W+B - Wallonie-Bruxelles International
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< ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X S 142 HIVER 2018 W+B WALLON I E + B RUXEL L ES R EVUE TRI MEST RI EL L E IN TER N ATION A L E ÉDI T ÉE PA R LA F ÉDÉRAT I ON WA LLON IE - B RUX EL L ES ET LA WA L LON I E DOSSIER DIGITAL WALLONIA BOOSTE LA WALLONIE PORTRAIT VALÉRIE BARKOWSKI, ÂME NOMADE TOURISME MUDIA, L’ART AUTREMENT
< > W+B WA L LO N IE + BRUX E LLES R E V U E T R IMESTRIE LLE IN T E R N AT IO N ALE ÉD ITÉ E PA R L A F ÉD É RATIO N WA L LO N IE - BRUXE LLES E T L A WALLO NIE 04 ÉDITO 06 DOSSIER 14 PORTRAIT DU DIGITAL AU SPATIAL, DIGITAL WALLONIA VALÉRIE BARKOWSKI, WALLONIE-BRUXELLES VOYAGE BOOSTE LA WALLONIE ÂME NOMADE par Vincent Liévin par Isabelle Blandiaux S OM M A I R E 16 Culture 20 ENTREPRISE 24 Innovation W+B 142 INVITATION D’AUTOMNE DES INVESTISSEMENTS CHINOIS ALADIN, LE LASER LIÉGEOIS AU FESTIVAL L’BOULEVARD INTENSES EN WALLONIE par Vincent Liévin par Emmanuelle Dejaiffe par Jacqueline Remits 3 28 COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT 30 tourisme 32 Jeunesse MUDIA, L’ART AUTREMENT CORPS EUROPÉEN DE SOLIDARITÉ : GIRLEEK BRUXELLES par Jean-Marie Antoine LE BIJ À LA MANŒUVRE À CASABLANCA par Jacqueline Remits par Charline Cauchie Photo couverture : Valérie Barkowski, une esthète belge à Marrakech © J. Van Belle - WBI 34 Gastronomie JEAN-LUC DANIEL : 36 mode/design 38 survols EN MODE « IMPREVU » « LA CUISINE EST UN MOMENT par Marie Honnay DE PARTAGE » par Laurence Briquet SECRÉTAIRE COLLABORATION CONCEPTION ÉDITRICE DE RÉDACTION Marie-Catherine Polygraph’ RESPONSABLE Emmanuelle Stekke Duchêne, Fanny www.polygraph.be Pascale e.stekke@wbi.be Tabart, Véronique Delcomminette Téléchargez 02 421 87 34 Balthasart et Anne IMPRESSION Place Sainctelette 2 la revue sur Neuville Graphius B-1080 Bruxelles www.wbi.be/rwb/ www.graphius.com
< S > Du digital au spatial, Wallonie-Bruxelles voyage É DI TO W+B 142 4 Le riad de Valérie Barkowski à Marrakech, un havre de paix © J. Van Belle - WBI
< S > Nous y sommes, le dernier nu- méro de 2018… Nous avons choisi de vous parler de Digital Wallonia, cette plateforme qui met le secteur du numérique en lu- mière et qui transforme le pay- sage wallon en y développant une culture du numérique. Comment ça fonctionne, à qui cela s’adresse-t-il, quel en est l’objectif : nous allons tout vous dire sur cet outil indis- pensable ! Nous partons également à la rencontre de Valérie Barkowski, dont le linge de maison se pare des couleurs É DI TO du Maroc, de Jean-Luc Daniel, chef en vue du Cabochon, et de Justine God, styliste en W+B 142 mode Imprévu. A propos du Maroc, nous ter- minons « l’année Maroc 2018 » avec l’implication d’une de nos stars du rap dans le Festival 5 L’Boulevard de Casablanca, et le projet « Girleec Event Maroc », sur l’entrepreneuriat féminin, toujours à Casablanca. Enfin, nous décollons pour l’es- pace avec le satellite Aeolus et le laser Aladin. Parmi d’autres sujets ! Bonne lecture !
< Digital Wallonia S > booste la Wallonie DOS S I ER W+B 142 6 Catalyseur et facilitateur de la transformation numérique, la plateforme Digital Wallonia crée de la valeur et développe une «culture numérique» en transformant en profondeur le paysage wallon autour de 5 thèmes structurants : secteur du numérique, économie par le numérique, territoire connecté et intelligent, services publics, compétences et emploi. PAR VINCENT LIÉVIN
< S > © Digital Wallonia Aujourd’hui, la fracture numé- rique concerne toujours cer- taines personnes ou zones géographiques. Depuis son lancement, Digital Wallonia entend la réduire et poursuivre la transformation en profon- deur de la société par les nou- velles technologies, tant au ni- veau régional qu’international. La plateforme propose et dialogue Pascal Butera, responsable des avec plus de 4.400 acteurs (en- projets a l’international pour Digital Wallonia © Digital Wallonia treprises, centres de recherche, écoles...) actifs dans la transfor- mation numérique pour doter la Wallonie d’un outil in- dispensable au bon développement de son territoire, dans un monde qui passe en quelques années d’un uni- vers 2.0 à un autre 4.0. Dans le cadre d’objectifs straté- giques clairs, Digital Wallonia se déploie au travers de 23 axes de développement prioritaires. « On travaille S I ER pour différents secteurs comme la construction, l’agri- DI TO culture, la santé... », explique Pascal Butera, respon- DOS sable, entre autres, des projets à l’international pour É Digital Wallonia. « Notre stratégie numérique poursuit W+B 142 un double objectif : engager un programme de crois- sance au travers, notamment, de la création d’emplois et lui donner une forte dimension internationale. » 7 © Digital Wallonia
< S Cette vision est inscrite dans le pro- > jet de réseau des Digital Wallonia International Hubs qui se déploie dans le monde. « L’Awex intensifie la mise en place de ces Hubs pour les missions internationales (CES à Las Vegas, Mobile World Congress à Barcelone, Vivatech à Paris...) en partenariat avec Digital Wallonia. Le marché intérieur est trop pe- tit pour nos sociétés du domaine de l’Internet et il leur faut un dé- ploiement à l’international pour at- teindre une taille critique » ajoute Pascal Butera. Après Barcelone et San Francisco en 2017, le réseau Digital Wallonia International Hubs est désormais présent dans les villes de Shenzhen, Montréal, Berlin, Tel-Aviv, Singapour et Paris... La volonté est de faciliter le business et les partenariats des entreprises DOS S I ER et startups wallonnes quels que soient les ministres. Après l’impli- cation du ministre Jean-Claude Marcourt dans ce dossier qui lui te- W+B 142 nait à coeur, Pierre-Yves Jeholet a repris le flambeau comme ministre en charge du Numérique. 8 AMÉLIORER LA CONNECTIVITÉ Concrètement, le redéploiement de l’économie wallonne passera inévitablement par l’émergence d’une industrie 4.0 et du com- merce connecté. Pour accomplir un tel défi, il est indispensable de connecter au très haut débit tout le territoire pour offrir un accès il- limité aux usages numériques. « Le déploiement des connexions sera très important dans les années à venir : il faut plus de connectivi- té avec de la 4G, de la 5G et sur- tout du très haut débit dans les zonings. C’est indispensable tant pour les startups que pour le dé- veloppement des applications mo- biles... » ajoute Pascal Butera. Au delà des entreprises, ces avan- cées touchent inévitablement les services publics et l’emploi. L’humain est au coeur de ce chan- gement : « Les Wallons doivent en effet devenir les acteurs de la transformation numérique »
< S explique André Blavier, Expert © Digital Wallonia Senior Manager chez Digital > Wallonia. « Au travers de nos ac- tions, nous les sensibilisons aussi à l’acquisition des compétences technologiques. Des emplois les attendent. » LES AMBASSADEURS Au coeur du pro- jet « Made Different Digital Wallonia », des exemples de succès (Stabilame, Lasea, Prayon, Mobic ou encore BEA, Rolph&Rolph, Jtekt Torsen Andre Blavier, Expert Senior Manager chez ou Valeo...) aident à faire perco- Digital Wallonia ler la dynamique. Aujourd’hui, on © Digital Wallonia compte plus de 140 ambassadeurs S I ER en Wallonie (chefs d’entreprise, DI TO startupeurs, formateurs, coachs, DOS universitaires, etc.). « Nous met- É tons en avant cette culture en dé- W+B 142 veloppement avec les success sto- ries et les ambassadeurs dans le cadre de rencontres informelles » ajoute Pascal Butera : « Dans les TPE, l’e-commerce n’évolue pas encore assez vite comme l’a mon- 9 tré notre dernier baromètre, mais les mentalités évoluent. » Le baromètre des startups a mon- tré que la Wallonie compte plus de 300 startups dans le numé- rique. 65% de celles-ci sont actives dans le B2B. En matière de suivi, Digital Wallonia met constamment à jour la cartographie de son éco- système industriel 4.0 et l’état de connectivité des 286 parcs d’ac- tivités économiques. Des interve- nants comme MecaTech, Sirris et Centexbel sont en contact avec environ 140 entreprises pour le diagnostic approfondi de leur po- tentiel. Pour travailler en profon- deur avec ces dernières, il convient de garantir une filière d’emploi : « Il est donc important de sensibiliser les Wallons dès leur plus jeune âge aux sciences informatiques, à la logique algorithmique et aux lan- gages de programmation » rap- pelle M. Blavier. Près de 325 projets « Ecole Numérique » ont été plani- fiés pour la session 2018.
< S FAVORISER LA CRÉATION tout autre domaine, le secteur de > la construction suit la tendance : En outre, Digital Wallonia a notam- de la géolocalisation à la phase ment mis en place un Fonds d’in- d’exécution ou d’analyse finale de vestissement spécifique, « WING », chantier. avec pour objectif de faire émerger les EVS ou Iris de demain. Dans ce Enfin, le secteur de la santé est contexte, la recherche n’est pas sans conteste l’une des préoccupa- occultée dans la réflexion: « Nous tions majeures au travers de diffé- avons réalisé une cartographie de rents projets comme for l’Institute tous les centres agréés liés au nu- of Analytics Health (INAH), un dis- mérique et des unités de recherche positif innovant visant à position- universitaires. Cela représente ner la Wallonie comme un leader 57 centres de recherche (Mons, de l’e-santé. Avec le CETIC, quatre Liège, Namur, Bruxelles....) » ajoute projets pilotes sont en réflexion Pascal Butera. dans les domaines de l’oncologie et la rhumatologie, mais aussi dans Un travail est aussi mené au ni- le dépistage précoce notamment veau de la politique des villes de diabète et de burnout. L’avenir avec les Smart Cities ou encore de Digital Wallonia s’inscrit donc les Smart Farming, comme on dans de nombreux domaines es- a pu le constater lors de la Foire sentiels pour l’avenir de la Région. DOS S I ER de Libramont dans le cadre de En se remettant perpétuellement la transformation numérique du en question, la plateforme pourra secteur agricole. Les agriculteurs donner à la Wallonie une capacité deviennent des “agri-geeks” sur « de formation continue, de créa- W+B 142 YouTube. Dans les champs, les ani- tion d’emplois et d’idées d’avant- maux sont de plus en plus équipés garde » dans le domaine pour de « wearables ». Dans les airs, les maintenir ses forces vives pleine- drones survolent les cultures pour ment curieuses... sans oublier de déterminer, notamment, l’apport favoriser l’inclusion des femmes 10 en engrais d’une parcelle. Dans un dans le numérique !
© Digital Wallonia © Digital Wallonia S > < 11 W+B 142 DOS É DI TO S I ER
S > < 12 W+B 142 DOS S I ER © Digital Wallonia
< S « UNE RÉVOLUTION TOTALE » > Devant l’évolution de la société et de la technologie, au service des Wallons et des entreprises, Digital Wallonia offre une expertise indispensable et recherchée comme nous l’explique André Blavier, Expert Senior Manager chez Digital Wallonia. En quoi Digital Wallonia est-elle indispensable dans le paysage wallon ? « Tout le monde est d’accord pour dire que l’on vit une ré- volution totale. C’est une transformation à 360 degrés de notre société. En plus la vitesse de changement est très rapide. » A tous les niveaux ? « Le numérique a un impact sur la vie de tous les jours, tra- vail, soins de santé... » Vous arrivez à avoir une vision globale ? S I ER « C’est notre principal atout. Depuis notre création sous DI TO l’impulsion du ministre Marcourt, nous avons pu modifier DOS le travail en silo et le transformer en un travail plus trans- É versal : numérique, économie, services publics, territoire, W+B 142 école. Il y a maintenant une vision globale. Il n’y a plus de petits projets dans le numérique « dans un coin » sans que les autres ne soient au courant. » Quel est votre mode de fonctionnement ? « Nous fonctionnons sur deux triptyques : le gouverne- 13 ment, le conseil numérique avec Pierre Rion et l’agence nu- mérique et son réseau de partenaires. Le second triptyque est la stratégie, le cap du projet (la marque) et la logique de plateforme » Vous arrivez à faire face aux nouveaux défis ? « Nous travaillons avec tous les secteurs au projet de l’in- dustrie 4.0 que cela soit la construction, l’agriculture... notre rôle est de travailler avec les fédérations professionnelles » Vous vous occupez aussi des Wallons de demain ? « Notamment avec les espaces de codage dans les écoles et aussi l’équipement numérique. Nous n’avons pas équi- pé toutes les écoles parce que c’est impossible, mais nous avançons dans le développement numérique et l’appren- tissage dans les écoles. » Vous voulez à présent soutenir le développement de nos entreprises à l’étranger ? « Notre ambition est de passer d’une plateforme virtuelle à une plateforme physique avec nos hubs à l’étranger. C’est notre grand défi des années à venir. Nos entreprises ont besoin d’un espace vital qui va au-delà du bassin de popu- lation wallon. Elles bénéficient aussi de la marque Belgique qui reste un atout incontestable au niveau international et c’est pourquoi nous avons utilisé dès le début le “.be” »
< S > Valérie Barkowski, âme nomade Créatrice d’un linge de maison intemporel et artisanal, directrice artistique à 360°, l’esthète belge vit depuis © J. Van Belle - WBI 22 ans au Maroc, tout près de son atelier, de sa boutique de la médina à Marrakech et de son riad devenu maison d’hôtes, vitrine de son univers sobre, authentique, métissé. PAR ISABELLE BLANDIAUX P OR T R A I T « J’ ai détesté l’école du Luc à Gand et a interrompu son voie contre vents et marées. Une premier au dernier jour ; cursus d’architecture d’intérieur voie grande ouverte sur la décou- il n’y a pas longtemps après deux années. On la croit verte. « Quand j’étais petite, je re- que j’en ai pris conscience », nous sur parole. Personnalité forte gui- gardais les livres des artistes du W+B 142 confie Valérie Barkowski, qui a dée par son instinct, cette self- XXe siècle. Et vers 11 ans, j’ai com- étudié les arts plastiques à Saint- made-woman a tracé sa propre mencé à avoir des exigences très précises pour la décoration de ma Le riad Dar Kawa de chambre. Pour financer mon pre- Valérie Barkowski mier voyage à 19 ans, j’ai vendu 14 à Marrakech, oasis mon tourne-disque. J’ai sillonné dans la médina © J. Van Belle - WBI l’Italie en voiture jusqu’à Rome. Mon deuxième périple, en Inde pendant trois mois, m’a trans- formée. » Pour cette « nomade dans l’âme, le cœur et le sang », Marrakech est la base idéale : « Les choses y sont possibles et pas trop compliquées, au regard de l’Inde, que j’adore aussi. Je reste sous le charme de ses paysages, ses habi- tants, son art de vivre. Cela fait plus de vingt ans que je travaille avec les brodeuses, le fil et l’aiguille. Je ne suis rien sans ces mains d’or. » La boutique de Valérie Barkowski à Marrakech © J. Van Belle - WBI
< S > TRAIT Du choix des tissus et des ORTO fils à la mise en boutique, P DI en passant par l’atelier de É conception, Valérie Barkowski est sur tous les fronts © J. Van Belle – WBI. W+B 142 15 Toujours en quête de nouveaux dé- équilibre pour les yeux, bien-être Zia, Bandit Queen...). Du logo au fis à relever mais aussi d’authenti- et douceur de vivre, le riad Dar concept et aux magasins, elle a cité, Valérie Barkowski est restée Kawa de Valérie Barkowski ac- lancé récemment No-Mad, label connectée à sa philosophie de dé- cueille des hôtes sans passer par indien d’art de vivre à Bombay. part : un linge de maison intem- le géant mondial booking.com. « J’adore les objets locaux du porel, sobre, sophistiqué par ses « Au départ, c’était ma maison, quotidien, que je revisite ou non. finitions parfaites et son ouvrage aujourd’hui j’habite à la cam- Créer une marque indienne pour minutieux. « Certaines pièces de- pagne. C’est une vitrine pour mon un client indien permet de chan- mandent beaucoup de temps pour travail, un endroit de rencontres ger le regard des Indiens sur leurs être mises au point. Il nous a fallu et d’échanges pour des gens qui traditions, puisqu’ils ont tendance un an pour réaliser un set de table, partagent les mêmes valeurs. » Sa à trouver que le chic vient surtout par exemple. Quand je sais que c’est boutique de Marrakech a récem- d’Europe... » Modifier le point de techniquement possible, je ne lâche ment déménagé vers un espace vue, ouvrir de nouvelles manières pas. » Comme le Maroc ne produit ni plus grand, également dans la de faire, voilà qui anime la créa- lin ni coton, les matières premières médina, juste à côté du Bazar de trice. Elle planche en parallèle sur viennent d’Inde « mais c’est la façon Mustapha Blaoui. Dans ce lieu en son « projet de vie », qui pourrait dont le tissu est traité, embelli qui lui perpétuelle évolution, on trouve intégrer l’humanitaire à son do- apporte résistance et qualité ». bien sûr son linge de maison, mais maine d’excellence. A suivre. aussi des accessoires comme des sacs ‘pièces uniques’. UNE OASIS DANS LA MÉDINA valeriebarkowski.com En tant que directrice artistique, www.darkawa.net Oasis de la médina plantée d’oran- Valérie Barkowski a conçu et www.no-mad.in gers, où tout n’est que beauté et porté différentes marques (Mia
< S > C ULT U R E © Block 10 Invitation d’automne W+B 142 au Festival L’Boulevard - Hip hop belge et marocain 16 en dialogue à Casablanca PAR EMMANUELLE DEJAIFFE E n septembre dernier, Didier Gosset était invité par Block 10, un collectif de Casablanca Les cultures urbaines connaissent partout pour du coaching scénique auprès un engouement sans cesse croissant. d’artistes locaux lors de la journée Autrefois underground, elles sont «Tremplin» du Festival L’Boulevard. aujourd’hui plébiscitées. Au Maroc comme L’idée du concours est de dénicher ailleurs, des artistes en herbe se lancent et de nouveaux talents car la scène collectent un nombre impressionnant de urbaine au Maroc est extrêmement vues sur Youtube, leur notoriété dépasse vivante. « Cette expérience m’a souvent les frontières. Mais qu’en est- séduit et me donne envie de dé- il des formations qui permettent à cette velopper des échanges entre nos jeunesse d’évoluer ? De développer son communautés en matière de hip art ? Qu’en est-il des échanges entre hop mais aussi d’art urbain. C’est Maroc et Wallonie-Bruxelles ? Quelles du Maroc qu’est venue l’invitation sont les structures en place, ici et là ? de venir coacher quatre groupes », Dialogue avec Didier Gosset, alias Kaer, nous confie le formateur. « J’avais et Khalid Hoummas, alias Boummask. rencontré Khalid lors de ma ses- sion en tant que professeur à l’AKDT*. Il m’avait parlé du festival
< S > TOU R E © Block 10 É ULT CDI W+B 142 et de son travail avec la structure remarquable envie d’apprendre Son est constituée de deux studios organisatrice du Boultek. Il sou- et la confiance que nous avons de répétitions ainsi que d’une salle haitait travailler avec moi dans un construite ensemble ». Pour Khalid de showcase ». En 2018, il rejoint désir d’unifier les genres musicaux Hoummas, travailler avec Kaer, l’équipe du Studio des Variétés différents dans le rap. Je me suis « c’est bosser avec un vrai coach comme coach scénique et y anime occupé de la préparation scénique dans le meilleur sens du terme ». des ateliers d’écriture hip hop. Il a 17 des têtes d’affiches - 7Toun, Illy, accompagné notamment les pré- Lion Bad et Medhi Black Wind - et parations de tournées de Karib, de la création avec eux d’un show KAER, ACTIVISTE DES Hamza, Caballero & JeanJass, Run uniforme. Tous quatre ont une CULTURES URBAINES Sofa et Glauque. Cette structure large audience notamment grâce pédagogique offre ici un vrai sou- à internet. Leurs clips comptabi- Didier Gosset est un des fondateurs tien artistique professionnel. lisent des millions de vues, ce sont de Starflam, groupe bruxello-lié- des superstars au Maroc. Nous geois, emblématique de la culture avons effectué un travail de qua- hip hop en Belgique francophone. BLOCK 10 ET LE BOULTEK lité durant trois jours grâce à leur Après avoir enflammé le public des années 2000, le collectif revient « Le hip hop marocain ressemble en force en 2014 avec un concert à une « cocotte bouillante », mar- magique à l’Ancienne Belgique et quée par le manque de structures des prestations époustouflantes (labels) », selon les termes de dans les grands festivals belges, Khalid Hoummas, le fondateur de retour couronné par un Octave de Block 10. « Parfois, les jeunes se la Musique en 2016. Parallèlement, découragent par la non-rentabilité Didier a lancé Spray Can Arts. de leur passion, ils veulent en faire « J’y ai créé un parcours de trans- un métier ». mission d’expérience au travers Le collectif est installé au Boultek, d’ateliers d’écriture distillés dans centre de Musiques Actuelles à l’ensemble de notre Fédération, Casa. Il met à la disposition des et j’ai organisé des plateformes jeunes talents un studio d’enregis- de diffusions d’artistes. J’ai aussi trement et organise des concerts Didier Gosset, alias Kaer, était invité par mis sur pied au sein de la Centrale ainsi que des workshops. « Il y Block 10, un collectif de Casablanca, des Arts Urbains, à Liège, un ou- a beaucoup de similarité dans pour du coaching scénique auprès til de développement créatif dans la dynamique mise en place au d’artistes locaux lors de la journée ‘Tremplin’ du Festival L’Boulevard les musiques actuelles. La Centrale Boultek avec celle que nous dé-
< S > C ULT U R E © Chadi Ilias // #boulevard18 W+B 142 L’BOULEVARD DES JEUNES, DIX-HUIT BOUGIES ! 18 Elle bouge en effet, la jeunesse de Casablanca. Et afflue lors du Festival L’Boulevard, qui a fêté en 2018 ses 18 printemps. C’est LE rendez-vous incontournable des amateurs des cultures urbaines. « L’implantation du festival était remarquable, relate Didier, le ni- veau professionnel n’est pas à dé- montrer. C’est un événement qui mélange énormément de styles musicaux, durant 7 jours. Et la foule est là ! » Musiques actuelles (fusion, hip hop, worldmusic, rock), arts de la rue, conférences, rési- dences et ateliers composent un programme foisonnant. On y a croisé au fil des ans des stars inter- © Chadi Ilias // #boulevard18 nationales comme De la Soul, Mos Def ou encore Youssoupha, mais aussi des artistes confirmés de la scène marocaine ou de nouveaux groupes. Chacun y fait son show. veloppons avec Spray Can Arts, à structures professionnelles locales Son succès, le festival marocain le Liège dans notre module musical ou au niveau des formules d’ac- doit aussi à de solides partenariats de La Centrale Son, reprend Didier compagnement pour les artistes. internationaux. A l’affiche de cette Gosset. Que ce soit dans le volet J’ai été superbement accueilli par édition, la Fédération Wallonie- collaboratif avec la scène et les l’équipe de Block 10 ». Bruxelles était également repré-
< S > CDI É TOU R E ULT W+B 142 Black Flower, groupe bruxellois de jazz fusion, représentait la Fédération Wallonie-Bruxelles lors du festival L’Boulevard sentée par le groupe bruxellois de © Zakaria Latouri // #boulevard18 jazz fusion Black Flower. 19 UNE BELLE AVENTURE « C’était une première expérience professionnelle au Maroc pour moi, conclut Didier Gosset. Je retourne volontiers si l’occasion se repré- sente. Il faudrait intensifier ces échanges en matière de culture urbaine ». Pour Khalid Hoummas, « cette collaboration est bénéfique pour tout le monde ». L’année 2018, que Wallonie-Bruxelles consacre au Maroc, place sous le feu des projecteurs de telles initia- tives, source de rencontres et de dialogue entre communautés. *AKDT - Académie Internationale d’Eté de Wallonie boulevard.ma/2018 kaer.one facebook.com/KAER.STARFLAM facebook.com/LaCentraleSon
< S > E N T R EPR I S E Des investissements W+B 142 chinois en Wallonie 20 de plus en plus intenses PAR JACQUELINE REMITS U Les investissements ne liaison ferroviaire directe Louvain-la-Neuve, le géant du chinois vont bon train entre Liège et Zhengzhou, commerce électronique Alibaba en Wallonie. C’est voilà un exemple de plus et les services logistiques 4PX près le cas de le dire à d’une coopération qui n’en finit de l’aéroport de Liège, le construc- présent qu’une ligne plus avec la Chine. « Dans le cadre teur automobile Thunder Power ferroviaire relie Liège du jumelage de la Région wal- va prendre ses quartiers sur l’an- à Zhengzhou en lonne avec la province chinoise cien site de Caterpillar à Gosselies. Chine centrale. Ces de Henan, nous avons pu obtenir Pour la Région wallonne, ces pro- 10 dernières années, ce beau succès, explique Michel grammes coïncident avec les ini- ils sont montés à Kempeneers, Directeur Overseas tiatives démarrées voici une di- environ 80 millions à l’Awex. Dès 2019, deux ou trois zaine d’années sur la Chine et qui d’euros. Un travail trains par semaine à destination ou se concrétisent dans les domaines de longue haleine en provenance de Chine sont pré- logistique et technologique. « Ces mené par des acteurs vus. Il s’agit d’alimenter les pays routes aériennes, ferroviaires et économiques wallons européens en produits chinois, et maritimes du port de Liège vers comme la Sogepa et aussi de pouvoir exporter là-bas Anvers deviennent de plus en plus l’Awex, pour aider les des marchandises produites en intéressantes pour nos exporta- entreprises wallonnes Europe et en Wallonie. » tions et permettent de remplir ces à exporter en Chine. moyens de transport dans le sens Après l’incubateur China Belgium Europe – Chine beaucoup plus Technology Center (CBTC) à qu’auparavant. »
< S > Inauguration de la liaison ferroviaire directe entre Liège et Zhengzhou R EPR I S E LES NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE N TTO E DI Actuellement, environ 40 avions É effectuent la liaison Chine – Liège W+B 142 par semaine. « De cette manière, on complète de manière optimale l’offre multimodale. Ces avions ne repartent pas vides. C’est une faci- lité, en plein cœur de la Wallonie, à Liège et à Charleroi, d’envoyer des 21 produits vers les consommateurs chinois. Entre 350 et 400 millions d’entre eux sont capables d’ache- ter des produits technologiques, pharmaceutiques, cosmétiques, pour bébés, des dispositifs mé- dicaux, des produits de luxe. Une Inauguration de la ligne cargo Liège-Wuhan espèce de momentum apparaît aujourd’hui. Le marché européen, surtout le nord de l’Europe, est le plus important pour les Chinois. Grâce au programme du gouver- travers de l’écosystème e-com- Caterpillar à Gosselies. Un accord nement chinois des Routes de merce beaucoup plus développé pour la reprise du site a été conclu la Soie, One Belt One Road, l’Eu- chez eux que chez nous. ‘Made in entre le CEO de Thunder Power rope et la Chine sont reliées par les China 2020-2025’ vise à montrer Electric Vehicle, la Région wal- moyens de transport, train, bateau, que les produits chinois ne sont lonne et la Sogepa qui assume le et les marchandises arrivent plus plus uniquement bas de gamme, risque financier du projet. Celui- facilement. » mais technologiquement d’un bon ci vise à développer une chaîne niveau. » de production de petites voitures Ajoutons les touristes chinois et les électriques citadines baptisées compagnies aériennes chinoises, Chloe et destinées au marché eu- de plus en plus nombreux. La THUNDER POWER À ropéen. Avec une autonomie de jeune compagnie Air Belgium sou- GOSSELIES : VOITURES 350 km, la nouvelle venue cible haite mettre le focus sur la Chine, ÉLECTRIQUES CHINOISES les grandes villes européennes. Le pour son potentiel. « On évoque MADE IN BELGIUM groupe chinois évoque la construc- de plus en plus cette 3e voie des tion de 30 000 voitures par an à Routes de la Soie, avec des big Des voitures électriques vont être partir du dernier trimestre 2020, data, l’intelligence artificielle, au construites sur l’ancien site de l’embauche de 350 personnes au
< S > Thunder Power à Gosselies, des voitures électriques chinoises made in Wallonia E N T R EPR I S E démarrage de l’activité et un dé- port de Liège afin d’y construire veloppement progressif espéré son centre de distribution pour de 4 000 emplois si tout va bien. l’Europe. Cainiao, sa filiale logis- Il reste aux partenaires à finali- tique, va construire un centre de ser l’investissement et constituer distribution de plusieurs hectares W+B 142 Thunder Power Belgique. Ensuite, près de l’aéroport de Liège, choisi la construction de la chaîne de notamment pour son accessibilité, production pourra commencer. ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 4PX : ACTEUR CHINOIS DE 7, et la basse fréquentation de pas- LA LOGISTIQUE PRÈS DE sagers aériens. Un protocole d’ac- L’AÉROPORT LIÉGEOIS 22 ALIBABA VIA SA FILIALE cord a été signé avec Liege Airport CAINIAO : SON CENTRE en vue de faire de l’infrastruc- Un autre important acteur chinois DE DISTRIBUTION POUR ture liégeoise sa tête de pont en de la logistique, le groupe 4PX de L’EUROPE À LIEGE AIRPORT Europe. Les expéditions de com- Shenzhen, a créé une filiale belge, merce électronique du réseau 4PX Express BE à Grâce-Hollogne, Le géant de l’e-commerce Alibaba Cainiao entrent déjà en Europe via à deux pas de l’aéroport, en vue d’y a opté pour la proximité de l’aéro- Liege Airport. servir le géant de l’e-commerce. Le Le géant de l’e-commerce Alibaba a opté pour la proximité de l’aéroport de Un autre acteur chinois de la logistique, le groupe 4PX (sous-traitant de Cainiao), Liège afin d’y construire son centre de a créé une filiale belge, 4PX Express BE, à deux pas de l’aéroport liégeois, en vue distribution pour l’Europe, via Cainiao, d’y servir le géant de l’e-commerce sa filiale logistique
< Le futur China Belgium Technology Center S > E DI É R EPR I S E N TTO W+B 142 groupe est l’un des sous-traitants mis sur pied par 4 partenaires : UN SUCCÈS WALLON MÉRITÉ de Cainiao qui en détient 51 %. « Le l’Awex, l’UCL, la société United fait qu’il ait déjà pris pied dans Investment Group qui porte le pro- Pour Michel Kempeneers, ce suc- l’environnement immédiat de l’aé- jet, et l’IBW (Intercommunale du cès wallon auprès des Chinois s’ex- 23 roport liégeois montre combien il Brabant wallon). Pour les Chinois, plique très bien: « Nous avons a confiance dans la réalisation des l’objectif est de permettre à leurs une neutralité et un accueil qui projets wallons d’Alibaba », affirme entreprises high-tech de s’inspi- conviennent bien à leur straté- Michel Kempeneers. La filiale as- rer du mode de fonctionnement gie de leadership au niveau mon- surera la prestation de services des entreprises européennes afin dial aujourd’hui. Nous disposons de gestion de transport aérien, de de mieux appréhender ce marché de toutes les infrastructures pour déchargement de l’avion, de dé- tout en développant leurs tech- qu’ils puissent se développer en lo- douanement, d’entreposage, d’em- nologies. Pour les entrepreneurs gistique, en recherche et dévelop- ballage et de gestion de livraison wallons, l’incubateur favorisera les pement, et ce, à côté de Bruxelles, terrestre internationale de mar- échanges de bonnes pratiques, au cœur de l’Europe. La Wallonie chandises, vendues notamment des partenariats technologiques s’ouvre, prend des risques avec par Alibaba. entre entreprises de taille moyenne la Chine, et y croit. » Ce qui in- pour le développement de nou- téresse les Chinois ? « Créer des veaux produits. Enfin, il facilitera la produits, des technologies en- CHINA BELGIUM compréhension et l’accès au mar- semble, et qui soient adaptés aux TECHNOLOGY CENTER : ché chinois. « Un pari sur l’avenir, normes européennes. Cela crée 300 ENTREPRISES souligne le Directeur Overseas de des liens. Autant s’en faire des ATTENDUES À l’Awex. On y attend 300 entre- amis pour nous permettre d’abor- LOUVAIN-LA-NEUVE prises technologiques. On espère der plus facilement ce marché pour fin 2019 début 2020 l’arrivée très compliqué qu’est la Chine. Grâce au réseau et aux contacts des premières. » Une quinzaine L’arrivée des Chinois en Wallonie de l’Awex, le premier incubateur sont déjà présentes aujourd’hui est un bon moyen de trouver des chinois en Europe et en Wallonie à Louvain-la-Neuve. Au final, le partenaires ouverts, un peu euro- est en cours de construction dans projet de CBTC nécessitera un in- péanisés et qui peuvent nous aider le parc scientifique de Louvain-la- vestissement estimé à près de sur le marché chinois. » Neuve. Fruit d’un long partenariat 200 millions d’euros, une somme entre la Wallonie et la province déboursée par les investisseurs chinoise de Hubei, le CBTC a été chinois.
< S > Aladin, le laser liégeois Contre vents et marées, Aladin entend notamment améliorer la qualité des prévisions météorologiques. PAR VINCENT LIÉVIN L à-haut, au-dessus de nos vent avec précision et qualité têtes, les talents de scien- sur toute la profondeur de l’at- I N N OVAT I O N tifiques liégeois spécialisés mosphère » explique Christophe en aéronautique brillent Grodent, responsable du pro- depuis le 22 août dernier. Ce jour- gramme au CSL. « Jusque-là, on la là, le satellite européen Aeolus mesurait avec des ballons-sondes. a été lancé avec succès dans Nous allons donc avoir une carto- l’espace à partir du centre spatial graphie complète de toute la sur- W+B 142 de Kourou en Guyane française face de la Terre. Nous pourrons grâce au lanceur européen Vega. améliorer la qualité des prévisions Ce satellite de l’ESA (Agence spa- des météorologues du monde tiale européenne) a été testé au entier, notamment en matière de Centre spatial de Liège ainsi que cyclones et d’évolution du climat. » 24 son unique passager de grande Une autre application concrète taille: un laser à effet Doppler ap- permettra, lors d’éruptions pelé Aladin (Atmospheric LAser volcaniques, de modéliser la dis- Doppler INstrument). Cet événe- persion d’un panache de polluants Isabelle Doomken, chef de projet ment est d’autant plus important volcaniques grâce à une meilleure au CSL. Ce projet repose aussi sur qu’il s’agit sans conteste pour les connaissance du mouvement des une dynamique humaine à part: scientifiques d’un des instruments vents dans la stratosphère. « Pendant cette période, la popu- les plus avancés jamais mis en lation du centre a doublé. Nous orbite. « Avec ce projet, pour la sommes passés de 80 à 160 per- première fois, nous sommes ca- UN PROJET HUMAIN sonnes. Au-delà de l’aspect tech- pables de mesurer la vitesse du nologique, il y a donc un côté hu- Après le satellite Planck, le satel- lite Aeolus est la seconde grande aventure liégeoise en 50 ans d’ac- tivités spatiales. Cette fois, grande première, le Centre Spatial de Liège recevait un satellite complet. « Pour nous, en effet, il s’agit d’un événement exceptionnel parce que l’on a pu tester un satellite complet. Cela a été un fameux challenge. Ce sont des projets fa- buleux de haute technologie, parce qu’il faut notamment résoudre de nombreux problèmes potentiels sur terre mais aussi dans l’espace, comme par exemple la probléma- Christophe Grodent, tique des optiques du laser qui se Isabelle Doomken, responsable du projet Aladin saliraient avec le temps » explique chef de projet au Centre Spatial de Liège au Centre Spatial de Liège
< S © Airbus Defence and Space > ALADIN, C’EST QUOI ? Le projet ALADIN est basé sur une technique entièrement nou- velle. Un laser de forte puissance sonde les basses couches de l’at- OVAT I O N mosphère terrestre pour recueillir des informations sur les aérosols et les nuages. Aladin utilise l’effet NTO Doppler pour mesurer la vitesse I NDI des vents à différentes altitudes É grâce à un laser puissant et un té- W+B 142 lescope de 1,5m de diamètre relié à un détecteur très sensible. Le la- ser envoie de brèves impulsions de lumière intense dans l’atmosphère. « Les modèles mathématiques sont plus fiables. Le laser ultra vio- 25 let est un instrument magnifique. C’est comme un radar sur les au- main très important. Les équipes toire d’Aeolus débute bien avant toroutes, il permet de mesurer la sont restées de mars 2017 à janvier l’arrivée du satellite. En effet, en vitesse des vents. Il s’agit d’un sa- 2018 et le satellite de mai 2017 à 2005, les premiers modèles de tellite hyperpuissant qui permettra janvier 2018. » Le satellite Aeolus l’instrument Aladin étaient testés aussi de travailler par temps clair » est resté 8 mois au CSL. Mais l’his- au CSL. ajoute Christophe Grodent. © Airbus Defence and Space © Airbus Defence and Space
S > < W+B 142 26 I N N OVAT I O N © Airbus Defence and Space © Airbus Defence and Space
< S > © Airbus Defence and Space I NDI É OVAT I O N NTO W+B 142 Concrètement, une partie infime de la lumière rétrodiffusée est col- lectée par le télescope de l’instru- ment Aladin et envoyée au récep- 27 teur embarqué. En analysant le signal, il est possible de calculer la vitesse et la direction de l’air en mouvement à différentes altitudes dans l’atmosphère. L’observation précise des vents exige de nom- © Airbus Defence and Space breuses mesures dont on calcule la moyenne. Il faut compter « 700 impulsions laser pour chaque profil de vent, réalisées en 7 secondes », le satellite aura alors parcouru 500 kilomètres. DE LA NORVÈGE rection de l’Italie. Enfin, les don- mination des optiques, l’optimisa- AU RESTE DU MONDE nées sont distribuées vers tous les tion des revêtements de surface, la centres de météorologie » précise stabilité des optiques... Cette mis- Dans l’espace, les outils créés à encore Isabelle Doomken. sion d’envergure a même amené le Liège et mis en orbite envoient des CSL à reproduire les conditions de données toutes les 90 minutes à Avec ce travail minutieux, il est vie de l’espace pour garantir le bon la station terrestre de Svalbard, en prévu que le globe terrestre soit fonctionnement de tous les ou- Norvège. « Depuis son départ, les complètement scanné en 7 jours : tils, notamment avec le test ther- tests de récolte de données sont le fruit d’un partenariat interna- moptique sur le satellite qui a per- bons. On peut suivre le parcours tional avec des équipes italiennes, mis un check-up complet dans les du satellite sur le site de l’ESA. Les françaises, anglaises... qui ont af- conditions de vol, en simulant éga- datas sont successivement traitées fronté des défis techniques nom- lement les cas extrêmes. Un beau dans deux centres de données en breux comme le développement succès wallon et liégeois qui offrira Norvège avant de prendre la di- du laser, l’éradication de la conta- des prévisions météo affinées...
< S > Girleek Bruxelles se conjugue désormais à Casablanca CO OP ÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT À Casablanca s’est tenu, fin novembre, l’événement fondateur de Girleek Maroc. Cette plateforme s’adresse aux entrepreneur.e.s de Casa et de plus loin. Fédérer, échanger, bref former une communauté pour avancer ensemble, voilà le projet auquel participe © Sensei Prod Julie Foulon, l’entrepreneuse à succès de MolenGeek. PAR CHARLINE CAUCHIE V isite royale, rencontre avec GIRLEEK DÉBARQUE femmes et la vie des femmes », ex- Emmanuel Macron, mission AU MAROC plique l’entrepreneuse, « Je voulais princière et, avant cela, dé- donner un point de vue différent placement à l’ONU, partenariat Le nouveau projet de Julie Foulon sur les technologies, sur leur usage. W+B 142 à 200.000 euros avec Google, et en partenariat avec le programme De fil en aiguille, j’ai développé des plus ! En moins de quatre ans, Julie Min Ajliki et l’APEFE (Association événements de networking où 200 Foulon et son partenaire Ibrahim pour la Promotion de l’Enseigne- femmes se retrouvaient. Il y avait un Ouassari ont fait exploser le comp- ment et de la Formation à l’Etran- réel besoin de se rencontrer. » teur du succès de MolenGeek, leur ger), financé par la coopération 28 école de codage et incubateur de belge au développement au Maroc, Le dernier événement Girleek s’est start-ups. Implantée à Molenbeek connaîtra-t-il le même essor ? Il s’ap- ainsi tenu à Casablanca le 29 no- dont elle a « changé le visage », pelle Girleek Maroc et doit son nom vembre dernier. C’était le premier leur A.S.B.L. est décrite comme au blog Girleek développé par Julie du genre hors Belgique : « Parmi « l’exemple à suivre » par les mé- Foulon dès 2011. Il s’agit d’un site les 30 participants, il y avait beau- dias qui ne tarissent pas d’éloges dédié aux nouvelles technologies coup de jeunes femmes qui vou- à son sujet. Pourtant, au départ, pour et par les femmes : « Girleek, laient entreprendre, se former, il y MolenGeek avait « simplement » c’est ma passion. En 2011, c’est le a un terreau fertile pour s’implanter l’intention d’organiser quelques tout début des smartphones et, à là-bas. » Le directeur général d’Ac- événements ponctuels pour aider l’époque, on pensait cet objet pour tiris, présent pour la mission éco- les jeunes de la commune face aux un public masculin. Le contenu était nomique et princière, avait même inégalités de recrutement. clairement en décalage avec les fait le déplacement ! Un des mots Julie Foulon et une des participantes à Girleek Maroc Ismaël, un expert en entrepreneuriat très célèbre au Maroc,Chaimaa Elghani, créatrice © Sensei Prod de GO4Work, Maha, chargée de communication Min Ajliki et Julie Foulon © Sensei Prod
< GO4Work : S l’endroit à suivre Ce co-working qui vient de s’im- > planter à Casa est la première structure du genre dans la ville, et peut-être même dans le pays. Outre les espaces de travail, GO4Work organise des confé- rences, des coachings, des événe- ments de co-création ou de coa- ching. Chaimaa Elghani en est la dynamique CEO. Un lieu parfait pour accueillir Girleek. TOÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT contrer des coaches qui sont re- parties avec des idées pour entre- prendre, des designeuses avec des opportunités de développement, comme Safae Hafid qui a créé la marque de sacs Doumeign et qui réfléchit à présent à l’exportation. d’ordre : l’inclusivité. « L’idée, c’était peuvent intégrer un des 8 incuba- DIOP d’accueillir femmes et hommes, car teurs du programme, bénéficier de LE DÉBUT D’UNE BELLE CO on pense que l’inclusion se passe à l’aide et de l’accompagnement à la AVENTURE É travers les hommes », raconte Julie création et/ou la post-création (la W+B 142 Foulon. Un profil type ? « Des jeunes commercialisation, par exemple) », « Durant la soirée, on a beaucoup femmes, la vingtaine, avec un par- explique Benoit Stiévenart, re- parlé d’entrepreneuriat et de digi- cours brillant, des diplômes, et qui présentant de l’APEFE au Maroc, tal, de nos parcours, de nos échecs. ont à présent besoin de clés pour « Mais elles peuvent aussi faire par- J’avais envie de partager ça : mon- entreprendre. Leurs demandes tie de la communauté Girleek sou- trer que l’on peut se tromper et sont concrètes, elles veulent savoir tenue par le programme au Maroc puis recommencer, et se relever. » 29 où et comment elles peuvent déve- sans pour autant intégrer celui-ci. » Comment créer des partenariats lopper leur projet. » économiques ? Comment mon- La communauté Girleek n’en est trer les opportunités du digital ? qu’à ses débuts, mais, pour Julie Et l’espace pour se confier sur ses L’APPUI DE L’APEFE Foulon, « le potentiel est là » : « Je obstacles ? C’est à travers toutes voudrais souder la communauté, ces questions que Julie Foulon et Cela tombe bien. Suite à ce lui donner un souffle plus tech aus- l’APEFE feront mûrir ce réseau de workshop, les participantes pour- si. Le but est vraiment de créer des femmes entreprenantes. « La pre- ront obtenir l’aide de Min Ajliki 2.0, ponts à travers l’entrepreneuriat mière pierre est posée. 2019 s’an- le programme opéré au Maroc par innovant et les technologies. » La nonce passionnante », sourit Julie l’APEFE et ses partenaires : « Elles soirée de novembre a fait se ren- Foulon. © Sensei Prod Safae Hafid a créé la marque de sacs Doumeign et réfléchit à présent à l’exportation © Sensei Prod
< S > Mudia: pour présenter l’art autrement Cap sur le village du livre de Redu pour découvrir un étonnant nouveau musée: le Mudia réunit de nombreux chefs-d’œuvre de grands noms de l’histoire de l’art, de la Renaissance à l’époque contemporaine, qui cohabitent dans un parcours à la fois ludique et didactique, baigné de nouvelles technologies. PAR JEAN-MARIE ANTOINE Edouard Munch – Mudia Redu asbl fet le public à participer, tout en lui V oilà assurément une « at- permettant d’apprendre en s’amu- traction » qui va apporter sant et de comprendre l’univers de TOUR I S M E un renouveau culturel dans l’Art et son évolution. le bourg ardennais figé depuis des décennies dans son statut de vil- La matière première est dense, lage-librairie(s). Inauguré cet au- avec plus de 300 œuvres origi- tomne 2018, au centre du village, nales témoignant de 46 mouve- W+B 142 Mudia, ou Musée didactique de ments artistiques de l’histoire de l’art, se décline sur plus de 1000m2, l’art, présentés dans un ordre chro- avec un total de vingt salles répar- nologique et mis en valeur au tra- ties sur quatre niveaux. Il est ins- vers d’une soixantaine d’activités tallé dans l’ancien presbytère du ludiques, jeux, tableaux animés, 30 19ème siècle qui avait été précé- expériences burlesques ou didac- demment recyclé en… savonnerie. tiques, vidéos, etc. UNE SCÉNOGRAPHIE Au rez-de-chaussée, la première J. Jordaens - Mudia Redu asbl INTERACTIVE salle est consacrée à l’art médiéval gothique, aux Primitifs flamands Initié par un amateur d’art belge, et à la Renaissance, avec notam- et la Peinture de genre, le Rococo, lui-même appuyé par l’apport de ment un tableau original de Pierre le Classicisme et le Néoclassicisme collections privées belges et inter- Brueghel II qui permet d’aborder la avec plusieurs animations interac- nationales, cet étonnant musée se question de la copie. Voici ensuite tives, dont une réalisée à partir singularise par sa scénographie. la sculpture baroque et le cara- du tableau de Jean-Louis David, Un dispositif interactif invite en ef- vagisme, puis les Natures mortes Marat assassiné. Au premier niveau, on découvre le Romantisme (avec des œuvres d’Antoine Wiertz), le Réalisme social, avec notamment une vingtaine de petites sculptures d’Honoré Daumier. Voici encore le Symbolisme (Rops, Knopff, Spilliart…) et l’Art Nouveau, celui de Mucha, Rassenfosse, Klimt… et encore cette installation au pla- fond d’un vitrail original signé Privat-Livemont. © Atelier La Grange Le deuxième niveau est celui, en mode survol, de l’Ecole de Pont- Aven, du Fauvisme, du Cubisme,
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