2018-2022 Strategie D'integration Regionale Pour L'afrique Australe - Bureau de développement régional et de livraison d'entreprises en Afrique de ...

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Strategie D’integration
Regionale Pour
L’afrique Australe
2018-2022

                Bureau de développement régional et de livraison
                                d’entreprises en Afrique de l’Est
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STRATEGIE D’INTEGRATION
REGIONALE POUR L’AFRIQUE
  AUSTRALE — 2018-2022
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Chefs d’équipe
M. Tilahun TEMESGEN           Économiste régional en chef, RDGE.0/ECCE
M. Patrick KANYIMBO           Coordinateur de l’intégration régionale, RDGE/RDRI

Membres de l’équipe
M. Stefan MULLER              Spécialiste en chef, coordonnateur du programme pays RDVP
                              Chargé en chef de programme pays, RDGE.0
Mr. Alain-Pierre MBONAMPEKA   Responsable, des opérations pays, RDNG
M. Laté LAWSON ZANKLI         Chargé en chef de la facilitation du commerce, PITD.2
M. Gerard AJUMBO              Ingénieur principal, Génie électrique, RDGE.4
M. Humphrey RICHARD           Ingénieur en chef, Transports, RDGE.4
M. Zerfu TESSEMA              Ingénieur en chef, Génie électrique, RDGE
M. Alemayehu W. ZEGEYE        Chargé en chef, Contrôle de la qualité, SNOQ2
M. Richard SCHIERE            Spécialiste, TIC, PICU.2
M. Enock YONAZI               Ingénieur principal, Irrigation, ECNR
M. Ahmed Sheikh JAVED         Jeune professionnel, FITR.1
M. Dairo KOLAWOLE             Analyste financier principal, RDGE.2 Chargée
                              de la fragilité et de la résilience, RDTS
Mme Mary KIMANI               Analyste financier principal, RDGE.2
M. Christopher MUTASA         Macroéconomiste, COTZ
M. Prosper CHARLE             Macroéconomiste, CORW
M. Bernis BYAMUKAMA           Chargé en chef de la gouvernance, RDGE/ECGF
M. Francois NKULIKIYIMFURA    Consultant, RDGE
M. Mukaila OJELADE            Consultant, RDGE
M. Stephen OLANREWAJU

Équipe de gestion
M. Gabriel NEGATU             Directeur général, RDGE
Mme Moono MUPOTOLA            Directrice, RDRI
Mme Nnenna NWABUFO            Directrice générale adjointe, RDGE
M. Abraham MWENDA             Spécialiste en chef, Économie, RDGE/ECCE
M. Marcellin Ndong NTAH       Spécialiste en chef, Économie, RDGE/ECCE

Pairs évaluateurs
M. Yasser AHMAD,              Chargé en chef de programme pays, RDGN
M. Jeremy AGUMA               Économiste des transports principal, RDGE/PICU
M. Abdourahmane DIAW          Chargé en chef de programme pays, RDGN
M. Ndoli KALUMYA              Économiste supérieur, RDGS
Mme Memory DUBE               Chargée supérieure du commerce, PITD.2
M. Saloua SEHILI              Chargé en chef de stratégie, SNSP1
Mme Sandrine ALISSOUTIN       Chargée principale du contrôle de la qualité, SNOQ2
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Table des matières

SIGLES ET ABRÉVIATIONS                                                                                  iii
Carte de l’Afrique de l’Est                                                                              v
RÉSUMÉ ANALYTIQUE                                                                                       vi

1.     INTRODUCTION                                                                                     1
2.     CONTEXTE ET PERSPECTIVES DE LA RÉGION                                                            5
2.1    Diversité régionale                                                                              5
2.2    Fragilité régionale                                                                              5
2.3    Une région diversifiée                                                                           6
2.4    Contexte politique                                                                               6
2.5    Contexte économique                                                                              6
2.6    Contexte des infrastructures régionales                                                         12
2.7    Contexte social et questions transversales                                                      14

3.     CADRES STRATÉGIQUES, ÉCONOMIE POLITIQUE
       DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE ET ENSEIGNEMENTS TIRÉS                                               17
3.1    Cadres stratégiques régionaux                                                                   17
3.2    Économie politique de l’intégration régionale.                                                  17
3.3    Cadre stratégique institutionnel du Groupe de la Banque,
       coordination de l’aide et positionnement de la Banque                                           18
3.4    Défis principaux et occasions clés                                                              19
3.5    Performance du portefeuille régional                                                            19
3.6    Résumé des enseignements tirés de l’élaboration du DSIR                                         20

4.     STRATÉGIE D’INTÉGRATION RÉGIONALE DE LA BANQUE
       POUR L’AFRIQUE DE L’EST 2018-2022                                                               23
4.1    Justification et sélectivité                                                                    23
4.2    DSIR-Afrique de l’Est 2018-2022: objectif principal et piliers                                  24
4.3    PILIER 1: développement des infrastructures régionales
       en vue de la transformation économique                                                          24
4.4    PILIER II: renforcement des cadres institutionnels
       et stratégiques en vue de l’intégration des marchés, de l’investissement
       et du développement des chaînes de valeur                                                       26
4.5    Intégration du genre et inclusivité.                                                            27
4.6    Complémentarité/synergie avec les opérations en cours
       de la Banque et celles d’autres partenaires au développement.                                   27
4.7    Programme opérationnel indicatif (PIA) du DSIR-Afrique de l’Est                                 27

5.     MISE EN ŒUVRE DU DSIR-AFRIQUE DE L’EST                                                          31
5.1    Dispositions internes et externes                                                               31
5.2    Financement du DSIR                                                                             31
5.3    Suivi et évaluation du DSIR                                                                     32
5.4    Dialogue régional et pays                                                                       32
5.5    Risques et mesures d’atténuation                                                                32

                                                                            AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP    |i
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STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

6.        CONCLUSION ET RECOMMANDATION                                                                        33

ANNEXES                                                                                                       35
Annexe 1. Outil de Mesure des Resultats                                                                       36
Annexe 2. Programme opérationnel indicatif (POI) du DSIR-Afrique de l’Est                                     40
Annexe 3. Messages clés de la NDR                                                                             54
Annexe 4. Composition des CER de l’Afrique de l’Est                                                           59
Annexe 5. Indicateurs macroéconomiques et progrès vers la convergence macroéconomique                         60
          Annexe 5, graphique 1, Évolution de la valeur ajoutée de l’industrie (% du PIB)                     62
Annexe 6. Notes d’intégration régionale par CER (2016)                                                        63
Annexe 7. Prévision de flux de trafic sur les corridors Nord et central de 2009 à 2030 (millions de tonnes)   63
Annexe 8. Cartographie des donateurs                                                                          64
Annexe 9. Supervision par RDGE du partenariat de la Banque avec les CER
       et d’autres organisations régionales                                                                   66
Annexe 10. Afrique de l’Est — atouts/possibilités et faiblesses/défis                                         67
Annexe 11. Résumé des enseignements tirés                                                                     68
Annexe 12. Risques et mesures d’atténuation                                                                   71
Annexe 13. Alignement des DSP et du DSIR                                                                      72

NOTES DE FIN                                                                                                  74
PROFILS DE PAYS                                                                                               78

ii |   AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
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Sigles Et Abréviations

BDEV     Département de l’évaluation indépendante (de la BAD)
BIAT     Plan d’action pour la stimulation du commerce intra-africain (de l’UA)
BNT      Barrière non tarifaire
CAE      Communauté de l’Afrique de l’Est
CEA      Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique
CEDEAO   Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CEEAC    Communauté économique des États de l’Afrique centrale
CER      Communauté économique régionale
COMESA   Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe
CSIR     Cadre stratégique d’intégration régionale
CUA      Commission de l’Union africaine
DfID     Ministère du Développement international du Royaume-Uni
DSIR     Document de stratégie d’intégration régionale
EAPP     Pool énergétique d’Afrique de l’Est
FAT      Facilité d’appui à la transition
IGAD     Autorité intergouvernementale pour le développement
IPPF     Fonds spécial pour la préparation de projets d’infrastructure
JICA     Agence japonaise de développement international
MPME     Micro-, petite et moyenne entreprise
NELSAP   Programme d’action subsidiaire des lacs équatoriaux du Nil
ODD      Objectif de développement durable
OMD      Objectif du Millénaire pour le développement
PFGU     Poste frontalier à guichet unique
POI      Programme opérationnel indicatif
PIB      Produit intérieur brut
PIDA     Programme pour le développement des infrastructures en Afrique
PME      Petite et moyenne entreprise
PMR      Pays membre régional (de la BAD)
PNUD     Programme des Nations Unies pour le développement
PPP      Partenariat public-privé
RISF     Cadre stratégique d’intégration régionale (de la BAD)
RPPR     Revue de la performance du portefeuille régional
SADC     Communauté de développement de l’Afrique australe
TFTA     Zone de libre-échange tripartite
TIC      Technologie de l’information et de la communication
UA       Union africaine
UE       Union européenne
USAID    Agence des États-Unis pour le développement international
VAM      Valeur ajoutée manufacturière
ZLEC     Zone de libre-échange continentale

                                                                     AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP   | iii
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STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

iv |   AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
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Carte de l’Afrique de l’Est

                              AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP   |v
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STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

Résumé Analytique

1.       Le Document de stratégie d’intégration ré-                 mars 2018 donne le contexte stratégique global
         gionale (DSIR) pour l’Afrique de l’Est 2018-               du DSIR. À cet égard, l’éventail d’activités du
         2022 de la Banque mondiale présente les                    DSIR est aligné sur les trois piliers du CSIR, à
         priorités stratégiques et un programme                     savoir i) la connectivité des infrastructures, ii) le
         opérationnel indicatif (POI) correspondant                 commerce et l’investissement, et iii) l’intégra-
         pour l’appui de la Banque à l’intégration                  tion financière. À cette fin, le DSIR-Afrique de
         économique régionale en Afrique de l’Est.                  l’Est se concentre sur deux piliers, à savoir i) le
         Il a été préparé dans le contexte général de               développement des infrastructures régionales
         l’orientation stratégique de la Banque et des              pour la compétitivité et la transformation et ii) le
         initiatives engagées récemment aux échelons                renforcement des cadres politiques et institu-
         régional, continental et mondial. Parmi                    tionnels pour l’intégration des marchés, les in-
         ces initiatives figurent l’adoption, en 2015, des          vestissements et le développement des chaînes
         Objectifs de développement durable (ODD),                  de valeur. Le DSIR accroîtra toutefois l’impact
         l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), la Zone           et l’efficacité des High 5, en tenant compte
         de libre-échange tripartite (TFTA), et la Zone de          des spécificités régionales. De plus, l’adoption
         libre-échange continentale (ZLEC) lancée à Ki-             d’un nouveau modèle de développement et de
         gali (Rwanda) en mars 2018 pour consolider les             prestation de services accompagné d’un orga-
         régimes des marchés d’Afrique. Il s’appuie aussi           nigramme restructuré correspondant a amélio-
         sur les objectifs et l’orientation du DSIR précé-          ré l’efficacité de la prestation des services. Le
         dent (2011-2016), dont les piliers stratégiques            Modèle consolide les mécanismes permettant
         étaient le développement des infrastructures               à la Banque d’assurer une meilleure coordina-
         régionales et le renforcement des capacités.               tion interne et de se rapprocher davantage de
         Dans le cadre de la mise en œuvre du DSIR                  sa clientèle, les responsabilités principales étant
         précédent, la Banque a laissé une empreinte                décentralisées pour renforcer les centres régio-
         solide en termes de financement de l’intégration           naux. Il nécessite aussi un dialogue solide avec
         régionale dans la région. Le rapport d’achève-             les CER et les parties prenantes régionales clés,
         ment du précédent DSIR-Afrique de l’Est note               sous la direction des directeurs généraux.
         que la Banque a investi 1,82 milliard d’UC dans
         les opérations régionales en 2016, dont un            3.   Pour rendre adéquatement compte des
         montant de 1,678 milliard d’UC à l’appui du                initiatives pertinentes qui sous-tendent le
         pilier relatif aux infrastructures régionales.             contexte régional, le DSIR-Afrique de l’Est
                                                                    (2018-2022) s’inspire d’une Note de diag-
2.       En 2015, la Banque a adopté un nouveau                     nostic régional (NDR) détaillée. La NDR
         cadre stratégique mettant l’accent sur cinq                s’appuie sur des notes d’analyse sectorielles,
         priorités — les High 5 — pour accélérer la                 de récentes études économiques et sectorielles
         mise en œuvre de sa Stratégie décennale                    menées par la Banque et des institutions par-
         (2013-22). Ces priorités sont les suivantes                tenaires, et des commentaires recueillis dans le
         : Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie,            cadre d’un processus de consultation exhaustif.
         Nourrir l’Afrique, Intégrer l’Afrique, Industriali-        L’opération de consultation a connu la participa-
         ser l’Afrique, et Améliorer la qualité de vie des          tion des CER, des institutions régionales spécia-
         populations africaines. Le « Cadre stratégique             lisées, d’autres partenaires au développement,
         d’intégration régionale (CSIR, 2018-2025) » du             d’institutions universitaires et de recherche,
         Groupe de la Banque approuvé par le Conseil en             d’organismes du secteur privé, et elle a égale-

vi |   AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
2018-2022 Strategie D'integration Regionale Pour L'afrique Australe - Bureau de développement régional et de livraison d'entreprises en Afrique de ...
ment pris la forme d’une concertation précoce             intrarégional à 25 % d’ici 2025, dans le cadre de
     avec le Conseil d’administration. En consé-               la TFTA. En outre, il existe des écarts substantiels
     quence, le DSIR répond aux priorités définies             entre les trois CER clés de la région couverte par
     dans les principales stratégies des CER, intègre          le DSIR (CAE, COMESA et IGAD). Par exemple,
     les observations des parties prenantes et cadre           le COMESA se classe 7e sur 8 CER dans l’In-
     parfaitement avec la Stratégie décennale (2013-           dice d’intégration régionale en Afrique, tandis
     2022) et les High 5 de la Banque.                         que l’Afrique de l’Est dans son ensemble est en
                                                               retard par rapport à d’autres régions en déve-
4.   Dans l’ensemble, le défi de développement                 loppement situées hors d’Afrique, comme l’Asie
     qui se pose un peu partout dans la région                 de l’Est où le commerce intrarégional représente
     est lié à la lenteur de la transformation                 plus de 35 % du total des échanges. Cette si-
     économique, laquelle est attribuable au                   tuation souligne encore davantage la nécessité
     faible niveau d’industrialisation et à la mo-             d’accélérer l’évolution structurelle vers des
     rosité de la croissance sectorielle. La valeur            produits à plus grande valeur ajoutée pour
     ajoutée manufacturière (VAM) (la plus grande              développer le commerce intrarégional. Le
     composante de la valeur ajoutée de l’industrie)           rapport de synthèse régional sur le secteur ma-
     est inférieure à 15 % dans l’ensemble des PMR             nufacturier en Afrique de l’Est (basé sur sept
     de la région. En outre, la croissance de la VAM           rapports pays) publié par la Banque en 2014 a
     a pris du retard par rapport à celle du PIB, d’où         présenté clairement des possibilités de promo-
     une contraction du secteur manufacturier en               tion du commerce intrarégional et de l’ajout de
     pourcentage du PIB.                                       valeur dans la région. Ses conclusions ont éclai-
                                                               ré la préparation du nouveau DSIR et le dialogue
5.   C’est pourquoi, bien que l’Afrique de l’Est               sur les politiques avec les PMR.
     constitue la région du continent qui connaît la
     croissance la plus rapide, elle affiche de forts     7.   Parmi les principales entraves à la trans-
     taux de pauvreté, des inégalités croissantes et           formation structurelle dans la région, on
     un taux de chômage élevé, en particulier chez             peut citer l’existence d’un environnement
     les jeunes. De plus, l’indice de développement            peu favorable, occasionnée par l’insuffi-
     humain est généralement bas dans la région                sance généralisée des infrastructures et
     et sa répartition est égale, car pour la plupart          l’inadéquation des capacités et cadres
     des pays il varie de 0,4 (au Burundi) et 0,42 (en         institutionnels et stratégiques régionaux.
     Érythrée) à 0,55 (au Kenya), la seule valeur aber-        L’environnement des affaires est relative-
     rante étant celle des Seychelles (0,78) (Rapport          ment meilleur en Afrique de l’Est que dans
     sur le développement humain, 2017).                       d’autres régions de l’Afrique subsahari-
                                                               enne, mais il est à la traîne par rapport à
6.   La lenteur de la transformation a égale-                  celui d’autres régions en développement
     ment limité la croissance du commerce                     comme l’Amérique latine et les Caraïbes
     intrarégional et la part de la région dans                et l’Asie de l’Est. Sur une échelle de 1 à 190
     le commerce mondial. En particulier, en rai-              (pire performance), l’Afrique de l’Est en tant que
     son d’une différenciation faible des produits, les        région occupe le 110e rang en ce qui concerne
     pays d’Afrique de l’Est ne produisent pas as-             l’environnement des affaires, sa note de dis-
     sez de biens que leurs voisins veulent importer.          tance par rapport au sommet s’élevant à 58,13
     Même si dans la Communauté de l’Afrique de                (Banque mondiale : Rapport Doing Business
     l’Est (CAE), le niveau de commerce intrarégional          – profil régional de la Communauté de l’Af-
     est plus élevé que dans les autres sous-régions           rique de l’Est, 2018). En revanche, les chiffres
     d’Afrique, la part des exportations intrarégio-           correspondants pour la région Amérique latine
     nales a stagné à environ 20 % au cours de la              et Caraïbes et la région Asie et Pacifique sont
     dernière décennie et est deçà des aspirations             respectivement de 107 et 94 (classement des
     de la région à faire passer le taux de commerce           entreprises) et 58,75 et 61,97 (notes de dis-

                                                                          AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP      | vii
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

          tance par rapport au sommet). Parmi les trois               d’achat d’électricité conclus entre les PMR.
          questions les plus problématiques pour l’activité           En revanche, en Afrique australe, 7,5 % de
          commerciale dans la région, le rapport met en               l’électricité produite est échangée dans le
          exergue le « commerce transfrontalier » et l’«              cadre du pool énergétique régional. Dans le
          accès à l’électricité ».                                    secteur des transports, l’existence de chaînons
                                                                      manquants sur les corridors de transport conti-
8.        En outre, les institutions de la région chargées            nue d’entraver une circulation transfrontalière ef-
          de promouvoir l’intégration régionale, notam-               ficace des marchandises et des personnes dans
          ment les CER et les institutions spécialisées               une région dont 5 des 13 pays sont enclavés.
          telles que les pools énergétiques, continuent               En outre, les réseaux de transport multimodaux
          de souffrir d’une faible capacité. Par ailleurs, 7          associant les voies navigables intérieures et les
          des 13 pays de la région sont classés comme                 chemins de fer ne sont pas encore pleinement
          fragiles1, et trois autres pays (Éthiopie, Ouganda          exploités.
          et Kenya) abritent le plus grand nombre de po-
          pulations de réfugiés dans le monde. Les pays         10.   Compte tenu des défis de développement
          en situation de fragilité ont tendance à faire face         globaux de la région, l’objectif du DSIR
          à de plus grands défis en matière de capacités.             2018-2022 pour l’Afrique de l’Est est d’ac-
                                                                      célérer la transformation structurelle, de
9.        Le développement des infrastructures con-                   développer le commerce et de promouvoir
          stitue un facteur important d’amélioration                  l’intégration et l’inclusion du secteur finan-
          de l’environnement de concurrence néces-                    cier, en vue essentiellement de créer des
          saire à la transformation structurelle. La                  emplois salariés durables, destinés en par-
          région continue cependant d’être confrontée                 ticulier aux jeunes et aux femmes. À cette fin,
          à un énorme déficit d’infrastructures. Les der-             le DSIR met l’accent sur deux piliers, à savoir i)
          nières données (2018) de l’Indice de développe-             le développement des infrastructures régionales
          ment des infrastructures en Afrique publié par la           pour assurer la compétitivité et la transformation
          Banque montrent que tous les pays d’Afrique de              et ii) le renforcement des cadres institutionnels
          l’Est ont une note inférieure à 30, à l’exception           et stratégiques en vue de l’intégration du mar-
          des Seychelles (94,3), sur une échelle de 1 à 100.          ché, de l’investissement et du développement
          Parmi les défis clés en matière d’infrastructure            des chaînes de valeur. La priorité donnée à ces
          dans la région figurent les pénuries d’électri-             piliers tient compte, entre autres, du besoin de
          cité, le faible taux de connexion électrique                sélectivité, du respect du CSIR institutionnel et
          et, en ce qui concerne les entreprises                      des High 5 de la Banque, de l’alignement sur
          manufacturières, le coût effectif élevé de                  les stratégies régionales et continentales perti-
          l’électricité dont la moyenne est quatre fois               nentes, des enseignements tirés de la mise en
          supérieure à la moyenne mondiale. D’après                   œuvre du DSIR précédent et de l’évaluation de
          les Perspectives économiques en Afrique (2018)              BDEV, ainsi que d’autres travaux théoriques
          de la Banque, l’Afrique de l’Est affiche les taux           réalisés à la Banque. Les interventions au titre
          d’accès à l’électricité les plus bas du continent           de chaque pilier sont décrites en détail dans la
          (26 %). Les taux d’accès varient de 1 % au Sou-             section 4 du présent rapport. Elles seront mises
          dan du Sud à 99,55 % aux Seychelles. Dans la                en œuvre dans le cadre du programme opéra-
          plupart des pays, 50 % de la population vit sans            tionnel indicatif (PIA) présenté au tableau 2 de
          électricité, le Kenya (65 %), les Comores (74 %)            l’annexe 2.
          et les Seychelles (99,5 %) constituant les rares
          exceptions. Le marché régional de l’électricité       11.   Le nouveau DSIR-Afrique de l’Est 2018-22 com-
          est également sous-développé — à l’heure                    porte plusieurs innovations importantes qui le
          actuelle, l’EAPP n’est pas encore opérationnel              distinguent du précédent. Il repose sur des
          et dans la région, le commerce de l’énergie                 travaux analytiques complets, notamment
          s’effectue dans le cadre d’accords bilatéraux               une NDR détaillée (l’annexe 3 résume les

viii |   AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
messages clés de la NDR, et le document              prises qui exercent des activités économiques
intégral de la NDR est accessible en ligne           innovantes dans la région, notamment par le
via un lien intranet (Note de diagnostic régio-      biais de partenariats public-privé (PPP). En
nal – version finale révisée - 27.04.2017 (002).     conséquence, les partenariats avec le secteur
pdf ). Il s’appuie aussi sur des commentaires re-    privé et d’autres partenaires au développement
cueillis dans le cadre de la concertation précoce    seront renforcés, par exemple dans le cadre du
avec le Conseil et des consultations menées au       Forum pour l’investissement en Afrique établi
niveau tant régional (avec les CER de la région)     par la Banque. Cinquièmement, le DSIR adopte
que national (par l’entremise des économistes        la théorie du changement en recourant au nou-
pays). Collectivement, ces processus ont guidé       vel outil de mesure des résultats de la Ban-
les innovations clés du DSIR. Premièrement, le       que, qui comprend une matrice d’alignement
DSIR tient compte de la diversité de la région,      permettant de démontrer que les priorités du
ainsi que des défis et besoins uniques des États     DSIR correspondent à celles de sa clientèle et
insulaires et des pays enclavés et fragiles. Deux-   sont en rapport avec les autres stratégies de la
ièmement, le DSIR adopte une approche spa-           Banque, et une matrice de performance visant
tiale, en tenant compte de l’emplacement géo-        à contrôler et suivre la performance des inter-
graphique des potentielles sources actuelles et      ventions de la Banque en fonction d’une série
futures de croissance et de demande (marchés)        de critères de performance. Sixièmement, le
porteuses de transformation. Troisièmement, le       DSIR adopte un POI à horizon mobile, pour as-
DSIR implique une complémentarité avec les           surer la pertinence, réduire les retards de mise
DSP des pays de la région, au niveau à la fois       en œuvre et améliorer la coordination et le suivi
stratégique et opérationnel. Quatrièmement, le       du programme d’appui. Enfin, dans le cadre du
DSIR garantira une participation accrue du sec-      nouveau DSIR, la Banque renforcera le dialogue
teur privé non seulement en mettant en place         reposant sur des données probantes et les con-
un cadre propice à l’essor d’activités novatrices    seils en matière de politique, afin de consolider
et créatrices d’emplois du secteur privé, mais       son positionnement comme institution du savoir
aussi en encourageant directement les entre-         dans la région.

                                                                AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP    | ix
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

                                      L’intégration régionale est essentielle
                                      pour élargir la taille de nos marchés.
                                      Nous devons intégrer l’Afrique -
                                      grandir ensemble et se développer
                                      ensemble. Notre destin collectif est
                                      lié à la suppression des barrières qui
                                      nous séparent.
                                      — Le président de la BAD,
                                      Akinwumi A. Adesina

                                                                                Namanga OSBP entre le Kenya et la Tanzanie financé par la Banque et la JICA

x|   AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
1.                            Introduction

1.1.        Le Document de stratégie d’intégration           lie, font partie d’autres CER (Annexe 4). Si elle est bien
régionale (DSIR) pour l’Afrique de l’Est 2018-2022           intégrée, la région dispose d’un vaste potentiel du com-
arrive au moment où les dirigeants africains réaf-           merce des biens (intrants, produits agricoles et manu-
firment la nécessité d’accélérer l’intégration éco-          facturés), des services (logistique, électricité, construc-
nomique et la transformation structurelle du conti-          tion, tourisme, TIC, services financiers et professionnels)
nent grâce à plusieurs initiatives clés. Ces dernières       et des facteurs (investissements et talents intrarégion-
comprennent, entre autres, l’Agenda 2063 de l’Union          aux). Les interventions du DSIR visent donc à exploiter
africaine (UA) et la Zone de libre-échange continentale      ces possibilités pour aider les pays de l’Afrique de l’Est à
(ZLEC) lancée à Kigali (Rwanda) en mars 2018. Elles          conquérir une plus grande part du marché croissant de
s’appuient sur des initiatives existantes en faveur de la    la région en développant le commerce intrarégional, et à
croissance et du développement durable, notamment le         mieux se préparer à se hisser sur la scène mondiale et à
Programme pour le développement des infrastructures          progresser dans les chaînes de valeur.
en Afrique (PIDA), le Plan d’action pour la stimulation du
commerce intra-africain (BIAT) et le Plan d’action pour le   Le DSIR-Afrique de l’Est tient donc compte des priorités
développement industriel accéléré de l’Afrique. Le DSIR      définies dans les stratégies clés des CER, qui définis-
est étroitement aligné sur l’objectif du BIAT de porter le   sent les modalités d’atteinte des objectifs continentaux
commerce intra-africain à 25 % d’ici 2025, et sur l’ob-      en prenant en considération les spécificités régionales et
jectif ambitieux de la ZLEC de réaliser 50 % des échang-     les priorités de leurs États membres.
es intra-africains d’ici 2045, contre environ 14 % actuel-
lement. Le DSIR appuiera aussi les Objectifs mondiaux
de développement durable (ODD)2. Au même moment,             1.2.        La Banque a laissé une empreinte solide
la Banque a recentré sa vision stratégique sur cinq pri-     sur le plan du financement de l’intégration régio-
orités de développement pour transformer l’Afrique, à        nale au cours des dernières années. Dans le cad-
savoir les High 53.                                          re du précédent DSIR (2011-2016), à la fin de 2016, la
                                                             Banque avait déjà investi 1,824 milliard d’UC dans 39
                                                             projets (1,7 milliard d’UC pour des infrastructures régio-
1.1.        Le DSIR-Afrique de l’Est 2018-2022               nales et 146 millions sur le renforcement des capacités,,
couvre 13 pays4 avec un marché combiné de plus               ce qui a conduit à des résultats notables (Annexe 11).
de 326 millions de consommateurs dans une ré-
gion dont les taux de croissance économique sont             À cet égard, le nouveau DSIR s’appuie sur les ac-
les plus élevés du continent. Ces pays appartiennent         complissements et les enseignements tirés de son
à trois principales CER, à savoir le COMESA (11 pays),       prédécesseur, mais tient compte de l’évolution du con-
l’IGAD (8) et la CAE (6). Toutefois, l’appartenance à des    texte mondial et régional ainsi que des changements
entités multiples demeure une caractéristique dominante      opérés l’intérieur de la Banque pour faire progresser le
et tous les pays de la région, à l’exception de la Soma-     programme de transformation de l’Afrique.

                                                                                  AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP     |1
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

1.3.        En conséquence, le nouveau DSIR-                tant que moteur principal d’une croissance porteuse
Afrique de l’Est 2018-2022 comporte plusieurs               de transformation dans la région. Par conséquent, les
innovations clés qui le distinguent du DSIR pré-            interventions en faveur des infrastructures régionales,
cédent. Il s’inspire d’une Note de diagnostic régional      tant matérielles qu’immatérielles, visent à créer un en-
(NDR) qui fait la synthèse d’une série de notes ana-        vironnement propice à la promotion de la participation
lytiques préparées par divers départements de la Ban-       du secteur privé afin de stimuler l’intégration régionale,
que, ainsi que de récentes études économiques et            tout en encourageant une collaboration active avec les
sectorielles menées par la Banque et des institutions       organismes du secteur privé pour trouver des solutions
partenaires (et résumées à l’annexe 3). Il s’appuie aussi   collectives aux défis de l’intégration, et en tirant les en-
sur des commentaires recueillis dans le cadre de la con-    seignements des bonnes pratiques. Cinquièmement,
certation précoce avec le Conseil, ainsi que des consul-    le DSIR adopte la théorie du changement en recourant
tations menées au niveau tant régional (avec les CER de     au nouvel outil de mesure des résultats de la Banque,
la région) que national (par l’entremise des économistes    qui comprend une matrice d’alignement permettant de
pays).                                                      démontrer que les priorités du DSIR correspondent à
                                                            celles de sa clientèle et sont en rapport avec les autres
                                                            stratégies de la Banque, et une matrice de performance
1.4.       Collectivement, ces processus ont guidé les      visant à contrôler et suivre la performance des interven-
innovations clés du DSIR. Premièrement, le DSIR tient       tions de la Banque en fonction d’une série de critères de
compte de la diversité de la région ainsi que des défis     performance (annexe 1). Sixièmement, il adopte un POI
et besoins particuliers des États insulaires et des pays    à horizon mobile, qui sera suivi de près en collaboration
enclavés et fragiles. Deuxièmement, il adopte une ap-       avec les CER et mis à jour à mi-parcours (2020). Cette
proche spatiale, en tenant compte de l’emplacement          approche assurera la pertinence, réduira les retards
géographique des sources actuelles et potentielles de       dans la mise en œuvre et améliorera la coordination et
croissance et de demande (marchés) porteuses de             le suivi du programme opérationnel. Enfin, dans le cad-
transformation. Troisièmement, le DSIR entraîne une         re du nouveau DSIR, la Banque renforcera le dialogue
complémentarité avec les DSP des pays de la région, au      reposant sur des données probantes et les conseils en
niveau à la fois stratégique et opérationnel. Quatrième-    matière de politique, afin de consolider son positionne-
ment, le DSIR reconnaît le rôle clé du secteur privé en     ment comme institution du savoir dans la région.

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STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

                                      Pour les cinq (5) pays sans littoral, à
                                      savoir le Burundi, l’Éthiopie, le Rwanda, le
                                      Soudan du Sud et l’Ouganda, l’intégration
                                      régionale offre des possibilités de
                                      renforcer la compétitivité économique
                                      grâce à des corridors de transport
                                      transfrontaliers efficaces.

                                                                                     Autoroute Nairobi-Addis-Abeba

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2.
                                Contexte Et
                                Perspectives
                                De La Région

2.1      Diversité régionale                                     basa, Lamu et Dar es-Salaam p. ex.) est renforcée par le
La grande diversité de la région se traduit par des de-          trafic régional. Ces pays côtiers jouent par ailleurs un rôle
grés divers de motivation des différents pays à pour-            déterminant pour la compétitivité de la CAE en général
suivre l’intégration régionale. Tous les pays sont cepen-        et des pays enclavés en particulier. Il s’ensuit que, tout
dant susceptibles de tirer parti d’un accroissement de           en appuyant le développement des plates-formes por-
l’intégration régionale et des échanges commerciaux, à           tuaires, le DSIR accordera une attention égale à la réso-
condition que les risques soient soigneusement gérés             lution du problème des goulets d’étranglement aux fron-
et que les contraintes majeures comme la fragilité et les        tières et en matière de transit, ce qui sera bénéfique tant
goulets d’étranglement des infrastructures soient élim-          pour les pays côtiers que pour ceux de l’intérieur.
inés.
                                                                 Les petits États insulaires comme les Seychelles et les
En ce qui concerne les cinq pays enclavés, à savoir le           Comores sont confrontés à des défis uniques en rai-
Burundi, l’Éthiopie, le Rwanda, le Soudan du Sud et              son de leur isolement géographique, de la médiocrité
l’Ouganda, l’intégration régionale offre des possibilités        de leurs liaisons avec le continent, de leur vulnérabilité
de renforcer la compétitivité économique grâce à des             au changement climatique et de l’étroitesse de leurs
couloirs de transport transfrontaliers efficaces qui per-        marchés intérieurs. La nécessité de se relier à la masse
mettent de s’attaquer aux entraves au transit et aux ob-         terrestre continentale représente donc une forte incita-
stacles frontaliers et partant, d’assurer un accès efficace      tion à l’intégration. Qui plus est, la durabilité de leur «
et sûr aux ports maritimes et aux marchés avoisinants.           économie bleue » dans des secteurs comme la pêche
À titre illustratif, l’apparition de la « coalition de volon-    et le tourisme passe par une coopération régionale en
taires » chez les États du corridor Nord s’explique dans         matière de protection de l’environnement et de gestion
une large mesure par l’intérêt politique du Rwanda et            des risques liés au changement climatique.
de l’Ouganda à relever les défis de l’enclavement. De
même, la recherche par l’Éthiopie d’un autre port d’en-          2.2      Fragilité régionale
trée après la perte de l’accès au port d’Assab (Éryth-           S’agissant des pays fragiles et de ceux sortant d’un
rée) a renforcé la coopération Éthiopie-Djibouti, ce qui a       conflit, des situations comme la famine, les migrations
transformé le port de Djibouti en une plaque tournante           forcées et les flux de réfugiés influent sur les progrès de
majeure de transport.                                            l’intégration régionale. Les facteurs de fragilité comme la
                                                                 variabilité climatique et les sécheresses récurrentes, les
Pour ce qui est des pays côtiers comme le Kenya, la              conflits, le chômage et les problèmes de gouvernance
Tanzanie et Djibouti, les possibilités offertes par l’intégra-   ont également des répercussions transfrontalières. Ces
tion régionale ont notamment trait à l’élargissement de          défis sont pertinents en Afrique de l’Est où 7 des 13
l’accès au marché des biens et services, tels que les            pays du DSIR sont classés comme fragiles, ce qui en fait
ports et les services logistiques connexes destinés à            la région abritant la deuxième plus forte concentration
desservir leurs voisins enclavés. La viabilité des grands        d’États fragiles sur le continent, après l’Afrique centrale.
investissements d’infrastructure dans ces ports (Mom-            Les défis de la paix et de la sécurité sont les facteurs clés

                                                                                      AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP      |5
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

de fragilité dans la région. Il existe aussi des facteurs so-    dialogue public-privé, les dons en faveur des pays à rev-
cio-économiques de fragilité dans la région, notamment           enu intermédiaire, les études sur les réserves de projets
des niveaux élevés de pauvreté, l’inégalité de revenu et         et les fonds fiduciaires pour les projets catalytiques et
un fort taux de chômage chez les jeunes. Des facteurs            « immatériels ». Étant donné que les ressources con-
environnementaux comme le niveau élevé de dégrada-               cessionnelles se raréfient, RDGE dirige le dialogue avec
tion des sols, la surexploitation des terres et l’élimina-       d’autres partenaires au développement dans le cadre du
tion du couvert forestier, les sécheresses récurrentes et        groupe des partenaires au développement de la CAE
l’insécurité alimentaire sont également à l’origine de la        créé pour améliorer le cofinancement des opérations
situation de fragilité de la région. Les répercussions ré-       régionales, tout en attirant par ailleurs les financements
gionales de la fragilité sont importantes en Afrique de          du secteur privé par le biais des PPP et le recours aux
l’Est, le fardeau le plus lourd étant l’accueil, par les États   instruments de garantie.
partenaires/membres, d’un grand nombre de réfugiés
et de personnes déplacées. En conséquence, trois des
pays du DSIR (Ouganda, Kenya et Éthiopie) figurent par-          2.4      Contexte politique
mi les dix premiers pays d’accueil des réfugiés dans le          La gouvernance globale mesurée par l’indice Ibrahim de
monde.                                                           gouvernance en Afrique s’est améliorée dans la région,
                                                                 sauf au Burundi, au Soudan, en Érythrée et au Soudan
Le renforcement de la coopération et de l’intégration            du Sud. En Afrique de l’Est, les pays de la CAE sont
régionales produira des dividendes de paix, grâce à la           mieux classés dans l’indice Ibrahim et l’indice de per-
création de possibilités économiques et à l’accroisse-           ception de la corruption de Transparency International
ment de la mobilité découlant de l’amélioration des in-          que leurs homologues de la Corne de l’Afrique. Le Ken-
frastructures régionales. L’approche stratégique de la           ya, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda ont tous tenu
Banque en matière de fragilité régionale mettra aussi            des élections réussies récemment, mais au Burundi,
l’accent sur le renforcement des capacités des pays              les élections organisées en 2015 ont été marquées par
en situation de fragilité et des institutions régionales qui     des conflits violents, ce qui a nécessité des efforts de
ont pour mission directe de promouvoir la coopération            médiation de la CAE et d’autres parties prenantes. Les
transfrontalière pour permettre de mieux s’attaquer aux          élections de 2017 au Kenya ont également été con-
risques et menaces de fragilité et de renforcer la résil-        testées, mais le pays a franchi une étape importante en
ience (Centre régional sur les armes légères et IGAD             traitant les différends devant les tribunaux, et servira de
p. ex.). L’appui de la Banque au Programme de résil-             référence pour la région et le continent. La Déclaration
ience à la sécheresse et de développement de moyens              conjointe sur la paix et l’amitié entre l’Éthiopie et l’Éryth-
de subsistance durables dans la Corne de l’Afrique de            rée en 2018 permettra de renforcer la coopération et
l’IGAD, mis en œuvre dans cinq pays (Djibouti, Érythrée,         l’intégration régionales.
Éthiopie, Kenya et Soudan) en est un bon exemple. La
Banque a par ailleurs élaboré un prisme d’analyse de la          D’une manière générale, la stabilité politique a été fa-
fragilité, qui continuera à jouer un rôle déterminant dans       vorable à l’intégration régionale et au commerce dans
la conception de ses opérations régionales.                      la région, tandis que l’instabilité, qui se manifeste sous
                                                                 forme de fragilité, de conflits politiques et de faiblesse de
                                                                 la gouvernance, a entravé l’intégration.
2.3      Une région diversifiée
L’inéligibilité des pays non membres du FAD aux fonds
concessionnels limite leur choix de participer aux ini-          2.5      Contexte économique
tiatives d’intégration régionale, en raison du manque
de ressources abordables. La Banque va donc, pour                2.5.1 Performance en matière de
compléter ses opérations de prêt, faire appel à la pan-                croissance
oplie complète de ses instruments autres que les prêts,          L’Afrique de l’Est est la région d’Afrique connaissant
notamment les travaux théoriques dont les études                 la croissance la plus rapide, et elle abrite plusieurs des
économiques et sectorielles et le dialogue sur les poli-         économies qui connaissent la plus forte croissance au
tiques, le partage des connaissances entre pays et le            monde, comme l’Éthiopie, Djibouti, le Kenya, le Rwan-

6|   AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
da, la Tanzanie et l’Ouganda. Le taux de croissance            opie ayant presque doublé sa valeur ajoutée industrielle
économique s’est établi en moyenne à 4,5% durant la            qui est passée de 12,2 % du PIB en 2000 à 21,3 % en
période 2011-2015, ce qui est supérieur à la moyenne           2016, tandis que la Tanzanie a enregistré une croissance
continentale (4,1 %). Les dernières données relatives à        modeste de 19,1 % à 27,2 % au cours de la même
2017 montrent que la région a affiché un taux de crois-        période.
sance du PIB réel plus élevé (5,9 % en 2017) par rapport
à la moyenne continentale de 3,6 %. La forte croissance        La croissance de la valeur ajoutée manufacturière (VAM)
devrait se poursuivre à court terme, s’établissant à en-       (1,7 % en moyenne sur la période 200-2016) a pris du
viron 6 % en 2018 et 2019. Ces taux sont toutefois in-         retard par rapport à la croissance du PIB dans la région,
férieurs au seuil de croissance durable de 8,5 % qui est       d’où une diminution de la part du secteur manufacturi-
nécessaire pour que l’Afrique de l’Est puisse passer au        er dans le PIB. La VAM moyenne s’est limitée à 8,1 %,
statut de région à revenu moyen-tranche supérieure d’ici       taux bien inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaha-
2050. Sur une base nationale, les bons résultats ont été       rienne (10,3 % en 2016). En outre, aucun pays de la
concentrés notamment dans les pays à forte croissance          région n’a enregistré une VAM supérieure à 15 % sur la
susmentionnés, qui ont enregistré des taux d’à peu près        période 2000-2015. Il existe néanmoins des variations
7 % et plus durant la période 2011-2015, tandis qu’à           dans la région de l’Afrique de l’Est, l’Éthiopie enregis-
l’autre extrémité du spectre, le Soudan du Sud (-8,1),         trant une croissance relativement forte de la VAM (18,4
le Burundi (2,7 %), les Comores (2,4 %) et le Soudan           % en 2016), tandis que les taux de croissance au Bu-
(2,1 %) ont enregistré des taux de croissance faibles ou       rundi (1,2 %) et en Ouganda (0,59 %) se situaient dans
négatifs. L’amélioration de la gestion macroéconomique         le bas de l’échelle. L’expérience de l’Éthiopie en matière
et des investissements du secteur public ainsi que l’ aug-     de zones économiques spéciales (ZES) et d’investisse-
mentation de la consommation des ménages attribuable           ments ciblés dans les infrastructures offre à la région
à la croissance de la classe moyenne figurent parmi les        des enseignements utiles pour stimuler et soutenir la
principaux facteurs ayant favorisé la croissance.              croissance de la VAM qui est nécessaire pour susciter la
                                                               transformation structurelle.

2.5.2       Composition du PIB. Le secteur des ser-            Environnement des affaires. L’environnement des
vices apporte la plus forte contribution au PIB en Af-         affaires est relativement meilleur en Afrique de l’Est
rique de l’Est, suivi du secteur agricole et d’un secteur      que dans d’autres régions de l’Afrique subsaharienne,
industriel relativement modeste. Toutefois, les activités à    mais il est à la traîne par rapport à celui d’autres ré-
faible productivité comme les services informels et non        gions en développement comme l’Amérique latine et les
marchands dominent le secteur des services, avec un            Caraïbes, et l’Asie de l’Est. Sur une échelle de 1 à 190
impact limité sur la transformation économique. Dans           (pire performance), l’Afrique de l’Est en tant que région
tous les pays de la région, la part de l’agriculture dans le   occupe le 110e rang en ce qui concerne l’environne-
PIB s’est située autour de la moyenne régionale (30 %),        ment des affaires, sa note de distance par rapport au
sauf aux Seychelles où elle a été limitée à 2,8 %, le pays     sommet s’élevant à 58,13 (Banque mondiale: Rapport
étant par nature une « économie bleue ».                       Doing Business — profil régional de la CAE, 2018). En
                                                               revanche, les chiffres correspondants pour la région
La structure économique et les modèles de croissance           Amérique latine et Caraïbes et la région Asie et Pacifique
de l’Afrique de l’Est se caractérisent par un faible de-       sont respectivement de 107 et 94 (classement des en-
gré d’industrialisation et d’activité économique à val-        treprises) et de 58,75 et 61,97 (notes de distance par
eur ajoutée, notamment un manque de diversification            rapport au sommet). Les classements par pays vari-
économique, de différenciation et de raffinement des           ent de la 41e place pour le Rwanda aux 189e et 190e
produits, et une création d’emplois insuffisante. En           rangs en ce qui concerne respectivement l’Érythrée et
2016, la part de l’industrie dans le PIB de l’ensemble de      la Somalie.. Le « commerce transfrontalier » et l’« accès
la région s’est élevée en moyenne à 18,4 %, ce qui est         à l’électricité » ont été signalés comme figurant parmi
inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (27,7        les trois questions les plus problématiques qui entravent
%). L’Éthiopie et la Tanzanie ont affiché la trajectoire de    l’activité commerciale dans la région. L’amélioration de
croissance la plus vigoureuse (annexe 5, figure 1), l’Éthi-    la connectivité des infrastructures régionales et la réduc-

                                                                                    AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP    |7
STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE POUR L’AFRIQUE AUSTRALE

tion des coûts commerciaux grâce à l’élimination des re-         tation et offrir des possibilités de développement de
tards aux frontières et des barrières non tarifaires (BNT),      chaînes de valeur dans les activités en amont et en aval.
entre autres, conduiront à une amélioration globale de
l’environnement des affaires.                                    Une gestion efficace de ces ressources requiert toutefois
                                                                 des institutions compétentes et des cadres juridiques/
2.5.3        Dimensions spatiales de la croissance.              réglementaires, institutionnels et stratégiques solides.
En Afrique de l’Est, le potentiel de croissance et celui         Un des domaines d’assistance () est celui de l’octroi aux
de croissance économique sont répartis de manière in-            pays d’un appui pour les aider à harmoniser leurs poli-
égale, la croissance et les populations se concentrant           tiques, lois et règlements pétroliers dans des secteurs
dans un nombre relativement restreint de zones à l’in-           comme la protection de l’environnement, afin d’éviter
térieur de chaque pays (pôles de croissance).. Par ex-           un nivellement par le bas et d’attirer davantage d’inves-
emple, la zone reliée par les corridors central et Nord          tissements (par l’entremise de son Centre de ressources
représente seulement 10 % de la masse continentale,              naturelles et de la Facilité africaine de soutien juridique).
mais 56 % des consommateurs et 50 % de l’écono-                  Il est également possible de renforcer l’intégration ré-
mie de l’Afrique de l’Est. Le ciblage de ces pôles de            gionale grâce au partage d’infrastructures et d’installa-
croissance au moyen d’interventions visant à promou-             tions comme les oléoducs/gazoducs transfrontaliers, et
voir l’intégration régionale accélérerait l’impact et l’inclu-   à l’acquisition par les pays de parts dans les raffineries
sion. La croissance spatiale comporte également une              et les industries pétrochimiques des autres pays de la
forte dimension régionale, car certains sites à potentiel        région6.
économique élevé s’étendent au-delà des frontières. Par
exemple, la ville de Goma en RDC est davantage reliée à          2.5.5       Gestion macroéconomique. La recherche
l’Ouganda, au Rwanda et au Burundi qu’à Kinshasa, en             de la convergence macroéconomique, condition préal-
raison de la proximité géographique. L’élimination des           able à l’accession au statut d’union monétaire, constitue
obstacles institutionnels matériels et « immatériels » et        un aspect crucial de la gestion macroéconomique en Af-
entravent la libre circulation des biens, services, capi-        rique de l’Est, car la CAE et le COMESA aspirent tous les
taux et personnes dans ces localités favoriserait donc           deux à un statut d’union monétaire d’ici 2024 et 2025
une croissance sans frontières et libérerait le potentiel        respectivement. L’annexe 5 présente les progrès ac-
des agglomérations.                                              complis en vue de remplir les critères de convergence
                                                                 à l’intérieur de la CAE. La plupart des pays d’Afrique de
L’existence de dimensions spatiales de la croissance             l’Est ont certes réussi à maîtriser l’inflation et les défic-
signifie que les pays doivent adopter une approche               its budgétaires, mais le niveau élevé de la dette et les
pragmatique visant à donner la priorité aux réseaux d’in-        déficits courants demeurent un défi dans certains pays
frastructures qui relient ces pôles de croissance.. Une          (annexe 5). L’augmentation du niveau d’endettement
de ces approches consiste à créer des « îlots d’excel-           fait craindre que cette situation ne crée des difficultés
lence » ou des zones soigneusement choisies, dotées              financières pour les économies régionales, en raison
d’infrastructures solides et d’un bon environnement des          de la volatilité des monnaies nationales et de l’insuffi-
affaires, pour exploiter l’avantage comparatif sous-utilisé      sance des recettes d’exportation. L’augmentation des
de leurs économies. L’expérience du Kenya et de l’Éthi-          niveaux d’endettement et des déficits courants souligne
opie dans la région et de la Chine ailleurs montre com-          la nécessité de l’industrialisation et de la transformation
ment des îlots d’excellence comme les ZES ont joué un            structurelle, comme moyen d’accroître la production
rôle déterminant en contribuant à intégrer les pays dans         intérieure et les exportations et de réduire la pression
les chaînes de valeur..                                          exercée sur les comptes courants. Elle indique aussi
                                                                 le besoin de mettre davantage l’accent sur un finance-
2.5.4       Découverte de ressources. La découverte              ment novateur des projets régionaux pour compléter
de ressources dans la région crée des possibilités inno-         les financements publics. De même, les PMR de la ré-
vantes d’ajout de valeur (enrichissement des minéraux            gion doivent améliorer leurs efforts de mobilisation des
p. ex.) et de commerce (p. ex. les oléoducs régionaux)5.         ressources nationales (DRM), qui sont inférieurs au
Si ces ressources sont bien gérées, elles peuvent stimul-        potentiel (Annexe A5.4) afin de renforcer leur capacité
er le commerce régional, accroître les recettes d’expor-         à financer les priorités de développement, notamment

8|   AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
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