Population et emploi : des évolutions contrastées de part et d'autre des frontières - Epsilon (Insee)
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Population et emploi : des évolutions contrastées de part et d’autre des frontières Entre 2013 et 2019, la population évolue de façon très contrastée dans les territoires étrangers situés aux abords des frontières françaises : elle augmente sensiblement au Luxembourg et en Suisse, beaucoup moins en Italie et en Espagne. En Belgique et en Allemagne, les évolutions sont proches de celles de la France. Entre 2013 et 2018, du côté étranger, la croissance démographique est surtout liée à l’arrivée de nouveaux résidents. Côté français, le solde naturel est toujours positif, appuyé par un excédent migratoire apparent à proximité de la Suisse, l’Espagne et l’Italie, et freiné par un déficit migratoire le long des frontières allemande, luxembourgeoise et belge. La plupart des territoires frontaliers étrangers bénéficient d’une dynamique positive à la fois de l’emploi et de la population entre 2011 et 2016. C’est aussi le cas pour une majorité de départements frontaliers français, malgré des dynamiques d’emploi souvent moins favorables que côté étranger, notamment aux abords des frontières belge et luxembourgeoise. En 2016, 75 % des personnes en emploi travaillent dans le secteur tertiaire dans les zones frontalières françaises et étrangères. L’industrie représente en moyenne 15 % des emplois, la construction 6 % et l’agriculture 2 %. Insee Focus No 202 - septembre 2020 Une évolution de la population très contrastée dans les territoires situés près des frontières françaises Entre 2013 et 2019, la population évolue de façon très différenciée dans les territoires situés près des frontières de la France métropolitaine (figure 1).
Zones frontalières Carte des espaces frontaliers Allemagne Belgique Espagne-Andorre France Italie-Monaco Luxembourg Suisse base 100 en 2013 120 115 110 105 100 95 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Note : données au 1er janvier. Ruptures de série pour le Luxembourg au 01/01/2017 et pour la Belgique au 01/01/2014. Lecture : entre 2013 et 2019, la population progresse de 14,3 % au Luxembourg et de 6,6 % dans les territoires frontaliers suisses. Champ : nomenclature statistique commune des unités territoriales (Nuts - niveau 3) situées de part et d’autre des frontières de la France métropolitaine. Pour la France, il s’agit de tous les territoires frontaliers confondus.
Champ : nomenclature statistique commune des unités territoriales (Nuts - niveau 3) situées de part et d’autre des frontières de la France métropolitaine. Avec une croissance démographique de 2,3 % par an, le Luxembourg se démarque très nettement de l’ensemble des territoires frontaliers de la France métropolitaine. Côté suisse, la hausse du nombre d’habitants est aussi très élevée dans les régions frontalières (+ 1,1 % par an), en particulier dans les cantons de Vaud, du Valais et de Genève. Cette évolution est légèrement supérieure à l’évolution dans l’ensemble du pays (+ 1,0 %). Dans les principautés d’Andorre et de Monaco, elle est là aussi largement positive (respectivement + 1,5 % et + 1,0 %). Les arrondissements frontaliers allemands et belges enregistrent des gains de population plus modérés (+ 0,5 % et + 0,3 % par an, contre respectivement + 0,5 % et + 0,5 % pour l’ensemble des populations en Allemagne et en Belgique). Si la croissance démographique est relativement homogène en Belgique, en Allemagne, le taux d’évolution varie de – 0,3 % à + 1,1 % par an selon les arrondissements frontaliers. Dans les provinces frontalières italiennes, la croissance démographique reste stable par rapport à 2013 (+ 0,0 % par an), malgré une baisse régulière du nombre d’habitants depuis 2015, notamment dans la vallée d’Aoste. En Espagne, une légère hausse se dessine à partir de 2016 dans les provinces frontalières où le nombre d’habitants était stable jusque-là. En Espagne comme en Italie, la dynamique démographique nationale est au demeurant assez faible, respectivement + 0,1 % et + 0,2 % par an. Côté français, la population augmente modérément dans les départements frontaliers (+ 0,2 % par an contre + 0,3 % pour la France métropolitaine), mais les évolutions sont très disparates selon les frontières. Le nombre d’habitants diminue dans les départements situés près des frontières belge et allemande, en particulier dans les Ardennes et la Meuse (– 0,8 % et – 0,7 % par an). À l’inverse, il s’accroît près de la frontière suisse, notamment en Haute-Savoie et dans l'Ain (+ 1,1 % et + 0,9 %). Des moteurs démographiques variables de part et d’autre des frontières Entre 2013 et 2018, la croissance démographique dans les territoires frontaliers étrangers est principalement liée à des arrivées de nouveaux résidents supérieures aux départs (figure 2), tandis que côté français, l’excédent naturel de population est systématiquement positif, soutenu par l’arrivée nette d’habitants à proximité de l’Espagne, l’Italie et la Suisse, mais freiné par un déficit migratoire apparent le long des frontières allemande, luxembourgeoise et belge.
Solde naturel Solde migratoire apparent France – frontière suisse Suisse – frontière française France – frontière luxembourgeoise Luxembourg France – frontière italienne Italie-Monaco – frontière française France – frontière espagnole Espagne-Andorre – frontière française France – frontière belge Belgique – frontière française France – frontière allemande Allemagne – frontière française -0,5 0 0,5 1 1,5 2 en % Note : ruptures de série pour le Luxembourg au 01/01/2017 et pour la Belgique au 01/01/2014. Lecture : entre 2013 et 2018, dans les arrondissements frontaliers allemands, la population augmente de 0,7 % par an sous l’effet du solde migratoire apparent, tandis qu’elle baisse de 0,1 % sous l’effet du solde naturel. Au total, elle augmente de 0,6 %. Champ : nomenclature statistique commune des unités territoriales (Nuts - niveau 3) situées de part et d’autre des frontières de la France métropolitaine. Dans la majorité des zones frontalières étrangères, la population est globalement vieillissante, surtout en Italie et en Allemagne. En Italie, près d’un quart des habitants qui vivent dans les arrondissements situés à proximité de la frontière française sont âgés de 65 ans ou plus. Dans les parties frontalières de l'Espagne et de la Belgique, le vieillissement est également important. À l’exception d’Andorre, les territoires frontaliers étrangers situés au sud de la France pâtissent, eux aussi, d’un vieillissement de leur population. Côté français, si la population vieillit dans certains départements frontaliers, elle est plutôt jeune à proximité de la frontière belge, dans le département du Nord, ainsi que dans l’Ain et en Haute- Savoie, près de la frontière suisse. Certains territoires frontaliers possèdent des dynamiques démographiques plus proches de part et d’autre de la frontière. C’est le cas des régions frontalières suisses et françaises. Dans ces régions, le solde naturel (+ 0,3 % par an dans les deux cas) et le solde migratoire apparent (respectivement + 0,9 % et + 0,2 %) sont tous deux positifs et contribuent ainsi à l’augmentation de la population. À l’inverse, dans d’autres territoires situés près des frontières, les évolutions démographiques sont en partie, voire totalement, opposées. Dans les arrondissements allemands et belges situés près de la frontière française, le solde naturel est négatif (tous deux à – 0,1 % par an) et le solde migratoire apparent positif (+ 0,7 % et + 0,4 %), alors que la tendance est inverse côté français. Dans les autres territoires étrangers, le sens de l’évolution du solde naturel (Luxembourg) ou du solde migratoire apparent (Espagne, Italie) est identique des deux côtés de la frontière. Au niveau national, les dynamiques démographiques sont également similaires entre la France, la Suisse et la Belgique. Dans ces pays, le solde naturel (respectivement + 0,3 %, + 0,3 % et + 0,1 % par an) et le solde migratoire apparent (+ 0,1 %, + 0,8 % et + 0,4 %) sont tous deux positifs. Ce n’est pas le cas pour l’Allemagne et l’Italie où le solde naturel est négatif (tous deux à – 0,2 % par an) et le solde migratoire apparent positif (respectivement + 0,7 % et + 0,5 %). Les dynamiques d’emploi sont plus souvent défavorables du côté français Entre 2011 et 2016, la plupart des territoires frontaliers étrangers bénéficient d’une dynamique positive à la fois de l’emploi et de la population (figure 3). Au Luxembourg, le dynamisme de la population (+ 2,4 % par an) se conjugue à une forte hausse de l’emploi (+ 2,5 % par an). C’est aussi le cas dans les cantons suisses de Vaud et de Genève où la croissance de l’emploi est supérieure à 1 % (respectivement + 1,4 % et + 1,1 %), ainsi que dans certains arrondissements allemands tels que Landau (+ 1,9 %) ou Fribourg-en-Brisgau (+ 1,7 %). En Belgique, tous les arrondissements frontaliers conjuguent croissance résidentielle et croissance de l’emploi.
Population Emploi France – frontière suisse Suisse – frontière française France – frontière luxembourgeoise Luxembourg France – frontière italienne Italie-Monaco – frontière française France – frontière espagnole Espagne-Andorre – frontière française France – frontière belge Belgique – frontière française France – frontière allemande Allemagne – frontière française -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 en % Note : pour Monaco, seul l’emploi salarié est pris en compte. Concernant la population, il existe des ruptures de série pour l’Allemagne au 01/01/2011 et pour la Belgique au 01/01/2012 et au 01/01/2014. Lecture : avec une hausse annuelle de la population de 1,2 % et de l’emploi de 1,0 % entre 2011 et 2016, les territoires frontaliers suisses cumulent croissance de la population et hausse de l’emploi. Champ : nomenclature statistique commune des unités territoriales (Nuts - niveau 3) situées de part et d’autre des frontières de la France métropolitaine. En Italie, si la population augmente dans la plupart des provinces frontalières, l’emploi baisse (de – 0,2 % par an pour Turin à – 0,7 % pour Imperia). À Monaco, la population et l'emploi augmentent. Dans les provinces frontalières espagnoles, la tendance est à la déprise démographique et à la baisse de l'emploi, à l'exception des provinces de Guipuscoa et de Navarre. La principauté d'Andorre bénéficie d'une dynamique positive de l'emploi et de la population. La population et l’emploi sont en hausse dans la plupart des départements français situés aux abords des frontières italienne, suisse et espagnole. C’est le cas de la Haute-Savoie où le taux de croissance de l’emploi est de 0,8 %. La situation est nettement moins favorable dans les Ardennes, l’Aisne et la Meuse, ainsi que dans certaines zones montagneuses telles que le Jura et les Hautes-Pyrénées. L’emploi tertiaire prédomine dans les zones frontalières françaises et étrangères En 2016, dans les zones frontalières françaises et étrangères, les trois quarts des personnes en emploi travaillent dans le secteur tertiaire (figure 4). Allemagne – frontière française 1,4 23,1 5,4 70,1 France – frontière allemande 1,5 16,5 6,1 75,9 Belgique – frontière française 2,2 13,7 7,0 77,1 France – frontière belge 1,9 13,3 5,4 79,4 Espagne-Andorre – frontière française 4,3 18,7 5,6 71,4 France – frontière espagnole 2,3 12,0 6,6 79,1 Italie-Monaco – frontière française 2,3 19,4 6,1 72,2 France – frontière italienne 1,4 10,6 7,2 80,8 Luxembourg 0,9 8,7 10,2 80,2 France – frontière luxembourgeoise 1,5 13,5 5,8 79,2 Suisse – frontière française 2,3 13,1 6,3 78,3 France – frontière suisse 2,1 18,9 6,7 72,3 Lecture : en 2016, dans les cantons frontaliers suisses, 78,3 % des personnes en emploi travaillent dans le secteur tertiaire, 13,1 % dans l’industrie, 6,3 % dans la construction et 2,3 % dans l’agriculture. Champ : nomenclature statistique commune des unités territoriales (Nuts - niveau 3) situées de part et d’autre des frontières de la France métropolitaine.
L’industrie représente en moyenne 15 % des emplois dans les territoires frontaliers français et étrangers. Toutefois, dans certains arrondissements frontaliers allemands situés dans le Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat, ce secteur concerne près de 40 % des emplois. Dans les cantons suisses du Jura et de Neuchâtel, il représente respectivement 31 % et 27 % des emplois. Hormis dans l’arrondissement de Neufchâteau en Belgique et au Luxembourg, où il représente respectivement 14 % et 10 % des emplois, le secteur de la construction pèse moins dans l’ensemble des territoires frontaliers (6 % en moyenne). L’emploi agricole pèse peu dans la grande majorité des zones frontalières (2 % en moyenne), à l’exception de la province frontalière espagnole de Huesca où l’agriculture représente 15 % des emplois. Les données utilisées sont issues, pour la France, du recensement de la population, des estimations de population (données 2018 et 2019) et des estimations annuelles d’emploi. Pour les autres pays, les données sont celles diffusées par Eurostat , ainsi que par les offices statistiques nationaux suisse, monégasque et andorran. Les résultats présentés ici ne concernent que les Nuts 3 situés de part et d’autre des frontières terrestres françaises. Pour certaines figures, les départements français ont été regroupés par frontière, en fonction du pays étranger le plus proche. Si le département est situé à égale proximité de plusieurs pays étrangers (c’est le cas de la Moselle, de la Meurthe-et-Moselle et de la Haute-Savoie), il est rattaché à chacun des pays avec lequel il partage une frontière. Nomenclature statistique commune des unités territoriales (Nuts) : découpage territorial de l’Espace économique européen. Chaque État est subdivisé en unités territoriales de niveau Nuts 1, chacune de celles-ci étant scindée en unités territoriales de niveau 2, elles-mêmes partagées en unités territoriales de niveau 3. Ces niveaux sont définis en fonction de seuils de population et correspondent généralement à des unités administratives existantes ou à des regroupements de ces unités. Solde migratoire apparent : le solde apparent des entrées sorties approche la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties, au cours de la période considérée. Il est obtenu par différence entre la variation totale de la population au cours de la période considérée et le solde naturel. Solde naturel : le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d'une période. On parle d'accroissement naturel ou d'excédent naturel lorsque le nombre de naissances est supérieur à celui des décès. Des tableaux complémentaires sont disponibles dans le fichier « Données » joint à cette publication. Debouzy I., Simon A., « Le travail frontalier en forte croissance : 115 000 habitants de la région employés en Suisse », Auvergne- Rhône-Alpes n° 101, juillet 2020. Charton C., Ville H., « La bande frontalière : un territoire lié à l’économie suisse », Bourgogne-Franche-Comté n° 70, juin 2020. Mironova E., Villaume S., « Forte croissance du nombre de travailleurs frontaliers vers la Suisse et le Luxembourg », n° 1755, juin 2019. Mironova E., Villaume S., « Des moteurs de la croissance démographique différents de part et d’autres des frontières », n° 1735, janvier 2019. Institut national de la statistique et des études économiques 88 avenue Verdier, 92541 Montrouge Cedex Directeur de la publication : Jean-Luc Tavernier
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