’annulation d’un décret qui s’opposait à la de l’Ordre des médecins. Acupuncture, ostéopathie, publication de tous les avantages consentis par les hypnose ou encore homéopathie : que peuvent apporter laboratoires à l’ensemble des professionnels de santé, ces pratiques aux patients ? Quelle place leur accorder ? Et médecins mais aussi établissements de santé, fondations, dans quel cadre ? Autant de questions abordées avec associations de professionnels… Il attend désormais du l’éclairage d’une vingtaine d’experts et professionnels de gouvernement l’application effective des conséquences santé. juridiques de cette décision qui seule garantira une transparence pleine et entière. + d’infos : www.conseil-national.medecin.fr > Page d’accueil / Publications + d’infos : www.conseil-national.medecin.fr/node/1638 médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
8 sur le terrain Texte : Éric Allermoz | Photos : Julian Renard / Babel Photo Un « PACTE » pour mieux travailler en équipe Un événement indésirable grave sur trois pourrait être évité grâce à une meilleure coordination des équipes. Pour inverser cette tendance, le centre hospitalier de Laon expérimente un programme d’amélioration des pratiques managériales. Comme chaque matin dans l’unité de Soins de suite et réadaptation (SSR) du centre hospitalier de Laon dans l’Aisne, les équipes de nuit croisent la relève dans la petite salle à manger du service, pour un débriefing complet. « Le patient de la chambre 22 est très agité, refuse de prendre ses médicaments. Il faut être vigilant au risque de chute », alerte Sophie Goguillon, infi rmière. Cette transmission d’informations est un moment clé dans la prise en charge des patients. Au point de faire l’objet d’un PACTE, un « Pro- gramme d’amélioration continue du travail en équipe », décrypte le D r Marie-Hélène Szczur-Dordain, gériatre et cheffe du service. L’une des forces de l’expérimentation menée par le CH de Laon est d’associer Depuis près de deux ans, cette unité l’administration (M. Vrand) à une responsable des soins aux patients (Dr Szczur- de gérontologie de 70 lits est en effet Dordain). « Une passerelle nécessaire entre deux mondes qui ne sont pas toujours sur l’un des 18 sites pilotes en France la même longueur d’onde », expliquent les protagonistes. à expérimenter ce dispositif pensé par la Haute Autorité de santé (HAS). « Comme son nom l’indique, PACTE les soins aux patients. « La littéra- mations « medical team training » consiste à optimiser nos pratiques ture médicale révèle qu’un EIG sur dédiées au leadership, etc. « Il y de communication et de manage- trois s’explique par un dysfonction- a eu une vraie volonté de remise ment au sein des équipes : méde- nement de l’équipe, en particulier en question de l’équipe. Au final, cins, infirmières, aides-soignantes, un défaut de communication ou de nous avons élaboré une nouvelle psychologues, assistantes sociales, transmission d’information. Nous méthodologie de débriefing », pré- agents d’entretien, etc. », explique nous sommes donc demandé : com- cise Sophie Goguillon. Jean-Philippe Vrand, en charge des ment mieux structurer nos trans- affaires générales au centre hospi- missions, être plus efficaces et Généraliser à l’ensemble talier de Laon et chargé de déployer perdre moins de temps ? », poursuit de l’hôpital le PACTE. le Dr Marie-Hélène Szczur-Dordain. L’unité SSR s’est ensuite attelée à Pour mettre en place de nouvelles améliorer une deuxième pratique Sécuriser le soin pratiques, l’unité SSR a bénéficié professionnelle : le choix de la per- L’objectif du PACTE est de prévenir d’outils d’accompagnement mis à sonne de confi ance par le patient les événements indésirables graves disposition par la HAS : tests, ques- souffrant de troubles cognitifs. « Là (EIG) liés aux soins et de sécuriser tionnaires, jeux de simulation, for- encore, de nombreux échanges nous médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
sur le terrain 9 Le programme PACTE a permis l’élaboration d’une nouvelle méthode de reformulation avec le patient : vocabulaire adapté, parlé plus lent, communication non verbale, répétitions, création d’un climat de confiance. Grâce à la réflexion menée dans le cadre du PACTE, le service de SSR a mis en place plusieurs mesures en faveur de la sécurité du patient : bracelet d’identité, amélioration de la qualité de vie au travail, cartographie des risques liés au parcours de soins, commission d’arbitrage ressources, charge en soins et sécurité du patient, etc. Le programme PACTE s’inspire du secteur de l’aéronautique, notamment la communication entre les pilotes, où la transmission d’information est essentielle. Témoignage ont permis de mettre au point une Dr Marie-Hélène Szczur-Dordain, gériatre et cheffe du service nouvelle méthode de reformula- de SSR au CH de Laon. tion pour s’assurer que le message est bien compris et retenu par le patient », souligne Jean-Philippe « Prévenir les manquions de recul sur nos pratiques. Deux permet de prendre le temps et le recul Vrand. risques événements indésirables nécessaires sur notre De cette expérimentation, qui sera étendue à une trentaine d’établis- d’erreur » graves liés aux soins, travail quotidien, au survenus en 2013, sont bénéfice des patients. sements fi n 2015, la HAS entend venus nous le rappeler Nous étions déjà valider courant 2016 une « boîte à « La sécurité des avec force. L’équipe a convaincus des vertus outils » susceptible d’accompagner patients a toujours été été profondément de la communication et les hôpitaux vers de meilleures pra- notre priorité. Mais au touchée, et a exprimé le du relationnel pour tiques managériales. De son côté, quotidien, chacun besoin de se remettre en sécuriser la prise en développe ses propres question. Nous sommes charge du patient. Mais le centre hospitalier de Laon ambi- stratégies pour la confrontés à des le projet PACTE permet tionne de généraliser le dispositif garantir. Et malgré tout patients complexes, d’objectiver, de PACTE à l’ensemble de ses services. le professionnalisme et polypathologiques et formaliser nos pratiques la bonne volonté dans aux troubles cognitifs afin de les améliorer. mon service, il arrive parfois avancés. Le Il aide à prévenir les + d’infos : www.has-sante.fr parfois que nous programme PACTE nous risques d’erreurs. » médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
10 e-santé Équipe de soins, parcours de soins et numérique en santé Le projet de loi santé prévoit un certain nombre de dispositions relatives au déploiement du numérique et à ses conséquences quant à l’organisation des soins. Décryptage avec le Dr Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et délégué général des systèmes d’information en santé… Le projet de loi santé élargit la accessible aux membres de l’équipe de santé vierges pour l’enfant. Le définition de l’équipe de soins. de soins dans chaque structure, sauf patient recevra alors une infor- Quelle sera la portée de cette opposition du patient. C’était déjà le mation de création et devra don- évolution ? cas dans les établissements. Désor- ner son consentement pour l’ou- Nous assistons à l’augmentation mais, la règle sera la même dans verture active. En cas de refus, le constante du nombre de patients tous les secteurs de soins. En plus DMP restera inactif sans qu’il y ait atteints de pathologies au long de cela, il y a le DMP qui a l’ambition de pénalisation dans la prise en cours, ainsi que des polypathologies de contribuer au parcours de soins charge ultérieure, comme un car- liées au vieillissement de la popula- en permettant aux différents profes- net de santé de l’enfant qui ne serait tion. La prise en charge médicale de sionnels de santé impliqués dans ce pas rempli. Les médecins consultés ces personnes impose un parcours parcours d’accéder au dossier, avec par le patient pourront accéder à ce coordonné des soins, car le patient l’accord du patient. Ce dossier médi- dossier, avec son accord, et y verser passe du secteur ambulatoire au cal est dit partagé afi n de faciliter les conclusions de leurs examens. secteur hospitalier, et réciproque- un travail en équipe, mais dans des Le médecin traitant tiendra une ment, selon les évolutions de son conditions qui sont défi nies par la place singulière par la réalisation état de santé. Le Cnom a insisté pour loi afi n d’assurer le respect de la d’une synthèse annuelle valorisée que la notion juridique et déontolo- vie privée et la confidentialité des du dossier. gique d’« équipe de soins » soit ins- données qu’il contient, c’est-à-dire crite dans la loi et qu’il n’y ait pas le secret couvrant les informations Ce système sera-t-il plus sécu- de cloisonnement entre la ville et médicales. risé que les dossiers et cour- l’hôpital. Cette équipe de soins sera riers papier ? donc composée, sous le régime du Comment va-t-il fonctionner ? La connexion à la base des DMP sera consentement du patient, par l’en- Dans les structures d’exercice liée à l’utilisation de référentiels de semble des professionnels de santé regroupé et les établissements, sécurité portés soit par une carte qui concourent à sa prise en charge, les accès aux dossiers doivent être CPS, soit par un dispositif équiva- soit lors d’un épisode pathologique, informatiquement tracés et la véri- lent. Cela fonctionne ainsi pour les soit au long cours. fication des traces doit être pos- dossiers pharmaceutiques, sans sible. En ce qui concerne le DMP, qu’il y ait eu de piratage. La prin- Cette équipe de soins pourra- ce doit être la même chose. Ce qui cipale faille des systèmes informa- t-elle avoir un dossier commun compte, ce n’est pas la coque du tisés, c’est toujours le non-respect pour chaque patient ? dossier, mais ce qu’il contient. La des procédures de sécurité. Quand Il y a deux choses différentes. création d’un DMP vierge pourrait on avait des dossiers papier, en prin- Chaque cabinet, chaque structure donc s’effectuer en amont. L’As- cipe ils devaient être sous clé… Il de regroupement, chaque établisse- surance maladie pourrait le faire faut raviver les principes… et les ment, possède un dossier du patient. pour tous les assurés sociaux, appliquer aux clés numériques, Ce dossier peut être commun et puisqu’elle édite bien des carnets c’est tout ! médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
ailleurs 11 FRANCE LA SANTÉ DOIT ÊTRE UN ENJEU DE LA COP21 La 21e Conférence de la Convention-cadre des santé et en particulier les médecins se Nations unies sur les changements climatiques doivent d’être des acteurs impliqués (COP21) se tiendra en décembre à Paris. C’est dans la préparation des sociétés à une opportunité décisive de traiter de l’impact ces enjeux et de participer à la prise du changement climatique sur la santé par la en charge des conséquences. Or, en concrétisation d’un véritable accord universel qui l’état, il est souhaitable que l’agenda officiel de la placerait la santé au premier plan des débats sur COP21 accorde une place accrue aux enjeux de le réchauffement mondial et atténuerait les graves santé et que cet agenda implique davantage les risques sanitaires auxquels le monde est confronté. professionnels de santé. Les signataires s’inquiètent du faible focus de la + d’infos : www.conseil-national.medecin.fr/node/1611 COP21 sur les mesures sanitaires nécessaires pour Extraits de la déclaration conjointe de la Société française de santé publique, de la prendre en compte les événements liés au climat et Société française de santé et environnement, du Conseil national de l’Ordre des à ses modifications. médecins français, soutenus par leurs partenaires européens : l’European Public Health Association (EUPHA), le Comité permanent des médecins européens (CPME) et Les signataires souhaitent qu’à l’occasion de ce le Conseil européen des Ordres des médecins (CEOM) et par leurs partenaires sommet mondial soient rappelés le rôle et la internationaux : l’Association médicale mondiale (AMM), la Health and Environment Alliance (HEAL) et la Conférence francophone des Ordres des médecins (CFOM). place légitimes des professionnels de santé qui participent à plusieurs niveaux à la prise en charge des populations victimes, présentes ou à venir, des conséquences des dégradations climatiques : LE CNOM S’ENGAGE À l’occasion de la Conférence de la • dans leur rôle de prévention des pathologies Convention-cadre des Nations unies sur les induites par les désordres climatiques et de changements climatiques (COP21), le Conseil promotion d’une politique de santé publique au national de l’Ordre des médecins publiera service des patients ; un webzine consacré aux enjeux sanitaires • dans leur action de soignants auprès des popu- liés aux changements climatiques. Le Cnom lations en cas de situations d’urgence sanitaire, et l’Association médicale mondiale (AMM) nécessitant des soins primaires immédiats ; organisent également plusieurs événements : • dans la prise en charge des pathologies ou le 4 décembre en partenariat avec Health and maladies chroniques résultant du changement Environment Alliance (HEAL) et le 5 décembre climatique. en partenariat avec l’Organisation mondiale Le monde de la santé, les professionnels de de la santé (OMS). RUSSIE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE AMM nécessité absolue de porter des valeurs éthiques fortes, à savoir l’indépendance du médecin, le Du 14 au 17 octobre s’est tenue à Moscou l’assemblée secret professionnel et la protection des données générale de l’Association médicale mondiale. Dans personnelles des patients et enfin, le respect de son discours d’ouverture, le Dr Deau, président l’être humain et de ses droits. La recommandation de l’AMM et conseiller national de l’Ordre des sur la prise en charge des enfants des rues présentée médecins, a rappelé l’importance du rôle de l’AMM par le Cnom a été adoptée par l’AG le 17 octobre. au regard des bouleversements que subit le monde : À l’issue de l’assemblée générale, Sir Michael bouleversements climatiques, géopolitiques avec Marmot, professeur d’épidémiologie et de santé l’arrivée de populations de migrants, liés aux publique à l’University College de Londres, a été conflits armés où le médecin doit pouvoir garantir intronisé président de l’AMM pour 2015-2016, une qualité de soins en toute sécurité, et enfin, succédant ainsi au Dr Deau. bouleversements liés aux progrès scientifiques et aux nouvelles technologies. Il a ainsi rappelé la + d’infos : www.wma.net médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
12 rubrique entretiens croisés Texte : Sarah Berrier | Photos : DR Exercices singuliers pour missions plurielles Médecin du travail, médecin de l’Éducation nationale, médecin territorial… des professions qui, malgré la richesse de leurs missions souffrent d’un déficit d’image et d’effectifs. Focus sur ces exercices pas toujours estimés à leur juste valeur… Peu promus, à peine connus, mal recon- médecins, insiste le Dr François Simon, nus… médecins du travail, médecins président de la section Exercice profes- 5400 de l’Éducation nationale et médecins sionnel au Cnom. Nous avions à cœur territoriaux souffrent de maux communs d’écouter le terrain, de connaître le vécu qui trouvent leur origine dès le cursus des confrères, leurs aspirations… Ces universitaire, très hospitalo-centré : échanges ont permis de constater leur médecins du travail les aspirants médecins sont avant tout épanouissement dans une activité résul- 1200 formés à soigner. De ce fait, ces métiers tant parfois d’un choix initial, souvent axés sur la prévention et la santé d’un choix de maturité, et de travailler publique, par manque de visibilité, ne avec eux sur les problématiques aux- suscitent que rarement les vocations quelles ils sont confrontés. Nous pouvons médecins de dans les rangs des jeunes internes. ainsi porter leur parole auprès des inter- l’Éducation nationale Depuis deux ans, l’Ordre œuvre pour locuteurs concernés. » 5300 faire sortir de l’ombre ces métiers. « En Sortir de l’ombre, travailler sur les dif- phase avec la politique d’ouverture du ficultés rencontrées, et pourquoi pas Conseil national de l’Ordre des méde- susciter des vocations… Les Drs Colson, cins, nous avons reçu les représentants Ley et Perrin vous livrent ici un aperçu médecins territoriaux de toutes les formes d’exercices. L’Ordre de leurs exercices, de leurs difficultés, des médecins est l’Ordre de tous les mais aussi de la passion qui les anime. médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
13 Dr Patricia Colson Dr François-Xavier Ley Dr Faouzia Perrin médecin de l’Éducation nationale, médecin du travail et président médecin territorial à la Ville de membre de la commission du conseil régional de l’Ordre des Grenoble permanente de la Conférence médecins d’Alsace nationale de santé Quelles sont les missions Dr Perrin liées à votre métier ? Les médecins territoriaux travaillent pour une commune, un département ou une région. Leurs missions sont très vastes. La Dr Ley plupart du temps, elles relèvent La mission du médecin du travail est double. D’une part, nous des compétences obligatoires des vérifions que l’état de santé de chaque salarié est compatible collectivités territoriales dans le avec son poste et que son travail n’induit pas de dégradation cadre de la décentralisation de de santé. D’autre part, nous nous assurons que les entreprises l’État. Il peut s’agir par exemple offrent des conditions de travail adéquates pour préserver la des services de PMI gérés par les santé de leurs salariés. Le quotidien d’un médecin du travail se conseils généraux ou des services répartit donc entre les visites médicales des salariés et les communaux d’hygiène et de santé visites des entreprises. Durant celles-ci, nous élaborons des des villes. Ces missions sont fiches recensant l’ensemble des risques d’une société et définies par un cadre statutaire, conseillons les chefs d’entreprise. Dans 85 % des cas, il s’agit légal et réglementaire. Le trait de petites structures ; le médecin du travail est donc leur commun à tous les médecins unique conseiller dans le domaine de la santé et de la sécurité territoriaux réside dans le fait au travail. C’est un métier qui a beaucoup évolué dans la d’être à la fois un médecin de mesure où les conditions de travail sont très différentes d’il y a prévention et/ou de santé publique quarante ans. Sauf exception, aujourd’hui ce n’est plus et un cadre territorial qui travaille tellement la dégradation physique des personnes qui nous avec les élus locaux. Nous ne pose question, mais les risques psychosociaux et les troubles dépendons pas du ministère de la psychiques : les dépressions et les conflits dans l’entreprise Santé, mais de la fonction publique accaparent 20 à 25 % de notre temps de travail. territoriale qui ressemble en quelque sorte à un multicorps sans tête. Les collectivités doivent respecter le cadre statutaire réglementaire et légal de la fonction publique territoriale, mais chaque collectivité est Dr Colson responsable de ses propres agents. Les médecins de l’Éducation nationale ont pour mission de contribuer au bien-être et à la réussite des élèves tout en appréhendant leurs fragilités. Nos missions sont aussi riches que diversifiées. Nous faisons de la prévention individuelle en réalisant les bilans médicaux, en suivant les élèves à besoins particuliers (difficultés durables d’apprentissage, de comportement, maladie, handicap…) et en les orientant (ou réorientant) vers les structures de prises en charge adaptées. Nous intervenons également en prévention collective en impulsant la mise en place d’actions d’éducation à la santé en fonction des besoins constatés. Nous sommes aussi amenés à gérer des situations d’urgence en cas d’événement survenant dans la communauté scolaire : victimes de maltraitance, maladies transmissibles… En raison de notre expertise médicale, nous sommes les conseillers techniques des personnels de direction et des équipes enseignantes dans les situations complexes. Nous contribuons enfin à la formation initiale et continue de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale et participons aux enquêtes épidémiologiques. Même si la recherche fait également partie de nos prérogatives, nous avons malheureusement rarement de temps à y consacrer. médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
14 entretiens croisés Pourquoi avoir choisi cette voie ? Dr Colson J’ai travaillé plus de dix ans dans un service spécialisé en cancérologie et sida. J’avais en charge une file active de patients Dr Colson séropositifs, jeunes, toxicomanes… Ce qui m’a particulièrement choqué et alerté, c’est la trajectoire commune de ces patients avec des problématiques familiales importantes et un rejet de l’école. « J’ai eu envie Je me suis rendu compte que de l’école ne dépendait pas seulement d’intervenir en amont une réussite sociale, mais l’enjeu de toute une vie, la trajectoire et non plus en bout de humaine et la trajectoire de santé. J’ai alors eu envie d’intervenir course. » en amont et non plus en bout de course. Il m’a paru important de permettre aux enfants de grandir au mieux dans leur environnement et de les accompagner dans leur fragilité, au sein d’une école qui ne peut pas toujours appréhender leurs difficultés. Dr Perrin C’est ainsi que j’ai commencé en santé scolaire tout d’abord En fait, j’étais séduite par l’idée comme vacataire, puis j’ai passé le concours. Et je ne le regrette d’un contrat entre le médecin pas ! C’est un métier passionnant au carrefour du médical, du titulaire et la collectivité. À social et de la pédagogie. Nous mobilisons dans ce métier une la fois, il y a le cadre de la expertise médicale exigeante et apprenons le difficile exercice de fonction publique avec tout la médecine salariée dans un univers non médicalisé. En plus, je ce qui est droits et devoirs du retrouve le travail d’équipe qui m’était cher au sein de l’hôpital. fonctionnaire qui me paraît important pour garantir une qualité d’exercice. Et en même temps, il y a beaucoup plus de souplesse et de latitude. C’est un aspect qui est propre aux collectivités locales, cette capacité d’innovation… Dr Ley Nous pouvons ainsi travailler sur des missions de prévention sans être dans un carcan « Nous sommes dans l’aspect empathique administratif trop rigide de la médecine, l’aide à autrui… » avec cette possibilité d’aller sur de l’expérimentation. Être directement au contact des élus offre également une plus Dr Ley grande réactivité que dans J’ai une double formation de médecin du travail et de médecin le cadre d’une organisation légiste. Mais j’ai d’abord exercé dix ans comme médecin généraliste. pyramidale à l’échelle Quand un poste s’est libéré aux mines de potasse, j’y suis allé, ayant nationale. Et puis il y a aussi besoin d’un rythme moins soutenu. Ce qui me plaît dans cette un lien fort avec le territoire, spécialité, c’est la prise en charge des problèmes des salariés. Les d’autant plus que nous pouvons gens sont souvent démunis et ne peuvent pas se défendre seuls. À choisir notre lieu d’exercice. une époque il y avait les syndicats, mais aujourd’hui seuls 8 à 10 % De mon côté, j’ai découvert la des ouvriers sont syndiqués. Nous sommes donc le seul rempart fonction publique territoriale vis-à-vis de l’employeur pour faire respecter un certain nombre et les collectivités en faisant de règles de sécurité, de travail, et même de politesse… Le monde des vacations en PMI. C’était du travail peut être très rude parfois. Il y a des conflits, de en 1996. À cette époque, le l’agressivité… D’ailleurs, depuis quelques années, nous avons de statut de médecin territorial plus en plus de demandes spontanées des salariés. Quand ils ne était créé depuis seulement savent plus comment se défendre, qu’ils n’arrivent plus à tenir, ils quatre ans. Les premiers vont voir le médecin du travail. Nous sommes vraiment dans concours étaient tout juste l’aspect empathique de la médecine, l’aide à autrui… C’est quelque organisés et la profession se chose auquel je tiens beaucoup. mettait doucement en place… médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
entretiens croisés 15 Comment envisagez-vous l’avenir de votre exercice ? Dr Colson Nous arrivons à moins de 1 200 praticiens face à 12,5 millions d’élèves, la faute à des salaires trop bas par rapport aux autres médecins, un manque de reconnaissance et de lisibilité de notre fonction, des conditions de travail de plus en plus difficiles malmenant notre déontologie. Nous avons de plus en plus de mal à accepter la scission entre l’activité du médecin et de l’infirmier de l’Éducation nationale organisée par notre ministère. Trois mesures me semblent prioritaires. Recruter des médecins contractuels avec des salaires attractifs, pour faire face aux besoins des élèves et recréer le réservoir des futurs titulaires (près de 400 postes vacants !). Ensuite, il faut inscrire dans les circulaires de l’Éducation nationale les collaborations indispensables entre infirmiers et médecins et redéfinir l’expertise de chacun au sein de l’école pour les mobiliser à bon escient. Enfin, pourquoi ne pas reconnaître cette expertise de notre exercice par une qualification de « médecin du travail de l’enfant et de l’adolescent à l’école » ? Les internes que nous accueillons en stage peuvent témoigner de la richesse de ce métier ! Faisons en sorte qu’ils restent à nos côtés ! Dr Perrin La médecine territoriale souffre avant tout de la méconnaissance D Perrin r des collectivités territoriales. Par ailleurs, si dans les années 1990 « Les politiques de santé publique et de nous avons bénéficié d’une prévention passent de plus en plus par montée en charge de la médecine le biais d’actions facultatives. » territoriale grâce aux actions de décentralisation, nous assistons depuis peu à un reflux. Les politiques de santé publique et Dr Ley de prévention passent de plus Nous sommes 5 400 médecins du travail équivalent temps plein. en plus par le biais d’actions En 2020, nous serons moitié moins. L’un de nos problèmes réside facultatives et non plus par des dans la rigidité du cursus. Un interne en médecine du travail ne compétences assorties de pourra jamais exercer une autre spécialité. Récemment, nous dotations. Cela crée une grande avons créé, avec l’Ordre et les universitaires du DES, le statut de précarité. Nos services risquent médecin collaborateur qui permet aux généralistes de réaliser d’être affaiblis avec des effectifs quatre années de spécialité, en exerçant dans un service de très réduits. Enfi n, de plus en médecine du travail, encadré par un tuteur. Il faut davantage de plus de collectivités confient passerelles… Le rapport Issindou, remis en mai dernier, propose les services de santé quant à lui de transformer la visite d’embauche en entretien à des gestionnaires et à des infirmier. Lors de son audition, l’Ordre avait insisté sur le administratifs. Les médecins caractère essentiel de ce premier contact du salarié avec deviennent tributaires d’un lien l’information médicale, que ne peut réaliser une infirmière de subordination avec des compte tenu de la limitation de ses actes à un « entretien » sans personnes qui ne connaissent évaluation clinique. L’avenir est à privilégier le travail en équipe pas la santé, et donnent parfois pluriprofessionnelle de santé au travail managée par le médecin des orientations contraires aux du travail comprenant infirmière de santé au travail, assistante données de la science et de fait, en santé au travail, médecin collaborateur, psychologue et à la déontologie médicale. Les intervenant en prévention des risques professionnels. Mais le contraintes de gestion prennent but est de déléguer ce qui ne relève pas du cœur de métier de parfois le pas sur le souci médecin. Et s’il n’y a pas de modifications du cursus, nous d’intérêt général et mettent en devrons être sélectifs dans l’utilisation du médecin. Il faudra jeu notre indépendance et nos définir les professions pour lesquelles un suivi médical est responsabilités. indispensable, en laissant la possibilité aux autres salariés qui le demandent d’être reçus sur rendez-vous. médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
16 rubrique 30 % des Français n’ont pas confiance dans les vaccins. Et seuls 28 % s’estiment bien informés sur le rapport bénéfice/risque des médicaments. médecins n° 41 oct.-nov.-déc. 2015
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