ÉVITONS UNE DÉCENNIE PERDUE - Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les ...
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ÉVITONS UNE DÉCENNIE PERDUE Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes
AVANT-PROPOS Depuis 75 ans, l’UNICEF s’efforce d’obtenir des résultats en Le monde se trouve aujourd’hui à un carrefour de son histoire. faveur des enfants. Que ce soit dans le contexte d’un conflit Nous devons décider soit de nous rassembler et d’unir nos armé, de la mise en œuvre d’un programme de développement forces afin de protéger des années de progrès en faveur des ou de survie à long terme, d’une catastrophe naturelle ou droits de l’enfant, soit de laisser les pays lutter à armes inégales d’une crise humanitaire, notre personnel et nos partenaires face à la COVID-19, et donc de marginaliser davantage les œuvrent sur le terrain pour fournir des services essentiels aux populations défavorisées et d’accentuer les inégalités. populations démunies. Depuis plusieurs décennies, l’UNICEF contribue à l’instauration d’environnements plus sains et plus N’oublions pas que l’UNICEF a été fondé durant une autre sûrs pour les enfants et leurs familles. période de crise, à une époque où la majeure partie du monde était en ruine après des années de guerre. Tout comme Prenons un exemple : les vaccins. Dans les années 1980, maintenant, les enfants marginalisés et vulnérables étaient les l’UNICEF et ses partenaires ont entrepris une mission plus affectés. L’organisation avait alors été créée avec le mandat audacieuse : vacciner chaque enfant contre les maladies de faire respecter et de défendre les droits de chaque enfant. évitables. Aux côtés des gouvernements, nous avons participé à l’organisation de l’une des plus importantes mobilisations Aussi, profitons de ce 75e anniversaire pour dresser le logistiques de l’Histoire en temps de paix. Au début des années bilan du travail qu’il nous reste à accomplir en faveur des 1990, le taux de couverture vaccinale des enfants dans le enfants. Aujourd’hui et au cours des années à venir, nous monde avait atteint 80 %. continuerons de tout mettre en œuvre pour créer un monde dans lequel les droits des enfants sont pleinement Avant la pandémie, nous avions enregistré des progrès respectés, et qui offre à chacun des possibilités. Pour considérables pour aider tous les enfants à jouir de leur droit à mener à bien cette mission ambitieuse, qui repose la santé, à l’éducation et à la protection. Au début de l’année sur la création de nouveaux partenariats ainsi que sur 2020, un nombre sans précédent d’enfants vivaient jusqu’à leur le renforcement des partenariats existants avec les premier anniversaire. La mortalité infanto-juvénile avait baissé gouvernements, la société civile, les autres organismes de 50 % depuis 2000. La mortalité maternelle et le mariage de l’ONU et les entreprises, nous devons, tous ensemble, d’enfants reculaient et les filles étaient plus nombreuses que continuer de nous appuyer jamais à aller et à rester à l’école. sur les résultats obtenus en faveur des enfants au cours de nos 75 ans d’existence. Malheureusement, une multitude de crises menace désormais ces progrès accomplis au prix de durs efforts. La pandémie Si, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le secteur de COVID-19 constitue la menace la plus importante à privé a joué un rôle déterminant dans la reconstruction des laquelle les enfants ont été confrontés au cours de nos 75 ans économies, des services et des systèmes en faveur des d’existence. Alors que le nombre d’enfants en proie à la famine, enfants, il sera de nouveau, au cours des années à venir, déscolarisés, maltraités, en situation de pauvreté ou mariés de un partenaire de premier plan pour ouvrir la voie en matière force augmente, ils sont de moins en moins nombreux à avoir d’innovation et de technologie et nous aider à fournir de accès aux soins de santé, à la vaccination, à une nourriture meilleurs services à un plus grand nombre d’enfants et de suffisante et à des services essentiels. familles. La pandémie de COVID-19, l’aggravation de la crise climatique, Enfin, il va sans dire que les enfants et les jeunes restent les conflits armés, les déplacements et d’autres situations nos partenaires les plus importants. Plus que des voix et des d’urgence humanitaire mettent à mal la santé et le bien-être bénéficiaires, ce sont des acteurs à part entière de la création des enfants. Ces situations laissent présager un avenir encore et de la mise en œuvre de solutions. Leur force, leur créativité plus sombre – un avenir dans lequel le monde pourrait ne et leur courage me donnent de l’espoir. En travaillant avec pas atteindre les objectifs de développement durable visant eux, nous pourrons mettre un terme à la pandémie, nous à mettre fin à la pauvreté, à réduire les inégalités et à bâtir relever de manière équitable, et réinventer un avenir meilleur des sociétés plus paisibles et prospères d’ici à 2030. Aussi en pour chaque enfant. septembre dernier, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a-t-il déclaré aux dirigeants mondiaux : « Je suis ici pour tirer la sonnette d’alarme : le monde doit se réveiller. Nous sommes au bord du précipice – et nous continuons de Henrietta Fore nous en approcher. » Directrice générale de l’UNICEF
TABLE DES MATIÈRES Avant-propos 2 Messages clés 4 Introduction 6 1 Une pandémie prolongée aux effets inégaux 9 Un avenir réinventé 11 75 ans de résultats pour les enfants 12 2 Les effets de la COVID-19 sur les enfants 15 Pauvreté 16 Santé et vaccination 18 Éducation 19 Protection de l’enfance 21 Nutrition 22 Santé mentale 24 Situations d’urgence humanitaire 25 Plan d’action à déployer d’urgence en faveur 3 des enfants 27 1. Investir dans la protection sociale, le capital humain et les dépenses en faveur d’un relèvement inclusif et résilient 28 2. Mettre fin à la pandémie et inverser le recul alarmant enregistré dans les domaines de la santé et de la nutrition de l’enfant 32 3. Reconstruire sur des bases plus solides en veillant à ce que chaque enfant reçoive une éducation de qualité, soit protégé et jouisse d’une bonne santé mentale 36 4. Renforcer la résilience afin de prévenir les crises, d’y répondre et de protéger les enfants plus efficacement 40
4 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes MESSAGES CLÉS La problématique actuelle Les risques • La COVID-19 est la pire crise que les enfants aient • Pour que le scénario le plus optimiste se concrétise, connue au cours des 75 ans d’existence de l’UNICEF. nous devons agir dès maintenant. Si nous n’agissons pas, le monde risque de perdre • Avant la pandémie, près d’un milliard d’enfants une décennie de progrès en faveur des enfants, ce qui dans le monde, et la moitié des enfants des pays transformerait les objectifs de développement durable en développement, souffraient déjà au moins d’une en un rêve impossible à atteindre. privation grave en matière d’éducation, de santé, de • En moins de deux ans, 100 millions d’enfants logement, supplémentaires sont tombés dans la pauvreté, ce de nutrition, d’assainissement ou d’eau. qui représente une augmentation de 10 % depuis 2019. • Le monde se trouve aujourd’hui à un carrefour de • Selon le scénario le plus optimiste, il nous faudra entre son histoire : nous devons décider soit de protéger 7 et 8 ans pour nous relever de la pandémie et retrouver et d’étendre les progrès accomplis au fil des années les niveaux de progrès réalisés avant l’apparition en faveur des droits de l’enfant, soit de subir les de la COVID-19 en matière de lutte contre la pauvreté conséquences du recul de ces progrès et d’une décennie des enfants. perdue pour les enfants et les jeunes, des conséquences • Les disparités profondes en matière de redressement que nous ressentirons tous, partout dans le monde. creusent le fossé entre les pays les plus riches et plus pauvres. Alors que les premiers se relèvent, les seconds se couvrent de dettes et prennent du retard sur les progrès à accomplir en matière de développement. Le taux de pauvreté continue d’augmenter dans les pays à revenu faible et les pays les moins avancés. Un enfant boit de l’eau à la seule source disponible au camp d’Hesbi, dans le sud du Liban. Octobre 2021. © UNICEF/UN0553717/Choufany
MESSAGES CLÉS 5 Les raisons de garder espoir Les mesures à prendre • Loin d’être passifs face à l’adversité, les enfants et • Les enfants, qui représentent notre avenir collectif, les jeunes d’aujourd’hui acceptent le changement doivent être les premiers à bénéficier des investissements et les épreuves, et vont de l’avant avec résilience et et les derniers à souffrir des restrictions budgétaires. courage. Ils agissent, refusant de se résigner à un • Ce programme d’action repose sur les 75 ans avenir déjà tracé. La jeune génération se montre plus d’expérience, d’études et de pratique de l’UNICEF, optimiste et confiante quant au fait que le monde et sur autant d’années à écouter les enfants et les jeunes. s’améliore. • Pour accélérer la riposte et le redressement face à la • Les crises actuelles offrent également au monde pandémie, et réinventer un avenir pour chaque enfant, des occasions uniques de se réinventer et de former l’UNICEF renouvelle son appel à : un tout équitable, sûr et interdépendant dans lequel › Investir dans la protection sociale, le capital humain et les tous les enfants ont les mêmes chances de réaliser dépenses en faveur d’un relèvement inclusif et résilient ; leur potentiel. › Mettre fin à la pandémie et inverser le recul alarmant • Depuis 75 ans, l’UNICEF s’impose comme le principal enregistré dans les domaines de la santé et de la architecte et défenseur des droits de l’enfant. Son nutrition de l’enfant, notamment en tirant parti du travail pour obtenir des résultats en faveur de chaque rôle vital joué par l’UNICEF dans la distribution des enfant, en particulier en période de crise, est toujours vaccins contre la COVID-19 ; aussi fondamental. › Reconstruire sur des bases plus solides en veillant à • L’heure n’est pas à la prudence. Le moment est venu ce que chaque enfant reçoive une éducation de qualité, de travailler ensemble et de bâtir un avenir meilleur. soit protégé et jouisse d’une bonne santé mentale ; › Renforcer la résilience afin de prévenir les crises, d’y répondre et de protéger les enfants plus efficacement, notamment en adoptant de nouvelles approches pour éradiquer la famine, protéger les enfants des changements climatiques et repenser la manière dont les fonds sont dépensés lors des catastrophes. Rukaiya Abbas, spécialiste de l’éducation au sein du bureau de l’UNICEF au Nigéria, discute avec des enfants de l’école Kulmsulum de Maiduguri (Nigéria). © UNICEF/UN0322355/Kokic
6 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes INTRODUCTION La COVID-19 est la pire crise que les enfants aient En septembre 2021, selon les estimations, les écoliers connue au cours de nos 75 ans d’existence. Près du monde entier avaient perdu 1 800 milliards d’heures de deux ans après le début de la pandémie, les effets d’apprentissage en classe en raison des fermetures généralisés de la COVID-19 continuent de s’aggraver, d’école liées à la COVID-19, une situation qui aura de augmentant la pauvreté et ancrant les inégalités. profondes répercussions sociales et économiques Si certains pays se relèvent et reconstruisent à long terme et qui creusera les inégalités. une « nouvelle normalité », pour beaucoup, en revanche, la COVID-19 constitue toujours une Des services de nutrition et de santé essentiels, tels catastrophe. que les programmes de vaccination de routine, les soins maternels, et les services de garde d’enfant, Le monde a riposté de manière très inégale et sont toujours interrompus. inadaptée et se trouve désormais à la croisée des chemins. Les mesures que nous prenons aujourd’hui Les fermetures d’école, les pertes d’emploi touchant détermineront le bien-être et les droits des enfants les familles et l’augmentation des niveaux de stress et pendant de nombreuses années. d’anxiété ont affecté la santé mentale des enfants et des jeunes. Le déploiement inéquitable des vaccins contre la COVID-19 met des populations entières en danger, La COVID-19 reste une crise urgente pour les enfants et tandis que l’apparition de nouveaux variants continue nécessite une action soutenue et ciblée. de menacer la santé des enfants et de leur communauté. À l’heure où nous célébrons les 75 ans de l’UNICEF, ce L’augmentation de la pauvreté a annulé les progrès rapport dresse le bilan des effets de la COVID-19 sur les accomplis en faveur des droits de l’enfant et des enfants et décrit le travail que nous devrons accomplir objectifs de développement durable. et la voie que nous devrons emprunter pour riposter et nous relever en réinventant l’avenir pour chaque enfant. L’alimentation des enfants se détériore et les familles luttent pour se procurer suffisamment de nourriture et d’eau salubre.
INTRODUCTION 7 « D’après mon expérience, apprendre pendant la pandémie a engendré une grande perte d’intérêt, qui s’explique peut-être par le fait d’étudier à distance ou par le mélange entre enseignement en ligne et en classe […]. Nous avons ressenti de la frustration, de l’anxiété et de la panique, nous n’avions plus envie d’aller à l’école, et tout cela a eu de grandes répercussions sur notre santé mentale […]. Je pense que notre génération se pose beaucoup de questions. Nous parlons de sujets tabous, mais surtout, nous défendons nos droits, nous prenons la parole, et nous ne laissons personne nous réduire au silence. Nous unissons nos forces quelles que soient nos différences, ce qui est une bonne chose quand on veut atteindre un objectif commun. Nous voulons faire preuve d’empathie pour laisser derrière nous une planète en bonne santé, un monde dans lequel il fait bon vivre et un environnement agréable pour les futures générations. » Sofia, Uruguay. Extrait issu de la saison 2 de la série « Surmonter la COVID-19 » produite par l’UNICEF. Des jeunes filles s’amusent après l’école à Montevideo, en Uruguay. © UNICEF/UN0343182/Pazos
8 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes ENCADRÉ : L’URGENCE FACE À L’IMPACT CONSIDÉRABLE DES CRISES MULTIPLES Des agents de santé transportent des vaccins en vue d’une séance de vaccination contre la COVID-19 à Ramgarh (Banswada), en Inde. © UNICEF/UN0499236/ Bhardwaj Les enfants d’aujourd’hui grandissent dans un monde À l’échelle mondiale, 426 millions d’enfants, soit près frappé par une multitude de crises. d’un enfant sur cinq, vivent dans des zones de conflits, lesquels deviennent de plus en plus intenses et font Cependant, tous n’en paient pas le même prix. Les payer un tribut de plus en plus lourd à la population plus touchés sont les plus marginalisés et les plus civile, affectant de manière disproportionnée les enfants. vulnérables et de vastes disparités persistent en matière Les femmes et les filles sont les principales victimes des de santé, d’éducation, de santé mentale, de pauvreté violences sexuelles liées aux conflits. 80 % de la totalité et de migration. des besoins humanitaires sont imputables aux conflits. En 2020, plus de 23 millions d’enfants ont été privés 50 millions d’enfants souffrent d’émaciation, la forme de vaccins essentiels – ce chiffre, qui représente une la plus dangereuse de malnutrition, et 9 millions hausse de 4 millions d’enfants depuis 2019, est inégalé d’enfants supplémentaires risquent d’être touchés depuis 2009. d’ici à 2022 en raison des effets de la pandémie sur leur alimentation, sur les services de nutrition et sur Au plus fort de la pandémie, plus de 1,5 milliard d’élèves les pratiques alimentaires. étaient déscolarisés en raison de la fermeture des écoles de leur pays. Aujourd’hui, des millions d’enfants Près d’un milliard d’enfants, soit près de la moitié ne vont toujours pas à l’école ou n’acquièrent pas les des enfants du monde, vivent dans un pays courant compétences élémentaires dont ils ont besoin pour bâtir un « risque extrêmement élevé » de subir les effets un avenir meilleur. des changements climatiques. Plus de 13 % des adolescents âgés de 10 à 19 ans dans Jamais autant d’enfants n’avaient été déplacés. le monde sont concernés par des problèmes L’année dernière, plus de 82 millions de personnes de santé mentale. dans le monde étaient déplacées de force. UNE PANDÉMIE
UNE PANDÉMIE PROLONGÉE AUX EFFETS INÉGAUX 9 PROLONGÉE AUX EFFETS INÉGAUX La pandémie continue de faire des ravages dans la vie Ces disparités sont manifestes dans le déploiement des jeunes du monde entier. La COVID-19 a bouleversé des vaccins contre la COVID-19. Les avancées de la la vie de chaque enfant sur la planète. Cependant, science et l’inventivité humaine ont permis la mise tous ne sont pas affectés de la même manière. Les au point de vaccins vitaux en un temps record. Si les gouvernements se sont engagés dans une course contre populations des pays riches ont accès à ces vaccins, la montre pour accélérer les programmes de vaccination beaucoup de personnes dans des pays plus pauvres tout en prolongeant, voire en réintroduisant, des attendent toujours de recevoir leur première dose. mesures de santé publique. Au 1er novembre 2021, plus de 80 % des doses de vaccins contre la COVID-19 avaient été administrées Une enquête menée par les bureaux de pays de dans des pays à revenu élevé et intermédiaire de la l’UNICEF en mars et avril 2021 indique que tous les tranche supérieure. Les pays à revenu faible, quant pays – et pas seulement ceux où une intervention à eux, n’avaient reçu que 1,5 % des doses. humanitaire est en cours ou ceux qui sont en retard dans la réduction des taux de mortalité infanto-juvénile – Lors du Sommet mondial sur la pandémie de continuent de faire face à de graves perturbations de coronavirus qui s’est tenu en septembre, les dirigeants leurs services en raison de la pandémie de COVID-19, du monde s’étaient fixé l’objectif que chaque pays même si ceux visés par un appel à l’action humanitaire ait vacciné 70 % de sa population d’ici à la fin du pour les enfants sont davantage touchés. En cause, premier semestre 2022. Or, selon une estimation, les mesures de confinement qui restreignent la mobilité, plus de 85 pays à revenu faible devront attendre au l’accès aux services et les transports. moins 2023 pour atteindre un taux de vaccination de 60 %. Le relèvement économique est très inégal. Alors Ce déploiement inéquitable n’affecte pas seulement que les pays plus riches devraient combler toutes ceux qui n’ont pas accès aux vaccins ; le monde entier les pertes induites par la pandémie d’ici à la fin de est concerné. Plus le virus continue de se propager, l’année 2022, les pays à revenu faible font face plus il continue de muter et de produire des variants à une crise budgétaire et économique susceptible potentiellement plus dangereux. de durer des années. De même, pendant que les premiers dépensent des milliers de milliards de dollars La pandémie ne sera terminée pour personne tant dans des programmes de relance et dans le déploiement qu’elle ne sera pas terminée pour tout le monde. des vaccins contre la COVID-19, les seconds connaissent une croissance économique plus lente, des pénuries de vaccin, une insécurité alimentaire et des niveaux croissants de pauvreté. Dans un contexte où de nombreux pays à revenu plus faible sont surendettés, la pandémie contribue à creuser le fossé entre les pays riches et les pays pauvres.
10 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes « La COVID-19 a changé ma manière de voir le monde. Nous avons dû apprendre à nous adapter rapidement à des situations imprévisibles. Personnellement, la pandémie m’a encouragée à prendre davantage soin de ma santé et de mon hygiène et à faire preuve d’entraide […]. Je souhaite continuer de faire bouger les choses et d’œuvrer en faveur des enfants d’Indonésie, en particulier des enfants du quartier de Bone […]. Je souhaite que les filles indonésiennes puissent aller le plus loin possible dans leurs études sans être entravées par un mariage précoce ou un mariage arrangé, par exemple. J’aimerais que les gens prennent conscience du fait que l’éducation est primordiale. » Zulfa, Indonésie. Extrait issu de la saison 2 de la série « Surmonter la COVID-19 » produite par l’UNICEF. Avant de sortir, Endah met un masque à Fatima, sa fille de 3 ans. Elles vivent à Bekasi, dans la province de Java occidental, en Indonésie. © UNICEF/UNI346202/Wilander
UN AVENIR RÉINVENTÉ 11 UN AVENIR RÉINVENTÉ Il y a un an, nous exhortions le monde à agir pour éviter 1. Investir dans la protection sociale, le capital humain une génération perdue à cause de la COVID-19. Un et les dépenses en faveur d’un relèvement inclusif et an plus tard, il est clair que les enfants et les jeunes résilient : d’aujourd’hui sont tout sauf passifs face à l’adversité. • Assurer un relèvement inclusif pour chaque enfant ; Ils forment une génération qui accepte le changement • Investir dans la réalisation du potentiel des jeunes et les épreuves, et qui va de l’avant avec résilience et migrants, des réfugiés et des personnes déplacées courage. Plutôt que de se résigner à un avenir déjà tracé, à l’intérieur de leur propre pays. ils agissent et ouvrent de nouvelles possibilités. 2. Mettre fin à la pandémie et inverser le recul alarmant La jeune génération se montre plus optimiste et enregistré dans les domaines de la santé et de la confiante quant au fait que le monde s’améliore. Dans nutrition de l’enfant, notamment en tirant parti du le cadre du projet L’Enfance en évolution, l’UNICEF a rôle vital joué par l’UNICEF dans la distribution des interrogé 20 000 personnes dans 21 pays et découvert vaccins contre la COVID-19 : que loin de se morfondre devant les inégalités et la • Garantir un accès juste et équitable aux vaccins contre crise climatique, les jeunes étaient plus confiants que la COVID-19 ; les 40 ans et plus sur le fait que le monde s’améliorait. • Protéger les enfants contre les maladies mortelles Selon la même enquête, les jeunes d’aujourd’hui étaient mais évitables ; plus enclins que leurs aînés à reconnaître les progrès • Mettre un terme à la crise nutritionnelle qui touche accomplis, du fait de l’amélioration de la qualité de vie et les enfants. de l’élargissement de l’accès aux services. 3. Reconstruire sur des bases plus solides en veillant Les attentes des enfants et des jeunes évoluent. Il ne à ce que chaque enfant reçoive une éducation de leur suffit plus de faire entendre leur voix et de recevoir qualité, soit protégé et jouisse d’une bonne santé des services. Ils défendent leurs droits, s’imposent mentale : en tant qu’acteurs du changement et participent à la • Reprendre l’apprentissage en présentiel et fournir à création et à la mise en œuvre de solutions. Que ce chaque enfant une éducation de meilleure qualité ; soit au sujet de la crise climatique, de la santé mentale, • Investir en faveur de la santé mentale et du bien-être de l’éducation, de la xénophobie, du racisme ou de la des enfants et des jeunes. discrimination, ils appellent les adultes à réinventer un avenir meilleur. 4. Renforcer la résilience afin de prévenir les crises, d’y répondre et de protéger les enfants plus Quant à nous, les adultes, nous devons écouter leurs efficacement, notamment en adoptant de nouvelles points de vue et en tirer des enseignements. Nous leur approches pour éradiquer la famine, protéger les devons d’être à la hauteur. enfants des changements climatiques et repenser la manière dont les fonds sont dépensés lors des À l’heure où l’UNICEF célèbre son 75e anniversaire, catastrophes : et dans un contexte marqué par l’urgence, nous nous • En finir définitivement avec la famine et l’insécurité réengageons à travailler avec nos partenaires, nos alimentaire ; soutiens, les enfants et les jeunes du monde entier • Prendre des mesures immédiates pour protéger les afin de veiller à ce que tous les enfants survivent et enfants contre les effets des changements climatiques s’épanouissent pour devenir des adultes en bonne santé et ralentir la hausse dévastatrice des températures et productifs, et de protéger les plus marginalisés et les mondiales ; plus vulnérables. • Repenser la manière dont les fonds sont dépensés lors des catastrophes ; Les enfants doivent être les premiers à bénéficier des • Redoubler d’efforts pour protéger les enfants investissements et les derniers à souffrir des restrictions confrontés à la guerre. budgétaires. Aussi, nous entamons notre 76e année en exhortant le monde à prendre immédiatement des mesures pour lutter contre la COVID-19 et se relever. Un relèvement équitable permettra non seulement d’annuler les effets de la pandémie, mais aussi de jeter les bases nécessaires pour répondre aux prochaines crises et combler les inégalités profondes qui affectent les enfants. Pour cela, nous devons :
75 ANS DE RÉSULTATS POUR LES ENFANTS Quand l’UNICEF a Au début des années 1980, été fondé en 1946 au l’UNICEF a lancé « la Révolution lendemain de la Seconde pour la survie et le développement Guerre mondiale, le de l’enfant » dans le but de sauver monde se trouvait dans la vie de millions d’enfants chaque un état de dévastation année. Cette initiative repose sur sans précédent. Les quatre mesures à faible coût : la enfants avaient besoin du surveillance de la croissance, la soutien, des services et thérapie par réhydratation orale, du plaidoyer que l’UNICEF la promotion de l’allaitement et la pouvait leur fournir. vaccination. 1946 Années 1980 Années 1970 Années 1990 À l’échelle mondiale, la santé et le bien-être des À la suite de l’adoption de la Convention relative aux droits de enfants se sont considérablement améliorés depuis l’enfant (le cadre juridique international le plus complet sur les 1946. Avec l’aide de ses partenaires, l’UNICEF a mis droits de l’enfant) en 1989, l’UNICEF a rassemblé les nations au point des innovations qui ont révolutionné la vie sous la bannière des droits de l’enfant et adopté une approche des enfants, notamment la famille de pompes à eau fondée sur les droits humains dans ses programmes, plaçant manuelles India Mark II inventées dans les années 1970, les principes des droits de la personne au cœur de ses qui restent encore aujourd’hui les pompes manuelles activités. Dans les années 1990, l’UNICEF a également créé les plus largement utilisées dans le monde. « L’école en boîte », qui continue de permettre aux enfants de poursuivre leur apprentissage dans les situations d’urgence. Photographie : En haut à gauche © UNICEF/UNI43138/Inconnu, en haut à droite © UNICEF/UN0300443/Bannon, en bas à gauche © UNICEF/UNI43280/Wolff, en bas à droite © UNICEF/ UN0339499/Frank Dejongh
Dans les années 2000, l’UNICEF a déployé à grande échelle Enfin, en 2020, tandis que le monde se débattait avec la un aliment thérapeutique prêt à l’emploi qui s’est imposé pandémie de COVID-19, l’UNICEF a joué un rôle majeur comme la référence mondiale pour traiter les enfants dans la riposte à l’échelle du système des Nations Unies souffrant de malnutrition. De 2000 à 2019, l’élargissement et dirigé les efforts d’achat et d’approvisionnement de la couverture de la prévention et du traitement du des vaccins contre la COVID-19 pour que tous les paludisme, notamment grâce à l’utilisation de moustiquaires pays puissent jouir d’un accès juste et équitable à la imprégnées d’insecticide, de tests de diagnostic rapide vaccination dans le cadre du Mécanisme COVAX. et de médicaments efficaces, a permis de faire baisser la mortalité due au paludisme de 60 % dans le monde. Années 2000 Années 2020 Années 2010 Une décennie plus tard, l’UNICEF a endossé un rôle de Cependant, il reste encore de nombreux progrès premier plan pour éliminer les inégalités systémiques à accomplir. Beaucoup trop d’enfants et de jeunes à travers le monde. En 2015, le monde a commencé à défavorisés sont toujours laissés de côté en raison de travailler à la mise en œuvre d’un nouveau programme discriminations et d’inégalités profondément ancrées. de développement mondial visant à atteindre, d’ici à L’UNICEF est résolu à atteindre les enfants des foyers, 2030, les nouvelles cibles établies dans les objectifs de des communautés et des pays les plus pauvres et les développement durable (ODD). plus défavorisés. Photographie : En haut à gauche © UNICEF/UN0519450/Upadhayay, en haut à droite © UNICEF/UN0528415/Sujan, en bas à gauche © UNICEF/UNI187128/Noorani, en bas à droite © UNICEF/UN0546107/Contreras
14 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes Hamsatou, 13 ans, se lave les mains au sein du camp pour personnes déplacées de Socoura à Mopti, au Mali. © UNICEF/ UN0488966/ Keïta
LES EFFETS DE LA COVID-19 SUR LES ENFANTS 15 LES EFFETS DE LA COVID-19 SUR LES ENFANTS Les écoles du monde entier sont Au plus fort de la pandémie, restées fermées pendant près 1,8 milliard d’enfants vivaient de 80 % du temps d’enseignement dans l’un des 104 pays où les en classe durant la première année services de prévention et de de la pandémie. lutte contre la violence étaient gravement perturbés. En mars 2020, au plus fort de la pandémie, 1,6 milliard d’élèves (90 % de l’ensemble des élèves dans le monde) étaient touchés par la fermeture de leur école. Selon les projections, le pourcentage d’enfants vivant dans la pauvreté multidimensionnelle serait passé de 46 à 48 % avant la COVID-19 à près de 52 % en 2021, ce qui signifie que 100 millions d’enfants supplémentaires seraient touchés. Le pourcentage d’enfants vivant en situation de pauvreté monétaire serait passé de 32 % en 2019 à 35 % en 2021, soit une augmentation qui représente 60 millions d’enfants depuis l’apparition de la pandémie. 50 millions d’enfants souffrent En octobre 2020, la pandémie d’émaciation, la forme la plus avait perturbé ou interrompu grave de malnutrition. 9 millions des services essentiels de santé d’enfants supplémentaires mentale dans 93 % des pays pourraient être concernés d’ici à travers le monde. à 2022 en raison des effets de la pandémie. Les conflits touchent de plus En 2020, plus de 23 millions en plus les civils, affectant d’enfants ont été privés de les enfants de manière vaccins essentiels, un chiffre disproportionnée, et les femmes inégalé depuis 2009. et les filles sont exposées à un risque accru de violences sexuelles liées aux conflits.
16 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes PAUVRETÉ La pandémie de COVID-19 sape les progrès accomplis à 2020, les inégalités restent frappantes. Si la situation pour lutter contre la pauvreté touchant les enfants. Bien s’améliore dans les pays plus riches, le taux de pauvreté que, dans la majeure partie du monde, les niveaux de continue d’augmenter dans les pays à revenu faible et pauvreté touchant les enfants à la fin de l’année 2021 les pays les moins avancés depuis 2020. aient baissé par rapport à ceux enregistrés au cours des premiers mois de la pandémie en 2020, il faudra au Dans les pays en développement, le pourcentage moins 7 ou 8 ans pour se relever et revenir aux niveaux d’enfants vivant dans la pauvreté multidimensionnelle d’avant la pandémie. En d’autres termes, le relèvement serait passé de 46 à 48 % avant l’apparition de la n’est pas assez rapide. COVID-19 (ce qui représente près d’un milliard d’enfants) à près de 52 % en 2021. Cela signifie que 100 millions L’UNICEF prend en compte deux mesures différentes, d’enfants supplémentaires vivraient dans la pauvreté mais complémentaires, pour calculer la pauvreté des par rapport à l’année 2019, selon les projections. enfants : les enfants vivant au sein d’un foyer en Dans les pays les moins avancés, l’augmentation de situation de pauvreté monétaire et les enfants vivant la pauvreté serait encore plus importante, puisqu’elle dans la pauvreté multidimensionnelle (privations dans au serait passée de 48 % en 2019 à près de 56 % en moins l’un des domaines suivants : l’éducation, la santé, 2021 (ce qui signifie que plus de 40 millions d’enfants le logement, la nutrition, l’assainissement et l’eau). supplémentaires seraient touchés). Le pourcentage d’enfants vivant au sein d’un foyer en En outre, les pays à revenu faible se relèvent moins situation de pauvreté monétaire a considérablement vite et continuent d’enregistrer des taux plus élevés de augmenté entre 2019 et 2020. Bien qu’une légère baisse chômage, ce qui prolonge la souffrance des familles ait été observée à l’échelle mondiale en 2021 par rapport et des enfants. Les effets inégaux de la COVID-19 Sebabatso Nchephe, 18 ans, se tient debout sur le toit de la maison qu’elle partage avec sa mère et ses deux sœurs à Ivory Park, une zone d’implantation sauvage dans la banlieue de Johannesburg, en Afrique du Sud. © UNICEF/UNI363394/Schermbrucker
LES EFFETS DE LA COVID-19 SUR LES ENFANTS 17 FIGURE 1 : FIGURE 2 : Le pourcentage d’enfants vivant au sein d’un La hausse de la pauvreté multidimensionnelle foyer en situation de pauvreté monétaire depuis l’apparition de la COVID-19 devrait être devrait continuer d’augmenter dans les beaucoup plus marquée dans les pays les moins pays à revenu faible avancés Enfants vivant dans la pauvreté monétaire (en %) Enfants vivant dans la pauvreté multidimensionnelle (en %) 60 Pays à revenu faible 60 Pays les moins avancés Pays les moins avancés Pays en développement Pays en développement Autres pays que les pays les moins avancés Pays à revenu 50 50 intermédiaire de la tranche inférieure Autres pays que les pays les moins avancés 40 Pays à revenu 40 intermédiaire de la tranche supérieure 30 30 20 20 10 10 0 0 2019 2020 2021 2019 2020 2021 creuseront probablement davantage les inégalités santé. Cependant, plus la pandémie dure, plus il devient entre les pays, affectant particulièrement les enfants évident que les perturbations économiques ont des vivant dans les régions pauvres. Les enfants vivant effets tardifs et cumulatifs sur la nutrition, ce qui modifie déjà dans la pauvreté monétaire courent le risque de la composition de la pauvreté. Celle-ci touche désormais sombrer davantage dans la pauvreté, tandis qu’une d’autres profils d’enfants et implique des problèmes nouvelle vague d’enfants est susceptible d’augmenter différents, dont une grande partie sont attribuables aux la prévalence de la pauvreté en raison de la hausse des importantes lacunes existant en matière de protection taux de chômage. sociale. Par exemple, seul un enfant sur quatre a accès à une forme d’indemnité pour enfant à charge ou de Même avant la pandémie, près de la moitié des prestations familiales1. enfants des pays en développement souffraient au moins d’une privation grave dans le domaine de l’éducation, de la santé, du logement, de la nutrition ou de l’eau et de l’assainissement. En 2020, la pauvreté multidimensionnelle a augmenté de 15 à 18 % à cause 1 Remarque : Pour en savoir plus sur les postulats, les analyses et les des effets immédiats de la COVID-19, tels que les méthodes utilisés pour élargir et mettre à jour les projections relatives aux effets de la COVID-19 sur la pauvreté touchant les enfants et les enfants fermetures d’écoles et la perturbation des services. vivant au sein d’un foyer en situation de pauvreté monétaire réalisées l’année dernière par l’organisation Save the Children et l’UNICEF, veuillez Ces chiffres devraient en partie baisser en 2021 grâce à consulter le document intitulé Technical Note: Impact of COVID-19 on la réouverture des écoles et à la reprise des services de Child Poverty, second year disponible à l’adresse www.unicef.org/reports/ unicef-75-preventing-a-lost-decade.
18 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes SANTÉ ET VACCINATION Plus de la moitié des pays ayant déclaré des données et 17 millions d’entre eux n’avaient reçu aucun vaccin sur le premier trimestre 2021 ont signalé une diminution (enfants « zéro dose »). des services de vaccination de routine par rapport à la même période en 2020 et plus d’un tiers ont fait état de • La majorité de ces enfants vivent dans des perturbations dans ces services, tant dans les centres de communautés touchées par des conflits, dans des lieux soins que dans le cadre des services de proximité. isolés mal desservis, ou dans des zones d’implantation sauvage en milieu urbain où ils sont confrontés à des En moins de deux ans, la pandémie a érodé des années de progrès en faveur de la vaccination des enfants : privations multiples, parmi lesquelles un accès limité aux services de santé élémentaires et aux principaux services sociaux. • En 2020, plus de 23 millions d’enfants ont été privés de vaccins essentiels, un chiffre en hausse de 4 millions depuis 2019 et inégalé depuis 2009. • Sur ces 23 millions d’enfants, plus de 60 % vivent dans dix pays seulement (l’Angola, le Brésil, l’Éthiopie, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines et la République démocratique du Congo) Rocham Dear porte son enfant handicapé au sein du centre de dépistage et de vaccination soutenu par l’UNICEF dans la province de Ratanakiri, au Cambodge. © UNICEF/UNI316681/Frank Dejo
LES EFFETS DE LA COVID-19 SUR LES ENFANTS 19 ÉDUCATION Durant la première année de la pandémie, les fermetures d’écoles ont touché le monde entier, affectant l’ensemble des pays et des régions. En effet, les écoles de toute la planète étaient soit complètement soit partiellement fermées, entraînant ainsi une perte de près de 80 % du temps d’enseignement en classe (les fermetures complètes représentant 43 % du temps d’enseignement en présentiel contre 35 % pour les fermetures partielles). L’Amérique latine et les Caraïbes ont été la région la plus touchée, 80 % du temps d’enseignement ayant été perturbé en raison de la fermeture complète des écoles. En Asie du Sud, qui constitue la région plus peuplée, la perte du temps d’enseignement imputable à la fermeture complète des écoles s’est élevée à 57 %, tandis qu’elle a atteint 51 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans certains pays, les écoles n’ont pas rouvert depuis le début de la pandémie, en 2020. Selon des données de l’UNESCO, au 31 octobre 2021, plus de 55 millions d’élèves dans 14 pays étaient privés d’école et ne bénéficiaient d’aucun apprentissage en présentiel. Les enfants fréquentant Les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche l’école no 78 de Yerevan, inférieure ont davantage été affectés par la fermeture en Arménie, portent des complète des écoles que les pays à revenu intermédiaire masques en classe pour de la tranche supérieure et les pays à revenu élevé. se protéger et protéger les autres de la COVID-19. Si les écoliers issus de milieux plus riches ont accès © UNICEF/UN0415007/Galstyan à la technologie numérique et peuvent poursuivre leur apprentissage à distance, les enfants venant de familles plus démunies risquent de prendre davantage de retard dans leur apprentissage. Les fermetures Les disparités d’accès à Internet sont encore plus d’écoles prolongées conjuguées à un apprentissage à flagrantes entre les pays riches et les pays pauvres. distance inadapté risquent de provoquer des lacunes Seuls 6 % des enfants et des jeunes âgés de 25 ans considérables, exacerbant davantage la crise de ou moins dans les pays à revenu faible ont accès à l’apprentissage. Internet chez eux, contre 87 % dans les pays à revenu élevé. Toujours à l’échelle mondiale, dans le quintile En outre, des inégalités frappantes en matière d’accès à des familles les plus riches, 58 % des enfants et des Internet persistent à l’échelle internationale et nationale. jeunes âgés de 25 ans ou moins bénéficient d’un Au niveau mondial, 2,2 milliards d’enfants et de jeunes accès à Internet chez eux contre seulement 16 % des âgés de 25 ans ou moins – soit deux tiers des enfants et enfants et des jeunes vivant dans le quintile des foyers des jeunes du monde – n’ont pas de connexion Internet les plus pauvres. chez eux.
20 Évitons une décennie perdue : Mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la COVID-19 sur les enfants et les jeunes FIGURE 3 : La fermeture complète des écoles a perturbé un pourcentage plus élevé de temps d’enseignement en classe dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure Écoles ouvertes Écoles partiellement fermées Écoles complètement fermées Pays à 29 51 21 revenu élevé Catégorie de revenu Pays à revenu intermédiaire de la 27 33 40 tranche supérieure Pays à revenu intermédiaire de la 13 34 53 tranche inférieure Pays à 36 22 42 revenu faible Monde 22 35 43 Asie du Sud 3 40 57 Amérique latine 3 18 79 et Caraïbes Amérique 0 97 3 du Nord Moyen-Orient et 24 25 51 Afrique du Nord Région Afrique de l’Est 32 24 44 et australe Asie de l’Est et Pacifique 33 39 29 Europe de l’Est et 41 26 32 Asie du Centre Afrique de l’Ouest 42 21 38 et centrale Europe de l’Ouest 46 25 29 Pourcentage de temps d’enseignement en présentiel perturbé par les fermetures d’écoles durant la première année de la pandémie (11 mars 2020 – 11 mars 2021) Remarque : Les écoles sont dites « complètement fermées » lorsque les fermetures décidées par le gouvernement affectent au moins 70 % des élèves (de l’enseignement préscolaire au deuxième cycle du secondaire) du pays ; les écoles sont dites « partiellement fermées » lorsque les fermetures décidées à l’échelle infranationale affectent une proportion plus faible d’élèves.
LES EFFETS DE LA COVID-19 SUR LES ENFANTS 21 PROTECTION DE L’ENFANCE Même avant la pandémie, la violence était déjà bien mariées. La pandémie est en train d’annihiler des années trop courante dans la vie des enfants, affectant au de progrès pour mettre fin à cette pratique. Elle pourrait moins un milliard d’entre eux chaque année. Tout provoquer jusqu’à 10 millions de mariages d’enfants laisse à penser que les perturbations et les mesures supplémentaires d’ici à la fin de la décennie. Pour mettre de santé publique associées à la pandémie ont accru la un terme à cette pratique, il est impératif de réduire la fréquence et l’intensité des violences. Parallèlement, pauvreté et d’élargir l’accès à l’éducation et à l’emploi. les enfants ont été coupés de la plupart des personnes sur lesquelles ils pouvaient s’appuyer lorsqu’ils étaient Les progrès mondiaux pour mettre fin au travail des en détresse, notamment au sein du cadre scolaire, de enfants stagnent pour la première fois en 20 ans. Selon la famille élargie et de la communauté. Au plus fort de les dernières estimations mondiales, 160 millions la pandémie, 1,8 milliard d’enfants vivaient dans l’un d’enfants dans le monde travaillent, soit 8,4 millions des 104 pays où les services de prévention et de lutte d’enfants de plus qu’il y a quatre ans. Au début de contre la violence étaient gravement perturbés. La crise l’année 2020, 63 millions de filles et 97 millions de sanitaire actuelle finira par disparaître, mais les effets garçons dans le monde travaillaient, soit une moyenne de la violence et des traumatismes durant l’enfance d’un enfant sur dix dans le monde. Neuf millions peuvent perdurer, et entraîner d’importants coûts d’enfants supplémentaires risquent d’être contraints sociaux et économiques. de travailler d’ici à la fin de l’année 2022 en raison de l’augmentation de la pauvreté provoquée par la Le mariage d’enfants est étroitement lié à un niveau pandémie. d’éducation plus faible, à des grossesses précoces, à la violence au sein du couple, à la mortalité maternelle et infanto-juvénile, à des taux plus élevés d’infections sexuellement transmissibles, à la pauvreté intergénérationnelle et à la perte d’autonomie des filles Meimouna, 12 ans, a tout pour réussir. Cette élève brillante a de très bons résultats scolaires et rêve de devenir enseignante, mais là où elle vit, dans le camp de réfugiés de M’berra, en Mauritanie, une menace place sur son avenir : le mariage précoce. © UNICEF/UN0479231/Pouget
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