Perspectives démographiques 2019-2070 - Mise à jour dans le cadre de l'épidémie de COVID-19
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RAPPORT Bureau fédéral du Plan Analyses et prévisions économiques Perspectives démographiques 2019-2070 Mise à jour dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 Juin 2020 Johan Duyck, jd@plan.be Jean-Marc Paul, jmp@plan.be Marie Vandresse, vm@plan.be
Le Bureau fédéral du Plan Le Bureau fédéral du Plan (BFP) est un organisme d'intérêt public chargé de réaliser, dans une optique d’aide à la décision, des études et des prévisions sur des questions de politique économique, socioéco- nomique et environnementale. Il examine en outre leur intégration dans une perspective de développe- ment durable. Son expertise scientifique est mise à la disposition du gouvernement, du Parlement, des interlocuteurs sociaux ainsi que des institutions nationales et internationales. Il suit une approche caractérisée par l’indépendance, la transparence et le souci de l'intérêt général. Il fonde ses travaux sur des données de qualité, des méthodes scientifiques et la validation empirique des analyses. Enfin, il assure aux résultats de ses travaux une large diffusion et contribue ainsi au débat démocratique. Le Bureau fédéral du Plan est certifié EMAS et Entreprise Écodynamique (trois étoiles) pour sa gestion environnementale. https://www.plan.be e-mail : contact@plan.be Reproduction autorisée, sauf à des fins commerciales, moyennant mention de la source. Éditeur responsable : Philippe Donnay
RAPPORT Bureau fédéral du Plan Direction générale Statistique - Statistics Belgium Rue Belliard 14-18, 1040 Bruxelles North Gate - Boulevard du Roi Albert II 16, 1000 Bruxelles tél. : +32-2-5077311 tél. : 0800 120 33 e-mail : contact@plan.be e-mail : statbel@economie.fgov.be https://www.plan.be http://statbel.fgov.be Perspectives démographiques 2019-2070 Mise à jour dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 Juin 2020 Johan Duyck, jd@plan.be, Jean-Marc Paul, jmp@plan.be, Marie Vandresse, vm@plan.be Abstract - Les perspectives démographiques 2019-2070 ont été publiées début mars 2020, juste avant l’arrivée des premiers signes de la présence de la COVID-19 sur le territoire belge. Au regard de l’évo- lution de l’épidémie et des mesures prises par le Conseil National de Sécurité (CNS) concernant la ges- tion de la propagation de la COVID-19, une mise à jour de ces perspectives semblait incontournable. Le rapport décrit dans un premier temps le cadre de cette révision exceptionnelle des perspectives dé- mographiques, son intérêt et ses limites. Ensuite, il présente les modifications apportées aux hypothèses de mortalité et de migration internationale. Enfin, il met en évidence l’impact de cette mise à jour sur la croissance démographique de la Belgique. Jel Classification - J11 Keywords - démographie, perspectives, population, mortalité, migrations internationales, COVID-19
RAPPORT Table des matières Synthèse .............................................................................................................. 1 1. Introduction.................................................................................................... 3 2. Mise à jour de l’hypothèse de mortalité ................................................................. 5 3. Mise à jour de l’hypothèse de migration internationale ............................................. 7 4. Résultats principaux ......................................................................................... 9 Liste des tableaux Tableau 1 Perspectives COVID-19 : hypothèse de baisse des flux migratoires (%) en fonction des types de mouvements et de la nationalité des individus en 2020, par rapport aux Perspectives 2019-2070 de mars 2020 ···················································································· 8 Liste des graphiques Graphique 1 Décès toutes causes et décès liés à la COVID-19 (observations) ····································· 5 Graphique 2 Estimation des décès toutes causes et de la surmortalité ············································ 5 Graphique 3 Perspectives démographiques - mise à jour COVID-19 - comparaison avec les perspectives de mars 2020 (dp19)························································································· 9 Graphique 4 Décès et migrations internationales par âge - Belgique - 2020 ······································ 10 Graphique 5 Espérance de vie à la naissance - Belgique ····························································· 11
RAPPORT Synthèse Encadré 1 Les perspectives démographiques 2019-2070 – mise à jour COVID-19 Les perspectives démographiques 2019-2070 - mise à jour dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 – tiennent compte d’une révision, pour l’année 2020 uniquement, des hypothèses rela- tives à la mortalité et à la migration internationale. La mise à jour de ces hypothèses se base sur des statistiques publiées jusqu’au 05/05/2020, en particulier les rapports quotidiens de Sciensano dans le cadre de la COVID-19, la statistique journalière de mortalité « toutes causes » publiée par Statbel ainsi que certaines statistiques mensuelles sur les demandes de visa ou les demandes d’asile pu- bliées par l’Office des Etrangers. L’épidémie de COVID-19 aura plus que probablement des consé- quences également sur la migration interne et sur la fécondité (à partir de 2021 pour cette dernière). Par manque d’informations objectives actuellement, ces composantes n’ont pas été modifiées. Ce rapport décrit dans un premier temps le cadre de cette révision exceptionnelle des perspectives démographiques, son intérêt et ses limites. Ensuite, il présente les modifications apportées aux hy- pothèses de mortalité et de migration internationale. Enfin, il met en évidence l’impact de cette mise à jour sur la croissance démographique de la Belgique. Les hypothèses relatives à l’ensemble des composantes de la croissance démographique, avant les révisions des hypothèses de mortalité et de migration internationale pour 2020 en raison du COVID-19, sont décrites en détail dans la publication des perspectives démographiques 2019-2070 parue en mars 2020. Les perspectives de ménages ont également été mises à jour à la suite de la révision de la projection de la population. Perspectives COVID-19 et comparaison avec les perspectives démographiques 2019-2070 de mars 2020 Perspectives Différence par rapport aux Perspectives Différence par rapport aux COVID-19 Perspectives 2019-2070 COVID-19 Perspectives 2019-2070 01/01/2021 Effectifs % 01/01/2070 Effectifs % Belgique Population totale 11500222 -33357 -0,3% 12700255 -18934 -0,1% Population 0-17 ans 2315536 -7180 -0,3% 2368903 -4179 -0,2% Population 18-66 ans 7217342 -18887 -0,3% 7281542 -10832 -0,1% Population 67+ ans 1967344 -7290 -0,4% 3049810 -3923 -0,1% Ménages 4996885 -11934 -0,2% 5750727 -8259 -0,1% Région de Bruxelles-Capitale Population totale 1212341 -7975 -0,7% 1312750 -2425 -0,2% Population 0-17 ans 276660 -1438 -0,5% 268070 -539 -0,2% Population 18-66 ans 794638 -5885 -0,7% 821701 -1381 -0,2% Population 67+ ans 141043 -652 -0,5% 222979 -505 -0,2% Ménages 552248 -2996 -0,5% 569136 -1068 -0,2% Région flamande Population totale 6637577 -17076 -0,3% 7477958 -12496 -0,2% Population 0-17 ans 1290042 -3765 -0,3% 1378373 -2783 -0,2% Population 18-66 ans 4131239 -9118 -0,2% 4238619 -7174 -0,2% Population 67+ ans 1216296 -4193 -0,3% 1860966 -2539 -0,1% Ménages 2847601 -5964 -0,2% 3356129 -5343 -0,2% Région wallonne Population totale 3650304 -8306 -0,2% 3909547 -4013 -0,1% Population 0-17 ans 748834 -1977 -0,3% 722460 -857 -0,1% Population 18-66 ans 2291465 -3884 -0,2% 2221222 -2277 -0,1% Population 67+ ans 610005 -2445 -0,4% 965865 -879 -0,1% Ménages 1597035 -2974 -0,2% 1825462 -1848 -0,1% Source : Perspectives démographiques 2019-2070 (mars 2020), BFP-Statbel et Perspectives démographiques 2019-2070 – mise à jour COVID-19, BFP-Statbel. 1
RAPPORT Synthèse des perspectives démographiques 2019-2070 – mise à jour dans le cadre de la COVID-19 2000 2019 2020 2030 2040 2050 2060 2070 Belgique Population (au 01/01) 10239085 11431406 11483365 11870950 12178517 12379759 12515725 12700255 Ménages (au 01/01) 4248740 4948398 4978833 5222365 5431127 5554027 5635562 5750727 Solde naturel 9980 8531 1519 11490 4940 -5682 -4602 2272 Naissances 114883 119859 121950 124147 127481 126026 126724 128114 Décès 104903 111328 120431 112657 122541 131708 131326 125842 Solde migratoire externe 13732 43428 15338 21932 20755 20081 19697 19327 Immigrations 89052 164853 77730 158057 154375 152237 151877 152194 Émigrations 75320 121425 62392 136125 133620 132156 132180 132867 Région de Bruxelles-Capitale Population (au 01/01) 959318 1208542 1214921 1238399 1266370 1288845 1302721 1312750 Ménages (au 01/01) 472534 551243 553529 559277 569332 571212 570269 569136 Solde naturel 3413 8134 7426 9254 9839 9139 8495 8547 Naissances 13626 17121 17276 17647 18528 18248 17936 18137 Décès 10213 8987 9850 8393 8689 9109 9441 9590 Solde migratoire interne -5861 -14878 -15176 -15670 -16268 -16701 -16660 -16928 Immigrations 21357 24409 24448 25170 25927 25948 26407 26859 Émigrations 27218 39287 39624 40840 42195 42649 43067 43787 Solde migratoire externe 6741 13123 5170 8583 9156 9270 9285 9237 Immigrations 27237 51048 24519 48933 47864 47102 46871 46909 Émigrations 20496 37925 19349 40350 38708 37832 37586 37672 Région flamande Population (au 01/01) 5940251 6589069 6622235 6884053 7090037 7235408 7336527 7477958 Ménages (au 01/01) 2395748 2815769 2834564 2987977 3122674 3210692 3269061 3356129 Solde naturel 4375 1400 -2652 2295 -623 -7244 -6164 -467 Naissances 61877 65284 66498 67984 70725 70556 71299 72714 Décès 57502 63884 69150 65689 71348 77800 77463 73181 Solde migratoire interne 2211 9981 10295 10998 11281 11458 11400 11479 Immigrations 20084 32221 32633 34159 35280 35876 36354 37006 Émigrations 17873 22240 22338 23161 23999 24418 24954 25527 Solde migratoire externe 5840 21785 7699 9035 7279 6505 6106 5825 Immigrations 36621 73692 34576 70497 68893 68103 68118 68455 Émigrations 30781 51907 26877 61462 61614 61598 62012 62630 Région wallonne Population (au 01/01) 3339516 3633795 3646209 3748498 3822110 3855506 3876477 3909547 Ménages (au 01/01) 1380458 1581386 1590740 1675112 1739121 1772123 1796232 1825462 Solde naturel 2192 -1003 -3255 -59 -4276 -7577 -6933 -5808 Naissances 39380 37454 38176 38516 38228 37222 37489 37263 Décès 37188 38457 41431 38575 42504 44799 44422 43071 Solde migratoire interne 3650 4897 4881 4672 4987 5243 5260 5449 Immigrations 20053 24431 24502 25036 25855 26160 26485 26954 Émigrations 16403 19534 19621 20364 20868 20917 21225 21505 Solde migratoire externe 1151 8520 2469 4314 4320 4306 4306 4265 Immigrations 25194 40113 18635 38627 37618 37032 36888 36830 Émigrations 24043 31593 16166 34313 33298 32726 32582 32565 Source : 2000 et 2019 : observations jusqu’au 01/01/2019, Registre national (RN), Statbel et calculs BFP. 2019-2070 : Perspectives démographiques 2019-2070 – mise à jour COVID-19, BFP-Statbel. 2
RAPPORT 1. Introduction Les perspectives démographiques 2019-2070 ont été publiées début mars 2020, juste avant l’arrivée des premiers signes de la présence de la COVID-19 sur le territoire belge. Au regard de l’évolution de l’épi- démie et des mesures prises par le Conseil National de Sécurité (CNS) concernant la gestion de la pro- pagation de la COVID-19, une mise à jour de ces perspectives semblait incontournable, à tout le moins pour l’année 2020. En effet, l’épidémie de COVID-19 touche déjà certaines composantes de la croissance démographique. On pense en premier lieu à la mortalité directe liée à la COVID-19. Ensuite, dans le cadre des mesures visant à limiter la propagation du virus, les mouvements migratoires internationaux sont quasiment à l’arrêt et resteront plus que probablement restreints dans les mois à venir. Les mesures de confinement limitent également les flux migratoires internes. Enfin, les conséquences socio-écono- miques de l’épidémie pourraient également influencer l’évolution de la fécondité dans les prochaines années. Il en va de même pour la mortalité indirecte. La croissance de la population à court terme sera donc impactée par l’épidémie de COVID-19. Certaines catégories d’âge seront plus touchées que d’autres, selon les composantes de la croissance démogra- phique. La mortalité va toucher davantage les personnes âgées tandis que la baisse de la migration internationale impactera plus la population d’âge actif. L’évolution par groupe d’âge est un des para- mètres pris en compte par le Bureau fédéral du Plan dans ses perspectives économiques de moyen terme publiées chaque année au mois de juin. L’impact de la COVID-19 sur la démographie peut par consé- quent influencer l’évolution de l’offre de travail à travers les migrations, et l’évolution des coûts et be- soins en soins de santé à travers la mortalité, et ce, en particulier, à court et moyen terme. D’où la néces- sité d’une révision exceptionnelle de la projection démographique en cours d’année. La phase de déconfinement a été entamée en Belgique le 4 mai, mais l’épidémie n’est pas encore termi- née. De nombreuses incertitudes planent encore, tant sur l’évolution de l’épidémie que sur les mesures qui seront (re)prises, supprimées ou prolongées par le Conseil national de Sécurité (CNS) d’ici la fin de l’épidémie. La révision des hypothèses démographiques dans le cadre de la COVID-19 se veut prudente et se base sur les données officielles publiées jusqu’au 5 mai 2020 : – La révision des hypothèses de mortalité et de migration internationale est réalisée grâce aux données rendues publiques par des organismes fédéraux (en particulier Statbel, Sciensano et l’Office des Etrangers) et est détaillée dans les deux sections suivantes. – À la date de clôture des hypothèses (5 mai 2020), aucune information n’était disponible pour évaluer l’impact de l’épidémie sur la fécondité et la migration interne. Les hypothèses relatives à ces deux composantes n’ont par conséquent pas été modifiées1. L’épidémie de COVID-19 n’influencera certes pas la fécondité en 2020, mais un impact - probablement à la baisse - pourrait être observé à partir de 2021. De la même manière, les flux migratoires internes sont rendus plus difficiles dans le cadre des mesures de confinement. La croissance démographique de certains arrondissements pourrait être davantage impactée par cette modification des flux. Cela dépendra également des mesures prises par le CNS dans la cadre de la gestion de la propagation de la COVID-19, et de leur durée. 1 Pour plus de détails sur les hypothèses : Perspectives démographiques 2019-2070, Population et Ménages, Bureau fédéral du Plan et Statbel, mars 2020. 3
RAPPORT Au moment de fixer les hypothèses, comme déjà mentionné, l’évolution de l’épidémie reste incertaine. L’éventualité d’une deuxième vague est souvent évoquée. Cette vague aurait des conséquences supplé- mentaires sur la mortalité, mais également sur les autres composantes de la croissance démographique. Cela dépendrait de son ampleur et des mesures prises par le CNS en la matière. Devant ces incertitudes, la mise à jour actuelle ne tient pas compte d’une éventuelle seconde vague en 2020, ni d’éventuelles vagues annuelles à partir de 2021. Les quelques éléments présentés ci-dessus mettent en avant le cadre de la révision des perspectives démographiques, son intérêt et ses limites. Signalons que la prochaine mise à jour des perspectives dé- mographiques qui sera publiée au premier trimestre 2021 pourra intégrer l’évolution des mouvements de population observés, du moins partiellement, pour l’année 2020, et ce pour les 4 composantes de la croissance démographique : mortalité, fécondité, migration internationale, et migration interne. 4
RAPPORT 2. Mise à jour de l’hypothèse de mortalité La mise à jour de cette hypothèse table sur une surmortalité de 9 000 décès en Belgique pour l’ensemble de l’année 2020, par rapport à la mortalité habituelle (111 000 décès projetés en 2020 avant l’apparition du virus). Cette hypothèse de surmortalité est construite à l’aide des évolutions journalières : – du nombre de décès relevé par Sciensano dans le cadre de la COVID-19 (ligne Décès - covid19 - obs. dans les graphiques ci-dessous) ; – du nombre de décès « toutes causes » attendus sur la base du Belgian Mortality Monitoring2 (ligne Décès - toutes causes - attendus dans les graphiques ci-dessous) ; les décès attendus correspondent à un niveau habituel de mortalité calculé sur la base des données historiques ; – du nombre de décès « toutes causes » observés tel que publiés par Statbel sur la base du Registre national (ligne Décès - toutes causes - obs. dans les graphiques ci-dessous). Graphique 1 Décès toutes causes et décès liés à la Graphique 2 Estimation des décès toutes causes et COVID-19 (observations) de la surmortalité 800 800 700 700 600 600 500 500 400 400 300 300 200 200 100 100 0 0 10/03/2020 20/03/2020 30/03/2020 09/04/2020 19/04/2020 29/04/2020 09/05/2020 10/03/2020 20/03/2020 30/03/2020 09/04/2020 19/04/2020 29/04/2020 09/05/2020 Surmortalité - est. Décès - covid19 - obs. Décès - covid19 - obs. Décès - toutes causes - obs Décès - toutes causes - obs Décès - toutes causes - attendus Décès - toutes causes - att. Décès - toutes causes - est. (BFP) Source : Statbel, Sciensacno, BFP Source : Statbel, Sciensacno, BFP À la lecture du graphique 1, on constate que l’augmentation progressive des décès « toutes causes » observés (les points bleus) au-delà des décès « toutes causes » attendus (ligne grise en pointillé) est simi- laire à l’évolution des décès liés à la COVID-19 observés (les points orange). Sur cette base, on peut en déduire que la surmortalité actuelle (décès « toutes causes » observés moins décès « toutes causes » attendus) est expliquée en majeure partie par les décès liés à la COVID-19. Une estimation du nombre de décès « toutes causes » (graphique 2, ligne bleue) a été effectuée en addi- tionnant les décès liés à la COVID-19 observés (points orange) et les décès « toutes causes » attendus (ligne 2 LEROY Mathias, DUPONT Yves, BRAEYE Toon, BOSSUYT Nathalie, BUSTOS SIERRA Natalia. Epistat, Belgian Mortality Monitoring (Be-MOMO), Sciensano, Brussels, Belgium, https://epistat.wiv-isp.be/momo/. 5
RAPPORT grise en pointillé). On suppose par conséquent que la surmortalité quotidienne jusqu’au début du mois de mai correspond à la différence entre les décès « toutes causes » attendus (ligne grise en pointillé) et les décès « toutes causes » estimés (ligne bleue). En supposant que la première vague de l’épidémie touche à sa fin, et que les mesures de distanciation sociale pour contenir l’épidémie continueront d’être appliquées par la population, la surmortalité totale peut être estimée autour de 9 000 décès supplémentaires en 2020 (sur un total de 120 000). Cette sur- mortalité est répartie par groupe d’âge et genre sur la base de la statistique de décès liés à la COVID-19 (source : Sciensano). Elle est ensuite répartie par arrondissement sur la base de la statistique des décès toutes causes observés durant les mois de mars et jusqu’à la mi-avril (source : Statbel). Cette hypothèse de surmortalité se base sur ce qui était observable et « mesurable » au début du mois de mai. Ceci implique que l’hypothèse ne tient pas compte : – D’une possible seconde vague de l’épidémie de COVID-19. Dans cette éventualité, on peut toutefois s’attendre à ce que l’impact sur la mortalité soit limité. En effet, tant les décideurs que la population seraient mieux préparés pour y faire face. Le suivi régulier de l’évolution de l’épidémie en Belgique devrait permettre aux décideurs d’agir anticipativement sur l’épidémie. Et les mesures de distancia- tion sociale seront davantage ancrées au sein de la population. – D’une éventuelle sous-mortalité dans les mois qui viennent en supposant qu’une partie des décès COVID-19 concerne des personnes (très) âgées qui auraient présenté une probabilité de mourir très élevée dans les mois (années) qui viennent. Cet « effet moisson » est souvent observé lors d’une épi- démie de grippe ou lors d’une vague de chaleur. À l’heure actuelle, il n’est pas encore possible de mesurer cet effet éventuel, et ce d’autant plus que les experts (épidémiologistes ou médecins) sem- blent de plus en plus affirmatifs quant au fait que la COVID-19 n’est pas comparable à la grippe saisonnière. – D’une éventuelle surmortalité liée au report des suivis médicaux dans le cadre des mesures de confine- ment, et de manière plus générale, à une augmentation des décès indirects liés à la COVID-19 et à ses conséquences socio-économiques. – D’une sous-mortalité pour certaines causes de décès suite aux mesures de confinement ou au ralentisse- ment de l’activité économique (accidents de la route, accidents de travail, amélioration de la qualité de l’air…). Soulignons que ces différents effets peuvent se compenser partiellement mais qu’il est impossible à l’heure actuelle (début mai) de les mesurer. 6
RAPPORT 3. Mise à jour de l’hypothèse de migration internationale Afin de réduire et ensuite de contrôler la propagation de la COVID-19, plusieurs décisions ont été prises pour diminuer les déplacements de population. Sur proposition de la Commission européenne, les chefs d'État et de gouvernement ont décidé de fermer temporairement les frontières extérieures aux ressor- tissants de pays hors de l’Union européenne effectuant des voyages non essentiels. Par ailleurs, le gou- vernement belge a décidé d’interdire tous les voyages non essentiels vers l’étranger3. Enfin, un nombre important de pays ont pris des mesures de confinement ou ont fermé leurs frontières. Ces mesures auront un impact à la baisse sur les flux migratoires. Par hypothèse, l’impact correspond à une baisse de 50 %, des flux migratoires (immigrations et émigrations) projetés pour 2020 dans le cadre perspectives démographiques 2019-2070 publiées en mars 2020. Cette hypothèse se base sur différents éléments : – Une fermeture partielle des frontières de la mi-mars à la fin de l’année 2020. – Les mouvements migratoires avec les pays de l’UE seraient impactés dans une moindre mesure que les mouvements migratoires avec les pays hors de l’UE (voir ci-dessous). – Une reprise progressive de l’activité administrative de certains organismes fédéraux (Office des étrangers, CGRA) traitant notamment les demandes de visa et les demandes d’asile. Soulignons que seuls les demandeurs d’asile qui obtiennent une décision positive apparaissent dans la statistique d’immigration, et ce au moment de l’enregistrement de la décision positive, et non au moment de l’enregistrement de la demande d’asile. Une partie de ces décisions positives concernerait des de- mandeurs d’asile arrivés sur le territoire belge avant l’épidémie de COVID-19. – Les restrictions au franchissement des frontières et à l’activité administrative liée à la statistique de la migration internationale auraient un impact similaire (en %) sur l’immigration et l’émigration. Au-delà de ces éléments, le niveau de la baisse (-50 %) est le résultat global d’hypothèses prises à un niveau plus détaillé. Premièrement, les statistiques officielles d’immigration et d’émigration regroupent deux composantes : a. Les mouvements migratoires réels : les immigrations et émigrations déclarées lorsqu’une personne ar- rive ou quitte la Belgique. Les mesures liées aux fermetures des frontières impactent en particulier les mouvements réels. b. Les actes administratifs : les changements de registre, les radiations d’office et les réinscriptions d’of- fice. Les actes administratifs seront davantage limités en raison des mesures de distanciation sociale qui rendent la procédure d’enregistrement des demandes d’asile et le traitement des dossiers plus com- plexes. Ces actes concernent davantage des décisions à prendre pour des personnes déjà présentes sur le territoire (notamment le statut des demandeurs d’asile). 3 À l’heure d’écrire ces lignes, cette interdiction est d’application jusqu’au 7 juin. 7
RAPPORT Deuxièmement, comme mentionné ci-dessus, l’hypothèse table sur une restriction des mouvements mi- gratoires plus importante pour les personnes avec une nationalité hors de l’Union-européenne. La baisse des flux migratoires (en %), par type de mouvements migratoires et selon la nationalité des individus est reprise dans le Tableau 1. En chiffre absolu, cette hypothèse se concrétise par des volumes d’immigrations de 78 000 personnes et d’émigration de 62 000 personnes en 2020 (contre respectivement 165 000 et 125 000 dans la projection publiée en mars 2020). Tableau 1 Perspectives COVID-19 : hypothèse de baisse des flux migratoires (%) en fonction des types de mouvements et de la nationalité des individus en 2020, par rapport aux Perspectives 2019-2070 de mars 2020 Types de mouvements Hors UE UE Immigrations/émigrations déclarées Mouvements réels -60% -40% Radiation/Réinscription Mouvements administratifs -50% -40% Changements de registre Mouvements administratifs -40% -40% Signalons que la présente mise à jour ne table pas sur un effet de récupération en 2021. Les demandes d’asile, actuellement en forte baisse, pourraient connaitre un effet de rattrapage après l’épidémie (lors de la réouverture des frontières). Par ailleurs, une grande partie des immigrations déclarées en prove- nance des pays de l’UE concernent des migrations dans le cadre professionnel. Ces migrations sont également freinées par la baisse de l’activité économique. Elle pourrait reprendre davantage en fonction de l’ampleur de la reprise économique (et de son moment). Ces éléments ne peuvent pas être pris en compte à l’heure actuelle (début mai). 8
RAPPORT 4. Résultats principaux Cette section met en évidence l’impact de la mise à jour des hypothèses de la mortalité et de la migration internationale sur la croissance démographique de la Belgique à moyen terme. L’impact à long terme (2070) pour la Belgique et les 3 régions est résumé dans les tableaux repris dans la synthèse de ce rapport. Les données détaillées de la projection sont disponibles sur les sites web du Bureau fédéral du Plan (www.plan.be) et de Statbel (http://statbel.fgov.be). Les fichiers de données relatifs à la mise à jour rem- placent les fichiers de données mis en ligne en mars 2020. Le graphique 3 compare la croissance annuelle de la population en Belgique incluant la mise à jour des hypothèses dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 (légende : covid19) avec celle projetée dans le cadre des perspectives démographique publiées en mars 2020 (légende : dp19). En 2020, la croissance annuelle de la population dans la projection covid19 est de 17 000 individus, contre 50 000 individus dans la projection dp19 (soit une diminution de près de 70 %). Graphique 3 Perspectives démographiques - mise à jour COVID-19 - comparaison avec les perspectives de mars 2020 (dp19) 120000 Accroissement de population - Belgique 100000 80000 60000 40000 20000 0 1991 1996 2001 2006 2011 2016 2021 2026 Accroissement population (obs. et dp19) Accroissement population (covid19) 200000 200000 Solde naturel - décès et naissances Migration internationale Solde, immigrations et émigrations 150000 150000 100000 100000 50000 50000 0 0 1991 1996 2001 2006 2011 2016 2021 2026 1991 1996 2001 2006 2011 2016 2021 2026 Solde naturel (obs et dp19) Solde (obs et dp19) Solde naturel (covid19) Solde (covid19) Naissances (obs et dp19) Immigration (obs et dp19) Naissances covid19 Immigration (covid19) Décès (obs et dp19) Emigration (obs et dp19) Décès covid19 Emigration (covid19) Source : 2000 et 2019 : observations jusqu’au 01/01/2019, Registre national (RN), Statbel et calculs BFP. 2019-2070 : Perspectives démographiques 2019-2070 – mise à jour COVID-19, BFP-Statbel. 9
RAPPORT Cette diminution s’explique par les réductions du solde naturel et du solde migratoire international. Le solde naturel (naissances moins décès) passe de 10 500 dans la projection dp19 à 1 500 dans la projection covid19, suite à l’augmentation du nombre de décès en 2020. Le solde migratoire international (immi- gration moins émigration), en raison de la contraction des flux d’immigrations et d’émigrations, passe de 39 500 migrations nettes dans la projection dp19 à 15 500 migrations nettes dans la projection covid19. La baisse du solde migratoire explique 70 % de la réduction de la croissance démographique en 2020. Soulignons que la croissance démographique sur la période 2021-2026 est légèrement supérieure dans la projection covid19. Ceci s’explique par la surmortalité en 2020 qui génère une légère baisse des décès dans les années qui suivent. En effet, les individus décédés en 2020 ne font plus partie de la population qui risquait de mourir dans les années qui suivent. Comme mentionné dans l’introduction, la mise à jour des hypothèses relatives à la mortalité et à la migration internationale n’influence pas les mêmes groupes d’âge. La mortalité influence davantage les personnes plus âgées, alors que la migration internationale touche en particulier la population d’âge d’actif. Ces éléments sont illustrés par les deux figures reprises dans le graphique 4 : – La première figure reprend le nombre de décès par âge et genre pour les projections covid19 et dp19. La mise à jour dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 génère une augmentation des décès en 2020, en particulier pour les hommes de plus de 80 ans. – La seconde figure reprend le nombre d’immigrations et d’émigrations par âge. La révision à la baisse des flux migratoires dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 impacte davantage la population entre 20 et 40 ans. Graphique 4 Décès et migrations internationales par âge - Belgique - 2020 Effectifs par âge Décès Migration internationale 120 120 Immigration Emigration 100 100 80 80 60 60 40 40 20 20 0 0 8000 6000 4000 2000 0 2000 4000 6000 8000 8000 6000 4000 2000 0 2000 4000 6000 8000 dp19 Covid19 dp19 Covid19 Source : 2000 et 2019 : observations jusqu’au 01/01/2019, Registre national (RN), Statbel et calculs BFP. 2019-2070 : Perspectives démographiques 2019-2070 – mise à jour COVID-19, BFP-Statbel. 10
RAPPORT L’impact de la surmortalité introduite dans la pro- Graphique 5 Espérance de vie à la naissance - Belgique jection covid19 sur l’espérance de vie à la naissance ans 86 est mis en évidence dans le graphique 5. Suite à 84 l’introduction d’une surmortalité en 2020 dans la 82 projection covid19, l’espérance de vie est de 79,0 80 ans pour les hommes (contre 79,7 dans la projec- 78 tion dp19) et de 83,6 ans pour les femmes (contre 76 84,2 dans la projection dp19). L’épidémie de 74 COVID-19 va donc se traduire par une baisse de 72 l’espérance de vie en 2020. L’espérance de vie est 70 1991 1996 2001 2006 2011 2016 2021 2026 calculée dans ce cas-ci selon les conditions du mo- Hommes (obs et dp19) Hommes (covid19) ment (espérance de vie transversale). Dès 2021, Femmes (obs. et dp19) Femmes (covid19) l’évolution de l’espérance vie reprend un rythme Source : 2000 et 2019 : observations jusqu’au 01/01/2019, Registre national (RN), Statbel et calculs BFP. de croissance similaire à la projection dp19. 2019-2070 : Perspectives démographiques 2019-2070 – mise à jour COVID-19, BFP-Statbel. Pour conclure, soulignons que les résultats présentés dans cette section se basent sur des hypothèses prises dans un contexte incertain où l’épidémie de COVID-19 n’est pas encore terminée. De plus, les inquiétudes qui planent autour des hypothèses prises dans le cadre de cette mise à jour ne doivent pas mettre de côté les incertitudes de l’ensemble des hypothèses prises dans le cadre d’une projection dé- mographique. Les résultats doivent, comme toujours, être utilisés avec prudence, sans les considérer comme une prévision. 11
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