2018-2022 Strategie D'integration Regionale Pour L'afrique Australe - Bureau de développement régional et de livraison d'entreprises en Afrique de ...
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Strategie D’integration Regionale Pour L’afrique Australe 2018-2022 Bureau de développement régional et de livraison d’entreprises en Afrique de l’Est
Chefs d’équipe M. Tilahun TEMESGEN Économiste régional en chef, RDGE.0/ECCE M. Patrick KANYIMBO Coordinateur de l’intégration régionale, RDGE/RDRI Membres de l’équipe M. Stefan MULLER Spécialiste en chef, coordonnateur du programme pays RDVP Chargé en chef de programme pays, RDGE.0 Mr. Alain-Pierre MBONAMPEKA Responsable, des opérations pays, RDNG M. Laté LAWSON ZANKLI Chargé en chef de la facilitation du commerce, PITD.2 M. Gerard AJUMBO Ingénieur principal, Génie électrique, RDGE.4 M. Humphrey RICHARD Ingénieur en chef, Transports, RDGE.4 M. Zerfu TESSEMA Ingénieur en chef, Génie électrique, RDGE M. Alemayehu W. ZEGEYE Chargé en chef, Contrôle de la qualité, SNOQ2 M. Richard SCHIERE Spécialiste, TIC, PICU.2 M. Enock YONAZI Ingénieur principal, Irrigation, ECNR M. Ahmed Sheikh JAVED Jeune professionnel, FITR.1 M. Dairo KOLAWOLE Analyste financier principal, RDGE.2 Chargée de la fragilité et de la résilience, RDTS Mme Mary KIMANI Analyste financier principal, RDGE.2 M. Christopher MUTASA Macroéconomiste, COTZ M. Prosper CHARLE Macroéconomiste, CORW M. Bernis BYAMUKAMA Chargé en chef de la gouvernance, RDGE/ECGF M. Francois NKULIKIYIMFURA Consultant, RDGE M. Mukaila OJELADE Consultant, RDGE M. Stephen OLANREWAJU Équipe de gestion M. Gabriel NEGATU Directeur général, RDGE Mme Moono MUPOTOLA Directrice, RDRI Mme Nnenna NWABUFO Directrice générale adjointe, RDGE M. Abraham MWENDA Spécialiste en chef, Économie, RDGE/ECCE M. Marcellin Ndong NTAH Spécialiste en chef, Économie, RDGE/ECCE Pairs évaluateurs M. Yasser AHMAD, Chargé en chef de programme pays, RDGN M. Jeremy AGUMA Économiste des transports principal, RDGE/PICU M. Abdourahmane DIAW Chargé en chef de programme pays, RDGN M. Ndoli KALUMYA Économiste supérieur, RDGS Mme Memory DUBE Chargée supérieure du commerce, PITD.2 M. Saloua SEHILI Chargé en chef de stratégie, SNSP1 Mme Sandrine ALISSOUTIN Chargée principale du contrôle de la qualité, SNOQ2
Table des matières SIGLES ET ABRÉVIATIONS iii Carte de l’Afrique de l’Est v RÉSUMÉ ANALYTIQUE vi 1. INTRODUCTION 1 2. CONTEXTE ET PERSPECTIVES DE LA RÉGION 5 2.1 Diversité régionale 5 2.2 Fragilité régionale 5 2.3 Une région diversifiée 6 2.4 Contexte politique 6 2.5 Contexte économique 6 2.6 Contexte des infrastructures régionales 12 2.7 Contexte social et questions transversales 14 3. CADRES STRATÉGIQUES, ÉCONOMIE POLITIQUE DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE ET ENSEIGNEMENTS TIRÉS 17 3.1 Cadres stratégiques régionaux 17 3.2 Économie politique de l’intégration régionale. 17 3.3 Cadre stratégique institutionnel du Groupe de la Banque, coordination de l’aide et positionnement de la Banque 18 3.4 Défis principaux et occasions clés 19 3.5 Performance du portefeuille régional 19 3.6 Résumé des enseignements tirés de l’élaboration du DSIR 20 4. STRATÉGIE D’INTÉGRATION RÉGIONALE DE LA BANQUE POUR L’AFRIQUE DE L’EST 2018-2022 23 4.1 Justification et sélectivité 23 4.2 DSIR-Afrique de l’Est 2018-2022: objectif principal et piliers 24 4.3 PILIER 1: développement des infrastructures régionales en vue de la transformation économique 24 4.4 PILIER II: renforcement des cadres institutionnels et stratégiques en vue de l’intégration des marchés, de l’investissement et du développement des chaînes de valeur 26 4.5 Intégration du genre et inclusivité. 27 4.6 Complémentarité/synergie avec les opérations en cours de la Banque et celles d’autres partenaires au développement. 27 4.7 Programme opérationnel indicatif (PIA) du DSIR-Afrique de l’Est 27 5. MISE EN ŒUVRE DU DSIR-AFRIQUE DE L’EST 31 5.1 Dispositions internes et externes 31 5.2 Financement du DSIR 31 5.3 Suivi et évaluation du DSIR 32 5.4 Dialogue régional et pays 32 5.5 Risques et mesures d’atténuation 32 AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP |i
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE 6. CONCLUSION ET RECOMMANDATION 33 ANNEXES 35 Annexe 1. Outil de Mesure des Resultats 36 Annexe 2. Programme opérationnel indicatif (POI) du DSIR-Afrique de l’Est 40 Annexe 3. Messages clés de la NDR 54 Annexe 4. Composition des CER de l’Afrique de l’Est 59 Annexe 5. Indicateurs macroéconomiques et progrès vers la convergence macroéconomique 60 Annexe 5, graphique 1, Évolution de la valeur ajoutée de l’industrie (% du PIB) 62 Annexe 6. Notes d’intégration régionale par CER (2016) 63 Annexe 7. Prévision de flux de trafic sur les corridors Nord et central de 2009 à 2030 (millions de tonnes) 63 Annexe 8. Cartographie des donateurs 64 Annexe 9. Supervision par RDGE du partenariat de la Banque avec les CER et d’autres organisations régionales 66 Annexe 10. Afrique de l’Est — atouts/possibilités et faiblesses/défis 67 Annexe 11. Résumé des enseignements tirés 68 Annexe 12. Risques et mesures d’atténuation 71 Annexe 13. Alignement des DSP et du DSIR 72 NOTES DE FIN 74 PROFILS DE PAYS 78 ii | AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
Sigles Et Abréviations BDEV Département de l’évaluation indépendante (de la BAD) BIAT Plan d’action pour la stimulation du commerce intra-africain (de l’UA) BNT Barrière non tarifaire CAE Communauté de l’Afrique de l’Est CEA Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CEEAC Communauté économique des États de l’Afrique centrale CER Communauté économique régionale COMESA Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe CSIR Cadre stratégique d’intégration régionale CUA Commission de l’Union africaine DfID Ministère du Développement international du Royaume-Uni DSIR Document de stratégie d’intégration régionale EAPP Pool énergétique d’Afrique de l’Est FAT Facilité d’appui à la transition IGAD Autorité intergouvernementale pour le développement IPPF Fonds spécial pour la préparation de projets d’infrastructure JICA Agence japonaise de développement international MPME Micro-, petite et moyenne entreprise NELSAP Programme d’action subsidiaire des lacs équatoriaux du Nil ODD Objectif de développement durable OMD Objectif du Millénaire pour le développement PFGU Poste frontalier à guichet unique POI Programme opérationnel indicatif PIB Produit intérieur brut PIDA Programme pour le développement des infrastructures en Afrique PME Petite et moyenne entreprise PMR Pays membre régional (de la BAD) PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PPP Partenariat public-privé RISF Cadre stratégique d’intégration régionale (de la BAD) RPPR Revue de la performance du portefeuille régional SADC Communauté de développement de l’Afrique australe TFTA Zone de libre-échange tripartite TIC Technologie de l’information et de la communication UA Union africaine UE Union européenne USAID Agence des États-Unis pour le développement international VAM Valeur ajoutée manufacturière ZLEC Zone de libre-échange continentale AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP | iii
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE Résumé Analytique 1. Le Document de stratégie d’intégration ré- mars 2018 donne le contexte stratégique global gionale (DSIR) pour l’Afrique de l’Est 2018- du DSIR. À cet égard, l’éventail d’activités du 2022 de la Banque mondiale présente les DSIR est aligné sur les trois piliers du CSIR, à priorités stratégiques et un programme savoir i) la connectivité des infrastructures, ii) le opérationnel indicatif (POI) correspondant commerce et l’investissement, et iii) l’intégra- pour l’appui de la Banque à l’intégration tion financière. À cette fin, le DSIR-Afrique de économique régionale en Afrique de l’Est. l’Est se concentre sur deux piliers, à savoir i) le Il a été préparé dans le contexte général de développement des infrastructures régionales l’orientation stratégique de la Banque et des pour la compétitivité et la transformation et ii) le initiatives engagées récemment aux échelons renforcement des cadres politiques et institu- régional, continental et mondial. Parmi tionnels pour l’intégration des marchés, les in- ces initiatives figurent l’adoption, en 2015, des vestissements et le développement des chaînes Objectifs de développement durable (ODD), de valeur. Le DSIR accroîtra toutefois l’impact l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), la Zone et l’efficacité des High 5, en tenant compte de libre-échange tripartite (TFTA), et la Zone de des spécificités régionales. De plus, l’adoption libre-échange continentale (ZLEC) lancée à Ki- d’un nouveau modèle de développement et de gali (Rwanda) en mars 2018 pour consolider les prestation de services accompagné d’un orga- régimes des marchés d’Afrique. Il s’appuie aussi nigramme restructuré correspondant a amélio- sur les objectifs et l’orientation du DSIR précé- ré l’efficacité de la prestation des services. Le dent (2011-2016), dont les piliers stratégiques Modèle consolide les mécanismes permettant étaient le développement des infrastructures à la Banque d’assurer une meilleure coordina- régionales et le renforcement des capacités. tion interne et de se rapprocher davantage de Dans le cadre de la mise en œuvre du DSIR sa clientèle, les responsabilités principales étant précédent, la Banque a laissé une empreinte décentralisées pour renforcer les centres régio- solide en termes de financement de l’intégration naux. Il nécessite aussi un dialogue solide avec régionale dans la région. Le rapport d’achève- les CER et les parties prenantes régionales clés, ment du précédent DSIR-Afrique de l’Est note sous la direction des directeurs généraux. que la Banque a investi 1,82 milliard d’UC dans les opérations régionales en 2016, dont un 3. Pour rendre adéquatement compte des montant de 1,678 milliard d’UC à l’appui du initiatives pertinentes qui sous-tendent le pilier relatif aux infrastructures régionales. contexte régional, le DSIR-Afrique de l’Est (2018-2022) s’inspire d’une Note de diag- 2. En 2015, la Banque a adopté un nouveau nostic régional (NDR) détaillée. La NDR cadre stratégique mettant l’accent sur cinq s’appuie sur des notes d’analyse sectorielles, priorités — les High 5 — pour accélérer la de récentes études économiques et sectorielles mise en œuvre de sa Stratégie décennale menées par la Banque et des institutions par- (2013-22). Ces priorités sont les suivantes tenaires, et des commentaires recueillis dans le : Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, cadre d’un processus de consultation exhaustif. Nourrir l’Afrique, Intégrer l’Afrique, Industriali- L’opération de consultation a connu la participa- ser l’Afrique, et Améliorer la qualité de vie des tion des CER, des institutions régionales spécia- populations africaines. Le « Cadre stratégique lisées, d’autres partenaires au développement, d’intégration régionale (CSIR, 2018-2025) » du d’institutions universitaires et de recherche, Groupe de la Banque approuvé par le Conseil en d’organismes du secteur privé, et elle a égale- vi | AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
ment pris la forme d’une concertation précoce intrarégional à 25 % d’ici 2025, dans le cadre de avec le Conseil d’administration. En consé- la TFTA. En outre, il existe des écarts substantiels quence, le DSIR répond aux priorités définies entre les trois CER clés de la région couverte par dans les principales stratégies des CER, intègre le DSIR (CAE, COMESA et IGAD). Par exemple, les observations des parties prenantes et cadre le COMESA se classe 7e sur 8 CER dans l’In- parfaitement avec la Stratégie décennale (2013- dice d’intégration régionale en Afrique, tandis 2022) et les High 5 de la Banque. que l’Afrique de l’Est dans son ensemble est en retard par rapport à d’autres régions en déve- 4. Dans l’ensemble, le défi de développement loppement situées hors d’Afrique, comme l’Asie qui se pose un peu partout dans la région de l’Est où le commerce intrarégional représente est lié à la lenteur de la transformation plus de 35 % du total des échanges. Cette si- économique, laquelle est attribuable au tuation souligne encore davantage la nécessité faible niveau d’industrialisation et à la mo- d’accélérer l’évolution structurelle vers des rosité de la croissance sectorielle. La valeur produits à plus grande valeur ajoutée pour ajoutée manufacturière (VAM) (la plus grande développer le commerce intrarégional. Le composante de la valeur ajoutée de l’industrie) rapport de synthèse régional sur le secteur ma- est inférieure à 15 % dans l’ensemble des PMR nufacturier en Afrique de l’Est (basé sur sept de la région. En outre, la croissance de la VAM rapports pays) publié par la Banque en 2014 a a pris du retard par rapport à celle du PIB, d’où présenté clairement des possibilités de promo- une contraction du secteur manufacturier en tion du commerce intrarégional et de l’ajout de pourcentage du PIB. valeur dans la région. Ses conclusions ont éclai- ré la préparation du nouveau DSIR et le dialogue 5. C’est pourquoi, bien que l’Afrique de l’Est sur les politiques avec les PMR. constitue la région du continent qui connaît la croissance la plus rapide, elle affiche de forts 7. Parmi les principales entraves à la trans- taux de pauvreté, des inégalités croissantes et formation structurelle dans la région, on un taux de chômage élevé, en particulier chez peut citer l’existence d’un environnement les jeunes. De plus, l’indice de développement peu favorable, occasionnée par l’insuffi- humain est généralement bas dans la région sance généralisée des infrastructures et et sa répartition est égale, car pour la plupart l’inadéquation des capacités et cadres des pays il varie de 0,4 (au Burundi) et 0,42 (en institutionnels et stratégiques régionaux. Érythrée) à 0,55 (au Kenya), la seule valeur aber- L’environnement des affaires est relative- rante étant celle des Seychelles (0,78) (Rapport ment meilleur en Afrique de l’Est que dans sur le développement humain, 2017). d’autres régions de l’Afrique subsahari- enne, mais il est à la traîne par rapport à 6. La lenteur de la transformation a égale- celui d’autres régions en développement ment limité la croissance du commerce comme l’Amérique latine et les Caraïbes intrarégional et la part de la région dans et l’Asie de l’Est. Sur une échelle de 1 à 190 le commerce mondial. En particulier, en rai- (pire performance), l’Afrique de l’Est en tant que son d’une différenciation faible des produits, les région occupe le 110e rang en ce qui concerne pays d’Afrique de l’Est ne produisent pas as- l’environnement des affaires, sa note de dis- sez de biens que leurs voisins veulent importer. tance par rapport au sommet s’élevant à 58,13 Même si dans la Communauté de l’Afrique de (Banque mondiale : Rapport Doing Business l’Est (CAE), le niveau de commerce intrarégional – profil régional de la Communauté de l’Af- est plus élevé que dans les autres sous-régions rique de l’Est, 2018). En revanche, les chiffres d’Afrique, la part des exportations intrarégio- correspondants pour la région Amérique latine nales a stagné à environ 20 % au cours de la et Caraïbes et la région Asie et Pacifique sont dernière décennie et est deçà des aspirations respectivement de 107 et 94 (classement des de la région à faire passer le taux de commerce entreprises) et 58,75 et 61,97 (notes de dis- AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP | vii
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE tance par rapport au sommet). Parmi les trois d’achat d’électricité conclus entre les PMR. questions les plus problématiques pour l’activité En revanche, en Afrique australe, 7,5 % de commerciale dans la région, le rapport met en l’électricité produite est échangée dans le exergue le « commerce transfrontalier » et l’« cadre du pool énergétique régional. Dans le accès à l’électricité ». secteur des transports, l’existence de chaînons manquants sur les corridors de transport conti- 8. En outre, les institutions de la région chargées nue d’entraver une circulation transfrontalière ef- de promouvoir l’intégration régionale, notam- ficace des marchandises et des personnes dans ment les CER et les institutions spécialisées une région dont 5 des 13 pays sont enclavés. telles que les pools énergétiques, continuent En outre, les réseaux de transport multimodaux de souffrir d’une faible capacité. Par ailleurs, 7 associant les voies navigables intérieures et les des 13 pays de la région sont classés comme chemins de fer ne sont pas encore pleinement fragiles1, et trois autres pays (Éthiopie, Ouganda exploités. et Kenya) abritent le plus grand nombre de po- pulations de réfugiés dans le monde. Les pays 10. Compte tenu des défis de développement en situation de fragilité ont tendance à faire face globaux de la région, l’objectif du DSIR à de plus grands défis en matière de capacités. 2018-2022 pour l’Afrique de l’Est est d’ac- célérer la transformation structurelle, de 9. Le développement des infrastructures con- développer le commerce et de promouvoir stitue un facteur important d’amélioration l’intégration et l’inclusion du secteur finan- de l’environnement de concurrence néces- cier, en vue essentiellement de créer des saire à la transformation structurelle. La emplois salariés durables, destinés en par- région continue cependant d’être confrontée ticulier aux jeunes et aux femmes. À cette fin, à un énorme déficit d’infrastructures. Les der- le DSIR met l’accent sur deux piliers, à savoir i) nières données (2018) de l’Indice de développe- le développement des infrastructures régionales ment des infrastructures en Afrique publié par la pour assurer la compétitivité et la transformation Banque montrent que tous les pays d’Afrique de et ii) le renforcement des cadres institutionnels l’Est ont une note inférieure à 30, à l’exception et stratégiques en vue de l’intégration du mar- des Seychelles (94,3), sur une échelle de 1 à 100. ché, de l’investissement et du développement Parmi les défis clés en matière d’infrastructure des chaînes de valeur. La priorité donnée à ces dans la région figurent les pénuries d’électri- piliers tient compte, entre autres, du besoin de cité, le faible taux de connexion électrique sélectivité, du respect du CSIR institutionnel et et, en ce qui concerne les entreprises des High 5 de la Banque, de l’alignement sur manufacturières, le coût effectif élevé de les stratégies régionales et continentales perti- l’électricité dont la moyenne est quatre fois nentes, des enseignements tirés de la mise en supérieure à la moyenne mondiale. D’après œuvre du DSIR précédent et de l’évaluation de les Perspectives économiques en Afrique (2018) BDEV, ainsi que d’autres travaux théoriques de la Banque, l’Afrique de l’Est affiche les taux réalisés à la Banque. Les interventions au titre d’accès à l’électricité les plus bas du continent de chaque pilier sont décrites en détail dans la (26 %). Les taux d’accès varient de 1 % au Sou- section 4 du présent rapport. Elles seront mises dan du Sud à 99,55 % aux Seychelles. Dans la en œuvre dans le cadre du programme opéra- plupart des pays, 50 % de la population vit sans tionnel indicatif (PIA) présenté au tableau 2 de électricité, le Kenya (65 %), les Comores (74 %) l’annexe 2. et les Seychelles (99,5 %) constituant les rares exceptions. Le marché régional de l’électricité 11. Le nouveau DSIR-Afrique de l’Est 2018-22 com- est également sous-développé — à l’heure porte plusieurs innovations importantes qui le actuelle, l’EAPP n’est pas encore opérationnel distinguent du précédent. Il repose sur des et dans la région, le commerce de l’énergie travaux analytiques complets, notamment s’effectue dans le cadre d’accords bilatéraux une NDR détaillée (l’annexe 3 résume les viii | AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
messages clés de la NDR, et le document prises qui exercent des activités économiques intégral de la NDR est accessible en ligne innovantes dans la région, notamment par le via un lien intranet (Note de diagnostic régio- biais de partenariats public-privé (PPP). En nal – version finale révisée - 27.04.2017 (002). conséquence, les partenariats avec le secteur pdf ). Il s’appuie aussi sur des commentaires re- privé et d’autres partenaires au développement cueillis dans le cadre de la concertation précoce seront renforcés, par exemple dans le cadre du avec le Conseil et des consultations menées au Forum pour l’investissement en Afrique établi niveau tant régional (avec les CER de la région) par la Banque. Cinquièmement, le DSIR adopte que national (par l’entremise des économistes la théorie du changement en recourant au nou- pays). Collectivement, ces processus ont guidé vel outil de mesure des résultats de la Ban- les innovations clés du DSIR. Premièrement, le que, qui comprend une matrice d’alignement DSIR tient compte de la diversité de la région, permettant de démontrer que les priorités du ainsi que des défis et besoins uniques des États DSIR correspondent à celles de sa clientèle et insulaires et des pays enclavés et fragiles. Deux- sont en rapport avec les autres stratégies de la ièmement, le DSIR adopte une approche spa- Banque, et une matrice de performance visant tiale, en tenant compte de l’emplacement géo- à contrôler et suivre la performance des inter- graphique des potentielles sources actuelles et ventions de la Banque en fonction d’une série futures de croissance et de demande (marchés) de critères de performance. Sixièmement, le porteuses de transformation. Troisièmement, le DSIR adopte un POI à horizon mobile, pour as- DSIR implique une complémentarité avec les surer la pertinence, réduire les retards de mise DSP des pays de la région, au niveau à la fois en œuvre et améliorer la coordination et le suivi stratégique et opérationnel. Quatrièmement, le du programme d’appui. Enfin, dans le cadre du DSIR garantira une participation accrue du sec- nouveau DSIR, la Banque renforcera le dialogue teur privé non seulement en mettant en place reposant sur des données probantes et les con- un cadre propice à l’essor d’activités novatrices seils en matière de politique, afin de consolider et créatrices d’emplois du secteur privé, mais son positionnement comme institution du savoir aussi en encourageant directement les entre- dans la région. AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP | ix
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE L’intégration régionale est essentielle pour élargir la taille de nos marchés. Nous devons intégrer l’Afrique - grandir ensemble et se développer ensemble. Notre destin collectif est lié à la suppression des barrières qui nous séparent. — Le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina Namanga OSBP entre le Kenya et la Tanzanie financé par la Banque et la JICA x| AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
1. Introduction 1.1. Le Document de stratégie d’intégration lie, font partie d’autres CER (Annexe 4). Si elle est bien régionale (DSIR) pour l’Afrique de l’Est 2018-2022 intégrée, la région dispose d’un vaste potentiel du com- arrive au moment où les dirigeants africains réaf- merce des biens (intrants, produits agricoles et manu- firment la nécessité d’accélérer l’intégration éco- facturés), des services (logistique, électricité, construc- nomique et la transformation structurelle du conti- tion, tourisme, TIC, services financiers et professionnels) nent grâce à plusieurs initiatives clés. Ces dernières et des facteurs (investissements et talents intrarégion- comprennent, entre autres, l’Agenda 2063 de l’Union aux). Les interventions du DSIR visent donc à exploiter africaine (UA) et la Zone de libre-échange continentale ces possibilités pour aider les pays de l’Afrique de l’Est à (ZLEC) lancée à Kigali (Rwanda) en mars 2018. Elles conquérir une plus grande part du marché croissant de s’appuient sur des initiatives existantes en faveur de la la région en développant le commerce intrarégional, et à croissance et du développement durable, notamment le mieux se préparer à se hisser sur la scène mondiale et à Programme pour le développement des infrastructures progresser dans les chaînes de valeur. en Afrique (PIDA), le Plan d’action pour la stimulation du commerce intra-africain (BIAT) et le Plan d’action pour le Le DSIR-Afrique de l’Est tient donc compte des priorités développement industriel accéléré de l’Afrique. Le DSIR définies dans les stratégies clés des CER, qui définis- est étroitement aligné sur l’objectif du BIAT de porter le sent les modalités d’atteinte des objectifs continentaux commerce intra-africain à 25 % d’ici 2025, et sur l’ob- en prenant en considération les spécificités régionales et jectif ambitieux de la ZLEC de réaliser 50 % des échang- les priorités de leurs États membres. es intra-africains d’ici 2045, contre environ 14 % actuel- lement. Le DSIR appuiera aussi les Objectifs mondiaux de développement durable (ODD)2. Au même moment, 1.2. La Banque a laissé une empreinte solide la Banque a recentré sa vision stratégique sur cinq pri- sur le plan du financement de l’intégration régio- orités de développement pour transformer l’Afrique, à nale au cours des dernières années. Dans le cad- savoir les High 53. re du précédent DSIR (2011-2016), à la fin de 2016, la Banque avait déjà investi 1,824 milliard d’UC dans 39 projets (1,7 milliard d’UC pour des infrastructures régio- 1.1. Le DSIR-Afrique de l’Est 2018-2022 nales et 146 millions sur le renforcement des capacités,, couvre 13 pays4 avec un marché combiné de plus ce qui a conduit à des résultats notables (Annexe 11). de 326 millions de consommateurs dans une ré- gion dont les taux de croissance économique sont À cet égard, le nouveau DSIR s’appuie sur les ac- les plus élevés du continent. Ces pays appartiennent complissements et les enseignements tirés de son à trois principales CER, à savoir le COMESA (11 pays), prédécesseur, mais tient compte de l’évolution du con- l’IGAD (8) et la CAE (6). Toutefois, l’appartenance à des texte mondial et régional ainsi que des changements entités multiples demeure une caractéristique dominante opérés l’intérieur de la Banque pour faire progresser le et tous les pays de la région, à l’exception de la Soma- programme de transformation de l’Afrique. AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP |1
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE 1.3. En conséquence, le nouveau DSIR- tant que moteur principal d’une croissance porteuse Afrique de l’Est 2018-2022 comporte plusieurs de transformation dans la région. Par conséquent, les innovations clés qui le distinguent du DSIR pré- interventions en faveur des infrastructures régionales, cédent. Il s’inspire d’une Note de diagnostic régional tant matérielles qu’immatérielles, visent à créer un en- (NDR) qui fait la synthèse d’une série de notes ana- vironnement propice à la promotion de la participation lytiques préparées par divers départements de la Ban- du secteur privé afin de stimuler l’intégration régionale, que, ainsi que de récentes études économiques et tout en encourageant une collaboration active avec les sectorielles menées par la Banque et des institutions organismes du secteur privé pour trouver des solutions partenaires (et résumées à l’annexe 3). Il s’appuie aussi collectives aux défis de l’intégration, et en tirant les en- sur des commentaires recueillis dans le cadre de la con- seignements des bonnes pratiques. Cinquièmement, certation précoce avec le Conseil, ainsi que des consul- le DSIR adopte la théorie du changement en recourant tations menées au niveau tant régional (avec les CER de au nouvel outil de mesure des résultats de la Banque, la région) que national (par l’entremise des économistes qui comprend une matrice d’alignement permettant de pays). démontrer que les priorités du DSIR correspondent à celles de sa clientèle et sont en rapport avec les autres stratégies de la Banque, et une matrice de performance 1.4. Collectivement, ces processus ont guidé les visant à contrôler et suivre la performance des interven- innovations clés du DSIR. Premièrement, le DSIR tient tions de la Banque en fonction d’une série de critères de compte de la diversité de la région ainsi que des défis performance (annexe 1). Sixièmement, il adopte un POI et besoins particuliers des États insulaires et des pays à horizon mobile, qui sera suivi de près en collaboration enclavés et fragiles. Deuxièmement, il adopte une ap- avec les CER et mis à jour à mi-parcours (2020). Cette proche spatiale, en tenant compte de l’emplacement approche assurera la pertinence, réduira les retards géographique des sources actuelles et potentielles de dans la mise en œuvre et améliorera la coordination et croissance et de demande (marchés) porteuses de le suivi du programme opérationnel. Enfin, dans le cad- transformation. Troisièmement, le DSIR entraîne une re du nouveau DSIR, la Banque renforcera le dialogue complémentarité avec les DSP des pays de la région, au reposant sur des données probantes et les conseils en niveau à la fois stratégique et opérationnel. Quatrième- matière de politique, afin de consolider son positionne- ment, le DSIR reconnaît le rôle clé du secteur privé en ment comme institution du savoir dans la région. 2| AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
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STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE Pour les cinq (5) pays sans littoral, à savoir le Burundi, l’Éthiopie, le Rwanda, le Soudan du Sud et l’Ouganda, l’intégration régionale offre des possibilités de renforcer la compétitivité économique grâce à des corridors de transport transfrontaliers efficaces. Autoroute Nairobi-Addis-Abeba 4| AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
2. Contexte Et Perspectives De La Région 2.1 Diversité régionale basa, Lamu et Dar es-Salaam p. ex.) est renforcée par le La grande diversité de la région se traduit par des de- trafic régional. Ces pays côtiers jouent par ailleurs un rôle grés divers de motivation des différents pays à pour- déterminant pour la compétitivité de la CAE en général suivre l’intégration régionale. Tous les pays sont cepen- et des pays enclavés en particulier. Il s’ensuit que, tout dant susceptibles de tirer parti d’un accroissement de en appuyant le développement des plates-formes por- l’intégration régionale et des échanges commerciaux, à tuaires, le DSIR accordera une attention égale à la réso- condition que les risques soient soigneusement gérés lution du problème des goulets d’étranglement aux fron- et que les contraintes majeures comme la fragilité et les tières et en matière de transit, ce qui sera bénéfique tant goulets d’étranglement des infrastructures soient élim- pour les pays côtiers que pour ceux de l’intérieur. inés. Les petits États insulaires comme les Seychelles et les En ce qui concerne les cinq pays enclavés, à savoir le Comores sont confrontés à des défis uniques en rai- Burundi, l’Éthiopie, le Rwanda, le Soudan du Sud et son de leur isolement géographique, de la médiocrité l’Ouganda, l’intégration régionale offre des possibilités de leurs liaisons avec le continent, de leur vulnérabilité de renforcer la compétitivité économique grâce à des au changement climatique et de l’étroitesse de leurs couloirs de transport transfrontaliers efficaces qui per- marchés intérieurs. La nécessité de se relier à la masse mettent de s’attaquer aux entraves au transit et aux ob- terrestre continentale représente donc une forte incita- stacles frontaliers et partant, d’assurer un accès efficace tion à l’intégration. Qui plus est, la durabilité de leur « et sûr aux ports maritimes et aux marchés avoisinants. économie bleue » dans des secteurs comme la pêche À titre illustratif, l’apparition de la « coalition de volon- et le tourisme passe par une coopération régionale en taires » chez les États du corridor Nord s’explique dans matière de protection de l’environnement et de gestion une large mesure par l’intérêt politique du Rwanda et des risques liés au changement climatique. de l’Ouganda à relever les défis de l’enclavement. De même, la recherche par l’Éthiopie d’un autre port d’en- 2.2 Fragilité régionale trée après la perte de l’accès au port d’Assab (Éryth- S’agissant des pays fragiles et de ceux sortant d’un rée) a renforcé la coopération Éthiopie-Djibouti, ce qui a conflit, des situations comme la famine, les migrations transformé le port de Djibouti en une plaque tournante forcées et les flux de réfugiés influent sur les progrès de majeure de transport. l’intégration régionale. Les facteurs de fragilité comme la variabilité climatique et les sécheresses récurrentes, les Pour ce qui est des pays côtiers comme le Kenya, la conflits, le chômage et les problèmes de gouvernance Tanzanie et Djibouti, les possibilités offertes par l’intégra- ont également des répercussions transfrontalières. Ces tion régionale ont notamment trait à l’élargissement de défis sont pertinents en Afrique de l’Est où 7 des 13 l’accès au marché des biens et services, tels que les pays du DSIR sont classés comme fragiles, ce qui en fait ports et les services logistiques connexes destinés à la région abritant la deuxième plus forte concentration desservir leurs voisins enclavés. La viabilité des grands d’États fragiles sur le continent, après l’Afrique centrale. investissements d’infrastructure dans ces ports (Mom- Les défis de la paix et de la sécurité sont les facteurs clés AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP |5
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE de fragilité dans la région. Il existe aussi des facteurs so- dialogue public-privé, les dons en faveur des pays à rev- cio-économiques de fragilité dans la région, notamment enu intermédiaire, les études sur les réserves de projets des niveaux élevés de pauvreté, l’inégalité de revenu et et les fonds fiduciaires pour les projets catalytiques et un fort taux de chômage chez les jeunes. Des facteurs « immatériels ». Étant donné que les ressources con- environnementaux comme le niveau élevé de dégrada- cessionnelles se raréfient, RDGE dirige le dialogue avec tion des sols, la surexploitation des terres et l’élimina- d’autres partenaires au développement dans le cadre du tion du couvert forestier, les sécheresses récurrentes et groupe des partenaires au développement de la CAE l’insécurité alimentaire sont également à l’origine de la créé pour améliorer le cofinancement des opérations situation de fragilité de la région. Les répercussions ré- régionales, tout en attirant par ailleurs les financements gionales de la fragilité sont importantes en Afrique de du secteur privé par le biais des PPP et le recours aux l’Est, le fardeau le plus lourd étant l’accueil, par les États instruments de garantie. partenaires/membres, d’un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées. En conséquence, trois des pays du DSIR (Ouganda, Kenya et Éthiopie) figurent par- 2.4 Contexte politique mi les dix premiers pays d’accueil des réfugiés dans le La gouvernance globale mesurée par l’indice Ibrahim de monde. gouvernance en Afrique s’est améliorée dans la région, sauf au Burundi, au Soudan, en Érythrée et au Soudan Le renforcement de la coopération et de l’intégration du Sud. En Afrique de l’Est, les pays de la CAE sont régionales produira des dividendes de paix, grâce à la mieux classés dans l’indice Ibrahim et l’indice de per- création de possibilités économiques et à l’accroisse- ception de la corruption de Transparency International ment de la mobilité découlant de l’amélioration des in- que leurs homologues de la Corne de l’Afrique. Le Ken- frastructures régionales. L’approche stratégique de la ya, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda ont tous tenu Banque en matière de fragilité régionale mettra aussi des élections réussies récemment, mais au Burundi, l’accent sur le renforcement des capacités des pays les élections organisées en 2015 ont été marquées par en situation de fragilité et des institutions régionales qui des conflits violents, ce qui a nécessité des efforts de ont pour mission directe de promouvoir la coopération médiation de la CAE et d’autres parties prenantes. Les transfrontalière pour permettre de mieux s’attaquer aux élections de 2017 au Kenya ont également été con- risques et menaces de fragilité et de renforcer la résil- testées, mais le pays a franchi une étape importante en ience (Centre régional sur les armes légères et IGAD traitant les différends devant les tribunaux, et servira de p. ex.). L’appui de la Banque au Programme de résil- référence pour la région et le continent. La Déclaration ience à la sécheresse et de développement de moyens conjointe sur la paix et l’amitié entre l’Éthiopie et l’Éryth- de subsistance durables dans la Corne de l’Afrique de rée en 2018 permettra de renforcer la coopération et l’IGAD, mis en œuvre dans cinq pays (Djibouti, Érythrée, l’intégration régionales. Éthiopie, Kenya et Soudan) en est un bon exemple. La Banque a par ailleurs élaboré un prisme d’analyse de la D’une manière générale, la stabilité politique a été fa- fragilité, qui continuera à jouer un rôle déterminant dans vorable à l’intégration régionale et au commerce dans la conception de ses opérations régionales. la région, tandis que l’instabilité, qui se manifeste sous forme de fragilité, de conflits politiques et de faiblesse de la gouvernance, a entravé l’intégration. 2.3 Une région diversifiée L’inéligibilité des pays non membres du FAD aux fonds concessionnels limite leur choix de participer aux ini- 2.5 Contexte économique tiatives d’intégration régionale, en raison du manque de ressources abordables. La Banque va donc, pour 2.5.1 Performance en matière de compléter ses opérations de prêt, faire appel à la pan- croissance oplie complète de ses instruments autres que les prêts, L’Afrique de l’Est est la région d’Afrique connaissant notamment les travaux théoriques dont les études la croissance la plus rapide, et elle abrite plusieurs des économiques et sectorielles et le dialogue sur les poli- économies qui connaissent la plus forte croissance au tiques, le partage des connaissances entre pays et le monde, comme l’Éthiopie, Djibouti, le Kenya, le Rwan- 6| AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
da, la Tanzanie et l’Ouganda. Le taux de croissance opie ayant presque doublé sa valeur ajoutée industrielle économique s’est établi en moyenne à 4,5% durant la qui est passée de 12,2 % du PIB en 2000 à 21,3 % en période 2011-2015, ce qui est supérieur à la moyenne 2016, tandis que la Tanzanie a enregistré une croissance continentale (4,1 %). Les dernières données relatives à modeste de 19,1 % à 27,2 % au cours de la même 2017 montrent que la région a affiché un taux de crois- période. sance du PIB réel plus élevé (5,9 % en 2017) par rapport à la moyenne continentale de 3,6 %. La forte croissance La croissance de la valeur ajoutée manufacturière (VAM) devrait se poursuivre à court terme, s’établissant à en- (1,7 % en moyenne sur la période 200-2016) a pris du viron 6 % en 2018 et 2019. Ces taux sont toutefois in- retard par rapport à la croissance du PIB dans la région, férieurs au seuil de croissance durable de 8,5 % qui est d’où une diminution de la part du secteur manufacturi- nécessaire pour que l’Afrique de l’Est puisse passer au er dans le PIB. La VAM moyenne s’est limitée à 8,1 %, statut de région à revenu moyen-tranche supérieure d’ici taux bien inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaha- 2050. Sur une base nationale, les bons résultats ont été rienne (10,3 % en 2016). En outre, aucun pays de la concentrés notamment dans les pays à forte croissance région n’a enregistré une VAM supérieure à 15 % sur la susmentionnés, qui ont enregistré des taux d’à peu près période 2000-2015. Il existe néanmoins des variations 7 % et plus durant la période 2011-2015, tandis qu’à dans la région de l’Afrique de l’Est, l’Éthiopie enregis- l’autre extrémité du spectre, le Soudan du Sud (-8,1), trant une croissance relativement forte de la VAM (18,4 le Burundi (2,7 %), les Comores (2,4 %) et le Soudan % en 2016), tandis que les taux de croissance au Bu- (2,1 %) ont enregistré des taux de croissance faibles ou rundi (1,2 %) et en Ouganda (0,59 %) se situaient dans négatifs. L’amélioration de la gestion macroéconomique le bas de l’échelle. L’expérience de l’Éthiopie en matière et des investissements du secteur public ainsi que l’ aug- de zones économiques spéciales (ZES) et d’investisse- mentation de la consommation des ménages attribuable ments ciblés dans les infrastructures offre à la région à la croissance de la classe moyenne figurent parmi les des enseignements utiles pour stimuler et soutenir la principaux facteurs ayant favorisé la croissance. croissance de la VAM qui est nécessaire pour susciter la transformation structurelle. 2.5.2 Composition du PIB. Le secteur des ser- Environnement des affaires. L’environnement des vices apporte la plus forte contribution au PIB en Af- affaires est relativement meilleur en Afrique de l’Est rique de l’Est, suivi du secteur agricole et d’un secteur que dans d’autres régions de l’Afrique subsaharienne, industriel relativement modeste. Toutefois, les activités à mais il est à la traîne par rapport à celui d’autres ré- faible productivité comme les services informels et non gions en développement comme l’Amérique latine et les marchands dominent le secteur des services, avec un Caraïbes, et l’Asie de l’Est. Sur une échelle de 1 à 190 impact limité sur la transformation économique. Dans (pire performance), l’Afrique de l’Est en tant que région tous les pays de la région, la part de l’agriculture dans le occupe le 110e rang en ce qui concerne l’environne- PIB s’est située autour de la moyenne régionale (30 %), ment des affaires, sa note de distance par rapport au sauf aux Seychelles où elle a été limitée à 2,8 %, le pays sommet s’élevant à 58,13 (Banque mondiale: Rapport étant par nature une « économie bleue ». Doing Business — profil régional de la CAE, 2018). En revanche, les chiffres correspondants pour la région La structure économique et les modèles de croissance Amérique latine et Caraïbes et la région Asie et Pacifique de l’Afrique de l’Est se caractérisent par un faible de- sont respectivement de 107 et 94 (classement des en- gré d’industrialisation et d’activité économique à val- treprises) et de 58,75 et 61,97 (notes de distance par eur ajoutée, notamment un manque de diversification rapport au sommet). Les classements par pays vari- économique, de différenciation et de raffinement des ent de la 41e place pour le Rwanda aux 189e et 190e produits, et une création d’emplois insuffisante. En rangs en ce qui concerne respectivement l’Érythrée et 2016, la part de l’industrie dans le PIB de l’ensemble de la Somalie.. Le « commerce transfrontalier » et l’« accès la région s’est élevée en moyenne à 18,4 %, ce qui est à l’électricité » ont été signalés comme figurant parmi inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (27,7 les trois questions les plus problématiques qui entravent %). L’Éthiopie et la Tanzanie ont affiché la trajectoire de l’activité commerciale dans la région. L’amélioration de croissance la plus vigoureuse (annexe 5, figure 1), l’Éthi- la connectivité des infrastructures régionales et la réduc- AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP |7
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE tion des coûts commerciaux grâce à l’élimination des re- tation et offrir des possibilités de développement de tards aux frontières et des barrières non tarifaires (BNT), chaînes de valeur dans les activités en amont et en aval. entre autres, conduiront à une amélioration globale de l’environnement des affaires. Une gestion efficace de ces ressources requiert toutefois des institutions compétentes et des cadres juridiques/ 2.5.3 Dimensions spatiales de la croissance. réglementaires, institutionnels et stratégiques solides. En Afrique de l’Est, le potentiel de croissance et celui Un des domaines d’assistance () est celui de l’octroi aux de croissance économique sont répartis de manière in- pays d’un appui pour les aider à harmoniser leurs poli- égale, la croissance et les populations se concentrant tiques, lois et règlements pétroliers dans des secteurs dans un nombre relativement restreint de zones à l’in- comme la protection de l’environnement, afin d’éviter térieur de chaque pays (pôles de croissance).. Par ex- un nivellement par le bas et d’attirer davantage d’inves- emple, la zone reliée par les corridors central et Nord tissements (par l’entremise de son Centre de ressources représente seulement 10 % de la masse continentale, naturelles et de la Facilité africaine de soutien juridique). mais 56 % des consommateurs et 50 % de l’écono- Il est également possible de renforcer l’intégration ré- mie de l’Afrique de l’Est. Le ciblage de ces pôles de gionale grâce au partage d’infrastructures et d’installa- croissance au moyen d’interventions visant à promou- tions comme les oléoducs/gazoducs transfrontaliers, et voir l’intégration régionale accélérerait l’impact et l’inclu- à l’acquisition par les pays de parts dans les raffineries sion. La croissance spatiale comporte également une et les industries pétrochimiques des autres pays de la forte dimension régionale, car certains sites à potentiel région6. économique élevé s’étendent au-delà des frontières. Par exemple, la ville de Goma en RDC est davantage reliée à 2.5.5 Gestion macroéconomique. La recherche l’Ouganda, au Rwanda et au Burundi qu’à Kinshasa, en de la convergence macroéconomique, condition préal- raison de la proximité géographique. L’élimination des able à l’accession au statut d’union monétaire, constitue obstacles institutionnels matériels et « immatériels » et un aspect crucial de la gestion macroéconomique en Af- entravent la libre circulation des biens, services, capi- rique de l’Est, car la CAE et le COMESA aspirent tous les taux et personnes dans ces localités favoriserait donc deux à un statut d’union monétaire d’ici 2024 et 2025 une croissance sans frontières et libérerait le potentiel respectivement. L’annexe 5 présente les progrès ac- des agglomérations. complis en vue de remplir les critères de convergence à l’intérieur de la CAE. La plupart des pays d’Afrique de L’existence de dimensions spatiales de la croissance l’Est ont certes réussi à maîtriser l’inflation et les défic- signifie que les pays doivent adopter une approche its budgétaires, mais le niveau élevé de la dette et les pragmatique visant à donner la priorité aux réseaux d’in- déficits courants demeurent un défi dans certains pays frastructures qui relient ces pôles de croissance.. Une (annexe 5). L’augmentation du niveau d’endettement de ces approches consiste à créer des « îlots d’excel- fait craindre que cette situation ne crée des difficultés lence » ou des zones soigneusement choisies, dotées financières pour les économies régionales, en raison d’infrastructures solides et d’un bon environnement des de la volatilité des monnaies nationales et de l’insuffi- affaires, pour exploiter l’avantage comparatif sous-utilisé sance des recettes d’exportation. L’augmentation des de leurs économies. L’expérience du Kenya et de l’Éthi- niveaux d’endettement et des déficits courants souligne opie dans la région et de la Chine ailleurs montre com- la nécessité de l’industrialisation et de la transformation ment des îlots d’excellence comme les ZES ont joué un structurelle, comme moyen d’accroître la production rôle déterminant en contribuant à intégrer les pays dans intérieure et les exportations et de réduire la pression les chaînes de valeur.. exercée sur les comptes courants. Elle indique aussi le besoin de mettre davantage l’accent sur un finance- 2.5.4 Découverte de ressources. La découverte ment novateur des projets régionaux pour compléter de ressources dans la région crée des possibilités inno- les financements publics. De même, les PMR de la ré- vantes d’ajout de valeur (enrichissement des minéraux gion doivent améliorer leurs efforts de mobilisation des p. ex.) et de commerce (p. ex. les oléoducs régionaux)5. ressources nationales (DRM), qui sont inférieurs au Si ces ressources sont bien gérées, elles peuvent stimul- potentiel (Annexe A5.4) afin de renforcer leur capacité er le commerce régional, accroître les recettes d’expor- à financer les priorités de développement, notamment 8| AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
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