100% ENERGIES RENOUVELABLES: RENFORCER LE DÉVELOPPEMENT AU MAROC
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V O I X D E S G É N É R A T I O N S F U T U R E S 100% ENERGIES RENOUVELABLES: RENFORCER LE DÉVELOPPEMENT AU MAROC
2 RÉSUMÉ 1 S’accorder sur une vision commune et poser l’objectif de 100% d’énergies renouvelables Au Maroc, tout comme à l’échelle globale, le secteur de l’éner- Un objectif reflète une vision politique commune et joue pour gie est l’un des principaux facteurs du changement climatique. cela un rôle central dans la mise en œuvre de pratiques et de De plus, le Maroc est fortement dépendant des importations stratégies énergétiques globales, nationales et locales. Définir de combustibles fossiles, ce qui met sérieusement en péril sa un objectif ambitieux à long terme fait preuve d’engagement sécurité énergétique présente et future. En 2011, le pays impor- politique. Cela permet à la fois aux investisseurs et à la popu- tait 95,6% de l’énergie consommée. Les importations de pé- lation locale dans son ensemble, d’avoir une vision politique trole comptent pour 20% de la totalité des importations et 50% sur le long-terme. Cela donne aussi l’occasion aux différents du déficit commercial actuel. S’ajoute à cela l’augmentation de acteurs impliqués de mieux comprendre leur rôle dans ce chan- la consommation énergétique de ce pays d’Afrique du Nord, gement et la part qu’ils peuvent jouer pour atteindre ce but liée à la croissance économique, à l’accroissement de la popu- commun. lation et à l’augmentation de la consommation énergétique par personne: entre 2002 et 2011, la consommation énergétique 2 Encrer la stratégie 100% ER dans le plan moyenne a augmenté de 5,7%. national de développement économique Pour assurer la transition vers un développement plus durable, La stratégie 100% ER doit être encrée dans le plan national plus responsable de l’environnement et surtout vers une pla- de développement économique. La transition énergétique peut nète plus vivable, nous devons modifier radicalement notre devenir un facteur clé de développement économique et de- secteur énergétique et poser les bons échelons pour un avenir vrait représenter la base d’une stratégie économique nationale plus propre et plus juste, alimenté par 100% d’énergies renou- pour assurer au Maroc une prospérité durable sur le long terme. velables. Les acteurs politiques jouent un rôle prépondérant Afin d’atteindre cet objectif, six interventions principales sont dans cette transformation. C’est pourquoi il est impératif de nécessaires: permettre aux décideurs politiques et aux différentes parties 1. La consolidation de l’économie intérieure prenantes de se rencontrer et d’échanger sur les outils et les 2. Le soutien à la recherche et à l’éducation bonnes pratiques permettant de mettre en place cette transfor- 3. La promotion de projets à petite échelle qui impliquent les mation. C’est dans ce sens que le World Future Council voit communautés locales son rôle de communicant qui rassemble les législateurs et les 4. La construction de centres qui disséminent l’information à experts ayant la volonté de prendre une part active et directive partir de projets pionniers dans cette aventure. Ce rapport offre une analyse de la situa- 5. L’exploration du potentiel de création d’emploi tion actuelle dans le secteur de l’énergie marocain et donne 6. Le renforcement du rôle des acteurs locaux et régionaux quelques recommandations politiques pour une transition par la réforme de la loi 13-09 juste vers 100% d’énergies renouvelables. 3 Augmenter la coopération entre les différents Ce rapport se base sur la consultation des documents appro- secteurs et niveaux de gouvernance priés ainsi que sur des expertises locales et s’alimente de dis- cussions issues d’une table-ronde de deux jours organisée par Le bouleversement structurel nécessaire pour atteindre 100% le World Future Council et le Parlement du climat, à Rabat, RE ne peut pas reposer sur les épaules d’un seul secteur ou en Novembre 2014 et intitulée: « 100% énergies renouvelables. d’un seul acteur économique. A l’inverse, la coopération et les Renforcer le développement au Maroc ». Ce séminaire a ras- synergies entre les secteurs à travers différents niveaux de la so- semblé une trentaine de participants, parmi eux des parlemen- ciété sont justifiés. Deux principaux types de collaboration ont taires, des acteurs politiques, des membres d’agences nationales été identifiés: et de services publics dans le secteur de l’énergie, ainsi que des I. Le dialogue vertical: créer des alliances entre différents experts techniques et scientifiques marocains. Plusieurs parti- niveaux de gouvernance cipants internationaux ont agrémenté le débat d’exemples de II. Le dialogue horizontal: améliorer la coopération entre pratiques énergétiques en provenance du monde entier. Ces différents acteurs économiques. exemples permettent d’illustrer la faisabilité de l’objectif 100% énergies renouvelables (100% ER) au Maroc. 4 Créer un cadre politique 100% ER cohérent et exhaustif Au cours de ce processus, quatre recommandations politiques clés ont été identifiées: Il est essentiel de créer un cadre politique clair et cohérent, capable de transformer efficacement le secteur de l’énergie, afin d’en faire réellement profiter l’économie et la population du
3 Maroc. Ce cadre politique devrait présenter certaines caractéris- Le processus de création devra comprendre: tiques et s’articuler autour de deux pôles principaux. 1. Un plan d’action clair et bien structuré. 2. Une phase d’apprentissage: il existe aujourd’hui des so- Les facteurs clés devront inclure: lutions, et les décisions doivent être prises sur la base d’expé- 1. L’élimination progressive des subventions aux combus- riences tirées d’études de cas menées dans les pays pionniers tibles fossiles d’une manière socialement acceptable. du monde entier. 2. La mise en place d’un support financier aux énergies renouvelables, transparent et solide. Ces quatre recommandations pratiques ne peuvent être mises 3. Une politique environnementale continue, qui soutient en place que s’il existe une volonté politique forte et unifica- les ER sur le court et le long terme. trice, dans une atmosphère ouverte au dialogue. 4. La promotion des changements techniques et structurels nécessaires pour intégrer les ER intermittentes. 5. La mise en place de mesures politiques qui facilitent l’utili- sation des ER dans le secteur des transports et du thermique. TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ 2 1. INTRODUCTION 4 2. POURQUOI 100% D’ÉNERGIES RENOUVELABLES AU MAROC? 5 2.1 ATTÉNUER LES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ET S’ADAPTER À SON IMPACT 5 2.2 PROMOUVOIR LA SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE ET LA RÉSILIENCE 6 2.3 FAIRE BÉNÉFICIER L’ÉCONOMIE LOCALE ET CRÉER DES EMPLOIS 7 2.4 STIMULER LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET LA PARTICIPATION LOCALE 9 2.5 RÉDUIRE LA POLLUTION ET AMÉLIORER LA SANTÉ HUMAINE 10 3. LES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU MAROC: QU’EST-CE QUI A ÉTÉ FAIT JUSQU’À PRÉSENT? 11 3.1 ACTION 1: PROMOUVOIR LES ER PAR DES RÈGLES ET DES PRATIQUES D’ACTION 12 3.2 ACTION 2: METTRE EN PLACE DES INSTITUTIONS QUI SOUTIENNENT LES ER 13 3.3 ACTION 3: INVESTIR DANS LES PROJETS ER À GRANDE ÉCHELLE 13 4. LES OBSTACLES À LA MISE EN PLACE DES 100% ER AU MAROC 15 5. RECOMMANDATIONS PRATIQUES POUR METTRE EN PLACE 100% ER AU MAROC 17 5.1 S’ACCORDER SUR UNE VISION COMMUNE ET POSER L’OBJECTIF 100% ER 17 5.2 ENCRER LA STRATÉGIE 100% ER DANS LE PLAN NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE 18 5.3 AUGMENTER LA COOPÉRATION ENTRE LES DIFFÉRENTS SECTEURS ET NIVEAUX DE GOUVERNANCE 19 5.4 CRÉER UN CADRE POLITIQUE 100% ER COHÉRENT ET EXHAUSTIF 20 5.4.1 FACTEURS CLÉS 20 5.4.2 PROCESSUS DE CONCEPTION 23 6. CONCLUSIONS 25 BIBLIOGRAPHIE 26 AU SUJET DU WORLD FUTURE COUNCIL 27
4 1. INTRODUCTION Le changement climatique et l’eradication de la pauvreté et des installer des réseaux entre les pays qui développent activement inégalités sont deux des principaux combats de notre époque. et avec succès leurs énergies renouvelables. En effet, un grand Nous savons que ces deux sujets sont intimement liés. Nous nombre de bonnes pratiques et d’instruments politiques à suc- ne pourrons pas venir à bout de la pauvreté, sans parvenir à cès ne parvient pas aux oreilles des décideurs gouvernementaux endiguer le changement climatique. Au Maroc, la population ni à celles des acteurs législatifs, malgré un succès local. C’est est confrontée à un défi supplémentaire: la demande en énergie pourquoi le dialogue doit être facilité afin que les décideurs augmente en continu dans ce pays d’Afrique du Nord, en parti- puissent tirer parti des expériences inestimables de pays avan- culier la demande en électricité. Les causes en sont la croissance cés dans ce domaine. Il faut créer des plateformes de dialogue économique, l’industrialisation galopante, l’accroissement de intersectoriel et interdisciplinaire pour développer un cadre la population et l’augmentation des richesses individuelles. En politique robuste, cohérent et exhaustif qui facilitera la trans- même temps, le Maroc n’a pratiquement pas de ressources fos- formation. siles propres et dépend actuellement à 95% de l’importation de combustibles pour subvenir à ses besoins énergétiques. Ces im- Ce rapport présente un aperçu des discussions tenues au cours portations d’énergie affectent l’équilibre marchand du Maroc de la table ronde de deux jours organisée par le World Future et les subventions à l’énergie représentent un poids réel pour Council et le Parlement du Climat, et qui s’est déroulée à Rabat le budget national. Les pronostics sur la demande énergétique en novembre 2014. Ce rapport se nourrit aussi de la documen- prévoient en outre que l’émission des gaz à effet de serre, ac- tation disponible sur le sujet et d’expertises locales. Son but tuellement encore basse, augmente terriblement suite à cette est d’approfondir le débat avec les parlementaires et les chefs évolution. de gouvernement. L’objectif général est de formuler des recom- Au Maroc, comme ailleurs dans le monde, le secteur de l’éner- mandations politiques sur la manière dont 100% ER peuvent gie est l’un des principaux moteurs du changement climatique. renforcer le développement du Maroc afin d’en faire profiter Pour assurer aux générations présentes et futures la vie sur une la population. planète saine, nous devons transformer le secteur de l’énergie pour le rendre 100% ER. Convertir notre système énergétique La première partie de ce rapport décrit brièvement les raisons demande plus que le remplacement des ressources fossiles par principales pour lesquelles les énergies renouvelables (ER) sont des énergies issues du soleil et du vent. Notre dépendance en non seulement une priorité mais aussi l’unique source d’une énergies fossiles a engendré un système centralisé qui manque vaste palette d’opportunités pour le Maroc. Après avoir donné de diversité et de sécurité, ne permet pas à la population de un résumé concis du cadre actuel de la politique énergétique participer, est dangereuse pour la santé de nos citoyens, met au Maroc, ce rapport met en exergue les principaux obstacles en péril la stabilité du climat global et dérobe les générations à au changement vers les ER dans le pays. A la lumière de ces venir d’un air sain, d’une eau propre et de leur indépendance paramètres, quelques recommandations clés sont identifiées. énergétique. Celles-ci doivent servir de lignes directrices non seulement Se tourner ver 100% ER aujourd’hui, c’est mener une transition au gouvernement marocain et aux législateurs, mais aussi juste, mise en place par des personnes et leur communauté, afin à tous les parlementaires, acteurs politiques et décideurs qui de renforcer la société et d’assurer l’accès aux services énergé- veulent mettre en place les échelons d’une transformation vers tiques durables pour tous. Sortir les gens de la pauvreté tout en 100% ER au Maroc. leur permettant de continuer à se développer sans la menace de changements climatiques ingérables, participe de la transition vers des systèmes énergétiques renouvelables, intelligents et dé- centralisés. La transition vers 100% ER peut aussi bénéficier au Maroc d’un point de vue économique, social et environnemen- tal. La mise en place de politiques permettant une transition vers un avenir à 100% ER pourrait avoir un large spectre de bénéfices. Cependant, il reste bon nombre d’obstacles qui em- pêchent ou ralentissent une telle transition. Pour se confronter à ces obstacles, le transfert des connaissances et les échanges entre les acteurs politiques sont essentiels. Il faut
5 2. POURQUOI 100% D’ÉNERGIES RENOUVELABLES AU MAROC? Etant donnée la forte dépendance du Maroc en ressources portant de rappeler ici à quel point l’économie marocaine re- énergétiques externes et les risques économiques liés, ainsi que pose encore sur l’agriculture. Des sécheresses plus fréquentes et la menace globale que fait peser le réchauffement climatique, une aridité croissante vont mettre en péril un nombre effrayant une transition vers 100% d’énergies renouvelables (100% ER) de Marocains, dont la survie dépend entièrement de l’agricul- semble nécessaire et urgente. Un tel développement serait éga- ture locale. On estime que la production agricole marocaine va lement très bénéfique au Maroc en termes environnementaux, diminuer de 15 à 40% à cause du changement climatique au économiques et sociaux. La mise en place de politiques qui cours du 21ème siècle. Cela risque de faire monter le prix des promeuvent une transition vers un avenir 100% ER pourrait produits alimentaires, d’entraîner une aggravation des inégali- entraîner toute une série de bénéfices de grande envergure. Ces tés sociales et de déstabiliser tout l’équilibre socio-économique bénéfices sont brièvement présentés dans les paragraphes sui- du pays (Schilling J. et al., 2011). Jusqu’à maintenant, les efforts vants. du gouvernement pour combattre le changement climatique se cantonnent aux domaines d’action suivants: la lutte contre la 2.1 ATTÉNUER LES EFFETS DU CHANGEMENT désertification, le développement de la foresterie, la protection CLIMATIQUE ET S’ADAPTER À SON IMPACT des forêts et la conservation de la biodiversité (Reifeld & Aidi, 2014). Cependant, le secteur de l’énergie joue un rôle crucial Les conséquences du changement climatique ont d’ores et déjà dans ce processus. Des mesures substantielles pour réduire les provoqué des déséquilibres à longue échéance au Maroc. Une émissions de CO2 (dioxyde de carbone) seront impératives si partie de la végétation a disparu, l’eau potable se raréfie, et la l’on veut atteindre les objectifs que l’on s’est fixé de manière production agricole diminue. Une étude de Tekken et al. (2009) responsable. En 2011, le secteur de l’énergie a été déclaré cou- décrit la vulnérabilité du Nord-Est marocain aux effets du pable de plus de la moitié de l’émission totale des gaz à effet changement climatique. Les plaines du Delta de la rivière Mou- de serre au Maroc (WRE, 2011). Il est évident que pour ob- louya, en basse altitude, sont particulièrement sensibles à la tenir une réduction consistante de l’émission des gaz à effet montée du niveau de la mer qui accroit l’érosion côtière et aug- de serre, une restructuration massive du secteur énergétique est mente les risques d’inondations, de salinisation de l’aquifère et nécessaire. Dans ce contexte, les technologies d’énergies renou- de dégradation des sols. La tendance générale à la montée de la velables déjà existantes offrent une alternative de choix pour température moyenne et à la baisse des précipitations a été clai- produire de l’énergie tout en réduisant les émissions de CO2. rement observée pour la deuxième moitié du vingtième siècle en Afrique du Nord. Elle a de fortes chances de se poursuivre A la lumière des défis mentionnés plus haut, de nombreuses au cours des décennies à venir, causant des conditions environ- études, qui mettent en évidence les risques liés au changement nementales généralement plus chaudes et plus arides ainsi que climatique au Maroc, insistent également sur l’importance de des périodes de sécheresse plus longues et plus fréquentes. Les poser la priorité sur les stratégies d’atténuation et d’adaptation pronostics prévoient que les précipitations vont certainement à ce changement afin de protéger la vie des générations futures diminuer de 10 à 20% d’ici la fin du 21ème siècle, tandis que les (Schilling J. et al., 2011, Gommes et al. 2008, Ouraich and températures augmenteront de 2°C à 3°C d’ici 2050. D’après Tyner, 2014, Tramblay et al., 2012, Tekken et al., 2009). Un certaines estimations (Schilling J. et al., 2011), la température système énergétique décentralisé qui se base sur 100% d’éner- pourrait augmenter jusqu’à 6°C d’ici la fin du 21ème siècle gies renouvelables pourrait être une manière prometteuse de dans le Nord-Ouest de l’Afrique. combiner l’atténuation et l’adaptation, puisqu’il contribuerait Le revenu moyen par personne et les inégalités sociales sont à réduire les gaz à effet de serre et aiderait en même temps les considérés être des facteurs limitant la capacité d’adaptation du communautés à s’adapter aux impacts du changement clima- pays. Une exposition forte aux changements climatiques, une tique en réduisant la vulnérabilité du système énergétique. En sensibilité accrue aux conséquences environnementales et une même temps que les régions progressent en direction de l’ob- capacité d’adaptation limitée, sont autant de facteurs qui ag- jectif des 100% ER, on peut raisonnablement s’attendre à ce gravent la vulnérabilité du Maroc. Par exemple, des sécheresses que les risques - en particulier les risques physiques directs liés plus fréquentes augmenteront la pression sur les ressources en aux problèmes de transmissions sur le réseau de distribution – eau. Ajoutée à l’accroissement de la population telle qu’elle diminuent d’une manière générale (Leidreiter et al., 2013). est prévue, la pénurie d’eau risque de mettre sérieusement en danger, non seulement le secteur de l’agriculture, mais toute l’économie marocaine et la stabilité du pays. En fait, il est im-
6 2.2 PROMOUVOIR LA SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE ET LA RÉSILIENCE Les énergies renouvelables (ER) ne proposent pas seulement l’intensification des investissements dans les projets d’électricité une solution efficace pour réduire les émissions de CO2 et qui ont permis au pays d’atteindre une couverture d’accès à pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adap- l’électricité de 97% en 2009 (contrairement à 18% en 1995) ter. Elles offrent également de nombreux avantages en termes (Reegle, 2014). Une telle croissance de la consommation éner- de sécurité énergétique et permettent de faire des économies gétique dans un pays aussi foncièrement dépendant des impor- sur les importations d’énergie. En outre, elles donnent une tations en combustibles est évidemment un facteur critique à belle occasion de dépenser les fonds à l’intérieur de l’écono- prendre en compte pour le développement économique du pays. mie nationale plutôt que pour l’importation de combustibles Sans compter que ces énergies fossiles sont épuisables. FIG. 1 étrangers. Comme nous l’avons mentionné plus haut, le Ma- roc est fortement dépendant des importations d’énergie (95,6% Comme le montre la figure 2, le Maroc est particulièrement en 2011). Les importations de pétrole comptent pour 20% des dépendant du pétrole. Cette insuffisance de diversité du mix importations totales et sont responsables de 50% du déficit énergétique et la dépendance à un combustible épuisable et budgétaire actuel. Les importations d’électricité avoisinaient importé peuvent être considérées comme un manque de rési- les 5000 GigaWatts en 2011 (pour seulement 1000 GWh en lience. Au contraire, le développement des ER augmenterait la 2005). En fait, le Maroc dépense environ trois milliards de dol- diversité du mix énergétique. Et comme leur production et leur lars américains par an pour l’importation des combustibles et distribution sont décentralisées, les ER contribuent à rendre de l’électricité. Ceci est dû au fait que, contrairement à d’autres le système énergétique plus adaptable et résistant aux pertur- pays nord-africains, les Maroc n’a pratiquement pas de réserves bations centrales. Une plus grande variété de ressources éner- de pétroles à l’intérieur de ses frontières. Bien que le Maroc ait gétiques utilisables, des sites de production dispersés sur une d’importantes réserves d’huiles argileuses et de gaz de schiste, grande surface géographique, un plus grand nombre de cou- celle-ci ne peuvent pas être exploitées de manière convention- loirs de distribution et une plus grande utilisation domestique nelle (Reegle, 2014). des énergies durables, offrent une valeur ajoutée inégalée en termes de résilience, d’autonomie et de stabilité de l’économie Comme le montre la figure 1, le Maroc a également connu marocaine. Pour finir, il ne faut pas oublier que, alors que les une augmentation considérable de sa demande en électrici- ER sont par définitions inépuisables, les combustibles fossiles té. La consommation énergétique s’est accrue en moyenne sont épuisables et les estimations scientifiques prévoient le ta- de 5,7% entre 2002 et 2011. Ceci s’explique en partie par la rissement des nappes de pétrole dans les 50 prochaines années croissance économique, par l’accroissement démographique (WEC, 2013). FIG. 2 et par l’augmentation de la consommation énergétique indivi- duelle. Cette élévation de la consommation s’explique aussi par Consommation d'électricité en milliards de kWh 30 25 20 15 10 5 0 1970 1980 1990 2000 2010 Figure 1: Consommation d’électricité au Maroc en milliards de kWh (Source: World Bank Data, 2014) Pétrole Charbon Énergies renouvelables Gaz naturel sec 1,7%
15 10 7 5 0 1970 1980 1990 2000 2010 2.3 FAIRE BÉNÉFICIER L’ÉCONOMIE LOCALE ET CRÉER DES EMPLOIS Pétrole Charbon La promotion des énergies renouvelables peut être tout à fait bénéfique à l’économie locale, puisque les investissements se Énergies renouvelables Gaz naturel sec font à l’intérieur du pays et permettent de faire fructifier les fonds nationaux au lieu de les dépenser pour les importations 1,7% de combustibles. Les retombées socio-économiques sont me- surables tout au long des différents segments de la chaîne de valeur – en particulier en ce qui concerne la planification des 18,5% projets, la production, l’installation, les réseaux de distribution, les opérations de maintenance et le démantèlement. D’autres possibilités de créer de la valeur existent dans les activités 3,4% annexes telles que les services, l’éducation, la recherche et le développement, la consultation ou la politique. Le potentiel valorisable diverge selon les pays et les marchés. De plus, le potentiel de création de valeur domestique dépend de l’état de 76,4 % développement de l’industrie (Tableau 1). TABLE 1 Figure 2: Consommation énergétique au Maroc en 2009 (Source: International Energy Statistics 2012) Nombre d'emplois 600000 500000 500000 400000 380000 300000 Stade de développement Potentialités de création 200000 Début du développement Une fois les premiers Un grand nombre de de valeur nationale de l’énergie éolienne et projets mis en oeuvre, les projets ont été mis en 100000 solaire industries locales peuvent place, et l’industrie solaire 30000 y participer 38000 et éolienne nationale 30000 est 0 en train de se développer 1998 2014 2020 1998 2014 Phase du cycle de vie Planification du projet Secteur des énergies Faiblerenouvelables Moyen Secteur de l'énergieElevé nucléaire Fabrication Faible Moyen Moyen / Elevé Installation Faible Moyen Elevé Connexion au réseau Elevé Elevé Elevé Exploitation et entretien Moyen Elevé Elevé Démantèlement Faible Faible Moyen Investissement dans les secteurs du Processus de soutien 5,3 pétrole / gaz naturel et charbon Prise de décision politique Elevé Elevé Elevé Services financiers Faible / Moyen Moyen Elevé Investissements dans Education et formation Faible / Moyen Moyen Moyen / Elevé 16,7 les énergies propres Recherche et développement Faible Faible / Moyen Moyen Consultations Faible Faible Moyen Tableau 1: Bénéfices socio-économiques de l’énergie solaire et éolienne (Source: IRENA 2014) Traitement Fabrication des matières de cellules et Construction Exploitation et Déman- premières de modules d´installations entretien tèlement
20 76,4 % 15 8 10 5 0 1970 Nombre d'emplois 1980 1990 2000 2010 600000 500000 500000 400000 380000 Pétrole Charbon 300000Énergies renouvelables Gaz naturel sec 200000 1,7% 100000 30000 38000 30000 0 1998 2014 18,5% 2020 1998 2014 Secteur des énergies renouvelables Secteur de l'énergie nucléaire 3,4% Figure 3: Nombre d’emplois dans le secteur des ER et dans le secteur nucléaire en Allemagne (observés en 1998, 2014 et prévus pour 2020). Investissement Une large palette 76,4 %dans les secteurs d’instruments du divers influence Les économies à long terme et la création d’une valeur ajoutée politiques pétrole / gaz naturel et charbon 5,3 la création de valeur à partir du développement des énergies sont également d’importants bénéfices à considérer. Au lieu de renouvelables. Par exemple, en Allemagne, la création d’en- couvrir les coûts de l’énergie, les autorités locales peuvent in- treprises d’ER est uneInvestissements source de revenu dans majeure, avec 13,8 vestir dans l’infrastructure et les industries d’ER et ainsi créer 16,7 milliards d’euros en 2011 les énergies propres et une augmentation continue des une valeur ajoutée locale significative. A titre d’exemple, le Cap emplois grâce au cadre politique du tarif de rachat excéden- Vert s’est fixé l’objectif 100% ER pour 2020. Ce petit pays de taire garanti (Feed-in Tariff) (BMU, 2012). En 2011, les ER ne 500 000 habitants a investi 1,3 milliards d’euros afin d’atteindre représentaient que 12,3% de la consommation énergétique en ce but. On estime que grâce à cet investissement, jusqu’à 14 Allemagne mais les emplois dans le secteur des énergies renou- milliards d’euros d’économies cumulées pourront être réalisées Traitement velables représentaient déjà plusFabrication du double des emplois dans par rapport à l’importation de combustibles fossiles sur 20 ans Nombre d'emploisde cellules et des matières Construction Exploitation le secteur 600000 des combustibles fossiles (Morris & Pehnt, 2014). De (Brito, 2013). Ces économiesetpeuvent être Déman- investies dans la ré- premières de modules d´installations entretien plus, comme Hans-Josef Fell l’a présenté lors de la table ronde, gion pour renforcer la croissance économique, tèlement le plein emploi 500000 500000 les emplois dans les ER étaient 10 fois plus importants que dans et le développement des technologies et de l’industrie locale. le secteur nucléaire en 2014 (figure 3). FIG. 3 400000 380000 L’une des questions clés pour de nombreux gouvernements, les 300000une étude de l’Agence Internationale des Energies Re- décideurs politiques marocains inclus, est de savoir où, dans la D’après Ingénieurs Ingénieurs Analyste de Techniciens Travailleurs de nouvelables (IRENA), les emplois dans le secteur des ER repré- chaine de valeur des énergies renouvelables, la création d’em- 200000 développement la construction sentaient 6,5 millions de postes Techniciens en 2013 (IRENA, 2014). Une plois est la plusPersonnel Techniciens fructueuse. Il est certain que, dans un premier de projets autre 100000spécialisés étude américaine d’envergurespécialisés a montré qu’en investissant temps, la plupart d'entretien des technologies – comme Recycleurs de par exemple les un million de dollars 30000 Grossistes dans l’efficacité énergétique et dans les panneaux solaires – devront 38000 être importées 30000 matériaux de pays technologi- Travailleurs Travailleurs ER, les 0retombées pour l’emploi étaient beaucoup plus impor- quement avancés mais compétitifs sur le plan des prix, comme qualifiés 1998 qualifiés 2014 Concepteurs 2020 1998 2014 tantes qu’en investissant la même somme dans les combus- la Chine. De ce fait, les premiers emplois ne seront pas créés et installateurs Secteur tibles fossiles (figure 4). FIG. 4 des énergies renouvelables des panneauxdans la production mais Secteur dans de l'énergie nucléaire le commerce international, la gestion de projets, l’installation et la construction, la mise en photovoltaïques Travailleurs de la construction Météorologues Investissement dans les secteurs du pétrole / gaz naturel et charbon 5,3 Investissements dans 16,7 les 2012 énergies propres 2020 Capacité totale installée par source Capacité de production par source Figure 4: Les investissements verts par rapport aux investissements dans les combustibles fossiles: création d’emplois après l’investissement d’1 million de $ (Source: Pollin et al., 2009) Traitement Fabrication des matières de cellules26,37% et Construction Exploitation et 14% Déman- premières de modules d´installations entretien tèlement 68% 32% 58% 42% 14% 5,11%
3,4% 9 76,4 % service et l’entretien. Par exemple, pour le photovoltaïque, une 2.4 STIMULER LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET série d’emplois seront créés tout au long de la chaine de valeur LA PARTICIPATION LOCALE (figure 5). Une palette d’emplois indirects découlera également de ce secteur: recherche et développement, recherches universi- Le fait que les ER soient par essence même décentralisées, taires, logistique, transports, Nombre d'emplois agences nationales de développe- offre au Maroc une occasion unique de développer un sys- 600000 ment, consultation et travail administratif de règlementation. tème énergétique de petite envergure dans lequel les com- A long terme, le Maroc bénéficiera aussi du développement des 500000 munautés locales ne sont pas seulement perçues comme des 500000 industries locales directement liées à la production, ce qui ou- consommateurs mais aussi comme des producteurs respon- 400000 380000 Cependant, sables et chargés de la production de leur propre énergie. vrira un nouveau marché intérieur et international. il est intéressant de garder en tête qu’une étude de Greenpeace 300000 et de l’EPIA a estimé que les emplois liés à la production du Deux pays sont pionniers à cet égard, l’Allemagne et le Dane- photovoltaïque ne dépasseraient pas le 18%, contrairement à mark. Dans ces pays, de nombreuses coopératives et initiatives 200000 62% d’emplois pour l’installation et les activités annexes (IRE- individuelles poussent le secteur à se transformer en s’oc- 100000 NA, 2011). Finalement, il faut aussi rappeler que la plupart des troyant des parts de l’infrastructure des ER. En 30000 fait, la majorité 30000 38000 études 0se bornent à étudier l’impact des ER sur le marché de des propriétaires d’installations électriques d’ER sont des per- 1998 sans prendre en compte l’emploi lié à l’électricité, 2020 privées dans ces pays 2014 les effets du sonnes 1998(Morris&Pehnt, 2014). 2014 Comme développement des ER surSecteur les secteurs du transport, du chauf- des énergies renouvelables Anna Leidreiter et Hans-Josef Secteur de l'énergie nucléaire de la Fell l’ont présenté au cours fage et du refroidissement. FIG. 5 table ronde, un système énergétique ouvert à tous permet de renforcer les coopérations. La conscience collective face aux En résumé, le Maroc a tout intérêt à investir dans les énergies défis du système et aux solutions existantes est accrue. Etant renouvelables, tant d’un point de vue économique local que donné que les mouvements d’opposition locaux aux 100% ER pour endosser le rôle de leader dans le mouvement global vers peuvent être importants, les décideurs politiques seront bien un avenir plus durable dans Investissement et prospère. les secteurs du inspirés de faire intervenir les citoyens et les entreprises privées pétrole / gaz naturel et charbon 5,3 un soutien public fort. pour établir Investissements dans 16,7 les énergies propres Traitement Fabrication des matières de cellules et Construction Exploitation et Déman- premières de modules d´installations entretien tèlement Ingénieurs Ingénieurs Analyste de Techniciens Travailleurs de développement la construction Techniciens Techniciens de projets Personnel spécialisés spécialisés d'entretien Recycleurs de Grossistes matériaux Travailleurs Travailleurs qualifiés qualifiés Concepteurs et installateurs des panneaux photovoltaïques Travailleurs de la construction Météorologues Figure 5: Types d’emplois créés tout au long de la chaîne du secteur PV (IRENA, 2011) 2012 2020 Capacité totale installée par source Capacité de production par source
10 L’analyse des cas allemands et danois prouve que les ap- 2.5 RÉDUIRE LA POLLUTION ET AMÉLIORER LA SANTÉ proches participatives et décentralisées permettent de faciliter HUMAINE la transition énergétique. C’est pour cela que le passage aux ER n’est pas seulement un remplacement des énergies fossiles Il est important de ne pas perdre de vue la stricte corrélation par des énergies renouvelables mais s’accompagne d’un dé- entre la pollution et la santé humaine. Par exemple, les techno- veloppement socio-économique qui permet aux citoyens et à logies d’ER émettent beaucoup moins de particules polluantes toutes les parties prenantes d’en profiter. dans l’air (PM, SO2, NOx, VOCs, etc.) que les énergies fossiles, en termes de grammes de particules par kWh d’énergie produite Dans un pays comme le Maroc, la nature décentralisée (Sathaye et al., 2011). Cela aura des répercussions considérables des ER pourra tout particulièrement bénéficier aux zones sur la qualité de l’air, de l’eau, des sols, et en conséquence sur la rurales pauvres. En effet, les technologies d’ER donnent dans santé du peuple marocain. Une étude récente a montré à quel bien des cas un accès sûr et fiable à l’électricité, permettant point la pollution de l’air entraînée par la combustion de car- d’améliorer le niveau de vie des communautés les moins burants fossiles est étroitement liée aux maladies respiratoires, développées. Par exemple, comme l’a décrit Mr. Moham- telles que l’asthme, parmi les enfants en âge scolaire dans le madi Benhmida au cours de la table ronde, l’installation de ville de Mohammedia (Houssaini et al., 2007). Une autre étude panneaux solaires a permis d’alimenter une pompe à eau dans récente menée dans les pays arabes a prouvé la corrélation entre une école rurale près de la ville de El Jadida. Une ressource la pollution de l’air et la mortalité (Chaaban, 2008). En particu- naturelle abondante dans la région, le soleil, a été utilisée pour lier, on estime que le taux de mortalité a augmenté de 2% suite exploiter une ressource rare, l’eau. à une augmentation des concentrations de PM10 de 22μg/m3. Si on considère qu’à Rabat les concentrations de PM10 varient Un autre exemple de stimulation du développement local entre 70 et 123μg/m3, cela veut dire qu’entre le taux le plus grâce aux ER a été présenté à Agadir. La ville a l’ambition d’at- bas et le taux le plus élevé de PM10, il pourrait y avoir une teindre 100% ER, en particulier afin de réduire sa facture éner- augmentation du taux de mortalité de 4 à 6% (Chaaban, 2008). gétique municipale (à peu près 10% de son budget annuel), mais aussi pour diminuer sa dépendance aux importations de combustibles fossiles, améliorer la qualité de l’air, attirer les investisseurs étrangers et contribuer à la mise en œuvre de l’objectif ambitieux du Royaume. La ville a défini ses cibles et mis en place un plan d’actions prioritaires. Soutenue par l’ADREE et ses partenaires techniques et financiers, la ville a posé l’énergie en priorité dans le cadre de sa planification urbaine et a décidé de devenir un modèle pour les citoyens en regard de la gestion durable de l’énergie. Afin d’atteindre la cible 100% ER, la ville d’Agadir a appelé à une réforme de la réglementation, en particulier de la loi 13-09 au niveau natio- nal, afin que les producteurs d’énergie indépendants, tels que les municipalités, puissent alimenter le réseau national avec un courant électrique de tension basse ou moyenne gagné grâce aux ER. Cette réforme devrait permettre aux villes de dévelop- per des entreprises au capital mixte qui produisent et vendent leur électricité sur une large échelle.
200000 100000 30000 38000 30000 0 1998 2014 2020 1998 2014 11 Secteur des énergies renouvelables Secteur de l'énergie nucléaire 3. LES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU Investissement dans les secteurs du 5,3 pétrole / gaz naturel et charbon MAROC: QU’EST-CE QUI A ÉTÉ FAIT Investissements dans JUSQU’À PRÉSENT? les énergies propres 16,7 Le gouvernement marocain a déjà pris des initiatives politiques tabilise pas les parts de marché liées à la demande en électricité. qui illustrent à merveille les mérites des énergies renouvelables En posant cet objectif, le Maroc se positionne en tant que Traitement mentionnés. Pour réduire sa Fabrication dépendance aux importations leader des énergies renouvelables en Afrique, tout comme des matières de cellules d’énergie, il a commencé à exploiter et les ressources Construction en énergies l’Allemagne est Exploitation leader dans ceet domaine Déman- en Europe. De par sa premières de modules d´installations entretien tèlement renouvelables locales telles que le vent et le soleil. En effet, le proximité géographique avec l’Espagne, le Maroc a le potentiel Maroc a un niveau de solarisation de plus de 2300 kWh/m²/ de devenir un acteur de choix dans l’exportation des énergies an, ce qui représente 30% de plus que les meilleurs sites d’Eu- propres vers l’Europe. FIG.6 rope (Reegle, 2014). Le Maroc présente également une zone côtière de 3500 km, sur laquelle les vents atteignent une vitesse Afin de promouvoir le déploiement des énergies renouvelables, Ingénieurs Ingénieurs Analyste de Techniciens Travailleurs de de 11m/s, ce qui est l’une des plus fortes du monde (Tier, 2014). le Maroc a adopté jusqu’à présent une stratégie qui repose sur développement la construction Techniciens On estime Techniciens le potentiel électrique du vent marocain à de 25000 Personnel projetstrois piliers principaux: MW.spécialisés spécialisés En considérant qu’une turbine éolienne de 5MW est ca- 1. La promulgation d'entretien Recycleurs de de lois et de règlementations qui pableTravailleurs d’alimenter environ 1250Travailleurs ménages en électricité, la Grossistes seule matériaux favorisent le développement et l’expansion des ER pour énergie éolienne pourrait fournir qualifiés de l’électricité à plus deConcepteurs qualifiés 6 mil- la production d’électricité; lions de ménages au Maroc (Dakkina, 2013; Girardet, 2015). 2. La création d’institutions ayant la capacité de gérer, et installateurs Grâce à un investissement de 13 milliards de dollarsdes panneauxsuperviser et promouvoir les projets d’ER; pour photovoltaïques l’extension de l’électricité issue de l’énergie solaire, éolienne ou 3. La mise en place de projets et d’investissements hydroélectrique, et à travers une série de nouvelles réglementa- financiers permettant de construire les équipements Travailleurs de la constructionnécessaires aux ER. tions et pratiques énergétiques, le pays s’est engagé à atteindre un objectif ambitieux: 42% (soit 6000 MW) de la totalité de l’électricité fournie devra être produite par des ER d’iciMétéorologues 2020 Il est important de mentionner que ces trois piliers d’action se (figure 6). Il est important de souligner que cet objectif ne tient cantonnent presque entièrement au secteur de l’électricité et compte que des installations existantes dans le pays et ne comp- négligent totalement d’autres gros émetteurs de CO2 comme 2012 2020 Capacité totale installée par source Capacité de production par source 26,37% 14% 68% 32% 58% 42% 14% 5,11% 14% 0,52% Combustibles fossiles Hydroélectrique Combustibles fossiles Hydroélectrique Énergies renouvelables Énergie éolienne Énergies renouvelables Énergie éolienne Solar (PV + ESC) Solar (PV + ESC) Figure 6: Installations électriques existantes en 2012 et installations ER prévues pour 2020 au Maroc (Source: Rcreee, 2013) Phase 1: Phase 3: Phase 2: Consultatio ent Mise en Œ n avec Développem uvre
12 le secteur des transports ou celui du chauffage/refroidissement. nal, devra tout d’abord obtenir une autorisation. Celle-ci sera De plus, toutes ces initiatives sont décidées par le gouverne- octroyée par les autorités nationales et peut varier d’une simple ment ou les instances gouvernementales, selon une approche notice préalable (communément appelée « déclaration prélimi- verticale du haut vers le bas de la société. naire ») à un véritable processus d’autorisation, selon l’enver- gure et la nature de sa production (par ex. électrique ou ther- 3.1 ACTION 1: PROMOUVOIR LES ER PAR DES RÈGLES male). L’une de ces deux démarches est nécessaire pour avoir ET DES PRATIQUES D’ACTION le droit de vendre sa production à ONE. Pour commencer, les installations de base ne seront permises que si l’électricité gé- Le gouvernement marocain a mis en œuvre une série de ré- nérée est supérieure à 20kW. Plus précisément, les déclarations formes substantielles pour remodeler le cadre institutionnel et préliminaires doivent préciser si l’électricité produite est com- législatif, afin qu’il soit propice au développement des ER. L’ac- prise entre 20kW et 2MW. Au-delà de 2MW, les autorisations tion politique se concentre particulièrement sur la production nécessaires pour la mise en place du projet de générateur élec- électrique et en partie sur la consommation d’électricité. Cela trique doivent être délivrées par l’ADREE (Currie, 2012; CMS, concerne exclusivement le secteur de l’énergie proprement dite, 2010; Reegle, 2014). La loi ne fixe pas de tarifs mais exige que tandis que d’autres champs d’action annexes tels que le déve- toutes les conditions techniques et économiques soient mises loppement de l’infrastructure, les pratiques économiques, le en place et négociées directement avec l’opérateur ONE. domaine de la création d’emploi et de la fiscalité ou encore la recherche et l’éducation, ne sont pas pris en compte à ce stade. Il n’y a pas de tarif de rachat garanti (Feed-in Tariff) au Maroc. Cela prouve bien qu’il n’y a pas de volonté unificatrice cohé- Cependant, il existe un système appelé « EnergiPro », qui est un rente de se charger de la transformation du secteur énergétique projet de ONE ressemblant à bien des égards au Feed-in Tariff. d’une manière holistique et intégrée. Une liste non exhaustive Ce projet « EnergiPro » a été lancé en 2006 par ONE pour pro- des différentes réglementations en vigueur au Maroc, intro- mouvoir la production d’électricité issue d’ER. Premièrement, duites au cours de ces dernières années est présentée ci-dessous. le taux de distribution de l’énergie sur le réseau national est fixé. Deuxièmement, le rachat de surplus est garanti par ONE dans La loi 13-09 la marge de 20% des tarifs en vigueur (Currie, 2012). En 2010, a loi 13-09 a été promulguée afin de libéraliser et La réforme des subventions aux combustibles fossiles de promouvoir le secteur des énergies renouvelables. Cette loi représente certainement l’une des étapes essentielles pour En 2011, le gouvernement marocain a annoncé une réforme le développement des ER au Maroc. Elle permet à toute per- selon laquelle les prix des carburants seraient dérèglementés et sonne privée de produire et de revendre sa propre électricité, les tranches les plus pauvres de la société compensées grâce à si celle-ci est produite par des ER. Grace à cette pratique, le des transferts d’argent (Bridle, 2013). A la fin de l’année 2013 gouvernement marocain a ouvert le marché de l’énergie, facilité et au début de l’année 2014, des avancées importantes ont été de nouvelles initiatives et soutenu les producteurs d’énergies faites pour éliminer les subventions effectives sur le gasoil et renouvelables indépendants. Cette loi permet finalement à l’essence, tout en réduisant de manière significative les subven- tout producteur d’électricité, qu’il soit petit ou grand, d’injecter tions au diesel. En juin 2014, les subventions au fioul pour la l’électricité produite dans le réseau national, qui est de fait géré production d’électricité ont été annulées. Même si le butane par un distributeur centralisé, en l’occurrence l’Office National reste très fortement subventionné pour des raisons sociales, les de l’Electricité (ONE). Bien que cette législation permette aux mesures annoncées jusqu’à maintenant auront un impact de producteurs indépendants de vendre leur électricité au réseau grande envergure sur le coût budgétaire des subventions et en national, elle les empêche aussi de créer leur propre réseau de partie sur la consommation d’énergie. Bien que le Maroc soit distribution privé. Cependant, il existe aussi la possibilité d’ins- leader dans le démantèlement des subventions aux carburants taller des lignes de distribution électrique extérieures au circuit fossiles, il reste une part de subventions à caractère sensible national ONE. Seulement, cette possibilité est réservée à l’ex- qu’il faudra encore éliminer progressivement si l’on veut réussir portation et doit faire l’objet de négociations avec ONE. De la transition. plus, la loi stipule qu’il faut avoir une autorisation de construc- tion de panneaux solaires et de champs d’éoliennes garantis par Autres réglementations l’ADEREE (Agence Nationale de Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique). Malheureuse- Au-delà de la loi 13-09, il existe d’autres lois et réglementations ment, l’ADEREE ne prévoit que certaines zones désignées pour importantes que le gouvernement a promulgué au cours de la ce faire (Currie, 2012; CMS, 2010; Reegle, 2014). décennie précédente pour faciliter le développement des éner- gies renouvelables (Currie, 2012; CMS, 2010; Reegle, 2014). Finalement, d’après la loi 13-09, l’opérateur souhaitant pro- Elles sont décrites brièvement et de manière non exhaustive duire de l’électricité à partir d’ER et les exporter au réseau natio- dans ce document:
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