ACCÉLÉRER LA RÉPONSE VIH EN AFRIQUE OCCIDENTALE ET CENTRALE (AOC): UNE VOLONTÉ POLITIQUE FORTEMENT COMPROMISE - CONFÉRENCE AFRAVIH, AVRIL 2018 ...
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Accélérer la réponse VIH en Afrique occidentale et centrale (AOC): une volonté politique fortement compromise Conférence AFRAVIH, avril 2018, Bordeaux
© N’gadi Ikram/MSF couverture géographique et l’amélioration de la rétention dans les soins restent compromises. Accélérer la réponse VIH en Afrique occidentale et centrale (AOC): Le manque d’informations sur le VIH dans une volonté politique fortement la région et la forte stigmatisation des compromise PVVIH sont également un blocage majeur à l’accélération de la réponse et au maintien des En 2016, la couverture en TAR en Afrique PVVIH sous traitement. De plus, la réticence occidentale et centrale (AOC) était estimée à des gouvernements et des partenaires 35%, comparée aux 60% de l’Afrique orientale et internationaux de mise en œuvre à impliquer australe (AOA), laissant 4 million de personnes les organisations de la société civile (OSC) et les vivant avec le VIH (PVVIH) sans traitement1. Dans communautés dans la prestation de services, le la région, seulement 13% des personnes sous dépistage et le soutien à l’adhérence, ainsi que TAR ont reçu un test de mesure de la charge dans des activités de surveillance de l’accès aux virale2. Toujours en 2016, 25% des PVVIH avaient services est un autre frein à la mise à l’échelle. une charge virale supprimée contre 50% en Trois autres barrières clés, particulièrement l’Afrique orientale et australe. préoccupantes, risquent de compromettre Afin d’augmenter de manière significative la fortement la volonté politique d’accélérer la couverture en TAR et d’améliorer la qualité de réponse au VIH et sont présentées plus en détail la prise en charge des personnes vivant avec le dans ce document : la faiblesse de la chaine VIH (PVVIH), un plan d’accélération pour la région d’approvisionnement, les barrières financières comportant 8 plans nationaux a été lancé au aux soins rencontrées par les patients et cours du sommet de l’Union Africaine en juillet le manque de financements pour assurer 2017, sous le lead d’ONUSIDA3. L’objectif de ce l’accélération d’ici 2020. plan d’accélération est de tripler le taux de mise sous TAR d’ici 3 ans4. Cependant, malgré une volonté politique affirmée, la mise en place de ce 1. Le fonctionnement de la chaine plan et l’atteinte de cet objectif sont confrontés à d’approvisionnement pour assurer d’importantes barrières. la livraison des intrants jusqu’aux structures de santé est une des Parmi ces barrières, des blocages d’ordre principales barrières à résoudre politique et réglementaire empêchent l’intégration des services de prise en charge En AOC, l’inefficacité des chaînes de la tuberculose et du VIH, cruciale pour d’approvisionnement constitue un obstacle réduire le taux de mortalité des PVVIH ainsi majeur à l’accès aux soins pour les PVVIH. que l’application de la délégation des tâches Agissant au niveau des structures de transférées aux infirmiers et aux agents non santé, MSF est régulièrement témoin de professionnels pour décentraliser les services dysfonctionnements des chaines de distribution de dépistage et de prise en charge du VIH. d’intrants médicaux jusqu’aux structures de Sans cette décentralisation, l’accélération santé ou dans la communauté, provoquant des initiations au TAR, l’augmentation de la des ruptures de stock et des pénuries. Les 1 UNAIDS, Report Ending Aids, progress toward the 90 90 90, July 2017, page 115 2 Idem, page 114 3 8 priority countries: Nigeria, Cameroun, Côte d’Ivoire, DRC, Guinea, Liberia, Sierra Leone, CAR 4 ONUSIDA, Plan de rattrapage de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Accélérer le traitement du VIH d’ici à 2018, juillet 2017, page 4 3
systèmes d’approvisionnement souffrent que la Sierra Léone connaissait une rupture de souvent d’un manque d’infrastructures de base traitements ARV de deuxième ligne et également et de visibilité sur les stocks, et en l’état actuel de traitements ARV pédiatriques8. ne sont ni flexibles, ni suffisamment réactifs Les pénuries et les ruptures d’intrants au niveau pour répondre aux besoins réels des patients des structures de santé constituent un vrai de recevoir leur traitement sans discontinuité. goulot d’étranglement pour l’accès des patients Différentes raisons peuvent l’expliquer : une au traitement et la rétention dans les soins. Ne estimation inadéquate des besoins, le faible pas être en mesure d’accéder aux ARV peut suivi des niveaux d’approvisionnement au niveau entraîner une résistance virale et avoir un impact central, périphérique et des structures de santé, négatif sur les taux de survie de la personne. un manque de réactivité pour répondre aux tensions et ruptures de stocks et des systèmes La mise en oeuvre d’une chaîne logistiques incapables de livrer des médicaments d’approvisionnement efficace et efficiente au niveau des patients. demande d’éviter d’atteindre de faibles niveaux des stocks et des ruptures de stock de TAR et En 2016, à Kinshasa, en RDC, une étude conduite autres produits. Cela nécessite une surveillance par MSF, le Ministère de la Santé et deux efficace et un système d’intervention rapide organisations de la société civile a montré que lorsque des difficultés surgissent. Une attention 50% des structures visitées étaient en rupture et un intérêt particuliers doivent être consacrés d’au moins un TAR, 45% d’au moins un ARV aux chaînes d’approvisionnement des pays pédiatrique et 38% d’au moins un ARV pour de l’AOC pour assurer un approvisionnement adulte durant les 3 mois précédent la visite5. Pour continu des ARV de qualité jusqu’au centre de 70% des structures de santé visitées, la durée santé et permettre aux patients stables de moyenne de rupture en ARV était de deux mois recevoir leur traitement pendant une période de trois à six mois. et dans un tiers des cas, les patients quittaient la structure sans traitement. Un patient sur deux Au niveau national, il est essentiel de mettre sous deuxième ligne suivis dans les structures en oeuvre : de santé visitées a été affecté par une rupture d’ARV. Cette étude a montré également que - Un système de suivi et d’évaluation basé sur des indicateurs qui prennent en 13% des structures de santé avaient connu une compte les faibles niveaux de stock et les rupture de tests VIH pendant les trois derniers ruptures dans les centres de santé et la mois. Or, tous ces produits étaient disponibles au communauté ; niveau central ou régional et dans 44% des cas, - Un budget prévisionnel solide et détaillé disponibles dans la zone sanitaire.6 pour tous les intrants, incluant les D’autres acteurs ont également rapporté des frais de fonctionnement nécessaires ruptures de stock dans la région. En République pour assurer la livraison de tous les du Congo, des ruptures de stock ont été produits jusqu’au niveau des points de distribution ; documentées régulièrement depuis 20117. En juin 2017, des ruptures de traitements ARV - Un système d’alerte et de réponse pédiatriques étaient rapportés au Libéria alors d’urgence pour contrer ou limiter les 5 MSF, PNLS, RNOAC, UCOP +, PNAM, État des lieux de la disponibilité des intrants essentiels pour la lutte contre le sida (State of play regarding the availability of essential inputs against AIDS), Kinshasa, 2017. This study covers 73% of PLHIVs on ART in Kinshasa, 94 health units, 33 heath area central offices and 2 warehouses. 6 MSF, idem, page 9 7 http://www.lasemaineafricaine.net/index.php/national/14477-lutte-contre-le-sida-le-congo-appele-a-en-finir-avec-le-phenomene- de-rupture-de-stocks-d-a-r-v 8 WHO and UNAIDS, Réunion JURTA sur la situation des stocks dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du centre, en rupture et en pré-rupture, 23 juin 2017 4
risques de ruptures de stock dans les 2. Les barrières financières à l’accès aux établissements de santé ; soins VIH sont un défi majeur en AOC qui doit être traité en urgence - Des investissements continus dans un système de surveillance indépendant Les PVVIH font face à d’importantes barrières pour assurer un contrôle de qualité financières à l’accès aux soins VIH dans le au sein de la société civile, tel que les secteur public. Alors que les tests VIH et les « Observatoires communautaires » mis ARVs sont habituellement gratuits selon la en place dans plusieurs pays de la région loi dans les pays de la région, des paiements (Niger, Guinée, Burkina Faso, Cameroun, directs importants sont toujours demandés RDC et RCA) ; aux patients pour les médicaments contre les infections opportunistes (IO), les honoraires de - Un plan clair de préparation des urgences consultation, les tests de laboratoire (évaluation (plan de contingence) pour assurer la pré thérapeutique, mesure de la charge virale) et continuité des TAR lors de crises ; les frais d’hospitalisation. - Un budget flexible, avec la possibilité En 2016, MSF a mené une étude qualitative au d’inclure des financements de stocks Centre hospitalier de Kabinda à Kinshasa, en régulateurs et la mobilisation rapide des RDC, auprès des patients qui arrivent au un fonds pendant les périodes de pression stade avancé de la maladie, des accompagnants (liées à un changement de molécule ou de et du personnel de santé, pour comprendre les durée de prescription pour les patients). facteurs qui expliquent le retard dans la prise Des stocks tampons à différents en charge de certains PVVIH, et qui influencent niveaux peuvent aider à répondre à l’observance au traitement. Les frais des soins des fluctuations de la demande ou à et des médicaments étaient la principale raison des retards dans l’approvisionnement. donnée par les personnes interrogées9. Il existe de multiples exemples dans la région et Aux niveaux régional et international : qu’ils s’agissent de frais formels ou informels, - Renforcer le système d’alerte et de ces barrières financières empêchent la continuité réponse immédiate existant aux niveaux et l’observance au traitement des PVVIH dont l’ régional et international afin d’éviter les état de santé peut se détériorer rapidement une ruptures de stock ; fois le traitement ARV interrompu. En particulier, les patients au stade avancé de la maladie ne - Renforcer la plateforme de coordination peuvent pas accéder aux soins spécialisés dont régionale et internationale et partager les expériences réussies de gestion de ils ont besoin : dans les hôpitaux de Kinshasa, chaîne d’approvisionnement ; le coût moyen d’hospitalisation pour une PVVIH peut s’élever entre 160 et 280 USD10, ce qui est - Intensifier les efforts pour accroître la inabordable pour la plupart des patients et les flexibilité et la réactivité des systèmes pousse davantage dans la pauvreté. d’approvisionnement, y compris ceux financés par les bailleurs de fonds, en DDans certains pays de la région d’AOC, les les rendant moins complexes sur le plan patients sont considérés comme une source administratif et plus efficaces. de revenus pour les établissements de santé et 9 MSF, “Even if she’s really sick at home, she will pretend that everything is fine”. Why do people living with HIV in Kinshasa, DRC, delay seeking healthcare and treatment? May 2017, page 11 10 MSF, AEDES, Quentin Baglione, Etude de coûts : hospitalisation des PVVIH à Kinshasa, RDC, avril 2017, page 7 5
leur personnel, dont les salaires sont très peu des soignants vis-à-vis des PVVIH ne payant pas élevés. « Ils fonctionnent comme des boutiques, et renforcerait les PVVIH dans leurs capacités à » dit un clinicien sur les établissements de réclamer un droit aux soins gratuits. santé à Kinshasa11. Le personnel de santé peut Les médicaments pour traiter les infections être réticent à fournir des soins aux PVVIH, ces opportunistes (IOs) devraient également être soins étant normalement donnés gratuitement. gratuits mais ils sont souvent en quantité Lorsque les paiements des services contribuent insuffisante dans les approvisionnements au financement des revenus du personnel subventionnés. Des financements spécifiques soignant, ce dernier peut être résistant à mettre en place de meilleures pratiques visant à réduire devraient être alloués pour couvrir les coûts les consultations inutiles et la fréquence des aussi bien ambulatoires et hospitaliers réapprovisionnements des malades en TAR. Le des patients au stade avancé du VIH, personnel peut également être réticent à faciliter comprenant le diagnostic, le traitement, les le suivi des patients et le réapprovisionnement en soins et tout autre frais d’hospitalisation. traitement en dehors des structures de santé (au sein de la communauté par ou dans les groupes 3. Il faut assurer des ressources financières de pairs, par exemple), parce que ces pratiques suffisantes, un soutien international sont perçues comme une perte de revenus pour continu, tout en encourageant les les centres de santé et leurs personnels. engagements nationaux Afin d’améliorer l’accès à l’initiation ARV, la Etant donné la volonté exprimée par plusieurs rétention et la qualité des soins, il est urgent pays de l’AOC de tripler les taux d’initiation de mettre en oeuvre une politique de gratuité de traitement d’ici à 2020, il est nécessaire stricte de tous les éléments de la prise en d’assurer un financement suffisant pour prendre charge du VIH et la tuberculose pour les en charge cette accélération et appuyer la mise PVVIH. en place des stratégies nécessaires identifiées Les frais liés aux soins pour les PVVIH devraient dans les plans d’accélération. être supprimés, afin de rapidement se conformer Pour beaucoup de pays dans la région, il sera à la recommandation de « traiter tout le monde » toutefois impossible de compter uniquement avant que les gens ne tombent malades et afin de sur les financements nationaux pour la mise à maintenir les patients sous traitement en bonne l’échelle du traitement. santé pour toute leur vie. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre en priorité une subvention Dans son rapport de juillet 2017 sur les progrès ciblée afin non seulement de remplacer les vers les objectifs 90-90-90, l’ONUSIDA a fait paiements des patients mais aussi de motiver état de « déficit de financement substantiel » en le personnel de santé à appliquer la gratuité Afrique de l’Ouest et centrale (voir figure 1). Alors stricte des soins VIH. Une solution pourrait que les ressources ont augmenté dans la région, être l’utilisation de bons, afin d’assurer des y compris les ressources domestiques, elles traitements et des services aux patients sans sont encore loin de ce qui est nécessaire pour frais. Cette méthode empêcherait le désintérêt atteindre les objectifs fixés d’ici 2020.12 11 MSF, “Even if she’s really sick at home, she will pretend that everything is fine”. Why do people living with HIV in Kinshasa, DRC, delay seeking healthcare and treatment? May 2017, page 4 12 http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/Global_AIDS_update_2017_en.pdf Page 117 6
Figure 1: UNAIDS estimates: HIV resource availability by source 2006-2016, and projected resource needs by 2020, Western and Central Africa13 4500 3000 US $ (million) 1500 0 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 18 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Domestic (public and private) United States (bilateral) Other international Resource needs (Fast-Track) Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria Les projections précédentes de l’ONUSIDA sur Les contributions financières des bailleurs de les financements annuels du VIH qui anticipaient fonds internationaux doivent être conformes une augmentation de 450 % de financements aux engagements politiques et soutenir tous les nationaux d’ici 2020 dans les pays à faible pays de la région, grâce à un appui technique revenu et 530 % pour les pays à revenu faible et financier adéquats. Or, le financement et moyen14 contrastent, en revanche, avec le international global pour le VIH diminue depuis récent ralentissement de l’augmentation des 201516. financements domestiques au niveau mondial. Comme le rapporte l’ONUSIDA, en 2017, Dans la région, le Fonds mondial reste le concernant ces financements domestiques principal bailleur et souvent le seul fournisseur qui sont allés croissants entre 2015 et 2016, d’ARVs, PEPFAR étant présent dans seulement 6 l’augmentation moyenne annuelle de 2010 à 2016 pays sur 2517. Selon le Fonds Mondial, l’allocation s’est réduite de moitié entre 2015 et 2016.15 Etant 2018-2020 octroyée pour la région pour le VIH donné le contexte politique et économique de est environ 30% inférieure aux subventions VIH nombreux pays de la région, le soutien durable signées pour la période précédente (2015-2017) des bailleurs de fonds internationaux continuera et correspond environ au niveau des fonds d’être critique. décaissés en 201718. La région va devoir faire 13 http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/Global_AIDS_update_2017_en.pdf Page 117 14 UN report of the Secretary General on the fast track to ending AIDS epidemic. Available on http://www.unaids .org/sites/default/ files/media_asset/20160423_ SGreport_HLM.pdf 15 http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/Global_AIDS_update_2017_en.pdf page 15 16 The Henri J. Kaiser Family Foundation, UNAIDS, Donor government funding for HIV in low and middle income countries in 2016, July 2017. 17 PEPFAR est présent dans les pays suivants : RDC, Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun, Nigéria. 18 Fonds Mondial, Présentation effectuée à ICASA par Dr Jean Nouboussi, senior Fund Porfolio Manager, Western Africa Team, 3 décembre 2017. 7
face à des contraintes financières importantes gouvernement guinéen finance et approvisionne pour être en mesure d’accroître l’accès aux TAR des ARVs pour 14 000 PVVIH afin d’augmenter et ainsi augmenter sa couverture en TAR de la couverture en TAR à 49% en 2020. Selon la manière significative dans les trois prochaines commission technique indépendante qui examine les propositions de financement du Fonds années pour rattraper son retard. Mondial avant leur approbation, la plupart des Parmi ces pays, la République centrafricaine cibles fixées dans la demande de financement (RCA) fait face à un déficit de financement pour le VIH pour la Guinée étaient trop faibles pour le VIH. En dépit de l’importance des défis pour avoir un impact significatif sur l’épidémie21. à relever, le pays est parvenu à rapidement En plus des coûts liés au traitement, de augmenter l’accès au traitement depuis 2014, nombreux pays sont confrontés à une grosse avec l’appui du Fonds mondial, le seul acteur insuffisance de fonds limitant l’investissement parmi les grands bailleurs des programmes de dans les activités visant à renforcer la prévention, santé globale à financer la prise en charge du l’intégration TB/VIH, la qualité et l’observance VIH dans le pays, mais aussi avec l’appui d’ONGs aux TAR, les interventions communautaires, internationales et des acteurs locaux. Le nombre l’approvisionnement ainsi que les compétences et la motivation des ressources humaines. Les de patients sous TAR a doublé au cours des contraintes financières mènent également à une trois dernières années, atteignant plus 30 000 compétition malsaine entre les différents piliers en 2016, ce qui représente une couverture de de la réponse au VIH/SIDA. 24 %.19 Cependant, la présente allocation 2018- 2020 du Fonds mondial pour la RCA assure Or, pour surmonter les barrières structurelles seulement la continuité de traitement pour les et passer à l’échelle les traitements ARV dans patients déjà sous traitement et la mise sous ARV la région, le rôle et le soutien des organisations de la société civile (OSC) et des associations de d’un nombre très limité de nouveaux patients personnes vivant avec le VIH sont essentiels. jusqu’à fin 2020, le nombre de personnes sous Elles ont un rôle primordial à jouer dans la ARV étant plafonné à 32 000. La couverture en prestation des services VIH, par exemple dans le TAR sera ainsi seulement de 24,6% en 2020 ce dépistage, le conseil et le soutien à l’observance, qui est très loin des objectifs internationaux. ou la distribution des TAR dans des centres de santé ainsi que dans la communauté. Elles sont En Guinée, où le Fonds Mondial est le principal également des acteurs clés de la sensibilisation bailleur de fonds pour le VIH, l’allocation moyenne au VIH et de la lutte contre la stigmatisation. annuelle pour le VIH du Fonds Mondial de 2018 à Enfin, les OSC ont un rôle crucial en tant 2020 a diminué de 25% comparée à l’allocation qu’agents indépendants pour veiller à l’accès et annuelle moyenne de la période précédente20. la qualité des services, comme les observatoires Le nombre d’initiations aux TAR prévu dans communautaires mis en place en RDC, Burkina les financements du Fonds Mondial est passé Faso, Niger, Guinée, RCA et Cameroun. d’environ 22 000 de 2015 à 2017 à environ 11 000 pendant la période de 2018 à 2020, soit Cependant, une enquête menée par l’ONUSIDA une diminution de 50%. Il est attendu que le révèle que 40 % des organisations de la société 19 http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/Global_AIDS_update_2017_en.pdf 20 L’allocation annuelle moyenne de la période précédente (2014-2016) comprend le financement « incentive », mais sans con- sidérer le taux d’utilisation des fonds de cette période. 21 http://www.aidspan.org/gfo_article/global-fund-board-approves-hiv-grant-guinea-ministry-public-health-new-pr 8
civile ont subi des réductions de financements patients, la population représentant ainsi le depuis 201322. Deux tiers des OSC anticipent une premier contributeur au VIH devant le Fonds stagnation ou une réduction du financement Mondial, PEPFAR et l’Etat23 . dans le futur, en dépit de la reconnaissance du Conclusion: rôle essentiel des OSC pour la mise à l’échelle de la réponse VIH. L’accélération de la réponse VIH en AOC La réduction des fonds internationaux alloués à pour atteindre les objectifs du 90 90 90 est l’AOC, à un moment où les pays ont exprimé leur fortement compromise au regard des barrières volonté politique d’accélérer les progrès vers les auxquelles sont confrontés les pays de la objectifs internationaux, est particulièrement région. L’engagement international ne reflète préoccupante. Alors que les financements pas les besoins de rattrapage pour la région. nationaux doivent continuer à augmenter lorsque En effet, dès 2018, la majorité des pays de c’est possible, ces financements devraient être l’AOC feront face à d’importantes contraintes utilisés pour compléter les manques dans la financières empêchant la mise en œuvre d’une réponse et étendre les interventions, et non pour réponse à grande échelle pour tripler le nombre atténuer et compenser les réductions de l’appui d’initiations aux ARV d’ici 2020 et améliorer des donateurs internationaux. Alors qu’une la qualité de la prise en charge des PVVIH afin amélioration de l’efficience et de l’utilisation de les maintenir dans les soins. Les barrières des fonds internationaux est à rechercher, les financières à l’accès aux soins ainsi que les gains de coûts seront insuffisants pour combler fréquentes tensions et ruptures de stock des l’actuel déficit de financement. intrants VIH sont également d’importants freins à l’accélération. Cette réduction des financements internationaux ainsi que l’incitation à augmenter les Il est donc urgent d’accroître les financements financements domestiques sont d’autant plus pour soutenir la volonté et l’engagement des préoccupantes qu’elles pourraient conduire à Etats de l’AOC de rattraper leur retard dans une augmentation des frais médicaux imputés l’accès aux TAR. L’accès au traitement ARV aux PVVIH dans des pays où la majorité de la qui sauve la vie des PVVIH en dépend, ainsi population vit en dessous du seuil de pauvreté que la diminution des complications et de la et où les frais de santé constituent une barrière mortalité liées au VIH, et la transmission du importante à l’accès aux soins. En RDC, en 2013 virus. Sans un appui concret aux stratégies qui et 2014, par exemple, les ménages contribuaient permettent de changer la donne, les PVVIH de déjà à hauteur de 44 % de toutes les dépenses la région seront une fois de plus laissées-pour- liées au VIH à travers les frais imputés aux compte. 22 ONUSIDA 2016, http://www.unaids.org/en/resources/presscentre/featurestories/2016/april/20160404_community_advocacy 23 PNMLS, UNAIDS and PEPFAR, National Aids spending accounts (REDES) for 2013 and 2014, 22nd of November 2015 9
Notes 10
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