17 OCTOBRE 1961 - DE L'OCCULTATION À LA TRANSMISSION. HISTOIRE ET MÉMOIRE D'UN MASSACRE DE LA GUERRE D'ALGÉRIE - Le magazine
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17 OCTOBRE 1961 - DE L’OCCULTATION À LA TRANSMISSION. HISTOIRE ET MÉMOIRE D’UN MASSACRE DE LA GUERRE D’ALGÉRIE.
17 J’ai souhaité que le Département de la Seine- Saint-Denis s’engage dès cette année dans le processus de commémoration de la répression OCTOBRE de la manifestation du 17 octobre 1961. Il est nécessaire que cet évènement, très souvent associé uniquement à Paris ou à Nanterre, s’inscrive dans la mémoire collective de notre 1961, territoire. Il s’agit également de développer une meilleure connaissance et de transmettre cette histoire auprès du grand public et tout particulièrement des plus jeunes. C’est une démarche au long cours, multipliant les initiatives et engageant de l’occultation un travail avec plusieurs partenaires sur ce sujet. De nombreuses communes, associations, col- lèges et professeurs, l’Éducation nationale et à la transmission. des institutions culturelles de notre territoire se sont déjà fortement mobilisés, notamment lors du cinquantenaire de cet évènement. Je Histoire et mémoire souhaite qu’à leurs côtés, le Département de la Seine-Saint-Denis travaille à la mise en ré- sonnance de ces efforts. d’un massacre de La transmission, l’éducation, la mémoire sont essentielles, non pas seulement pour lutter contre l’oubli, mais pour construire ensemble un avenir commun sur le socle solide de connais- sance d’une histoire assumée, respectée et partagée. la guerre d’Algérie. Stéphane Troussel Président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis
Il y a cinquante-six ans, le 17 octobre et 5 cm de diamètre, les « bidules », il était en désaccord avec sa reconnais- 1961, à cinq mois de la fin de la guerre qui serviront ensuite le 8 février 1962 au sance de la souveraineté algérienne sur d’Algérie, Paris a connu dans l’ignorance métro Charonne. Dans le rapport officiel le Sahara. Et lui a cédé de nouveau le de presque tous ses habitants le plus du commissaire principal Pierre Mézière, 23 août quand il a demandé le départ important massacre d’ouvriers et de commandant à cet endroit, sur les cin- du ministre de la Justice, Edmond gens du peuple depuis la Semaine quante bidules distribués, trente ont été Michelet, qui s’opposait aux méthodes sanglante de la fin de la Commune de brisés. Les jours suivants, on a sorti de illégales mises en œuvre par Maurice Paris. Des dizaines de milliers d’Algé- la Seine des « noyés par balles » et des Papon. riens manifestant sans armes, sortant corps portant de multiples fractures. simplement dans les rues pour protester Dès lors, dès septembre, Maurice contre le couvre-feu discriminatoire qui Pendant plus de vingt ans, le silence Papon, avec le soutien du Premier leur était imposé, ont été réprimés avec a été complet autour de cette tragédie. ministre, du ministre de l’Intérieur et une violence telle qu’il y a eu plus de Plusieurs raisons l’expliquent. Mais, du garde des Sceaux, a pu se livrer cent morts. Les historiens britanniques progressivement, grâce, souvent, à la à une guerre totale contre le Front de qui se sont penchés sur l’évènement génération des enfants de ces immigrés, libération national (FLN) et les immigrés ont souligné que, dans toute l’histoire la mémoire a resurgi et une volonté de algériens qui le soutenaient très majo- contemporaine depuis la Révolution comprendre s’est imposée. On sait ritairement. Des policiers auxiliaires ont française, c’est la répression d’État la maintenant qu’au sein du gouvernement, fait régner la terreur dans les quartiers plus meurtrière qu’ait jamais subie en le Premier ministre, Michel Debré, où ils vivaient. Et quand ils ont répondu Europe occidentale une manifestation désapprouvait les choix du général pacifiquement au couvre-feu qui les a de rue désarmée. de Gaulle dans les négociations d’Évian frappés en octobre, une violence terrible pour l’indépendance de l’Algérie. Mais s’est abattue sur eux. C’est l’honneur Quand, par exemple, une foule d’hommes, le général, devenu la cible des terroristes de la France que de dire aujourd’hui de femmes et d’adolescents aux mains de l’OAS partisans du maintien de la vérité sur cet évènement. nues est arrivée de la banlieue jusqu’au « l’Algérie française », n’a pas voulu pont de Neuilly, les policiers aux ordres s’en séparer. Il l’a laissé, au moment Gilles Manceron* du préfet de police Maurice Papon et les où s’ouvraient les négociations, nommer * Gilles Manceron est historien spécialiste du colonialisme forces spéciales qu’il avait constituées au Ministère de l’Intérieur un homme qui français. Son ouvrage Marianne et les colonies. Une in- ont ouvert le feu. Ils ont utilisé des bâ- lui était totalement acquis, Roger Frey, troduction à l'histoire coloniale de la France, a été publié aux Éditions de La Découverte en 2003 tons en bois de 105 cm de long a refusé sa démission le 18 août quand
PRO- LE 17 OCTOBRE 2017 DE 17 H À 19 H à la MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny Salle Christian Bourgois GRAMME Accueil par Hortense Archambault, directrice de la MC93. Ouverture par Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de la table de la Seine-Saint-Denis. Introduction par Gilles Manceron, historien spécialiste du colonialisme français. ronde Diffusion du film Mémoire du 17 octobre 1961, réalisé par Faïza Guène et Bernard Richard, de l’association les engraineurs, 2002, 17’. L’importance du témoignage dans le processus mémoriel. Intervention de Djamila Amrane, ancienne présidente de l’association Africa et témoin de la répression du 17 octobre 1961. Le travail de transmission. Intervention de Mimouna Hadjam, présidente de l’association courneuvienne Africa. Échanges avec la salle. La rencontre sera animée par Vincent Martigny, historien et journaliste.
POUR OUVRAGES COLLECTIFS > Le 17 octobre 1961, OUVRAGES HISTORIQUES > Linda Amiri - La bataille de Paris : 17 octobre 1961, Éditions du Seuil, coll. « Points : ALLER un crime d’État à Paris, Les fantômes du 17 octobre, essai » (no 908), 2001, 17 octobre 1961 contre Éditions Mémoire-Génériques, 409 p. (réédition augmentée l’oubli, textes de. Benjamin 2003, 196 p. d'une postface inédite). Stora, Jean-Luc Einaudi, - Octobre 1961 : PLUS > David Assouline, René Gallissot, Alain Brossat, un massacre à Paris, Pluriel, Mehdi Lallaoui (dir.) Sidi Mohammed Barkat, coll. « Pluriel », 2011, 635 p. À propos d’octobre 1961 : Olivier Le Cour Grandmaison, (nouvelle édition augmentée). état des connaissances, Nicole Dreyfus, La Dispute, LOIN Au nom de la mémoire, 2001, > Jean-Luc Einaudi, Paris, mai 2001. 160 p. Élie Kagan 17 octobre 1961, Actes Sud/ > À propos d’octobre 1961, > Jean-Paul Brunet Solin/BDIC, 2001, 62 p. textes de Jean-Luc Einaudi, Police contre FLN : le drame Ali Haroun, Pierre Vidal-Naquet, d'octobre 1961, Flammarion, > Monique Hervo Benjamin Stora, Guy Pervillé, 1999, 345 p. Chroniques du bidonville : Nacer Kettane, Samia Nanterre en guerre d’Algérie, > Chadia Chambers-Samadi Messaoudi, Au nom de 1959-1962, préf. François Répressions des manifestants la mémoire éd., 2001. Maspero, Le Seuil, coll. algériens : la nuit meurtrière L’Épreuve des faits, 2001, du 17 octobre 1961, > Le 17 octobre 1961 par 263 p., ill. L’Harmattan, 2015, 256 p. les textes de l’époque, préf. > Jim House Gilles Manceron, postf. Henri > Jean-Luc Einaudi et Neil MacMaster Pouillot, Les Petits matins, - Scènes de la guerre d’Algérie Paris 1961 : Les Algériens, 2011, 128 p. en France. Automne 61, la terreur d'État et la mémoire, Éditions du cherche midi, Tallandier, 2008, 538 p. 2009, 415 p. (réédition 2015)
> Michel Lévine > Anne Tristan FILMOGRAPHIE Les Ratonnades d’octobre : un meurtre Le Silence du fleuve : ce crime que nous collectif à Paris en 1961, Ramsay, Paris, n’avons toujours pas nommé, Syros/Au > Yasmina Adi 1985 (réédition Jean-Claude Gawsewitch, nom de la mémoire éd., 1991, 139 p., ill. « 17 octobre 1961: ici on noie les Paris, 2011). Algériens », 2013. > Sofia Papastamkou > Aurel, Florence Corre « Le 17 octobre 1961 : le silence des ROMANS « Octobre noir : Malek, Saïd, Karim affiches ? », Matériaux pour l’histoire et les autres… », 2011 (film d’animation). de notre temps, n° 106, avril-juin 2012, > Didier Daeninckx pp. 60-62. Meurtres pour mémoire, Gallimard, > Philip Brooks, Alan Hayling coll. Série noire, 1983, 215 p. Rééd. « Une journée portée disparue », 2008. > Marcel Péju, Paulette Péju, coll. Folio policier, 1999, 218 p., Éd. ill. > Faïza Guène, Bernard Richard Gilles Manceron par Jeanne Puchol, Futuropolis, 2011, « Mémoires du 17 octobre 1961 », 2002. Le 17 octobre des Algériens suivi 243 p. de La triple occultation d'un massacre, > Daniel Kupferstein La Découverte, 2011, 199 p. > Didier Daeninckx, Mako « 17 octobre 1961, dissimulation > Fabrice Riceputi Octobre noir, bande dessinée, préf. d’un massacre », 2001. La bataille d'Einaudi : comment la Benjamin Stora, Adlibris, 2011, 59 p. > Mehdi Lallaoui, Agnès Denis mémoire du 17 octobre 1961 revint à > Ahmed Kalouaz « Le silence du fleuve », 1991. la République, Neuvy-en-Champagne, Les fantômes d’Octobre : 17 octobre Éditions le Passager clandestin, 2015, 1961, Oskar, coll. Cadet, 2011, 128 p. > Jacques Panijel 225 p. « Octobre à Paris », 1962. > Mehdi Lallaoui > Sylvie Thénault Une nuit d’octobre, Alternatives, 2001, > Sébastien Pascot « Le fantasme du secret d'État autour 204 p. « Témoignage d’Octobre », 2002. du 17 octobre 1961 », Matériaux pour > Alain Tasma l'histoire de notre temps, n° 58, avril-juin > Leïla Sebbar « Nuit noire : 17 octobre 1961 », 2005 2000, pp. 70-76 La Seine était rouge : Paris, octobre (fiction). 1961, Thierry Magnier, 1999, 143 p. Nouv. éd. Actes sud/Leméac, coll. Babel, 2009, 108 p.
LES Pour éviter que cette com- communauté éducative - Un cycle annuel de table mémoration soit ponctuelle du territoire, pour traiter ronde pour évoquer avec ou trop formelle, le Dépar- de cette répression dans le la communauté scientifique tement s’engage à faire cadre plus général des mou- et le grand public, la ques- AC- vivre cette thématique auprès vements de migrations qu’a tion de la mémoire de cet de ses publics et de ses suscité la guerre d’Algérie. évènement, de ses liens partenaires, tout au long de précis avec le territoire de la l’année autour de plusieurs * Accompagnées par des spécialistes Seine-Saint-Denis et de sa TIONS de la question de mieux connaître la actions qui seront autant transmission. réalité de ces immigrations, leurs moti- d’occasions de travailler vations, leur nombre, la manière dont cette mémoire : les conflits ont profondément modifié Des temps de programmation dédiés à cette thématique et À VENIR leurs trajectoires. - La réalisation d’une travaillés avec les partenaires fresque de street art - Des actions éducatives culturels et mémoriels du laissant libre court à l’imagi- pour les collégiens, no- Département. nation d’un grapheur pour tamment dans le cadre du traiter de cette thématique. cycle « Histoire, archives et Elle se situera à proximité citoyenneté » (Guerre et paix du canal Saint-Denis, zone au XXe siècle) que proposent du territoire la plus marquée les Archives départementales. par cette répression. À partir de la rentrée 2018- 2019, le Département propo- - Dans le cadre du partenariat sera également des parcours étroit entre le Département et d’Éducation artistique et le Musée national de l’Histoire culturelle permettant d’abor- de l’Immigration, « journées der cette thématique par le de sensibilisation*», notam- biais sensible de l’éducation ment à destination de la aux regards. © Photographie Jean Texier, Mémoires d'Humanité/Archives départementales de la Seine-Saint-Denis
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